Sections du site en Octobre 2009 :  Ajouts successifs d’articles -- Sujets d’articles à traiter – Pour publier --  Post-Polio -- L'aide à domicile -- Internet et Handicap -- Informatique jusqu’à 100 ans – Etre en lien -- L’animal de compagnie --  Histoires de vie  --  Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de l’avant -- Tous chercheurs -- Liens –Le  webmestre.

RETOUR A LA PAGE D’ACCUEIL : CLIC   AUTEURS, TITRES DE TOUS ARTICLES : CLIC    SYNTHESE GENERALE: CLIC

……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

Janvier 2013

 

« ON NE NOUS APPREND PAS A  BIEN VIEILLIR »

 

Dr Olivier de LADOUCETTE, Entretien avec Laure  BELOT

 

Selon le psychiatre Olivier de la Ladoucette, nous avons  tous un âge subjectif sur lequel nous pouvons agir .

 

                                      Le Monde 25 avril 2012

 

                                                         °°°°

Rappelons  déjà les deux articles précédemment introduits  sur ce site :

:

Ladoucette (de), Olivier, Dr,  Le Guide du Bien Vieillir( ouvrage, 2004)

 

1/ DHEA ; Eloge de la sieste ; Conseils pour bien dormir CLIC

 

2/ Bien dormir(suite) ; Le Viagra ; Définitions d’un vieillissement réussi CLIC

 

Des références par d’autres auteurs, sur ce site, sont en fin de ce texte, CLIC   

 

                                                       °°°°

 

Olivier de Ladoucette, auteur du Nouveau Guide  du bien vieillir ( Odile Jacob, 2011)  livre des conseils pour lutter contre les effets du vieillissement. Activités physiques et intellectuelles sont fortement recommandées. Le repli sur soi est à proscrire.

 

Certains septuagénaires font quinze ans de moins, d’autres non. Peut-on choisir son camp?

 

Indéniablement oui , car l’âge administratif est de moins en moins pertinent. Nous avons tous un âge subjectif, résultant de différents facteurs sur lequels nous pouvons agir ; l’âge de nos artères , notre âge social, l’âge des désirs…Le vieillissement physiologique est terriblement inégalitaire . On estime que le terrain génétique joue  pour 30%  dans notre longévité. Mais le reste est lié à nos comportements.

 

Comment mieux résister à l’épreuve?

 

Nos réserves physiologiques permettent à la majorité d’entre nous de vivre autonome jusqu’à 80 ans, voir 90 ans. Mais nous vieillissons par pièces détachées. Certaines fonctions se dérèglent plus vite que d’autres.

Ainsi la fonction respiratoire se dégrade à partir de 30 ans à une vitesse de 10% par décennie en moyenne. Mais un entraînement physique d’endurance peut éviter plus de la moitié de cette dégradation. Un homme sédentaire de 50  ans serait incapable de suivre sur 400 mètres une marathonienne de 70 ans.

Même constat pour la masse musculaire. La sarcopénie  ( fonte musculaire) est un véritable problème dans le dernier tiers de la vie . Nous perdons 50% de notre masse musculaire entre 20 ans et 80 ans et cela entraîne des troubles de l’équilibre. Progressivement, les muscles sont remplacés par d’autres tissus, notamment graisseux. Mais la parade existe : il faut manger des protéines et avoir une activité régulière.  Des nonagénaires ont pu récupérer de 20% à 30% de leur force en quelques mois grâce à des exercices de musculation appropriés.

 

Sur quels organes peut-on agir?

 

L’altération du cristallin commence vers 20, 25 ans et est directement liée aux rayons ultra-violets. Porter des lunettes de soleil ralentit son vieillissement . Pour certains organes, l’égalité entre les sexes n’existe pas: le squelette des femmes se fragilise plus vite ; l’audition des hommes  toujours plus précocement . Elle peut l’être dés la cinquantaine et s’appareiller tôt permet de ralentir la dégradation.

Pour le squelette, c’est autour de 20 ans que nous connaissons notre pic de masse osseuse. Il faut donc faire du sport entre 12 et 20 ans pour  maximiser ce pic. Une fois constituée , ce capital va décroître au fil des ans avec une accélération pour les femmes à la ménopause . Mais, là aussi, le déclin peut être ralenti par l’activité physique.

 

Pourquoi l’activité physique est-elle importante?

