Sections du site en Octobre 2009 :  Ajouts successifs d’articles -- Sujets d’articles à traiter – Pour publier --  Post-Polio -- L'aide à domicile -- Internet et Handicap -- Informatique jusqu’à 100 ans – Etre en lien -- L’animal de compagnie --  Histoires de vie  --  Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de l’avant -- Tous chercheurs -- Liens –Le  webmestre.

RETOUR A LA PAGE D’ACCUEIL : CLIC   AUTEURS, TITRES DE TOUS ARTICLES : CLIC    SYNTHESE GENERALE: CLIC

Janvier 2015.

°°°°°°°

POUR UN PROJET DE BANDE DESSINEE « ZANDILAND », CHERCHE DESSINATEUR BD

Jean-Marie GROS, scénariste en fauteuil

jm-gros@orange.fr

 

« Bonjour,

Je me sens l’âme d’un scénariste de BD et l’idée m’est venue de décrire un pays peuplé de personnes en fauteuil roulant.

Evidemment, l’accessibilité y est parfaite, tout se trouve à portée de fauteuil…

Au grand dam des  2 à 3 % de personnes debout qui du coup se retrouvent en situation de handicap.

A ce jour j’ai décrit les personnages, les fauteuils,  la ville (bâtiments, rues, trottoirs..), les usages, les codes… et j’ai imaginé une centaine de situations

Vous l’avez deviné : je suis moi-même en fauteuil et je souhaite être mis en relation avec un dessinateur ou un éditeur  pourvu qu’il sache respecter l’esprit de mon projet et le transposer en illustrations »   JM G, 02.11. 2014

 

INTRODUCTION, par Henri Charcosset, webmaster en fauteuil

Jean-Marie Gros a déjà publié sur ce site quelques articles, représentatifs d’une acceptation assez remarquable de handicaps physiques croissants du fait d’une maladie génétique. Cet aspect de sa vie n’est pas simplement anecdotique. Il est à voir comme un encouragement à toute personne en situation de handicap, à continuer à s’exprimer comme personne à part entière, jusqu’au bout du chemin de sa vie.   

Pour moi, qui suis également handicapé physique, il doit exister une prédisposition à dépasser ses handicaps, propre à chaque être humain. Jean-Marie Gros a surement été bien servi à sa naissance, en la matière. Mais il s’y rajoute chez lui, comme fruit d’un travail personnel, une mise à profit de l’humour, voire de la dérision, dans les difficultés à vivre les situations de handicap, dans un monde dominé par les valides,  ou en tout cas dits tels.

Ses deux plus récents articles servent en quelque sorte  de mise en bouche, à l’actuelle présentation de son projet de BD « Zandiland». Nul doute que cette proposition mérite de retenir l’attention de spécialistes de l’édition de bandes dessinées.

Gros Jean-Marie(2005), Mon expérience du handicap : sa composante humour

 

Gros  Jean-Marie (2011),  Né pour devenir paralysé, mais en existant. I. De ma naissance à ma mise en invalidité, à à 47 ans, en 1995. Témoignage

 

Gros Jean-Marie (2012), Né pour devenir paralysé,  mais en existant. II. Mon engagement associatif depuis mes 47 ans en 1995, jusqu’en 2010. Témoignage 

 

Gros Jean-Marie (2012), Le zandiland : de l’humour et handicap, ou bien plus encore ?

 

Gros Jean-Marie (2013), Illustrations du Zandiland avec sa minorité de Personnes Non en Fauteuil roulant PNF

 

°°°°°

Sur le fond, c'est-à-dire le positionnement dans la société des personnes en situation de handicap, je conduis moi-même des réflexions, publiées sur ce site. Le point clé en est que toute distinction entre personnes handicapées d’une part, et valides de l’autre, est non fondées. Nous sommes tous handicapés, c’est dans  notre nature.

Cet avis n’est pas sans conséquences potentiellement concrètes. Ainsi, une société équilibrée serait normalement à deux composantes, Aux adultes jeunes et en état de travailler, la conception, production des biens et services. Aux handicapés et aux âgés, un rôle majeur dans la création et le faire vivre, du lien social.

On peut espérer que les développements de l’internet, à priori très favorable aux possibilités d’expression des handicapés et âgés, permettront de progresser  dans cette voie, où tout un chacun puisse se sentir tout à la fois aidant et aidé. 

