HANDICAP
ET SOCIETE. POUR AVANCER, VALIDITE ET HANDICAP MOTEUR SONT INVERSES DANS
ZANDILAND. TEMOIGNAGES. THEORIE
Jean-Marie GROS, jm-gros@orange.fr ,
en lien avec
Wattpad à CLIC de
SORG mj (pseudonyme)
Et
Henri CHARCOSSET, henri.charcosset@neuf.fr
Animateur de ce site ANTI solitude, tout âge, toutes
causes, CLIC, Assidu
des forums Santé de Doctissimo. Com (Pseudonyme Henri69)
L’un et l’autre,
nous sommes ouverts à des contacts par mail. Publier sur le site est
possible (Voir HC),
Pour concevoir
des dessins illustrant les témoignages (Voir J-M G)
Résumé de l’article,
Tout Public, et pour Milieu de la Recherche, CLIC
Le 25 Juin 2017
BIOGRAPHIE
(JM-G) CLIC-
VIE REELLE ET VIE IMAGINAIRE, CLIC-
LE WEBMESTRE SES REMARQUES, CLIC-
GLOSSAIRE, CLIC -
-
TEMOIGNAGES, CLIC :
-
1/Zapata ;
2/
Indifférence ; 3
/Entretien d’Embauche ; 4 /1Visite
d’accessibilité ; 5
/ Coup de gueule ; 6 /Viré de la
banque ;
-
-
7 /Guerre
aux faux macarons ; 8 / MPNF croit aux miracles ;
9 /Raisons de sécurité ; 10 / Mr Zentour ; 11 /Le pied ;
-
-
12 /les
trottoirs( en attente) ; 13 /
« Zézette en ral’ bol « (en attente)
ELEMENTS DE THEORIE CLIC
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l’article
-
BIOGRAPHIE ( J-M G)
Elle découle de la série d’articles publiés par J-M
Gros sur ce site, depuis 2004 , avec
en particulier ses deux contributions dites «Né pour devenir
paralysé, mais en existant » :
Gros Jean-Marie(2004 ;
Revisité en 2011), Expérience totalement autonome de verticalisation au
domicile
Gros Jean-Marie(2005),
Mon expérience du handicap : sa composante humour
Gros Jean-Marie (2011), Né pour devenir
paralysé, mais en existant. I. De ma naissance à ma mise en invalidité, à
47 ans, en 1995. Témoignage
Gros
Jean-Marie (2012), Né pour
devenir paralysé, mais en existant. II.
Mon engagement associatif depuis mes
47 ans en 1995, jusqu’en 2010.
Témoignage
Gros
Jean-Marie (2012), Le zandiland : de l’humour et handicap, ou bien
plus encore ?
Gros Jean-Marie (2013), Illustrations du Zandiland avec sa minorité de Personnes Non en Fauteuil roulant PNF
Gros Jean-Marie ( 2014), Pour un projet
de bande dessinée « Zandiland », cherche
dessinateur BD
Gros Jean-Marie
(2016), Positiver le handicap en vue de contrer la
dérive de notre société. Article témoignage
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VIE REELLE ET VIE IMAGINAIRE
Dans la vie réelle J-M Gros est une personne en
fauteuil roulant, PF. Comme en témoigne sa photo prise devant le portail
d’accès à son immeuble, en 2015. Son cheminement pour obtenir l’adaptation de
ce portail, a été pour lui un véritable combat, tant l’environnement des
personnes dites valides, PNF, s’est montré peu coopérant. Ce cheminement est
décrit précisément dans son article de 2016, CLIC
J-
Dans ses
rêves, J-M Gros se transporte à Zandiland, pays pleinement adapté aux Personnes
en Fauteuil roulant.
Pour illustrer ce point essentiel, l’image
suivante peut servir d’exemple :
On est en milieu à faible hauteur des plafonds.
Le soignant, personne en fauteuil PF
, ostéopathe, reçoit dans son cabinet un patient PNF. Ce dernier se plaint de son dos, devant constamment se déplacer en
étant courbé.
L’homme de l’art lui propose un
« torsadage » du dos. On ne connaitra pas le résultat de cette
manipulation délicate.
J-M Gros se situe comme "marchant", en
situation de handicap dans ce pays imaginaire où les rôles sont inversés, entre
personnes dîtes valides et personnes dîtes handicapées. La normalité, pourvu
qu’elle existât, a changé de camp.
Ce concept de Zandiland, évoqué ici depuis son article
de 2012, CLIC, J-M Gros l’a introduit dans différents contextes, à voir
depuis Google, CLIC .
Récemment, il a trouvé un intérêt particulier à la plateforme
de libre accès Wattpad de Wikipedia, décrite à CLIC.
La contribution de J-M Gros sous le pseudonyme de SORG mj, s’y
trouve à :
https://www.wattpad.com/story/85029208-z-a-n-d-i-l-a-n-d
Zandiland se présente ici comme un recueil de témoignages et de faits
divers parfois plus vrais que nature. Quelques situations sont
décrites, qui devraient aider à faire prendre conscience aux zandis, de
nos difficultés à vivre, une fois placés dans un monde fait par et donc pour
les "roulant".
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l’article
LE WEBMESTRE,
SES REMARQUES
J’ai plaisir à avoir été photographié avec J-M Gros en mai 2017. Je jalouse
un peu son moyen de locomotion, véritable tank à 6 roues, comparé à mon
scooter.
Devrais-je lui envier aussi son « ardeur combattante » quand il
s’agit de faire front aux diverses misères de la vie courante, à l’encontre
desquelles l’environnement « marchant » brille souvent par une
certaine indifférence ?
Pour s’en sortir, il est bon d’avoir en tête à quel point
l’ « être marchant » est peu à l’aise en face à face avec la
personne en fauteuil. C’est donc pour
nous déjà une question de savoir se situer, pour gérer les situations
difficiles.
A l’être marchant qui me dit « Vous ne
marchez pas ; et vous habitez seul, votre vie ne doit pas être
drôle ! » je réponds : « Non merci, je n’ai pas à me
plaindre ».
Et de rajouter « Et chez vous tout va
bien ? »
Tout de suite, on le
voit déstabilisé, vu qu’il n’existe personne chez qui tout à la fois va
bien !
J-M Gros à sa manière, fait preuve de compréhension, voire de compassion, à
l’égard de l’homme marchant. En le pensant capable de comprendre que nous
soyons souvent en proie à de sérieuses difficultés de vie pratique.
Je pense dans cette
même direction, en essayant d’influer sur la mise en théorie du handicap.
Voir le paragraphe de
cet article : Eléments de théorie CLIC
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l’article
GLOSSAIRE DE ZANDILAND
A.P.N.F. : Amicale
des PNF
Banque drive : agence où on
peut effectuer des opérations bancaires sans quitter son véhicule.
CANAL 110 : radio la plus écoutée par
les Zandis.
Coup du zapin : choc au niveau de la vertèbre
cervicale V1 à la suite duquel les zandis se
retrouvent « debout » et marchent.Quelle horreur !
Fondation « P. Hénèf » : informe et conseille les PNF sur
leurs droits en les aidant ou en les assistant éventuellement en cas de
conflit.
(fauteuil) gyropode : fauteuil
mono roue très maniable muni d'une grosse roue sphérique sur laquelle le zandi semble
assis. Le gyropode pluzz étant le très haut de gamme.
« jyvais.zan » : association qui répertorie les endroits
accessibles aux PNF et fournit des renseignements utiles sur
chaque destination (plafonds hauts, guichets surélevés dans les
administrations, hôtels à lits rehaussés, location de véhicules équipés de
sièges et de volant, transports publics aménagés avec plateforme extérieure,
salles de spectacles à plafond escamotable...)
En mode « Kangourou » :
certains fauteuils possèdent cette fonction. Ils détectent les obstacles et
peuvent les sauter aisément.
M.P.N.F. : la Maison
des Personnes Non en Fauteuil est un guichet
unique créé spécialement pour les PNF afin de les accueillir,
informer, orienter et accompagner dans toutes leurs démarches.
PéNinFo : radio la plus écoutée par
les PNF.
PigNouF mag : magazine des
personnes en situation de handicap.
Piste roulable : équivalent de nos pistes
cyclables, mais à l'usage des fauteuils. Par contre, elles ne se situent pas
côté route mais le long des façades. Les trottoirs, eux, se trouvent côté
circulation, coincés entre la route et la piste.
Plafond escamotable : plafond qui se relève sur les
côtés et permet aux « debout » de se déplier complètement.
P.N.F. : Personne Non
en Fauteuil (2 à 3 % de la population) de Zandiland. Dans le
langage courant, on les appelle les « debout » ou les «marchant». Mr PéNèF et son ami PoNponF en
sont des illustres représentants.
Skizassis : sport de glisse pour zandis.