 

L’homo erectus est devenu « homo sédentaire » il y a à peine cinquante ans. Notre corps n’est pas génétiquement programmé pour cela et en souffre. Il faut donc s’astreindre à de l’exercice. Bien sûr , tout le monde n’est pas attiré par le sport. Les plus âgés , qui n’ont jamais pratiqué, peuvent s’en sortir en marchant trois à cinq fois trente minutes par semaine d’un bon pas ou exploiter toutes les situations du quotidien: monter et descendre les escaliers , faire le ménage , sortir le chien.

 

Pourquoi notre vieillissement dépend-t-il de l’âge des désirs?

 

Il existe un vieillissement psychologique. Mais la personnalité, qui est la résultante du tempérament , inné, et du caractère , acquis  change peu à peu à partir de 50 ans. On observe juste une légère accentuation des traits préexistants . Et tout le  monde ne devient pas une tatie Danielle ou un Harpagon. Si certains individus changent de caractère et deviennent difficiles, c’est moins lié au vieillissement du psychisme qu’à l’accumulation de deuils ( de l’apparence, du statut social, des proches, de l’intégrité physique…) qui vont saturer leurs ressources adaptatives. Cela va se traduire par l’installation de mécanisme de défense inapproprié:

repli sur soi , hostilité, passéisme …

 

Acceptons-nous mieux notre vieillissement?

 

On distingue schématiquement trois approches de l’avancée en âge . Les « joueurs »- environs 15 à 20% de la population - jouent leur vie aux dés à l’image de cet homme en surcharge pondérale , fumeur ayant eu un infarctus , diabétique et qui ne veut pas changer de comportement  « puisqu’il faut bien mourir de quelque chose ». Les «  mécaniciens »- environs 50% de la population- considèrent leur corps comme une mécanique à réparer en cas de panne. En cas d’hypertension , ils vont prendre un traitement mais ne changeront rien à leur hygiène de vie. Enfin, les 30% restants sont « jardiniers »-majoritairement des femmes -ceux qui ont le plus de chance de vivre plus longtemps. Ils sont dans l’observation et l’anticipation.

 La problématique du vieillissement n’est pas nouvelle. Dés le XVIIe siècle , l’écrivain Jonathan Swift remarquait: « Tout le monde veut vivre longtemps mais personne ne veut vivre vieux. »

 

Quel est le profil des centenaires de demain?

 

Ils ressembleront aux nonagénaires d’aujourd’hui. Pour vivre en forme aussi vieux , ils auront probablement respecté trois consignes. Ils auront su éviter les maladies avec ou sans l’aide de la médecine . Ils auront maintenu constamment un bon niveau d’activité physique et intellectuelle. Enfin ils seront restés constamment reliés aux autres.

 

Votre rapport sur la santé mentale des séniors , remis à Nora Berra, secrétaire d’Etat chargée de la santé, en avril 2011, insiste sur la dimension spirituelle du vieillissement .  Pourquoi ?

 

Il est recommandé , en vieillissant , de développer une certaine hygiène de conscience . On nous a préparés à devenir des adultes , on ne nous apprend pas à bien vieillir . La vieillesse est une réserve de vie spirituelle. Je parle moins de religion que d’apprendre la connaissance de soi. Les stages de préparation à la retraite sont peu adaptés . Il faudrait plutôt des formations de développement personnel. On ne peut empêcher le déclin physique . Mais le naufrage spirituel n’est pas inéluctable . On peut grandir en vieillissant.

 

Cerveau et sexe ne s’usent…que si on ne s’en sert pas.

 

Dans notre société fortement touchée par la maladie d’Alzheimer-environ 880 000 personnes ont été diagnostiquées en France- l’annonce, en janvier , par une équipe de l’Inserm, d’un déclin cognitif dés l’âge de 45 ans a eu l’effet d’un électrochoc .

