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Mars
2012
MES ANIMAUX DE
COMPAGNIE ET MOI. XVIII. PAPRIKA, CHIEN TECKEL.15. PAPRIKA AVEC SA MAITRESSE
SPECIALISTES EN VOYANCE
Juliet HAAS, h.juliet1@rambler.ru
Cet article est
le dix-septième d’une série de témoignages de Juliet en remontant à sa petite
enfance.
Les trois premiers se trouvent à CLIC1, CLIC2, CLIC3
Les articles suivants se rapportent déjà au chien
Paprika :
Haas Juliet (2012), Mes animaux de
compagnie et moi. XVII. Paprika, chien
teckel.14. Histoires palpitantes de chiens, avec en final Paprik couronné
Haas Juliet (2011), Mes animaux de
compagnie et moi. XVI. Paprika chien
teckel.13. Paprik avale 42 ou43 morceaux de sucre, fête son10ème anniversaire, rencontre
un chien berger allemand
Haas Juliet (2011), Mes animaux de compagnie et moi. XV. Paprika chien teckel. 12. Prendre le train avec un chien, cela va
encore, mais avec deux c’est l’enfer
Haas Juliet
(2011),Mes animaux de compagnie et moi. XIV. Paprika chien teckel.11. Paprika fait fuir les hommes approchant de près
sa maîtresse
Haas Juliet (2011), Mes animaux de compagnie et moi. XIII. Paprika, chien teckel 10. Le bien
curieux duo de Paprik avec Moon, autre chien accueilli
Haas Juliet(2011)°,
Mes animaux de compagnie et moi. XII. Paprika,
chien teckel. 9. Des épisodes de
fugue de Paprika déjà, de la chatte Mélusine aussi
Haas
Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. XI. Paprika, chien teckel.8.Paprika initie la chatte Mélusine à l’amour.Paprika et Mélusine accompagnent mes études de musique
Haas
Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. X. Paprika, chien teckel.
7. Retour à Paris, Paprika s’offre mon jambon, nous invite au restaurant,
séduit la restauratrice, a une surprise avec deux dames très spéciales
Haas
Juliet(2010), Mes animaux de
compagnie et moi. IX. Paprika, chien teckel.
6. Arrivée de la chatte « Mélusine », Stage en Italie, Voyage dans le
Sud de la France
.Haas Juliet (2010), Mes animaux de
compagnie et moi. VIII. Paprika, chien teckel.5. «Jamais deux sans
trois ! »
Haas Juliet
( 2010), Mes animaux de compagnie et moi. VII. Paprika, chien
teckel. 4.'' Patrika
avec….mon amoureux, les jeunes filles, les contrôleurs de train, et autres
gens''
.Haas Juliet(2010), Mes animaux de
compagnie et moi. VI. Paprika, chien teckel. 3.''Je pars vivre seule avec Paprika,et…je l'emmène à l'école''
Haas
Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. V. Paprika, chien teckel .2. Paprik dans toute sa grandeur
. Haas Juliet (2009), Mes
animaux de compagnie et moi. IV. Paprika, chien teckel .1. Je fais
connaissance
°°J'avais un copain charmant,que
j’appelai Top,du temps où j'étais la voisine de la
charmante Pili.Ce jeune et beau jeune homme était
éperdu de ma personne,mais,à l'époque,je
pensais à tout autre chose.
Paprika,quoiqu'aimant bien ce monsieur,n'appréciait
cependant pas beaucoup qu'il puisse avoir des vues sur sa maîtresse; je n'avais
donc pas favorablement répondu à ses avances.
Je finis par le perdre de vue,et,lorsque je déménageai dans l'appartement trouvé
par mon ami ancien pianiste,je déjeunai un jour avec
la sœur de Top.
Je lui demandai des nouvelles de son frère,et elle me donna ses coordonnées,qui avaient changé.
Au bout de quelques jours,je l'appelai,et il en fut heureux,et accepta de me rendre visite.
Lorsqu'il sonna à ma porte,je fus très étonnée que Paprika lui fît une telle
fête alors qu'il ne l'avait pas vu pendant plusieurs années.
Je dois dire que j'étais très émue de le retrouver,et nous commençâmes à
sortir ensemble,de plus en plus souvent.
Je savais depuis que je l'avais rencontré que nous
avions des divergences de vue sur des points importants,soit de la vie,soit de
certaines idées,et,comme je le sentais aussi têtu que
moi,je pensais vraiment qu'il ne se passerait jamais
rien de sérieux entre nous.
C'est pourquoi j'étais sûre que notre amitié ne se
transformerait pas.
Mais je me trompais.
