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«POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP »,trimestriel GIPHV,APF69 ; N°6, 10. 2005 Editeur :Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr  

HANDICAPS ET VIEILLESSE : L’UN DES PILIERS D’UNE SOCIETE EQUILIBREE, EQUILIBRANTE A VENIR ( 1999)

Par Henri CHARCOSSET, avec des contributions de Sally AITKEN, Louise-Marie AVRIL, Denise BIEHLER, Josiane CRISCUOLO, Joan HEADLEY, Marie HERAUD, Odette et Camille LACAZE, JacquesLACOMBE, Germaine LIVET, Marie-Thérèse LORENTZ, Aline PAIRET, Monique PAUZE, Joyce Ann TEPLEY.

 

  Article paru dans la Revue « Accompagner et Soigner », n° 40, 1999,pp 23-67. Et repris sur l’Internet aux adresses :  http://webperso.mediom.qc.ca/~merette/havi.html

et:  http://www.crias.asso.fr/Document_PDF/EE_HandicapEtVieillesse.pdf

 

Henri  CHARCOSSET (HC) : Ancien polio, retraité du CNRS (notamment : initiation, animation de Groupes de recherche pluridisciplinaires inter-Laboratoires, sur la Science du charbon), 22, Avenue Condorcet, 69100  VILLEURBANNE.

 

 

RESUME : Vieillir avec un handicap moteur, c’est souvent subir dès la cinquantaine de substantielles pertes de possibilités fonctionnelles progressives (Etude APF 1995) // Les conséquences psychosociales en sont examinées ici, au travers des témoignages d’anciens polios. Telle population apparaît bien formée pour montrer à la population standard la voie d’un mieux vieillir, à partir de vers ses 70 ans // Des éléments d’une « boîte à outils » de l’accompagnement sont indiqués (références ; adresses) // Un échange avec une psychologue, paraplégique par accident, soulève l’intérêt pour une profession nouvelle –conseiller(e) en vie autonome- // Des aspects positifs d’un handicap chronique sévère, physique, mental, social, pour l’individu lui-même et pour son entourage, sont examinés // Le milieu du handicap et du grand âge avec, pourrait être le pilier de la société, pour la création, l’entretien du lien social // L’évolution de la société est affaire de chacun, supposé mis en état de se situer comme collaborateur de recherche // Lyon a déjà tous les atouts pour être une ville pilote, en Recherche-action dans ces domaines.

         L’accompagnement présente un aspect transdisciplinaire contribuant à le rendre à la fois passionnant et accessible à chacun.

 

INTRODUCTION*

 

         L’ordre suivi est : Résumé d’une étude APF/Témoignages d’anciens polios/ Eléments pour une « boîte à outils » de l’accompagnement/Recherche/Discussion générale/Conclusion.

 

RESUME DU RAPPORT D’ETUDE APF, Référence 1

 

         Le Service Social de l’APF suit, par l’intermédiaire de plus de 150 assistants sociaux spécialisés, plus de 5 000 personnes atteintes de déficiences motrices, âgées de 50 ans ou plus, dont, pour la grande majorité le handicap est survenu avant l’âge de 50 ans.

         L’enquête sur deux ans a été faite par questionnaires remplis au cours d’entretiens avec les assistants sociaux. Elle a concerné environ 1 000 personnes, dont 87 % correspondant à un handicap

acquis avant 50 ans, et 13 % à un handicap acquis plus tardivement. Les causes de handicap se répartissent entre sclérose en plaques (21 %), poliomyélite (17 %), lésions ostéo-articulaires (20 %), infirmité motrice cérébrale (9 %), traumatismes médullaires (9 %), etc

         66 % des personnes ont une atteinte non évolutive au sens habituel. Lorsqu’on leur pose la question « Votre handicap s’est-il aggravé ? » 69 % de ces non évolutifs répondent oui. Il s’agit d’une aggravation des incapacités motrices, ou d’une aggravation des déficiences associées (infections urinaires plus fréquentes…), ou d’une cause très généralement traumatique, ou d’une autre cause.

         L’âge d’arrêt du travail des personnes ayant exercé une profession (environ 65 % de la population totale) se situe, pour les trois quarts, avant 50 ans. Ce fait se situe largement en dehors de toute évolutivité du handicap.

         La conclusion majeure de l’enquête est qu’à travers l’expression de leurs sentiments et aussi de par les repères objectifs sur différents aspects de leur vie, les personnes atteintes de déficiences motrices étiquetées comme non-évolutives, voient leur état s’aggraver avec l’âge. Une aggravation qui se fait sentir surtout à partir de 50-60 ans, mais se révèle déjà gênante plus tôt pour l’activité professionnelle.

         La comparaison de la population atteinte de handicap tardif (acquis à partir de 50 ans) à la population atteinte de handicap précoce (acquis avant 50 ans) révèle que la première bénéficie en moyenne de ressources supérieures pour « faire face ».

 

EXPERIENCES DE VIE D’ANCIENS POLIOS

 

La polio se prête bien à un examen un peu plus approfondi du sujet en titre. En effet, les anciens polios français, en nombre de l’ordre de 50 000 ayant des séquelles, sont pour la plupart âgés de 45 ans au moins. Les témoignages condensés ci-après proviennent pour l’essentiel de nos (HC) relations amicales et contacts associatifs. Nous avons cherché à faire varier le passé socioprofessionnel, les conditions de vie actuelles (seul ou en couple), les conditions d’habitat (maison individuelle ou appartement, maison de retraite ou résidence). Tandis que l’une des contributions nous vient du Québec, et deux autres du milieu post-polio aux USA. Nous suivons ici l’ordre alphabétique des auteurs.

 

1)    Sally AITKEN, Montréal, Québec.

 

Sally est l’une des pièces maîtresses de Polio Québec Association, dont le bulletin, semestriel, est bilingue, anglais et français. Voir Adresse 1. Si nous citons S.A. ici, c’est surtout pour dire, qu’elle pourrait constituer un très bon contact pour nos amis français paralysés autrement que par la polio, en vue d’approcher le milieu du handicap moteur au Québec. Très intéressant de vrai.

 

2)    Denise BIEHLER, retraitée de kinésithérapeute et assistante sociale, bénévole au sein du Groupe français d’entraide post-polio 1989-1997.

 

Note : Denise BIEHLER étant momentanément souffrante des yeux, il est repris ici son témoignage dans une publication récente, (HC) at al Référence 2.

 

         « Durant mes études d’assistante sociale, à Lyon, j’ai contracté la poliomyélite ; j’avais vingt et un ans… Paralysie totale… Puis récupération d’une assez bonne autonomie, en trois ans de rééducation.

Devenue assistante sociale, j’exerçais pendant plusieurs années… Etudes tardives de kinésithérapie et poste de « kiné » dans le Var pour la rééducation d’enfants atteints de polio depuis peu !… Par la suite, l’aggravation de mon handicap m’a conduite à reprendre un poste d’assistante sociale. Fin de carrière à soixante ans, dans un état d’épuisement total… Entrée en maison de retraite en 1990…

C’est dans ce contexte que j’ai pris connaissance de l’activité d’entraide entre anciens polios français initiée en 1989. J’y trouvais réponses à un certain nombre des questions que je me posais à propos de mon évolution post-polio. J’y nouais surtout des liens amicaux, enrichissants, avec des « frères et sœurs en polio »… J’apportais et apporte encore, à l’occasion, mes réflexion faites de la triple ou quadruple compétence, si l’on peut dire : polio déjà – effets tardifs, plus marqués chez moi que chez de nombreux autres – expériences de kinésithérapeute (polio) – connaissance de la bibliographie sur les effets tardifs de la polio (littérature américaine surtout) acquise au travers de notre groupe… J’ai publié quelques articles dans « Le Point Carré », rubrique polio (Adresse 2).

Compte tenu de mon expérience de vie, je me suis en outre investie, dans le même contexte, sur le sujet qui me tient beaucoup à cœur : « lieu de vie de la personne handicapée physique vieillissante »… S’il est un point dont je souffre en effet en maison de retraite, c’est de voir autour de moi la dépendance, d’origine cérébrale, qui confine au statut végétatif pur !… J’ai recherché de l’information, des adresses, des témoignages… J’ai publié sur ce sujet aussi, dans « Le Point Carré »…

A ce jour, mon volume d’activités se réduit certes… Mais mon expérience n’en montre pas moins, j’espère, que y compris lorsqu’elle vit en maison de retraite, une personne handicapée ou (et) âgée, peut avoir un apport constructif auprès de la société… Peut-être convient-il de souligner ici l’intérêt des groupes d’entraide entre personnes vivant des situations difficiles similaires, forme de la vie associative très insuffisamment développée encore en France… »

 

Remarque (HC) : On peut espérer qu’à terme, chaque personne en situation telle celle décrite ici, soit équipée d’un ordinateur en vue d’activité associative, selon ses compétences. Internet servant à faire la liaison avec les destinataires des services proposés ; diverses possibilités d’activité sont recensées au sein de l’article, référence 2.

 

3) Josiane  CRISCUOLO, Directeur de recherches au CNRS, lettres (spécialiste du monde arabe), bénévole associative.

 

(HC) : Nous recevons ce 1er septembre un mot gentil de Josiane CRISCUOLO, nous faisant part de son regret de ne pas pouvoir nous adresser un texte, (elle a un sérieux problème de cataracte). Paralysée complète et insuffisance respiratoire totale, par la polio à l’âge de 23 ans, Josiane CRISCUOLO a un parcours de vie assez étonnant. Elle a publié un premier ouvrage, autobiographique en 1974, référence 3. Ses publications ultérieures principales, en faveur de l’intégration des personnes handicapées sont mises à profit plus directement ci-après. L’une de ses citations extraite du fascicule « Pensées et aphorismes », Référence 4, : « Le corps ne répond plus, la vision du monde ne peut plus être identique. Elle a pris en même temps une forme nouvelle détachée de combien de contingences subjectives ».

 

4)    Joan HEADLEY, Executive Director, Gazette International Networking Institute, G.I.N.I., Adresse 3.

 

Née en 1947, j’ai eu la polio toute petite ; le diagnostic est venu plus tard, expliquant pourquoi je traînais la jambe gauche… J’ai deux souvenirs de jeunesse de ma polio… L’un de l’école élémentaire ; alors qu’on nous faisait nous déguiser en vue d’aller parader dans les autres classes, cela me semblait ridicule pour moi ; en raison de ma boiterie, j’étais certaine d’être de toute façon reconnue !… L’autre remonte au moment de payer mes droits d’entrée au Collège universitaire, en 1965 ; l’employée me fit remarquer que je n’avais pas à payer les droits en totalité, à cause de mon « handicap ». C’est la première fois de ma vie que j’ai pris ce mot en considération !

 

En 1987, travaillant auprès de Gini LAURIE, l’une des pionnières de la lutte pour la vie indépendante, j’appris que l’effort en faveur des droits des personnes handicapées aux U.S.A. faisait partie d’un mouvement général visant à inclure tous les Américains dans la société… Gini LAURIE, fondatrice du G.I.N.I. avait été bénévole dans un Centre de traitement des insuffisances respiratoires dues à la polio au début des années cinquante. De telles hospitalisations étant fort prolongées, des Journaux avaient été créés pour maintenir le contact entre personnes rentrées chez elles et personnes encore à l’hôpital. LAURIE  devint éditeur de la Tomeyville Jr. Gazette en 1958, Journal qui prit le nom, encore actuel, de Rehabilitation gazette en 1970. Son but était notamment de présenter des exemples vivants de personnes handicapées, réussissant néanmoins leur vie.

