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Janvier
2010
LA VIE SANS SEXE
à partir de son
ouvrage : Les Nouvelles Solitudes, aux éditions de la découverte, 2007.
Henri Charcosset, webmestre.
Cet article est un condensé
du chapitre 11 de cet ouvrage qui mérite lecture. Qui n’est-il pas ou ne
sera-t-il pas un jour concerné par le sujet de la solitude ? A l’encontre de la
solitude, celle de la personne vieillissante par exemple, ne vaut-il pas mieux
prévenir que guérir ? Et pour prévenir, il importe de savoir où on en est de
la solitude aujourd’hui, et des moyens d’y faire face.
Marie-France Hirigoyen est
psychiatre, psychanalyste et victimologue
LA VIE SANS SEXE
L‘abstinence
sexuelle peut découler d’un choix, d’une absence de désir ou de l’absence de
partenaire. Comme nous l’avons vu, il est probable que nos vies nous apportent
de plus en plus de périodes de solitude et donc de chasteté. Il nous faudra
nous en accommoder.
La sexualité est-elle indispensable?
Notre
société est fortement sexualisée et le sexe y est devenu une marchandise comme
une autre. On vend des rencontres sur des sites, les journaux donnent des modes
d’emploi pour trouver l’âme soeur, la publicité vante des vêtements pour
séduire, des crèmes de beauté pour continuer à plaire et même des pilules magiques
pour magnifier les performances sexuelles…..
On
retrouve au niveau de la sexualité le même comportement de consommateur
exigeant que dans les autres marchés. Désormais la jouissance doit être
assurée. Le Viagra et le Cialis, médicaments prescrits au départ pour soigner
les troubles de l’érection, sont maintenant utilisés pour pallier l’angoisse de
performance : «Je bande quand je veux, où je veux! » L’usage s’en est tellement
banalisé qu’en France, en 2006, le quotidien le Monde a consacré deux pages entières, sans aucune critique ni
restriction, à ces nouvelles pilules du bonheur sexuel, et qu’un hebdomadaire
en a fait sa page de couverture. Pour étendre le marché, l’industrie
pharmaceutique a créé un nouveau symptôme : la « dysfonction sexuelle féminine » qui, selon le laboratoire qui tente
de commercialiser un équivalent féminin du Viagra, concernerait 43 % des femmes
de 18 à 59 ans.
Une
sexualité épanouie est devenue une norme de notre époque, et le corps est
devenu une simple machine à plaisir, dont il faut améliorer les performances.
Pour doper sa forme sexuelle, il faut suivre les conseils des magazines,
acheter des sex toys et avoir recours
à des pilules miracle en cas de panne. La
frigidité est devenue une maladie honteuse, l’impuissance un symptôme qu’il
faut absolument soigner. Au lit comme au travail, l’homme se sent soumis à
une obligation de résultat et il craint d’être viré s’il n’est pas à la hauteur
de ce qu’on attend de lui.
À l’heure où
certains médias nous envahissent de sujets sexuels sur le thème «jouissez sans
entraves », on plaint les exclus du sexe, allant jusqu’à parler de « misère sexuelle ». Il est vrai que nos
patients viennent parfois se plaindre de frustration sexuelle, mais la vraie
problématique reste l’isolement affectif...
Le
sexe est devenu une fonction hygiéniste: faire l’amour, c’est bon pour la
ligne, pour la peau... Mais, avec la libération sexuelle, on voit poindre une baisse du désir sexuel : il n’y a plus rien à
désirer, puisque tout est possible. Trop
de sexe aboutit ainsi à l’élimination du sexe. De plus en plus souvent,
nous voyons des personnes qui ont renoncé au sexe, comme d’autres ont renoncé à
l’alcool ou au tabac. Ce qui importe
désormais, c’est le confort. S’installer un nid avec tout à portée de la main
et pas besoin des autres. S’éloigner de toutes les sollicitations sans fin, se
dégager du toujours plus.
