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Juillet  2010

 

MES ANIMAUX DE COMPAGNIE ET MOI.VIII. PAPRIKA, CHIEN TECKEL.5. JAMAIS DEUX SANS TROIS !

 

Juliet HAAS, h.juliet1@rambler.ru  

 

 

 Cet article est le huitième  d’une série de témoignages de Juliet en remontant à sa petite enfance.

Les trois premiers se trouvent à CLIC1,  CLIC2,  CLIC3

 

Les quatre  suivants se rapportent déjà au chien Paprika :

 

Haas Juliet (2009), Mes animaux de compagnie et moi. IV. Paprika, chien teckel.

1       « Je fais connaissance »  

 

Haas Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. V.Paprika, chien teckel.

     2. Paprik dans toute sa grandeur

 

Haas Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. VI. Paprika, chien teckel.

     3. ''Je pars vivre seule avec Paprika,et...je l'emmène à l'école''

 

Haas Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi.VII. Paprika, chien teckel.

4. « Paprika avec….mon amoureux, les jeunes filles, les contrôleurs de train, et autres gens »!

 

°°°°

Je n'en ai pas encore parlé,mais Paprika était très malade depuis l'âge de un an,rongé par un asthme cortico-dépendant,qui l'étouffait fréquemment malgré le traitement.

Nous luttions pendant des heures,des nuits entières,pour sa vie qui ne tenait qu'à un fil,pendant les crises,calmées seulement momentanément par la cortisone,qui lui anéantissait sournoisement,au fil du temps,sa fonction surrénalienne.

C'était un asthme à la Marcel Proust,peut-être d'origine psychosomatique,comme chez le grand écrivain,mais néanmoins atroce.

Cet asthme qui terrifie,et qui fut en fait,au fil des années,un catalyseur pour moi,me faisant réviser au plus profond la notion que je me faisais de la médecine,et qui me fit entrependre de longues démarches et recherches,pour tenter de retarder son trépas.

En effet,toutes les histoires drôles que je relate ici,ainsi que notre vie commune,étaient assez souvent situées entre deux crises.

Ce regard charmeur se commuait parfois en expressions qui faisaient froid dans le dos.Ces expressions étranges et angoissées n'étaient pas étrangères à ce côtoiement de la mort,contre laquelle il se battait de toutes ses forces,aidé et soutenu par sa maîtresse,qui,il faut le dire,n'en menait pas large,sans trop le lui montrer.

C'est Paprika qui m'a permis de me conforter dans l'idée qu'il n'y a aucune ''différence''-mot galvaudé à l'époque actuelle,qui m'insupporte-entre les biens-portants et les mal-portants,les handicapés et les valides.Ce n'est pas une différence,c'est un problème.Un problème contre lequel la personne concernée,et son entourage,doivent lutter.Alors,on fait ce qu'il faut,pour s'occuper de ce problème,et on vit avec.

De plus,rien ne dit que ces personnes,ne pourront jamais guérir de leurs maladies,ou autres handicaps.Et puis,il ne faut jamais se laisser dire par les médecins qu'il n'y a ''rien à faire''.Ce n'est pas parce que les médecins ne peuvent rien faire,qu'il n'y a rien à faire.Et il y a plusieurs façons de guérir,pas toujours apparentes,d'ailleurs.Ces façons commencent à peine à intéresser le corps médical,qui,hélas,est toujours emprisonné dans son carcan doctoral,ridicule reliquat des Thomas Diafoirus,et autres morticoles,porteurs de sinistres augures,tels des déiformes de carton-pâte,qui mettent la science sur un piédestal si élevé,qu'ils en oublient le mystère de la création,et les miracles,qui,pourtant, existent.Il faut y croire.J'y croyais,alors que Paprika était condamné par la médecine,à plus ou moins brève échéance.

Maintenant,je vais reprendre le cours de mon récit,comme si de rien n'était.

Après un été très intéressant,passé à Saintes dans le cadre d'un festival de musique baroque auquel Paprika avait participé activement avec nous tous,nous décidâmes de déménager dans un joli studio que l'un de mes amis avait eu la gentillesse de nous louer,en priorité.

Lors des repas,Paprik,assis sur mes genoux,s'arrangeait pour essayer de voler ma nourriture.Soit il léchait le bord de mon assiette,en tordant son cou, sa tête de profil,léchouillant l'assiette à travers ses prémolaires,soit la pointe de son museau faisait des mouvements de va- et-vient,cette fois verticaux,suivant le mouvement de ma fourchette,aussi avides que ceux horizontaux qu'il effectuait pour regarder les mutines donzelles qui traversaient aux feux rouges.De temps en temps,il happait une bouchée.Je faisais semblant de le gronder pour toutes ces incartades,et il le sentait,ce qui fait qu'il s'en donnait à cœur- joie.