 

C’est à partir d’un message publié par un ancien polio dans Rehabilitation gazette en 1979, que s’enclenche le mouvement nord-américain en faveur de l’étude et de la bonne gestion des effets tardifs de la polio. Une première Conférence rassemblant professionnels de la santé et anciens polios, en 1981, a été régulièrement suivie d'autres (la huitième se tiendra en juin 2000). GINI sert à fédérer les nombreux groupes d'entraide post-polio qui se sont créés aux U.S.A. depuis le début des années 80 ainsi que les communautés post-polios existant ailleurs dans le monde.

 

Aujourd’hui, GINI publie outre Rehabilitation gazette, les Revues trimestrielles Polio Network News et International Ventilator Users Network. GINI vient de publier une édition actualisée du « Manuel des effets tardifs de la polio », en langue américaine, Référence 5.

 

Remarque (HC) : La genèse et le déroulement de l’activité post-poliomyélitique nord-américaine est très surprenante à nos yeux de Français… Les relations, y compris inter-personnelles, nous ont été très profitables dans l'initiation et la conduite du premier Groupe français d’entraide post-polio (1989-1997). Une collaboration précise a eu lieu en continu avec le GINI, voir Références 6,7. Nous suggérons fortement à nos amis français, jeunes adultes, paralysés pour une cause autre que la polio, de créer des groupes d’entraide (grands ou petits, à chacun selon ses possibilités) avec une dimension internationale. La barrière éventuelle de la langue n’est qu’une fausse barrière. Au travers du Carrefour du Volontariat, Adresse 4, on trouve en effet aisément de très bons traducteurs bénévoles… A raison ou à tort, ou les deux à la fois, nous voyons dans l’engagement associatif assidu et tous azimuts, des personnes handicapées physiques, mentales (assistées par les proches), sociales, un  indispensable moyen d’éviter trop de dérive de notre société française vers… un système ultra libéral. Dr  Lauro S. HASTEAD, ancien polio, s’exprime en effet ainsi dans son article

 

Référence 8 « The lessons and legacies of Polio » : « Je ne pense pas que l’approche capitaliste non planifiée du libre marché ait bien servi la communauté du handicap. Elle a conduit à une fragmentation en groupes de personnes handicapées en compétition les uns avec les autres pour accéder aux mêmes ressources, et à une multiplication de la bureaucratie. L’isolement des individus et des groupes se trouve être renforcé ». Là où nous en référons le plus souvent à la formation spontanée d’un vaste réseau de groupes d’entraide de caractère mono-cause de handicap et international, il y a aussi grand intérêt pour l’élaboration de groupes, nationaux cette fois mais inter-grandes causes de handicap. L’initiative personnelle est ouverte à chacun ; il n’est pas nécessaire d’être handicapé soi pour la prendre.

 

5)    Marie HERAUD, retraitée de professeur de philosophie, conférencière, bénévole associative.

 

Née en décembre 1925, j’ai contracté une polio à l’âge de 8 mois, d’où de fortes séquelles du membre inférieur droit. Le traitement connu à l’époque consistait à poser le membre atteint sur une plaque métallique et à faire passer un léger courant électrique. La kinésithérapie n’avait pas l’extension qu’elle connaît aujourd’hui, je n’ai pas été hospitalisée. Mon père, médecin, me donnait les soins à domicile. J’ai marché à 18 mois selon le témoignage de ma mère. Par la suite, j’ai fait du ski, de la bicyclette, malgré l’opposition de mes parents.

Par un mécanisme psychologique semi-conscient et tout à fait classique, j’ai cherché une affirmation de moi d’ordre intellectuel. Je suis devenue professeur de philosophie, après une rude bataille avec ma famille qui détestait les femmes intellectuelles.

Par ailleurs mes énergies ont été mobilisées par deux grands malades incurables et deux autres personnes de ma famille présentant des problèmes psychologiques délicats.

Le ressenti du vieillissement a été occulté chez moi par la perte des capacités de marche. A 40 ans, je pouvais faire dix kilomètres à pied ; puis très progressivement vers 42 ou 43 ans les premières difficultés apparurent pour descendre les escaliers puis pour la marche. J’ai dû prendre ma retraite pour invalidité à l’âge de 51 ans, utiliser une canne puis deux. Actuellement, je fais quelques pas avec un déambulateur.

Un changement aussi spectaculaire porte un nom, je l’ai su en 1994 grâce à la Revue « Le Point Carré » : syndrome post-polio qui recouvre le vieillissement et ne se confond pas avec lui.

Bien sûr le vieillissement est là : des difficultés à mémoriser des noms propres, des distractions…

Le vieillissement a cependant sur moi un effet bénéfique. Je pensais à 65 ans que ma vie serait finie à 70 ans et quand j’ai franchi, dépassé les 70 ans, je suis devenue paisible ; je ne vis plus dans la hâte de saisir la vie, dans l’avidité. Je goûte la moisson engrangée : tant d’auteurs philosophiques dont souvent la pensée m’enchante et nourrit des conférences-débats que je donne en ville ; tant de pays découverts autrefois à travers des voyages, maintenant à partir de livres… Je fais profiter les lecteurs du «Point Carré» de mes recherches sur le thème : «le vécu de la polio dans les

pays en voie de développement». Je m’émerveille devant notre monde si divers et qui s’offre à notre connaissance. Notre monde parfois si triste est beau.

Il ne s’agit pas de fuir le quotidien ; la maladie (les nôtres et celles d’autrui) nous y ramène infailliblement. Mais c’est la condition humaine que de vivre au rythme du monde, chacun à sa façon.

 

Remarque (HC) : Les activités présentes de Marie HERAUD se raccordent parfaitement avec la fin de l’introduction du Dr Olivier de LADOUCETTE à son ouvrage Référence 9 : « Cet ouvrage de psychologie est destiné à donner une image claire et positive du vieillissement. Loin des préjugés et des stéréotypes, il identifie l’avancée en âge comme une étape nouvelle du devenir et du développement de tout être humain ».

 

 

6, 7)  Odette et Camille LACAZE, couple de retraités d’aide comptables ; bénévoles associatifs.

 

         Odette : née en 1929, polio en 1943 ; séquelles aux membres inférieurs et scoliose… Entrée dans la vie active en 1949, comme employée de bureau et aide comptable… Mise en invalidité en 1985, à l’âge de 56 ans, l’employeur refusant le passage demandé en temps partiel.

 

         Camille : né en 1938, polio en 1956, aux membres supérieurs (bras gauche hors service) ; agriculture abandonnée de ce fait… Par la suite, aide-comptable en entreprise jusqu’en 1986… Licencié pour cause de cessation d’activité de l’entreprise… Suite à quoi, mise en invalidité en 1987, à l’âge de 49 ans…

 

         Pertes de possibilités fonctionnelles avec les ans, chez Odette depuis ses 48 ans, chez Camille depuis ses 54 ans.

 

         Activités associatives en commun :

 

         « Adhérents depuis le jeune âge à des Associations dont APF (Cordées, loisirs). Depuis 1972, nous militons dans une Fédération de Malades et Handicapés, F.M.H., tous handicapés confondus, Adresse 5. Les objectifs : aider la personne malade ou handicapée à se prendre en charge et à se réinsérer dans la société selon ses possibilités.

 

         Les moyens : permanences sociales, réunions d’information, détente ; présence, avec d’autres associations, dans les lieux publics (commissions…) où se traitent les problèmes des personnes handicapées.

 

         Au total, notre regret est d’avoir le sentiment d’avoir été quelque peu laissés à l’abandon, au plan médical spécialisé post-polio… et notre espoir est de pouvoir prolonger le plus longtemps possible une vie raisonnablement active, et d’éviter d’aller en maison de retraite ».

 

         Remarque (HC) : Avec les handicaps moteurs chroniques à évolution lente, on tourne assez facilement en rond sur le point fondamental suivant… Il existe un indiscutable besoin de la plupart des personnes d’une éducation en continu pour le bon entretien de leur appareil locomoteur… Cette éducation demande à être faite classe par classe de handicap (polio ; paralysie par accident…)… La médecine spécialisée ne considère pas vraiment qu’il est de son rôle de s’en charger, sauf là où elle est clairement sollicitée par les patients avec leur tissu associatif…

 

8) Jacques  LACOMBE, président de l’Association Nationale Pour l’Intégration des Handicapés Moteurs (A.N.P.I.H.M., Adresse 6).

 

         Agé de 59 ans, polio depuis l’âge de 17 ans, paraplégie totale, atteinte partielle des membres supérieurs et également respiratoire ; rééducation effectuée en 1957-1958, en Centre ; actuellement, rééducation d’entretien au C.H.R. de Rennes, (piscine-massages).

 

Salarié durant quelques années dans une entreprise de vente de machines agricoles. Travail et déplacements devenant de plus en plus difficiles, j’ai bénéficié d’une pension d’invalidité en 1979.

 

 Depuis, l’âge et le vieillissement ont ajouté un handicap supplémentaire, surtout si l’on compte deux interventions chirurgicales graves en 1986 et 1989. La prise de poids a très probablement aggravé le handicap… Bénévole associatif, depuis 1959, au sein de l’A.N.P.I.M.F. devenue A.N.P.I.H.M., activité prenante, passionnante parfois, stressante souvent. L’évolution de la vie associative doit être prise en compte, le bénévolat s’essouffle, le professionnalisme prend le pas peu à peu, ce qui est indispensable devant la multiplicité de démarches et de contraintes administratives.

         Les actions principales de l’A.N.P.I.H.M. sont les services transports, répondant à un réel besoin, là où il n’existe rien d’autre. La vie à domicile est également de nos préoccupations, afin que chacun, quelle que soit l’importance du handicap, puisse vivre, parmi les autres et aux côtés des autres. Les mini-résidences répondent, pour certains, à ces attentes légitimes. Elles se composent de 6 à 7 appartements (55 m2) où chacun bénéficie d’un service permanent d’auxiliaire de vie 24 h/24.

         Faciliter, autant que faire se peut, la vie des personnes handicapées, c’est une évidence (domotique, véhicules bien aménagés, aide à domicile sans les multiples tracasseries administratives, pour ne citer que cela).

 

         Remarque (HC) : on pourra avantageusement demander auprès de Jacques LACOMBE, un complément d’information sur la formule, très intéressante, des appartements regroupés. En souhaitant qu’ils soient ouverts d’accès aux personnes handicapées moteurs adultes jusqu’à leurs quatre-vingt-dix ans ! L’espérance de vie de ces personnes s’est considérablement accrue récemment, notamment pour les personnes paralysées par accident.

 

9) Germaine LIVET, retraitée d’agricultrice.

 

         Née en 1930, je contractais la polio en 1959. Entièrement paralysée, malgré 2 ans ½ passés au Centre des Massues à Lyon, je restais tétraplégique, avec fauteuil roulant. En 1961, je m’installais avec mon mari dans une ferme à La Clayette (71)… Ayant eu un premier enfant en 1956, j’en ai eu deux autres en 1969 et 1970.

         En retraite depuis dix ans, les problèmes physiques ne m’ont pas manqué. La gestion de mes transferts est rendue plus difficile aussi par… la prise d’âge de mon mari.