Inconsciemment ou naturellement,je ne sais,je me mis peu à
peu à me rapprocher de Top,jusqu'à commencer à
l'aimer.
Cette situation ambiguë,pimentée par la jalousie de Paprika,à
qui je décidai de ne plus obéir en ce qui concernait ma vie sentimentale,me
convenait très bien...jusqu'au jour où Top me demanda de l'épouser.
En fait,Top était conventionnel,et mon côté fantasque lui donnait ce qu'il
n'avait pas.Il était gentil,Top:
c'est là,le problème.Et lui,il m'aimait comme un fou: c'est aussi là,le problème.Je l'aimais
sûrement aussi,mais je ne pouvais pas lui donner ce
qu'il voulait: une famille.
Pour une pianiste,souvent
les enfants n'ont pas de place.C'est comme ça,chez beaucoup d'entre elles.
Ce métier est un véritable esclavage, un esclavage
délicieux et atroce à la fois,très
difficilement compatible avec le métier de mère.De plus,je n'avais pas l'instinct maternel,et
ce,depuis ma plus tendre enfance.Or,le
rêve de Top était d'avoir une famille.J'eus
l'honnêteté de le prévenir,encore et encore,que je ne lui donnerais jamais ce qu'il voulait,et qu'il ne devait pas m'épouser.Mais
il insista,c'est pourquoi je cédai...et finis par
accepter.
Je lui dis cependant que je ne voyais pas comment
cette union pourrait durer,car
j'étais ,malgré tout,plus lucide que lui.Et puis,jétais heureuse du
moment que Paprik était là,avec
moi,à tout partager.L'amour
que nous éprouvions l'un pour l'autre me rendait aveugle et un peu indifférente
à tout: de plus, je travaillais tous les jours ma musique avec une assiduité
qui finit par me donner le niveau d'une concertiste internationale.Et
je travaillais...en compagnie de Paprik!
Naturellement,je dis à Top que je voulais les chiens pour la noce,mais il refusa.Je lui dis
alors que Paprika était tout petit,et qu'il pourrait
m'accompagner.Il ne voulut pas non plus.Quelque chose se déchira en moi: refuser Paprika et Moon,et surtout Paprika tout seul,était
une insulte à l'intégralité de ma personne.J'y voyais
une rivalité inacceptable,non,ça,je ne pourrais m'y
résoudre.
Je lui dis que Paprika avait assisté aux noces de mon frère,qui pourtant n'aime pas
particulièrement les chiens,et que je ne comprenais
pas que lui,qui les aimait,n'en
voulût pas.
J'allai finalement à ce mariage comme on va à un diner
en ville,sans beaucoup plus
de conviction.Au repas,je
demandai une pomme en guise de dessert,je me sentais mal.Je pensais à Paprika,en me
demandant si je serais aussi heureuse qu'auparavant.Je
craignais que Top ne cherchât à m'éloigner de ce rival dangereux,et
autres fantasmes aussi absurdes.
Par la suite,je
supportai ma vie,ni mieux,ni
moins mal qu'avant,Paprik toujours à mes côtés.
Moon,lui,se prit de passion pour Top,qui
lui répondit.
En fait,la
maisonnée était ainsi distribuée: Paprik et moi,Top et Moon,et Mélusine,l'impératrice des lieux,qui
dominait le tout du trône de ses yeux d'or.
Au fil du temps,je
commençais à donner de plus en plus de concerts,et j'avais,je dois le dire,beaucoup de
succès.
Top travaillait du matin au soir,il, avait une activité qui le passionnait,et
j'étais seule.Heureusement que j'avais mes animaux,comme toujours,auprès de moi.Mais quand je partais pour donner des concerts,je ne les avais plus,je
me retrouvais seule avec ma solitude.
Et je pensais.Je téléphonais
à Top,et les petits me manquaient.C'est eux qui me rassuraient le plus,moi qui me sentais si perdue dans ce grand monde,fait d'hypocrisie et de fausseté.
Paprika et Mélusine me soulageaient,quand j'avais mal,tant
moralement que physiquement.Il est rare que les humains,surtout les mâles,comprennent
la souffrance.Cela les ''fait ch...'',c'est
le moins que l'on puisse dire.
Par contre,quand
c'est eux qui souffrent,pour une colique ou un rhume
de cerveau,on en entend parler...
Paprika avait beau penser à lui d'abord,quand sa maîtresse souffrait,et
terriblement,il se mettait contre elle,juste
là où elle avait mal, pour la soulager.Quant à Mélusine,elle me massait.
Mon père,qui
souffrait de coliques hépatiques,m'avait dit un jour,alors que j'avais posé ma main sur sa vésicule
biliaire:
''Tu as des mains de guérisseuse''.
