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Mars 2011
MES ANIMAUX DE COMPAGNIE ET MOI. XII. PAPRIKA, CHIEN TECKEL.
9. Des épisodes de fugue, de Paprika déjà, de la chatte Mélusine aussi
Juliet HAAS, h.juliet1@rambler.ru
Cet article est
le douzième d’une série de témoignages de Juliet en remontant à sa petite
enfance.
Les trois premiers se trouvent à CLIC1, CLIC2, CLIC3
Les huit suivants se rapportent déjà au chien
Paprika :
Haas
Juliet (2009), Mes animaux de compagnie et moi. IV. Paprika, chien
teckel.
1. « Je fais connaissance »
Haas Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. V.Paprika, chien teckel.
2.
Paprik dans toute
sa grandeur
Haas Juliet 2010), Mes animaux de compagnie et moi. VI. Paprika,
chien teckel.
3. ''Je pars vivre seule
avec Paprika,et...je l'emmène
à l'école''
Haas
Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi.VII. Paprika, chien teckel.
4. « Paprika avec….mon amoureux, les jeunes filles, les contrôleurs
de train, et autres gens »!
Haas Juliet (2010), Mes animaux de
compagnie et moi. VIII. Paprika, chien
teckel.
5.
« Jamais deux sans trois »
Haas Juliet (2010), Mes animaux de
compagnie et moi. IX. Paprika, chien
teckel.
6 .Arrivée de la chatte ''Melusine'',stage en Italie,voyage dans le sud de la France
Haas Juliet (2010), Mes animaux de
compagnie et moi. X. Paprika, chien
teckel.
7. Retour à Paris, Paprika s’offre mon
jambon, nous invite au restaurant, séduit la restauratrice, a une surprise avec
deux dames très spéciales
Haas Juliet (2011), Mes animaux de compagnie et moi. XI. Paprika, chien teckel.
8. Paprika initie la chatte Melusine à l’amour. Paprik et Melusine accompagnent mes études de musique
°°°°°°°°°
D'habitude,lorsque je rentrais à la maison,Mélusine était couchée sur le rebord de la fenêtre
de la salle de bains,et on pouvait la voir de la cour.La petite guettait mon retour,c'était
touchant.
Je regardai la fenêtre,mais elle n'y était pas.
Elle a sûrement
mal au ventre'',pensai-je,''elle
ne peut pas sauter''.
Je pris l'escalier,commençai à monter,et je fus intriguée par un bruit,comme
si quelqu'un avait une gourmette à breloques qu'il aurait agitée.
Je continuai à monter,le bruit se rapprochait.
Je pensai à une
vitesse fulgurante:''ce n'est pas possible,on dirait les médailles de Paprik
qui s'entrechoquent!''
Arrivée au troisième,notre étage,je fus accueillie par....des petites ''Colettes''hystériques!!!Paprik
était là!!!Il se contorsionnait,remuant
sa chaînette en double mailles gourmette,munie de
médailles!!!
Je lui dis,comme si tout cela était
évident:
''Ah!Tu es rentré!'',et j'ouvris la
porte comme si de rien n'était.
Le choc était
tel qu'il m'avait anesthésiée de toute émotion!!!
Ce n'est que
quelques secondes plus tard que je me mis à trembler de la peur de ce qui
aurait pu lui arriver!!!
Je téléphonai à
ma mère immédiatement,elle décrocha,et je lui dis,sans
préambule aucun,même pas un ''allo'':
''Ne t'inquiète
pas,il est rentré''.
Je crus qu'elle
allait s'évanouir au bout du fil.
En effet,lorsque j'étais venue le midi,l'une de ses amies était à la maison.Ma
mère l'avait raccompagnée environ cinq
minutes après mon départ jusqu'à l'ascenseur,laissant
la porte de l'appartement ouverte.Paprika en avait profité
pour filer à l'anglaise par l'escalier!!!
Elle s'apperçut de sa disparition quelques minutes plus tard,et descendit comme une folle
à sa recherche.
Dans le hall en
bas,il y avait une porte
vitrée qu'il fallait ouvrir.Ma mère était sûre de le retrouver,comment aurait-il pu ouvrir? ...mais...rien.
Elle se
précipita dans l'entrée de l'immeuble,pensant
le trouver bloqué derrière la porte de l'immeuble donnant sur la rue...rien
encore.