         Il est un point qui, avec mon mari, nous tient particulièrement à cœur : l’accessibilité des lieux publics. Nous avons par exemple un bureau de Poste à La Clayette, où on accède par 5 marches d’escalier. Mon mari, alors au Conseil Municipal, avait demandé à plusieurs reprises que l’on fasse une rampe d’accès, ce qui paraissait possible : Réponse négative. En 1997, quelle fut notre surprise de voir l’entrée de la Poste en travaux et les fameux escaliers démolis. Tout espoir de voir se réaliser la rampe d’accès était alors permis. Hélas ! Quelle déception de voir quelque temps après, les escaliers refaits exactement comme avant !

Un autre problème concernant les personnes handicapées âgées vient de se poser pour nous. Nous avons décidé en 1997 de faire une donation-partage au profit de nos enfants du petit patrimoine que nous possédions. Or  récemment, l’Assistante  Sociale  départementale de l’A.P.F. en consultant notre dossier, nous a mis en garde contre l’erreur que nous avions commise. D’après

elle, nous avons fait à nos enfants un cadeau empoisonné, car à notre mort, il y aura récupération et ils auront à reverser la totalité de l’allocation compensatrice qui m’a été versée depuis 1961 !

 

         Remarques (HC) :

 

1)    La relation de la non-accessibilité du bureau de Poste de La Clayette (71) apporte à ce texte une note d’humour… si l’on veut !

 

2)    Chacun d’entre nous, notamment vieillissant, a à veiller à l’organisation de sa succession. Germaine LIVET souligne l’intérêt de penser à la possible « récupération » par l’Etat du montant des    avantages sociaux que nous aurons perçus. En cas de difficulté, voir par exemple auprès du Service Juridique de l’APF (Paris).

 

10) Marie-Thérèse LORENTZ, non polio, déléguée départementale de l’APF du Bas-Rhin (Strasbourg).

 

         Marie-Thérèse LORENTZ nous a adressé trois témoignages détaillés non signés, d’anciens polios, présentés à la Rencontre « Syndrome post-polio à l’aube de l’an 2000 : mythe ou réalité ? » qu’elle a organisée ce 12 juin. De ces témoignages et… de la lettre d’accompagnement, il ressort selon nous que :

 

1)    Les anciens polios français extériorisent plus facilement qu’il y a dix ans leurs évolutions tant physiques que psychologiques… On peut penser que c’est pour une part le fait de l’action que nous avons entreprise il y a dix ans (Groupe français d’entraide post-polio, références 6,7), action poursuivie par d’autres (Adresse 2). Ceci est à poursuivre… et à s’appliquer de même aux autres pathologies ou accidents invalidants.

 

2)    Ils restent peu sensibilisés à l’intérêt de groupes d’entraide, spécifique pour la polio (cela s’étendant aisément aussi à d’autres pathologies invalidantes) et à la notion, moderne, de pair-émulation (voir plus loin : Louise-Marie AVRIL).

 

3)    Les personnels de l’APF eux-mêmes ont jusqu’ici été très peu interpellés par ce sujet du « Vieillir avec un handicap moteur »…

 

         Nous avons eu le même sentiment, en rencontrant de jeunes salariés de l’APF (Rhône) en vue de cet article… On peut y voir deux raisons : 1) ces personnels sont en permanence en contact avec des handicapés lourdement atteints et jeunes ; 2) l’insuffisance criante d’intercommunication, d’accompagnement mutuel si l’on préfère, entre handicapés chroniques, et de ce fait ayant compétences, et professionnels de toutes professions concernées.

 

 Sur le fond, et sans que cela soit limitatif : 1) là où le handicapé moteur de 30 ans cherche à entrer dans le monde du travail, celui de 50 à 55 ans aspire souvent plutôt à en sortir (Voir les témoignages ci-avant et ci-après) ; 2) en matière d’habitat, les besoins sont « en moyenne » également très différents.

 

11) Aline PAIRET, Administrateur depuis 1995, à l’APF, Responsable d’une section dans les Cordées APF (Adresse 7).

 

         Je me présente :

 

Date de naissance : 1936 ; Polio : 1939 ; Institutrice mise en invalidité pour aggravation de handicap en 1975 à 39 ans ; Déléguée Départementale bénévole de l’APF des Pyrénées Orientales (66) en 1978-1992.

 

Vieillir, n’est simple pour personne, que l’on soit valide ou handicapé.

Pourtant, pour la personne handicapée la vieillesse est plus précoce et plus dure à assumer…

De par son état physique, elle a besoin, pour vivre dignement, d’un accompagnement suivi au quotidien pour les actes essentiels de la vie : se lever, s’habiller, se coucher, manger…, et pour les soins.

Cet accompagnement n’est pas à l’heure actuelle à la mesure de ses moyens financiers. Une personne handicapée perçoit environ 3500 F par mois (Allocation aux Adultes Handicapés, A.A.H.) et  une allocation  de  dépendance  lui  permettant  (au maximum)  de rémunérer une tierce personne

2 heures par jour… tandis que les aides techniques sont loin d’être totalement remboursées !

Devant cette situation matérielle, la personne handicapée a-t-elle la possibilité de choisir son mode de vie comme le fait tout citoyen ordinaire ? Lui en donne-t-on les moyens ?

La réponse à cette question est primordiale pour aborder le vieillissement de la personne handicapée. On touche à l’éthique, à la dignité de l’Homme.

 

La personne handicapée est-elle perçue comme une personne à part entière ?

 

Les mots « Liberté, Egalité, Mobilité, » scandés ce 29 mai 1999, lors de la manifestation organisée par l’APF et l’AFM, nous sont familiers. Les deux premiers sont même inscrits sur le fronton de nos Mairies !

Pour les personnes handicapées ils prendront toute leur signification lorsqu’ils se déclineront en « moyens » mis à leur disposition, pour compenser leur manque. Moyens qui devront prendre en compte la couverture réelle des besoins en aide humaine et en aide à domicile.

Alors seulement, vieillir avec un handicap moteur, sera supportable. La personne handicapée pourra choisir de vivre à domicile, en établissement, en maison de retraite, comme un citoyen ordinaire, et sa vie y gagnera en dignité.

A l’APF, je m’investis tout particulièrement pour l’accompagnement à la vie sociale des personnes lourdement handicapées moteur vivant au domicile.

 

Remarque (HC) : Une grande manifestation annuelle de personnes en fauteuil roulant, une ou deux grandes émissions par an sur le handicap moteur à la TV, d’accord. Mais nous manquons aussi d’ouvrages collectifs, d’articles avec témoignages, pour traiter de l’utilisation précise de son budget domestique par la personne handicapée moteur. Faute de telles publications, il échappe à tous ceux qui construisent notre politique sociale, toute idée du pourcentage de notre budget ordinaire passant dans des handi-dépenses. A titre anecdotique, nous avons eu à remplacer cette année le dispositif de conduite manuelle pour automobile ; le précédent remontait à dix ans. Coût : 14 000 F ; prise en charge par la Sécurité Sociale : 0 F, par la MGEN : 0 F aussi. En diffusant de l’information rigoureuse, on éviterait que l’A.A.H. ne soit jalousée par les populations en situation précaire, depuis relativement peu dites en état de handicap social (chômeurs de longue durée, sans logis et personnes autrement mal logées…).

 

12) Monique PAUZE, en retraite anticipée de secrétaire, bénévole associative.

 

         Née en 1951, polio en 1956… rééducation à l’hôpital René SABRAN à Giens… S’en suivit galère pour le quotidien, pour les études… Secrétaire déjà dans une petite entreprise, puis comme employée administrative à la mairie de mon village… Puis, mutation dans une mairie du département de l’Ain.

         Depuis 1988, problèmes au dos, à la hanche. …D’où arrêts de travail en 1992 et 1993… Congé de longue maladie fin 1993, début 1994… Mi-temps thérapeutique en 1994 pendant 6 mois. Mais à la date du 29.9.1994, refus de renouvellement de ce mi-temps, et obligation de reprendre à temps plein. Le 5.10.1994, au travail, blocage complet du dos, mais aucune déclaration d’accident du travail faite par l’employeur. J’entrais à nouveau en arrêt de travail, et un cheminement difficile

commençait, duquel j’ai crû ne jamais sortir… En final, l’employeur, la Mutuelle, le Comité Médical m’ont imposé –alors que je souhaitais un mi-temps- la mise à la retraite ; j’avais 46 ans. De plus, mon dossier n’a été accepté par la Caisse de retraite qu’après multiples courriers, contacts téléphoniques, longues semaines d’incertitude, retards de paiement de salaire et d’indemnités… Je considère que mon dossier a été traité avec une certaine légèreté. Jamais la possibilité d’un congé de maladie de longue durée ne m’a été proposée, congé qui m’aurait été très profitable pour le calcul de ma retraite…

         Depuis plus d’un an, je vis des jours paisibles en Provence et m’investis dans le monde associatif… Je participe à l’étude en vue d’initier un Centre d’accueil, temporaire ou prolongé, pour personnes handicapées notamment vieillissantes. Nous disposons des locaux, en partie déjà adaptés (A propos de ce projet, on peut me contacter au travers de l’Adresse 8).

 

         Remarque (HC) : Ce cheminement décrit très bien le véritable « parcours du combattant » qu’est souvent pour la personne handicapée moteur (pas seulement polio hélas), la gestion de sa vie professionnelle au-delà des années passées à niveau stable de handicap… Quelles suggestions à partir de là ? : 1) Au plan individuel, étudier, dès ses années passées à forme physique optimum, tous les tenants et aboutissants de son statut professionnel ; 2) Sur un plan collectif, on ne peut qu’encourager à une Médecine du Travail, en partie spécialisée dans le suivi des personnes handicapées (handicapées physiques, et aussi psychologiques) ; 3) Indiquons que l’une des plus récentes associations de personnes handicapées se fixe pour but d’obtenir, par la voie législative, l’abaissement de l’âge de droit à la retraite à taux plein (Adresse 9).

 

13) Joyce  Ann TEPLEY, psychologue, travailleuse sociale, bénévole associative.

 

         Je suis née à Cleveland dans l’Ohio, USA, en 1943. …Polio à 9 ans, en même temps que mon frère (8 mois). Chez moi, paralysie du dos et des jambes… Etudes de sociologie (licence)… puis maîtrise en action sociale. Au cours de ces études, je m’épuisais physiquement.

         …J’ai déjà travaillé dans une clinique pour handicapés mentaux, en poursuivant mes études post-universitaires et en commençant à m’engager dans des activités bénévoles. En 1975, j’ouvrais mon propre cabinet…, rencontrais mon futur mari…, et continuais à refuser de reconnaître mon handicap.

         1981 : année internationale des handicapés… Je décidais avoir besoin de m’impliquer dans l’association locale en faveur du handicap  ; je suis rapidement devenue présidente du groupe… Nous avons créé le premier Centre pour la Vie Autonome dans notre Région. J’étais politiquement très active mais en train de m’user à la tâche. …J’ai commencé à remarquer des périodes de sérieuse fatigue, réfractaire à l’effet du repos… Apprenant l’existence d’une Conférence organisée par le GINI (Réseau International de la Polio), je décidais d’y aller. Pour moi, c’était comme retourner dans ma famille. J’ai éprouvé une affinité spéciale envers mes frères et sœurs poliomyélitiques. Nous étions tous embarqués dans la même galère. Nous avons beaucoup appris et développé des amitiés… Actuellement, pas un jour ne se passe sans que j’éprouve quelque douleur ; mon cerveau fonctionne bien, mais je suis plus distraite… Bien que mon corps s’affaiblisse, ma vie est bien remplie avec amis et famille ; mon mariage est solide ; je fais du volontariat dans mon association de quartier et je voyage toujours beaucoup. J’ai mis en route un nouveau projet d’entreprise tout à fait satisfaisant. Mon handicap est maintenant une part importante de moi-même qui exige du respect et de l’entretien. Je ne suis pas seulement une survivante de la polio mais une polio épanouie !