Lou,curieusement,ne disait rien,peut-être était-il secrètement content que sa cuisine plaise à un aussi fin amateur que Paprika?

Je m'inscrivis cette année-là en diplôme d'analyse musicale,c'est à dire en deuxième année d'analyse,ayant déjà le niveau requis,avec une professeure excellente et très remarquable,et je décidai d'y emmener Paprik.Il devint dès le premier cours la mascotte,la professeure adorant les animaux.Elle était l'heureuse propriétaire d'une petite Mélusine,persane noire de son état,âgée à l'époque de quinze ans,dont elle parlait très souvent,nous vantant ses exploits.Cette dame était par ailleurs fort misanthrope,et elle n'aimait dans sa vie privée que la présence des animaux,alors que les humains l'insupportaient.Elle tomba raide dingue de Paprik.

Lorsque j'arrivais en cours avant elle,je m'installais avec Paprik,dissimulé sur mes genoux,sous la table.Lorsqu'elle rentrait en classe,la professeure,ne voyant pas son chouchou d'emblée,s'écriait,affolée:

''Où est Paprika?''

Tout le monde la rassurait,et elle poussait un soupir de soulagement,en disant:

''J'avais peur qu'il ne soit encore malade!''

Toute la classe la rassurait,et le cours commençait,avec l'exposé d'un étudiant particulièrement brillant,lui-même propriétaire de deux chats.Il était d'une force éblouissante,et lui et la prof se renvoyaient la balle.Un régal.Ce fut une année extraordinaire,pleine d'études,de copains,d'amour,de ''petits restos'',la vraie vie d'étudiante,avec Paprik en plus,qui participait à tout et ne me quittait jamais.

Un matin,Paprika me réveilla comme toujours avec une fête endiablée et force ''Colettes'',alors que Lou s'affairait déjà en cuisine.

Me voyant réveillée,il me dit:

''Tu vas voir comment il t'aime,ton chien!Je t'avais dit que je te donnerais la preuve qu'il n'est qu'un paquet de réflexes de Pavlov,et tu vas voir que c'est moi qui ai raison!''

Je dis:

''Comment vas-tu faire?''

Il répondit:

''C'est très simple,je vais faire crisser le papier du paquet de biscottes,et tu vas voir que ton chien préfère les biscottes à toi,et qu'il va t'oublier tout de suite!''

Je lui dis d'essayer,alors que Paprik continuait à me faire sa fête pleine de bisous.Soudain le papier crissa,et Paprik se précipita à la cuisine,me laissant sur le carreau!

''Tu vois,''dit Lou triomphant,''il ne t'aime pas,il n'en a rien à faire de toi,y a que la bouffe qui l'intéresse!''

Je restai bouche bée.Paprika me délaissait pour filer,ne pensant qu'à manger!Horreur,Lou avait raison,il ne m'aimait que par intérêt,quelle trahison!Puis,je me ressaisis,je me levai et dis:

''C'est normal,qu'il se précipite,ce bruit lui signifie qu'il va avoir son petit déjeuner,il a très faim,je le comprends,même si c'est un réflexe de Pavlov.De plus,même s'il n'est qu'intérressé,il m'aime,j'en suis sûre.De toute façon,je m'en fous,moi,je l'aime comme il est.''

Lou me dit alors:

''Tu peux prendre sa défense,comme toujours,mais je sais ce que je dis et je vois dans tes yeux que tu sais que j'ai raison.''

Je ne pus nier cet état de fait,mais je fis contre mauvaise fortune bon cœur.

Plusieurs années après,j'eus une panne d'électricité,qui dura plusieurs jours.En rentrant chez moi,j' actionnai l'interrupteur: pas de lumière,bien sûr.

''Suis-je bête'',pensai-je,et j'allumai des bougies.

Puis j'allai aux toilettes,et de nouveau,j'actionnai l'interrupteur.

''Mais je suis gâteuse'',me dis-je.

Puis,je pensai que j'étais conditionnée,comme les chiens de Pavlov!Réflexe conditionné,que d'actionner un interrupteur électrique,c'est évident!Tous les mammifères supérieurs sont des chiens de Pavlov!Je repensai à Lou,qui était depuis longtemps parti vivre à l'étranger,et dont je n'avais plus l'adresse.

