Sections
du site en Octobre 2009 : Ajouts successifs d’articles -- Sujets
d’articles à traiter – Pour publier -- Post-Polio -- L'aide à domicile --
Internet et Handicap -- Informatique jusqu’à 100 ans – Etre en lien --
L’animal de compagnie -- Histoires de vie -- Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de
l’avant -- Tous chercheurs -- Liens –
Le webmestre.
RETOUR
A LAPAGE D’ACCUEIL : CLIC AUTEURS, TITRES DE TOUS
LES ARTICLES : CLIC SYNTHESE GENERALE: CLIC
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Mai
2011
MES ANIMAUX DE
COMPAGNIE ET MOI. XIV. PAPRIKA, CHIEN TECKEL.
10.Le bien curieux duo de Paprik
avec Moon, autre chien accueilli
Juliet HAAS, h.juliet1@rambler.ru
Cet article est
le treizième d’une série de témoignages de Juliet en remontant à sa petite
enfance.
Les trois premiers se trouvent à CLIC1, CLIC2, CLIC3
Les huit suivants se rapportent déjà au chien
Paprika :
Haas
Juliet (2009), Mes animaux de compagnie et moi. IV. Paprika, chien
teckel.
1. « Je fais connaissance »
Haas Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. V.Paprika, chien teckel.
2.
Paprik dans toute
sa grandeur
Haas Juliet 2010), Mes animaux de compagnie et moi. VI. Paprika,
chien teckel.
3. ''Je pars vivre seule
avec Paprika,et...je
l'emmène à l'école''
Haas
Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi.VII. Paprika, chien teckel.
4. « Paprika avec….mon amoureux, les jeunes filles, les contrôleurs
de train, et autres gens »!
Haas Juliet (2010), Mes animaux de
compagnie et moi. VIII. Paprika, chien
teckel.
5. « Jamais deux sans trois »
Haas Juliet (2010), Mes animaux de
compagnie et moi. IX. Paprika, chien
teckel.
6 .Arrivée de la chatte ''Melusine'',stage en Italie,voyage dans le sud de la France
Haas Juliet (2010), Mes animaux de
compagnie et moi. X. Paprika, chien
teckel.
7. Retour à Paris, Paprika s’offre mon
jambon, nous invite au restaurant, séduit la restauratrice, a une surprise avec
deux dames très spéciales
Haas Juliet (2011), Mes animaux de compagnie et moi. XI. Paprika, chien teckel.
8. Paprika initie la chatte Melusine à l’amour. Paprik et Melusine accompagnent mes études de musique
Haas Juliet(2011)°, Mes animaux de
compagnie et moi. XII. Paprika, chien
teckel.
9.
Des épisodes de fugue de Paprika déjà, de la chatte Mélusine aussi.
Haas Juliet (2011)°, Mes animaux de
compagnie et moi. XIII. Paprika, chien
teckel.
°°°°°°°°°
Peu à peu,je me rapprochai de Boubout,malgré
le fait qu'il avait très peu de temps libre,étant
professeur de philo et rédacteur en chef d'une revue d'opéra qu'il avait créée,et qui remportait un vif succès,vu
sa qualité indéniable.
Un soir,vers le mois de Juin,en remontant Paprik de sa
promenade vespérale,Boubout me dit:
''Il y a un
chien en bas,attaché à un arbre,qui ressemble à Moon!''
Moon était un
bébé croisé teckel-fox terrier dont nous étions tombés amoureux lors d'un
week-end dans le Morvan.Mais sa maîtresse voulait le garder,car il était le seul de la
portée à avoir l'air d'un fox,et il était,paraît-il,le portrait de sa mère,écrasée
par une voiture quelques jours plus tôt.Les trois
autres étaient à céder,mais c'était Moon que nous
aurions voulu.
''Qui ressemble
à Moon?''dis-je.''Et
pourquoi tu l'as laissé?Il a
été abandonné,peut-être,je vais aller voir!''
Je pris une des
laisses de Paprik,puis je descendis,et trouvai un animal extraordinaire: il était un
peu bringé,avec les poils disposés comme ceux d'une hyène,pauvres,ternes,aux
longueurs inégales.Une sorte de crête à poils durs
sur le dos dépareillait encore le tout.Ses moustaches
à poils durs étaient sales et mal peignées.
Il était haut
sur pattes,tout déginguandé,et sa queue formait un espèce d'appendice d'une
quinzaine de centimètres,tordue au bout en
tire-bouchon.