Cette réflexion m'avait étonnée: il appartenait à une
famille de médecins allopathes purs et durs,et lui-même était plus cartésien que cartésien.Je n'y crus pas,et mis
cela sur le compte de son amour pour moi.
Mais les contacts de Paprik et les
massages de Mélusine me démontraient que mon père n'avait pas tort,et que le contact d'un être
vivant à un autre pouvait apporter un réel soulagement.Je
ne pensais pas que le magnétisme pût être d'un aussi grand secours.
Grâce à Paprika et Mélusine,j'avais déjà découvert l'homéopathie,et le magnétisme.Cela
a transformé ma vie peu à peu.
Il m'arrivait depuis des années d'avoir des voyances
qui s'avérèrent exactes,mais
ces phénomènes à l'époque me faisaient plus peur qu'autre chose.
Ma première voyance,je l'eus à Venise,alors
que j'étais en vacances avec mes parents.Paprik avait
à l'époque un peu plus d'un an.Des amis de ma mère
étaient dans le même hôtel que nous,et,le jour de
leur départ,je leur serrai la main pour dire au
revoir.
Au moment où je serrai la main du monsieur,j'entendis dans ma tête,indépendamment de ma volonté:
''Oh! Dans dix jours il sera mort!''
Puis,je chassai cette pensée en me disant que je délirais.
J'en parlai à Paprika,qui m'exprima par la profondeur de son regard,devenu subitement comme un gouffre,que
lui aussi avait des prémonitions!
Je trouvais tout cela plus que bizarre,et me dis que je ne devais plus y penser,et que je devais lire dans les yeux de Paprika
quelque chose qui n'y était pas.
En fait,je
ressentais comme un traumatisme,ou plutôt comme une
sorte de tremblement de terre intérieur.Cette
sensation perdurait,et Paprika ne faisait rien pour
m'aider.L'on eut dit qu'il savait la même chose que moi,qu'il avait donc ''vu'' la même chose,et
que je n'étais qu'une imbécile de me mettre dans des états pareils,vu
que je ne pourrais rien faire pour aller contre.
Pourtant,lui qui était si consolateur,dans
ce cas,mes confidences finirent par l'énerver et il
haussa les épaules en faisant ''pfffuit'',ce qui me
chamboula encore plus.
Je décidai de cesser de parler de cela à Paprika,et tentai d'oublier.Peu à peu le nuage s'estompa.
Nous rentrâmes à Paris,et tout allait bien.
Quelques jours plus tard,G.,l'amie de ma mère,téléphona,pour
annoncer que son ami était mort subitement d'une crise cardiaque que rien ne
laissait soupçonner.Lorsque ma mère m'apprit cette
terrible nouvelle,je blêmis mais ne lui dis rien au
sujet de ce qui s'était passé dix jours avant!
Cette fois,j'allai voir Paprika,et lui dis:
''Paprik,ma
voyance était juste,l'ami de G.est mort! Il est mort,je te dis!''
Paprika tordit sa bouche,laissant entrevoir une canine,puis,il
avala sa salive et me regarda avec ce même regard terrifiant qu'il avait eu dix
jours plus tôt.
''Tu le savais aussi?Tu l'avais ''vu'' aussi''?lui demandai-je .
Il mit ses deux pattes avant sur mes genoux.Le bout de sa queue tremblait imperceptiblement.J'eus
l'impression qu'il me dit oui de sa tête,qu'il
inclina et remonta trois fois.
Je le pris dans mes bras,et il me serra si fort et me donna tant de chaleur
que je compris mieux sans aucun mot ce qu'il avait voulu m'expliquer et que je
n'avais pas vraiment voulu entendre.
Je finis par oublier avec le temps cette horrible mésaventure,lorsque,un jour,mon père se plaignit de
douleurs dans le ventre,alors que ma mère était en
voyage.
J'appelai un médecin,qui lui dit de se rendre immédiatement chez le
radiologue.
Je l'emmenai,et
le radiologue lui dit de se faire hospitaliser immédiatement,et
en ambulance,car il devait absolument rester couché!
Le choc!
Je retraversai tout doucement la rue avec mon père-le
radiologue habitait en face-et j'appelai une ambulance,qui arriva au moment où ma mère posait sa valise! Ma
mère,affolée,vint avec nous.Je laissai Paprik chez mes parents,très
tranquille.
Arrivés à l'hôpital,l'on installa mon père en réanimation.Il
parlait.Je lui dis tout à coup,sans
y réfléchir,cette phrase ahurissante:
''Tu ne pourrais pas parler moins fort,il y a des gens qui sont malades,ici!''