Toяsadeur : appareil de rééducation dont le
but est de re-torsader la colonne (désaligner la vertèbre V1)
du zandi ayant subit le coup du zapin.
« Vas te faire re-vertébrer ! » : Juron favori des PNF à
l'encontre des zandis.
(Mal)-vertébrés : les zandis sont
en fauteuils car contrairement aux PNF, la vertèbre V1 n'est
pas alignée avec les autres et pince leur moelle épinière. Les PNF les
qualifient vulgairement de mal-vertébrés.
Wheeling : pendant leurs loisirs les zandis font
du wheeling tandis que les jeunes PNF s'adonnent
au footing.
Zandi : personne valide (98 % de la
population) bien qu'elle soit en fauteuil roulant. Egalement appelée «
roulant » ou PF (personne en fauteuil).
Zandi-bar : bar à plafond bas*. Idem pour
la zandi-banque...
Zandigêne : « zandi sans gêne ». Zandi
auteur d'incivilités. Eh oui, la nature des hommes ne change, certains PF
n'en ont rien à secouer !
Zandi- plafond, zandi- porte, zandi-
fenêtre...
plafond dont la hauteur standard de 1 mètre 55 est considérée comme normale à
Zandiland. La dimension des portes et des fenêtres est déterminée par la
hauteur du plafond (les autres normes sont disponibles sur le site officiel
du ZEB*).
Zandi-ascenseur : petits ascenseurs dans lesquels
les PNF sont obligés de s'accroupir lorsqu'ils sont autorisés à monter. Sinon
ils doivent emprunter les escaliers. Hélas ils sont souvent en travaux pour
remise aux normes.
Zandi-voitures : voitures normalement basses
équipées pour la conduite en fauteuil. Dès leur sortie d'usine, elles sont
dotées d'une boîte automatique et sont dépourvues de sièges, de banquette
arrière et de volant puisque le mécanisme de direction de ce véhicule est directement
couplé avec la manette joykiss du fauteuil.
Zandilandiser ou mettre à la sauce
zandilandaise :
transposer une situation de la vraie vie en respectant les contraintes de
Zandiland. Dans ce pays la population est en fauteuil sauf une infime minorité
de personnes « debout ».
Zapinothérapie : épreuve du toᴙsadeur puis traitement
intensif des conséquences invalidantes du coup du zapin dans
l'espoir de remettre en place la vertèbre V1.
ZEB : toile de zandiland. Les adresses
sont du type : ZZZ... ...... ...... .zan
Zef : vent, souffle.
Zipère : hypermarché Zandilandais.
118 (le zandi 8) : N° d'appel des zandi- pompiers.
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TEMOIGNAGES
Dans la vraie vie je suis en
fauteuil roulant et dans mes rêves je me transporte à Zandiland, pays pleinement
adapté aux Personnes en Fauteuil roulant.
Par
contre pour les besoins de cette publication, je me situerai comme
"marchant", et donc également en situation de handicap dans ce pays
imaginaire où les rôles sont inversés entre les personnes dîtes valides et les
personnes dîtes handicapées. La normalité, pourvu qu’elle existât, a changée de
camps. Je me mets à la disposition de mes amis handicapés, en fauteuil comme
moi, pour dénoncer les discriminations dont nous pensons être victimes.
Le décor
étant planté, passons aux témoignages dont vous découvrirez l’intégralité sur
la plateforme WATTPAD (pseudonyme SORG69)
1.Avenue Zapata
/ Mots avec un astérisque à Glossaire /
Cette illustration rend compte d’une altercation sur la
piste roulable*
Un dessin plutôt qu'un long discours – décodage :
Un handicapé PNF* « a osé », diront les
zandis*, emprunter le cheminement réservé aux « roulant ». Le dessin
représente une altercation entre lui et des personnes normales en
fauteuil.
Le décor étant planté, passons aux témoignages dont
vous découvrirez l’intégralité sur WATTPAD, plateforme interactive sur laquelle
une discussion est possible via les commentaires - pseudo SORGmj – œuvre :
ZANDILAND -
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de page de l’article
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2 . L’indifférence /
Mots avec un astérisque à Glossaire /
Un exemple navrant de
l’absence de considération envers les personnes marchantes a eu lieu le mardi
27 juin matin, vers 9 h 30. Témoignage qui illustre la devise de
Zandiland : « je roule pour moi ».
Monsieur PéNèF*, personne
non en fauteuil (comme son nom l’indique), sexagénaire obligé de se déplacer en
marchant avait l’habitude de franchir un passage à niveau pour aller se rendre
à l’abri bus du transport adapté qui se situait de l’autre côté.
Or, ce matin-là, l’homme
a vécu une grosse frayeur : son pied s’est coincé dans un rail du passage
à niveau. Il n’arrivait plus ni à avancer ni à reculer et malgré une dizaine de
minutes d’efforts, il n’a pas pu se dégager alors que les barrières se baissaient.
Bloqué en plein milieu de la voie ferrée, le
malheureux s’est alors jeté brusquement à terre en un ultime geste désespéré.
Ce qui lui a permis d’extraire son pied
de la chaussure demeurée coincée et il a rampé jusqu’aux abords. Il était
temps. Le train n’a pas pu s’arrêter et a percuté son bagage abandonné sur
place qui a explosé à cinquante mètres du point d’impact. Par chance, le
malheureux s’en est sorti avec quelques égratignures.
Ce matin là, il n’y avait
pas beaucoup de circulation, cependant Monsieur PéNèF a témoigné : « Mon pied droit était bloqué
entre les rails, j’ai appelé à l’aide mais personne n’est venu. L’abri bus
était hors de vue et ils ne pouvaient pas m’entendre non plus » mais il a évoqué une zandi voiture* et
un groupe de personnes en fauteuil qui sont passées avant que les barrières ne se
ferment, sans faire le moindre geste pour l’aider : « Je les ai appelés pour venir
me sauver, ils ne se sont pas arrêtés malgré mes appels au secours».
«Sorti indemne de la mésaventure, l’homme n’a porté plainte ni pour le sac, ni pour la
chaussure, l’incident ne fait actuellement l’objet d’aucune enquête ni d’aucune
autre procédure » nous
disent les autorités.
Alors, Monsieur PéNèF aurait-il été victime de l’indifférence ou
pas ?
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3. Entretien d’embauche / Mots avec un
astérisque à Glossaire /
Zinézine est au chômage. Il cherche ardemment,
téléphone et mails à tout va, envoie des CV, scrute le zeb*, se rend aux
salons, répond aux annonces, et pourtant malgré tout l'acharnement qu'il
déploie, rien ne se concrétise.
C'est que Zinézine n'est pas « comme tout le monde »,
il appartient à ce 'club' très fermé des « marchants ». Chez eux le taux de
chômage bat le record toutes catégories confondues. Il l'a bien compris. Alors,
afin que son CV ne soit pas poubélisé immédiatement, il a décidé d'oublier
dorénavant de mentionner son handicap. Probablement à cause de cette omission,
avant-hier, pour la première fois, il a décroché un entretien.
La société pour laquelle il a postulé est implantée
dans une Zone d'Activité Économique construite récemment. D’après ce qui lui
est rapporté téléphoniquement, le site devrait être accessible aux « marchants
» et cela rassure Zinézine car il n'a pas le temps, comme à son habitude,
d'effectuer un repérage des lieux avant le jour fatidique. Ce site est très
éloigné du centre-ville. Il réserve un transport adapté et s'y rend, avec tout
de même un peu d'appréhension. Dans cette ZAE à l'architecture improbable,
toutes les infrastructures et bâtiments semblent être aménagés pour PNF*. Un
fléchage bien visible jalonne le cheminement à emprunter et le sigle d'accessibilité
est placé en évidence à leur hauteur.
Il entre dans les locaux de la société, méfiant, car
si l'extérieur du bâtiment donne l'apparence d'un accès aisé, il arrive que
seuls les rez-de-chaussée disposent d'un haut plafond. Il s'approche de la porte
et dès qu'elle s'ouvre, il réalise que ses craintes sont fondées. Immédiatement
son regard cherche l'endroit où est dissimulée la cage d'escaliers. Elle est
là, sur sa gauche, cachée derrière un grand panneau publicitaire.
Il aperçoit également l'arrière du fauteuil gyropode*
d'un vigile. Son cœur s'accélère. Après une longue inspiration, il profite de
l'inattention de celui ci, ignore le petit ascenseur, réussit à se glisser sans
bruit derrière le panneau et se faufile tant bien que mal dans les escaliers
pour rejoindre le troisième niveau où l'entretien doit se dérouler. L'escalier
est en colimaçon, brut de béton, avec des marches étroites et n'est pas pourvu
de rampes. Des petits gravats de ciment et de gravillons, vestiges de la
construction du bâtiment, parsèment certaines marches lui rappelant que cet
escalier n’est jamais emprunté. Péniblement il arrive au niveau trois. Une
porte le sépare encore du palier. Avant de l'actionner, il reprend son
souffle, s'éponge le front et la pousse. Elle est lourde et il doit s'aider de
l'épaule. Il s'introduit dans un large couloir aux murs beiges et aux
soubassements marron. À partir de là, les plafonds sont bas. La première étape
s’est déroulée avec succès. C'est maintenant que les difficultés vont
commencer.
