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Juillet
2012
MES ANIMAUX DE
COMPAGNIE ET MOI. XX. PAPRIKA, CHIEN TECKEL.17. L’AMOUR DE SA MAITRESSE POUR PAPRIK
EN FIN DE VIE LAISSE PANTOIS !.
Juliet HAAS, h.juliet1@rambler.ru
Cet article est
le vingtième d’une série de témoignages
de Juliet en remontant à sa petite enfance.
Les trois premiers se trouvent à CLIC1, CLIC2, CLIC3
Les articles suivants se rapportent déjà au chien
Paprika :
Haas
Juliet (2012), Mes animaux de
compagnie et moi. XIX. Paprika, chien
teckel. 16. Paprika a fait un scandale
au sein de ma belle famille
Haas Juliet
(2012), Mes animaux de compagnie et moi. XVIII. Paprika, chien teckel.15. Paprika avec sa maitresse, spécialistes en voyance
Haas Juliet (2012), Mes animaux de
compagnie et moi. XVII. Paprika, chien
teckel.14. Histoires palpitantes de chiens, avec en final Paprik couronné
Haas Juliet (2011), Mes animaux de
compagnie et moi. XVI. Paprika chien
teckel.13. Paprik avale 42 ou43 morceaux de sucre, fête son10ème anniversaire, rencontre un chien berger allemand
Haas Juliet (2011), Mes animaux de compagnie et moi. XV. Paprika chien teckel. 12. Prendre le train avec un chien, cela va
encore, mais avec deux c’est l’enfer
Haas Juliet
(2011),Mes animaux de compagnie et moi. XIV. Paprika chien teckel.11. Paprika fait fuir les hommes approchant de près sa maîtresse
Haas Juliet (2011), Mes animaux de compagnie et moi. XIII. Paprika, chien teckel 10. Le bien
curieux duo de Paprik avec Moon, autre
chien accueilli
Haas Juliet(2011)°, Mes animaux de
compagnie et moi. XII. Paprika, chien
teckel. 9. Des épisodes de fugue
de Paprika déjà, de la chatte Mélusine aussi
Haas
Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. XI. Paprika, chien teckel.8.Paprika initie la chatte Mélusine à
l’amour.Paprika et Mélusine accompagnent mes
études de musique
Haas
Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. X. Paprika, chien teckel.
7. Retour à Paris, Paprika s’offre mon jambon, nous invite au restaurant,
séduit la restauratrice, a une surprise avec deux dames très spéciales
Haas
Juliet(2010), Mes animaux de
compagnie et moi. IX. Paprika, chien teckel.
6. Arrivée de la chatte « Mélusine », Stage en Italie, Voyage dans le
Sud de la France
.Haas Juliet (2010), Mes animaux de
compagnie et moi. VIII. Paprika, chien teckel.5. «Jamais deux sans
trois ! »
Haas Juliet
( 2010), Mes
animaux de compagnie et moi. VII. Paprika, chien teckel. 4.'' Patrika avec….mon amoureux, les jeunes filles, les
contrôleurs de train, et autres gens''
.Haas Juliet(2010), Mes animaux de
compagnie et moi. VI. Paprika, chien teckel. 3.''Je pars vivre seule avec Paprika,et…je l'emmène à
l'école''
Haas
Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. V. Paprika, chien teckel .2. Paprik
dans toute sa grandeur
. Haas Juliet (2009), Mes
animaux de compagnie et moi. IV. Paprika, chien teckel .1. Je fais
connaissance
En
rentrant,nous trouvâmes Paprik,allongé sur le côté.Il avait l'air très mal.Je
le pris dans mes bras,et nous partîmes,après un bref coup de fil, à l'autre
bout de la ville,dans une clinique réputée,ouverte jour et nuit.
J'étais dans
tous mes états,et,lorsque le vétérinaire de garde nous reçut,après une longue
attente,tout ce qu'il trouva à nous dire était que Paprika n'avait rien,et que
je devais lui donner à manger du Pal,et que tout rentrerait dans l'ordre.
J'avais envie
de tuer ce vétérinaire,qui valait la même chose que les médecins pour
humains,de nos jours.C'est dire!
Nous
repartîmes,et cette escapade fatigua Paprika plus qu'autre chose.