''Dommage'',me dis-je,''c'était l'occasion rêvée de lui renvoyer la balle!''

Je courus vers Paprik,étonné de tant d'empressement,et je lui dis sur un ton emphatique:

''Mon fils,nous sommes tous des chiens de Pavlov!''

Paprika me regarda alors,et je lus nettement dans ses yeux:

''Ah!bon?Tu ne le savais pas?''Je me jetai sur lui et l'embrassai autant que je le pus.

Nous partîmes,une fois, quelques jours en vacances en Bretagne,et nous avions réservé dans un petit hôtel, car la tante de Lou n'avait pas la place de nous loger.La patronne de l'hôtel était une ''anti-chiens'',et là,charme ou pas charme,elle ne voulait pas de Paprik.Pourtant,nous avions prévenu à la réservation,mais l'accueil fut plus que glacial.

Elle avait peur que Paprika ne soit pas propre,mais,finalement,sur notre insistance,elle nous laissa une chambre.

Hélas,Paprika eut une gastro à la suite du voyage-eh oui,toujours ses angoisses-et Lou nettoya la moquette de façon à ne laisser aucune trace,je dis bien,aucune.Mais la patronne eut vent de l'affaire,car nous fûmes obligés de demander le nécessaire pour nettoyer.J'eus beau expliquer que j'allais tout de suite chez le vétérinaire,et que cela ne se reproduirait plus,rien n'y fit,elle résolut de nous mettre à la porte.

Tous les hôtels de la région étaient complets,que faire?Lou résolut que nous laisserions Paprika chez sa tante.J'étais désespérée,car je pensais que Paprika serait capable de fuguer,et être séparée de lui m'était insupportable.N'ayant pas d'autre solutions,nous allâmes chez la tante après avoir acheté un antidiarrhéique,et je la suppliai,le soir arrivé,de garder Paprika enfermé dans la maison,ou à l'attache dans le jardin,jusqu'à ce que l'on arrive le lendemain.Mais cette femme était têtue,et j'avais un horrible pressentiment,malgré les consolations de Lou.

Le lendemain matin,nous retournâmes chez la tante,et Paprika,hélas en liberté,reconnut la voiture et se précipita dehors,alors qu'une DS arrivait sur la route,au même moment.Je poussai une méchante gueulante,comme une femme qu'on assassine,et,miracle,la DS s'arrêta,Paprika terrorisé,couché devant la roue avant!!!

Je me précipitai dehors,redis STOP en hurlant.Lou se précipita aussi,et Paprika partit comme une flèche,en courant sur la route comme un fou.Il avait perdu la tête et courait droit devant,sans répondre à nos injonctions de s'arrêter,alors qu'en temps normal il comprenait parfaitement.

Je hurlai:''s'il y a une autre voiture,il est foutu!''

Lou me cria:''continue de courir,je fais le tour par l'autre côté!''

J'obéis à Lou,qui connaissait les lieux par-cœur,et je m'imaginais Paprika déjà mort,écrasé par une autre voiture,lorsque je vis Lou courir dans l'autre sens,se précipitant à plat ventre sur Paprika,pour le stopper net. En hurlant,de la voiture de Lou,j'avais sauvé Paprik dans un premier temps.En effet, la conductrice de la DS nous attendit gentiment dans sa voiture pour voir l'épilogue de l'histoire.Elle nous dit ne s'être arrêtée que parce qu'elle avait entendu hurler,ne sachant pas qu'il y avait un teckel couché sous sa roue,paralysé par la terreur,ce qu'elle ne découvrit que lorsqu'il partit comme une furie.Elle aussi avait peur qu'une autre voiture ne l'écrase,c'est pourquoi elle nous attendait,espérant un miracle,qui eut lieu grâce à l'idée de Lou de faire le tour.Je remerciai la dame pour sa gentillesse,et son heureux réflexe. Je crus néanmoins mourir de peur, rétrospectivement,et de peur que ça ne recommençât le lendemain,tellement la tante de Lou était bouchée.Lou me rassura en me disant qu'on se garerait beaucoup plus loin et que l'on aborderait la maison de façon à ce que Paprik n'aille pas sur la route,même s'il nous apercevait avant.Mais je tremblais,maudissant la patronne de l'hôtel et la tante stupide,qui,soit-disant,connaissait bien les chiens.Elle ne l'attacha jamais,malgré mes supplications,mais le plan de Lou marcha,et il n'y eut plus d'autre accident.

Une autre fois,nous partîmes pour la montagne,où Loulou avait des amis.

