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LES ARTICLES : CLIC SYNTHESE GENERALE: CLIC
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Septembre
2010
ETRE A DEUX OU LES TRAVERSEES DU
COUPLE
sous la direction de Nathalie CALME, avec Guy CORNEAU, Arnaud DESJARDINS, Jacques SALOME( 2ème Partie
)
Editions
Albin Michel, Espèces Libres, 2000
Extraits
(choix très personnels) par Henri Charcosset
La 1ère partie avec Alexander RUPERTI, Paule SALOMON,
Jacqueline KELEN, se trouve à CLIC
Pour faciliter une
première lecture de cet article, on peut
déjà lire les extraits surlignés en cette couleur-ci .
Le mot du webmestre
Appel est fait à publier sur ce site sur le sujet du « Vivre et
vieillir en couple stable d’hier à demain. Réflexions. Témoignages »
On peut certes traverser sa vie au jour le jour, sans penser à la situer dans
notre monde en évolution. Ne serait-ce pas un peu tristounet cependant ?
Il est au contraire intéressant de remonter au temps des grands-parents,
puis celui des parents, pour en arriver au nôtre avec quelques projections,
autant que cela soit possible, vers les générations montantes, celles de nos
enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants.
Cet exercice peut nous aider aussi à prendre du recul par rapport aux
difficultés vues, ou bien personnellement vécues...
Une façon de progresser vers un beau final de nos vies, un « Mourir
guéri » ou « Mourir vivant » CLIC CLIC. Plus de références dans cette optique à la
page web de Christiane Bedouet, CLIC.
J’ai apprécié pour ma part les témoignages courageux de Christian Bernadou, 62 ans, à partir de ses propres difficultés dans
son propre couple, CLIC, CLIC, CLIC, CLIC, CLIC
Sans se prétendre plus savant que l’on est, pouvoir en référer dans ses
réflexions à l’Histoire de la vie de couple, est utile. L’article qui suit va y
aider.
Henri Charcosset
Pages 105 à 124
Fuis-moi, je te suis, suis-moi, je te fuis : le
couple impossible.
Guy CORNEAU, analyste
jungien.
Se consacre maintenant à
l’écriture et à l’enseignement.
Enseigne au Québec et donne
de nombreuses conférences...
Fondateur des Productions
Cœur.com
Page 97
Quel est, pour vous, le mythe du couple le plus
puissant ?
Il demeure
celui de Philémon et Baucis, tel qu’Ovide nous le raconte dans Les Métamorphoses. Il
n’est ni excitant ni fascinant mais il rend bien compte de ce que peut être une
vie de couple accomplie. Il nous touche d’autant plus que nous vivons au siècle
des divorces, des unions éphémères et des détresses de solitude : Philémon
et Baucis dureront ensemble, vieilliront ensemble paisiblement et, grâce
suprême, mourront ensemble...
Ils vivent à
la campagne, très simplement, l’un s’occupe du jardin, l’autre de la cuisine.
C’est un couple généreux et hospitalier et non pas enfermé sur lui-même, comme
jaloux de son bonheur. Il y a entre eux cette volonté de croître ensemble, une
dimension spirituelle qui adoucit et illumine le quotidien... Mourir le même
jour : ils sont métamorphosés, mais deux arbres différents, le chêne et le
tilleul... Leçon de réalité, non pas mythe passionnel (où l’autre est comme
moi, il est moi et je suis lui...).
Page 118
Le couple possible
Entre autonomie et fusion
Il
faut d’abord dire que nous avons très peu de modèles de gens qui restent
ensemble par amour, je veux dire qui restent ensemble
longtemps. Roméo et Juliette sont morts très jeunes par le suicide et du côté
de Tristan et Yseult, ce n’est guère mieux.
