Sections du site en Octobre 2009 :  Ajouts successifs d’articles -- Sujets d’articles à traiter – Pour publier --  Post-Polio -- L'aide à domicile -- Internet et Handicap -- Informatique jusqu’à 100 ans – Etre en lien -- L’animal de compagnie --  Histoires de vie  --  Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de l’avant -- Tous chercheurs -- Liens –  Le  webmestre.

 

RETOUR A LAPAGE D’ACCUEIL : CLIC            AUTEURS, TITRES DE TOUS  LES  ARTICLES : CLIC         SYNTHESE GENERALE: CLIC

 

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Novembre 2011

MES ANIMAUX DE COMPAGNIE ET MOI. XVI. PAPRIKA, CHIEN TECKEL.13. PAPRIK AVALE 42 OU 43 MORCEAUX DE SUCRE, FETE SON 10ème ANNIVERSAIRE, RENCONTRE UN CHIEN BERGER ALLEMAND

 

Juliet HAAS,  h.juliet1@rambler.ru 

 

 Cet article est le seizième d’une série de témoignages de Juliet en remontant à sa petite enfance.

Les trois premiers se trouvent à CLIC1,  CLIC2,  CLIC3

 

Les articles  suivants se rapportent déjà au chien Paprika :

 

Haas Juliet (2011), Mes animaux de compagnie et moi. XV. Paprika chien teckel. 12. Prendre le train avec un chien, cela va encore, mais avec deux c’est l’enfer

 

 Haas Juliet (2011),Mes animaux de compagnie et moi. XIV. Paprika chien teckel.11. Paprika fait fuir les hommes approchant de près sa maîtresse 

 

 Haas Juliet (2011), Mes animaux de compagnie et moi. XIII. Paprika, chien teckel 10. Le bien curieux duo de Paprik avec Moon, autre chien accueilli 

 

 Haas Juliet(2011, Mes animaux de compagnie et moi. XII. Paprika, chien teckel. 9. Des épisodes de fugue de Paprika déjà, de la chatte Mélusine aussi

 

 Haas Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. XI. Paprika, chien teckel.8.Paprika initie la chatte Mélusine à l’amour.Paprika et Mélusine accompagnent mes études de musique

 

 Haas Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. X. Paprika, chien teckel. 7. Retour à Paris, Paprika s’offre mon jambon, nous invite au restaurant, séduit la restauratrice, a une surprise avec deux dames très spéciales

 

 Haas Juliet(2010), Mes animaux de  compagnie et moi. IX. Paprika, chien teckel. 6. Arrivée de la chatte « Mélusine », Stage en Italie, Voyage dans le Sud de la France

 

.Haas Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. VIII. Paprika, chien teckel.5. «Jamais deux sans trois ! »

 

 Haas Juliet ( 2010), Mes animaux de compagnie et moi. VII. Paprika, chien teckel. 4.'' Patrika avec….mon amoureux, les jeunes filles, les contrôleurs de train, et autres gens''

 

.Haas Juliet(2010), Mes animaux de compagnie et moi. VI. Paprika, chien teckel. 3.''Je pars vivre seule avec Paprika,et…je l'emmène à l'école''

 

 Haas Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. V. Paprika, chien teckel .2. Paprik dans toute sa grandeur

 

. Haas Juliet (2009), Mes animaux de compagnie et moi. IV. Paprika, chien teckel .1. Je fais connaissance

°°°°°°

Un soir,lors d'un autre séjour,Nana et moi rentrions de chez sa cousine,où nous avions pris un délicieux thé-petits gâteaux.

Un Paprika blême nous reçut.

Je le pris dans mes bras,allai à la cuisine,et m'assis.Il était sur mes genoux.Tout à coup,il fut pris de spasmes violents,et il vomit un liquide blanchâtre,mélangé à des sucs gastriques abondants.

Affolée,je dis à Nana,qui s'affairait,le dos tourné,à préparer le dîner:

-Il a vomi! Il est malade! Il faut l'emmener chez le vétérinaire!

Une Nana excédée me répondit:

-Ah! Tu crois?

Pendant que nous parlions,il vomit une deuxième fois,puis une troisième. Mais,Nana,de plus en plus excédée,et pas du tout inquiète,scrutait maintenant sa cuisine d'un œil à trois cent soixante degrés.

-Que cherches-tu? Lui demandai-je.

-Quelle bêtise il a encore pu commettre,tiens! Répondit-elle,en colère.

J'insistai:

-Il est très malade,je te dis!

Mais elle ne m'écoutait pas,et continuait de chercher.

Tout à coup,près de son grand frigidaire presque aussi haut qu'elle,elle bondit:

-Et ça? Dit-elle en me montrant un sucrier en verre,posé sur le frigidaire.