Je le mis dans
mon lit,et je dormis contre lui.
Le lendemain,je
téléphonai à Mme R.,et à Mme P..Mme R. était au courant de ma tentative chez
Mme P.,et elle espérait,elle aussi,qu'un traitement homéopathique puisse faire
des miracles.Mais je sentais qu'elle n'y croyait plus,comme moi.
Néanmoins,je
poursuivis le traitement,et,au bout de deux jours,Paprika alla subitement
mieux.
Il se
levait,marchait dans l'appartement,me suivait,avait l'air de se réintéresser
aux choses,bref,il revivait.
Je tenais ces
dames au courant de l'évolution du petit malade,et l'espoir semblait
renaître.Je me voyais déjà chez Mme P.pour la prise de sang,et je me sentais un
peu plus sereine.
Le
lendemain,Paprika allait de nouveau moins bien.
Je recommençais
à m'angoisser,mais les vétérinaires ne pouvaient pas faire grand-chose de
plus.Je continuai le traitement.
Le jour
d'après,dans la soirée,horreur!!!Paprika était paralysé du train arrière!
Je téléphonai à
Mme R.,qui me dit de prendre une écharpe,de la lui passer sous le ventre,et de
le faire marcher,pour qu'il ne perde pas toutes ses forces.Il n'avait jamais eu
de hernie discale,et je ne comprenais pas d'où cela pouvait venir.Je passai
l'écharpe sous son ventre,et il marcha sur les pattes avant.En dehors de cette
paralysie,son état général n'était pas si catastrophique,et il dîna avec son
appétit légendaire.
Ses pattes
arrières étaient molles,sans aucune contracture.Ce n'était pas rassurant,et je
devenais folle.
Je mis Paprika
dans son lit,et je tentai de me coucher.
Je préférai le
laisser dormir seul,pour ne pas risquer de le gêner,et pour être sûre qu'il ne
tombe pas de mon lit.
Il n'avait pas
l'air de souffrir du tout.
J'eus du mal à
m'endormir,mais j'y parvins.Je fis des cauchemars toute la nuit,je voyais
Paprika sous toutes les coutures,tantôt il mourait,tantôt il allait mieux,mais
j'étais agitée comme un malade qui a quarante de fièvre et qui va mourir sans
qu'aucun médecin ne puisse le soulager.
Ma poitrine me
faisait mal,mon dos me faisait mal,mon ventre me faisait mal,mes membres me
faisaient mal,et,dans ces rêves,j'étais au moins aussi malade que Paprika.Je
souhaitais le suivre,où qu'il aille.
Tout à coup,je
me réveillai,vers deux heures du matin,en proie à une agitation de chatte à qui
l'on a volé ses petits.J'avais rendez-vous avec Mme P.pour la prise de sang,à
la première heure,mais je savais qu'il n'y aurait jamais de prise de sang.
Je me
précipitai vers le lit de Paprika,et je le trouvai réveillé,agité,en proie à de
telles difficultés pour respirer que je compris immédiatement qu'il était en
train de faire un œdème pulmonaire.
Je voulus lui
administrer du Lasilix,mais je n'en avais qu'en comprimés.Il fut impossible de
le lui faire avaler.Je rageais de ne pas en avoir en ampoules injectables,mais
rien ne laissait prévoir une aggravation aussi subite.Je ne sais même pas où en
était son train arrière,car la priorité était ailleurs.Je tentai de lui faire
avaler des granules homéopathiques pour le calmer,pensant au moins que le
sucre,il l'avalerait.Mais il recracha et me lança une morsure,toutes dents
dehors,que j'évitai de justesse.
J'étais assise
sur mes talons,et je partis d'un rire hystérique,frénétique,et je lui dis:
''Même
mourant,tu ne changeras jamais!''
Je me rappelais
avec délices ce jour,où,ayant voulu le corriger par une fessée,il s'était
retourné et m'avait décapsulé la phalange de l'index droit.Je me l'étais
recollé de la même façon que je lui avais recollé son oreille droite,le jour où
une chatte l'avait sauvagement agressé,alors que nous étions en vacances à
Cahors.Un pansement bien serré,mais pas trop.Ni l'un ni l'autre n'avions eu de
cicatrice...
