Sections du site en Octobre 2009 : Ajouts
successifs d’articles -- Sujets d’articles à traiter – Pour publier --
Post-Polio -- L'aide à domicile -- Internet et Handicap -- Informatique
jusqu’à 100 ans – Etre en lien -- L’animal de compagnie -- Histoires de
vie -- Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de l’avant --
Tous chercheurs -- Liens – Le webmestre.
RETOUR A LAPAGE D’ACCUEIL : CLIC AUTEURS, TITRES DE
TOUS LES ARTICLES : CLIC SYNTHESE GENERALE: CLIC
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Septembre 2012
LE ZANDILAND : DE l’HUMOUR
ET HANDICAP, OU BIEN PLUS ENCORE ?
Jean-Marie
GROS, jm-gros@orange.fr
Bien
noter le sigle PNF, utilisé pour désigner la Personne Non en Fauteuil (roulant)
Introduction , par Henri Charcosset, webmestre
Jean-Marie
nous a relaté son chemin de vie, un peu impressionnant pour qui est familier du
vivre avec un handicap moteur, dans ses deux articles autobiographiques :
Gros Jean-Marie (2011), Né
pour devenir paralysé, mais en
existant. I. De ma naissance à ma mise en invalidité, à à 47
ans, en 1995. Témoignage
Gros
Jean-Marie (2012), Né pour
devenir paralysé, mais en existant. II. Mon engagement associatif depuis
mes 47 ans en 1995, jusqu’en 2010.
Témoignage
Quelques
années plus tôt, il nous avait déjà fait part de son souci d’associer Handicap
et Humour :
Gros
Jean-Marie
(2005), Mon expérience du
handicap : sa composante humour
Mais
dans son texte ci-après sur lequel je me
suis limité à surligner quelques bouts de phrase, s’agit-il encore d’humour pur
et simple, ou bien de prospective
sur le devenir à long terme de
l’humanité ? Libre à chacun de se faire opinion….en en faisant
éventuellement part à Jean-Marie, qui appréciera.
°°°°
Il
n’empêche que son mode de penser peut aider à mieux se situer pou le vécu de
son handicap personnel, dans le monde d’aujourd’hui. Né en 1936, handicapé
moteur depuis l’adolescence, ma
« promotion » de PNF ou « marchant », en
« roulant » a été tardive, vers mes 71 ans. Rien de bien brillant
donc. Banal fauteuil roulant à l’intérieur, scooter électrique à
l’extérieur. Un réel changement quand
même que cette transition de « marchant », ou PNF, à « roulant » !
Il y a bien un Avant et un Après. Mais
pas dans le sens que l’on pourrait
croire, ou même craindre. Avant, quand je marchais encore un peu,
risquant à chaque pas de me briser des os, mes proches avaient beaucoup à
m’attendre, lors de promenades ensemble. Dans l’Après, roulant à
Là où le
propos de Jean-Marie est basé sur le long terme, je veux souligner que dès maintenant il présente un réel intérêt
concret, pour la relation entre nous tous, les humains.
IL va
bien dans le sens de l’optique générale de ce site, à savoir que la notion de
personne non handicapée ou valide, est un leurre. Nous sommes bien
« Tous handicapés, tous chercheurs,
sans exceptions, en vue d’une société plus juste et plus humaine »,
devise introduite sur le Net le 1er janvier 2001 : CLIC
Texte de Jean-Marie
Gros
Dans nos mégapoles, les gens
normaux se déplacent en fauteuil, c'est-à-dire la
quasi totalité des habitants de Zandiland.
Z 1 - Les fauteuils : de conception
très différente, avec une unique boule sphérique faisant office de roue
sur laquelle nous sommes assis. De marque SORG, de type à rotule, ou de type Gyropode. Nous disposons aussi de fauteuils montés sur
coussin d’air et encore d’autres technologies plus récentes. Tous sont ultra
confortables, savent monter, descendre quelques marches et les rares ressauts.
