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Janvier 2012

MES ANIMAUX DE COMPAGNIE ET MOI. XVII. PAPRIKA, CHIEN TECKEL.14. HISTOIRES PALPITANTES DE CHIENS, AVEC EN FINAL PAPRIK COURONNE

 

 

Juliet HAAS,  h.juliet1@rambler.ru 

 

 Cet article est le seizième d’une série de témoignages de Juliet en remontant à sa petite enfance.

Les trois premiers se trouvent à CLIC1,  CLIC2,  CLIC3

 

Les articles  suivants se rapportent déjà au chien Paprika :

 

Haas Juliet (2011),  Mes animaux de compagnie et moi. XVI. Paprika chien teckel.13. Paprik avale 42 ou43 morceaux de sucre, fête son10ème anniversaire, rencontre un chien berger allemand

 

Haas Juliet (2011), Mes animaux de compagnie et moi. XV. Paprika chien teckel. 12. Prendre le train avec un chien, cela va encore, mais avec deux c’est l’enfer

 

 Haas Juliet (2011),Mes animaux de compagnie et moi. XIV. Paprika chien teckel.11. Paprika fait fuir les hommes approchant de près sa maîtresse 

 

 Haas Juliet (2011), Mes animaux de compagnie et moi. XIII. Paprika, chien teckel 10. Le bien curieux duo de Paprik avec Moon, autre chien accueilli 

 

 Haas Juliet(2011)°, Mes animaux de compagnie et moi. XII. Paprika, chien teckel. 9. Des épisodes de fugue de Paprika déjà, de la chatte Mélusine aussi

 

 Haas Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. XI. Paprika, chien teckel.8.Paprika initie la chatte Mélusine à l’amour.Paprika et Mélusine accompagnent mes études de musique

 

 Haas Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. X. Paprika, chien teckel. 7. Retour à Paris, Paprika s’offre mon jambon, nous invite au restaurant, séduit la restauratrice, a une surprise avec deux dames très spéciales

 

 Haas Juliet(2010), Mes animaux de  compagnie et moi. IX. Paprika, chien teckel. 6. Arrivée de la chatte « Mélusine », Stage en Italie, Voyage dans le Sud de la France

 

.Haas Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. VIII. Paprika, chien teckel.5. «Jamais deux sans trois ! »

 

 Haas Juliet ( 2010), Mes animaux de compagnie et moi. VII. Paprika, chien teckel. 4.'' Patrika avec….mon amoureux, les jeunes filles, les contrôleurs de train, et autres gens''

 

.Haas Juliet(2010), Mes animaux de compagnie et moi. VI. Paprika, chien teckel. 3.''Je pars vivre seule avec Paprika,et…je l'emmène à l'école''

 

 Haas Juliet (2010), Mes animaux de compagnie et moi. V. Paprika, chien teckel .2. Paprik dans toute sa grandeur

 

. Haas Juliet (2009), Mes animaux de compagnie et moi. IV. Paprika, chien teckel .1. Je fais connaissance

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Un jour,j'allai dans ''le désert'',cette colline derrière le château,qui faisait partie de la propriété!

J'emmenai Toscan,car l'endroit était vraiment désert et je n'aurais pas aimé m'y aventurer toute seule,ou avec Paprik et Moon.Le berger allemand me rassurait.

Tout à coup,j'entendis le sol crisser,un jogger s'apprêtait à me croiser.

Toscan courut vers lui et se leva,posa ses pattes avant sur les épaules du jeune homme,qui s'arrêta net,comme pétrifié par la peur.

J'étais terrorIsée pour ce pauvre jeune homme que je voyais déjà égorgé,baignant dans son sang innocent.Je lui criai:

''Surtout,ne bougez pas!Ne bougez pas du tout!''

Puis,je m'adressai à Toscan,avec la crainte qu'il ne m'obéisse pas:

''Toscan,au pieds!Lâche-le!Tout de suite!''

Le miracle se produisit et le loup se remit sur ses quatre pattes,puis revint vers moi et s'assit à mes pieds,comme un gardien de temple.

Je l'attachai aussitôt,et je regardai le jeune homme.

Il avait mis sa main sur sa poitrine,pour s'aider à reprendre son souffle,il regardait par-terre,et son visage passait par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.Des gouttes perlaient sur son front,irisées par les rayons du soleil à travers les branchages.Il restait muet,profondément choqué.

Je décidai de briser ce silence pour le ramener à la vie:

''Je suis vraiment désolée,je ne sais pas comment m'excuser'',commençai-je.