N'importe quel autre candidat angoisserait pour
l'entretien à venir. Mais Zinézine, lui, n'aspire qu'à un unique objectif :
pouvoir rejoindre le bureau du DRH sans encombre.
Seul résonne le bruit de ses grosses chaussures. Afin
que ses cheveux touchent le plafond le moins possible, il doit rentrer la tête
dans les épaules. Zinézine est adepte de l'auto dérision et pense en se moquant
de lui-même : c'est le prix à payer lorsqu'on ne mentionne pas sa
particularité. Pourvu qu'il soit récompensé de son mensonge par omission
espère-t-il.
En effet, si la case du formulaire n'est pas cochée,
le zandi recruteur chargé d'éplucher les CV des candidats suppose que le
postulant est comme lui, en fauteuil roulant. Quelques gouttes de transpiration
perlent sur son front. Mais là, elles ne sont pas dues à l'effort. Il s'essuie
avec l'avant bras, souffle un peu et avec les doigts remet rapidement de
l'ordre dans ses cheveux. La vision d'une plaque et du bouton d'appel fixés à
hauteur de la poignée de porte lui redonnent confiance. L'inscription «
direction des relations humaines » remotive Zinézine. Ce n'est plus le moment
de baisser les bras. Il sonne.
Une secrétaire roule jusqu'à lui en silence, relève la
tête et avec de grands yeux ronds, le dévisage, étonnée de sa présence incongrue
en ces lieux. Elle vérifie son nom. Zinézine. C'est bien lui. Bien que
persuadée d'une erreur, elle dissimule son embarras par un joli sourire et lui
indique une porte coulissante déjà entrouverte…
Zinézine entre en se voûtant encore un peu plus pour
passer sous le chambranle de la porte. Bonjour. Pas de réponse. Il toussote. Le
zandi-boss assis derrière un bureau a le nez plongé dans ses papiers. En fait
il clôture le dossier du candidat précédent puis toujours sans relever la tête,
s'excuse du désordre de la pièce, signale qu'ils sont en plein déménagement et
l'invite à garer son fauteuil devant le bureau où une petite place a été faite
parmi les cartons qui jonchent le sol. Le ton laisse supposer qu'il répète
cette entrée en matière bien rodée auprès de chaque postulant.
Mais Zinezine n'est pas en fauteuil ! Il ne peut
décemment pas s'asseoir sur un carton ! Les bras ballant il ouvre la bouche :
- Hum, c'est que...
Le boss relève la tête et le regarde enfin. Médusé et
l'air faussement gêné il dit :
- Ha, eh bien, heu... prenez une chaise !
Il lui proposait cela pour se donner une contenance,
mais savait pertinemment qu'il n'y avait aucun siège dans l'établissement.
D'ailleurs, pourquoi y en aurait t'il eu puisqu'ici chacun vient avec son
fauteuil perso ! Zinézine le savait et assura qu'il pouvait rester debout le
temps de l'entretien. Arque bouté aurait-il dû préciser, mais il ne voulait pas
froisser son possible futur employeur.
- J'ai l'habitude, cela ne me dérange pas. Assura-t'il
en grimaçant alors qu'il portait la main sur ses reins endoloris.
L'entretien commença de manière atypique. Au lieu
d'évoquer le niveau d'études, les compétences ou l'expérience de Zinézine,
l'aspect handicap fut directement abordé, ainsi que sa situation de famille.
- Vous êtes marié Monsieur...? Des enfants peut-être ?
- Oui, une femme, deux enfants, tous PNF* de
naissance, cru t'il bon d'ajouter.
Zinézine se retint pour ne pas ajouter qu'il assumait
pleinement le fait que son épouse et ses enfants étaient PNF et qu'il en était
fier. Il se maîtrisa aussi pour ne pas hurler qu'il cherchait du boulot depuis
huit mois et qu'il avait une famille à nourrir.
Son interlocuteur esquissa une mimique d'admiration
puis, balayant la pièce du regard, dit :
- Vous avez vu les locaux. Rien n'est adapté ici. Vous
savez, nous sommes une petite entreprise et on ne peut pas se permettre de
faire dans le social.
- Ho, je ne dis pas ça pour vous !
S’empressa-t-il d'ajouter avec un accent de compassion.
- L'aménagement d'un poste de travail a un coût.
Rendre les locaux accessibles aussi. Comprenez-moi, votre handicap est trop
lourd. Une PF* normale avec une phalange atrophiée, ça va, surtout si c’est à
la main gauche, mais là... Je vais être honnête avec vous : si sur votre CV,
votre état de PNF avait été mentionné, nous ne vous aurions sans doute pas
convoqué.
Il chercha à se justifier et la main devant la bouche,
précisa d'une voix presque inaudible :
- Vous comprenez, les budgets sont déjà contraints et
puis aucune loi ne nous oblige. Lorsque le quota d'employés handicapés n'est
pas atteint, alors on préfère encore payer les pénalités prévues à cet effet.
Çà revient moins cher à l’entreprise.
Petit sourire mesquin. Redevenant sérieux subitement,
il ajouta:
- J'en suis vraiment désolé, vous m'êtes sympathique,
mais je n'ai pas de poste à vous proposer.
Mais dites-moi, comment avez-vous fait pour monter
jusqu'ici ?
Sans attendre la réponse de Zinézine, et alors qu'il
replongeait le nez dans ses dossiers, le DRH ajouta en haussant la voix :
- Au revoir Monsieur Zinézine et bon courage ! ».
Zinézine, sortit du bureau puis, la tête encore un peu
plus engoncée dans les épaules, traînant les pieds, il se dirigea vers les
escaliers.
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4. La visite d’accessibilité /
Mots avec un astérisque à Glossaire /
Préambule de Monsieur Zouk, chroniqueur au PigNouF Mag*.
Il
me semble intéressant de vous relater les péripéties vécues par un de nos
lecteurs. Ce témoignage est symptomatique de notre monde et entre tout à fait
dans le cadre du recueil.
Les
visites d'accessibilité sont devenues obligatoire à Zandiland. En principe leur
but est de détecter en amont des futurs chantiers, les éventuelles anomalies et
de faire respecter les normes en vigueur. Les représentants d'associations,
quelques zélus, techniciens de la métro, policiers du district... y sont
conviés à titre consultatif. Tous des Zandis*, donc des PF* et un ou deux « marchant ».
Cette décision semble être une réelle avancée pour notre cause. Voyons comment
cela se passe concrètement. Zik, notre consultant musique, a assisté
bénévolement à l'une d'elles. Il était le seul PNF* de la commission.
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La
visite d’accessibilité
L'horaire est
invariablement fixé à 9h le matin, en plein centre-ville. Comme vous le savez,
nous sommes lents. Surtout si nous ne faisons pas partie des rares privilégiés
à occuper un logement adapté à plafond haut. Le lever, la toilette,
l'habillage, la préparation du petit déjeuner. Ces activités sont chronophages
et nous demandent beaucoup d'efforts. Sortir la voiture, le trajet... puis
notre emplacement de stationnement occupé par un Zandigêne* qui n'en a que pour
cinq petites minutes comme d’habitude. Ce matin afin d'être ponctuel au
rendez-vous, mon réveil a sonné un peu avant six heures. Bien qu'arrivant en
retard je suis déjà exténué.
Déjà arrivés, les Zandis*
m'attendent. Ils sont frais et dispo et plaisantent devant le robot à café. Par
d'imperceptibles mimiques ils savent me montrer aimablement leur impatience. Le
groupe m'ignore à part quelques-uns et repart illico pour rejoindre le lieu à
contrôler. Aujourd'hui il s'agit d'une future salle de concert.
En plein travaux, le chemin
est escarpé et encombré de matériel de chantier que je suis le seul à devoir
enjamber. Mais c'est normal, ne nous plaignons pas, c'est nous qui avons
demandé instamment à participer à ces visites. Ne sommes-nous pas les premiers
concernés ?
Les meneurs auto déclarés
de la commission sont déjà devant le bâtiment en construction. Bien sûr, eux
avec leurs fauteuils qu’ils ont mis en mode «Kangourou »* pour l'occasion, ils
peuvent passer partout et sautent tous les obstacles. Je les vois parlementer
au loin, inspecter les abords puis pénétrer dans la salle. Moi j'arrive tout
juste lorsqu'ils en ressortent. La visite est terminée. Impossible de savoir si
la mise en place d'un plafond escamotable* a été prévue conformément à la
nouvelle loi.
