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Mai 2010
BIEN VIEILLIR ENSEMBLE ET EN COUPLE LA SOIXANTAINE PASSÉE
Christian BERNADOU
Pour tout
commentaire : http://democrate-amour.over-blog.com/
Introduction, par Henri Charcosset
Christian Bernadou, la soixantaine,
marié depuis 36 ans, parent avec
son épouse de quatre filles, poursuit ici la relation de l’évolution de sa vie
de couple. En quelques mois, cette dernière s’est orientée dans le sens de
l’apaisement. Avec en perspective un nouveau chapitre de la vie à deux.
La série des témoignages ici de Christian, aux
adresses web rappelées, aidera celles et ceux en face à face avec la question du vieillir ou non en
couple, dans leur vie personnelle.
Elle
intéressera aussi celles, ceux, qui pensent le couple à tous âges, de demain,
versus celui d’hier et d’aujourd’hui.
Et dans très longtemps, suite à la mise en mémoire
du contenu de ce site, CLIC,
elle intéressera et peut-être intriguera, mais sera partie intégrante du patrimoine historique de nos vies
quotidiennes.
Bernadou
Christian
et Charcosset Henri(2008), Prolonger son
couple avec enfants jusqu’au bout de sa vie a-t-il encore un sens ?
Témoignage. Echanges
Bernadou Christian(2009), Le Retrait familial, passage obligé
pour une nouvelle expérience de vie, à 60 ans ?
Bernadou Christian
et Charcosset Henri(2009), Divorce en
douceur après 37 ans de mariage, en ayant eu quatre filles. Réflexions,
échanges
Bernadou Christian
(2009), Hantise du vieillissement en
couple et des générations
Bernadou Christian,
Le mariage ou la métaphysique du lien
conjugal, Essai, 252 pages, octobre 2009. Aperçu sur, par Henri Charcosset
Texte de Christian Bernadou
Tout le
monde peut connaître une crise au cours de sa vie, de couple, existentielle ou
tout simplement sous diverses pressions faisant ressurgir des sentiments enfouis,
des frustrations du passé ou des échecs personnels ou ressentis comme tels. Ce
fut mon cas. J’ai décidé de m’en sortir car plus je m’enfonçais dans ce néant,
plus je détruisais ce que j’avais bâti avec peine et plus je rendais les autres
malheureux autour de moi, surtout mes proches. Aujourd’hui, j’ai repris ma
destinée en mains et bien que je puisse avoir des idées différentes (sur
l’origine de la vie et son but, sur l’utilité du mariage ou pas, sur les
contraintes de la famille ou sur ses richesses), je ne cherche plus l’état
d’affrontement, ni surtout de mener un combat pour imposer mes vues, mais
plutôt l’apaisement et la complicité avec les autres, qui me le rendent à leur
tour et respectent mes croyances. Grâce à ces échanges placés sous un angle
nouveau, je reçois et découvre que moi aussi je peux m’être trompé dans mes
cogitations et analyses. Me revoilà donc en pleine reconversion, un esprit
d’ouverture ayant soufflé sur moi ! Le texte qui suit vous dépeint cette
évolution, par ces états d’âme que je vous livre. Je peux donc commencer à bien vieillir en
couple.
Après avoir voulu
remettre en question toute ma vie de couple jusqu’au point de départ, le
mariage, alors que je passais à-peine le cap de
la soixantaine, voilà que je commence à m’apaiser, à écouter enfin
l’être intérieur qui me parle.
En fait, cette aversion
pour la robe blanche (de mariée) ou robe
noire (de juge) venait de très loin, depuis le temps de mon enfance et de mon
adolescence, de mon éducation religieuse très stricte (nous avions un oncle
prêtre dans la famille qui se comportait un peu comme son mentor !) et de
mon esprit d’enfant rebelle, surtout envers l’autorité, sous quelque forme
qu’elle s’exerce. Pourtant c’est une histoire d’amour qui m’a conduit vers le
mariage.
Cette rébellion tardive
envers des dogmes religieux, en particulier concernant l’union conjugale, les
aspects juridiques liés aux lois sur la famille (domaine du civil) est plus le
fait d’une crise d’adolescence décalée, malgré mai 68, survenue à l’âge mûr,
lorsque je devenais quinquagénaire ! Etonnant, oui, mais mon psy m’a aidé
à découvrir ces phénomènes que seul j’aurais eu du mal à comprendre, d’autant
qu’à cette crise s’en mêlait une autre, profonde, d’ordre existentiel. A cela
il fallait encore ajouter deux autres problèmes : le chômage et la peur du
vieillissement. Aujourd’hui, fort heureusement, j’ai réglé le premier et suis
en bonne voie pour digérer le second.
Cette révolte était
donc dirigée contre moi-même, m’accusant d’avoir osé penser différemment jadis
sans avoir approfondi pleinement le sens de mes engagements passés (dont mon
mariage). Mais comment m’accuser ainsi ? Comment pouvais-je savoir à cette
belle époque de mes vingt-cinq ans que mes idées ou pensées évolueraient plus
tard dans une direction diamétralement opposée à celle de mon éducation
familiale ?
Tout cela est du passé.
C’est joué. On ne peut revenir en arrière. Seuls comptent aujourd’hui le
présent, et peut-être encore un peu l’avenir. C’est pourquoi, peu à peu, je me
plonge dans cet examen introspectif afin d’analyser si mener un tel combat en
vaut la peine tant il disperse de l’énergie négative tout autour et si la voie
de la sagesse ne serait pas celle du changement de cap.