Le séjour était fort agréable.

Paprika appréciait tout particulièrement les charcuteries savoyardes,les tartiflettes et la fondue,ainsi que la râclette.Cela le changeait de la viande hachée et des boîtes de Pal.

Mais le grand air le faisait digérer,et,comme il n'était pas à l'hôtel,mais chez des amis qui n'étaient pas à cheval sur la propreté.....eh bien,il fut propre.

Mais un jour,nous allâmes nous promener sur un chemin,avec,sur la droite,une pente très forte,recouverte d'aiguilles de pins.Je voulais mettre Paprika en laisse,mais tout le monde me trouva ridicule.

Hélas,je n'insistai pas,pour ne pas avoir l'air d'une névrosée.Je marchais,le ventre serré,lorsque Paprika alla flairer un peu trop près du bord,et glissa.

Il faisait des tonneaux sur lui-même et je le voyais déjà atteindre le précipice,situé en contrebas.Je hurlai de terreur,en me cachant les yeux,et ne les rouvris qu'au moment où il fut stoppé dans sa chute,par un pin!Il en profita pour se remettre à quatre pattes,et tenta de remonter,mais ça glissait.Je vis sa musculature puissante se gonfler sous l'effort,et il me sembla alors être un grand animal sauvage,capable de toutes les prouesses.Lentement,trois pas en avant,deux en arrière,il remontait.Mais je tremblais qu'il ne reglissât,et ne tombât.

Le copain et Lou avaient trouvé une branche et la tendirent à Paprik,pour qu'il l'attrape.Mais Paprik était trop loin,et continuait sa laborieuse remontée.D'un coup,ses forces décuplèrent,et,dédaignant la branche,il se précipita vers moi,en arrivant à courir à plat ventre.Je l'attrapai en pleurant,l'embrassai,l'attachai avant de le reposer,et''j'engueulai'' les amis et Lou avec des mots bien choisis,pour leur dire clairement ma façon de penser.

V...,l'ami de Lou,avoua qu'il était vraiment heureux que Paprika fut remonté,car,s'il n'avait pas pu,il ne serait pas allé le chercher,sachant ce qu'il y avait en-bas!!!Des courants impraticables où le meilleur des nageurs se noierait!!!

Malgré cet aveu circonstancié et honnête,mes injures redoublèrent de violence.Ils étaient honteux-pour une fois-et regardaient le sol sans piper mot.

Nous continuâmes la promenade,et je retrouvai un semblant de bonne humeur,sachant Paprika attaché, jusqu'au retour à la maison.Ce jour-là,j'appris que,dorénavant,je saurais dire non,et j'écouterais toujours mes pressentiments,sans me préoccuper du jugement des autres,qui,preuve en est,était moins bon que le mien:entre la voiture et le précipice,le vase avait débordé.

Un autre jour,je découvris,grâce à Loulou,que les teckels ont le crâne dur.

En effet,ces messieurs faisaient un concours de course-à celui qui arrivera le premier-et le terrain était bordé par un trottoir,tout autour.

Ils faisaient des allées et venues,et,tout à coup,l'on entendit un TOC.

Lou s'arrêta: Paprik venait de se cogner la tête contre le trottoir!

Nous nous précipitâmes à son secours.Paprik semblait tout étonné,comme se moquant de notre inquiétude!

Je lui tripotai le crâne toutes les deux minutes,rien: pas de douleur,pas de bosse,pas de nausées,pas de malaise,rien,vous dis-je.

Lou me fit part de son effarement:

''Quand j'ai entendu ce bruit si sec,j'ai pensé qu'il serait raide mort.Il a le crâne solide,ton chien''!

Expérience à ne pas tenter,naturellement,mais c'est bon à savoir,au cas où...

Les teckels ont des carrosseries de voitures allemandes!!!Attention quand-même,les ''quarts d'heure de folie''sont toujours risqués!Autant pour les chiens que pour les voitures,aussi solides soient-elles!

Un autre jour,nous nous promenions dans un pré,et Loulou eut cette remarque hyper comique:''ce qui est génial,avec ton chien,c'est qu'il soit debout,assis ou couché,il n'y a aucune différence''!A retenir par tous les propriétaires de teckels,c'est tellement vrai et tellement marrant.

Note : Juliet se verrait bien être l’auteur d’un ou plusieurs ouvrages autour de vaste thème de notre relation à l’animal de compagnie, tout au long de la vie. Qui aurait des connaissances intéressées dans le monde de l’édition, serait très aimable d’établir le contact avec Juliet.