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 Le  webmestre.

 

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                                                NOVEMBRE 2007

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 LA SOLITUDE, MALADIE DU SIECLE, EFFRAYANTE ENTRE TOUTES, EQUIVALENTE D’ABANDON. TEMOIGNAGE.

 

    Cécile HINAULT, pseudonyme « Ludwig », handicapée, veuve, vivant seule  

 

 

Mots du webmestre.

1.     Un point essentiel de l’histoire de vie de  « Ludwig » est, je la cite,  « Mon sentiment de solitude vient de mon tempérament ; depuis mon enfance, j’ai toujours eu ce sentiment de ne pas être à ma place où j’étais ; question d’éducation ». Comme quoi le sentiment de solitude si souvent décrit à propos des personnes avançant en âge, est au moins autant une question de relation de la personne avec elle-même que de conditions objectives d’isolement relationnel. L’auteure, et le lecteur s’en réjouira, est en effet,  tout le contraire de quelqu’un à l’abandon !

 

1.     Très bien écrit, le témoignage de « Ludwig » va nous  aider à nous situer par  rapport à notre propre solitude. Car qui n’est-il pas solitaire, au moins à temps partiel ? D’un autre côté, qui vit  en très bonne relation avec lui même peut ne pas se sentir solitaire, tout en vivant seul ?  Chercher à être un bon compagnon pour soi-même, n’est-il pas un but ultime de notre vie ? «  Ludwig » nous indique des pistes.

 

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Ceci est mon troisième article, le premier est « Internet, la grande musique, le handicap, le second « Beethoven, mon compagnon de vie et de solitude ».

 

Celui-ci aura trait à la solitude, celle à laquelle je dois faire face chaque jour, pour la combattre.

 

Avez-vous déjà ressenti ce sentiment qui vous étreint, vous remplit d’effroi, vous glace, vous vous sentez seuls au monde, perdus dans une foule indifférente, des inconnus qui vous croisent, ne se doutant pas de votre désarroi, c’est ce que je ressens quotidiennement.

 

Etre seule en face de soi-même, parmi la foule, je me pose cette éternelle question, qui reste sans réponse « qu’est-ce que je fais là ? », cette sensation est si forte, elle m’entraine loin dans mes pensées, j’écoute cette foule, et pourtant je ne l’entends pas, perdue dans un autre monde ; une planète à des milliers de kilomètres-lumière de cette terre, est sûrement la mienne. Cette impression me prend en pleine poitrine, « suis-je à ma place ? ».

 

Parfois, j’aime être seule, c’est ma volonté, je suis à l’écoute de cette musique intérieure, celle que j’entends dans mon subconscient, elle m’aide à vivre, là un apaisement momentané intervient, grâce à celui que j’ai choisi comme compagnon Ludwig Van Beethoven, je me sens très proche de lui, n’est-il pas solitaire comme moi, ses raisons sont différentes, il s’est aussi replié de ce monde qui ne cherche pas à comprendre, à communiquer, mes échanges avec lui se font quotidiennement, et pourtant il est mort, voilà plus de 180 ans, dans mon esprit il est toujours présent, se rattacher à quelque chose ou quelqu’un peut vous aider.

 

Eprouver le sentiment de solitude lorsqu’on se trouve en compagnie, vouloir prendre part à la conversation, et se rendre compte que personne ne vous écoute, c’est frustrant, l’impression que ce que vous dites ne présente aucun intérêt, élever la voix ne sert à rien, tout le monde parle et ne prête aucune attention à vous, c’est là que j’éprouve le besoin de me défouler en écrivant, l’écriture est un bon moyen d’évasion, je me laisse aller à mes pensées les plus folles qu’elles soient , à mes délires, moment de délivrance.

 

La solitude est source d’ennui, de pensées négatives, je ressasse, tout y passe et y prend une ampleur terrifiante, les moindres détails apparaissent et me détruisent, je sais bien, les jours où elle se fait plus pesante, je revois les scènes de ce qui m’est arrivé, j’en tire des conclusions qui ne peuvent que me faire le plus grand mal, je n’arrive pas à endiguer le flot de mes rancœurs.

 

Rien n’est fini et ne finira jamais entre Ludwig Van Beethoven et moi, nous sommes dans la même solitude, moi celle de mon handicap, lui celle de sa surdité, ne plus pouvoir communiquer avec son entourage, il voulait cacher  son état, mais quelqu’un de son envergure ne pouvait le cacher longtemps, l’avouer a été une dure épreuve, il s’est donc replié sur lui-même, et sa musique lui a permis de surmonter cette grande solitude. La mobilité réduite aussi vous amène à la solitude, il faut alors se trouver des possibilités de vous sortir, c’est difficile, virtuel est un moyen, suffisant pour certains, mais personnellement, j’ai besoin de voir les gens avec qui je suis en contact par internet, pour moi rien ne vaut la présence.

