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LES ARTICLES : CLIC SYNTHESE GENERALE: CLIC
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Janvier 2012
LES "CONTES DE PAROLES",
OU QUAND LES CONTEURS S'INTERROGENT SUR LA FORCE DE LA PAROLE A TRAVERS LE
MONDE
Hélène LOUP – conteuse professionnelle – http://heleneloup.canalblog.com
Introduction
Hélène Loup a
-publié l’ouvrage : Conter
aux adolescents : Une merveilleuse aventure , Hélène
Loup, Chantal Ferdinand, Brigitte Breyton et
Anne-Marie Tropet (Broché - 1 novembre 2005)
Sur ce site, elle a déjà publié les articles :
Loup Hélène
(2010), Contes et conteurs d’hier et d’aujourd’hui….
Loup Hélène (2010),
Un fonctionnement de conteur
Loup Hélène ( 2010), La sorcière
et la fée, deux personnages à la fois bons et mauvais
Loup Hélène
(2011), Les mille et un visages du Petit
Chaperon Rouge
Loup
Hélène (2011), Mémé, Bonne-maman, Mamy,
raconte-moi une histoire
Texte
Un conteur se sert de la
parole pour conter ses histoires. La parole est à la fois son outil et son principal
matériau. La voix (ou les gestes dans le cas des sourds-muets), son instrument.
La puissance de séduction de la parole reste, même pour lui, surtout pour lui,
une énigme. Bien des contes, dits « contes de paroles » par certains
conteurs, témoignent de cette fascination étonnée. Le conteur s’interroge sur
son art comme le dramaturge qui fait « du théâtre dans le théâtre »,
et cela depuis toujours.
Les conteurs actuels
connaissent presque tous ce petit conte de parole venu de Turquie.
Nasreddin Hodja venait d’arriver dans cette ville. Sa
réputation de surprenant parleur l’avait précédé. Quand il se présenta à la mosquée,
les gens lui demandent :
-
Nasreddin, parle,
dis-nous quelque chose.
-
Est-ce
que vous savez de quoi je dois vous parler ? interrogea le Hodja.
-
Non,
nous ne le savons pas, répondirent les gens.
-
Si
vous ne le savez pas, il est inutile que je perde mon temps avec des ignorants
tels que vous, rétorqua le Hodja.
Et il se
tut.
La semaine
suivante, les gens s’étaient préparés. Ils demandèrent à nouveau :
-
Nasreddin, parle,
dis-nous quelque chose.
-
Est-ce
que vous savez de quoi je dois vous parler ? répondit encore le Hodja.
-
Oui,
nous le savons.
-
Si
vous le savez, il est inutile que je perde mon temps à vous le répéter.
Et Nasreddin se tut derechef.
La semaine
d’après, les gens, qui s’étaient longuement consultés, réclamèrent en
chœur :
-
Nasreddin, parle, dis-nous
quelque chose.
-
Est-ce
que vous savez de quoi je dois vous parler ? dit le Hodja imperturbable.
-
Oui !
Nous le savons ! répondit une moitié de
l’assemblée.
-
Non !
Nous ne le savons pas ! répondit l’autre moitié de l’assemblée.
-
Si
c’est ainsi, que ceux qui savent racontent à ceux qui ne savent pas, conclut Nasreddin.
Et il s’en
alla sans ajouter un mot.
Dans ce
petit récit,
le narrateur s’amuse à surprendre le public. A ce conte répond souvent un conte juif qui comporte lui aussi trois
fois la même question et une réponse différente à chaque fois.
Autrefois, il y avait, en Pologne, un
seigneur qui aimait bien tuer les juifs. «Parce que,» disait-il, «ils font tout
à l’envers, ces juifs : ils lisent de droite à gauche ; ils se balancent
d’arrière en avant ; ils couvrent leur tête dans leur lieu de prière ; ils
sont très différents des autres ; il faut donc les tuer ! »
(Ce
n’est pas moi qui le dis ! C’est le seigneur polonais !)
Or, un jour, le seigneur polonais pensa :
(Car
même un seigneur polonais peut penser quelquefois)
-
Pourquoi
les juifs sont-ils ainsi, bizarres, différents de tout le monde, à faire tout à
l’envers?
Et il eut
envie de savoir.
