Tous handicapés, tous chercheurs,
sans exceptions,
en vue d'une société plus juste et plus humaine

1er janvier 2001

Une expérience de dix ans de bénévolat depuis le lieu de résidence.


(Note: Cet article avait été  introduit sur le site d’une infirmière au Québec :  http://webperso.mediom.qc.ca/~merette/char.html ,site supprimé depuis)

 par Henri Charcosset
henri.charcosset@neuf.fr


Je suis né en 1936 dans une toute petite ferme du centre de la France; c'est là que j'ai pris la polio en 1953; d'où deux années passées dans un grand centre de rééducation près de Paris; et d'où aussi, une tétraplégie partielle à vie. Ensuite, études supérieures à Lyon suivies d'entrée au CNRS comme chercheur en physico-chimie; j'y ai exercé jusqu'en 1989, m'occupant les dix dernières années pour la science des charbons. Dès 1956, j'entrais dans le groupe de jeunes de l'Association des paralysés de France, et je n'ai jamais cessé de fréquenter le milieu associatif du handicap moteur. J'invite ici tout un chacun à avoir une relation de réelle proximité avec le tissu associatif pour le handicap moteur, ou sensoriel, ou mental, ou social.

Depuis 1989, bénévolat autonome, depuis chez moi, de recherche sociale appliquée. J'ai commencé par l'initiation d'un groupe français d'entraide post-polio, avec des points d'originalité, extrapolables; notamment celui de situer le vécu du handicap  comme une compétence,  pas seulement donc en termes de  limitations. Un peu plus tard, j'étudiais au travers d'un certain nombre de témoignages, les diverses possibilités de bénévolat depuis le lieu de résidence (qui peut être aussi une maison de retraite ou même une prison). Je me familiarisais avec les bases des diverses théories sur l'insertion dans la société des personnes handicapées; j'invite à penser sur ce sujet en termes d'insertion mutuelle.

Mon intérêt s'est alors déplacé vers la place à faire dans la société à toutes catégories de personnes ayant depuis l'âge de la retraite professionnelle jusqu'aux plus grands âges. L'un de mes articles s'intitule: "handicaps et vieillesse: l'un des piliers d'une société équilibrée, équilibrante, à venir"(1999), avec 14 témoignages et 27 références (voir site:  http://www.crias.asso.fr/ ou sur ce site : CLIC. Un message  que je cherche à faire passer est que la population des moins de 50-60 ans est bien trop prise par les activités de production de biens et de services, pour avoir un rôle moteur dans une question essentielle dans nos sociétés occidentales, à savoir y recréer du lien social.

Aux retraités, aux personnes âgées jusqu'au stade ultime de la vie, à d'autres couches de la population encore ayant à la fois compétences spécifiques du fait de leur expérience de la vie et disponibilité de temps, de servir de liant au sein d'une société libérale sans doute, mais réellement humaine. De plus, on ne saurait tenir pour quantités négligeables ou tout comme, nombre de handicapés physiques et mentaux , les clochards et autres sans-domicile fixe, les détenus , sans compter d'éventuels oublis de ma part. En voulant approcher le champ des handicaps dits sociaux, je me suis rendu compte que, depuis trois décennies déjà, le mouvement international Atd quart monde réalise une recherche continue de grande qualité, avec les populations vivant la grande pauvreté. Ces dernières interviennent dans ces travaux comme partenaires à part entière, pour penser et aller vers, une société qui exclurait la  pauvreté. Un tel mode de pensée gagnerait à être étendu à de multiples autres situations difficiles mais traitables, comme l'isolement des vieux. Se reporter à:  http://www.atd-quartmonde.org/, ou contacter:editions@atd-quartmonde.org.

Mon acquisition d'un ordinateur et d'un accès à l' Internet date de début 2000. Je m'intéresse notamment à l'apport potentiel de l'Internet pour l'insertion sociale active de toutes personnes, y compris et surtout de celles vivant des conditions extrêmes de différents ordres, liées par exemple à l'expérience du  très grand âge. Je suis très intéressé de recevoir documentation, réflexions, témoignages condensés, sur ces questions.

Je suis veuf (1990), avec deux enfants et quatre petits-enfants. Avec ma compagne depuis 1992, nous vivons le plus souvent en appartement à Lyon. Mes motivations pour le  bénévolat  tiennent surtout:

1- Au fait de savoir que tous mes ascendants ont travaillé, dans la limite de leurs possibilités s'entend, jusqu'à l'approche de leur mort. Je n'ai pas de grande affinité pour le concept de retraite loisir, pensant que l'on doit impérativement mettre à contribution chaque ressource humaine, aussi ténue soit-elle ou plutôt paraisse-t-elle être, si l'on veut aller à et vivre dans, une société en paix avec elle-même.
2- À ma conviction claire que la recherche sociale appliquée constitue un moyen largement  sous-considéré , pour faire avancer  nos sociétés, nationales et trans-nationales, vers plus d'harmonie, dans la durée. La science ici considérée, ne se limite pas aux savoirs universitaires; elle s'étend à tous savoirs; elle est transdisciplinaire. Mon engagement associatif n'est donc pas vraiment  lié à une position religieuse, philosophique ou politique bien particulière.