 

         Remarques (HC) :

 

1) Le concept de Centre pour la Vie Autonome  (Centre de documentation et d’activités, inter-   handicaps) est très intéressant… Sur la « place de Lyon » nous avons tout ce qu’il faut pour faire une réalisation de ce type. Le Centre-Centre en serait sans doute I.C.O.M., Adresse10, auquel se joindraient, tout en restant géographiquement délocalisées, les Associations concernées intéressées.

 

2) Joyce Ann TEPLEY a publié un article : « Le mariage. Une rue à double sens »… à partir de son expérience de couple handicapée-non handicapé. On lit parmi les dix axiomes qu’elle propose : « Pour un mariage réussi le partenaire non handicapé doit posséder un fort degré de générosité et le handicapé, lui, doit avoir un degré élevé de force mentale », Référence 10.

 

ELEMENTS POUR UNE « BOITE A OUTILS » DE L’ACCOMPAGNEMENT

 

         Dans son article « Accompagner bon gré, malgré le handicap », Référence 11, Jean-Pierre CHARCOSSET, accompagnant de sa fille Marie-Anne, adolescente handicapée, « apparente l’accompagnement à l’art du bricolage… Il faut : faire du « sur mesure » …faire preuve d’astuce… être, à sa façon, un inventeur ou à défaut de l’être toujours, quelqu’un qui effectue des tentatives dans lesquelles il est directement engagé et à la réussite desquelles il est attaché ». Ces considérations s’appliquent tout à fait ici.

 

 

I – Bibliographie générale

 

     Ouvrages :

 

         Les non spécialistes de la psychologie du vieillissement chez l’être humain apprendront beaucoup en lisant l’ouvrage déjà cité du Dr Olivier De LADOUCETTE, psychiatre, psychothérapeute, publié dans la série « Psychologie de la vie quotidienne » chez Bayard Ed, Référence 9.

 

         S’il n’existe pas encore d’ouvrage sur le « vieillir avec un handicap moteur », le « vivre avec un handicap moteur » est l’objet d’un ouvrage général de Pierre BRUNELLES, lui-même handicapé moteur polio, docteur en psychologie clinique, Référence 12. Voir aussi l’ouvrage à caractère plus autobiographique de Josiane CRISCUOLO, tétraplégique polio, référence 13, celui de Bertrand BESSE-SAIGE (tétraplégique accident), référence 14.  De cet auteur p. 32 : « Mon intellect est sans doute le seul organe à mieux fonctionner depuis mon accident. Penser développe un recentrage en soi-même et une indéniable capacité à se situer et à s’organiser, mais c’est aussi un moment de disponibilité pour les autres et pour observer… ». Bertrand BESSE-SAIGE a créé et dirige l’ « Institut Vivre et s’adapter », Adresse 11.

 

         Prenant comme « variable » ici, la cause de handicap, citons encore l’ouvrage de Jean-Dominique BAUBY, devenu totalement paralysé en quelques instants, par accident vasculaire cérébral, référence 15, et celui de Michel ROBERT, devenu paralysé de même, mais en quelque cinq ans par sclérose latérale amyotrophique, référence 16. De ce dernier, en état d’immobilité corporelle totale, trachéotomisé, ne parlant plus : « Cela ne m’effraie pas, dès lors que mon esprit fonctionne encore bien, que je peux communiquer, créer, réfléchir… Je découvre un nouveau métier qui me passionne, celui d’écrivain ».

 

         A retenir déjà de ces témoignages détaillés par de grands paralysés, que la paralysie n’empêche pas de par elle-même l’activité de la pensée constructive. Ce sont plutôt les effets associés (douleurs physiques, douleurs morales pouvant aller jusqu’à la dépression, «douleurs sociales» dues à toutes les complications de relation avec les Organismes sociaux) qui sont inhibiteurs. Pour s’en convaincre, on lira encore l’expérience de Stephen W. HAWKING (Référence 17), physicien théoricien ayant acquis une renommée mondiale, alors qu’il développait une sclérose latérale amyotrophique le conduisant à paralysie complète.

 

         Il existe un réel intérêt aussi à lire l’ouvrage collectif « Naître ou devenir handicapé », (série de témoignages par des personnes handicapées moteur, ce pour des raisons variées). Ce livre s’inclut dans une série de quatre, intitulée « Le handicap en visages », éditée par Charles GARDOU et collaborateurs, Référence 18.

 

         Un minimum de connaissances sur la cause du handicap, avec les « dégâts » associés, est nécessaire… Chacun d’entre nous dispose déjà d’un dictionnaire commun, d’une encyclopédie courante… De plus, l’APF a édité en 1996 « Déficiences motrices et handicaps » en 500 pages, Référence 19, qui apporte entre autres, un chapitre spécifique à chaque cause de handicap moteur. Ouvrage qui devrait se trouver auprès des Services de documentation des Lieux, professionnels et associatifs, oeuvrant pour l’accompagnement de personnes handicapées moteurs.

 

         Ce n’est pas un mal non plus de s’autoformer quelque peu à défaut de l’avoir été, sur l’histoire des handicaps. Un sujet traité depuis un quart de siècle par le philosophe Henri-Jacques STIKER, voir notamment Référence 20.

 

         Il sera utile d’avoir à disposition l’Annuaire des Associations du Rhône, 1996, Référence 21, tant l’insertion sociale des personnes handicapées, ou non d’ailleurs, met avantageusement à contribution ce milieu (6 000 associations déclarées dans le Rhône, sans doute autant qui ne le sont pas, les groupes de toutes sortes dans nos Centres sociaux, paroisses…).

 

         Revues :

 

         Nombre d’associations du milieu du handicap moteur possèdent leur revue (Faire Face de l’APF, Plainpied du GIHP, etc…). Nous avons déjà cité « Le Point Carré », trimestriel, Adresse 2, source d’informations concrètes variées, pour les personnes handicapées moteurs, quels que soient la cause du handicap et l’âge de la personne.

 

         Nous avons depuis peu à disposition le mensuel « Handirect », Adresse 12.

 

II – Services, Associations à vocation sociale

 

         A connaître S.O.S. Handicap (Tel 01 47 10 70 20) pour des renseignements médicaux spécialisés à distance (Adresse 13).

 

         A Lyon, entre autres, l’APF (Adresse 14), le GIHP (Adresse 15), QUALIDOM (Tel 04 72 77 02 02), le Centre Mieux Vivre (Adresse 16), le C.R.I.A.S. (Adresse 17), les « Petits Frères des Pauvres » (Adresse 18), sont bien connus.

 

         Pour contribuer à la lutte contre l’isolement des personnes handicapées citons brièvement encore Auxilia (Adresse 19), Epistola-France (Adresse 20), Les Cordées de l’APF (Adresse 7), La Bibliothèque à Domicile de Lyon (Adresse 21).

 

RECHERCHE*

 

         Quiconque, pour les éléments clés de sa vie - et Dieu sait si le handicap lourd en est un – devrait acquérir une mentalité de chercheur, à moins qu’elle ne lui vienne naturellement.

 

         Etre chercheur, c’est, sur son sujet d’intérêt dominant du moment : 1) Se documenter sur ce qui s’est fait dans le passé (notion d’analyse bibliographique critique) ; 2) Se renseigner sur ce qui se fait actuellement, en entrant de plus en interaction avec certains (individus, groupes) concernés par la même question (notion de collaboration scientifique) ; 3) A partir de là, chercher à résoudre, autant que faire se peut son problème ; analyser l’ensemble de son travail, en faire la synthèse (c’est le travail de recherche scientifique proprement dit) ; 4) Enfin, exploiter le fruit de sa recherche, au sens d’en faire bénéficier la communauté, au travers des communications, publications, ouvrages… C’est ce que fait au quotidien tout chercheur scientifique… Par exemple, l’avancement de la recherche sur le cancer de tel ou tel organe en l’an que nous vivons, est largement tributaire des travaux publiés il y a trente, vingt, dix ans…

 

         Cette méthodologie de base dans la pensée scientifique :

 

- est accessible à tout un chacun (aucun besoin d’être bachelier !)

- et elle est garantie de succès, le plus souvent petits plutôt que grands il est vrai, dès lors qu’elle est appliquée méthodiquement, scrupuleusement, dans la durée.

 

Elle n’est pas assez utilisée dans la recherche en Sciences humaines appliquées, Recherche-action  en particulier en milieu associatif où nous disposons pourtant de très nombreuses Revues de qualité...

 

Toutes les expériences individuelles et le plus grand nombre des activités associatives rapportées ci-avant ont une composante recherche… La recherche pour l’intégration des personnes handicapées vieillissantes et des personnes très âgées repose beaucoup sur l’informatique et l’utilisation d’Internet.

 

Le Centre ICOM’-Handicap International, Adresse 10, est déjà bien connu sur Lyon. Le Collectif de Recherches sur le Handicap et l’Education Spécialisée (C.R.H.E.S.), Adresse 22, est une autre création lyonnaise récente.

 

Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) peuvent permettre de rompre l’isolement des personnes à mobilité réduite ou de celles qui sont maintenues en permanence à leur domicile. Par exemple, l’initiative cyberpapy (www. cyberpapy com) met en relation des retraités avec des enfants qui cherchent du soutien scolaire ou du moins quelques informations pour réaliser leurs devoirs. Ce type d’initiative rapproche les générations. Au C.R.H.E.S. il existe huit E.R.M.A. : 

 

         Il existe huit E.R.M.A. : Espaces de Recherches et de Mises en Actes. Celles qui concernent le plus directement les personnes handicapées moteurs vieillissantes sont : l’E.R.M.A.2 : Vie autonome et qualité de vie (co-animatrice : Louise-Marie AVRIL-GROSJEAN, Tel/FAX 04 78 55 33 74 02 et l’E.R.M.A.5 : Vie quotidienne (Virginie MERIEUX – Tel 04 78 74 36 95).

 

         Les Comptes-rendus du CRHES prendront très prochainement la forme d’une Revue interne, d’intitulé probable « Reliance ». Il n’y a pas à être universitaire pour s’inscrire. En relation avec le dynamisme de C.R.H.E.S., nous ne serions pas surpris de la création d’autres E.R.M.A., dont l’une pourrait hypothétiquement traiter de l’accès à la documentation nécessaire à une recherche handicap, conduite y compris depuis le lieu de résidence quel que ce lieu soit…(Voir encadré). Il nous étonnerait de plus que « Reliance » reste pendant longtemps une Revue purement interne… L’étape suivante pourrait être –en tout cas cela est notre souhait- une ouverture progressive à tout le milieu handicap lyonnais, particuliers y compris, oeuvrant dans une optique recherche…

 

 

RECHERCHE  DE  PERSONNES  POUR  COLLABORER  ENTRE  ELLES  EN  VUE  D’UN  GROUPE  DE  TRAVAIL, au départ informel, afin de METTRE  A  LA  PORTEE  DE  CHACUN, où qu’il vive, y compris Maison de Retraite ou Prison, et aussi modestes que ses revenus soient, L’ACCES  A/UNE  LITTERATURE  BASIQUE  EN  SCIENCES  HUMAINES  ET  SOCIALES, appliquées à réduire les  fissures et fractures sociales dans notre société.