Bref, ils n’ont que peu de points communs avec leurs lointains ancêtres appelés
chariots.
Ils se
manœuvrent sans effort, certaines fonctions sont commandées par la pensée, sans
intermédiaire d’électrodes. L’info passe directement du cerveau vers la machine
et nous dispense de devoir manipuler une manette. Inutile de préciser qu’ils
peuvent se faufiler absolument partout. Ce qui va de soi puisque toutes les
infrastructures ont été conçues par nous et donc pour nous, les
« roulants ».
Tout est
accessible, de plain pied et à notre hauteur. Quelle chance nous avons !
Z 2- Des
fauteuils spécifiques tels que le Zébulon ou le
Kangourou permettent aux plus jeunes et sportifs d’entre nous de se mouvoir sur
« les pistes roulables » par une suite de
petits bonds successifs et de se faufiler parmi la foule des autres roulants.
En version professionnelle, ces fauteuils sont utilisés par exemple pour les
visites de chantier des bâtiments en cours de construction et dans de nombreux
autres domaines.
Chacun possède cinq ou six fauteuils:
professionnels, pour l’intérieur, pour l’extérieur, pour la semaine, pour le
week-end, pour la ville, pour la campagne, pour le wheeling
du dimanche matin et en change selon la saison.
Nos
fauteuils sont personnalisés en fonction du rang social de leur propriétaire,
de ses goûts, de son âge, de ses tendances, de son humeur du moment.
Ils sont
numérisés et dans chaque habitation un magasin de stockage avec chargement automatique est
mis à notre disposition
afin d’entreposer les fauteuils de la famille.
Z 3 - Il
faut tout de même préciser que pour se démarquer, certains jeunes adolescents
et autres nostalgiques originaux s’obstinent à utiliser des copies de vieux
chariots manuels à quatre roues ou se sont amusés à les rénover. Ces fauteuils
sont dotés de deux énormes roues entre lesquelles ils sont assis et de deux
autres à l’avant ridiculement petites. La seule modification apportée est de
les avoir motorisés. Ainsi ils ont les mains libres. Leurs utilisateurs sont
gantés et seuls les bouts de leurs doigts dépassent et ont en permanence une
casquette vissée sur la tête. Ces contestataires refusent notre dépendance
technologique. Ils se déplacent généralement en groupe mais ce mouvement reste
très marginal.
Z 4 - Le fauteuil faisant partie
intégrante de chacun de nous, selon le modèle du
fonctionnement des allocations logement, vieillesse, rentrée scolaire ou
familiales, nous avons instauré une « allocation
fauteuils ». Ainsi cet ami qui ne nous quitte jamais, véritable prolongement indispensable de notre corps,
peut être proposé à un prix dérisoire pour les plus démunis d’entre nous.
Z 5 – Malheureusement nous devons co-habiter avec 2 à 3 % d’individus valides en situation de
handicap. Ces « marchants
» n’ont pas la chance de se déplacer en fauteuil comme tout le monde. Les
pauvres.
« Je les admire de rester debout toute la
journée.
Moi, je sais que je ne le
pourrais pas ! Ils font preuve de beaucoup de courage ».
Z 6
- L’acronyme administratif utilisé pour
qualifier ces personnes debout « qui
n’ont pas la chance d’être en fauteuil » est P.N.F.
(Personne Non en Fauteuil).
La cause
de leur handicap est mécanique. Ils sont mal vertébrés. La parfaite rectitude
de leur colonne vertébrale engendre une libre circulation du liquide cérébro-spinal. La pression de ce
liquide qui irrigue la moelle épinière et les hémisphères du cerveau est donc
libérée jusqu’aux extrémités du canal. La position verticale leur est naturelle
et la position assise leur demande un effort.
Mais
nous, qui naissons avec une vertèbre cervicale non alignée par rapport aux
autres, ce processus est stoppé. Bien que parfois lors d’un traumatisme, cette
vertèbre cervicale tourne sur elle même. « Notre vie bascule. C’est la catastrophe ».
