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Janvier 2013
VIVRE UNE SOLITUDE
HEUREUSE
Marie BORREL,
avec la collaboration de Moussa NABATI
Hachette livre (Hachette Pratique) et Psychologies
Magazine (2010)
Aujourd'hui, vivre seul, hors du mariage ou de
l'union officielle, ne choque plus personne...
Extraits de l’ouvrage et Compléments, par Henri CHARCOSSET, henri.charcosset@neuf.fr
Je fais en effet renvoi en fin de texte à vingt
six articles déjà sur ce site, se rapportant à la solitude et à la relation
de soi avec soi. Liste à voir à:
J’espère que chacun,e pourra y puiser de quoi
l’aider à bien gérer son propre ressenti du sentiment de solitude.
Mes quatre articles cités
traitent de la mise à profit de l’Internet pour conforter notre vie
relationnelle, et notre degré d’insertion sociale active.
Nécessaire complémentarité
entre solitude, relations interpersonnelles et activités d’intérêt collectif,
jusque dans des conditions de vie très difficiles, (chômage longue durée,
maladie chronique, handicap d’une
ou plusieurs sortes, grand âge…).
Des activités d’intérêt
collectif peuvent être exercées depuis chez soi, en état de solitude, contribuant
à rendre la solitude heureuse. Collaborations proposées ici : CLIC
Nous sommes encore dans
l’enfance de l’art d’exploiter l’Internet pour aller vers une société moins
fragmentée que présentement!
J’aimerais pouvoir faire
suivre cet article d’un autre, basé sur des témoignages, et de titre approché : «Vivre une solitude
heureuse. En tout cas essayer. Témoignages».
Vous pouvez me contacter par mail, ou en passant par les
forums Santé ou Psychologie de Doctissimo.com (mon pseudonyme y est henri69).
H.C., 07 décembre 2012
EXTRAITS DE L’OUVRAGE de Marie BORREL, avec la collaboration de Moussa
NABATI
Entendons-nous bien : le célibat ne
relève pas toujours du choix. Et c'est bien là le problème ! Car, si certaines
personnes optent délibérément pour ce mode de vie, d'autres s'y trouvent
contraintes à la suite d'une séparation, d'un divorce ou d'un deuil. La
solitude devient alors une obligation, et parfois même une vraie souffrance.
"La vie en solo n'est pas toujours délibérément recherchée, affirme le
sociologue de la famille Jean-Claude Kaufmann. Pourtant, un nombre grandissant
de ceux qui la vivent ne souhaite plus en sortir (du moins pour une période),
ou devient plus exigeant sur les conditions de cette sortie". Voilà pour
le côté brillant de la médaille.
Cependant, il en est d'autres qui ne
voient que sa face terne. Ils cherchent à fuir à tout prix cette réalité
douloureuse et s'engagent dans la quête effrénée d'une nouvelle âme soeur en espérant que ce partenaire idéalisé saura panser
leurs plaies et compenser les manques qui nourrissent leur souffrance
intérieure. La vie en solo devient pour eux un épisode qu'il faut absolument
écourter -quitte à se fuir soi-même et à renoncer à ses aspirations les plus
profondes. Les nouveaux moyens de rencontre (sites Internet spécialisés,
plates-formes d'échange ou de discussion en ligne...) accentuent encore ce
mouvement en maintenant les candidats à la rencontre dans l'illusion d'une
forme de facilité relationnelle. Or, si ces outils virtuels facilitent
effectivement la mise en relation, ils n'aident en rien à la construction du
couple qui peut éventuellement en découler.
Ainsi, cette solitude nouvelle et
fraîchement acceptée par la société revêt plusieurs visages. Est-elle un chemin
de liberté ou un enfermement programmé ? Résulte-t-elle d'une difficulté à
aimer et à s'engager, ou annonce-t-elle
une plus grande disponibilité à soi-même ? Est-elle le signe d'une ouverture de
l'être sur le monde qui l'entoure ou d'une fermeture sur soi? Est-elle source
d'épanouissement ou de souffrance ?
- Les réponses sont complexes car chaque cas
est unique...
Il faut distinguer le fait d'être seul et le sentiment
de solitude...
Pourtant la
solitude est indissociable du fait même d'être en vie. "Nous naissons
seuls, nous mourrons seuls et, entre les deux, nous nous efforçons d'oublier
que nous le sommes", affirme un dicton...