(Car
même un seigneur polonais peut désirer savoir, parfois)
Il alla trouver un rabbin et lui dit :
-
Rabbin,
explique-moi pourquoi, vous, les juifs, vous êtes comme ça, bizarres,
différents de tout le monde, à faire tout à l’envers. Et si ton explication me
plaît, peut-être que toi, je ne te tuerai pas.
-
Je
veux bien t’expliquer, je veux bien t’enseigner, répondit le rabbin. Mais pour
pouvoir devenir mon élève, tu dois être capable de répondre à au moins une de
mes trois questions.
Le seigneur
polonais, sûr de pouvoir répondre aux questions d’un juif, même rabbin,
répliqua, amusé :
-
Pose
donc tes questions.
Alors le
rabbin commença à se balancer d’arrière en avant et dit :
-
Deux
hommes, deux voleurs, entrent dans une maison par la cheminée. L’un en ressort
blanc. L’autre en ressort noir. Lequel des deux va se laver?
Le seigneur
polonais s’exclama :
-
C’est
évidemment celui qui est ressorti noir qui est allé se laver. Il avait besoin
de se laver. Il est allé se laver.
Celui
qui est ressorti blanc n’avait pas besoin de se laver. Il n’est donc
pas allé se
laver.
Mais le rabbin lui dit :
-
Tu
n’as rien compris. Celui qui est ressorti noir a vu celui qui était ressorti
blanc. Il a cru qu’il était blanc lui-même, qu’il n’avait pas besoin de se
laver. Donc, il n’est pas allé se laver.
Tandis
que celui qui est ressorti blanc a vu celui qui était ressorti noir. Il a
cru qu’il était
noir lui-même, qu’il avait besoin de se laver. Donc, c’est
évidemment celui
qui est ressorti blanc qui est allé se laver.
Le seigneur polonais était un peu perturbé.
Mais c’est vrai qu’en réfléchissant bien, cela se comprenait.
-
Pose-moi
ta deuxième question, dit-il au rabbin. Et cette fois, je suis sûr de pouvoir
répondre.
Alors le
rabbin recommença à se balancer d’arrière en avant et dit :
-
Deux
hommes, deux voleurs, entrent dans une maison par la cheminée. L’un en ressort
blanc. L’autre en ressort noir. Lequel des deux va se laver?
Le seigneur
polonais s’exclama :
-
Tu
ne me la feras pas deux fois !
C’est évidemment celui qui est ressorti blanc
qui est allé se laver. Car il a
vu celui qui
était ressorti noir. Il a cru qu’il
était noir lui-même, qu’il avait
besoin de se
laver. Donc il est allé se laver.
Tandis que celui qui est ressorti noir a
vu celui qui était ressorti blanc. Il a
cru qu’il était
blanc lui-même, qu’il n’avait pas besoin de se laver. Donc il
n’est pas allé
se laver.
Mais le rabbin lui dit :
-
Tu
n’as rien compris. Des voleurs n’entrent pas deux fois dans une maison si
pauvre qu’il n’y ait pas un miroir. Cette deuxième maison est une maison riche.
Il y a donc un miroir. Celui qui est ressorti blanc a vu dans le miroir qu’il
était blanc, qu’il n’avait pas besoin de se laver. Donc il n’est pas allé se
laver.
Tandis
que celui qui est ressorti noir a vu dans le miroir qu’il était noir,
qu’il avait
besoin de se laver. Donc c’est évidemment celui qui est ressorti
noir qui est
allé se laver.
Le seigneur polonais était très perturbé.
Mais c’est vrai qu’en y réfléchissant vraiment bien, cela se comprenait.
-
Pose-moi
ta troisième question, dit-il au rabbin. Et cette fois, dans tous les cas, je
suis sûr de pouvoir répondre.
Alors le
rabbin recommença à se balancer d’arrière en avant et dit :
-
Deux
hommes, deux voleurs, entrent dans une maison par la cheminée. L’un en ressort
blanc. L’autre en ressort noir. Lequel des deux va se laver?
Le seigneur
polonais, tout content, s’écria :
-
Je
sais ! Si c’est une maison pauvre, il n’y a pas de miroir. C’est donc
celui qui est ressorti blanc qui est allé se laver. Car il a vu celui qui était
ressorti noir, il a cru qu’il était noir lui-même, qu’il avait besoin de se
laver, donc il est allé se laver.
Tandis
que celui qui est ressorti noir a vu celui qui était ressorti blanc. Il a
cru qu’il était
blanc lui-même, qu’il n’avait pas besoin de se laver. Donc, il
n’est pas allé
se laver.