 

 

         Il est dans l’esprit du présent article, de se représenter n’importe qui, d’adulte, avec les éléments forts de sa vie, comme un COLLABORATEUR  DE  RECHERCHE.

         Ce rôle, très important pour aller vers plus d’intercommunication entre les individus ou entre les groupes, serait largement encouragé par un meilleur accès à la documentation. Ce qui comprend une sélection d’ouvrages autobiographiques par des personnes handicapées (handicaps physique, mental, social) ou (et) par leurs proches. A titre d’exemples, la série d’ouvrages –Le handicap en visages- par le professeur Charles GARDOU et ses collaborateurs, ne se trouve pas aux Bibliothèques Municipales de Lyon, lesquelles sont par ailleurs très bien associées à Bibliothèque à Domicile, adresse 21 (Port et reprise d’ouvrages au lieu de résidence de la personne, quasiment gratuit (cotisation de 40 F/an). Tandis que les Bibliothèques universitaires lyonnaises, à la différence de l’Université Paris X Nanterre, par exemple, ne possèdent pas de Service auprès des étudiants empêchés de se déplacer. Quant à la simple commande de photocopies d’articles, elle demeure impossible où que ce soit nous semble-t-il, à moins de payer au même tarif que pour les professionnels en fonction, évidemment.

 

 

         IL Y A  SUR  TOUTES  CES  QUESTIONS  POSSIBILITE  D’UN  TRES  BEL  INVESTISSEMENT  PERSONNEL,  EN  MODE  SALARIE  PEUT-ETRE  OU  BENEVOLE CERTAINEMENT…  L’ACTION  PEUT  AUSSI  BIEN  RELEVER  D’UN  BENEVOLAT  AUTONOME  QUE  D’UN  LIEN  SPECIFIQUE  A  UNE  ASSOCIATION  EN  PARTICULIER.

 

 

         Le contenu de cet encadré sera avantageusement diffusé dans le milieu des Bibliothèques universitaires et municipales, des Centres de Documentation, y compris auprès des retraités de ces professions.

 

         A défaut de pouvoir nous impliquer davantage personnellement, nous nous proposons pour mettre en contact entre elles les personnes intéressées.

 

         Henri  CHARCOSSET. Handicapé polio. Retraité de DR CNRS – Chimie –

22, Avenue Condorcet, 69100  VILLEURBANNE.

 

 

DISCUSSION  GENERALE  (HC)

 

         Nous suivons l’ordre :

 

1)    Expériences de vie d’anciens polios,

2)    Echange avec une personne atteinte de paraplégie par accident : vers la profession de conseiller(e) en vie autonome

3)    Handicap, vieillesse, société.

 

 

1)    Expériences de vie d’anciens polios

 

Dans la même ligne de pensée que Charles GARDOU et collaborateurs dans la série « Le handicap en visages », Référence 18, il n’y a pas à rechercher ici telle ou telle conclusion qui voudrait être générale. Chaque expérience constitue en soi une publication. Tel lecteur s’arrêtera à une telle, tel autre à une autre. Ne s’arrêter à aucune signifierait un très faible intérêt de fait pour le vécu et l’accompagnement des handicapés moteurs vieillissants.

 

Nous ferons néanmoins ressortir l’effet fortement négatif selon nous du faible investissement de type associatif des handicapés moteurs adultes en général, pour le traitement des problèmes qui les concernent en premier chef.

 

L’exemple de la non-accessibilité du bureau des PTT à La Clayette (71) (voir témoignage de Germaine LIVET) est révélateur... En faire porter responsabilité à la municipalité ou au délégué départemental de l’APF à 60 km de distance, ou à… ne saurait être un mode de pensée productif. La proportion de personnes handicapées moteurs en France approche des 2 % de la population globale… D’où la présence d’une centaine de personnes paralysées à La Clayette + environs… La responsabilité individuelle et collective est là, en nous. « Nous », puisque nous sommes personnellement originaires du « coin » et y gardons des attaches fortes… Se réunir à quatre ou cinq  personnes handicapées devant ce bureau des PTT, « tirer » quelques bonnes photos, en faire agrandir et les diffuser avec commentaires (en pensant déjà à l’Office du Tourisme)… C’est ce que nous devrions faire… Pas besoin de créer une « structure » avec un « bureau », un président, etc. Voici un exemple simple d’application d’une approche dite scientifique, à la pratique associative.

 

De nouvelles formes d’engagement inter, voire trans-associatif, sont à rechercher et pratiquer, fortes en terme d’engagement et aussi légères que possible en termes de structures…

 

De Josiane CRISCUOLO, Référence 4, la pensée suivante « Abordons le monde avec une pensée originale, peut-être transversale, pour se pencher sur des hommes et des femmes en difficulté et leur rendre la parole grâce au regard neuf de la société ».

 

   

2)    Echange avec Louise-Marie AVRIL, 42 ans, paraplégique, psychologue, bénévole associative.  Pour un nouveau métier ! Conseiller(e) en vie autonome.

 

Nous aimerions faire partager notre réflexion sur une telle triple compétence :

 

1°) être paralysé (pardon : être « en situation de handicap moteur », selon l’approche terminologique la plus récente).

 

2°) L’engagement associatif, pour le milieu du handicap moteur

 

3°) Le professionalisme en psychologie (doctorat)

 

 

1°) Etre paralysé est expérience de vie et donc acquisition de compétences…

 

Il n’y a pas à le réclamer, proclamer… Cela se ressent, se vit, s’affirme sans agressivité, sans fausse timidité… Auprès d’adultes jeunes en recherche d’emploi, notre sensibilité est que la paralysie s’indique dans le C.V., et au niveau des compétences.

Comme l’ont déjà écrit d’autres, le handicap moteur sévère est comme un deuxième métier. Le vivre s’apprend (formation initiale), puis se cultive (formation continue), etc.

2°) Si l’engagement associatif de L-M.A. est vu ici en n° 2 de ses compétences, cela ne devrait pas être… Si cela est, c’est que l’engagement des handicapés moteurs adultes jeunes est très insuffisant, comme on l’a déjà dit. De solution miracle, il n’y en a pas… Dans son principe, le présent article peut apporter son « plus ». De la pair-émulation, il faut attendre qu’à partir de personnes nouvellement paralysées, elle sache conduire à des personnes ayant elles-mêmes, cinq à dix ans plus tard, une mentalité de pair-émulateur et non de pair-émulé à vie.

 

3°) Etre titulaire d’un doctorat en psychologie clinique. Très belle discipline de vrai, avec la psychosociologie entre autre !

 

Profitons de cet échange « à ciel ouvert » pour faire passer, auprès de la Recherche en Sciences humaines, lyonnaise déjà, le message de deux véritables « boulevards » pour des recherches d’envergure :

 

a)     étudier, non plus tant les déficits, incapacités etc. liées aux handicaps, mais les compétences et autres qualités résultant du vécu de ces handicaps. Aucun article n’en traite spécifiquement, en tout cas, à ce jour. De Robert F. MURPHY, par exemple, anthropologue américain devenu progressivement totalement paralysé en conséquence d’une tumeur, « L’altérité même (des personnes handicapées) se révèle positive et créatrice, car  l’affirmation de soi est  une  célébration  intense  de la vie » Référence 22, p 224, 225 ;

 

b)    généraliser la théorie des handicaps (causesºdéficiencesºincapacitésºsituations de handicap) à l’être habituel, actuellement défini comme normal. Les handicaps physique ou mental deviennent alors des chapitres parmi d’autres des in-capacités, in-validités chez l’être humain en général (pour ces termes en in-, voir Henri-Jacques STIKER. A l’appui de cette approche, citons, entre bien des exemples, Véronique PHILIP de  SAINT-JULIEN, Référence 18 c. Sœur d’une adulte jeune atteinte de psychose, elle écrit : « Trop de jugements de personnes méconnaissant la maladie mentale m’ont blessée… N’y a-t-il pas autour de nous, non déclarés, de bien plus graves handicapés qu’Agnès ? Que de handicapés du cœur nous côtoient tous les jours sans carte d’invalidité » !

 

 

Louise-Marie AVRIL-GROSJEAN, Psychologue clinicienne, Docteur en psychologie, Conseillère en vie autonome et « pair-émulatrice » auprès de personnes handicapées, Militante associative (GIHP, GFPH, RIFH), Ancienne sportive Handisport.

 

         De façon habituelle, chez tout un chacun, valide ou handicapé, le temps œuvre et laisse sur le corps les traces des années ! Lors de la quarantaine, qui plus est à l’âge de la soixantaine, un ralentissement des processus supérieurs (dont celui de la mémoire) peut signer une première alerte retentissant sur la personnalité de l’individu. Ceci peut induire un état de crise psychologique. Considérons à ce niveau la nécessité de penser la prévention.

 

         Voyons maintenant ce qu’il en est lorsque le corps physique est atteint de déficiences motrices. La vie autonome obtenue depuis plus ou moins longtemps et au prix de multiples efforts sollicite une sur-activité des membres valides. La conséquence inéluctable est une usure prématurée des articulations, une inflammation des ligaments,… Chacun de nous connaît un jour ou l’autre les douleurs de tendinites, ou encore de rhumatismes dus  à une ostéoporose insidieuse mais bien réelle. La peau demande une excellente hygiène. C’est pourquoi dès l’acquisition d’un handicap moteur (ou la perte de fonctions motrices !), une éducation appropriée au handicap est non seulement nécessaire mais obligatoire. Une bonne prise en charge de son corps handicapé permet un gain de qualité de vie ainsi qu’une longévité accrue. Si cela n’est pas acquis, de nombreuses complications surviennent. Je ne citerai que les plus courantes mais ô combien entravantes dans la vie quotidienne ! Evoquons les escarres, les infections urinaires, les déformations orthopédiques…, tout ceci nécessite non seulement l’intervention du corps médical et du corps infirmier, mais aussi entraîne parfois des hospitalisations, souvent à répétition. Cette notion d’apprentissage (ou d’éducation) à la prise en charge par la personne handicapée elle-même de sa pathologie et de ses déficiences devrait être prise en considération dans les calculs financiers de la Santé Publique de tout Etat.

 

         Pour en revenir à la notion de vieillissement chez les personnes handicapées moteur, force est de constater que les témoignages de tous ceux qui nous entourent confirment que le vieillissement corporel s’effectue souvent de façon prématurée et ceci est dû à l’intensité du travail de compensation demandé aux membres valides du corps. A côté de cette surcompensation, les fonctions et les organes atteints de déficiences plus ou moins totales laissent craindre des évolutions aggravant les déficiences de base. Par exemple, on peut se demander comment va vieillir une vessie neurologique, comment une scoliose stabilisée va réagir sur un terrain ostéoporosique. Psychologiquement tout ceci aura un impact souvent négatif entraînant dans certains cas dépressivité, dévalorisation de son corps… Les forces de vie qui poussent à toujours se battre pour une autonomie plus grande et une citoyenneté à part entière s’en trouveront mises à mal. A la suite de quoi s’installera progressivement la perte du goût pour l’autonomie et le glissement peu à peu vers la dépendance. Tout ceci se réalise d’autant plus tôt que les forces de vie pour l’autonomie, qui normalement s’appuient sur une éducation à la prise en charge, s’épuisent par des « attaques » renouvelées d’incidents mineurs qui finissent par devenir majeurs.

