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Septembre 2009

HANTISE DU VIEILLISSEMENT EN COUPLE ET DES GENERATIONS

Christian BERNADOU  (61 ans)

 

E-mail : cph-bernadou@cegetel.net ; blog de référence : http://www.democrate-amour.over-blog.com

 

INTRODUCTION, Henri Charcosset

Cet article va se situer en continuité de la série :

Bernadou  Christian et Charcosset Henri(2008), Prolonger son couple avec enfants jusqu’au bout de sa vie a-t-il encore  un sens ? Témoignage. Echanges  

Bernadou  Christian(2009),  Le Retrait familial , passage obligé pour une nouvelle expérience de vie, à 60 ans ? 

Bernadou  Christian et Charcosset Henri(2009), Divorce en douceur après 37 ans de mariage, en ayant eu quatre filles. Réflexions, échanges

Voir ou revoir déjà ces trois contributions successives. Certains vont se demander : et alors « ils », à savoir le couple Bernadou, vont finalement divorcer ou bien pas ? Ce serait alors comme un mini-feuilleton, sans originalité bien particulière de nos jours.

L’essentiel est que partant de son passé remontant à l’éducation reçue de ses parents, Christian cherche à situer son problème personnel dans un cadre autrement plus vaste, insuffisamment abordé de front : Vivre et vieillir en couple stable peut-il avoir encore un sens ? Chacun s’accordera pour penser que la question mérite d’être posée, et que si sens il y a, ce sens ne saurait être tout à fait le même aujourd’hui et plus encore demain, qu’hier.

Toute réflexion  sur ce sujet, qui respecte les « Indications pour publier » accessibles depuis la page d’accueil du site, peut nous être proposée pour publication. Nous aimerions recevoir des points de vue, en souhaitant qu’ils soient respectueux des autres modes de pensée.

Dans cette contribution-ci , Christian Bernadou s’efforce de répondre  à des questions que je lui  posais en fin de son article précédent.

CORPS DU TEXTE, Christian Bernadou 

1)    Anticiper son vieillissement et s’adapter

Tu as raison Henri de dire que j’anticipe mon vieillissement et c’est bien cela sans-doute qui  crée le blocage en moi et m’empêche de me projeter dans l’avenir et d’idéaliser mon couple (ou de m’y complaire), n’entrevoyant que des problèmes dans l’avenir. C’est probablement lié au vieillissement. Alors, la vieillesse à deux, faite de quels projets ( ?) m’apparaît n’être qu’une projection d’impuissance et sans effet garanti de réussite ! Ce que je retiens tout de même de positif dans tes propos, Henri, est bien  que ma femme est celle qui m’aura permis d’éterniser ma vie (et réciproquement, je comprends) ; une belle expression de ta part.

Oui, je m’efforce de tenir compte de ce que les autres me disent aujourd’hui (peut-être un peu moins de ce que les anciens m’ont enseigné : je veux parler des générations que j’ai connues). Oui, Je prends en considération les avis des autres, en congrès ou en privé (et je médite aussi sur tes conseils). Sur mon blog, je me place à un niveau différent et essaye d’argumenter en faisant  abstraction de mes sentiments car ces derniers fluctuent au gré de mes humeurs, de mon état d’esprit du moment. …….

J’ai beaucoup de lecteurs tous les jours sur mon blog (référencé dans de nombreux domaines), mais hélas très peu de commentaires, comme je le souhaiterais, à la manière d’un forum par exemple. Mes visiteurs sont sans-doute déroutés par mes pensées, ma vision du couple, sous cette forme de perpétuel questionnement et remise en question d’un ordre existant ou de pratiques encore bien d’actualité, même s’il y a évolution et diversité. ……