Christine, 53 ans, a vécu la
libération sexuelle des « années 68 » avec des groupes de femmes. À cette
époque, il ne fallait pas freiner ses désirs, on pouvait tout essayer, le sexe
avec les femmes, le sexe à plusieurs. Quand elle sortait en boîte, elle
rentrait avec un homme différent à chaque fois. « Même si on crevait
d’angoisse et de jalousie, il était de bon ton de ne pas être possessif ».
Un jour, Christine en eu
assez d’être disponible et, passant d’un extrême à l’autre, elle a renoncé à la
sexualité : « Ce n’est pas parce qu’on a vécu la libération sexuelle que la
sexualité est obligatoire ! » Cela fait maintenant plus de dix ans qu’elle
n’a pas eu de relation sexuelle. « La sexualité ne me manque pas. Ce qui peut
me manquer, ce serait les gestes de tendresse, d’être regardée avec désir. Je
ne parle pas de l’amour, sur lequel j’ai perdu mes illusions. J’ai laissé
tomber tout ce qui est physique, sauf la danse et le sport. Même la
masturbation, je ne la pratique plus. Tout est dans ma tête. J’ai repris des
études, j’aime discuter avec mes amis. J’ai mis en place un système de
protection qui consiste à éviter les situations qui me dérangent. »
La
poursuite d’un bonheur absolu à travers une intense gratification sexuelle a
été le but ultime mais, face aux débordements d’une sexualité trash, il n’y a peut-être plus rien à
désirer. Dans une interview, Catherine Millet, auteure du fameux best-seller La Vie sexuelle de Catherine M. (2001),
explique ainsi: «Plus je détaille mon corps, plus je détaille mes actes, plus
je me détache de moi-même. » Effectivement, dans ces débordements du corps, il
n’y a pas de sentiment, pas d’affect. Ce n’est que la mécanique des corps.
Notre époque cherche également à se débarrasser de la différence des sexes, ou,
comme le dit l’écrivain Michel Schneider: « Le féminin et le masculin se sont
mollement confondus, ne sachant plus quoi attendre l’un de l’autre, prêts à tout
pour éviter une rencontre charnelle. »
En
juin 2004, dans un sondage lpsos, 25 % des femmes interrogées et 15% des hommes déclaraient vivre pratiquement
sans rapports sexuels depuis plusieurs mois et, parmi ceux-ci, 26% indiquaient
être y être indifférents. Le sexologue Philippe Brenot estime que 50% des
couples de sexagénaires n’ont plus de relations sexuelles...
La
baisse du désir sexuel peut être liée à des raisons médicales ; c’est ainsi
qu’après une hystérectomie totale qui réalise une castration chirurgicale, la
perte de la libido touche près d’une femme sur deux, en raison de la chute
brutale du taux de testostérone. Il est désormais possible de pallier ces
baisses de libido hormonales, mais beaucoup ne le souhaitent pas.
Quand Je désir
s’émousse
Cependant,
les chiffres ne nous apportent que des indications imprécises. En effet, entre
la jeune femme surdiplômée qui, n’ayant pas rencontré l’âme soeur, ne souhaite
pas perdre son temps dans des aventures sans lendemain, et la femme mariée chez
qui tout désir s’est éteint, mais qui tient à maintenir l’image de solidité de son couple, la problématique
n’est pas la même. Des femmes qui n’ont pas eu de relations sexuelles depuis
dix ou vingt ans nous disent que l’acte sexuel ne leur manque pas, que leurs sens sont en quelque sorte
anesthésiés. Elles ont seulement la
nostalgie d’une relation de tendresse. Les médias confondent d’ailleurs
trop souvent solitude du coeur et solitude du corps.
Hommes et
femmes ne vivent pas le manque de relations sexuelles de la même façon :
lorsqu’on parle de solitude, les hommes tendent à penser au manque sexuel,
tandis que les femmes pensent surtout au vide relationnel...
