Juillet 2014
LA QUÊTE DE SENS, à partir
d’extraits d’ouvrages
2 – HUMANISER LE QUOTIDIEN
Christiane
BEDOUET
Pour une prise de contact, passer par : henri.charcosset@neuf.fr
Présentation, par Henri Charcosset
Christiane Bedouet, professAeur de français en retraite, nous a fait bénéficier
entre 2008 et 2011, de la série suivante de dix
articles :
Bedouet Christiane (2008),
Accepter de vieillir et de voir les siens vieillir
Bedouet Christiane (2008),
Vieillesse et mort dans la Littérature
Bedouet Christiane (2008), Pouvoir
vivre sa foi chrétienne guidé par
l’Internet
Bedouet Christiane
(2008), Mourir les yeux oAuverts (ouvrage de Marie de Hennezel en col avec
Nadège Amar, 2007)
Bedouet Christiane
(2009), Mourir vivant.1. Réflexions
et point de vue
Bedouet Christiane
(2009), Mourir vivant-2- A propos de la loi Leonetti
Bedouet Christiane (2009), Mourir
vivant-3- Les soins palliatifs (première partie).
Bedouet Christiane (2009),
Mourir vivant-3-Les soins palliatifs(Deuxième
partie).Suite du troisième article d’une série intitulée « Mourir
vivant »
Bedouet Christiane (2009), LES CLIC. Faire face aux
difficultés de la vieillesse
Bedouet Christiane ( 2011), Eloge de
la fragilité.1. L’intelligence de la vieillesse.2. Traverser nos fragilités
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C’est avec un grand plaisir
que nous l’accueillons de nouveau, cette fois-ci pour trois articles
successifs, évoquant « La quête de sens »,
à partir d’extraits d’ouvrages.
Les sous-titres vont en être,
à la suite de : « Des repères
brouillés ?» à voir à CLIC, « Humaniser le
quotidien », et enfin « Trouver
un sens à sa vie malgré l’épreuve »
Dans cette deuxième partie,
sont cités des extraits de :
Quand les décideurs
s’inspirent des moines, Sébastien Henri, Editions Dunod, 2012
Et :
Donner un sens à sa vie,
Jacques Lecomte, Editions Odile Jacob, 2007
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Texte de Christiane Bedouet
En
dehors des questions de croyance ou de foi en un Dieu, ce chemin du dialogue et
de l’ouverture, de jeunes entrepreneurs d’aujourd’hui l’empruntent, pour mettre
plus de sens et d’humanité dans leur quotidien de dirigeants. L’introduction et le tAout
début du livre suivant nous montrent le but de la démarche de son auteur :
Introduction
Ce livre s’adresse aux dirigeants et
managers
qui se sentent pleinement engagés dans leur mission, y trouvent des
satisfactions réelles, et perçoivent pourtant un déficit de sens qui parfois leur pèse. Ils cherchent à donner davantage de
profondeur et d’impact à leur action. Pour cela, ils ne veulent plus laisser leur
pratique spirituelle au bord de la route et souhaitent, au contraire,
l’intégrer pleinement dans leur quotidien.
Cette recherche doit
être incarnée, concrète, proche de leur réalité.
(…)
Sens, sérénité, sagesse,
souffle, force, rayonnement, puissance, joie : tous ces mots peuvent être
associés à une pratique
spirituelle, dans une acception large qui dépasse la sphère traditionnelle du
religieux.
La pratique spirituelle n’est pas forcément religieuse : elle est ce qui
nourrit l’âme, que l’on soit croyant ou non.
(…)
La pratique spirituelle
doit être une démarche consciente et déterminée pour avoir une chance de
réussir. De ce point de vue, la
vie des moines offre une formidable source d’inspiration aux dirigeants et
managers.
Les moines sont parfois décrits comme des « professionnels » de la
recherche spirituelle.
