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Janvier 2010

VIVRE TOUJOURS PLUS ?

Le philosophe et le généticien

2. Une vie qui s’éternise

 

Roger-Pol DROIT et Axel KAHN

 

Bayard Editions, 2008

 

Extraits et Note, par Henri Charcosset

 

 

L’essentiel de l’humain d’un être qui achève sa propre vie peut sembler lui survivre s’il a légué ses gènes à des descendants. Avoir des enfants pour ne pas mourir tout à fait. A l’inverse, la mort, si elle marque aussi l’interruption du lignage, est vue comme une mort totale, une fin sans suite...

 

La procréation assistée

 

Jadis, l’homme qui ne pouvait procréer n’avait que la ressource, pour permettre à son couple d’avoir des enfants, de choisir l’adoption.

Celle-ci donnait au moins accès à l’une des deux formes de filiation qui coexistent chez l’homme, la filiation par le coeur, par l’esprit, par le désir d’accueillir et d’aimer.

 Dans les familles habituelles, cette forme est associée à la filiation du sang, mais elle peut s’autonomiser, et un tel choix est alors, autant qu’on le sache, l’apanage de l’espèce humaine.

 Après la Seconde Guerre mondiale, l’insémination de la compagne avec du sperme de donneur offrit une nouvelle possibilité aux couples, quoiqu’elle exigeât également de la part du père le deuil des liens du sang avec ses enfants.

Puis, après les premières naissances de bébés-éprouvette dans des cas d’infécondité féminine (Louise Brown en Angleterre en 1978, Amandine en France en 1982), des méthodes de plus en plus sophistiquées, permettant de repousser toujours les limites de la stérilité masculine, se développèrent.

Des spermes trop pauvres furent concentrés, des spermatozoïdes rarissimes furent directement injectés dans l’ovule, des gamètes immatures furent même prélevés dans le testicule afin de tenter, malgré tout, d’assurer à certains hommes sté­riles une filiation biologique.

Ce recours à des techniques de plus en plus incertaines, voire de plus en plus risquées, pour permettre malgré tout à des pères de procréer a parfois été assimilé à un véritable acharnement procréatif.

 

 

Le clonage humain

 

Malgré les progrès de la biologie de la reproduction, un tel acharnement peut cependant rester vain. Certains candidats à la paternité sont en effet totalement dépourvus de gamètes mâles fécondants. Ils ne peuvent faire le deuil d’une filiation par le sang - et donc par les gènes - et ne s’imaginent pas pouvoir être pères d’un enfant adopté ou engendré grâce à la fécondation de leur compagne avec un sperme de donneur.

 Une solution leur a été suggérée par la naissance de l’illustrissime brebis Dolly le 5 juillet 1996. Elle leur est proposée par certains biologistes de la reproduction dont les plus médiatiques sont, depuis le début des années 2000, les Drs Antinori et Zavos.

Ils sont des centaines à s’être déclarés candidats à de telles tentatives et à avoir accepté d’y engager des sommes très importantes, dont l’attrait n’est certes pas étranger à l’activisme de certains biologistes de la reproduction.

La secte des raéliens s’est, elle aussi, positionnée sur le créneau du clonage humain, dont elle a même fait son cheval de bataille. Dans la mythologie de cette secte, l’homme a été créé, il y a quelque vingt mille ans, par les Elohim, des extraterrestres d’un haut degré de développement psychique et technologique, qui auraient utilisé pour ce faire les biotechnologies et le clonage. Un jour, l’homme s’élèvera au niveau de sagesse, de savoir et de puissance des Élohim. S’il peut accéder à l’immortalité, l’homme moderne connaîtra cette épiphanie.

Le clonage reproductif lui donne l’occasion de renaître éternellement avant que de mourir, de se réincarner en lui-même, toujours renouvelé. A cette fantasmagorie sectaire, s’ajoutent, bien sûr, des considérations commerciales plus triviales : des sommes considérables sont demandées par la secte aux candidats au clonage.

 

Résumons les principales étapes des techniques qu’il faudrait utiliser pour cloner une personne :

 

Les ovules de donneuses en grand nombre seraient obtenus comme pour une fécondation in vitro classique, mais seraient débarrassés de leur noyau, c’est-à-dire de leurs chromosomes, supports du matériel génétique. À la place, on transférerait dans ces gamètes féminins le noyau de cellules quelconques des personnes en mal de clonage, provenant par exemple de la culture de cellules de leur peau. Une faible proportion des oeufs ainsi reconstitués commenceraient de se développer, et seraient transférés dans l’utérus de la compagne de la personne clonée ou de la mère porteuse choisie.