Tout à coup,je
redevins lyrique,et ne pus m'empêcher d'exploser en pleurs.
Je me penchai
vers lui,pris sa tête entre mes mains,et je lui dis sur un ton solennel:
''Jamais je
n'en aimerai un autre comme j'aurai aimé celui-ci!!!
Tu
entends,Paprik,jamais!Je t'en fais la promesse.Je t'aime plus que tout au
monde,et jamais,je dis bien jamais,je n'aimerai quelqu'un autant que je
t'aime.Je te le jure,mon fils,mon bien-aimé fils!!!''
Top
arriva,réveillé par mes envolées tragiques.Il me proposa de veiller à son tour
sur Paprika,et m'enjoignit d'aller me recoucher.Il me promit de m'appeler ''si
quelque chose n'allait pas'',ce qui signifiait qu'en cas d'aggravation,voire
pire...je serais prévenue immédiatement.
Je tombai dans
une sorte d'état de torpeur semi-comateux,un faux sommeil où tout s'agite et
tape dans la tête,où l'on ne sent rien,sauf d'intenses douleurs,et où le
cerveau reste en état d'ébullition de souffrances.
Je ne tins pas
longtemps,et retournai au salon.
Nous restâmes à
côté de Paprika comme deux âmes en peine,et nous attendions l'heure d'ouverture
du cabinet de Mme R..
Pendant toute
cette nuit d'horreur,Mélusine nous regardait de
loin,s'approchait,s'éloignait,toujours avec la plus grande discrétion.
Ses yeux d'or
étaient visiblement très inquiets.Je ne lui avais jamais vu cette expression,et
son angoisse renforçait encore mes douleurs,qui devenaient intolérables.J'avais
une effroyable envie d'échanger mon sort contre celui de Paprik,pour le
guérir,lui donnant ce qui me restait de vie pour alimenter la sienne,qui
partait inexorablement.
Je regardais
fébrilement ma montre,et,enfin,j'appelai Mme R.,qui répondit.Elle me dit de
venir tout de suite,et nous nous précipitâmes dans la voiture.
Elle me dit
qu'il était inutile d'aller chez Mme P.,et qu'il fallait euthanasier
Paprika,pour abréger ses souffrances.
De nouveau,ce mot
résonna en moi comme l'abandon du combat. Je ne pus m'y résoudre,et lui
demandai de résorber l’œdème. Et j'ajoutai que j'irais chez Mme P.,quelle que
soit la situation.
Mme R.lui fit
une piqûre,et me dit d'attendre un quart d'heure avant de le poser par-terre.Il
ferait à ce moment là un énorme pipi,et il irait mieux après.
Je suivis à la
lettre ses recommandations,et Paprika,effectivement,fit une flaque
impressionnante,ce qui sembla nettement le soulager.Sa paralysie avait l'air de
se résorber car il tenait debout.
Je demandai à
Top de me conduire chez Mme P..Mme R.me demanda de la tenir au courant.Je
promis,et nous partîmes.
Lorsque Mme P.
ouvrit la porte,je lui présentai Paprika,qui n'était plus que l'ombre de
lui-même.Il n'avait plus l'air de souffrir,mais son regard était absent,vide.Je
lui expliquai toute l'évolution,ma visite chez Mme R., qui m'avait conseillé
l'ultime solution,et ne l'avait soigné que parce que j'avais insisté pour
repousser encore la faux avec mon glaive.
Mme P. fronça
les sourcils.Elle restait silencieuse.Elle prit Paprika avec délicatesse,le
posa sur la table,et prit sa lampe pour regarder ses yeux.
Après,elle
l'ausculta attentivement.Lorsqu'elle eut fini,elle me regarda et me dit que ce
n'était pas la peine de continuer.
Je restai
silencieuse à mon tour.Elle me demanda alors ce que je voulais faire.
''Y a-t-il un
moyen de le laisser vivre jusqu'au bout,en le mettant sous perfusion,et d'être
sûr qu'il peut s'éteindre sans aucune souffrance?'',demandai-je alors.
''Oui'',me
répondit-elle.''Mais ça ne sert à rien''.
''Même si ça ne
sert à rien,je veux qu'il vive jusqu'à son terme.Je ne veux pas abréger quoi
que ce soit.Mais à la condition qu'il ne souffre pas.''
