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Juillet  2015

POST-POLIO ET BIEN VIEILLIR. PROMOUVOIR DES SOLUTIONS POSITIVES. Suite5

Rhoda OLKIN et Stéphanie T. MACHELL

 

                                                                                                                                                      In Post-Polio automne 2013 Vol. 29, N°4

 

Introduction, par Henri Charcosset

 

Des mêmes auteurs, spécialistes en psychologie, les articles déjà sur ce site :

 

Olkin Rhoda et Machell Stéphanie T.( 2012). Post-polio. Promouvoir des solutions positives

 

Olkin Rhoda Se mettre ou remettre en couple, avec un handicap polio après 60 ans, et Maynard Frederick M, Dialogue entre patients et médecins(2012)

 

Olkin Rhoda et Machell Stéphanie (2013), Post-polio. Promouvoir des solutions positives. Suite1

 

Olkin Rhoda et Machell Stéphanie (2013), Post-polio. Promouvoir des solutions positives. Suite2

 

Olkin Rhoda   et Machell Stéphanie (2014), Post-polio et bien vieillir. Promouvoir des solutions positives. Suite 3

 

Olkin Rhoda   et Machell Stéphanie (2014), Post-polio et bien vieillir. Promouvoir des solutions positives. Suite 4

 

L’intérêt de cette approche mérite de s’étendre à d’autres conditions de vieillissement, qu’avec des séquelles de polio. Qu’on se le dise et fasse circuler l’information !

 

Rappelons aussi les réponses à des questions de post polios, par le Docteur Frederick M. Maynard :

 

Maynard Frederick M.(2010), Le syndrome post-polio. Réponses à des questions

 

Maynard Frederick M. (2011), Séquelles post-polio. Spécificité  aux médicaments courants , avec par Drawdy Leslie: Les bénéfices des massages

 

Maynard Frederick M.(2011), Séquelles pot-polio SPP : Facteurs les favorisant. Avis sur les antalgiques

 

Maynard Frederick M.(2012), Post-polio en fauteuil roulant et douleur au dos

 

Maynard F.M. (2012), Post-polio . Questions posées au Dr F.M. Maynard

 

Maynard Frederick, Dr ( 2013), Questions de patients, réponses d’un spécialiste, sur le syndrome post-polio

 

Maynard F.M, Dr  (2013) répond à des questions   sur les effets tardifs de la polio

 

TEXTE DE CETTE CONTRIBUTION-CI :

 

Mon frère, agé aujourd’hui de 68 ans, a eu la polio en 1961.Cela a affecté ses jambes et il a été en fauteuil roulant depuis. Il vit seul, est très indépendant et a toujours trouvé le moyen de prendre soin de lui-même. Il vient  de me dire qu’il a perdu l’usage de sa main droite (déjà faible) et qu’il ne veut pas continuer de vivre. Je lui ai dit que je prendrais soin de lui, mais il ne veut pas être un fardeau. Je dévastée- que puis-je faire ? Y a-t ’il un moyen de l’aider ?

Réponse de R Olkin, PhD[1]:

         Tout d’abord, permettez-moi de  reconnaître la frayeur que vous devez ressentir du fait que votre frère parle de vouloir mourir. Cela peut faire surgir toutes sortes de sentiments en vous-même, y compris d’impuissance, d’anxiété, de colère et bien d’autres entre ceux-là. Je laisserais le soin à ma collègue de vous répondre sur l’aide que vous pouvez apporter. Mais ici je vais parler de ce qui peut être entrain de se passer pour votre frère.

Quelques études suggèrent que les personnes atteintes de polio ont un taux inférieur de dépression comparé au reste de la population. Peut-être que la nécessité de faire face à l’adversité, habituellement plus tôt dans la vie, procure une capacité à faire face et une résilience. Mais avec votre frère, il semble que c’est l’opposé qui se passe. Vous devez donc considérer la possibilité que votre frère soit déprimé.

Il a eu la polio à 16 ans. Cette expérience a pu laisser des traces émotionnelles qui se répercutent maintenant. D’un corps en pleine santé, il a probablement été hospitalisé, impuissant, probablement se sentant isolé dans cette expérience. Aujourd’hui alors qu’il vieillit et a une diminution d’activités physiques, ces sentiments, ensevelis pendant plusieurs années, refont surface. L’idée que les émotions anciennes se réactivent, n’est pas simple théorie. Un exemple vient d’études faites sur des singes qui avaient déprimé suite à l’enlèvement de leurs mères. Ils s’en sont remis, une fois réunis avec leurs mères, mais des années après, ils étaient plus susceptibles à la dépression à nouveau. La chimie du cerveau semble se réactiver quand une situation du quotidien nous rappelle une expérience ancienne.