 

         Un autre facteur devrait être pris en considération : c’est celui de la fatigabilité. L’autonomie, même minimale, requiert de l’énergie. Energie pour prendre en charge les handicaps  (limitations) liés aux déficiences et les handicaps de situation liés au contexte social dans lequel on vit et qui sollicite constamment pour la personne handicapée des capacités d’adaptabilité à son environnement en perpétuel mouvement. C’est la vie ! Donc au fond de soi, on aura toujours à trouver une énergie nouvelle pour parvenir à cette adaptabilité au milieu environnemental.

 

         D’un point de vue tout à fait mécanique (car on ne peut omettre de le pointer du doigt), ne faut-il pas, là aussi, une certaine dose d’énergie pour accomplir chaque jour, (jour ouvré comme jour férié !) les transferts qui nous permettent de bouger notre corps, que ce soit avec une aide humaine ou une aide technique (cannes canadiennes, prothèses, orthèses, corsets, fauteuil roulant, …liste non exhaustive !).

 

         A tous ces maux du vieillir avec un handicap moteur ou sensoriel (quelle que soit son origine), l’un des maître mots semble être celui de prévention du vieillissement. Prévention non dans le but illusoire de stopper les processus biologiques du vieillissement (comme si l’horloge pouvait indiquer un arrêt du temps !), mais prévention par éducation, apprentissage et adaptation aux changements imposés par le vieillissement. On ne peut en effet demander au corps les mêmes performances à 70 ans qu’à 20 ans ! Qui plus est quand le corps « porte » des déficiences motrices notables et plus ou moins anciennes. Je pense entre autres aux sportifs de haut niveau de Handisport. Rappelons ici l’adage «Qui  veut  voyager loin, ménage sa monture » ! 

 

Remarque (HC)

 

1)    L’éducation à la gestion de sa santé par la personne blessée médullaire est normalement bien assurée par la Revue « Le Point Carré ». En théorie, car le nombre de lecteurs paralysés du F, quelque 8 000, est considérablement inférieur au nombre des paralysés par accident (de l’ordre de 1000 nouveaux cas par an). On ne peut vraiment pas forcer ces gens à s’abonner à la Revue !… Mais ce que réalise le milieu post-polio aux USA… et que nous « accompagnons » en France, est d’un apport intéressant pour les blessés médullaires français et tout autant pour les personnes atteintes de sclérose en plaques et etc. Docteur Lauro S. HALSTEAD, lui-même post-polio, spécialiste de la recherche sur les effets tardifs de la polio, a édité en 1998 l’ouvrage Références 23. Ce livre, constitué d’une partie médicale, allant jusqu’à la recherche médicale de haut niveau, comprend une partie médico-sociale importante (contexte américain) et se termine par des témoignages d’anciens polios… Tandis que l’International Polio Network vient d’éditer l’ouvrage Référence 5, qui se présente sous forme d’un dictionnaire, essentiellement médical. Une combinaison entre elles de ces deux formules est parfaitement possible… Tel ouvrage, édité grande classe par grande classe de causes de handicaps, serait à ré-éditer tous les dix ans…

 

2)  L’initiative de telles réalisations appartient au milieu associatif français. A partir de là, une participation active du corps médical, des professions para-médicales, des travailleurs sociaux spécialisés peut aisément être obtenue… Tout autre mode de pensée est erroné. Chez les anciens polios longtemps en Centre de Rééducation dans l’enfance, adolescence, le Patron Médecin était bien souvent devenu comme un second grand-père, ou père. Notre subconscient nous dit qu’un demi-siècle après, ses successeurs devraient veiller sur nous autant que il le faisait lui, au début de notre polio. Erreur !

 

Approche d’un nouveau métier : Conseiller(e) en vie autonome

 

         Du paragraphe ci-dessus « Boîte à outils » il ressort que le « paysage » professionnel et bénévole, lyonnais en tout cas, dont relèvent les handicapés moteurs vieillissants, est tout à la fois rapidement évolutif et non coordonné… Les sites INTERNET en gestation faciliteront sans doute son accès, mais ils ne sauraient se substituer aux indispensables rencontres entre personnes. Nous appuyons la mise en place d’une nouvelle profession du type « conseiller(e) en vie autonome ». Dépassons les questions pragmatiques, telle la rémunération de ces nouveaux professionnels… Après tout, les pédicures sont non conventionnées à la Sécurité Sociale, et ne vivent pas trop mal quand même !

 

         Louise-Marie AVRIL-GROSJEAN, en prise directe, au sein du Groupement Français des Personnes Handicapées (G.F.P.H.), avec l’élaboration de cette profession nouvelle qui associe conseil en vie autonome et pair-émulation nous propose l’encadré suivant :

         Le Conseil en vie autonome entre pairs handicapés consiste à occuper une place qui se rapproche de celle de tuteur. Accueillir, écouter, accompagner, diriger, conseiller, sont les maître-mots de cette nouvelle profession dont le GFPH est actuellement en train d’élaborer le plan de formation.

 

Pour toute information complémentaire, contacter le GFPH ,

         10, rue de Porto-Riche

         75014  PARIS

         Tel 01 43 95 05 96

         FAX 01 43 95 05 98

         e-mail : gfph (a) club-internet-fr 

 

 

3) Handicap, vieillesse, société (HC)

 

         Le sujet en titre de cet article ne saurait être abordé avec quelque complétude sans ce paragraphe-ci. Nous faisons simplement part de notre propre réflexion. A chacun… de penser, à sa façon, selon qui il est.

 

         Notre expérience personnelle en réfère au milieu de la petite agriculture, polyculture, dans les années 30 en Charolais, Brionnais (71). Père, grand-père et tous les ascendants antérieurs y ont travaillé jusqu’à leur mort… Dans ce milieu, lire pour le plaisir de lire était très vite considéré comme coupable… Notre activité de recherche associative est substitut, lié aux contraintes du handicap (tétraplégie partielle)… Les marques de ce milieu originel avec scolarité arrêtée entre dix et quatorze ans expliquent notre réserve instinctive pour l’utilisation de mots risquant de ne pas être compris (glossaire, abscisses, ordonnées…)… Et elles sont à l’origine de notre désir fort que l’on rende accessible les modes de pensée et d’expression dans la recherche scientifique, à strictement tout un chacun par lui-même autant que faire se peut, à défaut (handicapés mentaux ; polyhandicapés) par l’intermédiaire de très proches. Dans l’article Référence 2, nous proposons la mise en place d’un Centre National de la Recherche Volontaire, structure légère, sans murs, servant pour former quiconque et notamment des personnes socialement défavorisées à « se penser » comme collaborateurs de recherche-en sciences sociales et humaines appliquées-, avec valorisation de leur expérience de vie telle qu’elle est.

 

L’autre élément clé de notre expérience en relation avec la présente étude, est notre séjour en Centre de Rééducation (Garches) pendant deux années pleines de 17 à 19 ans. En dortoir, à 22 lits occupés par des polios, de la tranche d’âge 16 à 40 ans environ, venant de tous milieux sociaux. Un environnement d’enfants, adolescents polios par centaines, d’autres handicapés neurologiques encore (blessés médullaires, SEP…) Deux points : 1) Notre intérêt déjà profond non pas tant pour la paralysie elle-même, que pour la réaction de la personne face à l’ « évènement » ; 2) Le mixage forcé et combien amusant parfois et enrichissant, de tous ces adultes jeunes. Toute barrière sociale était tombée, exactement ce que rapporte aussi Robert F. MURPHY dans son ouvrage, Référence 22, lorsqu’il parle du Centre de Rééducation qu’il fréquente aux U.S.A. Nous devons à la fréquentation là-bas pour la première fois de notre vie, d’intellectuels, la prise de conscience de nos possibilités propres. Le handicap moteur ne touche pour une bonne part que l’apparence de la personne, nos vrais handicaps ils sont ailleurs, dans la tête, dans le cœur.

 

Le terme de force de travail n’étant, souvent, pas bien perçu maintenant, substituons lui celui de force productive. A la quarantaine, la personne habituelle produit principalement des biens et des services, ce qui représente déjà beaucoup, quand on y rajoute la consommation de son énergie par toutes autres occupations courantes et par les turbulences de la vie tout autant… Conséquemment, en général, la personne habituelle est peu productive de lien social, ainsi que d’activité pour penser la société, notamment la relation de son passé récent à son proche futur. Plus fondamentalement, on peut peut-être bien penser que l’homme moderne à la quarantaine, qui n’a jamais été longuement en contact direct avec le handicap lourd d’une sorte ou d’une autre (physique, mental, social) n’a pas atteint, en général, la maturité nécessaire pour se penser soi, par delà son soi. En effet, nous ne sommes plus à l’époque où tout un chacun était familier de la mort, de l’infirmité, de la misère. Au début de ce siècle qui se termine, -l’espérance de vie des femmes était la quarantaine (suite aux très nombreux décès en couches), - la proportion des enfants nés et arrivant à l’âge adulte était de l’ordre de un quart, - la proportion de gens à vivre en milieu rural, habituée à une durée de cycle de vie bien plus faible chez les animaux que chez les hommes, était beaucoup plus élevée que présentement. En deux mots donc, en général, l’homme moderne à la quarantaine a

besoin de trois à quatre décennies de vie en plus, afin d’être réellement à même d’élargir son cercle de pensée profonde par rapport à celui le plus voisin de son soi ordinaire… L’homme moderne est bien tel qu’il est ; tout son avenir est devant lui… Il est bien tel qu’il est, sous réserve que nous cessions, aux plans théorique et pratique, de le considérer comme l’homme normal, quasiment idéal.

 

La situation « change avantageusement » lorsqu’on passe à d’autres classes de la population, ce déjà à âge comparable… Nous avons bien évoqué ci-dessus le cas des handicapés moteurs lourds, en « commençant » au niveau de la tétraplégie « de préférence » complète, et en poussant au-delà (handicaps moteurs et sensoriels associés par exemple). On peut rajouter sans risque de se tromper, parents et frères, sœurs, dans les familles comprenant un enfant, adolescent ou jeune adulte, pluri, ou polyhandicapé et encore les professionnels concernés (plus de vingt ans d’expérience)… Des expériences de vie (parents, frères, sœurs) dans lesquelles le bien-être psychologique est loin d’être assuré au quotidien c’est sûr, mais dans lesquelles cela s’accompagne de l’acquisition de davantage de « consistance » dans la pensée pour la société… Concernant les parents, l’ouvrage de Charles Gardou et collaborateurs, est venu conforter notre réflexion faite à partir de nos connaissances (deux couples fréquentés par notre couple, trois autres assez bien connus)… L’ouvrage relatif aux fratries a été pour nous une révélation… Soyons plus explicite, en prenant des citations…

De Mireille MALO, mère d’enfant handicapé « Accéder à une autre dimension d’être… La solidarité est un état naturel chez l’homme… Lorsque l’organisation sociale se fonde, comme aujourd’hui, sur un individualisme exacerbé jusqu’à le glorifier à tout instant (le champion, le meilleur, le plus grand, le plus fort…) se développe alors un « chacun pour soi » contre nature. Il importe que nos désirs personnels ne détruisent pas l’attention agissante envers les autres »…Référence 18 b. De Philippe GABERAN, frère d’adulte malade mental, « Naître à un frère malade… », j’ai voulu écrire un texte ouvert sur la foi au progrès de l’humanité. Non pas dans sa technologie mais dans son lien social. J’ai souhaité montrer que tu es un homme et non un échec ou un raté dans l’histoire et la vie d’une famille. Tu es celui par qui il nous est donné de vérifier que la vie a un sens parce que nous avons la force et la capacité de surmonter la difficulté. « Nul ne doit appeler les épreuves mais elles sont le sel de la vie ». (les parties mises en exergue le sont par nous-même). Référence 18 c. Les lecteurs de cet article auront compris que notre conviction propre, peut-être une naïveté, est de voir dans la Recherche appliquée en sciences humaines, un moyen clé pour aller vers une société plus juste et plus humaine.

