Sections du site en Octobre 2009 : Ajouts successifs d’articles -- Sujets
d’articles à traiter – Pour publier -- Post-Polio -- L'aide à domicile --
Internet et Handicap -- Informatique jusqu’à 100 ans – Etre en lien --
L’animal de compagnie -- Histoires de vie -- Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de
l’avant -- Tous chercheurs -- Liens –
Le
webmestre.
RETOUR A LA PAGE D’ACCUEIL : CLIC AUTEURS, TITRES DE TOUS
LES ARTICLES : CLIC SYNTHESE GENERALE: CLIC
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
NOVEMBRE 2007
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Cécile HINAULT, pseudonyme
« Ludwig », handicapée, veuve, vivant seule
Mots du webmestre.
1. Un point essentiel de l’histoire de vie
de « Ludwig » est, je la cite,
« Mon sentiment de solitude
vient de mon tempérament ; depuis
mon enfance, j’ai toujours eu ce sentiment de ne pas être à ma place où j’étais ;
question d’éducation ». Comme quoi le sentiment de solitude si souvent
décrit à propos des personnes avançant en âge, est au moins autant une question
de relation de la personne avec elle-même que de conditions objectives
d’isolement relationnel. L’auteure, et le lecteur s’en réjouira, est en
effet, tout le contraire de quelqu’un à
l’abandon !
1. Très bien écrit, le témoignage de
« Ludwig » va nous aider à nous situer par rapport à notre propre solitude. Car qui
n’est-il pas solitaire, au moins à temps partiel ? D’un autre côté, qui
vit en très bonne relation avec lui même
peut ne pas se sentir solitaire, tout en vivant seul ? Chercher à être un bon compagnon pour
soi-même, n’est-il pas un but ultime de notre vie ? « Ludwig »
nous indique des pistes.
°°°°°°°°°°°°°°°°°
Ceci
est mon troisième article, le
premier est « Internet, la
grande musique, le handicap, le second « Beethoven, mon compagnon de vie et de
solitude ».
Celui-ci
aura trait à la solitude, celle à laquelle je dois faire face chaque jour, pour
la combattre.
Avez-vous
déjà ressenti ce sentiment qui vous étreint, vous remplit d’effroi, vous glace,
vous vous sentez seuls au monde, perdus dans une foule indifférente, des
inconnus qui vous croisent, ne se doutant pas de votre désarroi, c’est ce que
je ressens quotidiennement.
Etre seule en face de soi-même, parmi la
foule, je me pose cette éternelle
question, qui reste sans réponse « qu’est-ce que je fais là ? »,
cette sensation est si forte, elle m’entraine loin dans mes pensées, j’écoute
cette foule, et pourtant je ne l’entends pas, perdue dans un autre monde ;
une planète à des milliers de kilomètres-lumière de cette terre, est sûrement
la mienne. Cette impression me prend en pleine poitrine, « suis-je à ma
place ? ».
Parfois, j’aime être seule, c’est ma
volonté, je suis à l’écoute de cette musique intérieure, celle que j’entends
dans mon subconscient, elle m’aide à vivre, là un apaisement momentané
intervient, grâce à celui que j’ai choisi comme compagnon Ludwig Van Beethoven,
je me sens très proche de lui, n’est-il pas solitaire comme moi, ses raisons
sont différentes, il s’est aussi replié de ce monde qui ne cherche pas à
comprendre, à communiquer, mes échanges avec lui se font quotidiennement, et
pourtant il est mort, voilà plus de 180 ans, dans mon esprit il est toujours
présent, se rattacher à quelque chose ou quelqu’un peut vous aider.
Eprouver
le sentiment de solitude lorsqu’on se trouve en compagnie, vouloir prendre part
à la conversation, et se rendre compte que personne ne vous écoute, c’est
frustrant, l’impression que ce que vous dites ne présente aucun intérêt, élever
la voix ne sert à rien, tout le monde parle et ne prête aucune attention à
vous, c’est là que j’éprouve le besoin de me défouler en écrivant, l’écriture est un bon moyen d’évasion,
je me laisse aller à mes pensées les plus folles qu’elles soient , à mes
délires, moment de délivrance.
La solitude est source d’ennui, de
pensées négatives, je ressasse, tout
y passe et y prend une ampleur terrifiante, les moindres détails apparaissent
et me détruisent, je sais bien, les jours où elle se fait plus pesante, je
revois les scènes de ce qui m’est arrivé, j’en tire des conclusions qui ne
peuvent que me faire le plus grand mal, je n’arrive pas à endiguer le flot de
mes rancœurs.
