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Juillet 2015
SOLIDARITE, ANTI SOLITUDE, PAR LA PHILATELIE: LE SERVICE MISSIONNAIRE SMAM . IV.
LIEN SOCIAL
Père Maurice TOCHON
« Communauté N.-D. de La Salette ».
24 rue Pipet, 38200
Vienne, France
Adresse mail: mauricetochon@lasalette.cef.fr
Pour tous contacts de philatélie, entre
autre pour dons de timbres de toute provenance, oblitérés ou neufs.
Date : 13 juin 2015
Introduction
Ci-après la quatrième partie d’un article témoignage dont on espère
qu’il se prolonge !
Références des trois premières parties :
Tochon Maurice, Père (2014),
Solidarité par la philatélie: le Service missionnaire SMAM.I. Historique
Tochon Maurice, Père (2014),
Solidarité par la philatélie: le Service missionnaire SMAM.II. Présentation
Tochon Maurice, Père (2014), Solidarité par la philatélie:
le Service missionnaire SMAM.III. Le
circuit des timbres
Texte
________________________________________________________________________
Ce document est une réflexion sur
des situations vécues depuis 45 ans, plus spécialement depuis 25 ans. Plusieurs
aspects peuvent être évoqués.
1/ Quand j’étais professeur de Français en 5° et 4°, dans un
petit collège catholique rural du Jura, je pouvais disposer d’un contingent
d’heures libres pour des activités éducatives: reliure, imprimerie,
secrétariat... La formation à la philatélie m’a été confiée, de fin 1977 à juin
1983, auprès des 5°, 4° et 3°.
Les relations avec les élèves étaient d’u n style
différent: plus d’estrade ni de bureau magistériel; eux et moi savions qu’il
s’agissait d’un loisir éducatif: pas de leçons à apprendre, pas de devoirs à
rendre,
mais des dialogues dans lesquels les timbres n’étaient plus qu’un prétexte. Je
voyais mes élèves sous un jour différent .
Un tel, pagailleux, mais curieux de
tout, toujours en questions sur les sujets des timbres, toujours dans les
encyclopédies... Avec lui, il ne fallait pas chercher la rentabilité immédiate
(tant de “carnets” à fournir); c’était plutôt un accompagnement périscolaire, par
exemple: apprendre à lire de près le contenu d’un timbre historique, et
le situer dans son époque.
Tel autre, tellement concentré qu’il
n’entendait pas la sonnerie de fin d’activité et fût bien volontiers resté tout
l’après-midi.
Tel autre, silencieux et méthodique,
sachant déjà préparer le chantier suivant ...
Deux années durant, la qualité du
petit groupe des 3° a été telle que, dès janviers, ils pouvaient eux-mêmes
initier les 5° qui “débarquaient” dans ce territoire inconnu; ils
s’acquittaient fort bien de cette mission tout en continuant d’apprendre.
2/ Quand j’étais à N.-D. de l’Hermitage de Noirétable (Loire), j’ai eu la
chance de rencontrer des personnes très diverses; beaucoup, me voyant
travailler dans les timbres et s’étant informées, ont commencé à m’apporter ou
m’envoyer leurs récoltes. C’est alors, en 1987 et en 1989, qu’une
personne des Administrations à Tours, et une institutrice à Marseille, ont
“pensé”, indépendamment et pour la première fois, l’organisation de réseaux de
récolte. Au terme d’un dialogue très riche, j’ai donné le feu vert, devinant
que ce serait sans doute une aventure . Elles s’y sont
employées avec un génie remarquable de l’organisation et de l’animation.
L’aventure, c’est quand j’ai été invité, 2 fois, par l’institutrice dans sa
classe des petits C.P., pour leur parler, et découper avec eux des timbres: une
remise à niveau physique, déjà, et un apprentissage qui devait m’être fort
utile ensuite: moduler les présentations selon les niveaux et les milieux...
Avec l’institutrice, des parents et des élèves ont pu vivre deux journées “missionnaires,
près d’Aix en Provence, puis à Noirétable. Grâce à la dame de Tours, un immense
réseau s’est constitué, qu’elle animait elle-même avec une énergie indomptable
malgré de sévères handicaps. Elle m’a fait rencontrer des milieux très
différents; grâce aux timbres, des amitiés se sont nouées entre des
“récolteurs” qui, sans cela, ne se seraient jamais connus. L’ensemble du
réseau a largement survécu à son décès.
3/ Une religieuse des Monts du Forez m’avait parlé d’un pauvre
homme enfermé dans un hospice, qui ne pensait qu’au suicide. Nous avons
eu l’idée de lui proposer de participer au découpage des timbres, la Soeur assurant l’intendance (stocks de timbres, poubelles,
acheminement à l’Hermitage). Du jour où il a commencé, il n’a plus jamais
reparlé de suicide : sa vie avait un sens. Mais, bien sûr, on ne peut en faire
u ne prescription médicale!