Dans ces conditions comment
voulez-vous que nous donnions notre avis.
ZIK analyste programmeur à
la préretraite. Bénévole associatif.
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5. Quelques coups de gueule / Mots avec un astérisque à Glossaire /
Je relaye le témoignage d'une maman
préférant rester anonyme. Elle ne trouve pas de lycée adapté pour sa fille
devenue grande. Problème récurant: les plafonds sont trop bas, les ascenseurs
bien trop petits et les escaliers extérieurs en chantier pour mise aux normes.
Bien sûr il existe la solution des cours à domicile par correspondance, mais
cette alternative ne convient pas aux parents. Ils persévèrent dans la
recherche d'un établissement pouvant accueillir leur fille unique dans de
bonnes conditions. Celui de leur district est complet durant les cinq
prochaines années. Ils inscrivent leur enfant sur des listes d'attente de
structures plus éloignées, parfois à l’étranger comme cela leur a été
conseillé. La veille de la rentrée ils apprennent que leur fille est admise
dans l'un d'eux. Il est évidemment loin de leur domicile et non doté de
transports adaptés. Leur fille sera en pension et ne reviendra que le week end.
Ca ne lui plait pas, à sa Maman non plus, mais tant pis ils n'ont pas le choix.
Cette solution contrainte engendre des frais. Le Papa a des horaires variables,
peu de temps libre et utilise tous les jours l'unique véhicule de la famille.
La seule possibilité réside à louer les services d'un véhicule adapté avec
chauffeur pour faire le trajet domicile, école, deux fois par semaine. Le
ménage, bien que modeste a des revenus jugés «confortables » et ne peut
prétendre à aucune aide. Ils feront le sacrifice.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Je me suis inscrite sur votre chronique
de témoignages car j'en ai assez de jouer un rôle aux yeux de tous, d'être la
personne forte, qui est toujours de bonne humeur, qui fait rire et par le fait
a beaucoup d'humour, de peser le pour et le contre de toutes les situations, de
relativiser, de se faire gruger en faisant mine de ne pas s'en apercevoir et
d'être le réceptacle des petits malheurs d'autrui.
Ici, je peux enfin exprimer ce que je
ressens sans faux semblants, sans faire preuve de diplomatie et aller dans le
sens du zef dominant.
J'ai de l'humour oui, mais je veux pour
une fois, m'exprimer avec mon cœur et non avec ma tête. Lorsqu'on est dépendant
des autres, vous comprendrez qu'il n'est pas possible de dire tout ce que l'on
pense.
Alors je dis que dans ce bas monde, et
zandiland l’est, les gens sont méchants, indifférents, égoïstes, bêtes,
hypocrites, cruels, faux jetons...
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Mon expérience d'ancien étudiant m'amène
à vous faire la remarque suivante. Ce recueil risque de devenir au fil des
pages un genre de défouloir à charge. Ayant observé le comportement de certains
autres handicapés, des « debouts » comme moi, je crains que
l'objectif de sensibilisation des PF dérive rapidement vers une impression de
PNF profiteur. Votre recueil deviendrait à cet égard contre -productif. A
l'époque, dans mon campus, les PF étaient à notre écoute et toujours prêts a
nous aider. Les défaillances techniques se trouvaient amplement compensées par
une aide humaine spontanée et dénuée de tout arrière pensée. Je crains que les
réactions fussent différentes envers les élèves reçus au concours d'entrée
grâce aux quotas. Et c'est normal ! Attention, le principe de la discrimination
positive est une démarche à double tranchant.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
La semaine dernière, un jeune citoyen
PNF a été percuté par un train à Zandiland-station. Un matin en allant
travailler, j'ai moi-même failli être victime d'un tel accident qui grâce à
Zeus ne s'est soldé que par une grosse frayeur. Ce drame met en évidence le non
respect de la loi de l'accessibilité pour tous. Et qui plus est, dans un lieu
public ! Ils sont censés être exemplaires, et pourtant... Oui,
l'inaccessibilité peut parfois tuer. En tous les cas elle nous épuise.
Certes, il est interdit de traverser les
voies debout en marchant. Mais lorsque les passages sous terrains sont bas,
seuls les fauteuils peuvent les emprunter, et nous, comment devons nous faire?
Ramper ? Des moyens de substitution sont proposés nous rétorque t'on. C'est
vrai. Mais nous sommes lassés de devoir sans cesse faire appel à des services
spécifiques et d'organiser le moindre déplacement en fonction de
l'accessibilité ou non des endroits, des itinéraires et des transports. Nous
voulons vivre comme tout le monde.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
À bord du ZGV numéro 110L, il voyageait confiant car il avait pris soin
de réserver via le numéro d'assistance spécialement mis en place pour nous. Le
service ACCEDEZ++.
-
C’est
un peu plus cher, mais on voyage en toute tranquillité sans le stress du
débarquement. Arrivé à destination, un « gilet zone » prévenu de
notre arrivée nous attend sur le quai et nous aide à nous extraire.
Mais surprise, PERSONNE à l'arrivée !!!!
Il réussit tant bien que mal à s'extirper du train grâce à l'aide de zandi
voyageurs et de son père ( 82 ans ). Sinon il repartait et Zeus seul sait où il
allait se retrouver…
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°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
6. Virés de la banque / Mots avec un astérisque à Glossaire /
1er témoignage :
Une agence de la Zandibanque* a clôturé les
comptes d’un père et de son fils, tous deux PNF de naissance. Motif, le
comportement de son garçon, PNF et malade mental léger, dans les locaux de
l’agence, a été jugé par le zandi banquier, « inconvenant et dérangeant ».
Cela fait trente ans que Zoïc et son fils ont chacun
ouvert un compte dans cette banque. Ancien technicien de surface ayant
travaillé toute sa vie à mi-temps thérapeutique, il n’est autorisé ni au
chéquier, ni à la carte zen, et n’a pas d’autres choix que d’effectuer des retraits
zest en liquide à l’unique guichet encore existant. Tous les mardis matin
accompagné de son fils, ils s’y rendent en transport adapté.
Au guichet, le retraité voit son fils s’agiter
anormalement. Il a une envie impérieuse d’uriner et commence à ouvrir son
pantalon. Le père réagit rapidement, gronde son fils et le raisonne. Il se
calme. Quelques instants plus tard, le jeune homme se rend dans un bureau privé
derrière le comptoir et essaie une nouvelle fois de baisser son pantalon. Son
Papa Zoïc le réprimande encore et parvient facilement à le ramener à la raison.
Une semaine plus tard, sans préavis, le retraité
reçoit une lettre recommandée, provenant de la Zandi-banque. Un courrier
laconique informe le père et le fils que leurs comptes vont être clôturés. Ils
ont deux mois pour s’organiser et trouver une solution. Le Papa contacte
l’agence. Les employés ne lui répondent pas car ils ne connaissent pas le
dossier disent-ils. Zoïc est époustouflé d’apprendre qu’il fait l’objet d’un
dossier et commence à se poser des questions.
« Seul le responsable le connait, mais il est en
clientèle ». Bref, c’est sans appel.
« Entreprendre les démarches pour trouver un
autre établissement est au-dessus de mes forces ! Comment allons-nous faire ?
» S’inquiète le brave retraité.
« Virés de la banque, c’est être virés de la société.
Avec mon fils, on se sent déjà à la marge et on sait nous le
faire remarquer. »
« Pourquoi cette nouvelle injustice ? Je vois
bien qu’on dérange, qu’on fait désordre. Ce banal incident ne serait-il pas un prétexte
? Le banquier aurait-il réagi de façon identique avec un autre client ? »
« C’est la première fois que mon fils a un
comportement déplacé. Aucun geste obscène n’a jamais été ébauché »
Zoïc
s'interroge: « Dois-je le laisser seul à la maison lorsque je sors ? »
Un avocat est saisi pour discrimination envers une
personne vulnérable.
Le Zandi-banquier affirme :
« Cet attentat à la pudeur a traumatisé une zandi
collègue. Nos clients se sont plains également ».
Attentat à la pudeur est un bien grand mot et ne
reflète pas la réalité. Le père conteste et porte plainte. Pour en avoir le
cœur net, son avocat demande le visionnage de la vidéo surveillance.
Manifestement il n’y a pas eu d’attentat à la pudeur.
Devant l’ampleur médiatique pris par l’évènement, le
responsable de l’agence reconnaît :
« Nous sommes allé un peu vite. On va reprendre
la négociation pour que cette famille maintienne ses comptes chez nous ».
« Quelles
négociations ? » S’enquiert l’avocat, vu qu’elles ont été inexistantes !