C'était un
bâtard à base de schnauzer.
Il était d'une
laideur rare pour un chien.Mais son regard désespéré,résigné,lamentable et perdu avait quelque choses de si humain que
je ressentis presque un malaise.
Je me penchai
vers lui doucement,lui
tendis ma main à flairer,puis le caressai sur sa tête.C'était un mâle.
Son collier
était vert,avec une plaque
non gravée,et une corde solide tenait la bête
attachée à l'un des marronniers du boulevard.
Je regardai ses
oreilles: aucun tatouage.Je soulevai ses cuisses,rien non plus.
Personne aux alentours.J'attendis un moment: seul le murmure de la brise
dans les feuilles,qui me
caressait comme je caressais le chien.Il avait été
bel et bien attaché là intentionnellement,abandonné.
Je le détachai
de l'arbre,lui mis la laisse,et lui dis stupidement:
''Où habites-tu?Je te suis,essaye de rentrer chez toi.''
Le pauvre chien
fit quelques pas,fatigué,complètement abasourdi.Puis il
s'arrêta.
Je renonçai:
''Je vais te
remonter à la maison,et
t'emmener chez le vétérinaire,tout de suite.Tu as besoin de soins et d'un bon bain.''
Je rentrai,et dis à Boubout:
''Je vais chez
le véto ouvert jour et nuit,je
ne peux pas le garder dans cet état,je ne voudrais
pas qu'il colle quelque chose à Paprik!''
Boubout décida de
m'accompagner.
Et nous
partîmes à la clinique,où le
vétérinaire constata l'abandon et le manque de soins.Mais
il n'était pas malade.Je demandai un tatouage,les vaccinations,le tout
au nom de Moon,une vermifugation,et
un bon bain avant de le reprendre le lendemain.
Je me demandais
ce que Paprika allait dire,car
Boubout l'avait enfermé dans la chambre lorsque
j'étais remonté
,et il ne l'avait
donc pas vu.
Lorsque nous arrivâmes,Paprik eut l'air de me
demander ce qu'était cette nouvelle odeur qu'il sentait émaner de moi,et ce que signifiait tout ce cirque.
Je lui racontai
toute l'histoire,et il parut
dubitatif....
Le lendemain,je partis à la clinique
pour récupérer Moon.Paprik était franchement de
mauvaise humeur lorsqu'il me vit partir sans lui.Je
ne lui dis rien,ne sachant quoi lui dire,mais je savais qu'il avait compris.
Je
culpabilisais en me disant que je placerais Moon si ça n'allait pas,mais je n'en avais vraiment
pas envie.Je me sentais ''le cul entre deux
chaises'',comme on dit.
J'achetai une
laisse en chaîne avec une poignée en cuir rouge avant de me rendre à la
clinique.
Une fois arrivée,l'on me descendit Moon,qui marchait lentement,attaché
par une laisse de clinique en ruban vert.Je fis fête
à Moon,il me reconnut,et me
dit un timide bonjour du bout de sa langue sur ma main,sans
remuer sa queue qui pendouillait,immobile.Je dénouai la
laisse,et lui mis sa belle laisse toute neuve.
Son odeur forte
avait disparu,et il était
tout propre,lavé de frais.Mais,vu
sa couleur pisseuse,ce n'était pas visible,mais seulement palpable,et
encore...
Le vétérinaire
me dit qu'il était en bonne santé,qu'il
devait avoir environ deux ans,et il me remit son
carnet de vaccination et sa carte de tatouage.
Je regardais Moon,qui avait plus l'air d'avoir
cent ans que deux ans,et l'on m'appela un taxi à
l'accueil.
Dans le taxi,Moon s'était mis sur la banquette-eh oui,à l'époque,on ne traitait pas
encore les animaux comme de vulgaires objets vomissants-j'ouvris
la fenêtre,et il haletait,le
nez au vent.Je le tenais par l'épaule,et
de le voir haleter me rendit fière:Paprika,comme je
l'ai déjà dit,ne haletait jamais,alors
que pour moi,c'est un signe de ''vrai chien'',allez
savoir pourquoi.
Je le sentais
déjà à moi,et je
culpabilisais encore plus à cause de Paprik.