Exemples de ces articles :

 

Charcosset Henri (2001), Tous handicapés, tous chercheus, sans exceptions, en vue d’une société plus juste et plus humaine

 

Charcosset Henri et col(2006), Handicap ou/et vieillissement : l’Internet pour une insertion sociale active, avec vingt contributions

 

Charcosset Henri et Colozzi Claudine ( Entretien) (2011), L’ insertion sociale active des personnes âgées ou /et handicapées. L’Internet à la base de progrès majeurs

 

Charcosset Henri ( 2012), Combler son manque d’ identité sociale active à l’aide de l’Internet

 

°°°°°

 

TEXTE DE JEAN-MARIE GROS   

En gros, c’est quoi  votre projet ?

Je me sens l’âme d’un scénariste de BD et l’idée m’est venue de décrire un pays peuplé de personnes en fauteuil roulant.

Evidemment, l’accessibilité y est parfaite, tout se trouve à portée de fauteuil…

Au grand dam des quelques personnes marchantes qui du coup se retrouvent en situation de handicap.

 

Pourriez-vous vous présenter ?

Vous l’avez deviné : je suis moi-même en situation de handicap. J’ai déjà vingt années de fauteuil derrière moi et j’espère en avoir encore quelques unes devant.

66 ans, trois petits enfants (11 et 12 ans).

 

Quel est l’objectif de ce  recueil de BD  ?

J’ai voulu aborder le problème du handicap sous le mode de la dérision. J’espère ainsi faire passer le message plus aisément. La plupart des personnes actives n’ont pas le temps de s’interroger à notre sujet. Il est évident qu’ils ne nous mettent pas volontairement des bâtons dans les roues. C’est souvent par manque de temps, par bêtise, par ignorance, par maladresse, par peur de gêner, par timidité...

 

Le récit est futuriste,…

Je ne trouve pas. Les rôles sont inversés, c’est tout. Il est vrai que les gens marchent de moins en moins mais seul notre petit orteil est menacé de disparaître un jour. Et encore, dans longtemps… Bien que mises à la sauce Zandilandaise, la plupart des situations, des réactions, des expressions orales, des habitudes, sont inversées certes, mais véridiques ou presque.

 

 …les fauteuils sont futuristes…

L’idée m’est venue en observant des gyropodes Segway. On trouve sur internet des brouettes à roue sphérique. Cela est très astucieux. Pourquoi pas des fauteuils ?

Avec la technologie actuelle, des fauteuils semblables seraient réalisables maintenant.

 

Pourquoi ne disposez-vous pas de cette technologie aujourd’hui ?

A Zandiland, toute la population est concernée. Les décideurs aussi. Ca change tout !

Le fauteuil devient LE problème majeur d’intérêt national.

 

…mais l'environnement et les personnages sont actuels !

Mon récit est un rêve. A la fin du recueil l’auteur se réveille. Il ouvre un œil  et aperçoit son vieux fauteuil (deux énormes roues centrales et deux autres ridiculement petites à l’avant) qui l’attend au pied de son lit.

Une autre journée de galère s’annonce pour lui.

  

Justement, le rêve… c’est souvent de la fiction.

1 C’est déjà suffisamment compliqué d’imaginer ce monde inversé (au niveau des raisonnements, des codes, des modes de pensées, des habitudes, des non dits…). Si à cette difficulté (moi même il m’arrive de m’y perdre), s’ajoute un environnement de science fiction, au final le message sera incompréhensible ou complètement déformé.

2  Mon objectif étant de dénoncer les difficultés quotidiennes rencontrées aujourd’hui avec nos fauteuils, voire les impossibilités ou les efforts déployés pour accomplir les mêmes tâches que tout à chacun. J’ai voulu mettre les PNF* dans les conditions que nous connaissons. Il est indispensable que le lecteur puisse identifier les situations.

Pour ces raisons l’action se déroule dans une mégapole moderne mais pas futuriste.

 

Des PNF ?

Les Personnes Non en Fauteuil de Zandiland.

 

Que de sigles !

Ce sont les personnes appelées PMR (Personnes à Mobilité Réduite) de chez nous.

Je ne fais que remplacer un sigle déjà existant, par un autre.

Vous trouverez aussi la M.P.N.F. : la Mutuelle des P.N.F.

l’A.P.N.F. : Amicale des P.N.F.

Tout le monde comprend à qui je fais allusion. Je n’invente rien.

 

Comment vous est venue l’idée ?

C’est ma façon de supporter mon handicap. La dérision, l’humour. Face à une situation cocasse et souvent anodine, vécue entre handicapé et valide, témoignages d’amis, faits divers… Je me dis intérieurement : si tout était accessible et aménagé pour nos fauteuils… Si nous étions majoritaires, si tout était adapté... Et j’imagine un pays où cette situation serait plausible en inversant les rôles.

 

Donnez nous un exemple.