Parmi
ceux qui souffrent du manque sexuel, se trouvent des célibataires complexés qui
ne font l’amour qu’avec des rencontres de vacances. Il y a également celui ou
celle qui est oublié ou rejeté par son partenaire, et qui n’a plus l’énergie de
partir ou de chercher un amoureux à l’extérieur. C’est ce que dit également
Christine:
Est-ce qu’on drague encore une femme de mon âge? Dans ma tête, la
sexualité est trop liée à l’esthétique. J’ai beaucoup de mal à imaginer des
vieux ou des moches faire l’amour. Quand le matin j’ai les yeux bouffis, je me
dis que je suis contente qu’un mec ne voie pas ça. Pour moi, Il doit y avoir
une perfection dans la sexualité, et pourtant j’ai couché avec des mecs pas
parfaits du tout. Je préférerais une relation avec quelqu’un de plus âgé, car,
étant plus dégradé, il ne pourrait pas émettre de jugements négatifs. C’est
différent si vous avez vécu avec la même personne depuis vingt ans. Les deux
ont vieilli ensemble. Il y a une indulgence liée à la tendresse et au passé.
Avec
le temps, la baisse de fréquence des relations sexuelles est quasiment
inévitable. Certains, plutôt que de se résigner, choisissent d’aller voir un
sexologue, mais il faut pour cela que les deux partenaires aient le désir
d’améliorer la situation. Quand le couple est en crise, les réconciliations
peuvent se faire sur l’oreiller. Certaines femmes avouent accepter un rapport
sexuel, même quand elles n’en ont pas envie, pour calmer un conjoint violent.
Habituellement, pour les femmes, le désir est la conséquence d’une harmonie
dans la relation, tandis que pour beaucoup d’hommes, le rapprochement ne peut
se faire qu’à travers un acte sexuel.
Après
une séparation, celui qui est accoutumé à une vie sexuelle régulière souffrira
du manque affectif et sexuel ; mais, après un temps, en principe, les sens
s’apaisent, car moins on fait l’amour et moins on a envie de le faire. On l’a
dit, les femmes supportent mieux ce manque que les hommes, et elles savent
attendre d’avoir cicatrisé avant de plonger dans une autre relation, car elles
craignent l’aliénation du sexe. Christine ajoute:
À 53 ans,
j’estime que, pour moi, la vie de couple c’est fini. Sur le plan sexuel, je
suis passée du tout au rien. Jeune, j’ai eu tout un tas d’aventures, j’aimais
plaire et séduire, mais, si je réfléchis bien, le sexe je le pratiquais sans
grand plaisir. Est-ce que je l’ai trop fait avec des gens qui ne
m’intéressaient pas ? Je me sens loin de tout ça maintenant, même si j’ai
encore quelques rêves ou fantasmes. Désormais, je n’ai plus envie de me forcer,
mais je n’ose pas trop le dire, car j’ai parfois l’impression d’être la seule à
ne pas trouver le sexe super. Quand on n’a plus de sexualité, c’est comme si on
était au chômage : une fois qu’on a arrêté, on a du mal à s’y remettre. J’ai
peur de reprendre une vie sexuelle, car j’ai l’impression que je ne vais plus
savoir.
À une époque
où les médias prônent les rencontres éphémères et multiplient les conseils pour
accroître le plaisir sexuel, le désir s’émousse et nous voyons poindre les
pathologies de l’insuffisance sexuelle. Certains hommes sont inquiets ; partout
on leur demande de se montrer performants, et ils constatent que les femmes
sont suffisamment autonomes pour partir si une relation ne leur convient pas.
Ils craignent donc qu’une panne sexuelle ne les exclue du marché de l’amour...
Certains
hommes ont le fantasme que l’appétit sexuel des femmes est insatiable, car
elles ont la possibilité d’avoir plusieurs orgasmes à la suite. Pourtant, à
écouter les femmes, il apparaît que leur exigence n’est pas là. Elles attendent
beaucoup d’un homme, trop sans doute, mais ce n’est que si l’homme est
décevant dans la vie quotidienne, que si le partage des rôles est resté
traditionnel, qu’elles espèrent que l’homme saura se rattraper au lit. Elles
attendent qu’il soit attentif au lit autant que dans la vie quotidienne.
Le plaisir
du sexe masque mal la panique devant les sentiments et nos patients se plaignent surtout d’un manque de lien, de relation,
d’un manque de chaleur et de tendresse. Ils recherchent un
compagnonnage ; tout donne à penser qu’ils s’accommoderaient d’une
relation pauvre sexuellement à condition qu’elle soit tendre et sécurisante.