-Comment,ça? Dis-je,surprise. C'est un sucrier,je ne comprends pas.

-Aaah! Tu ne comprends pas? Mais moi,je comprends! Explosa-t-elle,sur un ton triomphant.

-Eh bien? Dis-je,redoutant une réponse injustement condamnatrice visant le petit malade,sur mes genoux,qui rotait tout ce qu'il pouvait entre deux vomissements: il y en avait partout,sur la serviette,sur le carrelage...

Nana prit un air doctoral,et me dit:

-Tu le vois,ce sucrier,hein,tu le vois? Eh bien,avant de partir chez M.,je l'ai rempli,ce sucrier,je l'ai bien rempli,à ras bord,il y avait quarante-deux sucres,tu m'entends,quarante-deux sucres! Et,maintenant,il est vide! C'est encore ce petit chenapan qui a mangé les sucres! C'est pour ça qu'il est malade! Une bonne diète,et il sera guéri!Quel petit monstre!

Je réagis immédiatement à ces accusations,comme Nana avait réagi pour le poulet.

Cette fois,la situation était inversée: j'étais incrédule,le frigidaire étant beaucoup trop haut pour que Paprika puisse l'atteindre,même en poussant une chaise.

-J'appelle le vétérinaire de V.,il est sûrement chez lui,et c'est toi qui auras oublié de mettre les sucres,c'est tout! Dis-je,pressée d'aller téléphoner.Donne-moi son numéro,s'il-te-plaît,et vite!

-Pas la peine,dit Nana,il a mangé les quarante-deux sucres!

-Mais comment peux-tu dire qu'il y avait quarante-deux sucres? Tu es folle,de compter les sucres! Répondis-je,survoltée.

Nana se précipita vers un placard,sortit la boîte de sucre neuve que nous avions ouverte,pleine,à l'heure du café,après le déjeuner,et,effectivement,elle était bien plus entamée: il devenait clair qu'elle avait rempli son sucrier.Elle n'avait rien oublié du tout! De toute façon,d'expérience,je savais pertinemment que Nana n'oubliait jamais rien.Et j'en avais la preuve une fois de plus,là,devant moi.

Ne voulant pas m'avouer vaincue,j'attaquai encore:

-D'accord,tu n'as pas oublié,et tu utilises toujours ce sucrier,vu que tu n'en as pas d'autre.Mais comment sais-tu qu'il y avait quarante-deux sucres? Il faut être givré pour compter les sucres!

-''Mon petit,dit Nana en souriant,lorsque j'ai acheté ce sucrier,la première fois que je l'ai rempli,je me suis amusée à compter combien de sucres il pouvait contenir,et je suis arrivée à quarante-deux ou quarante- trois.Je n'ai plus compté depuis,mais je suis certaine que Paprika a mangé quarante- deux ou quarante- trois sucres,voilà,c'est tout!

Et puis,regarde ce qu'il vomit:c'est du sucre!Des sucs gastriques,de la salive,et du sucre! Rien à voir avec quelque chose d'inquiétant! Voyons,mon petit!''

Son regard fondait d'amour pour moi,et je fus mise à terre par le raisonnement de Nana et...l'intelligence de mon fils.Car,en somme,je ne sus jamais comment il avait pu les atteindre,ces sucres.

Nana reconnut même qu'il est incroyable qu'un animal arrive à faire quelque chose d'aussi incompréhensible pour nous.Elle avoua que,malgré le côté odieux de ce petit personnage,elle admirait son intelligence qui,ce jour-là,fut incontestablement supérieure à la nôtre!

Paprik cessa de vomir au bout d'un quart d'heure environ,et sa bonne mine revint vite.

Je le privai de dîner ce soir-là,par prudence pour son système digestif.Je ne pus le gronder.

Je me changeai et dinai joyeusement avec Nana et Moon,qui lui,comme d'habitude,n'avait fait aucune sottise.

 

J'étais si fière que Paprika ait l'air si jeune.

Il avait huit ans,et avait l'air encore chiot.

Un jour que le vétérinaire était à la ferme pour une vache du frère de Nana,je vins à lui alors qu'il regagnait sa voiture.

-Ce n'est pas pour une consultation,lui dis-je,mais pour une devinette!

Je l'invitai à rentrer chez Nana,je mis Paprik sur la table,et je demandai au vétérinaire:

-A votre avis,quel âge a-t-il?

Le vétérinaire me complimenta sur l'extraordinaire beauté de Paprik,le regarda sous toutes les coutures,ouvrit sa bouche,le tourna,le retourna,et me dit:

-Il est tout jeune.