En fait,pour
moi,Paprik n'était pas un chien,c'était
un être humain,et c'était mon fils.Je
n'avais pas vraiment choisi un teckel,je l'avais pris
pour faire plaisir à mon père,en souvenir d'Hapac.J'aurais voulu avoir un bâtard de fox terrier,et Moon correspondait plus à mon fantasme initial,ce qui me faisait sentir encore plus que pour moi,Paprik n'avait rien d'un chien.Ma
relation avec Moon serait celle d'un maître avec son chien,une
relation d'amitié et de complicité,et non pas une
relation fusionnelle et névrotique de mère à fils,où
la mère est aussi possessive que le fils!
J'arrivai à la maison,j'ouvris
la porte,et j'attrapai Paprik
dans mes bras.
Je lui dis:
''J'ai rapporté
un chien perdu,ne l'attaque
pas s'il te plaît,sois sage.Si
tu ne l'aimes pas,on le placera.Je
te pose,mais ne lui fais rien,je
t'en supplie''.
Moon s'était assis
dans un coin,tremblant de
peur et d'angoisses.Paprika le regarda à peine,et s'en détourna.
Je remerciai Paprik,et lui demandai la
permission de m'occuper de cette pauvre bête.J'ajoutai:
''Il faudra que
tu m'aides,sans toi,je n'y arriverai pas,il va avoir
besoin de toi pour se sentir en confiance.''
Paprika tordit
son nez,signe chez lui de
jalousie rentrée,puis il prit un air excédé.L'altruisme n'avait jamais été son fort......
Je ne savais
pas quoi faire avec Moon.Il tremblait de peur,il ne voulait pas manger,et il était tout raide,tout
contracté.Je le retournai sur le dos,et
son ventre était dur comme du bois.
J'entrepris de
lui faire un massage décontractant,ce
qui eut l'air de lui faire du bien.Paprik n'avait
jamais vu un congénère aussi stressé,et il le
regardait avec un étonnement mêlé d'un certain mépris.
Je décidai de
faire une promenade,et mis
tout le monde en laisse.
Moon avait
l'air très à l'aise dehors,comme
soulagé.L'on eut dit qu'il savait sortir seul,et j'avais presque envie de le lâcher,tellement
on le sentait dans son élément.Paprik acceptait sa
présence sans problème apparent.Ce qui m'étonnait.
En reprenant l'ascenseur,arrivés à l'étage,Moon tourna à droite,alors
que nous habitions à gauche.
Ces indices me perturbaient.Il reconstituait le puzzle de son existence en
m'en donnant les premières clés.
Le soir arriva.Je ne voulais pas dormir avec Moon,et je trouvais injuste de dormir avec Paprik.
J'exposai le
problème à Paprik
''Que faire?''lui dis-je.''Si nous le laissons seul,il ne va pas comprendre,mais
je n'en veux pas,il est trop grand.Si
tu voulais bien dormir avec lui,il ne se sentira pas seul,et,s'il y a un problème,tu
n'auras qu'à m'appeler.Qu'en penses-tu,Paprik?''
Paprik sauta sur le canapé,j'invitai
Moon à faire de même,et ils se couchèrent ensemble.
Je me dis''ce n'est pas possible,que se passe-t-il avec Paprik?Deviendrait-il
altruiste?Je n'arrive pas à le croire!''
Je quittai la pièce,et personne ne me suivit.
J'allai dormir,et personne ne m'appela.
Le lendemain,je réveillai les chiens,et Moon reprit son air lamentable de chien abandonné,et ne voulut rien manger.Paprik
prenait des airs supérieurs et je sentais que tout cela cachait quelque chose.
Paprik avait un
regard que je ne lui connaissais pas,un
regard méchant,haineux,même,en
totale contradiction avec son altruisme apparent.
Je me demandais
ce qu'il mijotait,et je le
foudroyai du regard,lui interdisant sans paroles de
s'attaquer à ce malheureux animal.
Au lieu de me
répondre en grognant,ce
qu'il eût fait d'habitude,il prit un air chafoin en remuant la queue.
Je me dis:''quel Tartuffe!'',mais aucun
mot ne sortit de ma bouche.
Paprik lut dans mes
pensées et se radoucit encore plus.
Paprik détestait les promenades,comme je l'ai déjà dit,mais Moon était de la taille d'un schnauzer moyen,et il avait visiblement besoin d'exercice.
