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Janvier 2015.
°°°°°°°
POUR UN PROJET DE BANDE DESSINEE « ZANDILAND », CHERCHE
DESSINATEUR BD
Jean-Marie GROS,
scénariste en fauteuil
jm-gros@orange.fr
« Bonjour,
Je me sens l’âme d’un scénariste de BD et l’idée m’est venue de décrire
un pays peuplé de personnes en fauteuil roulant.
Evidemment, l’accessibilité y est parfaite, tout se trouve à
portée de fauteuil…
Au grand dam des 2 à 3 % de personnes debout qui du coup se
retrouvent en situation de handicap.
A ce jour j’ai décrit les personnages, les fauteuils, la
ville (bâtiments, rues, trottoirs..), les usages, les codes… et j’ai imaginé
une centaine de situations
Vous l’avez deviné : je suis moi-même en fauteuil et je
souhaite être mis en relation avec un dessinateur ou un éditeur pourvu qu’il sache respecter l’esprit de mon projet et le
transposer en illustrations » JM G, 02.11. 2014
INTRODUCTION, par Henri Charcosset, webmaster en fauteuil
Jean-Marie Gros a
déjà publié sur ce site quelques articles, représentatifs d’une acceptation
assez remarquable de handicaps physiques croissants du fait d’une maladie
génétique. Cet aspect de sa vie n’est pas simplement anecdotique. Il est à voir
comme un encouragement à toute personne en situation de handicap, à continuer à
s’exprimer comme personne à part entière, jusqu’au bout du chemin de sa
vie.
Pour moi, qui
suis également handicapé physique, il doit exister une prédisposition à
dépasser ses handicaps, propre à chaque être humain. Jean-Marie Gros a surement
été bien servi à sa naissance, en la matière. Mais il s’y rajoute chez lui,
comme fruit d’un travail personnel, une mise à profit de l’humour, voire de la
dérision, dans les difficultés à vivre les situations de handicap, dans un
monde dominé par les valides, ou en tout
cas dits tels.
Ses deux plus récents
articles servent en quelque sorte de
mise en bouche, à l’actuelle présentation de son projet de BD « Zandiland». Nul doute que cette proposition mérite de
retenir l’attention de spécialistes de l’édition de bandes dessinées.
Gros Jean-Marie(2005), Mon expérience
du handicap : sa composante humour
Gros
Jean-Marie (2011), Né pour devenir paralysé, mais en existant. I.
De ma naissance à ma mise en invalidité, à à 47 ans,
en 1995. Témoignage
Gros
Jean-Marie (2012), Né pour devenir
paralysé, mais en existant. II. Mon engagement associatif depuis mes 47
ans en 1995, jusqu’en 2010.
Témoignage
Gros Jean-Marie (2012), Le zandiland :
de l’humour et handicap, ou bien plus encore ?
Gros Jean-Marie (2013), Illustrations du Zandiland avec sa minorité de Personnes Non en Fauteuil roulant PNF
°°°°°
Sur le fond, c'est-à-dire le positionnement dans la société des personnes
en situation de handicap, je conduis moi-même des réflexions, publiées sur ce site.
Le point clé en est que toute distinction entre personnes handicapées d’une
part, et valides de l’autre, est non fondées. Nous sommes tous handicapés,
c’est dans notre nature.
Cet avis n’est pas sans conséquences potentiellement concrètes. Ainsi, une
société équilibrée serait normalement à deux composantes, Aux adultes jeunes et
en état de travailler, la conception, production des biens et services. Aux
handicapés et aux âgés, un rôle majeur dans la création et le faire vivre, du
lien social.
On peut espérer que les développements de l’internet, à priori très
favorable aux possibilités d’expression des handicapés et âgés, permettront de
progresser dans cette voie, où tout un
chacun puisse se sentir tout à la fois aidant et aidé.
Exemples de ces articles :
Charcosset
Henri (2001), Tous handicapés, tous chercheus,
sans exceptions, en vue d’une société plus juste et plus humaine
Charcosset Henri et col(2006), Handicap ou/et vieillissement : l’Internet pour une
insertion sociale active, avec vingt contributions
Charcosset
Henri et Colozzi Claudine ( Entretien)
(2011), L’ insertion sociale active
des personnes âgées ou /et handicapées. L’Internet à la base de progrès majeurs
Charcosset Henri ( 2012), Combler son
manque d’ identité sociale active à l’aide de l’Internet
°°°°°
TEXTE
DE JEAN-MARIE GROS
En gros, c’est quoi votre
projet ?