4/ Au-delà de la matérialité de ces “petits bouts de papier”, des
relations intellectuelles et spirituelles se sont établies et ont très souvent
duré plusieurs années. Des VISITES avec les récoltes de timbres permettent aux
personnes de voir le travail en ses divers aspects, et de pouvoir répercuter
aux personnes qu’elles rencontrent. Ce sont elles, quand l’occasion se
présente, qui distribuent à leurs réseaux les documents du S.M.A.M.
5/ J’insiste sur le fait que ce sont des personnes motivées, de tous
âges, qui ont constitué des réseaux: en famille, dans le cadre du travail, dans
le cadre scolaire, associatif... Toutes me disent que c’est une aventure aussi
imprévisible qu’inoubliable: création de liens inattendus, art d’entretenir la
“flamme”. Mon travail n’est donc pas de tout faire, mais de nourrir ces
initiatives, ces générosités: avec les documents du SMAM (Lettre annuelle,
Projets), et avec le courrier personnel auquel je consacre des matinées
entières, en plus de ma petite circulaire annuelle.
Ces réseaux s’étendent comme les
fraisiers. Totalement autonomes, ils naissent, grandissent, se diversifient,
meurent, renaissent parfois ailleurs à partir d’une personne...
Comme me l’ont dit, ce mois de mai
2015, une personne de la Loire et une du Jura, la récolte des timbres, c’est
exactement à la hauteur de tout le monde. C’est si vrai que des handicapés
mentaux légers y participent, aussi bien que des enfants du Primaire.
6/ Mais tout le monde n’a pas les moyens de constituer des
réseaux, bien sûr. De très nombreuses personnes restent seules. Plusieurs m’ont
confié ceci: le courrier que je leur adresse pour tout envoi, même de volume
minime, leur est comme une bouffée d’oxygène dans leur solitude, voire
leur abandon: trouver une VRAIE lettre dans un fatras de pubs et au
milieu des factures, c’est un événement !
Cela aussi, est un lien social.
7/ La vie propre des réseaux peut culminer dans des rencontres
organisées. Je parle surtout de celles qui ont lieu dans un milieu
d’affinités catholique, sans que ce soit jamais
exclusif.
Celle de Gap, le 20 avril 2015, peut
passer pour un modèle du genre. 6 personnes étaient présentes, avec la dame qui
anime chaque lundi après-midi le “chantier” .
Au cours d’un pique-nique de 3
heures, nous avons commencé par un temps de prière et de recueillement. Puis
j’ai écouté les personnes parler de ce qu’elles vivent dans les récoltes de
timbres auprès de leur entourage. L’une d’elles a ainsi rencontré une poignante
solitude, qu’elle met un point d’honneur à adoucir par des visites “sans
timbres”.
Ensuite, nous avons longuement parlé des “Projets”, à Antsirabé
et Morondava; des réalisations; des problèmes de cette aide “sur le terrain” .
Enfin, ces dames m’ont présenté leur
travail de 6 mois, et ce fut la partie technique: classement, ce qu’il ne faut
pas faire; j’avais apporté un classeur spécialisé, que j’ai constitué à partir
des timbres courants français récents, d’une immense variété, pour leur faire
voir à quel point sont intéressants même les timbres ordinaires. Ainsi, nous
n’avons pas eu trop de 3 heures!
Une autre réunion a eu lieu en mars, dans les Monts du Pilat (Loire),
dans une famille d’esprit tourné vers l’entraide et le service, les filles,
adolescentes, étant aussi motivées que leurs parents. De même, cette famille
s’adjoint des bonnes volontés; à chaque rencontre le dialogue s’enrichit.
8/ Dans le cadre des relations philatéliques (sociétés ou clubs), le
style est différent, plus administratif et formel. Mais des relations
interpersonnelles se forment autour de l’idée de l’aide humanitaire par la
philatélie, qui peuvent devenir de vraies amitiés.
Pour gérer l’ensemble de ces relations, en
réseaux ou en individuel, plusieurs conditions me semblent nécessaires:
__ Avoir une
conviction forte qu’il y a, en toute personne, une capacité à partager, “à
faire quelque chose d’utile”: les timbres permettent une mise en route
accessible – pour autant qu’il y ait encore des timbres...
__ Avoir la
conviction forte que beaucoup de personnes sont capables d’éveiller chez
d’autres la “flamme”: altruiste, bienfaisante, missionnaire le cas échéant.
__Ne
pas ménager sa peine pour l’animation: courrier le plus ponctuel possible, pour
saluer l’effort consenti; éviter l’administratif pur.
__ Ne jamais perdre de vue
que l’essentiel n’est pas l’argent, mais la qualité des relations humaines: ce
que nous faisons tous ensemble est d’abord une affaire spirituelle: il convient
de l’enraciner là où elle doit l’être.
C’est ce que j’aimerais partager
avec nos jeunes Malgaches, et le leur faire comprendre. Mais c’est une autre
question...
P. Maurice TOCHON, Missionnaire de Notre-Dame de La Salette