Mais si c’est une maison riche, il y a un
miroir. C’est donc celui qui est
ressorti noir
qui est allé se laver. Car il a vu dans le miroir qu’il était noir,
qu’il avait
besoin de se laver. Donc il est allé se laver.
Tandis que celui qui est ressorti blanc a
vu dans le miroir qu’il était blanc,
qu’il n’avait
pas besoin de se laver. Donc il n’est pas allé se laver.
Mais le rabbin lui dit :
-
Tu
n’as rien compris. Et je ne veux pas de toi comme élève. Il n’y a rien à tirer
de toi. Depuis quand peut-on ressortir
d’une cheminée pleine de suie noire et collante en restant blanc et propre ?
« Le
jeu de la répétition dans les contes » - Edisud
– p.107 – d’après la conteuse M.-I. Merlet qui tient
ce conte du conteur juif polonais Tsvika
Il existe bien des versions de ce conte. En
général, il a un objectif directement pédagogique : il rappelle qu’il faut
« toujours chercher la question derrière la question », que «
c’est ainsi [qu’on doit] étudier le Talmud ». Ou encore qu’avant de
répondre à une question, il convient se demander si cette question est une
bonne question. Dans cette version d’origine polonaise, le conte d’enseignement
a été utilisé pour ridiculiser le fort, le tyran. Le conte de paroles devient
alors un moyen d’affirmer la supériorité du faible sur celui qui l’oppresse.
C’est aussi le cas de ce petit conte venu
d’Asie.
LE BADAKHCHI ET LE KHAN
Les badakhchis, habitants
du Badakhchan, région autonome du Tadjikistan dans le massif du Pamir,
étaient réputés pour leur malice. On prétendait que la meilleure arme de ces
gardiens de troupeaux était leur parole. Mais, parmi eux, il y en avait un dont
la langue était si affûtée qu’on disait que, rien que par sa parole, il était
capable de faire descendre le khan lui même, le seigneur de guerre du pays,
de son cheval – ce qui est l’humiliation suprême pour un
chef de guerre.
Sa réputation était telle qu’elle finit par
arriver aux oreilles du khan. Son honneur était en jeu. Le khan se met sur le
chemin du vieux berger et lui dit :
-
On
raconte que tu serais capable de me faire descendre de mon cheval rien que par
ta parole ! Prouve-le !
-
Seigneur !
répond le badakhchi, te faire descendre de ton
cheval, toi, le khan ? Non ! Je n’oserais même pas y songer. Mais si
tu avais déjà mis pied à terre, je me ferais fort de t’y faire remonter –
« faire remonter sur son cheval » signifiait : mettre en fuite.
-
Vraiment ?
Essaye donc ! dit le khan en sautant au sol. J’attends !
-
Je
t’ai déjà fait descendre de cheval, seigneur, rien que par ma parole.
-
Tu
ne m’y reprendras pas deux fois, s’exclame le khan rouge de colère en
bondissant sur sa selle.
Le badakhchi a souri et il est parti. Il était déjà bien loin
quand le khan a compris qu’il s’y
était bel et bien fait reprendre deux fois.
D’après
une version reçue oralement.
Le Khan a-t’il tué celui qui l’a
ridiculisé ? Le seigneur polonais a-t’il épargné le rabbin ?
L’histoire ne le dit pas. Mais dans le conte suivant, le faible parvient à
sauver sa vie en prenant son ennemi au piège de sa parole.
Quand
Benjamin se présenta à la porte de la ville, les soldats l’arrêtèrent et lui
dirent :
-
Par
ordre du Calife, tout juif qui arrive ici doit nous raconter quelque chose. Si
ce que tu dis est vrai, tu seras pendu. Si ce que tu dis est faux, tu seras
décapité.
Benjamin réfléchit rapidement, sourit et
dit :
-
Vous
allez me décapiter.
Mais si Benjamin
était décapité, il avait dit la vérité et aurait dû être pendu. Et si on le
pendait, ce qu’il avait dit était faux et il aurait dû être décapité. Mais si
on le décapitait il avait dit la vérité et aurait dû être pendu. Et si on le
pendait, ce qu’il avait dit était faux et il aurait dû être décapité. Mais si
on le décapitait…
Finalement, on le relâcha et le Calife abolit sa
loi.