 

Il est vraisemblable qu’un jour viendra, en effet, où ce type d’expérience aboutira à la naissance d’un enfant. Quel sera-t-il ? Dans l’exemple de l’utilisation de la technique pour compenser une infécondité masculine, ce sera un garçon, comme son géniteur stérile. Il en aura les traits, la couleur des yeux et des cheveux, ainsi que bien d’autres caractéristiques physiques, physiologiques et, le cas échéant, patholo­giques. En réalité, ce ne sera pas son fils, mais son frère jumeau décalé dans le temps. A ce titre, l’homme pourra se satisfaire d’avoir transmis ses gènes - ici, tous ses gènes - à cet enfant que sa compagne aura porté, nourri en son sein et dont elle aura accouché. En ce sens pourra exister l’illusion d’avoir pu offrir à ce couple, irrémédiablement stérile, l’enfant dont il rêvait.

 

Sinon que ce garçon ne sera pas de ces êtres dont l’étrangeté biologique, fruit du hasard, s’impose à leurs parents, les enjoignant de la respecter. Il ne sera pas ce que l’on appelle un fils ou une fille. Son sexe, sa forme et bien d’autres de ses particularités lui auront été imposés par des tiers. Il existera parce qu’un homme stérile, avec l’accord d’une femme, aura repoussé cette solution d’une altérité radicale que constitue l’adoption ou la fécondation avec sperme de donneur. Cet homme stérile n’aura pas pu imaginer pouvoir aimer comme son descendant un autre que son double génétique, régression narcissique ultime d’un sentiment parental dont serait absents la valorisation de l’altérité et l’éloge de la diversité.

 

Il ne s’agit pas de prétendre ici que le jumeau cloné remplaçant le fils impossible reproduirait aussi la personnalité de son double génétique. Plus encore que de vrais jumeaux, ces deux êtres, le clone et le cloné, vivant dans un décalage temporel et culturel, auraient toutes les occasions d’être différenciés par les aléas de la vie. Il n’en reste pas moins que l’un serait, dans son image, celle qu’il a de lui-même et que reflète le regard des autres, tel qu’un autre l’a voulu et, en cela, n’ayant pu bénéficier du hasard protecteur de la grande loterie de l’hérédité, aurait été assujetti à une volonté extérieure.

 

Le narcissisme est probablement partie intégrante du désir d’enfant, en particulier du sentiment paternel. Cet enfant, nous l’avons vu, on attend qu’il nous ressemble, parfois qu’il réalise, par procuration, certains de nos projets, que son succès nous valorise, qu’en lui persiste, après notre mort, une partie de nous-mêmes, qu’il transmettra lui-même à un lignage... Cependant, ce sentiment-là, extrêmement banal, bute dans la réalité sur l’intervention libératrice des mécanismes aléatoires de la génétique qui protègent l’unicité de nos enfants, et leur donne ainsi des moyens biologiques renforçant l’efficacité du processus psychologique de leur autonomisation

 

Dépourvu de cette protection, l’enfant cloné saura, tôt ou tard, qu’il est la reproduction biologique d’un être l’ayant voulu ainsi, copie décalée d’une vie ayant déjà été en partie vécue. Dans ce jumeau aîné, l’enfant se verra tel qu’il sera des décennies plus tard, oscillant peut-être entre le désir de se conformer à l’exécution d’un programme qui lui aurait été imposé, et la volonté de s’en libérer par tous les moyens. Si cet être cloné ne s’aime pas tel qu’il est, abhorre le sexe qu’il a, ce n’est plus au hasard malheureux, impersonnel, qu’il s’en prendra, mais à cet être bien réel dont la volonté l’a façonné ainsi.

 

Cette évocation des relations incertaines entre un individu et son clone souligne leur dualité. Mon clone, ce ne serait pas moi, nous serions tous deux mortels, le clonage n’offrant nullement l’éternité à un être en réalité irréductible à ses gènes. Ceux-ci ne commandent que les propriétés biologiques d’une personne, c’est-à-dire la manière dont elle réagira à un environnement physique et psychique qui, lui, ne dépend pas des règles de la génétique. Le gène est « immortel » à la manière dont le sont les pierres qui constituent un monument.

