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Septembre 2012
MES ANIMAUX DE
COMPAGNIE ET MOI. XXI. PAPRIKA, CHIEN TECKEL.18.PAPRIKA M’
EST PLUS PRESENT APRES SA MORT QU’AUPARAVANT !
Juliet HAAS, h.juliet1@rambler.ru
Cet article est
le vingtième et unième d’une série de témoignages de Juliet en remontant à sa
petite enfance.
Les trois premiers se trouvent à CLIC1, CLIC2, CLIC3
Les articles suivants se rapportent déjà au chien
Paprika :
Haas Juliet(2012). Mes animaux de
compagnie et moi. XX. Paprika, chien teckel.17. L’amour de sa maitresse pour
Paprik en fin de vie laisse pantois
Haas
Juliet (2012), Mes animaux de
compagnie et moi. XIX. Paprika, chien
teckel. 16. Paprika a fait un scandale
au sein de ma belle famille
Haas Juliet
(2012), Mes animaux de compagnie et moi. XVIII. Paprika, chien teckel.15. Paprika avec sa maitresse, spécialistes en voyance
Haas Juliet (2012), Mes animaux de compagnie
et moi. XVII. Paprika, chien teckel.14.
Histoires palpitantes de chiens, avec en final Paprik couronné
Haas Juliet (2011), Mes animaux de
compagnie et moi. XVI. Paprika chien
teckel.13. Paprik avale 42 ou43 morceaux de sucre, fête son10ème anniversaire, rencontre
un chien berger allemand
Haas Juliet (2011), Mes animaux de compagnie et moi. XV. Paprika chien teckel. 12. Prendre le train avec un chien, cela va
encore, mais avec deux c’est l’enfer
Haas Juliet
(2011),Mes animaux de compagnie et moi. XIV. Paprika chien teckel.11. Paprika fait fuir les hommes approchant de près
sa maîtresse
Haas Juliet (2011), Mes animaux de compagnie et moi. XIII. Paprika, chien teckel 10. Le bien
curieux duo de Paprik avec Moon, autre chien accueilli
Haas Juliet(2011)°,
Mes animaux de compagnie et moi. XII. Paprika,
chien teckel. 9. Des épisodes de
fugue de Paprika déjà, de la chatte Mélusine aussi
Haas
Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. XI. Paprika, chien teckel.8.Paprika initie la chatte Mélusine à l’amour.Paprika et Mélusine accompagnent mes études de musique
Haas
Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. X. Paprika, chien teckel.
7. Retour à Paris, Paprika s’offre mon jambon, nous invite au restaurant,
séduit la restauratrice, a une surprise avec deux dames très spéciales
Haas
Juliet(2010), Mes animaux de
compagnie et moi. IX. Paprika, chien teckel.
6. Arrivée de la chatte « Mélusine », Stage en Italie, Voyage dans le
Sud de la France
.Haas Juliet (2010), Mes animaux de compagnie
et moi. VIII. Paprika, chien teckel.5. «Jamais deux sans trois ! »
Haas Juliet
( 2010), Mes animaux de compagnie et moi. VII. Paprika, chien
teckel. 4.'' Patrika
avec….mon amoureux, les jeunes filles, les contrôleurs de train, et autres
gens''
.Haas Juliet(2010), Mes animaux de
compagnie et moi. VI. Paprika, chien teckel. 3.''Je pars vivre seule avec Paprika,et…je l'emmène à l'école''
Haas
Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. V. Paprika, chien teckel .2. Paprik dans toute sa grandeur
. Haas Juliet (2009), Mes
animaux de compagnie et moi. IV. Paprika, chien teckel .1. Je fais
connaissance
Je m'enquis
alors des circonstances exactes.
Voici le récit
de Mme P.:
– Lorsque je
quittai la clinique,hier soir,tout était tranquille.Paprika
était tel que vous l'avez vu.Je me suis couchée,et,vers deux heures du matin,je
me suis réveillée en sursaut.J'ai senti qu'il avait
besoin de moi.
J'ai enfilé un
manteau et je suis retournée à la clinique.Il
hoquetait.
J'ai débranché
la perfusion,je l'ai pris
dans mes bras,il s'est calmé,et
j'ai attendu,attendu,attendu...A peu près deux
heures.