Épilogue : en guise d’excuse, une somme symbolique qui
se veut réparatrice morale est versée sur chaque compte en banque et
l’établissement accueille à nouveau Zoïc et à son fils.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
2ème
témoignage :
En ce
début d'après midi un PNF afin d'ouvrir un compte, se présente à l'agence d'une
zandibanque, établissement qui se prétend "banque solidaire, de l'économie
sociale", et travaille en relation avec les partenaires de l'APNF*.
Cette
personne âgée n'a qu'un usage limité de ses mains et pour se déplacer s'aide
d'un déambulateur. Le fait de devoir se recroqueviller sous un plafond normal
entrave sa gestuelle. Aucun guichet n'est à sa hauteur, ce qui ne lui facilite
pas la tâche, et il doit signer des documents pour ouvrir un compte dans
l'agence. Il est maladroit, c'est une épreuve pour lui. Derrière, la file
s'allonge, il entend les roues des fauteuils couiner, et devant lui le
zandi-conseiller tapote des doigts pour montrer son impatience.
Dans
d'autres circonstances il y arriverait, mais là, énervé il a demandé l'aide du
jeune zandi-banquier. Il a même dû récidiver sa requête plusieurs fois comme il
le raconte dans une lettre adressée à l'établissement bancaire.
Le
temps passe et il oublie cet évènement anecdotique. Jusqu'au jour où il apprend
par les médias que le jeune conseiller clientèle a été licencié. Son zandi-boss
et la direction du groupe de la zandibanque ont estimés qu'il s'était notamment
rendu coupable "d'un véritable manquement à la réglementation".
Notre
client ne comprend pas et s'offusque : « En aucun cas cet employé ne peut être
accusé d'abus de faiblesse ni d'escroquerie puisque c'est MOI qui lui ai
demandé ce service » Et j'ai dû insister. Les zandi-clients placés derrière moi
dans la file ont été témoins de la scène. Ils peuvent en apporter la preuve et
il ajoute : « il est FACILE de les retrouver ». Viré pour avoir aidé un handicapé ! Ils
roulent vraiment sur la tête.
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7. La guerre contre les
faux macarons est déclarée / Mots avec un astérisque à Glossaire /
Les policiers de Zandiland
ont interpelé hier matin un homme de 51 ans dans une banque-drive réservée aux
PNF* s'apprêtant à braquer l'établissement. Ce Zandi reconnait avoir présenté
une carte d'invalidité falsifiée qu'il avait téléchargée sur le ZEB*.
De plus en plus de
fraudeurs utilisent de fausses cartes d'invalidité.
Un trafic dénoncé par la
fondation P. Hénèf* et par l'APNF*.
Extrait
PigNouF mag N° 2017
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8 - La MPNF*
croit aux miracles /
Mots avec un astérisque à Glossaire /
Telle
est la conviction de Mr Zorg. En effet, ce Monsieur arrive bientôt à la
retraite et veut faire valoir ses droits. Il sollicite la réactualisation de sa
carte d'invalidité portant la mention « station assise pénible ».
Handicapé depuis une trentaine d'années suite à une maladie incurable, il se
rend à la MPNF, organisme habilité à délivrer le fameux sésame. Selon la gente
médicale, il est impossible que son état de santé s'améliore avec l'âge, bien
au contraire. Cette démarche devrait être une simple formalité. Et pourtant…
Il a dû constituer le fameux dossier auquel il a joint
différents justificatifs, attestations, le certificat médical du
zandi-spécialiste attestant de sa pathologie. Eh oui, bien que sa position
« debout » soit une évidence, il a fallu qu’il consulte un énième
zandi médecin conseil, qu’il subisse l'épreuve de la toise et différents tests
de verticalité pour enfin diagnostiquer son handicap.
Après quelques mois d'attente, ouf ! Aucun papier ne
manque, son dossier est complet et ne s'est pas égaré. Il a été examiné par une
zandi équipe pluridisciplinaire et la décision fut prise de lui allouer un taux
d'invalidité supérieur à 80 % (sans préciser le taux exact) pour une période de
dix années, conformément au barème en vigueur.
Un mini miracle s'est déjà produit puisque
précédemment il avait été évalué à 90% pile ! Mais il semblerait que la MPNF*
de son district hésite à lui attribuer à nouveau ce taux. Elle lui laisse
entrevoir la possibilité d'un autre miracle lors de l'expiration de sa carte.
Sinon, comment expliquer que le taux de handicap ne lui soit pas attribué
définitivement. L’administration lui donne donc l'espoir de retrouver son
fauteuil un jour. Il a calculé qu’il pourra à nouveau dévaler les pistes en
skizassis à l’aube de sa centième année.
Malheureusement, dans dix ans... Six mois avant la
date fatidique d'expiration de sa carte, il devra refaire une autre demande, se
procurer un nouveau dossier vierge, consulter un zandi médecin, joindre des
justificatifs, cocher ou ne pas cocher les cases des formulaires... et prier
pour que l'ensemble ne s'égare pas.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Afin de compenser sa perte de mobilité due à l’âge, Mr
ZORG envisage également d’acheter un véhicule. Il devra demander une autre
carte, cette fois pour le stationnement.
Il n’en a donc pas encore fini avec la MPNF*.
Il a l’intention d’acheter un véhicule normal de
série, puis de faire installer des sièges, une banquette et un volant afin de
pouvoir l’utiliser en toute sécurité (voir zandi-voiture*). Il devra ensuite
repasser en partie l'épreuve du permis de conduire qui nécessitera dorénavant
une visite médicale tous les quatre ans. Notons qu’il serait trop simple de
faire coïncider les dates !
Ajoutons que l’achat d’un véhicule, démarche
considérée banale et devenue indispensable pour tout à chacun, est qualifié de
luxe lorsqu’il s’agit d’une PNF. On dira de lui :
-
Encore un qui a de la chance dans son
malheur !
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°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
9 – les raisons de sécurité / Mots avec un
astérisque à Glossaire /
Zuéva se souviendra longtemps de cette journée. Elle
va faire ses courses au centre commercial à côté de chez elle et doit emmener
son fils de 7 ans. Zolan PNF* comme elle, s'est fracturé la cheville et doit
s'aider provisoirement d'un déambulateur. Problème, il est en réparation ce
jour-là. La mère de famille se rend tout de même au centre commercial et prend
un chariot qui en principe se clips à l’arrière du fauteuil des zandi* clients.
Mais Zuéva n'est pas en fauteuil, donc elle le pousse et installe son fils
debout dedans.
Après avoir fait ses courses au zipère*, elle décide
d'aller acheter des vêtements pour son fils dans une petite boutique attenante
de la galerie marchande : « J'entre avec Zolan debout dans le chariot.
Après avoir cheminé entre les rayons, arrivée au centre du magasin, une zandi
vendeuse se précipite et me demande de sortir immédiatement car les chariots ne
sont pas utilisables de cette façon, me dit elle ». La cliente
explique alors que son fils handicapé s'est fracturé la cheville, n'aura pas
l'appui sur son pied droit durant les deux prochains mois et que son
déambulateur étant en réparation, il lui est impossible de marcher
actuellement. Elle ne peut pas le porter sur son dos ! Il est trop lourd. La
vendeuse appelle le responsable.
Habituée de la galerie marchande et cliente des
commerces alentours depuis une dizaine d'années, elle accuse le coup : « Ils
n'ont rien voulu savoir. Je peux comprendre que les chariots soient interdits
si une personne est dedans (bien que...) mais ils auraient pu faire une
exception. C'est déjà assez difficile comme ça au quotidien pour nous PNF* avec un enfant handicapé. Ce n’est pas
la peine d’en rajouter. J'avais juste besoin de vêtements d'hiver pour lui. Je
n'en avais pas pour longtemps. En tout cas, ils auraient pu être plus
diplomates ».
Une signalétique noyée au milieu des annonces publicitaires
et promotionnelles de cette fin d'année, l'indique à l'entrée. Et ce, pour des
raisons de sécurité ! Car le zipère* voisin aurait des allées adaptées à la
circulation des chariots, ce qui n'est pas le cas de ce commerce. « les chariots tirés à l’arrière des
fauteuils, et le zandi ne s’en aperçoit pas », Zuéva le comprend, mais
elle, elle le pousse. Son fils mesure à peine plus d’un mètre !
Précisions de la zandi-boss « Nous ne pouvons
pas faire d’exception. Cela nous est interdit. La directive nous a encore été rappelée
lors du dernier passage de la commission de sécurité. Nos allées ne
sont pas assez larges pour permettre le passage des chariots et une évacuation
d'urgence en cas d'incendie. Je comprends que cette dame soit déçue. Mais il en
va de la sécurité de notre aimable clientèle ».
Zuéva pense : les « raisons de sécurité » ont en effet bon dos !!!!
Lecture zen
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10 – Mr Zeutour / Mots avec un astérisque
à Glossaire /
Bien que PNF*, Mr Zeutour était cadre supérieur dans
un bureau d'architectes de renom. Il dirigeait une équipe compétente et était
parfaitement intégré au groupe. Son récit illustre parfaitement le labyrinthe
de complications inutiles rencontrées par les PNF dans leur vie courante !