 

En guise de conclusion, par Alex Kahn

 

La médecine et la biologie ne seront pas, à elles seules, suffisantes pour surmonter le problème de l’allongement de l’espérance de vie. Il y faudra aussi de la lucidité, celle d’accepter l’humanité telle qu’elle devient, riche de la coexistence entre souvent quatre générations solidaires.

 

Si chacune d’entre elles, en particulier celle des aînés, perçoit dans le regard des autres la justification de son existence, de la considération pour le rôle qu’elle joue dans la cohérence du tissu humain, alors l’essentiel sera préservé. Chaque âge verra reconnu son anneau électif d’épanouissement, chacun enlacé comme dans le symbole olympique, plus près du début ou plus près de la fin. A cela, cessons de rêver, la science ne changera sans doute rien de fondamental. En revanche, elle peut offrir le moyen de profiter pleinement de tous les âges de la vie. Un bien beau défi, celui-là.

 

 

Note de Henri Charcosset

 

« Offrir le moyen de profiter pleinement de tous les âges de la vie », la science le permet en effet, et de très diverses façons.

Rien que sur ce site, les âges des participants s’exprimant au travers de publications, s’étalent de 25 à 85 ans ; les conditions sociales des uns et des autres diffèrent tout à fait.

Et même, deux participantes, Cécile Hinault et Lysiane Leclere, sont déjà entrées dans leur au-delà.

 

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Cécile Hinault, décédée en 2008, a quatre articles sur ce site. Où est-elle enterrée ? Je n’en sais rien, et de toute façon, je ne pourrais pas me rendre sur sa tombe. Mais c’est plus d’une fois par mois, que j’ai matière à la fréquenter, elle que je ne l’ai jamais rencontrée en vrai.

En somme, alors que cela n’était nullement prévu au départ de ce site, il n’en sert pas moins, de cimetière virtuel à l’occasion.

Sur cette question des cimetières virtuels, leurs origine, état présent, perspectives, quelqu’un  pourrait-il nous préparer un article tout public ?

Hinault Cécile, pseudonyme Ludwig (2007), Internet, la grande musique, le handicap  

Hinault Cécile, pseudonyme Ludwig (2007), Beethoven mon compagnon de vie et de solitude 

Hinault Cécile(2007), La solitude, maladie du siècle, effrayante entre toutes, équivalente à l’abandon. Témoignage

 

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Avec Lysiane Leclere, décédée en août 2009, la situation est un peu la même et néanmoins différente.

Ayant lu dans la presse associative du handicap, que Lysiane, ma soeur en vécu de séquelles de polio, éditait des poèmes, je lui ai proposé d’en publier sur mon site. D’où ses trois articles ; le dernier était déjà avancé dans sa préparation au moment de la disparition de Lysiane. J’en serais resté là.

Mais c’était sans compter sans la puissance des grands moteurs de recherche, en particulier Google.

 Fouinant sur le Net à la recherche de je ne sais quoi, une internaute, Juliet Haas, est tombée sur les articles de Lysiane. Convaincue que Lysiane est un grand écrivain, Juliet m’a contacté et exprimé le souhait que l’on en fasse plus pour la Mémoire de Lysiane.

Cela prend la forme de la réalisation en cours d’un Recueil, déjà électronique, des poèmes et textes édités par Lysiane Leclere (1953- 2009), grande paralysée polio depuis ses cinq ans.

 

Leclere Lysiane (2007),Revanche sur le destin : l’Internet en plus, j’espère ! 

Leclere Lysiane (2008), Revanche sur le destin. Paralysée mais heureuse. Ma période 2006-2008 

Leclere Lysiane, Haas Juliet et Henri Charcosset (2009), En souvenir de, et en hommage à, Lysiane Leclere, grande paralysée depuis ses 5 ans, poéte (1953-2009)

Tandis que le Recueil en cours de constitution,  se trouve à CLIC

 

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Amis visiteurs , si  vous vous reportez au titre Vivre toujours plus, de l’ouvrage à l’origine de cet article, vous voyez que ma Note qui précède ne s’éloigne en rien du sujet !

Sans même le rechercher, du fait des aléas de la vie et de la mort aussi, nous     illustrons sur ce site que le Net permet un plus de vie, jusque  dans notre après-vie !

 

Ami, amie, je vous invite à élaborer votre propre site d’identification personnelle ; il comprendra naturellement une section Mon cimetière virtuel.

Cela demande du temps, mais cela ne vaut-il pas d’éteindre son téléviseur deux soirées par semaine? Je vous assure que oui.

                                                                           Henri Charcosset, 05 Janvier 2010.