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SEPTEMBRE 2011

L’  INSERTION SOCIALE ACTIVE DES  PERSONNES AGEES OU/ET HANDICAPEES. L’INTERNET A  LA BASE  DE PROGRES  MAJEURS. 

          La lutte contre la solitude, Grande Cause nationale 2011

 

Henri CHARCOSSET et Claudine COLOZZI : Entretien

 

Contacts : henri.charcosset@neuf.fr

 

INTRODUCTION

 

Claudine Colozzi, journaliste indépendant, s’est investie pour un Dossier paru dans Faire Face, Mars 2011, N° 695. Le titre en est : «  Donner leur place aux aînés. Construire une société pour tous les âges ».

 

Henri Charcosset, né en 1936, handicapé moteur, est Directeur de recherches au CNRS, en chimie physique. A sa cessation  de profession en 1989, il s’est investi dans un bénévolat indépendant de recherche sociale appliquée,  portant sur l’insertion sociale active de tout un chacun, sans limitations d’âge ni de niveau de handicap. Il contribue à promouvoir une dynamique de changement sociétal, avec à sa base des idées fortes comme : «  Tous handicapés, tous chercheurs, sans exceptions, en vue d’une société plus juste et plus humaine », CLIC, ou : « Une société équilibrée, équilibrante se doit de reposer sur deux socles principaux de production :

·      celle de biens et de services, par la population standard des adultes jeunes, surtout,

·     celle de lien social dans toutes ses dimensions, prioritairement par les personnes handicapées (physiques, mentales, sociales), avec leur entourage, et par les personnes âgées et très âgées aussi. », CLIC

 

Notre échange s’est déroulé à distance (téléphone ; e-mails), au début de l’année 2011.

 

 

SERIE  DE QUESTIONS DE CLAUDINE COLOZZI  ET  REPONSES DE HENRI CHARCOSSET

1. Avec l'âge le handicap est-il plus lourd à porter ?

 

Oui et non ; non et oui,  

Si le handicap s’accroit, ce qui est fréquent, il devient plus difficile à gérer; on a moins de forces, de vitalité,  

D’un autre côté si l’on a eu une vie suffisamment riche jusque là, on est en droit de ressentir une certaine satisfaction personnelle devant ce qu’on a réalisé, dans les conditions particulières où l’on s’est trouvé placé,  

Je ne  réfléchis pratiquement  pas  à votre question, je dois dire; j’essaye plutôt de me situer dans mon présent, fait de difficultés et de satisfactions aussi,  

Banalement comme pour tout un chacun en somme,  

J’aime assez le propos du sociologue Bernard Ennuyer, là où il dit: “Vivre c’est vieillir, et vieillir c’est vivre!”

 

 2. L’âge de survenue du handicap a-t-il  une influence ?

 

D’une manière assez générale, il est plus facile de vieillir avec un  handicap, si l’on été touché jeune. Nous sommes si  bien formés à subir des « pertes », que celles se surajoutant avec l’âge, ne nous prennent pas de court !

De plus les lois pour la compensation jusqu’en fin de vie, d’un handicap, sont  nettement plus avantageuses si le handicap a été acquis avant l’âge de  60 ans, plutôt qu’après.

 Mieux vaut être une personne handicapée vieillissante plutôt qu’une personne âgée s’handicapant ! Semble-t-il bien, car on pourrait sans doute  dire  le contraire, en se basant sur  d’autres arguments.

 

3. Les conditions familiales  et de niveau de vie interviennent-elles aussi ?  

 

Certainement. L’importance du couple est clairement amplifiée lors du vieillissement. Déjà, dans la population courante, il est bien connu que la femme prend  le plus souvent et de  plus en plus,  la gouvernance des affaires  du ménage. Quand le mari  est handicapé, l’épouse ou compagne a  un  rôle  essentiel pour son autonomie, car les aides humaines professionnelles à la personne ne sauraient  être présentes à demeure.

Cependant, chaque situation est un cas particulier ! 

 

4. Comment bien vieillir ? La créativité peut-elle durer très tard et même s'affirmer avec les années ?

 

Bien vieillir c’est continuer à exister, à garder sa capacité de s’exprimer comme une personne à part entière, 

Oui, la créativité peut durer et même s’affirmer, comme vous le dites, 

La créativité peut se conforter dans le sens où l’on a vocation à “s’élargir “, et pas seulement en tour de taille! “S’élargir” entre guillemets, parce que ce terme n’est pas de moi, mais du philosophe Pierre Henri-Tavoillot,  

S’élargir, cela veut dire prendre intérêt en profondeur  aux autres pour ces autres, à partir de ce que l’on est, soi, 

Grâce à mon séjour de deux ans à l’adolescence au Centre de rééducation de Garches(91), j’ai suivi des études que je n’aurais pas faites autrement, et ai  pu  conduire  une très intéressante  carrière de chercheur au CNRS.

Je reste très imprégné des modes de pensée de la recherche scientifique : Quel que soit le sujet que l’on aborde, on part du passé de ce sujet (étude documentaire), on le situe dans le présent, dans l’optique d’en assurer la progression (par la publication des résultats que l’on a obtenus).