Ses compétences étaient reconnues et je peux vous
affirmer que ce Monsieur occupait un poste important au sein de ce cabinet
d'architectes. Son secteur d'activité lui a permis de dégoter deux appartements
situés l'un au-dessus de l'autre, au 2ème et 3ème étages d'un immeuble
résidentiel normal, avenue Zapata, en plein centre-ville et détail très
important, il comportait un escalier de secours en plus du zandi-ascenseur*
bien entendu. Il était à l'affût de ce genre de configuration depuis plusieurs
années, et avait enfin mis la main dessus. Pour lui, PNF, c'était la perle
rare. Il avait sa petite idée en tête et déjà tout prévu depuis longtemps.
Dans les constructions récentes, la loi oblige à
construire des rez de chaussée à plafond haut permettant l'aménagement
d'appartements accessibles. Mais lui pour une meilleure intégration de sa
famille et de ses enfants en particulier, préférait vivre dans une résidence
PF*. Il a donc acheté deux appartements à plafond bas à des vendeurs respectifs
puis après avoir engagé d'énormes travaux les a réunis, pour n'en faire qu'un
seul à plafond haut. Il l'a adapté pour sa famille puisqu'ils étaient cinq PNF*.
Il a fait condamner les portes d'ascenseur de ses étages et a aménagé l'accès à
l'escalier. Entre les démarches, les travaux et son installation, cela lui a
pris deux années entières et beaucoup d'argent.
Ils ont vécu heureux et en bon voisinage pendant sept
ans jusqu'au moment où il a été décidé de rénover la cage d'escaliers pour
raison de sécurité. Ils en étaient les seuls utilisateurs puisque les autres
résidents empruntaient le zandi-ascenseur*. A son avis, une réfection n'était
pas justifiée, mais rien n'y fit. Voyant sa réticence, on ne prétextait plus la
sécurité, mais la mise aux normes. Bref, six mois de travaux incontournables du
rez de chaussée jusqu'à chez lui pendant lesquels les escaliers devenaient
impraticables sur cette portion. Ensuite les travaux se déplaceront aux autres
étages et les cinq PNF de sa famille ne seront plus concernés. Tout de même six
mois à se contorsionner dans le petit ascenseur et à redescendre deux niveaux à
pied, puisqu'aux autres étages les travaux n'étaient pas encore commencés. En
effet l'ascenseur montait au 4ème et ensuite ils devaient redescendre deux
étages à pied.
Ouf six mois de passé et en principe ils pouvaient
reprendre leurs habitudes. Enfin presque, car la double rampe était interrompue
dans chaque virage et avant d'arriver en bas. La fabrication du module coudé
avait été extériorisée et se trouvait en rupture de stock. Les membres du
syndic, n’empruntant jamais cet accès, réceptionnèrent tout de même le chantier
inachevé. Puis l'entreprise a cessé son activité et le tribunal commercial a
déclaré l'entreprise en faillite. Le temps passait. Ils demeuraient la seule
famille à utiliser ce dispositif, leur poids au niveau du syndic n'avait pas suffisamment
d'impact pour inquiéter les responsables.
Excédé par l'obligation d'emprunter le zandi ascenseur
ou de redescendre les deux étages sans la fameuse rampe au risque de
chuter, il s'est proposé à plusieurs
reprises à exécuter les travaux avec ses propres deniers. Mais impossible. Les
escaliers se situaient sur le domaine de la copropriété.
Usés par les discussions stériles de ses voisins et
leur manque flagrant de solidarité, puis par les longues procédures judiciaires
ils ont pris la décision contrainte de déménager.
Il a maintenant arrêté son activité depuis plusieurs
années et cette mésaventure a subit l'érosion du temps.
Zeutour
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11 – Le pied / Mots avec un astérisque à Glossaire /
Excellente initiative que de recueillir nos
témoignages. Pour une fois que nous avons la parole, je me lâche et j'encourage
vos autres lecteurs à m'imiter.
Commençons par dénoncer le prix prohibitif des
chaussures et des pantoufles. Les pansements pour les ampoules, les
protections, les crèmes, les désinfectants pour les mycoses... Hors de prix.
Aucun matériel spécifique concernant le soin du pied. Souvent nous avons
recours aux remèdes de grand-mère : bain à l'eau chaude, huile d'olive ou thym,
qui sont efficaces dans le traitement des ongles incarnés par exemple.
Les aides nous sont distribuées avec parcimonie et sur
prescription médicale. Il faut monter un dossier, il manque toujours des
papiers, à moins qu'il ne se soit égaré. Dans ce cas on doit recommencer. À
croire que tout est fait pour nous dissuader. Le parcours du combattant.
Le remplacement de nos chaussures n'est toléré, sauf
dérogation exceptionnelle, que tous les cinq ans et seul le modèle de base est
remboursé. De lourdes chaussures à taille unique, véritables usines à cors et à
verrues. Les autres modèles, depuis qu'ils ont été déclassifiés et sortis de la
liste, sont dorénavant dénomenclaturés car considérés comme articles de
confort. Faute d'avoir une bonne mutuelle, beaucoup de personnes invalides, PNF*
comme moi posent des embouts à leurs chaussures afin d'en retarder l'usure.
Alors que les Zandis* disposent d'un fauteuil pour
chaque activité ou au minimum d'un fauteuil la journée selon la saison et d'un
autre le soir, pour la détente, certains d'entre nous ne possèdent qu'une seule
paire de chaussures en tout et pour tout. De plus le choix reste restreint
voire inexistant. Aucunes ne sont équipées de semelles dignes de ce nom.
Inutile de chercher des semelles à compensation plantaire. Introuvables. Idem
pour les équipements de protection tels que casques ou bandeaux frontaux
détecteurs d'obstacles.
Nos pieds, il faut les entretenir, nous n'en avons que
deux. Pour nous ils font l'objet d'une préoccupation quotidienne. Un souci aux
pieds peut vite tourner au drame. Mon fils a une malformation, on a dû attendre
34 mois pour consulter un Zandi-podologue spécialiste. Trop tard il est
maintenant pluri-handicapé à vie.
Par contre les PF* bénéficient d'une Allocation
Fauteuil et le comble est que nous y contribuons tous, via nos impôts. Là, ils
ne nous oublient pas. C'est dégueulasse de se faire de la thune sur notre dos.
Je dis notre dos, car pour les maux de reins, c'est pareil, rien n'est pris en
charge. Et Zeus sait que nos lombaires sont sollicitées dans ce bas monde. Un
autre scandale : la maintenance des pistes roulables* qui jouxtent nos vieux
trottoirs non entretenus. Exclusivement réservées aux fauteuils. Elles nous
sont interdites et pourtant nous contribuons à leur entretien.
Vous trouvez cela normal ? Et la liste est longue...
Zan Aymar Dézandi, cadre
tablétiste
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12. Les trottoirs / Mots avec un astérisque à Glossaire /
L'époux de Mme Protez travaille à la
ville. Elle nous rapporte ses propos :
- Quand le service voirie de la ville
engage des travaux dans une rue, il stocke toujours son matériel, (les grosses
bennes d'encombrants, les énormes tours de pilotage des robots...) sur un
emplacement réservé. Ou sur notre trottoir déjà entravé par les panneaux
publicitaires, coffrets techniques, menus des zandibars*, potelets... Presque
jamais sur les pistes roulables* réservées prioritairement aux Zandis*, comme
par hasard. Il en va de même avec les entreprises lorsqu'elles laissent
stationner des jours durant leurs bennes d'évacuation des gravats et autres
éléments de déconstruction. Nous, il ne nous reste qu'à les contourner et
marcher sur la route ou sur la piste au risque de se faire renverser.
Il semble que notre trottoir soit
l'emplacement idéal pour installer tout ce qui dérange. Ainsi, même les
panneaux de signalisation concernant la piste roulable* y sont implantés ! Vous
trouvez ça normal ?
Notons aussi leur état déplorable.
Défoncés, en dévers, ressauts, trous, plaques au sol, et de plus leur largeur
diminue comme peau de chagrin. À certains endroits le cheminement roulant a été
construit au détriment de la largeur de notre trottoir.
Ce n'est pas gai de devoir empiéter sur
la piste roulable* au risque de provoquer des accidents et de se faire
renverser. Lorsque cela se produit, fauteuil contre «marchant », les dommages
sont répartis de la façon suivante : corporels, parfois graves pour nous, et
petits dégâts matériels pour le zandi* ou simple perte de temps lorsqu'ils
daignent s'arrêter pour constater.