Quelques heures passèrent,et le médecin réanimateur demanda à nous parler,à ma mère et à moi.Il nous
dit que mon père avait une double perforation intestinale,inopérable,vu
son état cardiaque.Et qu'il y avait une chance sur
mille pour que ça se referme tout seul.Autrement dit,il était fichu.
Ma mère se mit à pleurer,et je lui dis,toujours
sans réflexion préalable:
''Ne t'inquiète pas,il va guérir.''
Le médecin et ma mère me regardèrent comme si j'avais
une case en moins,et nous
prîmes congé.
Je rassurai ma mère,mais elle ne me croyait pas.
Arrivée chez ma mère,je retrouvai Paprika,qui
me fit fête comme si de rien n'était.
Alors,je racontai à Paprika la remarque que j'avais faite à
mon père,puis celle que j'avais faite devant le médecin.Paprika remuait la queue et avait l'air de rire.
Mon père,effectivement,guérit tout seul! Les médecins parlaient de miracle!
J'eus encore d'autres voyances à la suite de celles-ci,mais je ne les relaterai
pas ici: en effet,le sujet qui nous intéresse est Paprika,et il n'eut plus aucun comportement remarquable
lorsque j'eus d'autres voyances.
Donc,ma vie se poursuivait avec,ou plutôt,à côté de Top.
Je me souviendrai toujours du jour où nous avions invité des
collègues de Top à dîner-donc soirée se devant d'être officielle.Paprik
ne trouva rien de mieux à faire que de sauter sur les genoux de l'une des invitées,et de happer le rosbif du plat,et
de sauter à terre avec sa rapine dégoulinante sur le tapis,mordant
dedans à pleines dents,et grognant à la moindre
tentative d'approche!Je fis,il
faut le dire,un peu semblant d'en être navrée,mais je craignais surtout que Paprika ne dévorât le tout,ce qui aurait pu le rendre malade.Heureusement,il
ne mangea que ce qu'il voulut,et nous laissa les
restes!
Top avait honte,les
collègues ne revinrent jamais.
Après avoir remis les choses à leur place avec Top,je remerciai secrètement
Paprika de m'avoir débarrassée d'au moins une soirée ennuyeuse et
conventionnelle.
Plus le temps passait,et plus Moon se rapprochait de Top,ce
qui nous laissait,à Paprika et à moi,le
loisir de vivre notre passion dévorante sans aucune culpabilité.Paprika
en profitait pour faire ses besoins partout,même
devant moi,et je ne lui disais plus rien.
La moquette ressemblait à une peau de girafe,clairsemée de taches de
pipi et de shampooing nettoyant.Lorsque Top faisait
part de son mécontentement,je mettais ce problème sur
le dos d'une incontinence urinaire,imaginaire ou non.Tout cela m'était bien égal.
En effet,je
savais que Paprika ne vivrait pas éternellement,et je
buvais chaque seconde de sa vie comme un bonheur paradisiaque,me
sachant condamnée à l'enfer de la tristesse,de la
nostalgie et du vide le jour où il quitterait mon chemin.
Il m’est très dur,très pénible,d’écrire la
vie de Paprika.Mais je me dois de revivre ces moments,en tentant de rassembler dans ma mémoire tous ces souvenirs.Et les retracer avec fidélité n'est pas toujours facile,car je dois me replonger dans des scènes du passé
comme si je regardais un vieux film secret,même pas
en noir et blanc,mais en bistre.
Comme si Paprika revivait dans le reflet d'un miroir
au tain défraîchi,la glace
lézardée par le temps et les souffrances,comme si ce
miroir devait se briser avec la fin de son histoire.
Peut-être irai-je mieux,ou
moins bien-peu importe- si la pellicule se casse ou si le miroir éclate en
mille morceaux comme autant de flocons de neige s'éparpillant sur un vieux
parchemin jaunasse,légèrement transparent,fin
comme du papier bible,mais fragile,prêt
à se déchirer,et à me laisser là,sans
défense,Paprika perdu dans les limbes de l'au-delà,et qui attend-peut-être-sa maîtresse.
Mais je ne peux pas être sûre que je le reverrai,là-haut,ou ailleurs.
Et cette incertitude m'est un supplice quasi continuel,soulagé-un peu- par les
bribes de sa vie,que vous me faites l'honneur de partager,ici,avec moi.
Note : Juliet se verrait bien être l’auteur d’un
ou plusieurs ouvrages autour de vaste thème de notre relation à l’animal de
compagnie, tout au long de la vie. Qui aurait des connaissances intéressées
dans le monde de l’édition, serait très aimable d’établir le contact avec
Juliet