Rien n’est fini et ne finira jamais
entre Ludwig Van Beethoven et moi,
nous sommes dans la même solitude, moi celle de mon handicap, lui celle de sa
surdité, ne plus pouvoir communiquer avec son entourage, il voulait cacher
son état, mais quelqu’un de son envergure ne pouvait le cacher longtemps,
l’avouer a été une dure épreuve, il s’est donc replié sur lui-même, et sa
musique lui a permis de surmonter cette grande solitude. La mobilité réduite
aussi vous amène à la solitude, il faut alors se trouver des possibilités de
vous sortir, c’est difficile, virtuel est un moyen, suffisant pour certains,
mais personnellement, j’ai besoin de voir les gens avec qui je suis en contact
par internet, pour moi rien ne vaut la
présence.
Le
cas d’une personne, elle se plaint d’être solitaire, que personne ne veut venir
la voir, j’ai essayé de lui téléphoner, ce n’est pas en réagissant d’une
manière agressive, être dressée sur ses ergots, qu’elle attirera vers elle des
amis, je supporte ses sautes d’humer, ses récriminations perpétuelles, personne
ne trouve grâce à ses yeux , famille, amis, voisins, suite à une réflexion
désagréable de sa part, j’avais renoncé à prendre de ses nouvelles, elle vient
au bout d’un an, de me recontacter, les conversations reprennent, de nouveau
les mêmes discours, la solitude restera définitivement la sienne. Ceci est un
cas qu’il ne faut en aucun cas suivre, si les gens prennent la peine de prendre
de vos nouvelles, pourquoi les décourager par un comportement hargneux.
Certains
ont choisi cette solitude, ce silence, des ordres tels que les trappistes, par
exemple, en prière permanente, ne communiquent même pas entre eux, mais c’est
un choix, ils sont en relation avec Dieu, coupés du monde extérieur, ma
sociabilité ne supporterait pas cela. J’aime la vie, j’aime l’Humanité, mais je
finirai par dire devant cette indifférence que je rencontre, ces égoïstes de
tout bord, que je n’aime pas les humains.
Une chose est effrayante, lorsque vous
êtes seule, malade, personne à qui confier votre douleur, la nuit surtout, là, la solitude est encore plus atroce, cela vous
étreint, vous vous posez la question « qui va s’apercevoir que je suis
malade, la mort viendra, et je serai encore seule », c’est terrifiant, une
angoisse monte, me serre la gorge, j’ai peur, très peur.
Il y a cette solitude après l’abandon
d’une personne qui vous est chère,
elle est très présente dans votre vie, vous lui sacrifiez tout, absolument tout
puis tout à coup pour des raisons obscures, plus personne, tout devient
silencieux, vous retombez dans une profonde détresse, vous vous demandez
pourquoi ? aucune réponse ne vient, vous cherchez et ne trouvez rien,
cette solitude devient plus dure à supporter.
Une solitude que l’on recherche, une que
j’aime, celle d’un soir sur une plage,
rêver en regardant la lune se refléter dans la mer, de petites vaguelettes
argentées produisant un léger clapotis, transportée dans un autre monde qui
‘appartient qu’à moi, ce silence est agréable, j’écoute alors cette musique
dont je ne peux me passer, elle est présente en moi, je n’ai pas besoin d’un
lecteur quelconque, je l’entends.
A ceux sont la solitude est si difficile
à supporter, essayez d’avoir une passion,
si intense, qu’elle vous emportera vers d’autres horizons, ceux du bonheur de
vivre quel qu’il soit, c’est ce que je fais, j’écoute une musique qui me
transporte vers d’autres cieux plus cléments.
Personnellement, je me suis investie
dans des travaux différents, et cal
m’aide en partie à combler ce vide, j’écris, j’apporte ma collaboration à une
Association musicale, suis en relation avec des Conservatoires, Médiathèques,
forums de musique, j’entreprends également une série de débats dans des
Etablissements scolaires, la lecture
occupe aussi une grande partie de ma vie, le soir, je lis en principe
pendant deux heures des ouvrages qui m’aident à la compréhension de mon écoute
musicale.
Ce
témoignage ne saurait être complet sans évoquer
ma vie familiale. Malgré ma solitude infinie, mes enfants, viennent me voir
régulièrement, une lueur de bonheur dans ma vie, ma fille, nous avons des
entretiens longs et musicaux, car elle s’intéresse à ce que j’écris, écoute, ce
qui m’apporte un sujet de conversation intéressant, mes fils et leurs familles
viennent aussi et les barbecues sont des parties de joie familiale et amicale,
c’est une chance que j’ai par rapport à d’autres qui sont seuls ou abandonnés.
Je pense qu’ils sont fiers d’avoir une maman qui ne se laisse pas complètement
aller au désespoir.
Contacts :
J’aimerais
que les lecteurs et lectrices de cet article partagent avec moi, leurs
expériences qui pourraient nous aider mutuellement.
Mon
e-mail : cecilehinault@orange.fr
Sur ce site, l’article :
Solitude. Les vertus du retour à soi-même.
Anthony
Storr (ouvrage 1988 en américain, 1991 pour la traduction en français)
.