Z
7 - À la suite d’un accident, qu’il soit de
fauteuil, du travail ou de la route,
le coup du zapin peut aussi provoquer ces
dérèglements et engendrer de tels dégâts.
« Notre vie est foutue ».
Il
faut se rendre le plus rapidement possible chez un Zandi-kiné
qui va essayer de nous retorsader afin de vriller
notre colonne vertébrale correctement. Le but étant
de remettre en place cette fameuse cervicale V1. Puis si cette simple
manipulation s’avère insuffisante, une
seule solution: se rendre dans un centre de rééducation intensive et pratiquer
de l’extenseur à raison de trois séances
par jour au moins pendant six mois. Cet appareil, comme son nom l'indique nous
étire la colonne puis la relâche brusquement en espérant que V1 reprenne sa
position naturelle. Si par malheur rien n’y fait, « sa vie est foutue ».
Au
malheur de devenir handicapé et condamné à
marcher toute sa vie, s’ajoute le
changement du patronyme et l’abandon par sa famille, et l’éloignement de ses
amis. Conformément à la coutume tacite de Zandiland,
Cette
cervicale est « le talon de zavata » de tous les Zandis
mais nous n’y pensons pas ou plus exactement nous pensons que ça n’arrive
qu’aux autres.
Avec
l’âge c’est le même problème, nos
cervicales s’usent et on peut se retrouver debout pour le restant de nos jours.
« Qu’il est triste de terminer
ainsi ! »
Z 8 - Ou
bien, il y a un problème lors de l’accouchement : le cordon ombilical
s’enroule autour du cou du bébé et CLAC, cette fameuse cervicale se déplace,
s’aligne avec les autres, la pression du liquide devient trop importante,
provoque des dégâts irréversibles et un petit PNF voit le jour. Les parents zandis doivent effectuer des travaux pour rendre leur
logement accessible ou envisager de déménager. Commence pour eux le parcours du
combattant car leur enfant ne sera jamais en normal. « Il est condamné à marcher toute sa
vie ». Le couple risque d’éclater, ils n’auront plus d’amis, la
famille va les éviter…
Z 9 -
D’autres PNF sont plus malchanceux. Ils ne sont pas en fauteuil certes, mais
ils sont atteints du syndrome de Tcherno (1 pour
3000), ont des mains normales, mais sont dépourvus d’avant bras. Quant au
nouveau syndrome : le fuku, il demeure encore
très rare pour l’instant. Notons que l’appellation maladie orpheline leur a été
refusée puisque nous avons identifié leur Papa, notre lointain ancêtre.
Z 10 – Dans les principales rues, entre le
trottoir des « marchant »
et les devantures commerciales ou résidentielles, nous nous sommes aménagés une
« piste roulable »
exclusivement réservée à nos fauteuils. Il s’agit d’une bande de roulement
auto-entretenue, en revêtement synthétique, mais nous déplorons encore trop
d’accidents dus aux PNF qui empiètent sur notre espace et se font renverser.
Dans les
petites rues plus étroites, leur largeur ne nous permet pas d’aménager des
trottoirs et les PNF sont obligés à leurs risques et péril d’emprunter nos
pistes roulables.
Une
commission a été crée afin de quantifier le taux d’encombrement des trottoirs
qui leur sont exclusivement réservés. Notons que l’entretien de cet espace
demeure logiquement à leur charge puisqu’ils ont le privilège d’en être les
uniques utilisateurs. Bien qu’ils ne représentent que 2% de la population si on
ne comptabilise pas les fraudeurs, nous leur avons alloué ce cheminement et
nous sommes unanimes à dire : chacun
son domaine. Nous, la piste roulable et eux leur
trottoir.
Z 11 -
Nos logements comportent peu ou pas de cloisons et n’ont qu’une unique grande
pièce pour permettre la libre circulation de nos fauteuils. Dès la construction
un système doux de création d’ambiance est prévu dans nos habitations afin que
nous ne nous sentions pas oppressés car
tous les plafonds se situent à une hauteur normale, c'est-à-dire à un mètre
soixante huit du sol. Quel gain de place !