''Il ne
souffrira pas'',dit-elle.''Je vais le perfuser tout de suite''.
''Se rend-il
compte de ce qui lui arrive?''
Elle
l'observait tout en posant le cathéter,et elle me répondit:
''Je ne crois
pas,je ne crois même pas qu'il vous reconnaisse encore''.
Je m'approchai
du petit malade,et je lui dis:
''Paprik!Paprik!Tu
m'entends?Paprik!....''
Je restai
interdite,et me rendais à l'évidence:Paprika était totalement indifférent à ce
qui se passait autour de lui.Peut-être entendait-il,peut-être voyait-il,mais il
n'avait plus aucune réaction.Son regard était perdu dans un océan que je ne
connaissais pas.Il était déjà dans un mystérieux ailleurs qui enveloppait sa
personne d'un doux nuage de coton.Il était parfaitement tranquille.Seule sa
respiration montrait qu'il était vivant.Il se trouvait dans une sorte de
béatitude.
En le regardant
bien,j'avais presque l'impression que ce n'était plus lui.
Je me mis à
pleurer et me détournai aussitôt,filant comme un dard dans la salle
d'attente,pour qu'il ne s'aperçoive de rien.
J'y restai un
bon moment,secouée par des pleurs irrépressibles.Mon corps me faisait mal,ma
tête explosait,et je finis par arrêter de pleurer. Comme je sentais que je
serais reprise très vite par les larmes,je retournai dans la salle de
consultation et dis à Mme P.de me prévenir si le pire arrivait.J'ajoutai que je
repasserais avant la fermeture de la clinique pour faire le point.Je
l'embrassai,et je sortis.
Lorsque je me
retrouvai dans la rue,j'eus l'impression qu'un fardeau lourd de plusieurs
tonnes avait quitté mon corps:tout avait l'air normal.Top m'ayant seulement
déposée à la clinique,était reparti pour aller travailler.J'errai plusieurs
minutes dans un monde qui m'était familier.Les gens vaquaient à leurs
occupations,ils rentraient ou sortaient des boutiques,ils parlaient
ensemble,certains riaient.J'avais l'impression que mes douleurs provenaient de
coups reçus,comme si j'avais été battue,mais les coups,tout à coup,cessaient.Il
ne restait que les bleus,les ecchymoses,mais plus rien ne cognait.
Je
respirais,mon corps était libéré de toute entrave.
Ma peine était
là,mais la vie de Paprika était dans d'autres mains.Je sus dans ces instants
que je ne ferais jamais plus rien pour Paprika.C'est quelqu'un d'autre qui
s'occuperait de lui,maintenant.Mme P. serait son ange gardien,celle avec qui il
allait partager son intimité.C'est avec elle qu'il vivrait ses derniers
instants,c'est avec elle qu'il ferait son passage vers sa renaissance,vers ce
changement d'état que l'on appelle communément la mort.La mort,l'amour,deux
paroles si proches,qui se ressemblent tant.Je comprenais que cet amour là ne
serait pas pour moi.
J'avais vécu avec
Paprik presque douze années d'angoisse,de passion,de brûlures à mon âme,de
crainte permanente qu'il ne lui arrive quelque chose,bref,de souffrance.Jamais
de bonheur.Pas un seul instant je ne fus heureuse de l'avoir à mes côtés,pas un
seul instant je ne fus heureuse avec lui.Ces douze années furent une
torture,causée par son existence si précieuse,si indispensable pour moi que
j'en étais devenue totalement dépendante.J'étais emprisonnée dans la tour de ma
passion pour lui,de mon amour,et j'étais rongée par ce mal exquis et atroce à
la fois.
En un mot,je
n'avais jamais aimé qui que ce soit avant de le connaître.
Il se trouve
que l'objet de cet amour était un chien.C'est étrange que ce ne fût pas un
homme,mais cela s'est trouvé ainsi.
