Sections du site en Octobre 2009 :  Ajouts successifs d’articles -- Sujets d’articles à traiter – Pour publier --  Post-Polio -- L'aide à domicile -- Internet et Handicap -- Informatique jusqu’à 100 ans – Etre en lien -- L’animal de compagnie --  Histoires de vie  --  Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de l’avant -- Tous chercheurs -- Liens –

 Le  webmestre.

 

RETOUR A LAPAGE D’ACCUEIL : CLIC            AUTEURS, TITRES DE TOUS  LES  ARTICLES : CLIC         SYNTHESE GENERALE: CLIC

 

……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

 

                                                MARS 2008

                                   °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

LE  BONHEUR  DÊTRE  SOI

 

Moussa  NABATI,  Editions Fayard, 2006

                                      

                                          Extraits par Henri  Charcosset

 

P 18  Le bonheur vient de nous-mêmes. Il représente une disposition, une aptitude interne psychique… Il se trouve dans le plaisir de vivre, dans le désir et l’ « en-vie », d’exister, vivant parmi les vivants, et non dans les plaisirs de la vie…

         Etre soi veut dire s’aimer, s’accepter, se respecter tel qu’on est, dans son corps, son âge et son sexe, en jouissant notamment d’un psychisme séparé, différencié autonome, dégagé des confusions d’identités…

 

P 19  Etre soi signifie pouvoir ressentir, penser, choisir, désirer, s’exprimer en son propre nom, pour son propre compte et de sa vraie place, en étant conscient des enjeux et de ses responsabilités… L’être soi se construit au sein du triangle père-mère-enfant à l’aide de deux ingrédients majeurs, l’amour et l’autorité…

         C’est la libre circulation de l’énergie vitale… qui procure le bonheur, ce sentiment subjectif et singulier, à nul autre comparable, d’être soi, vivant et entier…

         Le gros rocher, le seul vrai obstacle importunant cette circulation, provient de la culpabilité et de la dépression infantile précoce (DIP). Celles-ci apparaissent essentiellement dans trois situations :

1/ L’enfant se voit personnellement victime, en toute innocence, d’une maltraitance, d’un rejet, d’un désamour, d’un abus sexuel…

2/ Il assiste, à d’autres moments, en toute impuissance, à la souffrance de ses proches : maladie, dépression, décès, divorce.

3/ Branché sur l’inconscient de ses parents et donc relié à leurs enfants intérieurs, …il sait par exemple, sans en avoir conscience, si ses parents l’aiment pour lui-même …ou s’ils ont « besoin » de lui pour « rafistoler » leur union lézardée, remplacer un enfant rappelé au ciel prématurément… Dans ces derniers cas, il se voit érigé en enfant thérapeute, chargé d’éponger la DIP de ses parents.

 

P 30  Il n’existe aucune définition objective du bonheur… Le bonheur se réduit fatalement pour certains à un état de non-malheur, de non-souffrance… D’autres se consolent et s’ingénient à se croire heureux en comparant leur sort à celui peu enviable, voire dramatique, de millions de malheureux…

 

P 34  Le bonheur consiste à réussir la correspondance, l’adéquation, le mariage entre sa réalité et son idéal.

 

P 49  Le vrai bonheur se rencontre en devenant soi.

 

P 60  La libido n’est pas d’essence exclusivement sexuelle. Elle représente l’Eros, l’élan vital dans sa globalité. Elle s’investit certes dans la sexualité, mais aussi dans les domaines les plus variés de la vie : l’amour, l’art, l’argent, la famille, le travail, l’intelligence, la politique, la religion…

 

P 61  La libido n’est tributaire d’aucun objet en particulier. L’essentiel de sa quête consiste à maintenir le psychisme, quel que soit le domaine où elle s’investit, vivant, animé, en éveil, mobilisé, en tension, en érection, si l’on peut dire, afin de le protéger contre l’effondrement, l’extinction dépressive.

 

P 63  Bien saisir la différence entre le besoin et le désir va nous aider à comprendre pourquoi le bonheur n’est pas forcément au rendez-vous même lorsque, possédant tout, on n’a plus besoin de rien, et pourquoi le vrai bonheur n’est possible qu’en devenant soi.

 

P 72  La DIP germe lorsque l’enfant reçoit une quantité insuffisante d’amour, ou encore un amour de mauvaise qualité, c’est-à-dire lorsqu’il n’est pas considéré pour ce qu’il est vraiment, dans sa fonction et place propres, mais en tant que remède, béquille, prothèse, thérapeute, objet réparateur, sauveur, rédempteur.

         La DIP parvient à bloquer la libido, l’empêchant de circuler librement et de façon fluide à travers les différentes parcelles du jardin de l’intériorité.

 

P  75  Un excellent moyen de savoir si une personne a véritablement réussi à devenir adulte, elle-même, est d’évaluer sa capacité à supporter avec sérénité la solitude. Lorsque la libido circule librement …le sujet ne craint ni la solitude, ni la mort, ni la maladie… Si celles-ci lui font peur, c’est parce qu’il se trouve confronté à quelque chose de mort en lui. D’ailleurs, c’est lorsqu’il sera capable d’assumer sereinement la solitude, apte à exister par et pour lui, qu’il pourra rentrer en liens authentiques avec autrui.

 

P  88  Il est essentiel de souligner l’aspect profondément constructif de la souffrance psychique… Le bonheur ne peut s’éprouver qu’en alternance avec son contraire, son opposé.