Et au
niveau planétaire, quelle économie de matières premières ! Transport, main
d’œuvre et surtout sable des cours d’eau et du littoral des mers du monde
entier. Finie l’exploitation démesurée des richesses de la Terre.
Après la
réhabilitation d’un immeuble d’antan, on héberge le double d’habitants, ainsi
le prix des logements a baissé de près de 60%.
Z 12 –
Traditionnellement ils sont manutentionnaires ou gardiens d’immeubles et
occupent gratuitement une loge de la résidence située au rez-de-chaussée.
Ceux-là
ne nous posent aucun souci particulier, par contre leurs collègues plus aisés
qui parviennent à s’intégrer à une multipropriété d’habitations s’avèrent être
des gens mesquins qui génèrent beaucoup de conflits de voisinage pour la
moindre futilité. Ils sont aigris et très susceptibles. Un jour, c’est leur
boîte à messages postaux ou la poignée d’une porte ou un interrupteur manuel de
secours qui sont trop bas et leur déclencherait un mal de reins. Un autre jour,
ces gens mous de nature et qui manquent d’énergie, s’aperçoivent que le portail
automatique se referme sur eux avant qu’ils ne soient sortis. Au lieu de
soigner leur lenteur maladive, ils exigent d’allonger la temporisation de
l’équipement. C'est-à-dire de faire engager des travaux aux frais de l’ensemble
des copropriétaires dont la majorité est Zandi.
Enfin
bref, ces gens ne pensent qu’à eux et ne
savent pas vivre en société.
Z 13 -
Nos véhicules ne sont équipés ni de sièges, puisque chacun de nous, avons déjà
le nôtre, ni de volant puisque
nous nous dirigeons au moyen de la
manette joystick.
La PNF qui achète un véhicule
doit donc le faire équiper de sièges à l’avant, d’une banquette à l’arrière et
d’un volant. Tout cela en options.
Ces opérations de confort sont très
onéreuses et de plus ne sont réalisables que sur les modèles haut de gamme dont
l’habitacle est suffisamment spacieux pour accueillir leurs occupants hors
normes. Le coût des aménagements ne peut logiquement pas être pris en charge
par notre caisse de Solidarité Sociale. Bien que certaines conditions soient
requises et suite à l’étude de plusieurs devis par une commission de zandi-experts, avec leur Mutuelle, cela devient désormais
éventuellement possible.
Précisons
que tous nos véhicules sortent d’usine déjà décaissés, c'est-à-dire bas afin de
faciliter notre installation. Cette opération est irréversible et il est
préférable pour eux de se procurer une voiture aménagée par le constructeur.
Par
contre, tous nos véhicules sont équipés d’un module électronique de modulation
d’allure, et l’opération qui consiste à le remplacer par la boîte à vitesses
manuelles d’antan avec une pédale d’embrayage est entièrement imputable au
capricieux acheteur.
Z 14 -
Suite à la nouvelle donne qui s’est installée progressivement, nous avons beaucoup travaillé afin
d’adapter puis de finaliser la loi cadre du début du millénaire et nos
gouvernants se sont engagés à rendre
ZANDILAND accessible à tous. Dès la date butoir, tout devrait être accessible
aux « marchants ». Reconnaissez qu’en cette période économique
préoccupante, il est difficile de maintenir cet objectif. Certes il n’est pas
atteint, mais l’élan est donné et nous nous félicitons de ce geste fort.
Dorénavant nous sommes déterminés à nous orienter vers une société plus
inclusive en insérant le volet P.N.F. dans chaque projet de loi.
Z 15 -
Tous les bâtiments publics, commerces, salles de spectacles, musées, gares…
sont conçus pour nous recevoir dans les meilleures conditions.
On n’imagine
même pas qu’il puisse en être autrement.