Bien souvent la piste borde les
habitations, chemine le long des façades des commerces. Quant aux trottoirs,
ils se retrouvent coincés entre la route de circulation automobile et la piste
roulable. Si on veut regarder les vitrines, on est obligé de la traverser. Bien
qu'handicapés, on a le droit de chiner. Non ? Enfin, dans les boutiques qui
nous sont accessibles.
Nous venons de lire sur un site du ZEB*
une page signée par une zandi-journaliste : « malgré
les nombreux travaux de réfection des trottoirs, afin de les rendre encore plus
sécuritaires, nous
déplorons encore trop d'accidents... »
- Pure hypocrisie ! C'est vraiment du
foutage de gueule ! s'est insurgé mon mari.
Quand on pense que certains trottoirs
sont intouchables, il serait «interdit de remplacer les vieux pavés datant
du siècle dernier sous prétexte de la protection du patrimoine » ! Et ils sont sérieux lorsqu'ils
affirment cela ! Alors, par respect pour nos ancêtres, on continue à se tordre
les pieds.
Moi, je me suis fait renverser. Je
reconnais, je me trouvais sur la piste. Mais à cet endroit j'étais obligée, et
je voulais faire du lèche vitrine. Mon mari qui travaille à l'extérieur est
souvent témoin de telles scènes. Il dénonce :
- À ces endroits accidentogènes, les
fauteuils pourraient ralentir.
J'ai de lourdes séquelles. Mon genou
droit est bousillé, l'autre est en piteux état et j'ai perdu mon emploi. Tout
est pour ma pomme. Ils m'ont attribué tous les torts et je devrais rembourser
le fauteuil « gyropode* pluzz » qui m'est rentré dedans alors que j'y suis
strictement pour rien.
Et désormais avec un seul salaire !
C'est plutôt nous qui devrions être indemnisé. Nous nous faisons assister par
la fondation P. Hénef*, qui informe et
conseille sur les droits des PNF*. Mon mari et moi sommes en pleine procédure
de recours. Croisons les doigts en espérant que mon témoignage fera bouger les
lignes.
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13. La copro / Mots
avec un astérisque à Glossaire /
Monsieur C. Zame a emménagé il y a trente ans dans une
importante copropriété du centre de ZANDILAND city. Il était un Zandi* normal,
en fauteuil, mais sa roue s'est brusquement arrêtée de tourner suite à un
accident de fauteuil sur la piste roulable* de la 110ème rue.
Un choc au niveau de la colonne, la vertèbre V1* se
tourne et CLAC. Le coup du zapin* ! Ce jour là sa vie a basculé. Il s'est
retrouvé « debout » sur ses pieds.
Avant l'accident, il avait effectué l'acquisition d'un
appartement sans se soucier de l'accessibilité. À l'époque, il y trente ans,
l'entrée de la résidence était libre d'accès depuis la rue Zorla. Seul
l'interphone de la porte du hall filtrait les entrées, et tous les habitants
s'en étaient accommodés jusqu'au jour où ils ont décidé (à l'unanimité sauf
lui) de sécuriser la résidence. C'est-à-dire de clôturer l'espace privé et
d'installer une porte. Une zandi-porte* standard, de la hauteur d'une personne
assise. Une porte normale dans ce pays peuplé de fauteuils où chacun roule pour
soi.
Démocratie oblige, il avait bien été obligé de
s'incliner.
L'unique copropriétaire « debout » qui, depuis son
accident n'avait plus la chance de se déplacer en fauteuil comme les autres, se
retrouva un peu plus en situation de handicap. Il était obligé de s'accroupir
pour passer dessous cette porte à chaque fois qu'il souhaitait sortir de chez
lui.
Comme tous ses camarades de galère il a
continuellement mal aux reins dans ce monde où tout est toujours trop bas pour
eux. De plus, ils sont suspectés de simulation afin d'obtenir une pension ainsi
que les avantages qui selon les zandis* découlent de leur
handicap. Dixit un éminent zandi-spécialiste, leur mal de rein ne serait qu'une
maladie chronique d'origine génétique !
À cause de ce mal de dos, mais pas que, à chaque
sortie il devait se faire accompagner par un tiers car la poignée d'ouverture
était trop basse. Il lui était impossible d'actionner le puissant bloom puis de
se faufiler rapidement dans l'entrebâillement avant que la temporisation ne
décide de refermer la lourde porte. Dans le meilleur des cas il se retrouvait
coincé et devait attendre de l'aide.
Les autres copropriétaires faisaient semblant
d'ignorer ses difficultés et prétendaient ne pas pouvoir remplacer ou modifier
ce satané portail. «Une telle transformation fragiliserait la structure de
l'ensemble » prétendaient les uns. « La sécurisation de notre résidence ne
serait plus assurée » disaient les autres. « Il faudrait demander l'avis d'un
expert... Obtenir l'aval de l'architecte... Les normes de sécurité ne seraient
plus respectées... Il faut proposer plusieurs devis et en demander l'accord
lors de la prochaine assemblée annuelle... »…
Bref, ce n'était pas gagné pour lui !
Avec un accent compatissant ses gentils voisins lui
disaient qu'ils voudraient bien l'aider,
« Malheureusement...
ce n'est pas possible mon pauvre monsieur... ».
« Pourquoi ne déménageriez-vous pas ? » lui
conseillaient-ils, confortablement installés dans leur fauteuil. Par ailleurs
certains faisaient courir la pertinente rumeur selon laquelle il ne sortait
jamais de son domicile !! Pourquoi engageraient-ils des frais pour lui !
C'est bien connu : « se retrouver « debout », ça
n'arrive qu'aux autres ».
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14. Zézette en a ras l’ bol / Mots avec un astérisque
à Glossaire /
Maman
d'une enfant handicapée. Elle l'élève seule et doit chaque jour affronter de
nouvelles épreuves dans l'indifférence générale. Aujourd'hui elle en a raz le
bol. Elle est en colère et craque.
Zézette en a ral’bol !
« J'en ai marre d'affronter sans arrêt le regard de
personnes plein de reproche d'existence » s'insurge t'elle.
« Hier nous étions à une caisse réservée et une mamie
retraitée, le caddy clipsé au fauteuil, m'a presque engueulée parce que je la
faisais attendre. Ils ne se rendent pas compte les gens. Tout est compliqué
pour nous. Ce n'est pas la peine d'en rajouter ! »
Dorénavant lorsqu'elle se rend au zipère*
avec sa fille, elle s'impose.
« J'ose. Enfin !! J'ai mis le temps, mais maintenant,
je me fiche des réflexions douteuses ».
Elle se présente à la caisse estampillée PNF*, double
tout le monde, et dit aux autres clientes en désignant sa fille du menton :
« z'ici, c'est une caisse prioritaire, Mesdames les
zandis ! »
Elle fait semblant de s'excuser et zou... elle passe
devant en mimant la zandi-attitude.
« Parce qu'eux, y savent faire ! Nous passer devant en
faisant semblant de regarder ailleurs et ensuite s'excuser hypocritement, quand
c'est trop tard, quand leurs achats commencent à passer dans les tuyaux
enregistreurs des caisses »
Petit aparté de Zézette: « quand je pense qu'un zélu
propose de rétrécir la largeur des travées des caisses PNF »
« Ainsi les fauteuils ne pourraient pas les emprunter
» affirme-il.
« C'est une idée, sauf que moi en fauteuil, avec une
enfant 'debout'. Comment je ferais ? »
Elle ajoute : « Encore un qui pense avec ses roues !
Je ne suis pas dupe, en fait c'est pour gagner de la place et mettre d'avantage
de rangées de paiement ! ».
« Non mais, faut pas plaisanter, on les met pour les
personnes en situation de handicap, et toutes les ménagères les utilisent !!
Maintenant j'ai décidé de m'imposer. Je fais valoir les droits de ma fille à ne
pas rester de longues minutes debout dans la file d'attente. L'immobilité lui
provoque de douloureuses contractions musculaires spastiques. Ce n'est pas eux
qui viennent m'aider pour installer ma grande fille dans ma zandi-voiture* ».
En effet, installer une PNF spastique dans un petit
zandi véhicule non aménagé, sans siège passager, ni banquette à l'arrière, ne
s'avère pas être un exercice anodin. Et pour la personne handicapée, ce n'est
ni confortable, ni sécuritaire.
« Eh oui, je n'ai pas droit aux aides pour l'achat
d'un véhicule adapté. J'ai un véhicule de série et je n'ai pas les moyens de le
faire aménager.
Une voiture, 'c'est du domaine du loisir', affirment
les zandi*-médecins contrôles de la MPNF* ».
J'imagine les réflexions « ils nous coûtent déjà assez cher comme
cela ! » ou «plus on leur en fait, et plus ils en
veulent ».
« Quelle honte de dire cela ! »
« Dans les musées, les cinés aussi, je me régale ! Je
passe devant tout le monde. Je dis "vous permettez" et zou... je
passe. »
Le premier zandi qui ose l'ouvrir d'un « hé bin, ne
vous gênez pas », elle lui rétorque « vous verrez si vous aviez une personne
handicapée dans votre famille, vous comprendriez !! ».