Il releva son regard,et ne répondit pas.Je continuai:

''Je pensais pouvoir me promener sans attacher le chien,car nous sommes ici dans une propriété privée,et le chien est chez lui.Je suis confuse,mais il y a un écriteau à l'entrée de la forêt.Ne l'avez-vous pas vu?''

Le jeune homme reprenait des couleurs,et il me répondit qu'il avait vu l'écriteau ''propriété privée'',mais qu'il avait l'habitude de courir ici,car il n'y avait jamais personne.

Je lui expliquai pour le consoler que Toscan s'était conduit en brave chien,se sachant sur son domaine,qu'il n'était pas méchant,mais que j'étais vraiment très gênée qu'il lui ait fait si peur.

Il se promit de ne plus jamais revenir à cet endroit.

Nous échangeâmes encore quelques banalités,puis il repartit en courant.

 

Sur le chemin du retour,j'étais songeuse.Je me disais que Toscan était prêt soit à se faire tuer,soit à tuer,pour me défendre au cas où nous ferions une mauvaise rencontre,alors qu'il me connaissait à peine.

Je ressentis à cet instant toute la portée du mot ''amitié'',la vraie,gratuite,à la vie-à la mort,celle que nous nous étions donnée mutuellement dès notre premier regard.Je me demandai si je serais capable d'en faire autant pour lui.Je crains de n'être présomptueuse,mais je pensai que oui.

 

De retour à la maison,je racontai tout à Paprika,en lui disant que je savais qu'il se ferait aussi tuer pour moi,mais que la taille de Toscan était plus dissuasive que la sienne.

Il sentit chez moi une peur rétrospective,et se blottit contre moi en m'embrassant délicatement,ses yeux de velours noir caressant mon regard.

A partir de cet instant,il ne me fit plus de scènes de jalousie lorsque je rentrais de mes escapades avec Toscan.Il avait compris que mon ami ne portait pas ombrage à notre amour...

Il est vrai que Paprika était un gardien hors pair au nez digne des meilleurs limiers.

 

Quelques années auparavant,alors que nous habitions dans cet immeuble sur dix numéros donnant sur un boulevard à marronniers,un soir,quelqu'un sonna à la porte. Je regardai par l’œilleton,et je vis un jeune homme blond,que je ne connaissais pas. Je lui demandai ce qu'il voulait,mais il ne répondit pas.Il restait planté derrière la porte,et me paraissait très bizarre.Je réitérai ma demande,toujours rien.

J'étais fort embarrassée et ne savais que faire pour qu'il s'en aille.

Paprika et Moon aboyaient fort,mais il restait là,sans bouger,resonnant de temps à autre.

Je décidai de l'ignorer en me disant qu'il se lasserait.

Au bout de dix minutes,les chiens aboyant toujours,j'allai voir.Il était toujours là.Je lui demandai encore une fois ce qu'il voulait,mais il restait toujours là sans rien dire.

Je le prévins alors que j'allais appeler la police s'il ne partait pas.

Mais il restait encore.Je lui répétai encore la même chose,et il disparut par la porte de l'escalier,située en face de l'ascenseur,qui se referma derrière lui.

Moon se tranquillisa et alla se coucher dans son panier.Mais Paprik reniflait sous notre porte,crête levée,en grondant sourdement.

Au bout de quelques minutes,Paprik se tenant dans la même attitude,je m'inquiétai.Moon s'était endormi et je dis à Paprik:

"Pourquoi ne viens-tu pas?Il est parti.''

Paprika me regarda et se remit à renifler en grondant.

C'est alors que je me dis que le jeune homme était peut-être toujours là,caché derrière la porte de l'escalier,attendant que je sorte pour peut-être me faire du mal.Il n'était vraiment pas net et je le sentais capable d'attendre là toute la nuit.

Je pris peur,lorsque,au bout d'une demi-heure,Paprik ne lâchait toujours pas son poste.

Je décidai d'appeler la police,pour leur demander conseil.

Un monsieur aimable décrocha,et je lui expliquai le tout en insistant sur le fait que mon teckel était derrière notre porte depuis plus d'une demi-heure,crête levée et grondant.Aussitôt,le monsieur répondit:

''Ce n'est pas normal en effet,je vous envoie quelqu'un tout de suite''.

Comme j'étais fière!Le mot ''teckel''avait déclenché une opération de police!!!