Dans les
nouveaux bâtiments publics, les deux premiers niveaux sont dotés de plafonds
hauts et de quelques « guichets
surélevés » comme l’exige la loi. Nous avons l’obligation après
l’aménagement du poste de travail, d’employer un certain pourcentage de
Personnes Non en Fauteuil sous peine de sanction.
Les entreprises peuvent ainsi
opter pour la décision la plus pertinente : respect du quota ou pénalité.
Au
premier étage de ces bâtiments, niveau entièrement adapté aux P.N.F., nous nous réservons une pièce pour stocker
les archives et les sauvegardes informatiques, une autre pour le matériel de
secours et une dernière est destinée à entreposer quelques-uns de nos vieux
fauteuils rebutés ou démodés dans l’attente du ramassage trimestriel par
l’entreprise de recyclage.
Z 16
- Quant aux lieux de culture. Les salles
de spectacles sont presque toutes à plafond normal. En fonction de leur
configuration, le premier ou le dernier
rang demeurent souvent les seuls emplacements possibles pour eux en « position dépliée ». Au concert ils
sont placés le long des imposants murs de sonorisation, et pour les autres
types de spectacles, ils ont le choix entre les postillons des acteurs ou les
repose-pieds des zandi-danseurs.
Pourquoi commencer cet onéreux
chantier de mise en accessibilité de ces lieux et d’installation d’un plafond
escamotable, puisqu’on n’y voit que très rarement des personnes debout ! argumentent les organisateurs de spectacles.
En
effet, la loi oblige les nouveaux projets de salles à prévoir un plafond
escamotable qui peut se relever au dessus de l’emplacement réservé aux « debouts ».
Par
contre, à notre décharge je signale que certains sites sont classés au
patrimoine planétaire. Bien qu’ils deviennent dangereux pour eux car ils se
tordent les chevilles sur les vieux pavés irréguliers et tombent souvent, il
nous est strictement interdit d’engager des travaux.
Z 17 - Les sous sol de nos immeubles, à cause
des fondations qui doivent demeurer profondes afin d’assurer la stabilité des
constructions, sont donc toujours conçus en plafond haut. Plusieurs
monte-charge desservent les différents niveaux souterrains jusqu’en surface, ce
qui permet aux personnes debout une libre circulation dans les dédales des caves
et dans les nombreux niveaux de garages et parkings. Les emplois en sous sol
sont très convoités. Cet endroit permet de mieux supporter les longues et
régulières périodes caniculaires de chaque été. On y trouve : trieuses de
déchets, lavage et entretien des télé
véhicules, entreprises spécialisées dans le paramétrage des ordinateurs de
bord, dans la personnalisation des fauteuils, vente et achat d’objets afin de
leur redonner une 2ème, 3ème ou 4ème vie,
réparations de toute sorte, collecte pour recyclage… Ces personnes ont un sens
inné de l’organisation et ont su construire sous nos mégapoles « un lieu de vie adapté à leur
différence ». En ces lieux mixtes « marchants et roulants » ont des activités communes.
La
plupart des immeubles sont reliés entre eux par un réseau de tunnels. Nous
avons dessiné les plans et nous les avons autorisés à réaliser des passages
permettant de rejoindre notre télé métro sans remonter à la surface.
Z
18 -
La scolarité de leurs enfants demeure encore
compliquée.
Dans les
petites classes de nos écoles ordinaires (majoritairement à plafond normal), il
n’y a pas de souci particulier. Ils s’intègrent parfaitement. Le problème
survient dès les classes de l’enseignement secondaire lorsque les petits pénèfs grandissent et nous déplorons le fait qu’ils soient
contraints s’ils souhaitent continuer leur scolarité, de suivre les cours
depuis leur domicile.
À l’âge
adulte leur faible niveau d’étude ne leur permet pas de pourvoir des emplois de
cadre ou d’autres fonctions à responsabilité. D’ailleurs, ils ne le souhaitent
pas !