 Je « milite »  si l’on peut dire, pour que  tout un chacun puisse  se situer de cette manière, à partir de son expérience de la vie, tout simplement. Il apporterait  ainsi sa contribution à une évolution, qui serait continue et bien construite, de la vie en société. On est présentement loin du compte, du fait des trop faibles transferts des générations passées et présentes, vers les générations montantes. 

 

5. Comment vous êtes-vous  orienté, après votre arrêt de profession ?

 

  Obligé pour cause de handicap aggravé, de cesser mon travail à 53 ans, je suis aussitôt entré en bénévolat indépendant, de recherche sociale appliquée, depuis chez moi. Cela constitue une forme peu pratiquée de bénévolat, dans laquelle on collabore certes avec des Associations déclarées, mais tout en gardant son indépendance de pensée et d’action. Ce qui est particulièrement précieux lorsqu’on est handicapé, qui plus est, âgé. On aime de moins en moins être commandé !

    

J’essaye donc de contribuer à promouvoir la valeur individuelle de toute personne, quels que soient son âge, son niveau de handicap, son lieu de vie,  son milieu social, etc.  

Une valeur qui tient dans le caractère unique de chacune de nos expériences fortes de la vie. De sorte qu’on puisse dire : « Dans la vie, il n’y a  pas d’échec, seulement des expériences!”

 

Dès lors, toute personne devrait  avoir la possibilité de s’exprimer au travers de publications, faites à partir de son parcours dans la vie, avec les messages qui, pour elle, en découlent. 

Une part importante de l’orientation de mon site porte sur la mise en pratique de ces idées.

 

 Pour donner  un exemple : le Recueil des poèmes de Lysiane Leclère (1953-2009),  grande paralysée depuis ses 5 ans, et qui n’a pas pu de ce fait mener sa vie comme elle l’aurait voulu, CLIC. Elle méritait bien qu’hommage post mortem lui soit rendu!  

 


6. Qu'est-ce qui est le plus difficile quand on vieillit ?

 

Vieillir, c’est continuer à vivre, tout en gardant son esprit bien planté dans le réel. Bien davantage que plus jeunes, avec ma compagne, nous prenons une assurance annulation, quand nous réservons pour un séjour de vacances, quelques mois à l’avance. Cela se fait pour ainsi dire d’instinct.

 

Au terme du vieillissement, vient naturellement  la mort. Dont on se fait couramment une idée sans  doute trop terrifiante. A une Rencontre sur la finitude de l’être humain, j’entendais récemment dire  que la vie fait, somme toute, partie de la Mort ! A chaque instant, de nos cellules meurent, tandis que d’autres naissent, en effet !

 

J’aime bien les notions de “Mourir guéri”, de  “Mourir vivant”.... Je ne craindrais pas de finir mes jours dans un Service de soins palliatifs, en ayant bien en main encore,  mon ordinateur portable avec accès Internet. Afin de me garder en lien, et si possible un petit peu utile, auprès des “Restant vivants”.

 

Et puis je pense à la perspective de nos relations d’après vie sur terre. Je commence tout juste à entrer sur site trois extraits,  de l’ouvrage récent  en deux tomes, du père François Brune, prêtre catholique: “Les morts nous parlent”.

 

J’encourage à réfléchir que la Net relation entre humains, dépouillée de tout ce qui comprend de la proximité physique, pourrait préfigurer ce que pourront, peut-être, être nos relations dans notre après-mort ! De mes web  amitiés les plus proches, que je n'aurai jamais rencontrées sur cette terre, j'attends qu'elles ne me laissent pas tomber après ma mort, et continuent à communiquer avec moi ! Naïveté de ma part ou bien projection vers le futur de la relation entre morts et vivants? J'opte pour l'optique de l'éternisation de nos vies, toutes sans exceptions!    

 

7. Comment voyez-vous la question du lieu de fin de vie de la personne handicapée âgée ?

 

Pour moi-même, sauf à mourir d’un mal foudroyant, ce sera sûrement une maison de retraite….., en chambre individuelle avec équipement multi media bien sûr.

Je crois utile de faire une distinction entre la gestion d’un handicap stabilisé,  en tout cas à peu près, et celle d’un handicap évolutif, ne serait-ce  que par l’effet du grand âge. Cette dernière situation  rend très difficile l’organisation d’une vie personnelle raisonnablement confortable.  

L’idéal vers lequel tendre  serait une réelle possibilité de choix de type de lieu de vie, pour toute personne âgée, handicapée ou non.  

 

8. Comment intégrer les personnes âgées, notamment  handicapées, dans la vie ordinaire ? Qu'ont-elles à nous dire ?

 

S’intégrer quand l’âge vient, encore plus si l’on est handicapé, c’est s’extraire de soi, pour pouvoir continuer à être soi, autant que faire se peut bien sûr. 

Son vieillissement intégré se prépare tout  au long de sa vie, et plus fortement encore à partir de ses 55 à 60 ans.

 

Il y a une part de routine dans le faire vivre son tissu relationnel. S’imposer toujours et encore de ne pas couper les ponts avec nos connaissances anciennes et plus récentes.

