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LES ARTICLES : CLIC SYNTHESE GENERALE: CLIC
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Juillet 2010
ETRE A DEUX OU LES TRAVERSEES DU
COUPLE
sous
la direction de Nathalie CALME, avec
Alexander RUPERTI, Paule SALOMON, Jacqueline KELEN ( 1ère Partie )
Editions
Albin Michel, Espèces Libres, 2000
Extraits
(choix très personnels) par Henri Charcosset
Pour faciliter une première lecture de cet article, on peut déjà lire les
extraits surlignés en cette couleur-ci ; de plus, je recommande plus
spécialement la troisième contribution (Jacqueline Kelen)
Le mot du webmestre
Appel est fait à publier sur ce site sur le sujet du « Vivre et
vieillir en couple stable d’hier à demain. Réflexions. Témoignages »
On peut certes traverser sa vie au jour le jour, sans penser à la situer
dans notre monde en évolution. Ne serait-ce pas un peu tristounet
cependant ?
Il est au contraire intéressant de remonter au temps des grands-parents,
puis celui des parents, pour en arriver au nôtre avec quelques projections,
autant que cela soit possible, vers les générations montantes, celles de nos
enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants.
Cet exercice peut nous aider aussi à prendre du recul par rapport aux
difficultés vues, ou bien personnellement vécues...
Une façon de progresser vers un beau final de nos vies, un « Mourir
guéri » ou « Mourir vivant » CLIC CLIC.
Plus de références dans cette optique à la page web de Christiane Bedouet, CLIC.
J’ai apprécié pour ma part les témoignages courageux de Christian
Bernadou, 62 ans, à partir de ses propres difficultés dans son propre couple, CLIC,
CLIC, CLIC, CLIC, CLIC
Sans se prétendre plus savant que l’on est, pouvoir en référer dans ses
réflexions à l’Histoire de la vie de couple, est utile. L’article qui suit va y
aider.
Henri Charcosset
Pages
33 à 47
Qu’est-ce qui se cache
sous le mot amour ?
Alexander RUPERTI,
philosophe,
ostéopathe, physiothérapeute, R.A.H. (réseau d’astrologie humaniste)
Page 38
Dans l’amour, il y a toujours le danger de vivre un égoïsme à deux, de ne
voir aucun but plus que personnel à cette union. Les partenaires se satisfont
mutuellement, mais leur amour l’un pour l’autre les séparent du monde...
Page 40
L’amour universel - qui se manifeste eu niveau de l’univers -, qui anime
la polarité homme-femme au vaste processus de la civilisation humaine, est
beaucoup plus que l’amour qui anime deux personnes suffisantes. Cet amour n’est
pas seulement l’amour d’une personne pour une autre ; c’est l’Amour du
tout dont ces personnes font partie...
L’amour véritable est toujours productif, non seulement inconsciemment au
niveau biologique sous forme de progéniture, mais aussi au niveau psychologique
et socioculturel, sous forme de créations conscientes
répondant aux besoins de sa communauté et éventuellement de la société et de la
civilisation humaine...
Page 41
Ainsi une véritable relation (intégration) entre deux
personnes se concrétise en un centre unique, bipolaire, d’énergie rayonnante.
C’est le couple qui rayonne comme tel
et il rayonne parce que, ensemble,
les partenaires sont consciemment des parties fonctionnelles de l’humanité
qu’ils servent de manière éclairée.
Pages
48 à 78
L’émergence du couple
androgyne
Paule SALOMON, philosophe et thérapeute.
Propose
à travers tous ses ouvrages une analyse de la crise d’identité qui affecte les
hommes et les femmes.
Pages 54 à 57
Six étapes et trois civilisations
Le parcours de l’humanité depuis la préhistoire peut se découper
en six modèles de couple qui cohabitent toujours dans notre société et dans
notre propre vie. Le couple matriarcal, qui donnait la prééminence à la femme,
a engendré le couple patriarcal, qui accorde toujours la prééminence à l’homme,
suivi du couple révolté ou conflictuel, conséquence inévitable de tout rapport
de force. La sortie du conflit commence avec le couple éclairé qui peut évoluer
en couple lunaire puis en couple androgyne.
Nous
nous pensons comme des êtres évolués et nous avons souvent des comportements
archaïques surtout dans l’affectif. Nous avons aussi une chance sans précédent parce que le dessein est
clair, le chemin est balisé, la tyrannie de la force commence à laisser place à
l’aventure de la conscience. Pendant les trois premières étapes nous vivons
sous la domination de nos peurs et pendant les trois dernières étapes nous nous
efforçons de sortir de l’incomplétude et du conflit, nous intégrons l’idée de
la projection sur l’autre et nous nettoyons notre vision du monde jusqu’à
comprendre qu’elle n’est que le reflet de nous-mêmes.