Z 19 -
Afin d’être conforme à la loi, qui prévoit des logements dits adaptables situés
aux rez-de-chaussée des immeubles (à ne pas confondre avec ‘logements
adaptés’), nous avons construit à ce niveau déjà à plafond haut quelques
appartements dont les cloisons sont modulables et peuvent donc être
réinstallées ou déplacées. Certes les
PNF ne peuvent que rarement y pénétrer debout et doivent encore le plus souvent
passer comme d’habitude par une petite porte basse conçue pour les bâtiments à hauteur normale
de plafond. En effet bien que situés dans des zones aménagées pour eux, les
portes de ces logements sont de dimension standard à hauteur normale, soit 1,53
m et comme d’habitude ils entrent encore en s’arque boutant. Mais dès qu’ils ont pénétré à l’intérieur,
ils peuvent se redresser. Pourquoi ? Ce qui paraît être une ineptie
s’explique par le fait que les dimensions des zandi-portes
sont normalisées et disponibles chez tous les fournisseurs, tandis que leurs ainées
ne se trouvent pas en stock. Leur prix est prohibitif, il faut les commander…
Nous risquons de dépasser les délais et les budgets. De plus les architectes,
pour des raisons esthétiques préfèrent uniformiser les façades des avenues de
nos villes.
C’est
déjà pas mal qu’il y ait une porte plaisantent certains d’entre nous !
Dans les
petits commerces de surface, qui sont évidemment tous de plain-pied pour
faciliter le passage de nos fauteuils,
nous rencontrons également ce
problème de hauteur de porte. « C’est
un véritable casse-tête ».
Z 20 -
Quoi qu’il en soit ces personnes debout coûtent chères à la collectivité et
nous les suspectons, avec d’autres minorités de profiteurs, d’être une des causes
du déséquilibre budgétaire chronique de notre caisse de Solidarité Sociale.
Pour leur être agréable et répondre à leur souhait, nous les avons
désolidarisés de cet organisme. Nous avons mis à leur disposition un vaste
dispositif pluridisciplinaire et indépendant capable de gérer tous les
problèmes liés à leur spécificité. C’est très bien pour eux. Ils ne se
déplacent qu’à un unique guichet : la
Mutuelle des Personnes Non en Fauteuil (MPNF). Au niveau de la santé, mais
aussi au niveau des pensions et des retraites car bien entendu ces gens
profitent de notre médecine et comme nous tous ont une espérance de vie de plus
en plus longue. Ce dispositif qui leur est exclusivement réservé, sait
également gérer leurs soucis de la vie quotidienne, aussi variés soient ils
(soutien scolaire de leurs enfants, accompagnement pour les cours à domicile,
matériel spécifique, pensions, aides diverses, aménagement sanitaires, salle de
bain, dépendance, les surcoûts liés à leur condition tels que les rehausseurs
des appareils de première nécessité…).
Z 21 -
Ces gens, voûtés de nature, sont aussi prédisposés génétiquement aux maux de
reins chroniques et les fabricants de matériel à usage courant tels que
l’électro ménager et le matériel sanitaire ont l’obligation de prévoir un
rehausseur adéquat pour chaque type d’appareil. Les clients avancent les frais
qui leur seront remboursés sur présentation de la facture acquittée accompagnée
de leur « projet de vie ».
Il est
vrai que nous nous sommes limités au remboursement des rehausseurs des
appareils de première nécessité (cuisine, sanitaires et salle de bain) en nous
basant sur les modèles de bas de gamme. Il nous semble anormal d’étendre ce
privilège aux biens non primaires. De plus nous ne souhaitons pas interférer
dans la sphère privée de ces personnes. Certes, le coût des meubles hauts donc
fabriqués en série limitée est relativement important. Seuls les nantis ont les
moyens de se les procurer. Les autres font appel au système D et à la
débrouillardise en se bricolant des calles ou ont des astuces diverses.
Certains
revendiquent une aide pour partir en vacances sous prétexte des fameux
surcoûts, mais là aussi, « ce serait
la porte ouverte à tous les abus ».