Le couple est
le lieu du travail de l’amour dans le sens d’une Terre qui est labourée. Cette
Terre que l’amour travaille, c’est nous, nos coeurs,
nos esprits, notre corps. Mais la première chose qu’on oublie est que l’amour
est un sentiment qui appartient au domaine du Vivant. Donc il connaît une
naissance et une mort, un parcours. On voudrait que
l’amour avec un petit « a » soit
l’amour avec un grand « A » qui dure toujours. Nous acceptons mal que nos
amours naissent et meurent. Nous perdons de vue le grand Amour qui continue
sans relâche son travail par nous et à travers nous...
La
première règle serait de dire chacun peut prendre
une pause d’une heure ou deux, d’une journée ou d’une semaine pour exercer son
autonomie. C’est difficile dans un couple ces
choses-là. Pourtant il me semble que cela devrait
être dans le contrat de base sinon il y a trop de fusion.
Le
refus de maintenir la difficile tension entre fusion et autonomie a pour
résultat que la plupart des couples ne se trouvent ni dans la fusion ni dans l’autonomie,
mais dans une sorte de statu quo qui
ne ressemble à rien. Pour avoir un couple possible on a besoin d’une
circulation d’énergie entre une intimité profonde, une fusion profonde, et une
sexualité profonde - où l’on se perd dans l’autre, où l’on s’oublie enfin - et, de l’autre côté, des moments où l’on
retrouve la maîtrise de soi, où l’on est tout seul devant ses choix, devant sa
famille, devant le monde. Il faut qu’il y ait circulation
entre ces deux pôles sinon il y a mort du couple...
Dans l’union profonde, on a peur de perdre son identité. Le
couple devient une menace profonde à l’identité personnelle. La personne avec qui je
vis, que j’aime et que je dis aimer, est aussi la personne qui me menace le
plus au niveau de mon identité personnelle, de mon « je ». Il est donc possible que ce soit aussi la personne que je haïsse
le plus au monde. Les sentiments négatifs naissent
chaque fois que je n’ai pas le courage de respecter mes besoins d’autonomie,
chaque fois que je n’ai pas le courage de dire « non » à l’autre. Le « non »
est très difficile à prononcer et à recevoir dans le couple...
Page 124
Un couple peut exister s’il n’est pas égoïstement centré sur
lui-même... Cet
amour nous aide à accepter ou à dépasser nos résistances profondes. Pour nous
aider à dire simplement oui !
« Oui
je veux aimer et manifester l’amour autour de moi, et je reconnais là l’essence
même de mon être et de mon bonheur. »
Pages 213 à 227
Etre à deux. La fête de la nouveauté.
Entretien de Nathalie Calmé
avec Arnaud DESJARDINS,
qui nous a fait découvrir
l’expérience de la sagesse au travers de films tournés en Inde, au Népal, en
Afghanistan et au Japon.
Ecrivain.
Dirige l’ashram de Hautevilles (Ardèche)
Les rapports amoureux connaissent
beaucoup de drames, de rebondissements, de ruptures qui ébranlent les deux
partenaires... Aussi, d’après vous, quelles sont les questions fondamentales à
se poser sur soi-même quand on entre dans une relation, et soulever ainsi le
voile des illusions ?
Il y a
deux aspects essentiels de cette illusion : une illusion concernant
soi-même et une illusion concernant l’autre. Avant
même que la rencontre ait lieu, on peut être mené par un certain nombre d’idées
fausses qui ne correspondent pas à la vérité et que nous projetons
sur la relation qui commence. L’idée la plus erronée est de croire que s’aimer c’est être en tout
point, tout le temps, à chaque seconde, d’accord sur chaque détail de
l’existence. Ce qu’on appelle classiquement une relation fusionnelle...
La deuxième
illusion est l’emprise de la fascination. Quand une rencontre concrète
s’accomplit, les partenaires se laissent fasciner
par un détail, que ce soit dans le physique, qui est l’aspect le plus
superficiel, le timbre de voix, le sourire, les dons
intellectuels ou artistiques. Un aspect de l’autre
les attire et ils entament trop vite une relation dans laquelle ils
investissent beaucoup, alors qu’ils ne se
connaissent pas mutuellement. Autrefois, quand on mettait assez longtemps pour
faire la cour à une femme ou quand on se fiançait avant de se marier, cela
permettait de faire certaines découvertes, avant de
s’engager complètement...