Dans ces trois contes, on manipule le sophisme,
on joue avec la logique du langage. Ainsi fait cette petite devinette
piège :
Quand un Crétois dit :
Tous les Crétois sont des
menteurs, ce Crétois ment-il ?
Il y a la parole malicieuse. Il y a aussi la
parole de trop. En général, ces petits récits sont des contes d’humour, comme
l’histoire suivante, où les conteurs se moquent d’eux-mêmes.
Dans les temps anciens vivait, à Khorasan, le
conteur le plus admirable du monde. Il se nommait Seifouddine.
Quelques centaines de princes et de marchands l’invitaient chaque soir à leur
table. Mais il ne venait jamais. Un jour, un riche horticulteur de Boukhara lui
offrit un pont d’or. Et il vint. Trois cents invités, bouleversés d’avance,
attendaient sa venue.
Au premier récit, tous les yeux s’extasièrent.
Au deuxième, les rossignols firent silence et les
pétales des roses effeuillées dans la fontaine s’approchèrent jusqu’au bord de
la vasque.
Au troisième, les chiens se turent et chevaux et
ânes accoururent sous les murs du palais.
Au trente-septième, les cinquante-deux invités du
premier rang s’affalèrent les uns sur les autres épuisés, sept chameaux s’en
allèrent en titubant, dix-huit ânes se trompèrent d’écurie.
Au soixante-quinzième, les rossignols tombèrent de
leurs arbres et les derniers convives encore éveillés s’effondrèrent, leurs
index fichés dans leurs oreilles.
Au
deux cent-deuxième, le maître de maison, seul à être resté impavide, vaincu,
appela le Sheitan, autrement dit Satan, qui se
présenta aussitôt.
-
Délivre-moi,
dit l’horticulteur d’une voix exsangue.
-
Pour
prix de mon service, répondit le diable, je veux ton épouse bien-aimée, la
jeune et belle Saltan Bibi. Je viendrai la chercher
demain soir.
Le marchand
fit « oui » d’un souffle exténué. Satan emporta Seifouddine.
Le soir du
lendemain, quand il revint chercher son salaire, son teint était cireux, ses
joues creusées, ses yeux cernés d’ombre malsaine. Seifouddine
en était à son cinq millième conte quand il l’avait chassé de son enfer. Le
marchand lui dit :
-
Saltan Bibi t’attend.
Pour te plaire, elle a appris tous les contes du grand Seifouddine
et te les dira jour et nuit sans repos.
Satan
épouvanté s’enfuit. L’épouse demeura. Quant à Seifouddine,
il est toujours sur terre. Il va disant. Ses contes sont sans fin. Son chemin
aussi.
Il faut être conteur
pour bien comprendre cette historiette. Car nous connaissons bien ce besoin de
conter, conter, conter encore. Le temps d’écoute d’un
auditeur varie de trois quart d’heure, quand l’auditeur, le conte et le conteur
sont moyens, à une heure, voire une heure et demi quand auditeur, conte et
conteur sont excellents. Tandis qu’un conteur (tout comme un conférencier) peut
continuer sur sa lancée beaucoup plus longtemps. Cela fait partie des toutes
premières recommandations faites lors des stages aux débutants enthousiastes et
passionnés : nous contons, certes par plaisir, mais nous contons aussi
pour le plaisir de nos auditeurs. Tel est le contrat tacite qui nous lie le
temps de la contée. En abuser, c’est prendre l’auditeur comme otage et risquer
de le dégouter à tout jamais des histoires. Un gâteau, c’est délicieux. Deux,
pourquoi pas. Mais au-delà, gare à l’écœurement ! Au-delà de l’humour, ce
conte est un avertissement.
Les conteurs ne sont pas
les seuls à manier humour et auto dérision. Les peuples opprimés s’en servent
souvent pour résister à l’horreur, fustiger la parole de trop et leur propre
naïveté. Qui d’entre nous ne s’est pas, un jour, pris lui-même au piège de la
parole de trop ?
Gourma était
le chef, un chef particulièrement stupide, d’un village africain saharien
appelé Tibbo et peuplé de gens particulièrement
stupides.
Quand le
rezzou, ainsi nommait-on la bande de Touaregs armés qui venait pour la razzia
(ou rezzou), fut annoncé, tout le monde se sauva, chef de village en tête (ne
doit-il pas donner l’exemple et être toujours le premier ?) dans les
champs de mil.