Il avait l'air bienheureux,mais sa respiration allait cesser d'un moment à
l'autre.Je l'ai gardé ainsi contre moi,et tout d'un coup,sans la
moindre souffrance,il a pris de l'air,et
tout s'est arrêté.Je l'ai encore tenu pendant un bon moment,puis je l'ai déposé dans son lit,et
je lui ai remis sa couverture.Je n'ai rien abrégé,et j'ai senti que,si vous
aviez tant insisté pour qu'on ne le fasse pas,sauf impératif,c'est que lui-même n'aurait pas voulu partir ainsi.C'est étrange,je n'avais
jamais vu ça.Mais je suis sûre de ce que je dis.
Je demandai
alors:
– Pensez-vous
qu'il eût mieux valu que je reste avec vous pour le veiller,et qu'il meure dans mes bras?Je
m'en veux,tout d'un coup...
– Vous n'avez
pas à vous en vouloir'',dit-elle.''D'autant plus que,fait comme il l'était,je ne voudrais pas vous vexer,mais
qu'il meure dans vos bras ou dans ceux de n'importe quelle nana,ça
lui était bien égal,pourvu que ce soit une nana.
Et,en plus,pour me punir de l'avoir si
bien soigné,il s'est arrangé pour que j'aie une crève
pas possible.En rentrant chez moi,j'étais
malade,mais malade...J'ai de la fièvre.Saviez-vous
vraiment qui il était?
– Oui,je savais.Et
comment que je savais! Ce que vous dites me rassure,au contraire. Oui,il était un petit monstre,un
égoïste,un obsédé sexuel,mais
en même temps,quelle tendresse,quel
amour,quel romantique...
– Oui,romantique et torturé,en plus,mais il était
aussi très comédien,me coupa-t-elle.
Je lui demandai
alors:
– Mais comment
pouvez-vous savoir tout ça,alors
que vous ne l'avez connu qu'une semaine,la dernière
semaine de sa vie,et qu'il était si amoindri qu'on ne
le reconnaissait déjà presque plus?
– Je l'ai su au
premier regard,ce sont des choses que l'on sent,je ne peux pas vous expliquer comment.Mais,ce
mec là,parce qu'il était torturé,il
a du vous en faire voir,il a du vous faire souffrir.Il aimait faire souffrir,surtout
vous.Il profitait de vos sentiments,il
savait que vous l'aimiez plus que tout,plus que votre
propre vie,et il s'est bien amusé aussi,croyez-moi.
– Vous ne
l'aimez pas? demandai-je.
– Ce n'est pas
parce que je vois qui il est que je ne l'aime pas,répondit-elle.
Cette conversation prenait une tournure
vraiment inhabituelle,c'est le moins que l'on puisse dire.Paprika
venait de décéder,et Mme P. et moi n'utilisions déjà
plus l'imparfait,mais le présent.Nous
en parlions comme s'il était toujours là.En fait,il était bel et bien là,et
notre inconscient le ressentait,c'est pourquoi nous
n'avions utilisé l'imparfait que quelques courts instants.
– Croyez-vous
que vous l'oublierez? demandai-je.
– Jamais,et si je dis jamais,ça veut dire jamais.On ne
peut pas oublier un mec pareil,c'est
impossible...Mais alors,cette grippe! Pourquoi ai-je
la grippe? C'est de sa faute,il
l'a fait exprès.Ah! Non,je ne l'oublierai pas!
Elle me faisait penser à Nana,le jour où Paprika s'était caché sous la commode,tapi dans l'ombre,jusqu'à
ce que je pleure.Elle parlait sur le même ton,à la fois attendri et féroce,pour
se défendre contre les sentiments
d'attirance magnétique que Paprika lui inspirait.Même
dans son agonie,ne pouvant plus faire de bêtises,ne pouvant plus voler,ne
pouvant plus mentir,il avait transmis ses ondes à la
fois maléfiques et pleines d'amour à Mme P.,et il
l'avait fait souffrir,elle aussi.Elle
s'était laissée prendre au piège de son irrésistible charme,jusqu'à
ressentir ses appels en plein sommeil et à en être réveillée en sursaut,jusqu'à lui faire sentir qu'elle n'avait pas le
temps de s'habiller pour se rendre à son chevet.C'est
ainsi qu'elle avait pris froid.Et jusqu'à le prendre
dans ses bras et l'embrasser pendant deux heures,prête
à rester ainsi beaucoup plus longtemps,s'il l'avait fallu.Son calvaire avait duré deux heures,le
mien avait duré presque douze ans.