Quelques minutes plus tard,la police sonnait. J’ouvris la porte,le jeune homme,en effet,s'était caché derrière la porte de l'escalier et avait été ''cueilli''par les policiers.

Je remerciai ces messieurs de s'être déplacés,et je redemandai au jeune homme ce qu'il voulait.Il resta toujours aussi muet.J'expliquai alors aux policiers que je ne savais pas comment il s'était introduit dans l'immeuble.Les policiers eux-mêmes avaient constaté en arrivant que l'entrée était fermée et qu'il y avait un interphone.

Je les assurais du fait que je ne l'avais jamais vu.Les policiers lui demandèrent s'il me connaissait,et il se mit à bredouiller des paroles floues.Nous comprîmes seulement qu'il voulait faire ma connaissance.Mais nous n'arrivâmes pas à savoir comment il m'avait repérée,ni comment il était rentré dans l'immeuble,ni quelles étaient ses intentions réelles.

Tout ceci était d'autant plus triste que ce jeune homme était fort beau.Son visage très pâle était angélique,extrêmement doux et sensible,encadré par ses magnifiques cheveux blonds et bouclés.Son regard était à la fois vide et tragique.Il avait l'air de se sentir très mal,mais la présence des policiers ne le gênait apparemment pas.Il avait même l'air presque soulagé que cette porte à laquelle il avait sonné désespérément se fût enfin ouverte,et qu'il pût enfin voir l'objet de ses convoitises,à savoir moi.

Je pensai qu'il était ou fou,ou drogué,mais dans tous les cas il respirait la mort.

Les policiers me demandèrent si je voulais porter plainte.

Je dis alors au jeune homme:

''Monsieur,je ne porte pas plainte contre vous,mais à une condition:que je ne vous revoie jamais.Avez-vous bien compris?''

Il me regarda soudain avec un regard humain plein d'amour et de désespoir.Il pleurait presque.

Les policiers lui dirent:

''Suivez-nous,et ne revenez plus jamais,sinon,vous aurez des ennuis''.

Ils partirent tous ensemble,et j'allai à la fenêtre pour être sûre que les policiers allaient bien le relâcher.En effet,ils remontèrent dans leur véhicule alors que le jeune homme marchait lentement sur le trottoir,comme l'ombre de son mystère.Il disparut peu à peu dans la nuit et je ne le revis jamais plus.

Je félicitai chaudement Paprik de m'avoir sortie d'une aventure qui aurait pu tourner au cauchemar.

 

Un soir au château,lors de l'un de mes séjours hivernaux,il y avait une grande soirée,avec tout le gratin de la ville.Nous avions été invitées,Nana et moi,pour quelques jours.Et cette soirée n'était pas ordinaire,il s'agissait de tirer les rois.

J'avais été placée à côté d'un homme ordinaire,physiquement neutre et un peu mité.Il devait avoir entre trente et quarante ans,et était aussi gris que son costume.Il me tenait des discours oiseux,et il m'énervait par son côté à la fois mondain et fadasse.Il fréquentait l'opéra de Paris comme tous les gens de son milieu,c'est à dire plus pour s'y montrer que par amour de l'art,donnant son avis,en critiquant les artistes de ballets russes invités,avec une bêtise qui n'avait d'égale que sa suffisance.

Paprika se tenait sagement sur mes genoux,et,de temps en temps,je baissais mon regard pour croiser le sien et lire ses pensées.Paprika soupirait en haussant les épaules,écoutant la conversation de ce monsieur qui commençait à m'entreprendre.

Ne supportant plus son discours sournois,stupide et conventionnel,je réfléchissais au moyen de le heurter.Il se vantait de je ne sais plus quoi,et j'en profitai pour placer une comparaison entre lui et Paprika,pour lui démontrer qu'il n'avait aucune chance en face d'un rival tel que Paprik.

''.....oui,mais lui,il est comte!''dis-je à la fin de ma phrase en parlant de Paprik.

''Mais,moi aussi,je suis comte!''répliqua le falot personnage,d'un air lamentable!

''Peut-être,mais le Comte von Burg Lon, lui,est capable de pisser sur le mur du château,après le dîner,devant tout le monde,alors que vous,vous en êtes incapable!'',criai-je d'un air triomphant,non seulement contente d'avoir fait une gaffe épouvantable en vantant les origines aristocratiques de mon fils,ne me doutant pas,stupidement,qu'il pouvait en être un lui aussi,mais encore ravie de le provoquer avec un culot digne de l'inconscience devant sa réponse,qui relevait plus chez lui d'une bonne éducation que de bêtise!En effet,j'aurais été à sa place,je me serais levée et j'aurais quitté une voisine aussi odieuse que moi.Je méritais une bonne gifle,mais il sut se contenir.