Pour les femmes, les relations qu’on appelle sexuelles sont avant tout
affectives et, en thérapie, contrairement aux hommes, elles parlent peu de
sexe...
La revendication de l’asexualité
La chasteté gagne du terrain, et ceux qui ne pratiquent pas commencent
à le faire savoir. Dès 2001, un Américain de 23 ans, David Jay, a créé le site
web AVEN ( Asexual Visibility and Education Network ), pour défendre la A-pride attitude ( attitude de la fierté
asexuelle ) et dit tout haut ce que beaucoup vivent dans le secret, la
culpabilité ou la souffrance. Il ne s’agit aucunement d’un mouvement puritain
ou religieux et ce groupe cherche à se démarquer d’une nouvelle morale de
l’abstinence qui sévit aux États-Unis depuis les années 1990, dans le but de
contrôler la jeunesse afin d’éviter le sida, les maladies sexuellement
transmissibles et les grossesses des adolescentes. Des associations comme True
Lone ( Le vrai amour attend ) se consacrent ainsi à la propagande de la
chasteté dans les campus universitaires ; et 2,4 millions de jeunes se
sont engagés auprès de l’ÉgIise baptiste à arriver vierges au mariage.
Pour les
asexuels, au contraire, il n’est pas question de chasteté ou de pureté, mais
d’un désintérêt pour le sexe. Des hommes
et des femmes sont prêts à échanger l’acte sexuel contre un bon bouquin ...
Ceux qui
pratiquent l’asexualité pensent que la sexualité n’est pas essentielle. Si une
personne s’accommode d’une vie sans sexe, pourquoi faudrait-il que la société
lui impose une norme qui ne lui convient pas ? Parmi les asexuels, certains
n’ont jamais éprouvé le besoin de se rapprocher des autres et se définissent
comme solitaires. D’autres ont une vie amicale et relationnelle riche, mais
n’ont pas envie du « passage à l’acte » sexuel, moins par choix que par manque
de désir.
Tout
comme l’homosexualité était jusqu’il n’y a pas si longtemps classée dans les
manuels de classification psychiatrique parmi les perversions, choisir de ne
pas avoir de rapports sexuels est pour le moment considéré comme une étrangeté,
voire une pathologie. Quand les journaux nous encouragent à consommer du sexe
comme de la mode, le manque de désir ne saurait être qu’un dysfonctionnement
émotionnel, une sorte de glaciation du coeur...
Mais, à côté des asexuels qui n’ont jamais été intéressés par le sexe,
il y a ceux qui en sont revenus. Ils ont eu une vie sexuelle riche, ont parfois
connu des expériences multiples, mais, pour différentes raisons, ils sont
passés à autre chose. Ils ne sont pas contre l’acte sexuel, mais cela ne les
intéresse plus. Il faudrait une passion forte pour qu’ils y repiquent. C’est le
cas de Monique, 58 ans, employée de banque :
J’ai été en couple, j’ai
fait des enfants, après mon divorce j’ai pris des amants, mais la satisfaction
que j’obtenais de ces rapports sexuels ne compensait pas les contraintes que
m’apportaient ces relations. Maintenant, j’ai renoncé, je suis passée à autre
chose. Je préfère la lecture, les voyages, les rencontres amicales.
Certains
se disent déchargés du fardeau des pulsions impérieuses du sexe. Ils
choisissent la sublimation, c’est-à-dire qu’ils déplacent leur libido vers une activité intellectuelle, artistique,
professionnelle, etc. La sublimation implique un certain renoncement au
pulsionnel, mais c’est un choix qui apporte des compensations, comme le dit
l’historienne canadienne Élisabeth Abbott : « Les inconvénients liés à
l’absence de vie sexuelle sont compensés par une plus grande disponibilité et
par un nouveau bien-être. » Dès lors, tous les autres plaisirs des sens
prennent une intensité particulière, cela ouvre les portes d’un nouvel univers
où le sentiment d’être soi est particulièrement intense, où l’énergie
libidinale est déplacée vers la nature, l’amitié, la création. Ces personnes
n’ont pas envie de perdre leur temps dans une relation qui n’apporte rien.