Je me sens l’âme d’un scénariste de BD et l’idée m’est venue de décrire
un pays peuplé de personnes en fauteuil roulant.
Evidemment, l’accessibilité y est parfaite, tout se trouve à portée de fauteuil…
Au grand dam des quelques personnes marchantes qui du coup se
retrouvent en situation de handicap.
Pourriez-vous vous présenter ?
Vous l’avez deviné : je suis moi-même en situation de handicap. J’ai
déjà vingt années de fauteuil derrière moi et j’espère en avoir encore quelques
unes devant.
66 ans, trois petits enfants (11 et 12 ans).
Quel est l’objectif de ce
recueil de BD ?
J’ai voulu aborder le
problème du handicap sous le mode de la dérision. J’espère ainsi faire passer
le message plus aisément. La plupart des personnes actives n’ont pas le temps
de s’interroger à notre sujet. Il est évident qu’ils ne nous mettent pas
volontairement des bâtons dans les roues. C’est souvent par manque de temps,
par bêtise, par ignorance, par maladresse, par peur de gêner, par timidité...
Le récit est futuriste,…
Je ne trouve pas. Les
rôles sont inversés, c’est tout. Il est vrai que les gens marchent de moins en
moins mais seul notre petit orteil est menacé de disparaître un jour. Et
encore, dans longtemps… Bien que mises à la sauce Zandilandaise,
la plupart des situations, des réactions, des expressions orales, des
habitudes, sont inversées certes, mais véridiques ou presque.
…les fauteuils sont
futuristes…
L’idée m’est venue en
observant des gyropodes Segway.
On trouve sur internet des brouettes à roue sphérique. Cela est très astucieux.
Pourquoi pas des fauteuils ?
Avec la technologie
actuelle, des fauteuils semblables seraient réalisables maintenant.
Pourquoi ne disposez-vous pas de cette technologie aujourd’hui ?
A Zandiland,
toute la population est concernée. Les décideurs aussi. Ca change tout !
Le fauteuil devient
LE problème majeur d’intérêt national.
…mais l'environnement et les personnages sont actuels !
Mon récit est un rêve.
A la fin du recueil l’auteur se réveille. Il ouvre un œil et aperçoit son vieux fauteuil (deux énormes
roues centrales et deux autres ridiculement petites à l’avant) qui l’attend au
pied de son lit.
Une autre journée de
galère s’annonce pour lui.
Justement, le rêve… c’est souvent de la fiction.
1 C’est déjà suffisamment compliqué d’imaginer ce monde inversé (au
niveau des raisonnements, des codes, des modes de pensées, des habitudes, des
non dits…). Si à cette difficulté (moi même il m’arrive de m’y perdre),
s’ajoute un environnement de science fiction, au final le message sera
incompréhensible ou complètement déformé.
2 Mon
objectif étant de dénoncer les difficultés quotidiennes rencontrées aujourd’hui
avec nos fauteuils, voire les impossibilités ou les efforts déployés pour
accomplir les mêmes tâches que tout à chacun. J’ai voulu mettre les PNF* dans
les conditions que nous connaissons. Il est indispensable que le lecteur puisse
identifier les situations.
Pour ces raisons
l’action se déroule dans une mégapole moderne mais pas futuriste.
Des PNF ?
Les Personnes Non en Fauteuil de Zandiland.
Que de sigles !
Ce sont les personnes
appelées PMR (Personnes à Mobilité Réduite) de chez nous.
Je ne fais que
remplacer un sigle déjà existant, par un autre.
Vous trouverez aussi
la M.P.N.F. : la Mutuelle des P.N.F.
l’A.P.N.F. :
Amicale des P.N.F.
Tout le monde
comprend à qui je fais allusion. Je n’invente rien.
Comment vous est venue l’idée ?
C’est ma façon de
supporter mon handicap. La dérision, l’humour. Face à une situation cocasse et
souvent anodine, vécue entre handicapé et valide, témoignages d’amis, faits
divers… Je me dis intérieurement : si tout était accessible et aménagé pour nos
fauteuils… Si nous étions majoritaires, si tout était adapté... Et j’imagine un
pays où cette situation serait plausible en inversant les rôles.
Donnez nous un exemple.