Un ami en fauteuil me raconte les péripéties rencontrées lorsqu’il est allé seul au cinéma ou dans certaines salles de spectacle. Problème dès la billetterie (guichet au niveau des yeux), puis d’accès à la salle dans le noir, puis assis tout devant ou tout derrière…

A la sauce zandilandaise, ça donne : Mr PéNèF se rend dans un zandi-ciné multiplex. Pour retirer son ticket d’entrée, il est obligé comme d’habitude de se contorsionner car le guichet est trop bas. On lui apprend que le film qu’il voulait aller voir n’est pas projeté dans une salle accessible. Il en choisit donc un autre déjà commencé depuis quelques instants. Dans les salles dîtes aménagées, le plafond est escamotable au dessus des emplacements réservés aux gens comme lui. C’est la loi. Mr Pénèf pénètre dans la salle et se dirige sur le côté, le long du mur, là où la hauteur de plafond lui permet de se déplier. Il est le seul PNF. Il n’y a que des zandis. Ils le regardent de travers. Ils sont cool, leur fauteuil est en position semi allongée. Chut…

 

C’est ça la sauce Zandilandaise ?

Oui, à Zandiland, les gens normaux sont en fauteuil et les personnes qui n’ont pas cette chance se retrouvent en situation de handicap ! 

 

Vous auriez un autre exemple?

A moi qui ai vingt années de fauteuil derrière moi, une personne valide  m’a dit : « je sais ce que c’est que d’être en fauteuil ! J’y suis resté trois longs mois suite à une mauvaise chute en ski ».

A la sauce zandilandaise, Mr PéNèF dit : un Zandi bien portant dans son fauteuil roulant m’a confié avec compassion « savoir ce que c’est que de se retrouver debout », puisque lui même « y était resté de longs mois  suite à une mauvaise chute en ski-sitting ».

 

Pourquoi une BD plutôt qu’un livre classique ?

J’ai commencé par écrire un texte. Il était difficile à comprendre, laborieux à lire. Le lecteur risquait de se lasser.

Un dessin est parlant dès le premier coup d’œil…

Et j’ai une formation technique donc très éloignée de l’écriture.

La BD est parfaite. Elle va faciliter la compréhension de toutes les difficultés rencontrées par un handicapé en faisant sourire. J'imagine le lecteur entrain de  tourner les pages en pensant : " Mais qu'est-ce qu'il va encore pouvoir inventer !" 

 

Donc, pas de livre…

Si bien sûr, pourvu que l’écrivain sache reconstituer l’idée du concept, l’ambiance de Zandiland et respecte à la lettre l’esprit de mon projet. Je suis exigeant.

 

Avez-vous pensé au film ?  Ou  à un autre support ?

Bien sûr, j’ai pensé au film genre reportage, mais aussi au clip vidéo, au sketch humoristique, à  des scénettes vidéo de 3 à 4 mn chacune, à une suite de dessins dans un magazine et même au jeu vidéo ou au jeu ‘papier’ plus traditionnel. Genre ‘jeu de petits chevaux’ ou ‘jeu de l’oie’ ou monopoly avec case MPNF, hôpital, inaccessibilité…

 

Un reportage ! Expliquez-vous.

Je voudrais imiter le reportage genre documentaire de télé réalité. Dans le Zandiland avec de vrais acteurs en chair et en os. Un zandi-reporter sympa qui se fait tutoyer. Il sait se faire oublier, s’immiscer dans la vie des habitants, dans leur intimité. Il leur fait dire des choses à ne pas dire comme s’il était un copain de longue date. Interroger les gens dans la rue, à la sortie des bureaux, les mamans à la sortie des écoles, se faire inviter chez eux, les voir vivre. Sans oublier la discrète caméra cachée. Avec interview d’une personnalité politique locale, de responsables, de badots PNF et Zandis

 

Si j’ai bien compris, vous ne souhaitez pas un film-roman avec une histoire ? Avec un film qui raconte une histoire, je crains que le spectateur zappe le décor au profit de l’histoire, et c’est en priorité le décor que je veux montrer ! Au sujet du livre, j’ai la même crainte. Et tous les détails ont leur importance.

 

Quels détails ?

Le sens d’ouverture d’une porte, la niche qui empêche les PNF d’approcher du DAB, le digicode trop bas, les zandi portes trop basses, la temporisation trop brève…

Je veux montrer les infrastructures, l’organisation de la ville, les avenues, les embouteillages, les emplacements réservés et non respectés,  les incivilités des Zandi-gênes, les immeubles à ½ étages dans les quels les PNF vivent courbés en permanence, les pistes roulables impeccables, les trottoirs défoncés, les transports en commun avec leur plate forme extérieure, l’aménagement des postes de travail pour les personnes debout, les caisses prioritaires des commerces…

 

Vous avez  évoqué le  jeu vidéo !  C’est pour le moins inattendu !