Les ressources intérieures dont parle
Catherine Audibert (dans L'incapacité d'être seul,
Payot, Paris 2008) sont plus solides, plus développées, plus disponibles chez
certains sujets que chez d'autres. C'est l'un des éléments qui explique
pourquoi certains vivent mieux la solitude que d'autres. Pour ceux-là,
"seuls" ne veut jamais dire "isolé" ou "esseulé" . Ce mot signifie simplement qu'ils sont en tête à
tête avec eux-mêmes. Et cette rencontre n'a pour eux, rien de douloureux ni de
désagréable….
"Nous vivons dans un leurre, qui voudrait
que la relation à deux soit quelque chose d'évident et de naturel, et la
solitude une aberration insupportable, détaille Moussa Nabati.
Ce n'est pas vrai ! C'est même le contraire : la solitude est un élément
incontournable de notre vie psychique, alors que la relation à deux résulte
d'un apprentissage parfois périlleux"...
FAIRE LE POINT SUR SA SOLITUDE
1) Les
inconvénients de la solitude
-
la sécurité
-
la communication
-
l'amour et l'affection
-
l'image que l'on donne aux autres
-
renoncer à la sexualité
Pourtant, on rencontre de plus en plus
de personnes seules qui renoncent délibérément à la sexualité et préfèrent
investir dans la sécurité d'un cocon doux et confortable, à l'abri des
tentations et des risques de déception, loin de la "consommation sexuelle"
ou de la "compétition de la séduction".
2)
Les avantages de la solitude
- la
liberté
- le temps
-
la disponibilité à soi-même
-
la disponibilité au monde
AMBIVALENCE ET
PARADOXES DE LA
SOLITUDE
-
nature ou névrose ?
-
manque d'amour de l'autre ou manque d'amour de soi ?
Une citation : "Votre mauvais
amour de vous-même fait pour vous, de votre solitude, une prison".
TRAQUER LES
EMPECHEMENTS
-
le manque d'autonomie psychique
-
les racines du manque
L'autonomie psychique se construit dès
la toute petite enfance, dans la relation à la mère, ou à défaut à son
substitut. Pour disposer d'une autonomie psychique suffisante, il faut avoir
été aimé. Et surtout, il faut avoir été suffisamment aimé : ni trop, ni pas
assez...
Les personnes qui n'ont pas réussi à
construire cette autonomie psychique vivent chaque séparation comme un écho à
l'anéantissement ressenti lors des premières semaines. L'absence de l'autre les
réduit à néant. Pour les mêmes raisons, la solitude leur est insupportable.
"Je suis seul" devient synonyme de "Je suis abandonné", non
désiré par la mère, exposé au danger et privé de toute protection",
poursuit Moussa Nabati. La vie perd alors tout son
sens.
- l'incontournable tiers symbolique
... Ainsi, si notre capacité à éprouver
du désir fait partie de nous, le contenu de ce désir est dicté par l'extérieur.
Ce que nous vivons est toujours le reflet de notre époque... Aujour- d'hui, chacun doit inventer le cadre à l'intérieur
duquel son désir peut s'épanouir : couple, solitude, relations multiples...
-
s'affranchir du désir de fusion
Le désir de fusion nous empêche d'être
bien à la fois avec les autres et avec nous-même... C'est donc à nous de
trouver cette juste distance, à mi-chemin entre fusion et indifférence, qui
permet à la fois de supporter la solitude et de rencontrer vraiment l'autre.
-
éviter les confusions
Le manque d'autonomie psychique nourrit
ainsi de nombreuses confusions. On croit que l'amour de l'autre nous manque,
alors que c'est nous qui ne savons pas nous aimer...
Ce même manque d'autonomie psychique
pousse certains à confondre solitude et isolement... C'est le fait de ne pas
pouvoir exister "par soi et pour soi" qui provoque ce sentiment
d'isolement. La multiplication des relations ne peut donc pas combler le vide
intérieur. C'est au-dedans de soi qu'il faut trouver la "source" de
cette plénitude que les autres restent impuissants à nous offrir...
Heureusement, certains exemples
montrent que la solitude entraîne parfois un effet positif paradoxal : elle
peut aider à restaurer cette autonomie psychique insuffisante ou abîmée...
-
le manque de confiance en soi
...Ce manque de confiance est
étroitement lié à la sensation de "vide intérieur" que ressentent,
lorsqu'ils sont seuls, ceux qui manquent d'autonomie psychique.
-
les racines du manque
Au-delà de ce qui a empêché la
construction d'une autonomie suffisante, le manque de confiance en soi est
également lié au brouhaha de nos pensées négatives...
Cette confiance en soi, en ses
capacités, en ses qualités, en son potentiel de réussite, constitue un élément
essentiel de l'aptitude à bien vivre la solitude...