Elle sortit,l'appela,le chercha,rien,rien,rien.
Elle remonta à
la maison et appela la police.Ils furent très gentils
et tentèrent de la rassurer en disant qu'il avait la chance d'être un chien de race,bien identifié,qu'on
les retrouvait presque toujours,et patati,et patata.Mais la pauvre
n'en menait pas large,se sentait coupable...et
n'était pas arrivée à me joindre.
Je lui dis
alors:
''Heureusement
que tu n'es pas arrivée à me joindre!!!Et que j'avais un cours à Pétaouchnok!!!J'aurais fait une crise cardiaque,le sachant disparu!!!''
Puis,je l'aidai à déculpabiliser.Elle me proposa
alors de le reprendre!
''Ah!Non!Je le garde,je
vais me débrouiller''.
Je raccrochai
le téléphone après les formalités d'usage.
Je me souvins
alors que,lorsque Mélusine
avait eu sa gastro hémorragique,je
l'avais enfermée dans la salle de bains pour éviter un désastre dans le studio.Elle n'en était pas morte,et
je décidai de faire de même pour les nuits suivantes,la
journée ne présentant finalement aucun risque pour elle,vu
que j'étais là,les deux animaux sous ma surveillance immédiate,ou alors Paprik et moi dehors,elle tranquille à la maison.
J'installai un
lit plus que confortable à la petite dans la salle de bains,le
lui montrai,et lui expliquai que ce lit serait pour
elle la nuit,et que,si elle
avait un problème,elle n'aurait qu'à m'appeler.Elle comprit parfaitement,et
eut l'air de trouver l'endroit agréable,d'autant plus
qu'elle n'aurait pas à faire d'effort pour aller boire ou faire ses besoins,tout étant à proximité,ce
qui lui éviterait de tirer sur sa cicatrice à faire trop de pas douloureux.
Après quoi,je dis à Paprik:
''Mélusine n'a pas
l'air contrariée à l'idée de passer la nuit toute seule,tranquille,mais tu es prié
de ne pas y toucher,en attendant,la
porte est ouverte,alors,j'espère que tu as compris,sinon,je me fâche''.
Paprik
prit un air entendu,et je
décidai d'aller chez Pili pour savoir à quelle heure
il était arrivé à la maison. Nous descendîmes au restaurant,et en voyant Paprika,elle
s'exclama:
"Ah!Te voilà,petit
coquin!''
Puis elle m'expliqua
qu'elle avait ri à en mourir en voyant Paprik arriver
à la maison tout seul.
Je lui demandai
s'il était passé la voir,et
à quelle heure il était rentré.Elle me répondit qu'il
avait filé ''comme un rat'' à travers la cour,et
qu'il était monté directement jusque devant notre porte pour m'attendre.
Elle avait
préféré ne pas intervenir,pour
ne pas le troubler,mais elle avait surveillé qu'il ne
redescendît point,auquel cas elle l'eût intercepté.Je la félicitai,et la
remerciai de son zèle fort habile.
L'escapade de Paprik avait duré environ trois heures et demie,et il m'avait attendue deux
heures devant la porte du studio!!!
J'en eu de tels
frissons rétrospectifs que Pili m'invita pour le soir
à déguster ses moules marinières,et
je me sentis déjà mieux à cette idée.
Ce qui me plut
le plus,c'est que Pili riait
de cette histoire,loin de prendre les événements au tragique.Elle était comme ça à chaque fois qu'elle avait un problème,et résolvait ses angoisses de cette façon.Quelle leçon de vie!Il est
évident qu'elle aussi comprenait que Paprik aurait pu
se faire écraser,qu'il aurait pu être volé,qu'il aurait pu finir à la fourrière,ou
même crever de faim et de soif,dormant dans le caniveau.Mais,pour me remonter le moral,elle
affichait un indéfectible optimisme,mue par sa
merveilleuse générosité.
Les jours passèrent,les fils de Mélusine
furent enlevés,et notre vie reprit son cours normal.
Quand j'ai raconté çette aventure à Mme R.,elle était
très étonnée et m'a dit qu'elle le croyait parce que c'était moi qui le lui
racontait!
Vu la
circulation dans Paris,elle
n'arrivait pas à comprendre comment il avait retrouvé la maison,les
odeurs étant masquées par les ''gaz''.