Dans les esprits , ce seuil était placé à 60ans.  « Cette information n’est pas nouvelle », tempère le professeur Olivier De Ladoucette, psychiatre et gériatre , président de la Fondation Ifrad pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer . « Nous avons plusieurs intelligences qui vieillissent à des tempos différents », précise-t-il. Selon ce spécialiste, l’intelligence dite  «  fluide », fondée sur la rapidité et la flexibilité  mentale, décline en effet très tôt, à partir de 25 ans . C’est elle qui est utilisée en mathématiques ou en finance de marchés.  « C’est pour cela que mathématiciens et traders sont plus performants avant 40 ans et que les découvertes dans ces domaines se font quand on est jeune », explique-t-il. Par contre , l’intelligence dite «  cristallisée » , qui repose sur les acquis liés à l’apprentissage et à l’expérience  (langage, culture générale …), décline bien plus lentement : «  Picasso, Verdi, Chagall ou encore Michel-Ange ont eu des productions remarquables à 70 ans , voire 80 ans », poursuit-il. Notre cerveau possède une mécanique impressionnante: « C’est, de tous les organes humains ,le plus chrono résistant, en dépit d’un émoussement réel mais modéré des fonctions cognitives »,note cet expert.

 

Mémoires multiples.

 

Pour freiner le déclin , les mots croisés sont intéressants mais ne suffisent pas.  «  Mieux vaut faire du bridge que des patiences , du scrabble que du sodoku », illustre M. de Ladoucette. Car nos mémoires sont multiples: auditive ,visuelle, émotionnelle, procédurale…L’idéal est de stimuler notre capacité d’adaptation . C’est le cas en favorisant les contacts humains de visu ou par écran interposés ( mails, réseaux sociaux) ,mais aussi en voyageant  ou en étant confronté à d’autres générations. Car le cerveau présente une caractéristique particulière: « Il s’use si on ne s’en sert pas, poursuit cet expert, comme une autre fonction , d’ailleurs , la sexualité. »

 

Continuer à avoir une vie sexuelle épanouissante en prenant de l’âge n’est pas tabou.

 

« Nos comportements sexuels âgés ont changé ,confirme le docteur de Ladoucette .L’arrivé du viagra, à la fin des années 1990, a libéré la parole et les actes ».

Autre bouleversement , les baby-boomers, héritiers de la révolution sexuelle et plutôt en bonne santé , sont désormais quinqua et sexagénaires . « Ce contexte nous a permis de découvrir qu’il existait une activité sexuelle après 50 ans basée non plus sur la performance , mais sur la tendresse  et l’échange ,poursuit  ce spécialiste. Cependant on vit sur le tard sa sexualité comme l’a vécue : un homme ou une femme hypersexuée à 40 ans pourront avoir toujours des moments de plaisir à 80 ans mais moins fréquents . Et une personne moins intéressée cessera peut-être toute activité sexuelle vers 60 ans. »

 

Eviter les pilules antioxydantes.

 

En respirant, nous produisons des radicaux libres, une des causes de notre vieillissement. « Les cellules de notre corps utilisent l’oxygène de l’air pour produire de l’énergie , détaille Olivier de Ladoucette , psychiatre et gériatre . Il en résulte la production naturelle de radicaux libres qui sont des molécules très réactives qui déstabilisent  tous les tissus de notre corps. » Cette production est accentuée par des facteurs comme le tabac ou les rayons ultra-violets .

 De nombreux laboratoires ventent les mérites de produits anti-radicaux libres . Pourtant , selon cet expert , «  certaines études montrent que leur consommation en excès pourrait devenir contre-productive pour la santé et la longévité,

Les seules substances antioxydantes  réellement actives pour contrer les effets des radicaux libres sont contenues dans notre alimentation ». Mieux vaut une assiette riche en fruits et légumes.

 

°°°°°

Références (lien pour retour en tête d’article) d’autres articles sur ce site, relatifs au Bien vieillir :

 

Bedouet Christiane (2008), Accepter de vieillir et de voir les siens vieillir  

 

Charcosset Henri et Colozzi Claudine ( Entretien) (2011), L’ insertion sociale active des personnes âgées ou /et handicapées. L’Internet à la base de progrès majeurs

 

Dass Ram, Vieillir en pleine conscience ( Ouvrage, 2002)

 

Groupe « Sol », Université du 3ème âge (1996), Comment apprendre à vieillir

 

Houziaux Alain, Assoun Paul-Laurent, Bredin Jean-Denis , Hennezel Marie(de), Comment accepter de vieillir? ( ouvrage, 2003)

 

Maillard Catherine et (de) Hennezel Marie(2009), Bien vieillir, c’est possible !  

 

Tubiana Maurice, Le Bien-Vieillir. La Révolution de l’Age (ouvrage, 2003)