Se dire qu’après tout,
marié ou pas, cela importe peu (ma femme dit souvent : le mariage est ce
que l’on veut qu’il soit, ce qu’on en fait), dès lors que nous nous entendons
bien et que la vie continue à deux. Parce-que vouloir se refaire une existence
tout seul est peut-être encore plus difficile à réaliser, mais également
déstabilisant pour les deux. Se dire
au-contraire que j’ai eu de la chance de rencontrer une personne aussi douce,
aussi bienveillante à mon égard, malgré tout ce que j’ai pu lui faire subir par
mon long mal-être existentiel. Ne serait-ce pas cela la plus grande réussite de
ma vie : être encore deux à tenir la route ?
Oui,
la question du vieillissement me taraude, me hante l’esprit
(quand il n’est pas occupé ailleurs), de mon vieillissement mais de celui de
l’Autre également ! Le nier serait comparable à de la prétention. Que
faire alors, si non l’accepter? S’accepter
et accepter cet Autre tel qu’il est : changeant aussi. Personne ne
viendra me dire que c’est chose facile, mais c’est pourtant la seule issue
possible pour atteindre l’apaisement, la sérénité.
Voir la vie ensemble
différemment. Penser qu’une étape a été franchie avec succès et qu’une autre,
d’un nouveau genre, se présente devant nous. Savoir l’appréhender et se lancer
sur ce parcours différent et jonché de nouveaux obstacles. D’heureuses
surprises doivent nous attendre sans-doute si l’on se donne la peine de
continuer ensemble cette route et d’admirer ses nouveaux paysages.
Voilà ma réflexion
nouvelle. Certes parfois de vieux démons réapparaissent en moi, surtout la
nuit, quand, dans ce grand lit matrimonial, je m’élève par l’esprit et vois de
haut un couple vieillissant, placé côte à côte et non plus deux jeunes
tourtereaux ou amants fougueux. Alors je
me dis : que fais-je encore en ce lit ! Là, couché à côté
d’elle ? Et aussi : que penserait un jeune couple s’il nous imaginait
en train de faire l’amour, à notre âge (ces deux la, Papi et Mamie) ?
Et j’aurais envie de m’extirper sur le champ de cette position, presque honteux
de cette situation de paradoxe (écart entre le mental et le physique).
Et puis je m’apaise de
nouveau et lui donne alors une tendre caresse. L’amour tendresse m’envahit. Je
me dis que je n’y suis pour rien dans toutes ces métamorphoses qui se sont
opérées tranquillement sur nos corps, que c’est la vie qui vit et respire en
nous, et l’amour reprend tous ses droits.
Au fond, vieillir à deux n’est pas absurde, n’est pas si mal et
devient supportable en cet instant. J’essaye d’être plus aimant et plus
serviable envers mon épouse. Nous nous sommes remis à faire des projets
ensemble. Nous partirons en vacances cet été avec notre fille et son fils,
notre petit fils.
Voilà encore quelques semaines, je n’aurais pu envisager cela.
C’est l’embellie.
Laissons plutôt le temps nous apprivoiser que de se lancer dans
un combat perdu d’avance. Peut-être que l’art et le bonheur de bien vieillir en
couple passe par cette approche salutaire.
Remarques, Henri Charcosset, henri.charcosset@neuf.fr
Christian, ton texte est clair, relatant
bien l’état actuel de ton évolution.
Tu évoques la vie du couple dans son
intimité physique. Il est courant qu’à la soixantaine, des couples continuent à
avoir des rapports sexuels complets;
pourquoi pas ? Chez d’autres, le glissement vers des relations sexuelles, est déjà bien amorcé. Et pour d’autres encore,
le faire chambre à part est la pratique courante; s’aiment-ils moins, moins
bien, pour autant ? Pas. En cette matière peut-être encore plus que pour
d’autres, l’unicité du couple est essentielle. On n’a pas à s’occuper de ce que
pourraient penser ses enfants par exemple. Nous avons à respecter l’intimité de
leur vie à deux; celle du couple vieillissant est respectable tout autant.
Pour être d’une douzaine d’années plus
âgé que toi, je dirai que plus de place se fait pour la complémentarité entre mari/femme,
compagnon/compagne, lors de l’avancée en âge ; elle devient même un élément clé de la relation d’amour.
Qu’en est-il pour celles et ceux, qui, atteignant
la soixantaine, et même bien plus âgés, voudraient bien créer la vie de couple,
qu’elles, ils, n’ont jamais eue ou bien n’ont plus ? Surtout ne pas être
inhibé(e) par le poids du qu’en dira-t-on. Peut-être aussi ne pas sous-estimer la difficulté d’un
temps plein de vie à deux. Garder son habitat principal, et vivre
temporairement en habitat partagé, peut être une belle nouvelle étape de sa
vie. Pour plus de réflexion sur ce sujet, voir à CLIC.
Du reste, le tort des mariages à
l’ancienne n’a-t-il pas été d’être trop fusionnel ! Si tant de gens à la soixantaine- et
Christian tu as failli être dans ce cas-
divorcent, c’est surtout qu’à force d’avoir été et d’avoir trop fait,
toujours ensemble, les époux finissent
par ne plus pouvoir se supporter.
Intuitivement, la qualité de vie en
couple des aînés me semble pouvoir être riche d’enseignements pour nos
générations montantes.
Christian, que ton aventure de couple en
marche vers son véritable vieillissement, se poursuive favorablement !