(…)
Dans la tradition
bénédictine comme dans la tradition zen, le monastère est envisagé comme une
école. C’est une « école où l’on apprend le service du Seigneur »
selon saint Benoît, et où l’on apprend à reconnaître sa propre nature de
Bouddha et à vivre en pleine conscience dans la tradition zen.
(…)
… La vie monastique n’est pas aussi
différente qu’il y paraît du quotidien du dirigeant et du manager, en particulier la vie
de chef de communauté (abbé, abbesse, chef spirituel, etc.). Certaines des
difficultés liées à la direction d’une entreprise ou d’une équipe sont aussi
présentes. Aider chacun à
progresser en utilisant au mieux ses ressources et ses talents, placer chaque personne
au poste le plus adapté, faire face au découragement dans les équipes, aux
tensions, aux jalousies, aux ambitions personnelles : la matière humaine est là, sans cesse en mouvement, avec ses facettes
brillantes et ses aspérités. Il est donc intéressant d’observer comment les
moines travaillent cette matière humaine, à leur manière.
(…)
Par son exigence et son
intensité, la vie monastique peut s’avérer être une source quotidienne
d’inspiration et un soutien puissant.
(…)
Si j’ai commencé à
écrire ce livre, il y a quatre ans, j’ai fait au cours de ces quinze dernières
années, en parallèle de mon engagement en entreprise, de nombreux séjours dans des monastères
chrétiens et bouddhistes en France, en Chine et au Japon. J’ai rencontré des
dizaines de moines durant ces séjours, lu de très nombreux témoignages de
moines afin de mieux comprendre leur vie, lu et relu des textes majeurs des
fondateurs de communautés, et surtout essayé de mettre en pratique dans ma vie
de décideur ce que j’avais appris.
(…)
Mon souhait est que ce
livre devienne un pont entre
deux mondes
qui s’ignorent largement : celui des décideurs en entreprise et celui des
moines. Puisse ce pont contribuer à apporter davantage de sens aux décideurs
qui le traverseront.
Ch. 1 – Le défi de la vie des moines
Découvrir une formidable source d’inspiration pour les décideurs
En tant que dirigeant ou
manager, la pratique spirituelle n’est pas une priorité. (…) Par leur vie
pourtant faite de beaucoup de silence, les moines interpellent avec force les décideurs en leur rappelant
l’urgence de leur pratique spirituelle.
Si le défi que
représente la vie des moines vous intéresse, comment y répondre ? Trouver
une réponse à cette question commence par un double mouvement :
-
comprendre en profondeur les principes fondamentaux
de la vie des moines ;
-
vous interroger sur votre propre définition du succès.
La vie en communauté, on le voit,
peut apprendre beaucoup à chacun. On
n’est pas fait pour vivre replié sur
soi, on ne trouve un sens à sa vie et on ne vit pleinement son humanité que
dans la relation à l’autre, aux autres.
L’ouvrage suivant nous le rappelle bien :
Donner un sens à
sa vie
Jacques Lecomte – Éd. Odile Jacob, 2007
1ère partie – Le sens de la vie avec les
autres
p. 45 – L’être
humain est fondamentalement un être de relation. Aucun de nous ne peut vivre
sereinement dans la solitude. De très nombreuses recherches ont mis en évidence
ce besoin universel de liens, d’appartenance, pour l’épanouissement et
le sentiment de valeur personnelle.
p. 98 – L’amour et l’amitié sont deux composantes majeures
des relations humaines susceptibles de donner du sens à l’existence d’un
individu.
p. 100 – Selon le psychanalyste américain George Vaillant, les
parents et enseignants sont des « gardiens du sens », ce qui implique
non seulement d’accompagner le développement de ses enfants, mais aussi de conserver
et de transmettre les produits collectifs de l’humanité : culture,
traditions et institutions.