 Du professeur Charles GARDOU s’exprimant à propos de ces frères et sœurs de personnes handicapées « dont une forte majorité s’engage dans des professions d’assistance, d’éducation ou de soin » : « leurs convictions, leurs projets, leurs ambitions, leurs réalisations s’ancrent dans leur refus des normes totalitaires, de la résignation et de toutes les formes de mépris et d’exclusion », dans « Entendre et donner sens » Ref 18 c pp 175-178). De Stanislav TOMKIEWICZ, grand spécialiste de la déficience à l’INSERM, parlant des êtres polyhandicapés eux-mêmes « J’ai toujours été persuadé qu’il convient de reconnaître les polyhandicapés comme des êtres humains à part entière. Des êtres humains au même titre que les soignants, les parents, les frères et sœurs et toutes les créatures qui naissent à la vie », Référence 18 d.

 

Passons du domaine d’âge la quarantaine, à l’au-delà des soixante dix ans, en prenant comme accompagnateurs les handicapés moteurs vieillissants -cf les expériences de vie d’anciens polios rapportées ci-avant-. A ce stade là, le handicapé vieillissant a déjà vingt bonnes années d’expérience à exister, en plus de simplement vivre, tout en expérimentant des pertes physiques graduelles qu’à chaque étape il lui faut « digérer ». Telle population apparaît clairement leader à l’égard de la population standard d’âge comparable, dès lors que cette dernière n’est pas formée à exister tout en subissant des limitations progressivement croissantes. Le mixage des handicapés moteurs dans les cinquante à soixante dix ans, avec les personnes âgées habituelles s’impose de plus en plus, au profit de ces dernières. Façon de leur enseigner à relativiser les inévitables effets de l’âge. Mixage pouvant se faire par rencontres directes certes, mais aussi au travers d’ouvrages et autres publications, par la voie de l’informatique + Internet encore. A défaut, nous irions inévitablement, à titre d’exemple, vers un coût social de type gérontosexologie pouvant se rapprocher de celui en rhumatologie. Plus généralement d’ailleurs, si il y a peu de décennies encore, le but premier de la recherche de l’intégration des personnes handicapées était de les (ré)amener au travail, il est maintenant autre. Il s’agit de mettre à profit l’influence positive et équilibrante de ces populations auprès de la population standard. Et cela depuis la petite enfance jusqu’au plus grand âge et dans des lieux de toutes sortes. Voir Marie-Louise PELLEGRIN-RESCIA, pour l’âge adulte, Référence 24.

 

 

Quant à la non mise en valeur au profit de notre société toute entière et plus notamment encore de la population adulte jeune standard, de l'expérience de vie et de la disponibilité de temps à étudier, penser, communiquer, publier, de nos grands vieillards, centenaires y compris, elle est particulièrement regrettable. Toute cette population, au domicile, en résidence, en maison de retraite tout autant, représente un réservoir majeur en collaborateurs de recherche, recherche appliquée à ce qui nous est le plus cher : élaborer une société vivable pour les dix à trente ans à venir. La question de l’accès à la documentation utile à telles recherches bénévoles, pour tout un chacun maintenu à son lieu de résidence, a été évoquée ci-dessus. De son côté, la publication des travaux et autres réflexions déjà relativement aisée, sera facilitée encore par l’informatique plus Internet. A assez bientôt de voir nos grands vieillards avec un petit ordinateur, souvent à commande vocale, posé sur leurs genoux. Le but : les maintenir parmi les forces productives aussi longtemps que faire se peut, autant que faire se peut !

 

 

Notre manière de « positiver » l’expérience de vie qu’est le handicap physique ou mental ou social encore, lourd, pourrait heurter si nous ne précisions pas que nous faisons différence entre l’expérience individuelle –au niveau de l’individu, le handicap sévère peut être ressenti comme un drame à l’égard duquel la compassion s’impose– et l’expérience collective.

La question des problèmes de sexualité, déjà d’absence de sensibilité de tout le bas du corps lors des rapports -quand ils peuvent avoir lieu- illustre bien ce point. Bernadette SOULIER, médecin jeune, paraplégique par accident y a consacré toute une étude et un ouvrage « Aimer au-delà du handicap », référence 26. Qu’en ressort-il, dans les conclusions ? : « Retrouver un passé n’est pas souvent possible. Trouver un nouvel équilibre, différent, privilégiant la sensualité, l’amour, l’échange, est une meilleure base… Ne pas buter contre un mur d’organicité… Parler des échanges affectifs autres que sexuels qui se créent dans un couple… Un couple c’est aussi tous ces liens qui se trouvent avec le temps. Ce sont ces échanges de regards, ces petits sourires, ce bras autour du cou, ce baiser dans l’oreille. C’est aussi dormir ensemble, échanger des mots doux, se tenir dans les bras, se faire des câlins, de la tendresse, des choses qu’il faut garder pour soi car elles n’appartiennent qu’aux deux et que personne d’autre n’a le droit de savoir… ». Possiblement drame au plan individuel, certes, le déficit en sexualité de cette catégorie parmi d’autres de handicapés, n’apparaît-elle pas plutôt, vue dans sa globalité, comme un rappel aux « normaux » en général et plus encore auprès des tout jeunes que la relation amoureuse est déjà et avant tout affaire de sentiment ! Ce n’est pas du tout surprenant si de plus en plus de handicapés lourds créent un couple stable… Un phénomène appelé à s’accentuer… L’accélération des moyens de communication en tous genres et la mondialisation vont nous conduire vers un monde uniforme. L’infirmité –dont l’homme saura renouveler les causes, on peut lui faire confiance- se situera parmi les quelques modes restants de différenciation entre les êtres.

 

Notre propos s’articule bien avec l’article « Handicaps et exclusion sociale » de Marie-Louise PELLEGRIN-RESCIA, anthropologue, psychosociologue enseignante à Lyon III et à la Sorbonne, Référence 24. La catégorie de pensées qu’elle développe pour nous tous se rapporte « à des sujets, à énoncer toujours au pluriel, qui se considèrent en inter-dépendance, en relation de réciprocité ». L’auteur propose de plus de «considérer les inactifs (au plan professionnel) comme le « socle de la population », dans la mesure où ils sont amenés à jouer les révélateurs, ou les analyseurs de ce qui « fait sens » à l’heure actuelle dans la société ». C’est exactement ce que nous faisons ci-avant quand nous cherchons à identifier les populations les plus aptes à la production de lien social et de pensée constructive pour élaborer la société de demain. La population des handicapés moteurs vieillissants, anciens polios à titre d’exemple, nous a avantageusement servi de point de départ. Dans notre article Référence 25, nous parlons d’ « insertion mutuelle entre personnes handicapées ou non ».

 

L’une des dimensions dans laquelle nous vivons, non entrouverte à ce stade de notre texte est la « verticale », qui conduit de notre fonctionnement physique à notre intellect et enfin la dimension spirituelle de notre être. Prolongeant le raisonnement que le handicap sévère est opportunité offerte à l’homme pour « grimper » l’échelle de son « niveau de conscience », il vient presque immédiatement à l’esprit de se projeter ici vers les polyhandicapés, présentant une atteinte cérébrale donc. De fait, dans l’ouvrage Référence 18 b consacré aux parents d’enfants handicapés, le cheminement décrit par Janine CHANTEUR, universitaire, professeur de philosophie morale et politique, est assez édifiant, en même temps que bien accessible à lecture par tout un chacun. Elle en réfère à sa fille, handicapée mentale adulte : « Il n’est pas question de sous-estimer la valeur de l’intelligence, pas plus d’ailleurs que celle de la pleine santé du corps. Nous (notre couple) pensions naïvement qu’elle était en nous l’être spirituel… » (Notre long cheminement auprès de notre fille handicapée nous conduit à ressentir profondément que « l’intelligence n’a pas de fin en elle-même : elle est de l’ordre des moyens, elle a des services à remplir… Elle n’est précieuse que si elle renonce à l’arrogance et à la prééminence devant ce mystère de la valeur de toute vie humaine, parce qu’à elle seule, elle ne peut pas découvrir le sens de la vie… Nos enfants handicapés dont l’intelligence est misérable témoignent naïvement de la lumière et de l’esprit, dès que nous leur permettons d’être ce qu’ils sont ».

 

 

De l’abbé Pierre (1999), âgé de plus de quatre vingt ans -il importe de le souligner, dans le présent contexte- « Le XXIème siècle sera fraternel ou ne sera pas ». A chacun de nous, quelle que soit la foi ou la pensée qui l’anime, de faire que cette certitude vienne à vivre… Soit nous nous résignons à une société fracturée, de plus en plus individualiste et violente, soit nous mettons tout en œuvre, individuellement et collectivement, pour construire ensemble une société plus équitable, solidaire et apaisée », extrait de « Fraternité », Référence 27. En matière de fracture sociale et autre violence, il suffirait de donner deux exemples extraits de la vie villeurbannaise toute récente. D’un côté un couple de personnes âgées a été retrouvé mort (mort naturelle) dix semaines environ après décès à quelques jours d’intervalle ; l’odeur nauséabonde venant de l’appartement ayant alerté le voisinage. De l’autre, le bus, très difficilement acquis (200 KF) par l’Office Villeurbannais des Personnes Agées et Retraitées, OVPAR, Adresse 23, a été incendié, volontairement ; équipé d’un monte-fauteuils roulants il servait au transport de personnes âgées et handicapées.

Aller à davantage de civilité, de solidarité, fraternité, relève pour l’essentiel du milieu des handicaps tel que largement évoqué dans ce texte. A « nous » d’être force productive majeure en ce domaine, là où la population adulte jeune standard, produit et c’est déjà beaucoup, l’essentiel des biens et services nécessaires à tous. Rien n’interdit non plus si ce n’est l’âge ou la lourdeur d’un handicap, d’être productif dans les deux domaines à la fois, cela va sans dire.

 

 

Le niveau local d’action nous semble offrir au moins autant de perspectives que les niveaux national et international. En tout cas, il y a complémentarité. Lyon et notre département du Rhône offrent d’excellentes possibilités, on l’a vu, bien que nous soyons loin d’avoir été complets dans nos citations. Sachons mieux valoriser l’expérience de vie de tous les défavorisés de la vie en leur apportant les ressources nécessaires à pouvoir rester ou rentrer en inter-action avec la société. Une approche de type recherche, assistée par le concours principalement de bénévoles, peut se révéler essentielle : accès à la documentation - travail personnel – accès aux modes d’expression oral, écrit, par ordinateur + Internet… Sur un plan plus collectif, entre Universités, Professions médicales et médico-sociales, Secteur associatif, établir davantage d’interaction positive, sans pour autant créer de nouvelle structure lourde.