Je suis pour ainsi dire né catholique, à la mode d'un milieu rural traditionnel français des années 1930. Respect à mon ascendance m'oblige, je m'efforce de rester fidèle dans ma vie courante à cet enseignement. Si j'étais descendant d'une autre religion, je lui serais fidèle dans la même mesure. Je préférerais nettement avoir une ascendance religieuse  qui soit double; je mettrais alors beaucoup de mon énergie à chercher à établir des passerelles.

À ce jour, aucune religion, philosophie, ou science, ne peut prétendre apporter d'information un tant soit peu sûre, sur le devenir de l'homme et de l'humanité à hyper très long terme. Le siècle ou en tout cas millénaire qui débute, doit certes voir de grandes avancées  dans l'élucidation des processus de l'évolution, depuis l'origine du monde, jusqu'à l'homme d'aujourd'hui. Mais interpréter les événements du passé est une chose, prédire l'avenir en est une autre, considérablement plus difficile! Énormément de modestie s'impose donc à nous tous , humains de ce tout début de millénaire, là où nous nous sentirions détenteurs de vérité quant au devenir de l'être humain, dans ses dimensions physique, mentale, spirituelle, à l'échelle de millions d'années.

Il nous faut dès lors  impérativement avoir considération positive pour l'autre, comme individu et comme groupe. Il importe  de toujours voir en lui, dépassant notre éventuelle réaction primaire de rejet, un collègue chercheur, un co-chercheur.

Oui, en ce tout début de millénaire, il y a intérêt pour une devise  commune à tous les humains, faite par exemple à partir des deux mots forts, "handicap" et "chercheur": tous handicapés, tous chercheurs. Nous sommes tous porteurs de handicaps, au pluriel. Le plus marquant serait de se croire non handicapé, car, sans trop s'en rendre compte peut-être, on s'imagine partie prenante d'une norme, laquelle est parfaitement arbitraire, car définie à partir des seuls critères d'appréciation formulés par les plus forts. À partir de là, l'on sous-estime à la fois son besoin de, et sa faculté à, progresser, dans sa relation à l'autre. En fait, toute vie, toute expérience de vie, a valeur de travail de recherche, dans l'élaboration du monde en devenir. La solution aux problèmes de société  fait appel à la notion de compensation entre handicaps de différents types.

Remerciements

Ils vont, sans que cela soit limitatif, à:

o   ma compagne, Jacqueline Gonnet, pour son soutien continu et précieux.

o   à mes amitiés fidèles au CNRS et à l'Université, aux amis et relations du milieu associatif avec lesquels j'ai collaboré ces dix ans passés.

o   en me limitant à la période la plus récente: au Carrefour du volontariat à Lyon; à la Bibliothèque à domicile des BML à Lyon; au Service des étudiants empêchés de l'université ParisX Nanterre, au Service documentation du CRIAS à Lyon, à l'association "Accompagner et soigner" à Lyon, pour leur assistance à secrétariat, à traductions, à prêt d'ouvrages de sciences humaines et sociales, à publication de mes travaux, tout ceci sans frais pour moi.

o   à Marguerite Mérette, dynamique et sympathique infirmière en Centre de séjour de longue durée, au Québec, pour m'avoir invité sur son site Internet (activité  bénévole). Son site traite principalement des différents aspects de l'accompagnement au vécu d'un  très grand âge.

          Pour contacts: merette@dania.com


Le bénévolat autonome, depuis le lieu de résidence, en bonne voie d'être rendu bien plus commode  grâce à l' Internet, s'intègre parfaitement dans les formes de pratique associative à promouvoir. Tout un chacun, y compris en activité professionnelle, peut y trouver moyen complémentaire quand ce n'est pas essentiel, d'affermir, affirmer, afficher son identité sociale, de conforter, renforcer sa confiance en soi. Chaque être humain devrait pouvoir s'exprimer individuellement, à l'échelle la plus large, soit donc mondiale. L'Internet a la potentialité d'offrir des perspectives immenses en la matière. La possibilité effective d'un temps minimum d'accès à l'Internet, pour tous les humains, est à établir, sans tarder.

Henri Charcosset      01/01/2001