– Il avait du charme,dis-je ,en reprenant
l'imparfait.
– Et comment!
Mais quel terrible loustic! J'en ai froid dans le dos.
Je jubilais,comme j'avais jubilé chaque fois que Paprika avait
provoqué des scandales.Son extraordinaire personnalité,ange et démon à la fois,faisait
des ravages au-delà de son trépas.
Et ce n'était
qu'un début!!!
Je demandai à
récupérer les cendres.
Sinon,je refusai l'autopsie que Mme P. me proposait gentiment,et Mme R.était de mon
avis: en effet,que Paprika soit décédé d'une parasitose
au foie ou d'un cancer du même organe ne changeait rien,personne
ne pouvait lui redonner la vie.
Par contre,quelle culpabilité j'aurais
ressentie de le savoir atteint d'une maladie guérissable,que
ni moi ni Mme R. n'aurions été capables de déceler. Je pense que j'aurais
été-dans un tel cas-plus que tentée de me donner la mort. De toute façon,le mystère de sa disparition
correspond tellement au personnage de Paprika que je suis obligée de m'incliner.De plus,je n'aurais pas
supporté qu'on le ''charcute''post mortem.
Depuis que j'ai
fini l'histoire de sa vie,je
suis malade,j'espère que ça va passer...
J'aurais aimé
devenir sereine par rapport à Paprik.Mais,hélas,c'est presque l'inverse qui se produit.
L'écriture ne
m'a pas délivrée,rien jamais
ne me délivrera de Paprika.
Je crois que l'amour,c'est
soulager l'autre de sa souffrance de vivre.
Qu'il soit
humain ou animal,les deux en
sont capables. Une autre souffrance apparaît alors,la crainte perpétuelle de perdre l'objet aimé...et
c'est ce qui venait de me frapper...
Les cendres
arrivèrent dans un petit sachet en papier.Je voulus
l'ouvrir pour voir l'aspect que ça présentait.
Il y avait un
autre sachet,en plastique transparent,à travers lequel je voyais une sorte de poudre blanche,un peu épaisse.Avec cette
poudre se mélangeaient des petits morceaux blancs,comme
de l'ivoire.Le tout donnait une impression de
propreté immaculée,comme de la neige fraîchement tombée.A travers mes larmes,je
ressentis une impression de paix intérieure,de
tranquillité.
Je refermai le
sachet de papier,et je
rangeai le tout dans une magnifique boîte chinoise ouvragée,achetée
pour servir de tombe à Paprik.
Je mis la boîte
dans mon armoire,où elle se
trouve toujours.
Il va sans dire
que je pleurais tout le temps,et
que j'étais dans un état de dépression telle que je désirais rejoindre Paprika.
Souvent,en bas de chez moi,je croisais un
petit teckel à poils ras,fauve,assez ordinaire,et très sauvage.Impossible
de tenter la moindre caresse,il fuyait.Je
le voyais depuis que j'avais emménagé,et mes chiens
n'y prêtaient aucune attention.Je n'ai jamais su à
qui il appartenait,car il se promenait tout seul.
Après avoir
rangé les cendres,je sortis,et je croisai,une fois de plus,ce petit teckel,qui,me voyant,courut vers moi en remuant la queue!
Je n'en
revenais pas,je m'agenouillai,il mit ses pattes avant sur mes genoux,me fit des ''Colette'',et m'embrassa.
Je disais:''Paprik!Mon fils!C'est toi!...''
Le câlin dura
deux bonnes minutes,puis,tout à coup,le petit chien changea,il eut une expression de peur,de
terreur,même,de se retrouver dans cette position,et il s'enfuit.
J'appelai:''Paprik,reviens,Paprik,s'il te plaît! Paprik!''
Mais le petit
animal ne me regardait plus,indifférent,comme il l'avait toujours été.
Paprika était
apparemment rentré un instant dans le corps de ce petit teckel,pour me signifier qu'il était toujours là.Lorsqu'il quitta ce corps,le
petit chien redevint lui-même,et s'enfuit,terrorisé.C'est ainsi que je compris ce phénomène
étrange.
Dans les jours
qui suivirent,j'espérai un nouveau câlin,mais,hélas,le chien restait désespérément lui-même.Paprika
ne recommença jamais plus.