-
Ah ! pensaient-ils tous, que ces pillards sont bêtes ! Ils viennent
toujours quand le mil est haut, prêt à être récolté. Ce n'est pas difficile de
se cacher.
Ils ne pensaient pas, les villageois,
que, justement, si le rezzou venait maintenant, c'est que, lui aussi, était
caché par le mil.
Bref ! Tous se cachent. Ils se cachent
même très bien. Les nomades pourront les chercher, ils ne les trouveront pas.
Le chef des
Touaregs, sous son voile bleu, sourit. Il sait. D'une voix forte, il
dit :
- Je connais bien Gourma, le chef du village
de Tibbo. Et lui aussi me connaît bien. S'il est là,
il ne manquera pas de répondre à mon salut. D'une voix plus forte, il clame :
-
La paix soit avec toi, Gourma !
Gourma ricane. Sûr de lui, du fond de sa cachette, il lance :
-
Ah ! Ah ! Crois-tu, Albadari, que je vais te
répondre ? Jamais ! Car si je te répondais, tu me trouverais.
Albadari,
très droit sur son chameau ne bouge pas. Il ne fait pas un geste, pas un
mouvement, pas même un clin d'oeil. Il n'en a pas
besoin. Deux pillards sont déjà en train d'écarter les tiges et les feuilles de
mil qui cachent si bien Gourma. Les autres paysans
sont pris aussi. Et les voici tous en route vers le nord. Sur le dur chemin de
l’esclavage, Gourma ne cesse de s’interroger :
-
Ah ! comment Albadari
a-t-il pu me trouver ? Comment ?
D‘après Les fameuses
histoires du village de Tibbo
- André Clair et Boubou Hama - éditions Farandoles –
1977 - épuisé.
Net : http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=28834
Les contes de
paroles font parti des contes facétieux. Mais, les chercheurs ne les
répertorient pas dans leurs différentes classifications. Cette expression est,
à ma connaissance, une expression de conteur, d’utilisateur du conte. C’est que
les points de vue ne sont pas les mêmes. Le chercheur se tient à l’extérieur de
son objet de recherche. L’artiste est à l’intérieur. Leur mode de recherche est
différent.
Quand un conteur s’interroge sur son art, il
ne peut dépasser une certaine limite, bien connue d’ailleurs des chercheurs qui
travaillent en lien avec des artistes, sous peine de se stériliser lui-même.
Alors il utilise son propre mode de recherche : son art. Les contes de
paroles sont une manière de s’interroger sur sa propre parole. Et d’apporter,
peut-être, quelques bribes de réponses.
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-- Histoires de vie --
Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de l’avant -- Tous
chercheurs -- Liens – Le webmestre.
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LES ARTICLES : CLIC SYNTHESE GENERALE: CLIC
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Janvier 2012
LES "CONTES DE
PAROLES", OU QUAND LES CONTEURS S'INTERROGENT SUR LA FORCE DE LA PAROLE A
TRAVERS LE MONDE
Hélène LOUP – conteuse professionnelle – http://heleneloup.canalblog.com
Introduction
Conteuse professionnelle, Hélène Loup a déjà publié
sur ce site :
Loup Hélène (2010), Contes et
conteurs d’hier et d’aujourd’hui….
Loup Hélène(2010),
Un fonctionnement de conteur
Loup Hélène ( 2010), La sorcière
et la fée, deux personnages à la fois bons et mauvais
Loup Hélène
(2011), Les mille et un visages du Petit
Chaperon Rouge
Loup
Hélène (2011), Mémé, Bonne-maman, Mamy,
raconte-moi une histoire
: Les "contes de paroles", ou quand
les conteurs s'interrogent sur la force de la parole à travers le monde
Ce que nous dénommons "contes de paroles", ce sont ces petits
récits courts, généralement facétieux, dont le ressort dramatique est constitué
par l'utilisation de la parole et de la logique des mots pour prendre quelqu'un
à son propre piège. Cette parole est généralement l'arme des faibles. D'après
l'un des récits, "rien que par la force de sa parole, un badartchi (nomade berger mongol, peuple pauvre, méprisé et
sans arme) pourrait faire descendre un khan (chef de guerre) de son cheval
(autrement dire, le vaincre)". Ce serait émaillé de quelques-uns de ces
petits récits, trois ou quatre. Ce sont aussi bien des moqueries de l'autre que
de soi-même. Parfois des enseignements !
TEXTE A ENTRER SUR SITE VERS LE 10-12
JANVIER