J'insistai:

-Quel âge lui donnez-vous?

-Au maximum trois ou quatre ans,pas plus.

-Il a huit ans,il en aura neuf dans deux mois!,exultai-je.

Il me répondit:

-J'ai dit trois ou quatre,pensant que vous me posiez un piège! En fait,je lui en donnais moins! C'est incroyable,même les dents sont toutes jeunes! Toutes mes félicitations! En plus,il est vraiment très,très beau.Et rare: quelle couleur pour un teckel!

Je remerciai le vétérinaire de tous ces compliments,je jubilais comme une gamine qui a obtenu une bonne note à l'école.

Lorsqu'il repartit,je fis part à Nana de la bonne nouvelle dès qu'elle revint.Bienveillante et souriante,elle me dit:

-Mais oui,mon petit,il est très beau,ton chien,et tu le soignes bien.

 

Les mois passant,Paprika commença quand-même à avoir quelques poils blancs,son museau auburn se couvrant progressivement d'une neige délicate.

Il avait l'air cependant tout aussi jeune: vif,alerte,ses expressions tout aussi charmeuses,tartuffesques ou romantiques.

Mais son caractère juvénile revenait de plus en plus,et il me rendait la vie impossible,comme au début de notre rencontre: il volait les éponges qu'il éparpillait de nouveau dans tout l'appartement,les collants,les chaussures,les vêtements,il retombait en enfance.

Et toujours cette rage de détruire,de déchirer,comme s'il voulait se détruire lui-même,se déchirer lui-même,malgré la peine mêlée de colère tacite qu'il provoquait en moi.Son égoïsme auto-destructeur ne connaissait plus de limites.

Il ne se cachait même plus pour arroser devant moi le canapé du salon,levant fièrement la patte comme il l'avait fait jadis sur des rideaux de satin bleu...Mais,là,ce n'était pas une inconnue angoissée qu'il narguait.Non,c'était sa maîtresse,qui l'aimait de plus en plus-si c'était encore possible-d'autant plus que je savais qu'un chien ne vit pas éternellement.

Je faisais des cauchemars horribles,je rêvais qu'il se faisait écraser,qu'il avait disparu,qu'il était mort...Je me remontais le moral en me disant que l'on prolonge la vie de quelqu'un de dix ans,si l'on a rêvé qu'il est mort.Puis,je me livrais à des calculs d'apothicaire pour savoir ce que font dix ans pour un chien par rapport à l'échelle humaine.

Bref,un enfer de passion déchaînée,plus annihilante que jamais,un incendie de sentiments contradictoires entre lui et moi,passant de la haine meurtrière à l'amour fou d'opéra en quelques secondes.

Nous aimions tous les deux jouer à la roulette russe avec notre amour réciproque,mais Paprika en sortait toujours vainqueur: je n'osais plus le gronder,tellement je craignais l'arrivée de sa mort.

Je conjurais le mauvais sort en pensant que ce retour de bêtises quasi permanent le maintiendrait chiot,et qu'il avait encore toute la vie-j'espérais toute ma vie-devant lui.

J'avais l'impression que nous étions deux immortels enchaînés dans une même tempête,tout en sachant que nous ne nous noierions pas le même jour,et l'idée qu'il pût se noyer avant moi me rendait comme hallucinée de désespoir.

Je ne pouvais en aucun cas imaginer ma vie après lui,sans lui,j'aurais encore préféré le néant.

 

Le dixième anniversaire de Paprika approchait,et je décidai d'inviter mes amis et connaissances .Cette fête fut à la fois surréaliste et tragique.Entre les amis sincères et ceux venant par curiosité malsaine-me traitant par derrière d'égoïste ou de folle-je me trouvais prise dans le tourbillon des méandres de la psychologie humaine,me rendant de plus en plus compte que ceux qui médisaient de moi en se croyant ''normaux'' étaient en fait des êtres dénués d'innocence et de poésie,deux défauts très graves à mes yeux.Leur principal reproche étant que je n'avais pas d'enfant,ce qui,pour eux,était le comble de l'horreur.Les sourires en coin et les critiques allaient bon train!

En fait,je plains vraiment les gens qui ne comprennent pas-ou pire-prennent comme une offense personnelle,que l'on puisse aimer un animal autant qu'un humain,voire plus.Je me demande ce que le mot amour veut dire pour ces gens: possession,jalousie,appartenance...habitude? Je crois que c'est à peu près cela.

J'ai rarement autant jubilé que ce jour-là,et rarement été si fière d'aimer plus que tout au monde un petit teckel,dont l'intelligence était difficilement égalable,toutes espèces confondues.