L’humanité
a expérimenté jusqu’à présent deux types de civilisation, la civilisation de la
Coupe et la civilisation de l’Epée. Une
civilisation éclairée ou androgyne commence à apparaître sous forme d’îlots sporadiques.
La civilisation de la coupe représente les quelque seize mille ans de
préhistoire où la notion de Dieu était féminine. Ces temps de la grande
Déesse-Mère sont encore très méconnus et pourtant les preuves archéologiques
abondent. Les valeurs féminines irriguaient une civilisation pacifique
novatrice. Le sens guerrier au contraire prédomine sous l’égide du Dieu-Père,
la société se structure en patriarcat, avec la domination de l’homme sur la
femme et l’enfant. Cette civilisation de l’Épée est toujours en place
aujourd’hui malgré des transformations importantes. Les hommes parlent,
gouvernent, font la guerre et quelques femmes, encore rares, émergent sans
apporter pour autant une nouvelle forme d’esprit.
Pourtant
l’idée de paix gagne du terrain, les changements
profonds de société viennent davantage de la base que du sommet. Toutes sortes
de courants, de la spiritualité à l’écologie, en passant par toutes les techniques
de transformation personnelle, grignotent une société fondée sur les rapports
de domination et tentent d’établir une société de coopération, une société
éclairée. Mais la coopération de base est celle qui permettra à l’homme et à
la femme de quitter la guerre des sexes...
Pages 67
à 69
Le couple androgyne : le couple
solaire/lunaire
Le couple solaire-lunaire réunit deux êtres déjà évolués ;
l’homme est passé de sa composante extérieure solaire à une composante
intérieure lunaire et féminine. C’est l’homme
lunaire. La femme est passée de sa composante extérieure lunaire à une composante
intérieure solaire et masculine. C’est la
femme solaire. Ce processus de complétude individuelle est en cours
et il correspond au mythe de l’androgyne.
Ce
couple solaire-lunaire qu’on pourrait aussi appeler couple androgyne réunit
deux êtres qui ont pris conscience d’eux-mêmes et de leurs besoins, qui tentent
de s’aimer eux-mêmes tout en aimant l’autre. Il semble que notre époque permet
ainsi l’émergence d’un modèle de couple qui ouvre une trame de paix entre le
masculin et le féminin. Il serait très intéressant de pouvoir chiffrer combien
de couples se considèrent comme étant entrés aujourd’hui dans ce nouveau
modèle. La guerre millénaire des sexes chercherait-elle une voie d’apaisement à
travers des sensibilités nouvelles ?...
On
pourrait dire que les générations actuelles des vingt-trente ans bénéficient
d’un meilleur climat général et que leurs aînés qui ont formé des couples
androgynes sont une petite minorité. Mais rien ne
garantit pourtant l’évolution de ces jeunes couples qui n’ont pour seul guide
qu’une sorte d’instinct du bonheur. Ils se connaissent très peu
eux-mêmes et ne disposent d’aucune information pour se diriger individuellement
et en tant que couple. Ils vont bricoler en aveugles et rencontrer bien des
obstacles à leur entente. Les combats et les souffrances vont resurgir malgré
les bonnes dispositions du départ. La conscience et l’évolution sont
nécessaires pour la constitution d’un véritable couple solaire-lunaire.
Les caractéristiques de ce nouveau
modèle
Les deux partenaires sont solitaires
et solidaires, ils vivent une complicité complémentaire sans
rechercher une fusion névrotique. Ils cultivent l’art de rester indépendants
tout en étant unis à l’autre...
Autrement
dit encore le
premier couple que nous formons est un couple avec nous-mêmes sur le plan
intérieur et c’est à partir de cette réalisation que nous pouvons réussir un
couple extérieur. Jusqu’à présent on
nous a laissé entendre le contraire. Nous cherchions à vivre à deux parce que
nous étions incapables de nous suffire à nous-mêmes.
Pages 91 à
104
Juliette, Roméo, Isis,
Osiris
Tristan, Yseult,
Philémon, Baucis
et les autres...
Entretien de
Nathalie Calmé avec Jacqueline KELEN
La vie de couple, confondue avec le
«grand amour », est recherchée par la plupart comme une
solution miracle, un rêve à réaliser qui fera disparaître toutes nos angoisses
fondamentales, métaphysiques. Qu’en pensez-vous?
Personnellement, je n’ai jamais imaginé le couple comme un cocon ou un
rempart contre toutes nos peurs, nos doutes et nos angoisses. La maturation
commence lorsqu’on se retrouve seul face à soi-même ; personne - pas même la
personne aimée - ne peut servir de dérivatif, d’excuse à cette rencontre avec
soi qui est la première et fondamentale. Personne ne peut faire l’économie de
cette étape, qui conditionnera justement notre relation avec les autres, et
avec l’autre dans un couple.