Pour
une relation durable, la première nécessité est d’admettre que l’autre est vraiment un autre. Que nous sommes deux. Que
nous sommes différents. Et c’est seulement à partir
de la reconnaissance parfaite de cette vérité que, peu à peu, une communion
profonde pourra grandir et se stabiliser. Il faut admettre que l’autre n’est
pas un alter ego. On ne saurait donc
lui demander de vouloir tout ce je veux, d’aimer tout ce que j’aime, de
critiquer tout ce que je critique et qu’il soit en face de moi comme si je me
regardais dans un miroir - quand je souris, mon reflet sourit, quand je fais la
grimace mon reflet fait la grimace. La souffrance
de ne pas se sentir compris vient tout simplement du fait que nous tentons de
nier cette différence entre l’autre et soi.
La véritable relation
n’est possible que sur la base très claire de l’incontournable réalité de la
différence...
Page
217
Certes,
je considère qu’une relation approfondie est
importante et beaucoup plus riche que la dispersion. D’autre part si un couple
met des enfants au monde, il n’est jamais heureux qu’il y ait mésentente entre les parents, puis séparation. Mais, aussi précieuse que soit la
réussite du couple, ce n est pas le plus important d’une existence. Le
plus important est que ceux qui ont une demande suffisamment sérieuse
progressent sur le chemin de leur liberté intérieure, de leur réunification, de
leur non-égoïsme et leur capacité à être un jour vraiment utiles à leur
prochain. Donc, il se peut qu’un échec amoureux, même douloureux, soit une
partie du prix à payer pour aller plus loin sur la voie de la connaissance de
soi et du détachement...
Page
220
La division de
toute la réalité en masculin et féminin est une donnée métaphysique et
naturelle. La division de l’humanité en deux sexes est un fait majeur. Tout
être humain avant d’être un homme ou une femme est d’abord être humain. L’être humain est à la fois féminin
et masculin, avec des valeurs masculines qui prédominent
chez les hommes et des valeurs féminines qui prédominent chez la femme. L’idée
qui a toujours été exprimée dans les enseignements traditionnels est que l’être
humain est appelé à devenir le plus complet possible,
que la femme trouve l’homme en elle-même, et que l’homme trouve la femme en
lui-même. Mais pour cet accomplissement, il est généralement nécessaire de
passer par la femme au-dehors et par l’homme au-dehors. Et une femme
particulière ouvre l’homme au monde de la femme et un homme particulier ouvre
la femme au monde de l’homme.
Page 221
Une
femme peut jouer pour un homme tous les rôles que les femmes peuvent jouer dans
une vie d’homme. Cette multiplicité des rôles favorise beaucoup
la fidélité dans la vie conjugale. Dans un bloc opératoire un homme est
chirurgien. Quand il joue au tennis avec un ami, il n’est plus chirurgien mais
il est tennisman. Et quand il raconte Blanche-Neige à sa petite fille, il n’est
plus chirurgien mais papa. C’est une des approches du Dharma. Notre existence
comporte différents rôles que nous pouvons jouer le mieux possible,
tout en comprenant que, parce que nous pouvons jouer tous ces rôles, nous ne
sommes fondamentalement aucun des rôles en question. Et
une vie de couple durable qui ne va pas vers une destruction ou une déception
implique que la femme joue le plus de rôles possibles pour l’homme et l’homme
le plus de rôles possibles vis-à-vis de sa femme. Et, accepter de jouer
ce jeu de rôles sans identification à aucun d’entre eux est un excellent
apprentissage vers l’érosion progressive de notre ego...