 

Le cas d’une personne, elle se plaint d’être solitaire, que personne ne veut venir la voir, j’ai essayé  de lui téléphoner, ce n’est pas en réagissant d’une manière agressive, être dressée sur ses ergots, qu’elle attirera vers elle des amis, je supporte ses sautes d’humer, ses récriminations perpétuelles, personne ne trouve grâce à ses yeux , famille, amis, voisins, suite à une réflexion désagréable de sa part, j’avais renoncé à prendre de ses nouvelles, elle vient au bout d’un an, de me recontacter, les conversations reprennent, de nouveau les mêmes discours, la solitude restera définitivement la sienne. Ceci est un cas qu’il ne faut en aucun cas suivre, si les gens prennent la peine de prendre de vos nouvelles, pourquoi les décourager par un comportement hargneux.

 

Certains ont choisi cette solitude, ce silence, des ordres tels que les trappistes, par exemple, en prière permanente, ne communiquent même pas entre eux, mais c’est un choix, ils sont en relation avec Dieu, coupés du monde extérieur, ma sociabilité ne supporterait pas cela. J’aime la vie, j’aime l’Humanité, mais je finirai par dire devant cette indifférence que je rencontre, ces égoïstes de tout bord, que je n’aime pas les humains.

 

Une chose est effrayante, lorsque vous êtes seule, malade, personne à qui confier votre douleur, la nuit surtout, là, la solitude est encore plus atroce, cela vous étreint, vous vous posez la question « qui va s’apercevoir que je suis malade, la mort viendra, et je serai encore seule », c’est terrifiant, une angoisse monte, me serre la gorge, j’ai peur, très peur.

 

Il y a cette solitude après l’abandon d’une personne qui vous est chère, elle est très présente dans votre vie, vous lui sacrifiez tout, absolument tout puis tout à coup pour des raisons obscures, plus personne, tout devient silencieux, vous retombez dans une profonde détresse, vous vous demandez pourquoi ? aucune réponse ne vient, vous cherchez et ne trouvez rien, cette solitude devient plus dure à supporter.

 

Une solitude que l’on recherche, une que j’aime, celle d’un soir sur une plage, rêver en regardant la lune se refléter dans la mer, de petites vaguelettes argentées produisant un léger clapotis, transportée dans un autre monde qui ‘appartient qu’à moi, ce silence est agréable, j’écoute alors cette musique dont je ne peux me passer, elle est présente en moi, je n’ai pas besoin d’un lecteur quelconque, je l’entends.

 

A ceux sont la solitude est si difficile à supporter, essayez d’avoir une passion, si intense, qu’elle vous emportera vers d’autres horizons, ceux du bonheur de vivre quel qu’il soit, c’est ce que je fais, j’écoute une musique qui me transporte vers d’autres cieux plus cléments.

 

Personnellement, je me suis investie dans des travaux différents, et cal m’aide en partie à combler ce vide, j’écris, j’apporte ma collaboration à une Association musicale, suis en relation avec des Conservatoires, Médiathèques, forums de musique, j’entreprends également une série de débats dans des Etablissements scolaires, la lecture occupe aussi une grande partie de ma vie, le soir, je lis en principe pendant deux heures des ouvrages qui m’aident à la compréhension de mon écoute musicale.

 

Ce témoignage ne saurait être complet sans évoquer ma vie familiale. Malgré ma solitude infinie, mes enfants, viennent me voir régulièrement, une lueur de bonheur dans ma vie, ma fille, nous avons des entretiens longs et musicaux, car elle s’intéresse à ce que j’écris, écoute, ce qui m’apporte un sujet de conversation intéressant, mes fils et leurs familles viennent aussi et les barbecues sont des parties de joie familiale et amicale, c’est une chance que j’ai par rapport à d’autres qui sont seuls ou abandonnés. Je pense qu’ils sont fiers d’avoir une maman qui ne se laisse pas complètement aller au désespoir. 

 

Contacts :

J’aimerais que les lecteurs et lectrices de cet article partagent avec moi, leurs expériences qui pourraient nous aider mutuellement.

Mon e-mail : cecilehinault@orange.fr

 

Sur ce site, l’article :

Solitude. Les vertus du retour à soi-même.

Anthony Storr (ouvrage 1988 en américain, 1991 pour la traduction en français) 

 

 

 

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