Elles compensent par une richesse intérieure l’absence de relations
sexuelles...
On voit
aussi de plus en plus de femmes qui se désintéressent de la sexualité parce que
c’était le lieu où elles étaient assujetties par les hommes et qu’elles
considèrent que le sexe reste pour certains hommes, un outil de domination.
Dans le couple, le sexe est
un ingrédient beaucoup moins important qu’on le dit. Un nouveau mouvement se
fait d’ailleurs jour de couples sans activité sexuelle, c’est ce que l’Église
appelle la « chasteté conjugale ». Il s’agit d’une vie de couple fondée sur la
fidélité, le respect de l’autre, un amour intense, très peu sur la sexualité.
Ces couples ont placé leur libido sur un autre terrain et trouvent une harmonie
avec une fréquence de rapports très ralentie, voire nulle. Ils dénoncent la
virilité machiste qui consiste à utiliser les femmes pour un assouvissement
sexuel brutal. Ils veulent réhabiliter le désir. Dans le lien désirant qu’un
individu établit avec sa compagne ou son compagnon, il n’y a pas que le sexe,
il y a aussi un amour non sexuel et un lien que l’on pourrait qualifier de
social. La maîtrise des débordements de la vie pulsionnelle est alors perçue
comme relevant du registre de la pureté, du noble et de l’élevé.
En
fait, ces couples ont toujours existé, par exemple après une crise conjugale de
milieu de vie, mais ce qui est nouveau, c’est que ce choix se retrouve
actuellement chez de jeunes couples autour de la trentaine. Pour eux, le sexe
est une activité secondaire, ils préfèrent s’épanouir dans leur vie professionnelle
ou dans le militantisme.
Est-ce que
l’asexualité est une orientation sexuelle, au même titre que l’hétérosexualité,
l’homo ou bisexualité ? Ou est-ce un refoulement de la pulsion sexuelle ?
Les chercheurs n’ont commencé à s’intéresser au sujet que depuis peu. C’est
comme si, jusqu’alors, le concept d’asexualité ou d’inactivité sexuelle n’avait
pas été prévu dans les programmes de recherche...
Quoi
qu’il en soit, des psychanalystes et des sexologues s’inquiètent ; des médecins
nous disent que si on perd tout intérêt pour le sexe, il faut consulter un
spécialiste qui nous aidera à résoudre le « problème ». Ils pensent que la
sexualité est au coeur de notre vie et que son absence ne peut que provoquer
des frustrations inconscientes qui risquent de retentir sur notre vie
psychique. Ils proposent donc des thérapies pour réparer les mécaniques
sexuelles défaillantes, pour relancer le désir……
La libido n’est pas
constituée uniquement des puisions sexuelles, c’est aussi une énergie, une
force qui peut être sublimée et se transformer en force sociale……
Certains
médecins se réfèrent à des constantes biologiques telles que le taux de
testostérone ou le taux de dopamine cérébral pour expliquer le manque de désir
sexuel. Cependant ces asexuels, à la différence des frustrés sexuels, ne sont
pas déprimés, ils ont envie de sortir, de voir des amis, de rire, de boire du bon vin, d’apprécier la bonne nourriture. Le
problème est donc ailleurs.
La
caractéristique constante de ceux qui ont fait le choix de renoncer à la
sexualité est une volonté de ne pas se disperser, de ne pas jouer le jeu des
rencontres fugaces et de l’injonction de jouissance de notre société. Plus que
d’un refus du sexe, il s’agit d’un refus d’une superficialité des rencontres.
Il est donc faux de dire que le désir n’existe plus, il n’est simplement plus
où nous l’attendons. Pourquoi critiquer ceux qui ont fait ce choix intime ? À
partir du moment où le taux de natalité ne baisse pas en France, quel préjudice
apportent-ils à la société?
De
la même façon, nous devons réviser nos préjugés, trop souvent encore négatifs,
face à la solitude. Loin d’être toujours le signe d’un trouble de caractère, le
fait d’être seul(e) peut être au contraire - de plus en plus souvent,
d’ailleurs - celui d’une personnalité riche.