 

Se sortir de l’idée que c’est à nos enfants ou/et à nos autres parents et relations, de nous manifester leur attention, du simple fait que nous sommes plus âgés!

Non, et non, soyons plutôt  des moteurs de la lutte contre la solitude à tout âge. 

L’Internet nous apporte de très grandes perspectives pour valoriser l’histoire de nos vies et pour nous situer comme des accompagnants engagés, auprès des générations  qui nous suivent , celles de nos enfants, petits-enfants, et même arrière-petits-enfants. 

Surtout ne pas attendre que l’on vienne nous solliciter, pour garder le cap, et prendre des initiatives!

 

9. Votre pratique intensive de l’Internet ne vous coupe-t-elle pas, avec votre compagne, des formes plus conventionnelles de lien social ?  

 

Pas du tout, au contraire. Jusqu’au bout de sa vie, l’être humain a vocation à s’identifier par ce qu’il fait, reflet de qui il est.

 Ainsi,  mes ascendants  participaient selon leur force, aux travaux de la ferme familiale, jusqu’à leur fin.

 

Faire vivre mon site, l’ouvrir à la participation d’autres,  est pour moi, qui suis tétraplégique partiel, façon de pouvoir rester dans cette  tradition.

Je me considère sans doute, sans m’en rendre compte,  comme étant toujours chercheur en activité !

 

 Mes connaissances en vrai figurent au  même plan que mes web relations, dans la liste de diffusion, bimensuelle, de mon activité.

Des relations personnelles - famille, ami(e)s, voisinage, - se confortent par le biais du site. Une cousine   visiteuse  du site, y puise de l’information sur un de ses neveux, qui, lui, participe au site et donc s’y présente !

Plus de reconnaissance de qui l’on  a été et est encore, n’est pas rare, à partir du site. Un bon exemple est celui de René Alise, né en 1923, qui se trouvait au pied de la colline de Fourvière à Lyon, lors de son éboulement en 1930. Son article –témoignage sur cette question, CLIC,  lui amène des contacts intéressés, de la part d’étudiants, de journalistes et d’autres !

 

Accessoirement si l’on peut dire, une participation  Internet propre à faire travailler sérieusement son intellect, est moyen de se fortifier pour conforter sa vie sociale   en vrai. Personnellement, je participe en particulier à un groupe de joueurs de tarot, au Centre social voisin de chez moi. J’y reçois d’ailleurs de jolies leçon de bien vieillir, pensant ici à la vivacité de l’aîné  des participants, 98 ans. De la leçon de bien vieillir, n’en trouve-t-on pas à puiser partout ? Comme d’ailleurs de la graine de mal vivre, voire pour ainsi dire de ne pas vivre au sens d’exister, hélas à tout âge !       

 

EN GUISE DE CONCLUSION

 

Un ordinateur peut se commander, non seulement par le mouvement des doigts sur le clavier, mais aussi par la voix, par le souffle, par  le mouvement des paupières et même d’une seule, par le mouvement de la langue encore.  Il peut se commander de là où la personne a à vivre.  Même les situations de handicap mental n’empêchent pas tout accès à cette  technologie : à voir avec la thèse de doctorat d’Audrey Bonjour, qui s’exprime sur ce site, CLIC.

 

Une société pour personnes aux conditions  les plus variées, ne peut se concevoir que  fortement informatisée. Ce qui n’est pas synonyme  du tout d’isolement dans le virtuel, comme on se plait souvent à le dire. Des Net relations peuvent être  bien moins superficielles, plus vraies,  que bien de  nos relations avec des connaissances !    

 

En tant qu’âgés, valides ou handicapés, profitons de la valeur de nos longues  expériences  de la vie, de notre disponibilité de temps aussi, pour prendre des initiatives variées au possible, toutes propres à nous faire avancer, tous citoyens confondus, dans  la « construction d’une société pour tous les âges », avec 2011 comme point de départ affirmé, pas seulement affiché, de la lutte contre la solitude.

 

Remerciements     

 

Nous remercions toutes celles et tous ceux, que ce soient des connaissances ou non de  notre vie courante, qui participent à l’avancée de ce site. L’objet n’en est pas une fin en soi. Nous voulons avant tout présenter  une méthode d’intégration forte dans la société, adaptable à tous âges et à toutes conditions, et applicable à de multiples sujets.

 

Articles anti solitude 2011 déjà sur ce site

 

Charcosset Henri (2010), Le chômage et d’autres conditions de vie favorisant l’isolement. Une approche Internet  pour contribuer à y  remédier

La lutte contre la solitude, Grande Cause nationale 2011

 

Charcosset Henri (2011), Christaux d’amour (Pseudonyme), Mitsori (Pseudonyme) (2011), De la web entrée en relation à l'amitié, parfois l’amour

La lutte contre la solitude, Grande Cause nationale 2011

 

Christaux d’Amour (Pseudonyme) et Charcosset Henri (2011), Echange entre deux générations sur l’Internet, au sujet de la vie en couple.

La lutte contre la solitude, Grande Cause nationale 2011