Mais j'eus une
autre explication de ma copine Eveline,la
dame qui m'avait envoyée chez son médecin homéopathe.
En effet,Eveline avait une chienne Springer qui s'était
échappée de son appartement parisien.Pour la
retrouver, elle avait été vue dans tous les endroits où Eveline l'emmenait:coiffeur,café,bureau de tabac,restaurants,marchand de journaux,etc.Eveline
me dit que Paprik était resté plus de trois heures
dans les rues,alors qu'il fallait dix minutes pour rentrer,car il avait du aller à ma recherche dans les
endroits que je fréquentais avant de revenir,comme
avait fait sa chienne.
Improuvable,mais ce raisonnement avait au moins le mérite d'être intelligent.
Cette année-là,si mouvementée,nous
valait bien quelques vacances.
Je partis à la
montagne avec un ami d'enfance que j'appelais Boubout.Nous
allions rejoindre ses parents qui nous attendaient,et Paprik et Mélusine vinrent,bien sûr,avec nous.Paprik connaissait bien Boubout,et
appréciait surtout d'aller manger chez ses parents,car
la dame qui préparait les repas était une amoureuse des chiens,et
Paprik disparaissait avec elle comme avec Pili!Il dégustait les mets les plus exquis en se
pourléchant les babines.
Arrivés sur place,Boubout alla dans son hôtel
avec ses parents,et moi dans le mien.Je
m'installai avec Paprik et Mélusine,lorsque
je m'aperçus qu'elle avait disparu!
''Ça commence
bien!'',me dis-je.J'avais
pourtant regardé par la fenêtre qui donnait sur un petit balcon,mais
ce n'était pas le genre de Mélusine de prendre la poudre d'escampette.En
plus,il n'y avait aucun accès immédiat par où elle
aurait pu passer.Je regardai par-terre,pour
m'assurer qu'elle n'avait pas sauté en bas.Je ne la
voyais pas.
Paprik,comprenant la situation,était
lui aussi sur le balcon.Mais il ne regardait pas en bas,mais en haut.Il y avait un
auvent au-dessus de nos têtes,et Paprika me fit
comprendre qu'elle aurait pu y avoir accès en sautant d'abord sur la rambarde.Mais il ne fallait pas avoir froid aux yeux,car l'on risquait la chute.
Paprik et moi nous
précipitâmes au rez-de-chaussée pour parler au concierge de l'hôtel.
Il m'expliqua
qu'elle pouvait avoir accès aux toits de la façon indiquée par Paprik,et qu'elle devait se cacher dans un grenier-débarras
plein de vieux meubles,genre capharnaüm,accessible
par une fenêtre fermant mal,et paraît-il très
apprécié des chats!
Le Monsieur
vint avec moi pour y pénétrer,et
Paprika ne tarda pas à découvrir Mélusine,terrorisée
et complètement perdue.
Mais comment l'attraper?Il y avait des meubles partout,et elle était loin.
Je l'appelai,et Paprika,l'encourageant
de la voix,tentait de la persuader de me rejoindre,mais nos efforts restaient vains.
Le Monsieur,plus courageux que moi,fit l'acrobate et réussit à l'attraper par la peau du cou.Puis il me la tendit en me demandant de faire attention
à ce qu'elle ne recommençât pas.
Je le remerciai
chaleureusement,très
embarrassée de lui avoir donné tant de soucis,puis je
regagnai ma chambre,et fermai la fenêtre.
Ensuite,j'allai,avec Paprik,rejoindre
Boubout pour un dîner bien mérité au restaurant de
son hôtel.
Lorsque les
vacances furent finies,nous
n'étions pas au bout de nos peines,car nous allions déménager.J'avais trouvé une maison plus grande,et j'avais envie de changer de vie et de cadre.
Le déménagement
se passa bien,et Paprika et
Mélusine n'en étaient nullement contrariés.Paprika
disposait d'un vaste boulevard où il pouvait lever la patte pour marquer chaque
marronnier.
Boubout nous invita à
dîner un soir au restaurant,et
en rentrant,après une excellente soirée,j'entendis
des miaulements.Paprika tira sur sa laisse en cette
direction.
''Tiens,un chat qui a la même voix
que Mélusine'',me dis-je.
Je remontai,et je fus surprise de ne
pas trouver Mélusine derrière la porte pour nous accueillir.