2ème partie – Le sens de la vie
par la réflexion
p. 117 – Qui ne
s’est un jour posé cette question ? La quête de soi, la tentative de mieux
se connaître est inscrite au cœur de l’être humain. Découvrir son identité
propre constitue souvent un enjeu majeur à l’adolescence et garde sa pertinence
tout au long de l’existence.
p. 118 – La découverte et la construction de l’identité
personnelle sont un thème central en psychologie. (…) Ce qui prime dans les
écrits est, le plus souvent, l’idée que la réalisation de soi est un
processus de croissance plutôt qu’un état stable et définitif (…).
L. Tolstoï
p. 142 – Les
valeurs personnelles constituent une des sources principales de sens. Selon
Pierre Bréchon, chercheur au Centre d’information des
données socio-politiques, « les valeurs sont des idéaux, des préférences
qui structurent les individus à agir dans un sens déterminé. Elles
appartiennent aux orientations profondes qui structurent les représentations et
les actions d’un individu. (…) Les valeurs d’un individu constituent son
identité profonde, ce qui le mobilise.
p. 155 – L’art
est incontestablement l’une des façons les plus enrichissantes de donner du
sens à son existence, pas seulement pour les artistes professionnels, mais
aussi pour les amateurs anonymes que nous sommes pour la plupart.
p. 156 – Concernant
l’impact sur soi, les écrivains disent surtout qu’ils écrivent pour :
- Trouver un équilibre personnel.
- Se comprendre soi-même, les autres
et le monde.
- Être reconnu(e) et aimé(e).
- Accéder à une dimension spirituelle.
- Donner du sens à sa/la vie.
- Vivre, tout simplement !
Lorsqu’ils font allusion à l’impact sur
autrui, ils notent essentiellement qu’ils écrivent pour :
- Faciliter le respect de la diversité
humaine.
- Changer le monde.
- Rendre les gens heureux, transmettre la
beauté.
B. Vergely
p. 195 – Pour survivre face à un quotidien insupportable, il est
parfois nécessaire de faire appel à l’imaginaire, de créer de toutes pièces, de
libérer ses émotions par l’expression artistique. Il y a quelques
années, j’avais été invité à présenter la résilience devant une
association de médecins. Les murs de la pièce étaient tapissés de centaines de dessins
représentant chacun un visage, très coloré. (…)
Un psychiatre nous a expliqué la raison d’être de ces
portraits. Un de ses patientes âgées était très dépressive à la suite de la
perte de son époux. Malgré la thérapie, son état ne s’améliorait pas, jusqu’au
jour où elle a décidé de prendre des stylos-feutres et de dessiner les
multiples facettes de l’humanité. Cette femme, qui n’avait jamais dessiné
depuis l’enfance, s’est trouvée transcendée par cette activité et a réalisé
ainsi son « autothérapie ».
p. 199 – La thérapie
par le sens la plus affirmée est la logothérapie, encore peu pratiquée en
France. Elle a été initialement mise au point par Victor Frankl
(…).
p. 200 – La logothérapie que Frankl
définit comme une guérison par le sens est fondée sur trois concepts
liés entre eux :
- La libre volonté.
- La volonté de sens (…)
- Le sens de la vie.
Frankl
souligne qu’une caractéristique essentielle de l’être humain est
l’interrogation sur le sens et la possibilité d’accéder à une dimension qui
le transcende lui-même : « Être conscient suppose la capacité
purement humaine de s’élever au-dessus de soi-même, de juger et d’évaluer ses
propres actes par rapport à la morale ou l’éthique. (…) Le dépassement de
soi est l’essence de l’existence. Être humain, c’est être dirigé vers autre
chose que soi-même. (…) L’homme vit d’idéaux et de valeurs. L’existence humaine
n’est pas authentique à moins d’être vécue en termes de dépassement de
soi ».
p. 201 –
Considérant que l’être humain n’est pas seulement poussé par des pulsions mais
également tiré par le sens, Frankl plaide donc pour
le développement d’une nouvelle approche : une psychologie des
hauteurs, susceptible de compléter utilement la psychologie des profondeurs que
propose la psychanalyse.