Lorsque la BD ou le reportage seront sortis et que le concept de Zandiland aura fait son chemin dans les têtes, pourquoi ne pas imaginer un jeu vidéo ? :

 

-         Le fauteuil Zébulon est autorisé à sauter par-dessus les autres

-         Les PNF essaient de s’accrocher aux fauteuils. Les zandis les en empêchent et les font  lâcher prise dès qu’ils y parviennent.

-         On les fait passer par des passages bas, portes, porches ou sous des panneaux de pub, sous des obstacles…

-         Ils prennent les transports en commun. Des zandis pressés empruntent la rame réservée aux PNF…

-         Certains fauteuils sont plus maniables que d’autres. Ils s’inclinent d’avantage, se faufilent, sont plus rapide…

-         Les PNF essaient de frapper les zandis derrière la nuque pour leur faire le coup du zapin et CLAC le zandi se met debout. Le PNF lui prend son fauteuil puis l’abandonne un peu plus loin car il ne peut pas rester assis longtemps. La position assise lui occasionnant des contractures.

 

Auriez-vous d’autres idées ?

Aujourd’hui, pour sensibiliser au handicap, le temps de la démonstration on bande les yeux des voyants, ils doivent déambuler dans l’obscurité ou on attache  des personnes valides dans un fauteuil…

Pourquoi ne pas imaginer un parcours éphémère dans un parc nommé Zandiland où les personnes valides du 21ème siècle emprunteraient des mini portes pour pénétrer dans des salles à plafond bas (bar, commerces etc…) dans lesquelles des zandis  seraient déjà confortablement installés. Des zandis-barman les serviraient…

Idem dans les cinémas (voir précédemment)…

 

Oui, mais pour l’instant vous avez choisi la BD ! C’est ça ?

Absolument. Je cherche un dessinateur qui saura respecter l’esprit du concept et le transposer en illustrations.

Une rencontre entre deux créatifs apportera une valeur ajoutée au projet.

Certes le chemin, sera, encore long, pour : l'édition, l'impression, la vente...

Et, le succès, éventuel !

 

Et  les autres types de handicap. Y avez-vous pensés ?

Le sigle du fauteuil n’est-il pas le symbole utilisé pour représenter tous les types de handicap (je plaisante).

La problématique du fauteuil roulant, je la connais puisque je la vis quotidiennement. Mon expérience dans ce domaine m’autorise à en parler mais je me refuse d’aborder un sujet que je n’ai pas vécu avec mes tripes.

Le handicap est trop grave pour la personne concernée et ses proches.

 

Oui…, vous voulez ajouter un commentaire ?

De plus, il n’est pas possible de traiter tous les types de handicap. Ce serait trop confus.

A ce jour j’ignore l’outil qui véhiculera mon projet,  mais toutes les personnes en situation de handicap profiteront de la prise de conscience qu’il aura suscité.

 

Mr Pénèf n’est pas PNF de naissance. Il  le devient. Pourquoi ?

Il le devient suite à un accident de la vie. Comme moi. Cela lui permet d’être plus critique. Il peut comparer, se mettre à la place des Zandis.

 

Dans le recueil, on rencontre souvent  la lettre  Z.  Pourquoi ?

Dans le souci de faciliter la lecture et la compréhension rapide des dessins,  tous les patronymes des zandis ainsi que le nom de leurs commerces, entreprises, résidences, rues… et certaines de leurs expressions verbales courantes contiennent la lettre Z.

Il en est de même pour les PNF ainsi que l’illustrent Mr PéNèF et son copain PoNponF.

 

 La population PNF est estimée entre 2 et 3%. Pourquoi cette incertitude ?

Officiellement c’est 3% mais un doute subsiste parmi les Zandis. D’après eux, un certain nombre de profiteurs viendrait gonfler ce chiffre pour toucher les aides et s’octroyer les soit disant privilèges. Cela donne prétexte à un contrôle régulier.

 

Votre message est il revendicatif ?

Pas du tout. C’est simplement un état du ressenti des uns et des autres selon le côté où l’on place la normalité. Ensuite, chacun en déduit sa propre réflexion.

 

Quelle leçon peut-on tirer ?

Il est préférable d’être en bonne santé. C’est évident !

Mais à Zandiland, être en bonne santé, c’est être en fauteuil.

 

La morale ?

Le handicap n’existe pas.

Seuls existent la situation handicapante, le regard des autres et les préjugés.

 

Je vous réserve le mot de la fin.

Que c’est dur d’être un PNF au pays des Zandis !

 

J’ajoute qu’il serait très inélégant d’utiliser les idées exposées ici, sans mon accord préalable.JMG