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 «POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP »,trimestriel GIPHV,APF69.N°4;04.2005 Editeur :Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr  

 

COMMUNIQUER  DANS  LE  COUPLE

Amour, Handicap et Vieillissement

 

Henri CHARCOSSET, Claire CLAUDEL RIOTTE°° et Jacqueline GONNET.

°°Conseillère conjugale et familiale retraitée.

 

         Ce texte est fait de deux parties :

 

1)    Extraits du compte-rendu de la soirée que nous avions organisée le 13 avril 1994, au lieu de rencontre « Grain de ciel », Villeurbanne, maintenant dissous. Participait à cette rencontre outre les trois coauteurs ici, Paulette Thibaud, cofondatrice en 1966 de la Fédération Nationale Couple et Famille.

 

1)    Additif sur les effets du vieillissement couplé au handicap.

 

I – La communication dans le couple en général. Avril 1994.

 

         Communiquer veut dire entendre ce que l’autre veut dire. Communiquer, c’est savoir capter des messages d’amour, mais souvent des messages de détresse… maladie. Entendre, ne parle-t-on pas de mal-entendu ? Petit à petit la communication ne passe plus. Il ne passe que des messages qui détruisent l’autre, on se fait des reproches ! Est-ce cela la communication ?

         La vraie communication fait exister l’autre. On se sent reconnu, aimé pour ce qu’on est. L’échange, la communication, la vraie, fait avancer le bateau ! Même si il y a parfois un peu de tempête.

         Paul Valéry : « Le marin utilise tous les vents, même les vents contraires !… Le drame, c’est quand il n’y a pas de vent !

         Ne sommes-nous pas souvent aveuglés par l’amour ? Ne partons-nous pas sur notre idéalisation de l’autre ? L’entendons-nous vraiment ? Et au bout d’un certain temps, ses paroles ne sont-elles pas un ronron qui d’abord use, ensuite agace ? Nous avons l’impression que nous connaissons d’avance la réponse à telle ou telle question.

         Au début du mariage ou de l’union libre, on part sur un idéal, et peu à peu chacun se rend compte que l’autre ne correspond pas ou plus à celui qu’on avait choisi. Alors il y a deux solutions : ou bien on se bouche les yeux, on continue à idéaliser son conjoint, ou bien on fait un travail de deuil.

         Regarder en face la réalité, découvrir d’autres qualités et les défauts de ces qualités, et rebâtir quelque chose de positif avec ce qu’on a.

 

 

 

Prendre l’autre tel qu’il est. Chacun peut faire ces constatations par lui-même, soit seul, soit ensemble, soit avec un groupe, soit avec un conseiller conjugal.

 

         Dans les générations précédentes, on recherchait surtout la fusion dans le couple, avec l’écueil quelquefois que celui des deux qui avait le plus de personnalité éteignait l’autre.

         Or l’autre est une réalité qui a à s’exprimer, pour la bonne santé de l’entité couple. On fait ensemble une œuvre commune, tout en gardant chacun sa personnalité. Reconnaître sa compétence propre. Nécessité même que différence entre les deux, car elle est complémentaire, tel le yin et le yang.

         La fusion était réductrice en un sens ; s’enrichir l’un, l’autre, plutôt que se fondre.

         Nécessité même d’avoir un jardin secret personnel, de retour en soi pour se reconstruire après avoir donné, donné. Recoller éventuellement les morceaux. Ensuite, chacun revient avec sa construction qui est différente.

         « C’est difficile d’aimer ceux qu’on aime ; on projette sur eux ce qu’on voudrait qu’ils soient ou fassent ». Il n’y a que soi-même qu’on puisse changer. Changer le regard qu’on pose sur l’autre, déjà. Aider l’autre à se transformer, plutôt qu’essayer de le transformer. Aider l’autre à opérer sa propre évolution. « Il faut être deux pour s’aider à devenir ce qu’on est ». Changer n’est pas se contredire, c’est oser grandir, mûrir ensemble, pour évoluer ensemble.

