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 «POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP »,trimestriel GIPHV,APF69.N8°;04.2006 Editeur :Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr

 

SOLITUDE.  LES  VERTUS  DU  RETOUR  A  SOI-MEME

 

Anthony STORR

 

Editions Robert Laffont, 1988 (The school of genius, titre original), traduction française 1991, 300 pages.

 La solitude nourrit l’imagination, la créativité, la découverte d’un moi authentique…. Ou comment apprendre à se suffire à soi-même.

 

                                                        Extraits par Henri Charcosset

 

P 12  L’amour et l’amitié sont, bien entendu, une partie importante de ce qui donne sa valeur à la vie, mais ils ne sauraient être l’unique source du bonheur. En outre, les êtres humains changent et se développent au fil du temps. Dans la vieillesse, les rapports humains deviennent souvent moins importants… En tout cas, il y a toujours dans les rapports interpersonnels un élément d’incertitude : …on ne doit pas en faire un absolu ni les considérer comme la seule voie vers l’épanouissement personnel.

P 13  De nombreux intérêts ordinaires et la plupart des activités créatrices impliquant une réelle originalité, se poursuivent en dehors de toute espèce de rapport. Or il me semble que ce qui se passe chez l’être humain, lorsqu’il est seul, est aussi important que ce qui se passe dans ses interactions avec les autres… Deux instincts contraires agissent tout au long de notre existence : le besoin de compagnie, d’amour et de tout ce qui nous rapproche de nos semblables ; et le besoin d’être indépendant, séparé et autonome. …Les moments les plus riches du créateur sont ceux dans lesquels il parvient à quelque nouvelle révélation ou fait une nouvelle découverte ; et ces moments sont principalement, sinon invariablement, ceux durant lesquels il se trouve seul.

P 55  Il semble qu’un certain développement de la faculté d’être seul soit nécessaire pour que le cerveau ait un rendement optimal et que l’individu réalise pleinement son potentiel… Apprendre, réfléchir, innover et maintenir le contact avec son univers intérieur : autant d’opérations facilitées par la solitude.

P 86-87  La cécité et la surdité ont souvent été désignées comme des causes de maladie mentale. La surdité est particulièrement apte à provoquer une paranoïa, la personne qui en souffre arrivant à se persuader que les autres parlent d’elle, la critiquent ou la trompent. En revanche, la privation sensorielle de ce type peut aussi avoir des effets positifs…

         La surdité de Beethoven commença probablement vers 1796 ; il avait alors vingt-six ans. Cela ne devint grave qu’au bout de plusieurs années… A partir de 1816, il dut se servir d’un carnet acoustique… La surdité de Beethoven accrut sa méfiance envers ses semblables, son irascibilité et ses difficultés à nouer des rapports d’intimité. Toutefois, il a été écrit à son propos : « Dans un certain sens, on peut dire que la surdité a joué un rôle positif dans sa créativité, car nous savons qu’elle n’émoussa point, qu’elle aiguisa même peut-être ses facultés de compositeur… Dans son univers de sourd, Beethoven pouvait mettre à l’épreuve de nouvelles formes d’expérience, délivré de l’intrusion des bruits extérieurs… ».

P 98  Donc, parfois, le bien peut découler du mal… L’esprit humain n’est pas indestructible, mais quelques êtres courageux découvrent quelquefois que c’est du fond de l’enfer qu’ils aperçoivent, fugitivement, le paradis.

P 114  On doit considérer qu’un univers intérieur fantasmatique fait partie du patrimoine biologique humain. L’imagination est en activité, même chez les mieux adaptés et les plus heureux d’entre nous ; mais l’étendue du fossé entre univers intérieur et extérieur, et, partant, l’aisance ou la difficulté avec laquelle ce fossé peut être comblé, varie énormément d’un individu à l’autre.

P 130  De nombreuses activités créatrices sont avant tout solitaires. Elles ont trait à la réalisation et au développement de soi dans l’isolement, ou bien au besoin d’agencer sa vie selon un schéma cohérent… Tout le monde a besoin de rapports humains, mais tout le monde a également besoin d’une forme quelconque d’épanouissement qui lui soit propre. Du moment qu’ils ont des amis et des relations, les êtres passionnément investis dans des activités essentielles à leurs yeux peuvent connaître le bonheur sans nouer de liens très étroits.

 

P 287, 288 : Reproduction de la fin de l’ouvrage

 

         Le présent ouvrage a commencé par l’observation que de nombreux grands créateurs étaient avant tout des solitaires, mais qu’il était absurde de supposer qu’ils étaient, pour cette raison, nécessairement malheureux ou névrosés. Bien que l’homme soit un être social, qui a très certainement besoin d’une interaction avec ses semblables, il y a des variations considérables dans la profondeur des rapports que les hommes nouent les uns avec les autres. Tous les êtres humains ont besoin de centres d’intérêt autant que de rapports ; tous sont programmés pour l’impersonnel autant que pour le personnel. Les événements de la petite enfance, les talents et les capacités innés, les différences de tempérament et toute une pléiade d’autres facteurs peuvent agir sur le fait qu’un individu se tournera principalement vers les autres ou vers la solitude pour trouver le sens de sa vie.

         La faculté de rester seul s’est trouvée éclipsée en tant que précieuse ressource facilitant l’apprentissage, la réflexion, l’innovation, l’adaptation aux changements et le maintien d’un contact avec le monde intérieur de l’imagination. Nous avons vu que même chez ceux dont les capacités à former des relations intimes avaient été endommagées, le développement de l’imagination créatrice pouvait jouer un rôle curatif. Nous avons aussi donné des exemples de créateurs dont le principal souci était de trouver un sens et un ordre à la vie plutôt que de nouer des rapports avec leurs semblables ; il s’agissait d’un intérêt pour l’impersonnel qui, nous l’avons vu, a tendance à s’accentuer à mesure qu’on prend de l’âge. L’adaptation de l’homme au monde extérieur est en grande partie régie par le développement de l’imagination et, partant, d’un univers intérieur du psychisme, lequel est nécessairement en désaccord avec le monde extérieur. Le bonheur parfait, le sentiment océanique d’une harmonie totale entre les univers interne et externe n’est possible que de façon passagère. L’homme est constamment en quête de bonheur, mais, de par sa nature même, incapable de le trouver de façon définitive, tant dans les relations interpersonnelles que dans les entreprises créatrices. Tout au long de l’ouvrage, nous avons noté que certaines des expériences psychologiques les plus profondes et les plus bénéfiques que peuvent connaître les hommes ont lieu à l’intérieur d’eux-mêmes et ne sont apparentées que de très loin, à supposer qu’elles le soient, à l’interaction avec les autres hommes.

         Les vies les plus heureuses sont sans doute celles dans lesquelles ni les rapports interpersonnels ni les intérêts impersonnels ne sont idéalisés comme constituant le seul chemin vers le salut. « Le désir et la poursuite du tout » doivent englober les deux aspects de la nature humaine.