Un ami en fauteuil me
raconte les péripéties rencontrées lorsqu’il est allé seul au cinéma ou dans
certaines salles de spectacle. Problème dès la billetterie (guichet au niveau
des yeux), puis d’accès à la salle dans le noir, puis assis tout devant ou tout
derrière…
A la sauce zandilandaise, ça donne : Mr PéNèF
se rend dans un zandi-ciné multiplex. Pour retirer
son ticket d’entrée, il est obligé comme d’habitude de se contorsionner car le
guichet est trop bas. On lui apprend que le film qu’il voulait aller voir n’est
pas projeté dans une salle accessible. Il en choisit donc un autre déjà commencé depuis quelques instants. Dans
les salles dîtes aménagées, le plafond est escamotable au dessus des
emplacements réservés aux gens comme lui. C’est la loi. Mr Pénèf
pénètre dans la salle et se dirige sur le côté, le long du mur, là où la
hauteur de plafond lui permet de se déplier. Il est le seul PNF. Il n’y a que
des zandis. Ils le regardent de travers. Ils sont
cool, leur fauteuil est en position semi allongée. Chut…
C’est ça la sauce Zandilandaise ?
Oui, à Zandiland, les gens normaux sont en fauteuil et les personnes
qui n’ont pas cette chance se retrouvent en situation de handicap !
Vous auriez un autre exemple?
A moi qui ai vingt
années de fauteuil derrière moi, une personne valide m’a dit : « je sais ce que c’est que d’être
en fauteuil ! J’y suis resté trois longs mois suite à une mauvaise chute en ski
».
A la sauce zandilandaise, Mr PéNèF dit : un Zandi bien portant dans son fauteuil roulant m’a confié
avec compassion « savoir ce que c’est que de se retrouver debout », puisque lui
même « y était resté de longs mois suite
à une mauvaise chute en ski-sitting ».
Pourquoi une BD plutôt qu’un livre classique ?
J’ai commencé par
écrire un texte. Il était difficile à comprendre, laborieux à lire. Le lecteur
risquait de se lasser.
Un dessin est parlant
dès le premier coup d’œil…
Et j’ai une formation
technique donc très éloignée de l’écriture.
La BD est parfaite.
Elle va faciliter la compréhension de toutes les difficultés rencontrées par un
handicapé en faisant sourire. J'imagine le lecteur entrain de tourner les
pages en pensant : " Mais qu'est-ce qu'il va encore pouvoir inventer
!"
Donc, pas de livre…
Si bien sûr, pourvu que l’écrivain sache reconstituer l’idée
du concept, l’ambiance de Zandiland et respecte à la
lettre l’esprit de mon projet. Je suis exigeant.
Avez-vous pensé au film ?
Ou à un autre support ?
Bien sûr, j’ai pensé
au film genre reportage, mais aussi au clip vidéo, au sketch humoristique,
à des scénettes
vidéo de 3 à 4 mn chacune, à une suite de dessins dans un magazine et même
au jeu vidéo ou au jeu ‘papier’ plus traditionnel. Genre ‘jeu de petits
chevaux’ ou ‘jeu de l’oie’ ou monopoly avec case
MPNF, hôpital, inaccessibilité…
Un reportage ! Expliquez-vous.
Je voudrais imiter le
reportage genre documentaire de télé réalité. Dans le Zandiland
avec de vrais acteurs en chair et en os. Un zandi-reporter
sympa qui se fait tutoyer. Il sait se faire oublier, s’immiscer dans la vie des
habitants, dans leur intimité. Il leur fait dire des choses à ne pas dire comme
s’il était un copain de longue date. Interroger les gens dans la rue, à la
sortie des bureaux, les mamans à la sortie des écoles, se faire inviter chez
eux, les voir vivre. Sans oublier la discrète caméra cachée. Avec interview
d’une personnalité politique locale, de responsables, de badots
PNF et Zandis…
Si j’ai bien compris, vous ne souhaitez pas un film-roman avec une
histoire ? Avec un film qui raconte une histoire, je crains que le
spectateur zappe le décor au profit de l’histoire, et c’est en priorité le
décor que je veux montrer ! Au sujet du livre, j’ai la même crainte. Et tous
les détails ont leur importance.
Quels détails ?
Le sens d’ouverture
d’une porte, la niche qui empêche les PNF d’approcher du DAB, le digicode trop
bas, les zandi portes trop basses, la temporisation
trop brève…
Je veux montrer les
infrastructures, l’organisation de la ville, les avenues, les embouteillages,
les emplacements réservés et non respectés,
les incivilités des Zandi-gênes, les immeubles
à ½ étages dans les quels les PNF vivent courbés en permanence, les pistes roulables impeccables, les trottoirs défoncés, les
transports en commun avec leur plate forme extérieure, l’aménagement des postes
de travail pour les personnes debout, les caisses prioritaires des commerces…
Vous avez évoqué le jeu vidéo !
C’est pour le moins inattendu !