Il y avait dans
l'entrée de mon appartement une table,recouverte
d'un tapis qui descendait presque à terre.Paprika
aimait se coucher sous cette table,et,comme tout
teckel qui se respecte,il grattait et tournait sous
lui-même avant de se coucher.
Quelques jours
après l'épisode de possession de corps de l'autre petit teckel,j'entendis Paprika gratter
sous la table.Je tendis l'oreille,le
bruit était très net.J'attendis un peu,et soulevai le tapis.Il n'y
avait personne.J'appelai:
''Paprik,reviens,s'il te plaît,Paprik!Ne me laisse pas!Je sais que c'est toi qui as gratté...''Mais je
n'entendais plus rien.
Je restai de
longues minutes à attendre,mais,hélas,je dus me résoudre au fait
qu'il n'était pas plus obéissant mort que vivant.
Tout ce que je
savais faire,depuis son décès,c'était pleurer.Je n'ai
jamais vécu un tel désespoir de toute ma vie.C'était atroce.Alors,ces manifestations me parurent salvatrices: il
ne fallait pas que je meure,car Paprik,de
toute évidence,était toujours là.
Dans les jours qui suivirent,il se remit à gratter
sous la table assez souvent,pour mon plus grand plaisir.Dès que je lui parlais,la
manifestation cessait.
Puis,un soir,au moment de m'endormir,je l'entendis ronfler! J'attendis quelques instants,puis je dis:
''Paprik,tu es là,je
le sais.''
Les ronflements
cessèrent.
Je compris
alors qu'il arrêtait de se manifester quand je lui parlais pour me faire
comprendre qu'il m'avait entendue.
Quand je montais
en voiture,je sentais un
poids sur mes genoux,et je sentais son odeur délicate
me caresser les narines!
Parfois,quand je me couchais,je
le sentais marcher sur mon corps.Puis,je l'entendais
respirer, ou ronfler.
Quelques temps
plus tard,il se mit à taper
dans le mur,toujours chaque fois que je me couchais.J'allumais la lumière,et
le bruit cessait.Il découvrait de nouvelles façons de
se manifester,toujours plus sophistiquées.
Un jour que
j'étais chez ma mère,je voulus dire quelque chose,et je sentis un corps chaud et velu se coller contre
ma bouche,m'empêchant de parler,et
je sentis nettement son odeur.J'eus le temps de
réfléchir pour me rendre compte que j'avais été heureusement empêchée de faire
une gaffe qui n'aurait pas plu à ma mère! Dans ma tête,je dis:
''Merci,Paprik!'',
et le corps se
décolla de ma bouche!
Je le sentis
dans les minutes qui suivirent sur mes genoux,et,à nouveau,son parfum
délicat se faisait sentir.
Je vivais de
nouveau avec lui,à mes côtés,et je lui demandais conseil à chaque fois que j'avais
un problème à résoudre.La solution venait d'elle-même,sans que j'aie à y réfléchir.
De plus en plus
souvent,il tapait dans le mur.Quand je lui répondais,il se
taisait à nouveau.
En fait,il était plus présent qu'il
ne l'avait jamais été auparavant.
Chassez le naturel,il revient au galop: un matin,en m'habillant,je m'aperçus
que mon jupon avait disparu.
Où avais-je
bien pu le mettre? Il n'était pas à sa place,sur le dossier de la chaise.
Je me dis que
j'avais du l'oublier dans la salle de bains.
Je n'y trouvai
rien.
J'ouvris le
tiroir de ma commode,et j'en
pris un autre.
Le soir,en rentrant dans ma chambre,je retrouvai mon jupon,à
sa place.
Je n'y compris
rien.
Quelques jours
plus tard,c'est mon pull qui disparaissait.
Je pensai alors:''Mon Dieu!Et si c'était Paprik?''
Mais le pull ne
réapparut pas.
Cette fois je
me fâchai:
''Paprik,si c'est toi qui a pris mon
pull,pourrais-tu me le rendre,s'il
te plaît?''
Mais je ne le
retrouvais toujours pas.
Puis,un jour,en ouvrant un placard,où je ne rangeais jamais mes pulls,je
tombai dessus,rangé en chiffon.
Je dis:
''Merci,Paprik,de me l'avoir rendu!