-
éviter la culpabilité
...Ce sentiment de culpabilité est toujours
destructeur. Il pousse à subir des situations douloureuses qui n'ont aucune
raison d'être, comme s'il s'agissait d'un juste châtiment...
-
oser s'affranchir du regard des autres.
La fragilité narcissique et le manque
d'autonomie psychique incitent ainsi à surinvestir le regard de l'autre, de cet
autre à qui l'on a confié la tâche surhumaine de combler notre vide intérieur.
L'INDISPENSABLE ESTIME
DE SOI
-
le sentiment d'abandon
C'est encore à la carence d'autonomie
psychique qu'il faut rattacher ce sentiment d'abandon qui saisit certaines
personnes lorsque leur partenaire les quitte...
-
les racines du sentiment d'abandon
...Les différentes étapes de l'enfance
et de l'adolescence sont autant de séparations et de deuils, comme des portes
que nous avons franchies une à une...
-
les vraies raisons de la souffrance
Lorsqu'on vient de subir une séparation
ou un deuil, il est primordial d'arriver, au fil des semaines et des mois, à
repérer ce qui procède de la solitude et ce qui relève de la blessure
affective.
-
éviter la boulimie relationnelle
Ces rencontres (amoureuses) deviennent
rapidement décevantes, insatisfaisantes, psychologiquement infructueuses.
LE CANNIBALISME
MODERNE
-
les autres risques de la peur : peur de vieillir, de mourir...; peur de
s'engager ; peur de souffrir ; peur de l'ennui ; accepter la peur pour mieux
s'en délivrer.
La peur possède une dimension salutaire
: elle signale que quelque chose "bouge" en nous ; elle révèle une déstabilisation.
Elle devient alors une opportunité dont on peut se saisir pour mettre au jour
ses véritables frayeurs cachées. "Si au lieu d'ouvrir la porte à cette
émotion douloureuse pour essayer de comprendre ce qui la provoque, on tente de
dresser des barricades pour la faire taire, souligne Moussa Nabati,
on refuse la solution en même temps que l'émotion". Car on ne peut pas
résoudre un problème tant qu'on refuse de le considérer comme tel.
APPRENDRE A
VIVRE SEUL
...Accepter la solitude pour ce qu'elle
est. Ni une catastrophe, ni une bénédiction. Un simple passage, un "moment de vie" qui, comme tout
autre, possède ses joies, ses satisfactions, ses douleurs, et ses difficultés.
Repérer : les schémas répétitifs, les illusions, les
bénéfices secondaires.
Agir : mettre un espace entre le fantasme et la réalité ; prendre son
temps.
Devenir : le chemin qui mène à soi et au-delà de soi.
CONCLUSION
...Ceux qui osent regarder la solitude
en face peuvent en tirer de nombreux bénéfices, à commencer par une plus grande
solidité psychique et une meilleure image d'eux mêmes qui ont toutes les
chances de les conduire à une nouvelle relation, plus équilibrée et plus vraie.
"On demande trop au
sentiment", explique Moussa Nabati. Nous
pourrions aussi dire : "On demande trop à l'autre". Personne ne peut
nous faire souffrir autant que nous sommes capables de le faire nous-mêmes.
Personne ne peut nous soigner, voire nous guérir, autant que nous sommes
capables de le faire nous-mêmes. La solitude rend à l'individu sa
responsabilité, mais aussi la force nécessaire pour évoluer et s'épanouir.
C'est seulement ainsi qu'elle peut devenir un espace fertile, une parenthèse
féconde. La solitude peut nous aider à nous aimer mieux, si nous commençons par
l'aimer, elle. Si nous nous aimons mieux, nous saurons mieux aimer les autres.
Et même aimer l'Autre. Car la solitude est rarement une fin en soi. Dans la
majorité des cas, ceux qui l'accueillent ne ferment pas la porte, à la rencontre,
à la relation, au couple. Mieux : ils tentent de positiver leur solitude dans
l'espoir que cela les aidera à mieux gérer leurs prochaines rencontres. Cela
montre à quel point solitude et couple restent intimement liés. Aussi
étroitement que les deux faces d'une médaille. Ce lien en rappelle un autre,
tout aussi profond : celui qui unit le manque et la plénitude. La solitude
commence toujours dans le manque, mais elle peut déboucher sur une plénitude
qui nous aidera à ne plus confondre l'envie d'aimer et d'être aimé avec le
besoin dévorant de l'autre...