Je mis les laisses,décidée à marcher une bonne heure,et
Paprik eut l'air d'adorer la promenade,marchant
en avant,les oreilles en papillon,alors
que,d'habitude,il ne me réservait cette attitude
qu'au retour.Moon faisait trois pas,Paprik
en faisait dix,et ce couple de chiens avait quelque
chose de ridicule.Ce ravissant teckel racé à côté de
ce chien des rues,était un spectacle surréaliste,qui me convenait,car
j'adorais choquer ''la galerie'',et mon attelage correspondait à ma personnalité.J'éclatais de rire,et
les passants se retournaient,me prenant pour une
échappée de Charenton....
En rentrant,Moon tourna encore à
droite sur le palier,et Paprika haussa les épaules,pensant que Moon était long à la détente.
Moon avait
l'air un peu moins stressé,mais
ne voulait toujours rien manger.
Je décidai de
lui faire un massage pour le détendre,puis
je le gavai en lui faisant avaler la nourriture comme on administre des
pilules.
J'espérai qu'il n'allait
pas vomir,vu la dureté de
son ventre.Mais,vu son état moral,il
ne fallait pas que son corps s'affaiblisse.Il ne
vomit pas,et eut l'air de se sentir mieux.
Je téléphonai à
Eveline pour aller le lui présenter,et
je partis chez elle avec les deux chiens dans la soirée.
Eveline
habitait dans une ''villa'',ces immeubles parisiens
construits dans des jardins en propriété close.
Ne pouvant y
perdre Moon,je le lâchai
pour voir s'il allait me suivre.
Et il me suivit
comme s'il avait toujours été à moi.Je me sentais
fière d'avoir enfin un chien qui me suivait et venait ''aux pieds''dès
que je prononçais son nom,qu'il
avait compris tout de suite.
Paprik,au bout de sa laisse,le regardait
comme une bête curieuse.
Nous arrivâmes
chez Eveline,qui s'exclama:
''Mais c'est un
schnauzer!''
Puis,j'expliquai à Eveline les
problèmes psychologiques de Moon.
Eveline prit un
air entendu,et me dit:
''J'avais une
amie vietnamienne qui m'avait dit que les rizières étaient gardées par des chiens.Lorsque l'on changeait un chien de rizière,pour qu'il ne retourne pas
à la première rizière,on lui enduisait les pattes de saindoux.Et ça marche''.
''Comment se
fait-il que ça marche?''demandai-je.
''Les chiens
dorment le nez dans les pattes'',répondit-elle.''Or,l'odeur de la maison
imprègne leurs coussinets.Si l'on met du saindoux sur
les coussinets,ça fait disparaître l'ancienne odeur
et la nouvelle s'imprègne tout de suite.Ainsi,le
chien se sent beaucoup plus vite à l'aise,car il
oublie l'ancienne odeur et ne reconnaît plus que la nouvelle.C'est
aussi simple que cela''.
En sortant de
chez elle,je filai chez le
boucher pour acheter du saindoux.A la maison,j'en enduisis les coussinets de Moon,en
espérant une imprégnation rapide.
Paprik se demandait
quelle mouche m'avait piquée et prit un air moqueur et désabusé.
''Tu as entendu
ce qu'Eveline a dit?''lui
dis-je.''Je ne fais que suivre ses conseils.En général,tu
respectes ce qu'elle dit.C'est grâce à elle que tu
n'as plus d'asthme,il me semble.Je
crois que tu es jaloux de Moon.''
Paprik reprit
instantanément ses airs de Tartuffe et fit semblant de m'encourager à enduire
les pattes de Moon.
''Quel étrange
numéro tu es!''lui dis-je en
l'embrassant.
Il se précipita
à la cuisine pour réclamer son dîner,qu'il
avala goulûment,puis il passa tout à côté de Moon en
se pourléchant les babines,lui faisant bien
comprendre qu'il ferait mieux d'arrêter ses simagrées d'anorexiques.
''Que tu es
cynique!'',dis-je à Paprika.
Il eut l'air
enchanté de ma remarque.Je le reconnaissais bien,là....
Et le saindoux marcha,Moon se remit à manger le
lendemain.
Mais
,au
courant des promenades suivantes,il se précipitait
parfois vers des hommes de taille moyenne,de forte corpulence,vêtus d'un blouson noir et de jeans.
''J'ai
maintenant une idée de comment était son maître'',pensai-je.