Il est important de se rappeler que les gens ne veulent pas mourir parce qu’ils ont eu la polio, en tant que tel. Ils peuvent avoir envie de mourir du fait des effets de la polio dans leur fonctionnement quotidien. Cela peut inclure, ne pas pouvoir visiter des amis dont les maisons ne sont pas accessibles, ou être moins sociable du fait de la fatigue, ou trouver que de simples tâches quotidiennes sont trop contraignantes, ou avoir besoin d’aide dans des activités de tous les jours alors qu’ils avaient l’habitude d’être indépendants. Je me demande ce que votre frère avait l’habitude de pouvoir faire, que l’utilisation limitée de son bras droit maintenant l’empêche d’accomplir. Un exemple, je travaillais le bois tous les week-ends, mais au fur et à mesure que mes bras se sont affaiblis, j’ai trouvé les outils électriques trop dangereux. Cela m’a contrainte à trouver un passe-temps différent (plus sédentaire), ce que j’ai fait, même si le travail du bois me manque toujours. Qu’est-ce qui est différent ou qui manque à votre frère aujourd’hui ?

Je devine que votre frère n’a pas de partenaire. Cela signifie qu’il doit trouver un soutien social à l’extérieur de chez lui, ce qui réclame énergie et mobilité. Le soutien social est une des conjectures de bien-être (et même de longévité) parmi les adultes âgés. Aujourd’hui même, j’ai failli annuler un évènement social pour vendredi soir car cette semaine avait été dure. C’est facile à faire sans remarquer que les semaines peuvent passer sans socialisation. Si la vie quotidienne demande trop de notre énergie nous supprimons des choses qui nourrissent notre être émotionnel. Il vaut mieux embaucher quelqu’un pour passer l’aspirateur pour se réserver de l’énergie,  pour se prendre un café avec un ami. Votre frère est béni d’avoir un parent tel que vous.

 

Réponse de Stephanie T. Machell, PsyD[2]:

 Sans avoir parlé avec votre frère, il m’est difficile de savoir s’il est cliniquement déprimé. C’est clair qu’il fait le deuil d’une perte majeure –son bras, certainement mais de façon plus significative, sa façon de vivre antérieurement et son indépendance. Dire qu’il n’a plus envie de vivre est peut-être plus une expression de souffrance qu’un souhait de commettre un suicide, ou même de mourir. Il a besoin de temps d’expérimenter et d’évoluer dans sa souffrance aussi bien que de trouver des solutions au problème de comment continuer à vivre sa vie.

Il se peut que ce soit plus facile avec quelqu’un que votre frère ne craint pas de lui faire mal en exprimant ses sentiments ; c’est pour cela que de voir un thérapeute l’aiderait qu’il soit ou non déprimé cliniquement. Un thérapeute peut aider votre frère à faire face à sa souffrance et l’aider à penser et planifier le futur. Un thérapeute peut aussi évaluer si votre frère est cliniquement déprimé ou pas et / ou du risque de commettre un suicide.

Le thérapeute approprié pour votre frère devrait être quelqu’un qui comprend les problèmes de handicap. Un thérapeute qui ne les comprend pas pourrait simplement présumer que votre frère est déprimé et passer à côté des problèmes en relation avec son handicap. Si vous ou lui ne trouvez pas un tel thérapeute, quelqu’un qui travaille en psychologie de la santé et connait les problèmes en lien avec les maladies chroniques pourrait être une option.

Votre frère pourrait être réticent à voir un « Psy » car présumant que cela représente un échec de sa part ou que les autres présumeront qu’il est faible ou malade mental. Rassurez le que le thérapeute approprié pour lui sera un qui reconnaitra ses forces considérables et qui sera là pour lui donner la force, la puissance (empower) pour les utiliser pour dépasser cette crise.

Il peut être utile aussi à votre frère de prendre conscience que de demander de l’aide et être indépendant ne sont pas exclusifs l’un de l’autre. Un assistant de vie quotidienne est une option que vous pouvez payer soit par votre assurance soit de votre poche. Votre frère serait responsable de cette embauche et de sa formation. Il aurait le contrôle des prestations de cette personne, comment et quand. Quand ce cas fonctionne bien cela procure indépendance et liberté de vie au sein de la communauté. De recevoir une telle aide permettrait à votre frère à utiliser son énergie dans des activités qui lui tiennent à cœur plutôt que juste celles qui le maintiennent. Faire des activités qui lui plaisent servira à améliorer son humeur et l’aidera à se sentir moins impuissant.

Être un membre de la famille de quelqu’un qui bagarre avec ces problèmes est difficile. C’est dur et douloureux d’entendre quelqu’un que l’on aime dire qu’il ne veut pas vivre. Et difficile que votre aide soit rejetée. Vous avez aussi besoin d’un endroit pour faire face à vos propres sentiments à propos de ce que votre frère traverse afin de pouvoir lui rendre service. En plus de vous confier en famille et avec vos amis, vous bénéficieriez de parler avec un thérapeute familial de ces problèmes. Des soutiens pour les soignants sont disponibles dans beaucoup d’endroits différents.

 



[1] Dr Rhoda Olkin est professeur distinguée de Psychologie Clinique en Californie à l’Ecole de Psychologie Professionnelle de San Francisco, et Directeur exécutif de  l’Institut de Psychologie de Handicap et Santé. Elle est aussi une survivante de la polio et mère de deux adultes.

[2]Dr Stephanie T. Machell est psychologue en pratique indépendante dans la région de la banlieue de Boston et consultant au centre International de rééducation pour polio, Consultation externe de Spaulding-Framingham, Framingham, Massachusetts. Son père a survécu à la polio.