Paprik,lui,ressentit que ce n'était pas normal,et
se mit à flairer partout.Il pénétra dans la cuisine,et se mit à grimper le long du mur où il y avait la
fenêtre à glissière,très légèrement entrouverte.
Je me souvins à
cet instant que j'avais posé sur le rebord un paquet de beurre,car je n'avais pas encore de frigidaire.Or
le paquet n'était plus là!
Cela fit ''tilt''dans ma tête'',et nous
redescendîmes en vitesse les sept étages par l'ascenseur.
''Les miaulements!''dis-je à Paprik.''Comment n'ai-je pas
compris tout de suite que c'était elle?Surtout
que tu as tiré!Pourvu qu'elle ne se soit pas fait
mal!''
Des images
atroces de chat aux reins brisés,au
bassin fracassé,aux
pattes cassées,à la mâchoire brisée et à
la langue coupée s'entrechoquaient pendant la descente de l'ascenseur,peut-être
vers l'enfer de ma culpabilité devant une Mélusine en morceaux.
''Et si je ne
la retrouve pas?'',dis-je encore.''Elle
est peut-être déjà partie,ou
déjà morte’’.
Paprika n'écoutait
pas ce que je disais,attendant
que la porte de l'ascenseur s'ouvre.
Nous nous précipitâmes,mais plus de miaulements.Paprika tirait sur sa laisse,et
je le suivis,retrouvant subitement mon sang-froid.
Il courut
jusqu'au parking de l'immeuble,et
sur le muret qui séparait la montée de la descente,je
vis Mélusine,couchée,qui m'attendait.
Mais,quand je m'approchai,elle
recula,tant et si bien que le muret devenait de plus
en plus haut et que je ne pouvais plus l'atteindre.
Je remontai,et l'appelai,la
suppliant.Elle se décida,et
je pus enfin la prendre dans mes bras,ce dont elle
avait habituellement horreur.Mais,là,elle
ne bougea pas jusqu'à l'appartement.
Je la posai.Elle avait l'air hébétée,restant sur place,puis,esquissa
quelques pas.
Je la repris
pour l'examiner attentivement :rien de cassé,rien d'abîmé.Seules ses griffes,étrangement,étaient cassées.
En fait,alléchée par le beurre,elle
avait sauté sur le rebord,pourtant à peine entrouvert,et elle était tombée dans le vide,perdant
l'équilibre,ne pouvant se rattraper à rien.Son élan l'avait emportée,et,ce
qui la sauva,ce fut un buisson(il y avait un jardin en-bas),juste sous la fenêtre,qui
avait amorti sa chute.Quand elle déploya ses griffes
pour atterrir,c'est là qu'elles protégèrent ses
coussinets et se cassèrent.
Pendant
plusieurs jours,lorsqu'elle sautait sur une chaise,elle
n'osait plus en redescendre,puis,petit à petit,tout rentra dans l'ordre.
Ce nouvel
immeuble était très beau et formait une vaste résidence sur dix numéros,du 68 au 78.J'étais au
numéro 78 et le gardien,qui était aussi aimable
qu'une porte de prison,se trouvait au numéro 72,ce
qui me permettait de l'éviter.Cet aimable personnage
détestait autant les animaux que ses propres congénères.
De plus,lorsque je commençai à
travailler les voisins se plaignirent du ''bruit''.
Le quartier ne
m'offrait guère plus de sollicitude,car
je n'y avais jamais vécu,et j'y étais fort mal acceptée.Comme quoi,les
arrondissements sont un peu comme des villages,et,si
l'on n’est pas du coin,mieux vaut se tenir à carreau.
Cette
atmosphère était fort désagréable,et,malgré
le superbe jardin d'un côté et la mer d'arbres sous mon balcon de l'autre,je me sentais fort mal à l'aise et regrettais mon
petit studio et ma chère Pili.
Mais je
travaillais quand même et je donnais des cours,ce qui me permettait d'avoir un bon niveau de vie.
La présence de
mes petits me consolait de cette situation d'isolement.
Note : Juliet se
verrait bien être l’auteur d’un ou plusieurs ouvrages autour de vaste thème de
notre relation à l’animal de compagnie, tout au long de la vie. Qui aurait des
connaissances intéressées dans le monde de l’édition, serait très aimable
d’établir le contact avec Juliet.