Paprika la suite de son anniversaire,se sentait ragaillardi pour faire encore plus de bêtises,et sa maîtresse aussi.

Lors d'un séjour chez Nana,nous fûmes invitées chez un ami que Nana avait élevé lorsqu'il était petit.

Ce monsieur habitait un grand château et avait un berger allemand qui m'adorait,car je lui faisais des massages et je le magnétisais,ce qui lui enlevait toutes ses douleurs.Il avait les pattes arrières qui se croisaient,et,après deux jours de traitement,nous pouvions aller nous promener en forêt pendant des heures.Il s'appelait Toscan,nom superbe et noble,qui lui allait à ravir.

Je ne tenais pas à emmener Paprika et Moon,car,vu l'amour de Paprika pour les autres chiens mâles,surtout de grande taille,je craignais qu'il ne finisse en charpie.Je laissais les chiens à Nana pendant mes promenades avec Toscan,qui est à l'origine de ma passion pour les bergers allemands.

Ce chien était aussi intelligent que Paprik-eh,oui,je dois le reconnaître-mais il n'était affublé d'aucun des vices de Paprik: il était franc,honnête,droit,très affectueux,mais comme un chat: aucun intéressement pour recevoir une gâterie,et une totale incapacité à s'abaisser devant l'humain qu'il considérait,si tel était son choix,comme un ami.

Il avait dix ans lors de notre première rencontre,je ne l'avais jamais nourri,ni promené,et,lorsque nos regards se croisèrent,nous sentîmes réciproquement une sorte de coup de foudre,comme entre deux humains ou deux chiens qui s'apprécient tout de suite,une communion des âmes,un indicible attachement profond,un respect mutuel.

Il me faisait signe de sa tête pour me demander ces promenades,et c'est moi qui le suivais.Il m'emmenait dans des coins superbes,d'où nous pouvions admirer des paysages somptueux et sauvages,et la compagnie de ce loup dans la nature me donnait un sentiment de plénitude et de tranquillité.

Et je ne savais pas rentrer à la maison,tant ses chemins étaient compliqués.Lorsque je commençais à sentir la fatigue,je lui disais simplement:

-Toscan,peux-tu me ramener à la maison,s'il-te-plaît? Je te suis.

Et cet animal somptueux prenait le chemin du retour.

Je ne pouvais pas ne pas penser à ce jour,où,dans le midi,avec Paprika,alors que je m'étais perdue,j'avais du lui expliquer qu'il n'aurait pas son dîner s'il ne retrouvait pas le chemin.

Paprika était rentré à cause de ce mot magique,''diner'',pour son confort personnel,sans penser à moi,alors que Toscan m'accompagnait en gentleman galant.

Paprika,bien sûr,m'en voulait de cette infidélité,et il me faisait tellement enrager que me je souviens d'une scène où,n'en pouvant plus,je le tenais par la peau du cou en l'engueulant hystériquement,lui en faisant autant,montrant ses dents avec de furieux grognements.Je finis par le jeter sur le lit,où il tomba,furibard,crête levée.Il avait l'air d'un fou hurlant des injures.

Mais,comme d'habitude,après que j'eusse pleuré,nous terminâmes dans les bras l'un de l'autre.

Un autre jour,je me promenai,cette fois avec Paprik et Moon,dans la propriété,et je vis une dame voler des prunes dans le verger,en compagnie d'une jeune personne,vraisemblablement sa fille.

Paprika et Moon se précipitèrent en aboyant,et Moon se mit à tourner en sautant tout autour de la dame,montrant des crocs menaçants.Je n'ai jamais vu un chien agir de la sorte.

La dame était transie de peur,et je la priai de déguerpir,ce qu'elle fit sans demander son reste.Dans mon émoi,j'avais oublié de lui dire de verser les prunes par-terre.

Nana et la mère de notre ami me félicitèrent,alors que c'était Moon qui avait fait tout le travail.

Je redescendis illico avec Toscan jusqu'en bas du chemin,et je vis une voiture remplie de trois énormes paniers de prunes.Mais je ne revis pas la dame.Heureusement pour elle,car Toscan pouvait se montrer bien pire que Moon,malheureusement pour moi,car je ne pus lui demander de me rendre les prunes.

Dans les jours qui suivirent,Paprik et Moon se tenaient aux aguets,mais la voleuse ne revint plus,ce qui ne l'empêcha certainement pas de déguster de bonnes confitures...

 

Note : Juliet se verrait bien être l’auteur d’un ou plusieurs ouvrages autour de vaste thème de notre relation à l’animal de compagnie, tout au long de la vie. Qui aurait des connaissances intéressées dans le monde de l’édition, serait très aimable d’établir le contact avec Juliet