 

Avant de conclure, indiquons notre regret de ne pas avoir pu donner à lire notre manuscrit dans sa totalité auprès des personnes qui nous ont apporté une contribution. De toute façon, la présente approche, de type recherche à bien des égards exploratoire, veut se situer en transversale par rapport à tous courants philosophique, religieux, politique en particulier.

 

CONCLUSION

 

1)    L’accompagnement présente un caractère multidisciplinaire l’ouvrant à tout un chacun… Suggestion est faite de se constituer sa propre « boîte à outils » de l’accompagnement.

 

2)    Une société équilibrée, équilibrante se doit de reposer sur deux socles principaux de production :

 

-         celle de biens et de services, par la population standard adulte jeune, surtout,

-         celle de lien social dans toutes ses dimensions, prioritairement par les personnes handicapées (physiques, mentales, sociales), avec leur entourage et par les personnes âgées et très âgées aussi.

 

3)    De la part de tout un chacun, quel qu’il soit, et où qu’il vive, savoir (dès lors que pouvoir le faire serait assuré) se situer comme collaborateur de recherche, est un moyen formidable d’identification sociale. Recherche pour aller vers une société plus juste et plus humaine, à partir de son expérience de la vie, tout simplement.

 

4)    L’aspect local de la recherche-action en ce domaine est au moins aussi prometteur que l’approche aux plans national et international. Lyon a tout ce qu’il faut pour constituer un pôle d’excellence.

 

 

Remerciements : Nous remercions tout particulièrement Françoise CATTENAT et Catherine BONTE du C.R.I.A.S., Elodie DAVIN du Centre « Mieux Vivre », Christophe BORDET du Centre I.C.O.M., Dominique VIALLON des « Petits Frères des Pauvres », pour des échanges fructueux lors de la préparation de cet article.

 

 

RFERENCES

 

*

 

1)    Rapport d’Etude APF « Conditions de vie des personnes de plus de cinquante ans, atteintes de déficiences motrices, vivant à domicile et suivies par le Service Social de l’APF », 1995, co-édition CTNERHI/APF, Paris, 126 p

 

2)    Vie associative ou apparentée depuis le lieu de résidence, comme moyen d’insertion sociale,

CHARCOSSET Henri, avec la collaboration de D.B., C.B., J.B., M.C., J.C., N.E., A.G.,            Ph.G., J. de P., F.Q., S.R., L.R., J.T., et M.V., en cours de publication.

 

3)    Le soleil brille pour tout le monde, (1974), CRISCUOLO Josiane, Ed Presses de la Cité, France.

 

4)    Pensées et Aphorismes,  (Nov. 1997), CRISCUOLO Josiane, 53  p. Disponible au tarif de 60 F, frais de port compris, auprès de l’auteur à l’adresse : Guy de CHAULIAC, Bât 300, BP5057, 34033 Montpellier Cedex 1.

 

5)    Handbook on the Late Effects of  Poliomyelitis for Physicians and Survivors, The Revised Edition 1999. MAYNARD Frederick M. and HEADLEY Joan L., International Polio Network (I.P.N.) Ed, U.S.A., 120 p

 

6)    The french post-polio support group (1997), CHARCOSSET Henri, COUSERGUE Catherine, RICHIER-JOUVE  Nicole, Vol. 13, n°4, pp 10-11.                   

 

7)  Réflexion  sur  la  vie  associative  post-polio  (1999),  CHARCOSSET Henri, Rouge  et  Or,

 n° 165, pp 7-10.

 

8)    The lessons and legacies of polio, (1996), HALSTEAD Lauro S. in « Post-Polio Syndrome », L.S.H. and Gunnar GRIMBY Ed, Hanley et Belfus, Inc. Philadelphia, pp 199-214.

 

9)    Bien vieillir, (1997). Psychologie de la vie quotidienne. Dr De LADOUCETTE Olivier, Bayard        Ed, Paris, 206 p

 

10)           Le mariage : Une rue à double sens (article en américain), (1998), TEPLEY Joyce Ann – Polio Network News, Vol 14, n° 3.

 

11)           Accompagner bon gré, malgré le handicap, pour Marie-Anne, (1996), CHARCOSSET Jean-Pierre – Accompagner et Soigner n° 26, pp 3-18.

 

12)           Comment vivre avec une personne atteinte d’un handicap moteur, (1996), BRUNELLES Pierre, APF – Ed Josette Lyon, Paris 1991, remise à jour.

 

13)           Vivre avec son handicap, (1995). Combat pour la vie. CRISCUOLO Josiane, Chronique sociale, Lyon, 152 p  

 

14)           Le guerrier immobile, (1993), BESSE-SAIGE Bertrand, Epi. Desclée de Brouwer Ed, France, 139 p

 

15)           Le scaphandre et le papillon, (1997), BAUBY Jean-Dominique, Ed Robert Laffont, Paris.

 

16)           Et les bras m’en sont tombésVivre libre dans un corps captif, (1999), ROBERT Michel, Collection Chrysalide, Le souffle d’Or Ed, France, 243 p

 

17)           La lutte contre l’infirmité, (1998), HAWKING Stephen W., extrait de Encyclopaedia Universalis France S.A.

 

18)           Série Le handicap en visages, GARDOU Charles et collaborateurs, Connaissances de l’Education, Erès Ed, France :

 

a) Naître ou devenir handicapé, 1996, 203 p.

b) Parents d’enfant handicapé, 1996, 185 p

c) Frères et sœurs de personnes handicapées, 1997, 189 p

d) Professionnels auprès des personnes handicapées, 1997, 251 p     

 

19)           Déficiences motrices et handicap. Aspects sociaux, psychologiques, médicaux, techniques et législatifs, troubles associés, (1996), APF Ed, Paris, 505 p

 

20)           Corps infirmes et sociétés, (1997), STIKER Henri-Jacques, APF, Dunod Ed, Paris, 217 p, (première édition parue en 1982).

 

21)           Annuaire des Associations du Rhône, (1996). Forum Régional des Associations Rhône-Alpes. D.G. Communication, Lyon, 351 p

 

22)            Vivre à corps perdu, (1990) pour la traduction française, MURPHY Robert, Terre humaine, Plon Ed, France, 1987.

 

23)           Manadging Post-Polio, (1998). A Guide to Living Well with Post-Polio Syndrome. HALSTEAD Lauro S., M.D., Ed, NRH Press, Washington, D.C., U.S.A., 240 p

 

24)           Handicaps et exclusion sociale, (1996), PELLEGRIN-RESCIA Marie-Louise, Accompagner et Soigner, n° 27, pp 19-28.

 

25)           Vers une insertion mutuelle entre personnes handicapées ou non, (1998), CHARCOSSET Henri – Accompagner et Soigner n° 35, pp 15-24.

 

26)           Aimer au-delà du handicap, (1994). Vie affective et sexualité du paraplégique, SOULIER Bernadette, Pratiques Sociales, Privat Ed, France.

 

27) Fraternité, (1999), Abbé Pierre, Ed Fayard France, 131 p.

 

                                                                                                        ADRESSES

 

 

1)    Polio Québec Association  C.P.  745

Succursale Jean-Talon  -  MONTREAL  -  QUE  H  1S2Z5  -  Canada

 

2)    Le  Point  Carré, 11, rue Claude LIARD – 92380  GARCHES

Tel  01 47 01 09 60

Pour la rubrique polio : Madame Anita MOLINES, 12, rue Camille Desmoulins

14550  BLAINVILLE  S/ORNE

 

3)    GINI-INTERNATIONAL  POLIO  NETWORK, 4207  Lindell  Bvd,  # 110 Saint Louis, MO 63108-2915 – U.S.A.

 

4)    Carrefour  du  Volontariat, 11, Cours de Verdun  -  69002  LYON

Tel  04 78 37 75 25

Au plan national :

Centre National du Volontariat, 127, 133, rue Falguière  -  75015  PARIS

Tel  01 40 61 01 61

 

5)    Fédération des Malades et Handicapés, 37, rue Clos Suiphon – 69003  LYON

Tel  04 78 60 27 25 ;  1, rue d’Angleterre, Tour Bleue – 44000 NANTES

Tel  02 40 47 71 46

 

6)    A.N.P.I.H.M., 18, chemin BRIGNON – 33140  VILLENEUVE  d’ORNON

Tel  05 56 87 85 40

 

7)    Les  Cordées (APF), Madame Denise BOIZOT, Foyer Clotilde Lamborot, 11, rue de la     Liberté – 93697  PANTIN  CEDEX

 

8)    Association « Arc en Ciel » - « Les Mûriers », 172, Impasse du Bosquet – 30000  NIMES

 

9)    Comité de Défense des Travailleurs Handicapés, 92, Avenue du Pont Wilson – 92800 PUTEAUX

 

10)           I.C.O.M, L’informatique au service de l’intégration des personnes handicapées, 17, bd Chambaud de la Bruyère – 69007  LYON – Tel 04 72 76 88 44

 

11)           Institut « Vivre et s’adapter », 89 bis rue Saint-Denis – 37400 AMBOISE

 

12)           Handirect, 3, rue Bernard BLIER, BP 153, 69512  VAULX  EN  VELIN  CEDEX

Tel 04 78 79 57 37

 

13)           S.O.S. Handicap, Fondation Garches, Hôpital Raymond Poincaré – 92380  GARCHES

 

14)           Délégation APF du Rhône, 73 ter rue Francis de Pressensé – 69100  VILLEURBANNE

      Tel 04 72 43 01 01

 

15)           G.I.H.P. Rhône-Alpes, 138, rue Duguesclin – 69006  LYON

      Tel 04 78 24 27 32

 

16)           Mieux  Vivre, 28, rue E. Richerand – 69003  LYON

      Tel  04 72 33 02 84

 

17)           C.R.I.A.S, 142 bis Avenue de Saxe – 69003  LYON

Tel 04 78 62 98 24

 

18)           Les Petits Frères des Pauvres, 2, rue Saint Gervais, BP 8059 – 69352  LYON  CEDEX  08

Tel  O4 72 78 52 52

 

19)           AUXILIA, 102, rue d’Aguesseau, 92100  BOULOGNE

Tel  O1 40 78 69 00

 

20) EPISTOLA-France, BP1  BOURG  de  CRISSE – 72140  SILLE  Le  GUILLAUME

             

21) La  Bibliothèque  à  Domicile  de  Lyon, 246, rue Duguesclin – 69003  LYON

Tel  04 78 95 11 69

 

22) C.R.H.E.S., Université Lumière Lyon II, Institut des Sciences et Pratiques d’Education et de Formation, 16, quai Claude Bernard – 69007  LYON

      Tel  04 78 69 72 11  -  FAX  04 78 58 74 77

      C.R.H.E.S. Secrétariat, Rosine SCHNEIDER

      E-mail : Rosine-Schneider  a) caramail-com

      Lotissement du Tramway – 26190 Sainte Eulalie

      Tel  04 75 48 69 40

 

23)           OVPAR, Maison René Cassin, 56, rue du 1er Mars 1943  -  69100  VILLEURBANNE

      Tel  04 78 68 90 50.