   2)  La question des enfants et des petits-enfants

La question des enfants est au centre du débat, chez nous, en famille. Beaucoup de couples se disent enchantés, ravis de voir arriver des petits enfants qu’ils perçoivent comme leur prolongement naturel, leur réussite personnelle sur le plan de la vie. Mais moi, là encore, je me sens très différent. J’ai construit une famille (ce que je ne prévoyais pas étant jeune), eu et élevé 4 filles, et jusqu’à ce moment venu de leur libre envol du cocon de notre foyer, je pense que j’ai vécu heureux sans même le réaliser ! Cette famille a occupé mon temps et mon esprit de nombreuses années  (avec certes mon travail  ou les périodes accidentelles de chômage), mais je suis heureux maintenant que cela s’achève afin de disposer de plus de temps pour mes désirs personnels. De ce fait, sentir que mon épouse ne va pas prendre son envol mais rester à mon côté m’apparaît comme ce grain de sable qui fait gripper la machine, et que cette liberté qui semblait percer  à l’horizon n’est pas vraiment complète, et que la famille continue. En fait, j’ai été heureux de m’occuper d’une famille et de tous ces moments vécus, mais aujourd’hui, la famille n’est plus la même, puisqu’on revient au couple unique mais plus cette fois en état de jeunesse fougueuse et joueuse, mais en état de vieillesse certaine et d’ennui possible, le couple étant amené malgré lui à se concentrer à deux sur les problèmes que son vieillissement ne va pas manquer de lui imposer. Ce ne peut donc être le même couple, la faute au temps et à la vie !......

Pour moi, le temps de la famille s’est accompli avec mes enfants et je ne peux considérer les leurs comme étant aussi les miens. Voilà le cœur du sujet. J’ai fait mon devoir avec mes enfants, mais  pourquoi de nouveaux devoirs s’imposeraient-ils envers les enfants de mes enfants ? Je ne considère pas la famille comme une extension sans fin. La raison est liée sans-doute à mon incapacité (ou aversion) à accepter le fait des générations, un peu à la manière d’un fleuve où l’eau court et ne s’arrête jamais de couler !......

Or ce qui ne finit pas me dérange, encore plus si je dois être impliqué dans ce processus…….. On aime à participer à une œuvre quand on en connait l’objectif final, si non c’est l’angoisse qui l’emporte (ou un sentiment de révolte) car on se sent alors instrumentalisé par le destin. C’est ce que je ressens avec le mariage et la famille et avec le couple vieillissant ensemble pour finalement être un jour séparé à jamais. Même Dieu nous a révélé : aux cieux, il n’y aura ni mari ni femme …. Alors à quoi bon tant persister à s’accrocher à cette forme  de vie sur terre, à la valoriser, à l’idéaliser même, pour certains ?

Par ailleurs, contrairement à toi Henri, je ne pense pas que nous ayons jusqu’à la mort un devoir de guide, imparfait certes mais de guide quand même, à l’égard de nos descendants. Adepte et promoteur de l’innovation, y compris dans la pensée, je ne suis pas un défenseur inconditionnel des principes de traditions. Que pourrais-je donc transmettre quand aujourd’hui nos jeunes s’essayent à de nouveaux chemins ? ….. Non, leur modèle n’est déjà plus celui de leurs parents ! On peut le voir tous les jours en les observant vivre.

 3)  L’ angoisse de vieillir

C’est vrai qu’en amont de ce retournement personnel à l’approche de ma retraite (car il s’agit bien d’un retournement complet)  se trouve bien mon angoisse à l’égard du vieillissement. Sans pourtant parler d’une aversion, non, car je suis en phase d’adaptation progressive et résolu à m’y acclimater. Elevé dans une famille catholique et pratiquante, habitué depuis mon plus jeune âge à suivre et à agir selon la tradition sans poser de questions, marié par amour à l’église, ayant accepté les impératifs de la vie conjugale sans m’y sentir contraint, j’ai cependant peu à peu basculé à force de « pourquoi » et en me confrontant démocratiquement aux idées des autres. Or, Je me suis rendu compte que le mariage, institution humaine, était synonyme d’enfermement, de repli sur le cocon familial (au lieu d’être l’ouverture sur le monde) et cela malgré le libre consentement, pour plusieurs raisons :

-         L’entrée en exclusivité dans la relation homme-femme

-         La mise en commun des biens acquis pour le foyer

-         L’arrivée d’enfants qui décuple la part des responsabilités….

-         Le côté formel du mariage, un rituel de passage qui concerne la vie privée mais que l’on exhibe publiquement

Ainsi, juste pour avoir accepté d’apposer une signature de sa main à un instant donné de sa vie….. l’être humain en arrive à s’aliéner à autrui ou à lui être assujetti pour moitié….. Aujourd’hui, avec ce recul du temps et mon vécu, je ne me sens plus vraiment libre …. vu ma situation familiale d’appartenance à une catégorie de population : ceux de la « bague au doigt » (comme on dit) ….. Et je ne sais même plus ce qu’être marié veut dire. Je n’aime pas que ma femme parle de moi comme mon mari (je n’aime pas ce mot) ; je préfère qu’elle dise mon homme ! Puisque marié, je ne cesse d’être homme……. Ne vaut-il pas mieux dans ce cas vivre seul que de s’engager dans une aventure qui sera par moments conflictuelle, et risquera même de s’achever cruellement pour soi mais aussi pour son/sa partenaire ?