Il est possible
que ce supplice ait été induit par le savoir intrinsèque que j'avais,dès le
départ,que sa longévité serait celle d'un chien,et non celle d'un homme.Il est
certain que nous pouvons mourir du jour au lendemain,mais ce n'est pas
sûr,alors qu'il est certain qu'un chien,après une seule décennie,se trouve en
sursis.L'on dit que les animaux ne nous abandonnent jamais.C'est faux et
archi-faux.Ils nous abandonnent par la mort,et c'est une trahison pire que
n'importe quelle trahison: elle est irrémédiable,elle est définitive.
Tout à
coup,sans que je pleure,des larmes brûlantes descendirent et me caressèrent la
joue.Et je sautai dans un taxi,qui me ramena chez moi.
Lorsque je
rentrai,Moon me regarda d'un air inquiet,et Mélusine vint me caresser.Plusieurs
fois,elle ouvrit la bouche,mais aucun son ne sortait.Elle n'avait plus de
voix!!!
J'attachai
Moon,et le sortis.Nous marchions comme deux automates,sans se dire un mot.
Lorsque nous
rentrâmes,je m'enfermai dans ma chambre,et tombai sur mon lit.De forts sanglots
commencèrent,le séisme intérieur recommençait.Cela dura des heures et des
heures...
Plus je
pleurais,plus je sentais mon cœur défaillir,et les douleurs ne me quittaient
pas,comme une illustration apocalyptique de ma souffrance morale.
J'étais
perdue,j'étais seule.Seule,pour toujours.J'imaginais Paprika dans ce lit,à la
clinique,encore en vie.Même dans ce triste état,j'aurais voulu qu'il ne parte
pas,dans l'espoir d'une lueur dans son regard,d'un soubresaut dans un
membre.Paprika n'avait pas l'air d'un vieux chien mourant,il avait l'air d'un
chiot mourant.Il faisait toujours aussi jeune.Qu'y a-t-il de pire qu'un être
jeune et beau en train de mourir?
Je finis par me
lever,et j'allai à la cuisine pour ne pas faire de crise d'hypoglycémie.Je bus
du café sucré,et me forçai à manger quelques biscottes.Mélusine tournait autour
de moi,toujours sans voix.Moon se faisait discret devant mon chagrin.
L'heure
venue,je repartis pour la clinique.
Je revis
Paprika,qui,sans être dans le coma,n'avait pas l'air de me reconnaître.Il était
couché sur le côté,et il respirait,ses yeux noirs perdus dans le lointain de
contrées inconnues.Je compris que ma présence ne servait plus à rien,et Mme P.
me promit de veiller sur lui ainsi que je l'avais désiré.Mais elle m'assura que
le trépas ne tarderait plus très longtemps,et que cela se passerait sans aucune
souffrance.
Comprenant que
j'étais en train de voir Paprika pour la dernière fois,je lui dis que je lui
laissais carte blanche,et que,évidemment,si une quelconque souffrance se
manifestait,elle pouvait user à sa guise de tous les traitements,même d'une
anésthésie poussée.Je préférai ce terme au mot euthanasie.
Elle me
rassura,sachant que cette extrémité m'était pénible,en me disant qu'elle n'en
aurait vraisemblablement pas besoin,mais qu'elle était néanmoins soulagée que
je l'y autorisasse,au cas où.
J'osai à peine
toucher Paprika,mais je l'embrassai en l'effleurant,pour ne pas le distraire de
la concentration dans laquelle il se trouvait.Sa vie n'appartenait qu'à lui,et
ce moment de son existence étant aussi important que sa naissance,je ne me
sentais pas le droit de le troubler en quoi que ce soit.
J'embrassai Mme
P.,je me confondis en remerciements,et je partis.
Je passai une soirée
atroce,sachant que,désormais,cette absence insoutenable était définitive.Sa
mort n'y changerait rien.Mais il vivait encore,c'était presque pire.
Je me bourrai
de somnifères,et je m'endormis,cette fois,pour de bon.
Le lendemain,je
me précipitai sur mon téléphone dès mon réveil,et j'appelai Mme P..
Le couperet
tomba: Paprika était parti dans la nuit,à quatre heures du matin.
Note : Juliet se verrait bien être l’auteur d’un
ou plusieurs ouvrages autour de vaste thème de notre relation à l’animal de
compagnie, tout au long de la vie. Qui aurait des connaissances intéressées
dans le monde de l’édition, serait très aimable d’établir le contact avec
Juliet