Petit chenapan,tu ne
changeras donc jamais?''
Il continuait
de cogner tous les jours,de
gratter et de respirer de temps en temps.
Les larcins se multipliaient,et Paprika ne savait
pas quoi inventer pour être aussi insupportable que de son vivant.
Mélusine avait perdu
sa voix depuis la dernière nuit tragique de Paprika,et elle miaulait de nouveau,mais
d'une façon éraillée.
Je ne pouvais
pas prononcer le mot ''Paprika'' sans provoquer chez elle une crise de nerfs
suivie de dépression.Et pourtant,ce mot sortait de mes entrailles meurtries par la
disparition de mon fils bien aimé.Je l'appelais en pleurant,et,dès que je constatais un nouveau vol,ou que j'entendais des bruits,qui
devenaient de plus en plus violents,je lui parlais
avec des mots d'amour.
Un jour,ma voisine du dessous sonna à
ma porte,et me dit:
– Vous seriez
gentille d'arrêter de déplacer des meubles au beau milieu de la nuit,je ne peux plus dormir! Vous
faites le ménage,ou quoi?
J'étais bien embarrassée pour lui répondre,et je lui dis que je ne
comprenais pas d'où ces bruits provenaient,mais que
je n'y étais pour rien.Mais je ne pus nier que je les
entendais aussi.
Elle me prit
pour une échappée de Charenton,mais
si je lui avais dit que c'était Paprik,je crois
qu'elle aurait appelé Police Secours!!!
Et Top,dans tout cela?Vous
avez déjà constaté par vous-même que Paprika était,de
son vivant,l'être qui m'était le plus cher.Et après sa mort,il l'était tout
autant.Mais sa disparition déchira l'écran de
protection que Paprika formait entre moi et les autres.Je
les voyais désormais tels qu'ils étaient,et leur vie
intérieure me paraissait si dramatiquement banale que je m'ennuyais
profondément à leur contact.Top n'échappa pas à cette
vision qui,désormais,n'était plus atténuée par
Paprika.
Peu à peu,je me détachai de lui.Il était devenu un ami très gentil mais encombrant qui
habitait chez moi,et je me sentais mal par rapport à lui,mais mieux dans ma vérité.
Paprika,encore une fois,me
faisait prendre conscience des réalités de ma vie et de mes sentiments.Tant
qu'il avait été à mes côtés,je supportais la
médiocrité ambiante et je faisais avec,ou,plutôt,sans.
En plus,lui disparu,je
ne supportais plus cette existence morne à cause des humains stupides,futiles,faux,se croyant intelligents,cultivés,voire distingués.
Je me trouvais
amputée de la moitié de mon âme,et l'autre moitié,donnée sans retour possible à Paprika,cognait
dans les murs avec lui ou faisait se déplacer les meubles la nuit: je m'aperçus
à ce moment là que Paprika m'avait donné la moitié de son âme.Et
c'est ce miraculeux indicible qui fut le fil conducteur de mes pensées et
réflexions sur le monde qui m'entourait,et,par extension,sur le monde tout court,puis,encore
par extension,sur l'univers.
Je compris
alors que l'humain se croit trop,qu'il
se prend pour le nombril de lui-même,voire de l'univers,alors,qu'en fait,il n'est
rien de plus qu'un animal,qu'un moustique,qu'un
microbe.
Je comprenais
mieux la relation de l'infiniment grand avec l'infiniment petit,et les humains me semblaient vides de sens.
Leur
préoccupation première était leur carrière,leur réussite,leur voiture,leur famille.Mais l'amour,dans tout ça?Je parle de l'amour de l'autre pour l'autre et pas pour soi,de l'amour du vivant,de
l'amour universel,immense,infini.Il
était absent de leurs préoccupations,l'amour aussi
était calculé !
Je me plongeai
dans la musique,qui parle
comme me parlait Paprika,et je commençai alors une
brillante carrière de concertiste,ce qui faisait
plaisir à Top,mais ce qui me laissait indifférente.
Je ne jouais
pas pour le public,je jouais
pour le ciel.
Note : Juliet se verrait bien être l’auteur d’un
ou plusieurs ouvrages autour de vaste thème de notre relation à l’animal de
compagnie, tout au long de la vie. Qui aurait des connaissances intéressées
dans le monde de l’édition, serait très aimable d’établir le contact avec
Juliet