L’on a du mal à assumer son propre vieillissement. Comment peut-on alors sereinement supporter le vieillissement de l’autre, et à bien plus forte raison, celui des deux à la fois ? C’est pour moi encore plus de stress !...

 Je conçois le mariage comme une institution pour les jeunes qui veulent fonder une famille. Le retour au célibat au troisième âge doit permettre de mieux se recentrer sur sa personne et de se préparer au passage, que trop souvent l’on élude…... Cependant, y penser peut être cause de manque d’envie de faire des projets, de blocage permanent, et cela alors devient un courroux pour son/ sa partenaire, empêchant la maîtrise de la jouissance de l’instant donné…….Partager les souvenirs heureux, serait-il tout ce qui reste au couple vieillissant, pour pouvoir survivre à deux ?......

Le miracle de l’amour n’est-il rien d’autre que le spectre de la mort et la façon de ne pas vouloir lui donner raison ? Je n’ai pas de réponse car je suis en plein dedans. Il faudrait s’extraire de ce cercle de vie pour pouvoir juger la valeur intrinsèque de la vie : naissance d’abord, progression par l’éducation, mariage par pratique coutumière ou instinct collectif, vieillesse comme châtiment et mort pour payer le prix de la vie.

Mais rassurez-vous, je ne veux casser aucun moral. Le sens existe en dehors de ma pensée, heureusement; c’est seulement que moi, je n’ai pas encore réussi à le trouver. Vivre à deux, même heureux, même avec une famille magnifique ne peut me suffire. J’ai besoin d’un sens plus global, plus haut, plus dynamisant, plus transcendant que la famille : bref, d’une révélation ! Je ne l’ai pas encore obtenu ou compris. Mais l’espoir existera toujours. Or je choisis l’espoir quand-même.

REMARQUES, Henri Charcosset

Un blog s’apparente à un cahier en continu,  de l’évolution d’une activité ; il a sa raison d’être, en tout cas le tien ; à partir de là, il faut savoir tirer des publications, servant à faire synthèse et à préparer l’interfaçage avec toutes personnes intéressées. Je m’y exerce  ici, avec Christian. D’autres lecteurs de son blog peuvent faire de même, avec leur propre sensibilité.

1.     Il n’existe pas de limite d’âge dans le droit à divorcer, et c’est heureux ; la personne âgée  est présumée être encore adulte, autant ou aussi peu comme tu préfères, Christian,  que nos jeunes adultes !  Mais tu te trouves en porte  à faux avec toi-même là où tu veux laisser à la mère le monopole de l’accompagnement aux enfants avec leurs enfants. On ne peut pas à la fois trouver exorbitant le pouvoir pris par les femmes dans les foyers, et vouloir s’en remettre à elles pour la relation aux enfants grandis, jusqu’à leurs 70 à 80 ans ! L’affaire est fondamentalement  trop sérieuse pour qu’on s’en détache. Penses-y !

En final, dans un mail que m’a adressé Christian ce 04 septembre 2009, il nous indique une  amélioration de la relation entre son épouse et lui. Un réaménagement de l’espace privatif respectif est possible, et va jouer un rôle important. La voie est ouverte pour reprendre le chemin d’une « famille magnifique ». Même s’il  faudra du temps pour qu’une pleine confiance se rétablisse. Le déroulement de ce temps ne nous concerne pas ici. Vieux comme jeune , un couple a ses petits secrets ; les mettre sur la place publique est une entorse faite au « contrat de confiance ».

Mais nous sommes mûrs pour accompagner Christian, dans son besoin d’un sens plus global, plus dynamisant,  plus transcendant que (sa propre) famille. Quelle voie, en tout cas initiale, peut –elle être plus appropriée qu’une réflexion élargie sur le vaste thème :

 Vivre et vieillir en couple stable  peut-il garder un sens ? Si oui, dans quelles conditions ?   

Vous pouvez adresser vos réflexions, remarques, suggestions, à Christian Bernadou, à son adresse e-mail en tête d’article. Merci. HC. 07.09.2009