De même
en ce qui concerne le remboursement des réhausseurs
de l’électro ménager. Certains revendiquent aujourd’hui l’extension de cette
prise en charge à l’ensemble de leur mobilier domestique. La MPNF ne peut pas
tout rembourser !
Z 22 -
Au sujet des transports inter cités, bien que selon le sondage d’un organisme
indépendant, seules 0,8 % des personnes en situation de handicap les utilisent.
Afin de respecter le taux de vétusté, les rames doivent être remplacées toutes les
quinze ou vingt années, et à cette occasion, nous en profiterons pour en
installer d’autres, équipées de plateforme conformément à la législation en
vigueur aujourd’hui.
Z 23 -
La hauteur intérieure de nos transports intra cité est de 1,58 m et celle des portes de 1,50 m. Mais nous faisons de
gros efforts pour améliorer leur accessibilité et dans la mesure du possible nous évitons de les faire voyager en
position inconfortable. Une porte plus haute a été prévue sur chaque rame,
mais bien que située en bout de quai, aux heures d’affluence, certains Zandis pressés…
La
nouvelle mouture de la loi va dans la bonne direction en nous demandant de
transporter dans des conditions acceptables au moins cinq de ces personnes par
télé bus et sur l’ensemble des
transports de surface. Elle nous fixe une surface minimum d’occupation
par individu. Nous sommes largement au-delà de cette norme puisque aujourd’hui
plus de la moitié du parque intercommunautaire du district est équipé d’une
plateforme extérieure d’une superficie d’environ de six mètres carrés leur
permettant de voyager debout.
Ce zèle
par rapport à la législation nous autorise à utiliser cet aménagement pour
transporter pendant les heures creuses les bagages encombrants et un peu de
matériel divers.
Z 24 -
Dans certaines stations sous terraines on est confronté à un problème technique
en ce qui concerne l’espace rame / quai. Nous n’avons pas pu le réduire à moins
de 15 cm à cause du système de fermeture des portes que nous avons choisi.
Alors que l’avant de nos fauteuils roulants se lève automatiquement dès qu’il
détecte le vide, certains PNF âgés qui doivent déjà se courber pour passer par
les zandi-portes, préfèrent entrer à reculons pour
franchir ce seuil.
Z 25
– Malgré les multiples aides proposées
pour l’aménagement de leur voiture, la majorité d’entre eux préfère utiliser le
dispositif simple d’utilisation et non contraignant qui leur est réservé. Un
parque de véhicules dédiés au transport PNF gérés par des sociétés privées sous
contrôle de la communauté de districts, sillonnent les villes et ce dispositif
de transport groupé leur permet de se déplacer d’un point à un autre en toute
liberté.
Après
présentation du certificat médical établi par le zandi-médecin
agréé et passage devant une zandi-commission
attestant de leur statut de Personne Non en Fauteuil, nous mettons à leur
disposition un genre de pick-up 2000 aménagé et piloté par satellite. Ce
véhicule vient les chercher à leur domicile, ils prennent place sur le plateau
extérieur situé à l’arrière et sont ensuite déposés en toute discrétion au lieu
de destination à l’horaire négocié. Devant le succès de ce dispositif
entièrement piloté par informatique, nous demandons aux usagers de bien vouloir
réserver leur transport une semaine auparavant, ainsi le calculateur établit
des feuilles de route en choisissant l’itinéraire idéal et optimise chaque
tournée en véhiculant plusieurs personnes en situation de handicap à la fois.
Sous peine de radiation, tous les ans ils devront justifier que leur domicile
est toujours situé dans le district afin de continuer à bénéficier de ce
service adapté.
Z 26 - Intégrer
les PNF, est un chantier compliqué et pour être honnête, dans ce contexte
économique de post crise, nous avons beaucoup d’autres problèmes à gérer. Un
choix doit être fait et la problématique de l’accessibilité n’est
malheureusement pas notre priorité.
Ces
gens, souvent très organisés et toujours solidaires, se regroupent en
associations. Nous convions toujours quelques uns de leurs représentants à des
instances consultatives au sein de nombreuses commissions et groupes de
travail.