Mais,lorsque le personnage approchait,la queue de Moon s'immobilisait,et
il avait l'air d'une tristesse inconsolable.Il avait
de nouveau la même expression sinistre que le jour où je l'avais trouvé attaché
à son arbre.Je lui expliquais que son maître l'avait abandonné,probablement pour partir en vacances,et
qu'il avait encore de la chance que ce fut sur un boulevard parisien,et
pas dans une forêt,seul, et sans espoir de trouver
une âme charitable pour le sortir de là.
Paprika
dodelinait de la tête d'une façon approbatrice et comprenait apparemment mieux
que Moon la teneur de mes propos.
Moon était
visiblement beaucoup moins intelligent que Paprika,quoique très sensible,et
son ''niveau intellectuel''laissait à désirer.
En effet,je gavais Paprika d'arts et de belles lettres depuis
sa petite enfance,et,curieusement,cela avait
incontestablement développé chez lui une acuité intellectuelle et sensitive que
peu de chiens-et même d'humains- ont,de même,hélas,qu'un ego démesuré et une prétention à vouloir
prouver sans cesse sa supériorité sur les autres,hommes
ou animaux.Il était imbuvable,et
répondait aux problèmes de la vie courante par un orgueil écrasant qui mettait
son interlocuteur dans une position d'infériorité évidente,créant
chez ce dernier un certain malaise.C'est pourquoi les
gens,pour s'en sortir,lui
répondaient par une moquerie,ou en le disant
''ridicule'',ce que,en fait,il
n'était pas.Ils l'attaquaient par son point faible,à savoir sa petite taille.Répondre
à une onde d'intelligence supérieure par une moquerie d'ordre physique prouve,à mon sens,que ces humains
étaient nettement moins intelligents que ce petit teckel.
Mais le pauvre Moon,qui avait de la bonté,se sentait six pieds sous terre devant l'assurance et
l'intelligence de Paprika.Il s'asseyait sur sa queue,qu'il agitait par en-dessous,en
regardant Paprik avec admiration.
Cette
différence de niveau fit que je pus garder Moon,qui n'était finalement pas un rival pour Paprik,mais qui ne tarda pas à devenir son souffre-douleur.....
J'avais trouvé
Moon muni d'un collier vert,en
cuir,avec une plaque non gravée,longue,clouée
sur le collier.En y regardant de plus près,j'aperçus à contre-jour une sorte de gribouillis fait
vraisemblablement avec une aiguille.Ce gribouilis était en fait constitué de lettres
maladroitement écrites,probablement par un enfant.Je pus déchiffrer un mot:''Riquet''.
''C'est
sûrement le nom de Moon!'',pensai-je.
Mais je ne
voulus pas l'appeler par ce nom,de
peur de le traumatiser en lui rappelant son ancienne vie encore toute récente.
Pourquoi''Riquet''?Je me dis
que ce nom lui allait fort bien,bien mieux d'ailleurs
que celui que je lui avais donné,car ,bien sûr,il était impossible de ne pas faire l'analogie entre
Riquet à la Houppe,avec sa laideur légendaire,et la laideur de Moon.
Mais j'eus une
pensée peut-être injuste,quoique
vraisemblable: je doutais que les ex-propriétaires de Moon aient jamais entendu
parler de Riquet à la Houppe.Je me rabattis donc sur
le nom d'une station de métro du dix-neuvième arrondissement,ou
sur le nom de la rue Riquet,ce qui me parut plus
plausible comme source inspiratrice.
De plus,Moon avait plus l'air d'un
titi parisien que d'un dandy de salon.
Le puzzle se
construisait doucement.
Je fis part en
cachette à Paprika du résultat de mes nouvelles recherches,pensant qu'il allait admirer mes talents de
détective privé,et,au lieu de me féliciter en me
disant que j'étais un véritable Sherlock Holmes,il me
regarda avec l'air de dire que tout ceci,il le savait
déjà.
''Tu sais tout ça?''lui dis-je.
Il me grimpa
après avec des pupilles brillantes.
''Mais son nom?Tu ne pouvais pas le savoir,tout de même!'',lançai-je en désespoir de cause.
Il se mit à
remuer la queue frénétiquement,et
là,je fus vaincue:je ne
compris pas ce qu'il voulait me dire.
Note : Juliet se
verrait bien être l’auteur d’un ou plusieurs ouvrages autour de vaste thème de
notre relation à l’animal de compagnie, tout au long de la vie. Qui aurait des
connaissances intéressées dans le monde de l’édition, serait très aimable d’établir
le contact avec Juliet.