         Pour évoluer ensemble, avoir un projet commun. Une construction à faire ensemble. Et déjà de re-construire tous les jours leur couple, de nourrir tous les jours la flambée initiale de leur « foyer », en y jetant des sarments, petites attentions d’amour de la vie journalière…

         Ca vaut de se battre pour un bien qui n’est jamais « acquis » ; que même les couples « officiels » ne se reposent pas sur une fausse sécurité. Les couples non officialisés ont un souci de plus : c’est celui que l’autre ne « foute le camp ». Mais c’est positif, en ce sens qu’ils font des efforts supplémentaires pour le garder.

 

II – Amour, Handicap, Vieillissement. Septembre. 2004.

 

         Sachons tirer notre chapeau devant des couples ayant su pendant cinq à six décennies résister à l’usure du temps. Le mérite n’en est que plus grand, là où l’un des deux a acquis en cours de route, un handicap physique voire mental irréversible. Sans doute ces couples ont-ils su pratiquer, de manière même non réfléchie, les « propositions » qui précèdent. Sans doute ont-ils su saisir que le handicap est déjà et avant tout expérience de vie. A voir comme déformante mais formatrice aussi, dès lors que l’on arrive à s’extraire de quelques considérations matérielles.

 

 

Que les fonctions de déambulation, respiration, mastication, etc. soient effectuées ou non par une voie assistée, est-ce si important en soi ?

N’importe-t-il pas de rattacher au vécu du handicap de nombreuses expériences fortes, agissant comme autant de facteurs d’individuation, voire de séduction ?

         Qu’en est-il du couple qui se forme au-delà de la cinquantaine chez la femme, avec l’un des deux ou bien les deux atteint(s) de handicap sévère. Les réflexions dans la première partie de ce texte s’appliquent tout autant. Y a-t-il des spécificités alors ? Oui et elles résultent déjà pour une part de ce qu’il n’est plus question de faire des bébés.

 

          Les personnes handicapées vieillissantes qui désireraient former un couple stable sont sans doute bien plus nombreuses qu’on ne le pense, car ce sujet souffre de beaucoup trop d’inhibition encore. Nous leur suggérons de porter attention à la série de mots clé : espoir, innovation, réalisme, recherche.

 

         Espoir. Il n’existe pas de limite d’âge ni de niveau de handicap pour (re) construire un couple.

         Innovation. Se libérer de l’idée que le couple stable impliquerait une cohabitation à temps plein. Le couple stable, ce peut être un vécu en habitat partagé, chacun gardant son chez soi, mais en le rendant si possible adapté à l’accueil de l’autre. On s’envoie des bisous au téléphone chaque matin, prend nouvelles, s’encourage. Sans compter les échanges par e-mail, et par courrier postal. Et l’on se rencontre pour partages plus intimes, chez l’un, chez l’autre.

         Réalisme. Il est aisé de comprendre que le handicap, ici moteur, renforce l’intérêt d’habiter en relative proximité l’un de l’autre. Réalisme aussi, de répéter que le bien vieillir, seul ou bien en couple, est déjà une affaire de bonne communication de soi avec soi. Il n’y a que soi-même que l’on puisse changer, avons-nous lu plus tôt. Et il ne saurait y avoir de limite d’âge ou/et de handicap pour s’y atteler. Et puis progresser dans la relation de soi avec soi n’est-il pas un solide gage de réussite pour la communication dans son couple, actuel ou à venir ?.

         Recherche. Oui comment rechercher le, la partenaire de son choix, quand on est personne handicapée vieillissante ? Déjà et avant tout ne pas sous-estimer l’intérêt des relations de voisinage, et de celui de notre tissu associatif pour les handicaps. La meilleure insertion sociale de la personne handicapée de tout âge, n’est-elle pas faite d’un panel de fréquentations combinant le milieu de la vie courante et celui du handicap ?. Nos associations déclarées et autres groupes informels sont riches de possibles rencontres femme-homme, l’un des deux ou bien les deux, handicapé(s). Sachons y faire vivre cette potentialité, sans auto-inhibition non fondée.

 

E-MAIL : charcohe@club-internet.fr