''Peut-être pas'',répondit-il calmement.

Je dus reconnaître malgré moi qu'il avait gagné un point.

''On verra ça tout à l'heure,et on saura qui est le vainqueur'',répondis-je alors avec l'arrogance d'une provocatrice de duel.

Puis,je me remis à l'insulter devant son ignorance en art.

Il éluda,toujours poliment,et se mit à parler politique,récitant les derniers articles parus dans la presse pour faire croire qu'il avait des idées.

Le diner avançait et la galette des rois n'était plus très loin.Je m'inquiétais à l'idée de gagner la fève,car je ne voulais pas couronner cet individu aux yeux de crapaud amorphe.

Je pensai que je pourrais couronner le maître de maison,malgré le fait qu'il ne fût pas à la même table que moi.

Tout à coup,en regardant Paprik,il me vint une idée machiavélique.

Le scandale serait à son comble,mon voisin se retrouverait sous terre,écrasé par le talon de la honte.

Il continuait ses discours,en m'entreprenant de plus belle.

Je n'étais plus énervée,je ne lui répondais plus que par des ''oui'' ou des ''ah!''distraits,qu'il interprétait comme des faveurs.

Je ricanais intérieurement,lorsque la galette arriva.

Loin alors de craindre la fève,je la souhaitais vivement.

Je me servis,puis,j'eus la délicieuse impression du petit morceau dur,dans ma bouche,grâce auquel je ridiculiserais le comte de ...en public.

''J'ai la fève!''criai-je à toute l'assemblée.

Le comte de...se préparait à être mon roi,tous les messieurs espéraient secrètement.

Je me levai en posant Paprika sur ma chaise,pris la couronne,et je commençais à l'enrouler jusqu'à lui donner un petit diamètre de quelques centimètres.

Toute la salle était médusée,l'on eût pu entendre une mouche voler.

Les regards étaient interrogateurs et inquiets.

C'est alors que je me baissai,et pris Paprika dans mes bras.

Je posai la couronne sur sa tête en le déclarant roi.

Paprika prit une pose adéquate et se laissa embrasser,jubilant de plaisir devant le scandale que nous provoquâmes.

L'on entendait des rires mélangés à des réflexions outrées,et je me rassis,mon petit roi couronné sur mes

genoux.

 

Le froid fut assez long à se dissiper,mais peu à peu,les conversations reprirent.

Le comte de...,lui,se taisait.Il comprit enfin qu'il n'était pas mon genre.

Je parlai alors avec le comte Fubo von Burg Lon,je l'embrassai ostensiblement,et il fut mon seul interlocuteur jusqu'à la fin du dîner.Le comte de...eut l'héroïsme de rester assis à côté de moi,et je ne m'en apercevais même pas,tellement j'étais enchantée de ma personne !

Puis les gens se levèrent,et nous sortîmes dans le parc.

Le comte de...marchait à côté de moi,et c'est lui qui avait l'air d'être mon petit chien.

Je longeai le mur du château,et je dis au comte de...:

''Regardez le comte von Burg Lon,il va pisser devant tout le monde...''

Le comte de...regarda Paprik,qui fit une élégante arabesque et arrosa le mur.

''Maintenant,c'est à vous'',dis-je au comte de....

''Non,je ne peux pas'',dit-il.

''Dommage'',lui dis-je,''vous aviez pourtant une belle occasion de prouver que vous êtes,vous aussi,un vrai comte,et surtout,un homme,au-dessus des convenances,capable de bousculer l'ordre des choses établies.''

''C'est vrai,''dit-il.''Je reconnais que je ne suis pas aussi fort que lui.''

A ce moment-là,il me parut enfin sympathique.

 

Je me séparai de lui en lui serrant la main très chaleureusement.

Je ne le revis plus jamais,et j'appris quelques années plus tard qu'il était décédé des suites d'un cancer dont il avait terriblement souffert.Il était mort très jeune,courageusement.

Je me sentis coupable de m'être moquée de lui.

 

Note : Juliet se verrait bien être l’auteur d’un ou plusieurs ouvrages autour de vaste thème de notre relation à l’animal de compagnie, tout au long de la vie. Qui aurait des connaissances intéressées dans le monde de l’édition, serait très aimable d’établir le contact avec Juliet