Malgré
nos réels efforts ces entités sont unanimes à dénoncer l’espoir déçu engendré
par les promesses suscitées par une loi votée il y a dix ans. Ces promesses ne
sont pas tenues. « Une de plus »
scandent-elles.
Z 27 - Nous voudrions bien les faire
participer aux grands travaux de la cité et entreprendre des projets ensemble mais il est
difficile d’inclure ces gens au sein de nos équipes.
Ces Personnes Non en Fauteuil ne peuvent pas rester assises
longtemps. Après une demi-heure dans cette position, elles ne tiennent plus en
place et il faut qu’elles se lèvent. Qu’elles gesticulent. Soi-disant qu’elles
ont des crampes, ce qui leur occasionneraient des douleurs affreuses si cette
posture devait se prolonger disent elles. Et pourtant nos zandi-spécialistes
restent persuadés que ces souffrances sont d’origine psychique et n’existent
que dans leur tête.
Lorsque ces personnes se déplient, elles sont en équilibre
instable et mettent un certain temps pour se stabiliser. Nous craignons
qu’elles nous retombent dessus et bien souvent nous les aidons à retrouver leur
équilibre. Elles perturbent ainsi nos réunions de travail.
Quant aux repas, nous sommes obligés de choisir des locaux
accessibles pour eux, dans un environnement aménagé. Disposer d’un siège est
une de leurs revendications. Et elles ne s’en servent pratiquement pas !
Pendant les visites de chantier, nous enclenchons le mode manuel
de nos fauteuils et passons notre temps à les attendre. Pour avancer plus
rapidement sans se mettre en danger, elles s’appuient sur nos fauteuils comme
avec les anciens déambulateurs. Avouez que c’est pénible.
Z 28 -
Ils nous reprochent une discrimination insidieuse, jugent que l’accessibilité
est encore insuffisante et que trop de dérogations sont accordées.
Nous leur
répondons simplement qu’elles le sont toujours pour des raisons d’assurance ou
de sécurité évidentes ou en prévision d’actes de vandalisme.
« Nous sommes des citoyens à part
entière ! » revendiquent t’elles. Alors là, nous sommes d’accord.
Dois- je rappeler que toutes les perceptions sont à plafond haut au
rez-de-chaussée, comme tous établissements recevant du public, mais le sont
aussi à tous les étages impairs alors que la législation ne nous l’impose même
pas. Et qu’elles font office de bureau de votation lors des différentes
consultations citoyennes.
Z 29 -
Pour ceux qui bougent : jyvais.zan
répertorie les endroits où ils peuvent se rendre aisément et leur fournit des renseignements utiles sur chaque
destination (plafonds hauts ou escamotables, guichets surélevés dans les
administrations, hôtels à lits rehaussés, location de véhicules équipés de
sièges et de volant, transports publics aménagés avec plateforme extérieure…)
Quant à la fondation P. Hénef,
elle les informe et les conseille sur leurs droits en les
aidant ou en les assistant éventuellement en cas de conflit.
Ces
personnes inadaptées sociales possèdent également leur magazine dont le plus
connu est le mensuel le PigNouF spécialiste des personnes en situation de
handicap.
Il
existe également l’Amicale des PNF qui réalise un travail remarquable et de longue
haleine en intervenant auprès de nos jeunes Zandis
afin de
les
sensibiliser en leur faisant prendre conscience que « certains n’ont pas la chance d’être en fauteuil comme eux ».
Nous
comprenons l’impatience de ces personnes valides en situation de handicap et
sommes persuadés d’œuvrer dans la bonne direction.
Mais
comme l’a bien compris l’APNF, il faut aussi changer les mentalités, parfois
dès l’école maternelle. Le chemin sera encore long.
JM G
HUMOUR ET HANDICAP, OU BIEN PLUS ENCORE ?
Il serait très inélégant d’utiliser mes idées, exposées ici,
sans mon accord préalable.