C’est vrai que la solitude est difficile, intense et
absolue, mais c’est elle notre véritable centre, notre liberté fondamentale.
Dans la solitude, je ne projette plus sur l’autre, je ne m’en remets pas à
l’autre, je suis envoyée au profond et à la vérité de mon être !
Page
94
Quels sont les mythes du couple, qui soit
nous enferment, soit nous inspirent et nous permettent une nouvelle
émergence ?
...De
fait, il convient de faire une distinction entre
couple et histoire d’amour. La grande majorité des mythes relate des
histoires d’amour - tragiques,
émouvantes, flamboyantes - et nous pensons les incarner dans une vie de
couple au quotidien. Ces grands mythes de l’amour, ces passions intenses,
entravées, souvent mortelles, sont plutôt éloignés d’un
contexte conjugal où la durée, la confiance, la réalité, le dialogue et
l’amitié sont souverains. Ce n’est pas le même climat ici et là, ce
n’est pas la même énergie qui est à l’oeuvre dans l’un et l’autre cas. Et sans doute faut-il choisir entre l’une et l’autre histoire,
entre une passion et une vie de couple. Notre erreur est sans doute de
nous entêter à vouloir couler l’amour (insaisissable, apatride, enfant de
bohème) dans le moule du quotidien et le couler en bronze durable ; notre
erreur persistante, que nous chérissons tant, est de vouloir vivre
l’exaltation, le vertige et l’idéalisation propres à l’Amour, dans un projet
concret, réaliste, durable, quotidien ; bref, de vouloir acclimater,
sédentariser cet éternel Nomade.
Pouvez-vous préciser la nature de ces
deux climats différents ? Sont-ils vraiment inconciliables ?
Spontanément,
comme ça, je dirais : le couple évoque les
valeurs de respect, de clarté, de construction, de confiance, de durée, de
confrontation à la réalité, d’indulgence et de tolérance, d’harmonie, de paix,
de bienveillance, de soutien, de compromis et de pardon; cela passe par la
dés-idéalisation de l’autre, l’humilité personnelle, et la démythification de
l’Amour.
Le
climat de l’amour est variable et imprévisible, il est fait d’intensité,
d’émotion, de manque, de rêve et de folie, de séduction et de ferveur,
d’exigence et d’intolérance, de douleur et de joie, de désespoir et d’étonnement
; il est imprévu, inattendu, discontinu, apatride, toujours en danger, toujours
au bord de la perte et de l’abîme, toujours blessé, inconsolable, plein de ténèbres
et fou de lumière...
Ces
deux climats me semblent assez incompatibles et il
paraît quasiment impossible à un mortel de conjuguer intensité et durée,
exaltation et continuité. Ce qui est possible, en revanche, mais déjà
très difficile, c’est de sauvegarder à la vie de couple cet esprit nomade, cet
esprit de voyageur insatisfait, ce regard à la fois créatif et émerveillé. La véritable liberté dans un couple, ce serait de garder
fraîche et vigilante notre capacité de nouveau, ainsi que notre regard sur
l’autre ; ce serait d’abord éviter la rigidité des normes et des
conventions, tout ce que la société, la famille ou la religion projettent sur
le couple «normal », sur le « couple-qui-s’aime» ; ce serait balayer les
schémas rassurants, faits pour l’ordre social et la bonne conscience
collective.
Quels sont ces schémas, ces passages
obligés?
Un couple est toujours ensemble, il sort ensemble, il reçoit
ensemble. Deux personnes qui s’aiment vivent quotidiennement ensemble sous le même
toit, partagent la même chambre et le même lit ; ils prennent leurs vacances
ensemble, au même moment... Bref, ils forment une « entité »
indestructible dans la mesure où explose l’originalité de chacun, où abdique
l’individualité de chacun, où se diluent toute qualité, tout désir ou goût
respectif.
Pour vous, c’est
affreux?
Ce n’est plus de la sédentarisation, c’est de la sédimentation,
de la fossilisation ! Si le couple conduit à l’annihilation de son individualité,
à une mutilation réciproque, mieux vaut chercher la sortie de secours... Pour moi, selon cet esprit nomade
qui est au coeur de l’Amour, le seul couple
intéressant, riche, ouvert, transformateur, est celui qui exalte, renforce,
embellit, épanouit l’individualité de chacun. Le couple n’est pas une
instance supérieure à qui il conviendrait de sacrifier l’individu et son
autonomie, pour qui il faudrait se renier, se sacrifier ou faire des
accommodements afin d’en obtenir les faveurs. Le couple vécu comme un
parasitage réciproque, comme une dépendance recherchée soi-disant amoureuse,
est une image fausse, conventionnelle, rassurante, venant en ligne droite de
notre conception de la famille, cercle clos et sacré. Je crois en un couple ou
l’amour et la joie de chacun offrent à l’autre de déployer toute son
originalité, toute sa liberté, toute sa soif d’être...