 

P  94  Il est essentiel de prendre conscience de son ambivalence intérieure, du désaccord entre l’enfant en soi, affecté par la DIP, et l’adulte, afin de réaliser sainement son bonheur, par-delà les conditions matérielles… Il est essentiel de pacifier ses relations avec son passé grâce à la compréhension de son histoire.

 

P 96  L’obsession du bonheur comme unique but et ultime finalité accentue le stress, l’inquiétude de ne pas y arriver, l’impatience et la crispation. Elle bloque la fluidité et la libre circulation de la libido…

 

P 103  Devenir soi apparaît à certains comme une tâche ardue, insurmontable, exigeant énormément d’effort et de travail.

 

P  105  Contrairement à l’idée répandue, être soi n’est pas synonyme d’individualisme ni d’égoïsme.

 

P  120   Nous héritons aussi de nos ancêtres, même si nous ne les avons pas connus, leur histoire, leur épopée, leur origine, leur appartenance géographique, culturelle, ethnique, religieuse, tous éléments qui ont indubitablement servi de matériau de construction à notre maison/soi, notre âme profonde.

 

P  127  Résumons-nous : le bonheur consiste à devenir soi, adulte, individué, psychologiquement autonome, défusionné par rapport à la matrice maternelle… Mais alors pourquoi le fait d’être soi, ce cheminement à priori si simple, devient-il problématique ?

         …Nous touchons ici au cœur de la question majeure relative au bonheur, ou plus exactement à ce qui rend son avènement épineux : la culpabilité. Celle-ci existe principalement sous deux modalités : consciente et inconsciente.

 

P  133  La DIP et la culpabilité gênent l’accès au bonheur en empêchant la libido de circuler librement et de façon fluide à travers la totalité de la maison/soi  et du verger de l’identité plurielle.

 

P  134  Lorsqu’on est soi, psychologiquement autonome et différencié du désir de l’autre, on jouit spontanément de la vie, de l’inestimable sensation de se trouver entier et vivant. Dès lors sans avoir besoin de rien ni de personne, porté par le désir, on se réjouit de celui que l’on est et de ce que l’on a, à distance de la nostalgie d’ « avant » et de l’utopie « plus tard ». En revanche, lorsqu’on n’est pas soi, défaillant dans ses place et fonction, prendre simplement plaisir à l’instant présent s’avère problématique.

 

P  149  Il est parfaitement possible de se reconstruire, en devenant soi, à tout âge, même pauvre, disgracieux ou malade, à condition de prendre enfin conscience du seul vrai obstacle intérieur dressé sur la route du bonheur, la DIP, conséquence de la culpabilité inconsciente. Cette découverte induit une décrispation psychique, un décoincement, une flottaison, comme le bouchon de liège sur l’eau, permettant à l’énergie vitale de circuler dans la maison/soi librement, sans entrave.

 

P  157  Jouir de la sécurité intérieure en étant soi nourrit le courage, rend fort et confiant, en diminuant considérablement l’appréhension permanente et infantile des dangers.

 

P 158  Habiter dans la maison/soi favorise une intense sensation de paix et de vérité intérieures.

         Le sujet, étant lui-même, n’est plus oppressé par le sentiment pénible qu’il doit jouer un rôle étranger, faux, qui ne lui correspond point.

 

P  159  L’accession à la sérénité d’être soi protège contre l’illusion que l’on peut trouver la paix exclusivement dans la réalité extérieure, dans la non-conflictualité. Elle met ainsi à l’abri de la servitude et de la servilité. Le sujet ne craint plus de rentrer en conflit avec ceux qui l’offensent, le blessent ou lui manquent de respect. Il n’hésite plus à se défendre, à dire non, à protester, à donner des limites.

 

P  164  Dans l’être soi, l’autre ne représente plus une drogue dont on ne peut se passer, un médicament destiné à tromper la solitude.

 

P  172  L’idéologie moderne insuffle une idée du bonheur comme étant préfabriqué, matériel, naissant de l’utilisation des objets censés par magie, procurer la félicité en faisant correspondre la réalité aux rêves, mais au fond pour lutter contre la dépression masquée.

 

P  207  Un défaut physique, qu’il soit réel ou imaginaire n’est jamais à l’origine de la mauvaise image de soi.

 

P  209  L’homme n’éprouve pas davantage de « désir » que la femme. S’il ressent plus souvent le « besoin » de passer à l’acte, c’est qu’il espère apaiser de la sorte ses angoisses de mort.

 

P 210  Les troubles de la sexualité, la frigidité, l’impuissance, l’éjaculation précoce, etc. ne renvoient jamais à des problèmes sexuels à proprement parler. Ils ne constituent que des symptômes reflétant la difficulté du sujet à être lui-même, à s’accepter et à s’aimer en se sentant vivant et entier, dans son corps d’homme ou de femme, dans sa génération, sa fonction et sa place.

 

P  229  « Etre soi » grâce à l’acceptation des différences de désirs, d’identités et de destins, permet à l’homme et à la femme de s’unir non seulement au niveau de l’amour et de la jouissance sexuelle, mais également à celui de leur âme tout entière, de l’ensemble des pans de leur identité plurielle.

 

P  233  Les membres d’une fratrie ne sont jamais issus, sur le plan de la psychologie inconsciente, des mêmes parents, abstraction faite du déterminisme des lois de la génétique.

 

P 268  Un individu ne peut se sentir vivant et heureux que si sa libido, son énergie vitale, parvient à circuler librement, sans encombre et avec fluidité à travers les divers pans de son identité plurielle. Il en va exactement de même d’une société.