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JUILLET 2007
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DIVORCER APRES 60 ANS N’EST PLUS UN ACTE EXCEPTIONNEL
Olivier RAZEMON, Le Monde ,
mercredi 6 septembre 2006
Les seniors estiment avoir accompli leur devoir de parents, et, pour eux, la retraite n’exclut pas un nouvel épanouissement personnel et amoureux.
Selon l’Institut national d’études démographiques
(INED), le nombre des divorces des couples de plus de 60 ans a doublé depuis
1985. Le gynécologue Sylvain Mimoun, qui reçoit de nombreux seniors dans son
cabinet parisien, l’a observé : la séparation d’un couple de sexagénaires
était « exceptionnelle » il y a quinze ans et elle est
devenue, année après année, « rare, pas fréquente puis
occasionnelle ». Je ne serais pas surpris que la tendance
s’accélère », affirme-t-il.
Le
sexologue lyonnais Gérard Ribes explique ce phénomène par la place grandissante
de l’individu dans la société. « La génération qui a fait Mai
Dans
un premier temps, cette redécouverte de la liberté a amené les jeunes retraités
à pratiquer des sports et à voyager. Souvent à l’aise sur le plan financier et
disposant de temps, ils veulent continuer à profiter de la vie.
La période de
la retraite ne revêt plus la même signification qu’il y a quinze ou vingt ans. « C’était
le temps du repli. Aujourd’hui, c’est celui du déploiement », estime
M. Ribes.
Et puis la
société a évolué. Le mariage, lien social par excellence, ne constitue plus une
valeur aussi solide. Les médias parlent plus volontiers des personnes seules. A
ces raisons sociologiques s’ajoute une explication économique : les
femmes, qui hésitaient à demander le divorce parce qu’elles y perdaient leur
statut social et leurs ressources, sont mieux protégées et hésitent moins à se
séparer de leur mari.
« Les personnes plus âgées sont rattrapées par
la vie »,
résume le psychiatre et thérapeute de couples parisien Philippe Brenot, qui
constate qu’en dépit d’une proportion élevée de divorces la durée moyenne du
couple est aujourd’hui bien supérieure à ce qu’elle était autrefois. « Au
moyen âge, on vivait en moyenne seize ans ensemble et, au XIXe
siècle, vingt-cinq ans. Aujourd’hui, un jeune couple détient une espérance de
vie de soixante ans. Mais peut-on vivre soixante ans ensemble ? »
A cette question, le docteur Brenot répond sans hésiter « non »,
parce que explique-t-il, « le couple subit des forces centrifuges, que
les liens affectifs évoluent et que la vie est faite de rencontres ».
L’ennui est souvent à l’origine de la séparation. « La vie
quotidienne devient difficile, indique le docteur Mimoun. L’homme, une
fois à la retraite, se retrouve à la maison, sur le terrain de la femme. »
Ils ont chacun leurs habitudes, ne rangent pas de la même manière… Le docteur
Brenot attribue également beaucoup de séparations à la « violence ».
Pas seulement la violence physique, mais aussi « celle des mots, qui
s’est banalisée dans le couple », ou encore celle du « silence »
que l’on inflige à l’autre. L’alcoolisme ou l’infidélité, le plus souvent du
fait de l’homme constituent d’autres causes de séparation, tout comme la
sexualité, ou plutôt son absence. « 50 % des couples de sexagénaires
n’ont plus de relations sexuelles », constate le docteur Brenot.
Six fois sur dix, c’est la femme qui demande le
divorce – une proportion d’ailleurs identique pour toutes les générations. Si
elle n’est pas à l’origine de la séparation, la femme est souvent « moins
étonnée » que l’homme, qui, lui, « tombe des nues »,
indique le docteur Brenot.
C’est en milieu urbain, constatent tous les
praticiens, que les séparations interviennent le plus fréquemment. « En
ville, on est plus individualiste, on est moins soumis à l’adversité et on
craint peu les regards du voisinage », analyse le docteur Mimoun, qui
observe par ailleurs que la tendance à la séparation des couples âgés
concerne aussi bien les homosexuels que les hétérosexuels. « Les
homosexuels ont exactement les mêmes problèmes que les autres : le
quotidien, le caractère, les luttes de pouvoir au sein du couple »,
explique-t-il.
A 60 ans, la séparation est-elle plus difficile à
vivre qu’à 30 ans ? Tout dépend de sa construction mentale, affirme le
docteur Brenot. « Le monde adulte se caractérise par la rencontre et la
rupture : changements de travail, séparations, déménagements. Quand on a
compris que la vie est faite de ces séquences, on accepte plus facilement un
divorce », précise-t-il.
A la suite d’une séparation, tous ne reconstruisent
pas un couple.
Si deux ex-époux demeurent seuls, des retrouvailles sont envisageables après un
temps de latence, parfois grâce aux petits-enfants.
D’autres vivent un nouvel amour. Désormais, explique
le docteur Brenot, « la société accepte qu’on puisse être amoureux à
tous les âges de la vie. Dans les années 1970, on était amoureux à 20 ans et,
ensuite c’était considéré comme subversif, tout simplement parce que les gens
étaient jaloux. » Les plus réticents à l’affichage de cet amour
demeurent les enfants. « Ils n’arrivent pas accepter que leurs
parents puissent avoir une sexualité », indique M. Ribes.