Lorsque la BD ou le
reportage seront sortis et que le concept de Zandiland
aura fait son chemin dans les têtes, pourquoi ne pas imaginer un jeu vidéo ? :
-
Le fauteuil Zébulon est autorisé à
sauter par-dessus les autres
-
Les PNF essaient de s’accrocher aux fauteuils. Les zandis les en empêchent et les font lâcher prise dès qu’ils y parviennent.
-
On les fait passer par des passages bas, portes, porches ou sous des
panneaux de pub, sous des obstacles…
-
Ils prennent les transports en commun. Des zandis
pressés empruntent la rame réservée aux PNF…
-
Certains fauteuils sont plus maniables que d’autres. Ils
s’inclinent d’avantage, se faufilent, sont plus rapide…
-
Les PNF essaient de frapper les zandis
derrière la nuque pour leur faire le coup du zapin et
CLAC le zandi se met debout. Le PNF lui prend son
fauteuil puis l’abandonne un peu plus loin car il ne peut pas rester assis
longtemps. La position assise lui occasionnant des contractures.
Auriez-vous d’autres idées ?
Aujourd’hui, pour
sensibiliser au handicap, le temps de la démonstration on bande les yeux des
voyants, ils doivent déambuler dans l’obscurité ou on attache des personnes valides dans un fauteuil…
Pourquoi ne pas
imaginer un parcours éphémère dans un parc nommé Zandiland
où les personnes valides du 21ème siècle emprunteraient des mini
portes pour pénétrer dans des salles à plafond bas (bar, commerces etc…) dans lesquelles des zandis seraient déjà confortablement installés. Des zandis-barman les serviraient…
Idem dans les cinémas
(voir précédemment)…
Oui, mais pour l’instant vous avez choisi la BD ! C’est ça ?
Absolument. Je
cherche un dessinateur qui saura respecter l’esprit du concept et le transposer
en illustrations.
Une rencontre entre
deux créatifs apportera une valeur ajoutée au projet.
Certes le chemin, sera, encore long,
pour : l'édition, l'impression, la vente...
Et, le succès, éventuel !
Et les autres types de
handicap. Y avez-vous pensés ?
Le sigle du fauteuil
n’est-il pas le symbole utilisé pour représenter tous les types de handicap (je
plaisante).
La problématique du
fauteuil roulant, je la connais puisque je la vis quotidiennement. Mon
expérience dans ce domaine m’autorise à en parler mais je me refuse d’aborder
un sujet que je n’ai pas vécu avec mes tripes.
Le handicap est trop
grave pour la personne concernée et ses proches.
Oui…, vous voulez ajouter un commentaire ?
De plus, il n’est pas
possible de traiter tous les types de handicap. Ce serait trop confus.
A ce jour j’ignore
l’outil qui véhiculera mon projet, mais
toutes les personnes en situation de handicap profiteront de la prise de
conscience qu’il aura suscité.
Mr Pénèf n’est pas PNF de naissance.
Il le devient. Pourquoi ?
Il le devient suite à
un accident de la vie. Comme moi. Cela lui permet d’être plus critique. Il peut
comparer, se mettre à la place des Zandis.
Dans le recueil, on rencontre souvent la lettre
Z. Pourquoi ?
Dans le souci de
faciliter la lecture et la compréhension rapide des dessins, tous les patronymes des zandis ainsi que le nom de leurs commerces,
entreprises, résidences, rues… et certaines de leurs expressions verbales
courantes contiennent la lettre Z.
Il en est de même
pour les PNF ainsi que l’illustrent Mr PéNèF et son copain PoNponF.
La population PNF est
estimée entre 2 et 3%. Pourquoi cette incertitude ?
Officiellement c’est
3% mais un doute subsiste parmi les Zandis. D’après eux,
un certain nombre de profiteurs viendrait gonfler ce chiffre pour toucher les
aides et s’octroyer les soit disant privilèges. Cela donne prétexte à un
contrôle régulier.
Votre message est il revendicatif ?
Pas du tout. C’est
simplement un état du ressenti des uns et des autres selon le côté où l’on
place la normalité. Ensuite, chacun en déduit sa propre réflexion.
Quelle leçon peut-on tirer ?
Il est préférable
d’être en bonne santé. C’est évident !
Mais à Zandiland, être en bonne santé, c’est être en fauteuil.
La morale ?
Le handicap n’existe
pas.
Seuls existent la
situation handicapante, le regard des autres et les préjugés.
Je vous réserve le mot de la fin.
Que c’est dur d’être
un PNF au pays des Zandis !
J’ajoute
qu’il serait très inélégant d’utiliser les idées exposées ici, sans mon accord
préalable.JMG