Il y a actuellement dans notre société un accroissement
du niveau intellectuel. Qui s’arrête aujourd’hui au certificat d’études ? Plus
personne !
Intellectuellement,
l’information est de plus en plus poussée tandis qu’émotionnellement c’est loin
d’être le cas. Les adultes sont trop souvent des pseudo-adultes,
émotionnellement puérils. Et avant de s’engager sur le chemin de la sagesse,
exigeons de nous-mêmes que nous devenions normalement adultes avec ce que cela
représente de solidité intérieure, de capacité à être seul, à accepter que
l’autre ne soit pas la pure réplique de nous-mêmes, à vivre dans le monde tel
qu’il est et non tel que nous voudrions qu’il soit. De même, avant de nous
engager dans une relation amoureuse posons-nous la question : qu’est-ce
que, selon moi, va être une relation de couple ? Il nous faut apprendre. Là intervient
une différence capitale entre le monde actuel et ce que nous appelons les
mondes traditionnels dont j’ai eu l’expérience pendant les quinze années de ma
vie que j’ai partagées entre l’Occident et l’Asie. J’ai vécu dans l’intimité de familles hindous encore très imprégnées du
karma, de familles bouddhistes et même de familles musulmanes, bien qu’il soit
plus difficile, dans ce contexte, de connaître les épouses de ses amis. C’est
la distinction, ô combien connue, mais qui n’en est pas moins capitale, entre être et avoir. Est-ce que j’ai une épouse ou est-ce que je suis un mari ?
Là est le mode d’emploi. Si vous voulez rater votre
couple, ayez une épouse. Si vous voulez le réussir, soyez un mari.
Pages 318 à 335
Vivre
en couple ou comment vivre ensemble en acceptant d’être différent.
Jacques SALOME
Formateur,
auteur d’ouvrages sur l’art de
communiquer et la communication relationnelle.
Page 333
Si j’avais à résumer les
quelques règles d’hygiène relationnelles qui me semblent vitales pour favoriser
au delà de la rencontre une relation dans la durée, voici ce que je
proposerais :
Règles d’or du vivre
ensemble :
Il ne suffit pas d’aimer,
d’admirer ou d’apprécier une personne, il faut aussi aimer et apprécier la relation qu’elle nous propose et sentir
qu’elle reçoit et apprécie la relation que nous lui proposons. Vivre à deux, c’est découvrir que nous sommes trois,
Elle, Lui, la Relation.
Si la relation est
maltraitée, malade ou niée, le projet du vivre ensemble tout en se respectant
soi-même est menacé.
Quelques autres règles
essentielles :
- Introduire
de la fantaisie, de l’improvisation dans la routine possible du quotidien.
- Ne jamais
se coucher en gardant un contentieux... contre l’autre. Malentendus, rancoeurs, ressentiments doivent faire l’objet d’une expression (chez celui qui les vit),
d’une écoute (chez celui qui les
reçoit).
Ne pas
confondre la mise en mots (« voici ce que j’ai vécu ») avec la mise
en cause... de l’autre.
- Se rappeler
que le plus important n’est pas la réalité mais le
réel, c’est-à-dire la façon dont j’ai perçu cette réalité-là. Cela ne
sert à rien de vouloir avoir raison sur l’autre et de se jeter des preuves à la
tête. Communiquer c’est mettre en commun des différences et non des différents ( oui, différents)
- Ne pas
s’autoriser à parler sur le ressenti ou le vécu de l’autre. Chaque ressenti
appartient à celui qui l’éprouve. Il doit être respecté surtout quand il ne
correspond pas à notre propre ressenti.
Il appartient
aussi à chacun d’inventer ses possibles, d’oser l’échange, de prendre le risque
de se dire, d’inviter l’autre à se dire et à entendre.
Le chemin que
j’espère pour ceux qui entreprennent l’ouverture périlleuse de vivre ensemble
est celui de l’échange au présent dans l’ici et maintenant de la rencontre.