En ce moment Zézette a un autre souci très
préoccupant.
Sa fille change de classe et elle n'a pas trouvé de
structure adaptée à plafond haut qui puisse l'accueillir. A la rentrée elle va
probablement être obligée de l'inscrire à des cours par correspondance à
domicile. Elle n'aime pas ça, sa fille non plus mais ils n'ont pas le choix.
Zézette,
ménagère de 50 ans, valide en fauteuil, donne une mauvaise image du PNF*, mais
on peut la comprendre sans toutefois l’excuser.
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ELEMENTS DE THEORIE
Une liste de la
plupart de mes publications associatives est proposée. A une lecture exhaustive, on préférera
d’alimenter sa réflexion à partir de
points particuliers. En centrant sa
pensée sur le vaste sujet qu’est HANDICAP ET SOCIETE.
°°°°°
Charcosset
Henri, A partir de soi au-delà de soi aller. Eléments
autobiographiques( 2006), Revisité en juin
2016, CLIC
De ce passé en
milieu rural ancien, j’ ai retenu
que l’homme est fait pour se rendre utile auprès de sa communauté
jusqu’au bout de sa vie.
C’est d’ailleurs un moyen clé pour éviter la solitude du grand
âge.
Bien évidemment,
°°°°
°°°°°
Vers une insertion mutuelle
entre personnes handicapées ou non(1998)
Vie associative ou apparentée depuis le
lieu de résidence, comme moyen
d’insertion sociale. Article collectif(
1999)
Handicaps et vieillesse : l’un des piliers d’une société équilibrée, équilibrante à venir. Article collectif( 1999)
Tous handicapés, tous chercheurs, sans exceptions, en vue d’une société plus
juste et plus humaine ( 01 janvier 2001)
Eléments pour l’extension de la théorie des handicaps. Tous handicapés, tous chercheurs (2005)
Charcosset
Henri (2010),
L’Internet comme moyen de faire lien,
à tout âge et à tout niveau de handicap
Charcosset
Henri (2010), Le chômage et d’autres conditions de
vie favorisant l’isolement. Une approche Internet pour contribuer à y remédier
Charcosset Henri et Colozzi Claudine ( Entretien) (2011), L’ insertion
sociale active des personnes âgées ou /et handicapées. L’Internet
à la base de progrès majeurs
La lutte contre la
solitude, Grande Cause nationale 2011
Charcosset Henri (
2012), Combler son manque d’ identité sociale active à l’aide de l’Internet
Charcosset Henri
(2013), Isolement, solitude à tout âge. L’internet comme moyen à terme
pour y remédier. Echanges sur un forum
Charcosset Henri ‘(
2015) , Gaudon Pierre, Prost Serge , Headley Joan L.,
Janin Jean-louis, Schneider Marie, coauteurs de :
Gaudon Bernard ( 1945-2014)), Une leçon de bien vivre et vieillir avec un handicap
°°°°°° :
A ce stade de ma
réflexion, je dirais que :
Une société équilibrée, équilibrante se doit
de reposer sur deux socles principaux de production :
·
Celle
de biens et de services, par la population standard des adultes jeunes,
surtout,
·
·
Celle de lien social dans toutes ses
dimensions, prioritairement par les personnes handicapées (physiques, mentales,
sociales), avec leur entourage, et par les personnes âgées et très âgées
aussi.
·
·
L’Internet
a un rôle potentiellement majeur, auprès de nos handicapés, grands aînés, et encore malades chroniques
·
· Les bons forums de l’’Internet
sont un moyen de choix pour des
relations mutuellement enrichissantes, tout en préservant son anonymat.
A titre d’exemple : le Doctissimo forum ayant pour titre l’intitulé de cet
article ; à CLIC
·
J’en réfère à mon expérience personnelle de la vie,
déjà. Handicapé de l’adolescence, j’habite seul, aidé un moment le matin, par
une auxiliaire de vie. Prenant souvent
le déjeuner dans une résidence pour personne âgée, RPA, je visite couramment ma
compagne, qui est en EHPAD.
Mon sentiment en est conforté que jusqu’à la
limite de ses capacités, la personne en institution conserve son devoir
d’accompagnement, auprès des générations
qui la suivent. Les établissements se mettront en valeur, en proposant à leurs
résidents le support informatique et humain, nécessaire pour un temps modéré
de télé bénévolat. La formation, elle
est acquise, c’est l’histoire de leur vie. Dont ils ont à pouvoir transmettre
les éléments clé, avec leur analyse, vers les générations montantes.
Modéré certes, mon support théorique n’est pas
nul pour autant.
IL y a déjà longtemps, et cela m’est
profondément resté, l’approche par Joseph Wresinski (1917 - 1988), de la lutte
contre la grande pauvreté. Les très pauvres y sont considérés comme des
partenaires à introduire à part entière auprès des chercheurs en profession. On
appelle cela le croisement des savoirs. Pour un accès à la pratique de ce
concept, à son extension à bien d’autres situations que la grande pauvreté, on
peut partir de CLIC .
Plus récemment, le concept de liminalité, ou
liminarité. Reprenons, en la condensant,
la définition sur Wikipedia :
« Le
changement , suite par exemple à un accident invalidant , va se faire en trois
étapes :
La séparation
de l'individu par rapport à son groupe.
La
liminarité est le moment crucial du rituel. C'est une étape transitionnelle
caractérisée par son indétermination »
Et tout
récemment paru en février 2017, l’ouvrage « La condition handicapée », Henri-Jacques Stiker y
précise :
« La condition handicapée est une
manière d’être-au-monde, d’être avec les autres, de se situer et d’entretenir
des liens, comme on évoque la condition féminine ou la condition
ouvrière »… »
« Toujours ambivalente et source de malaise
social, la condition handicapée peut avoir aujourd’hui un avenir inédit en
contribuant pleinement aux débats de société afin d’y apporter la richesse de
la parole et de l’expérience des personnes concernées. »
La dernière
phrase du propos du grand savant qu’est
Henri-Jacques Stiker, CLIC
marque selon nous un premier
rapprochement, très louable, avec Wresinski et ses disciples.
Au fait, qui que vous soyez, vous reconnaissez-vous
ou pas une « condition handicapée » ?
J’ai introduit sur le Net, le message : «Tous handicapés, tous chercheurs, sans exceptions, en vue d’une société plus
juste et plus humaine
( 01 janvier 2001) »,
CLIC . On s’en approche !
La
Recherche en Sciences Humaines et Sociales sur le thème Handicap et Société,
semble être particulièrement sous-développée. Pour sa promotion, il sera
cependant bon de prendre en compte l’intitulé de la Tribune libre du Collectif
Schizophrénies, dans Le Monde, Science et Médecine, de mercredi 14 juin
2017 : « La santé mentale, une chose trop grave pour être confiée aux
seuls psychiatres » Titre qui devient ici : « La Recherche
Handicap et Société est un sujet touchant tout un chacun voulant
participer de par son expérience de la
vie ». C’est en dehors du strict champ des SHS, qu’on devrait avoir les
meilleures chances de trouver les compétences propres à drainer moyens humains
et matériels de recherche, et à bien les gérer.
Henri
Charcosset, Né en 1936, handicapé moteur
de l’adolescence, Directeur de Recherches au CNRS (chimie physique),
Télé bénévolat social en indépendant, depuis
le lieu de résidence, henri.charcosset@neuf.fr
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°°°°°°°
°°°°°°°
Résumé Tout Public
Le comportement de jeunes parents, dans leur accueil de
l’enfant né différent, celui du conjoint
dans un couple âgé dont un des membres est atteint de dégénérescence
cérébrale sévère, sont souvent remarquables.
De quoi donner idée
que le handicap peut être un élément correctif majeur, pour éviter
l’illusion que la recherche médicale
pourra tout résoudre, des maux et
misères de l’humanité en devenir.
L’Internet est
avantageusement là, pour que tout un chacun, sans limite d’âge ni de niveau de handicap, en étant si nécessaire
accompagné, puisse jouer son rôle de
collaborateur de recherche, dans ce domaine
prometteur qu’est HANDICAP ET SOCIETE.
Complément pour le milieu de la recherche scientifique.
Sont à proposer, et
faire vivre des Groupes transdisciplinaires de Recherche, s’inspirant du
Croisement des savoirs, initialement proposé par Joseph Wresinski, pour le traitement de la grande pauvreté. L’œuvre de
Henri-Jacques Stiker , et notamment son tout récent ouvrage, La condition
handicapée, est d’ un apport conceptuel important.
Ne pas attendre
d’être sollicité. Se lancer. Bonne route
à la Recherche HANDICAP ET SOCIETE.
HC, 26.06.2017
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