...Les questions que nous devrions tous
nous poser sont celles-ci : "Quelle solitude ai-je envie de vivre ? Quelle
route semble se dessiner devant moi ? Un chemin vers moi ou un chemin vers
l'autre ?" Dans les deux cas, il faut le parcourir en faisant le même
premier pas : celui qui consiste à accepter ce "vivre seul" pour ce
qu'il est, un terreau dans lequel chacun aura tout loisir de planter les
petites graines de son bonheur futur.
La solitude heureuse est-elle possible
? Oui, assurément. Mais la solitude peut prendre une infinité de visages. Il y
a autant de solitudes qu'il y a d'individus différents, uniques et
irremplaçables. Votre solitude pourra ainsi devenir sereine, féconde, fertile,
douce, riche, paisible, éblouissante, turbulente, florissante... Comme vous
avez un jour lâché la main de celui ou de celle qui vous apprenait à marcher,
la solitude vous offre l'opportunité de lâcher la main de tous ces autres sur
lesquels vous avez compté jusqu'ici. Et vous pourrez enfin apprendre à
"marcher seul", en toute liberté. Jusqu'à rencontrer une autre main
que vous pourrez saisir pour cheminer "main dans la main", sans que
jamais l'un s'épuise à soutenir l'autre.
...Une chose est sûre : il n'y a rien à
gagner à refuser la solitude et la souffrance qu'elle fait émerger. C'est une
partie perdue d'avance. En revanche, on peut gagner lentement, pas à pas, sur
ses peurs, ses limites, ses blocages, ses carences... La solitude a redistribué
les cartes. Regardez bien votre jeu, faites-vous confiance et... continuez de
jouer !
Articles
relatifs à la solitude, déjà sur ce site :
André
Christophe et Françoise Lelord, L’estime
de soi, s’aimer. Pour mieux vivre avec les autres (ouvrage,1999)
Bensaïd Catherine,
Aime-toi,
la vie t’aimera. Comprendre sa douleur pour entendre son désir(ouvrage, 1992)
Bobin Christian . L’irradiance du dénuement, ou S’élever
au-dessus de son sentiment de solitude
Christian Bobin.,
dans l’ouvrage de Marie de Solemne, «La grâce de solitude», Editions Dervy, 1998, 2001
Charcosset Henri (2011), Christaux d’amour (Pseudonyme), Mitsori (Pseudonyme) (2011), De
la web
entrée en relation à
l'amitié, parfois l’amour
Charcosset Henri et Colozzi Claudine ( Entretien) (2011), L’ insertion sociale active des personnes
âgées ou /et handicapées.
L’Internet à la base de progrès majeurs
Charcosset Henri (2012), Se détendre et se
distraire, sans frais, en deux clics sur site web
Charcosset Henri ( 2012), Combler son manque d’ identité sociale active
à l’aide de l’Internet
Editions CLD, La solitude.
Le combat. 26 associations
témoignent (ouvrage, 2011)
Elias Norbert, La solitude des
mourants, suivi de Vieillir et mourir
Gaucher Jacques(1995), Le sentiment de solitude
Hennezel Marie (de), Vergely Bertrand, Une vie pour se mettre au monde
(ouvrage, 2010)
Hinault Cécile(2007), La
solitude, maladie du siècle, effrayante entre toutes, équivalente à
l’abandon. Témoignage
Hirigoyen Marie-France, La capacité
d’être seul. Les nouvelles solitudes (ouvrage, 2007)
Hirigoyen Marie-France, La vie
sans sexe. Les nouvelles solitudes (ouvrage, 2007)
Jarrousse Noëlla(
2006), Peut-on vivre heureux sans faire
l’amour ?
Kelen Jacqueline, Aimer d’amitié. L’amour
véritable commence avec l’amitié (ouvrage, 1992)
Kelen Jacqueline, L’esprit
de solitude (ouvrage,
2001)
Lile111(Pseudonyme) (2008), Si on acceptait
sa solitude au lieu de la fuir ?
Maillard Catherine(2010), Les nouvelles solitudes : Les comprendre, les déjouer !
Macqueron Gèrard, La psychologie de la solitude (ouvrage,
2009) . Avec 15 références d’articles sur ce site
Monestes Jean-Louis,
Faire la paix avec son passé
(ouvrage, 2009)
Mazelin
Salvi Flavia (2009), Bien vieillir : un chemin vers soi
Nabati Moussa , Le bonheur d’être soi (ouvrage, 2006)
Salomé Jacques (2005), Relation à
soi-même. Passeport pour le bien-être
Storr Anthony, Solitude. Les vertus du
retour à soi-même (ouvrage, 1988 américain , traduit
1991)
Vincent Gilbert (2009), Etre un bon compagnon pour soi-même, en vue de
bien vieillir