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Mars 2013
PSYCHOLOGIE
POSITIVE : LE BONHEUR DANS TOUS SES ETATS.
Christophe ANDRE, Thomas d’ANSEMBOURG, Isabelle
FILLIOZAT, Eric LAMBIN, Jacques LECONTE, Mathieu RICARD, sous la coordination de Ilios KOTSOU et de Caroline
LESIRE.
Editions
Jouvence, 2011
Dans une ligne comparable de
pensée, on trouvera sur ce site les articles :
Csikszent
Mihahily Mihaly, Vivre. La psychologie du bonheur( ouvrage, 2004), Ch 1 à
5
Csikszent
Mihahily Mihaly , Vivre. La psychologie du bonheur ( ouvrage, 2004), Ch 6 à 11
Macqueron Gèrard, La psychologie de la solitude ( ouvrage, 2009) . Avec 15 références d’articles sur ce site
Seligman Martin, La fabrique du
bonheur : Vivre les bienfaits de la psychologie au quotidien (ouvrage,
2011 en français, 2002 en américain)
Compléments par Henri Charcosset (Liens vers 14
articles sur site)
Introduction de Ilios
Kotsou et Caroline Lesire :
P13. Sur une planète confrontée à des défis cruciaux en termes de partage des ressources, de justice sociale et de respect de la vie, un regard focalisé sur le négatif ne risque t’il pas d’avoir des effets non productifs, en ce sens qu’il nous défonce individuellement et nous empêche d’agir collectivement ?
Dès
lors, une première application concrète de la psychologie positive, à la portée
de tout le monde, consiste à choisir de poser aussi – et surtout – notre regard
sur ce qui fonctionne : pensons par exemple à toutes ces initiatives
solidaires, à ces élans de générosité qui fleurissent dans notre société.
L’étape suivante est de poser aussi des gestes pour aider à ce qu’elle
fonctionne encore mieux !
Au
fil des pages de cet ouvrage, nous vous proposons de découvrir la psychologie
positive en compagnie de quelques spécialistes de cette « science du bonheur », invités à
échanger lors d’un séminaire organisé à Bruxelles en septembre 2011autour des
questions suivantes :
-
Qu’est ce que le bonheur ?
-
Est-il possible d’être heureux
aujourd’hui ?
-
Comment cultiver notre aptitude au
bonheur ?
-
L’environnement a-t-il une influence sur
notre perception du bonheur ?
-
Le bonheur est il un
« must » ?
-
Est-il possible de faire coexister
bonheur individuel et bonheur collectif ?
P
35 - de Christophe André :
« le bonheur, c’est du bien être dont on prend conscience »
P146
- de Ilios Kotsou et Caroline Lesire
La
psychologie positive laisse entrevoir un changement révolutionnaire dans le domaine
des sciences humaines, parce qu’elle s’intéresse aux conditions qui permettent
une vie individuelle et sociale plus épanouie en partant des qualités, des
forces et des ressources des individus et des groupes. Son objectif est de
développer la capacité d’aimer et d’être aimé, de donner du sens à nos
comportements, d’être responsables de ce que nous pouvons changer et de faire
face à ce que est inévitable. Elle nous propose une vision optimiste de la vie,
dans la lignée de cette citation philosophique du philosophe
Emerson : « il n’y a pas de mauvaises herbes, il n’y a que des
plantes dont on n’a pas encore découvert les vertus. »
Elle
prend ses distances avec une approche « pathologisante »
de la nature humaine qui ne penserait qu’à supprimer ou à corriger les
comportements déviants ou problématiques. Elle nous propose plutôt des outils
pratiques pour observer notre environnement de manière bienveillante mais
réaliste, en minimisant les effets néfastes et en recherchant l’épanouissement
de tous.
La
question de la responsabilité est également au cœur des préoccupations de la
psychologie positive. En effet, il est question de prendre conscience de la
chance que nous avons de vivre dans un environnement privilégié au regard de la
majorité des habitants de la planète et d’essayer d’adopter des comportements
qui n’élargissent pas encore davantage le fossé qui nous sépare en matière de
droits humains, d’accès aux ressources, d’égalité...
°°°°°°°°°°
Chapitre cité à titre d’exemple : « Le bonheur dans
les relations » par Thomas d’Ansenbourg (pages 72 à 79).
Depuis
plus de seize ans que j’accompagne les personnes à travers les cycles et
saisons de la vie, j’observe des constantes. Il
semble bien que tout être humain tende vers le bonheur. Nous ne faisons
pas chaque jour autre chose que de tenter d’être heureux et si possible plus
heureux, même si souvent nos stratégies se révèlent bien maladroites voire
contre productives. L’état vers lequel nous tendons n’est pas l’état de
plaisir, inévitablement précaire car lié à des circonstances vécues comme
favorables. C’est un état de paix
intérieure de plus en plus profond, de plus en plus stable et
« transportable » que nous pourrions porter en nous quelles que
soient les circonstances et donc à travers les intempéries de l’existence, état
qui se révèle par nature contagieux. Il me semble que c’est cela, notre élan
vital profond.
Vers la paix
intérieure
Bien
sûr, pour beaucoup de nos contemporains, cette perspective est plutôt vécue de
façon négative : ce n’est pas « je tente d’être plus heureux »
mais « j’essaie de souffrir moins » ou encore « je m’accommode
d’un malheur supportable ».
Si
la quête d’une paix intérieure contagieuse semble être le fil rouge de notre
existence, nous pouvons être distraits
et nous égarer loin de ce fil rouge en entrant dans des comportements que nous
prenons pour notre espace de liberté (« je pense comme je veux penser, je
vis comme je veux vivre… »), alors que nous
sommes pris dans des enfermements, dans nos habitudes de fonctionnement, nos
automatismes de pensées, nos systèmes fixes de représentation et de croyance.
Et cela peut se révéler infernal.
Cet
égarement loin de notre fil rouge génèrera bien des souffrances :
sentiment de solitude alors que nous cherchons l’appartenance, impression de
morcellement et de division intérieure alors que nous tendons vers l’unité et
la cohérence, attitudes d’actions / réactions alors que nous aimerions nous
sentir en création, attitudes de résistance à ce qui est plutôt que d’existence
avec ce qui est, impressions de vide ou de manque tandis que nous aspirons à la
plénitude. Nombre de nos contemporains ignorent que nous avons les moyens de
nous transformer et fuient leur mal être soit par de multiples systèmes de
compensation (médicaments, anxiolytiques, alcool, drogues, hyperactivité,
consommations diverses) qui peuvent devenir des addictions, soit par
l’agressivité et la violence envers eux même et envers les autres.
Le
chemin qui nous ramène vers le fil rouge correspond au chemin de l’ego vers l’Etre.
Il me semble que tout être humain peut percevoir – il ne faut pas être grand psy pour cela – qu’une
partie de nous vit contracté (en contraction), a peur de perdre et veut gagner.
Elle compte ce qu’elle donne comme ce qu’elle reçoit (et surtout ce qu’elle ne
reçoit pas) et s’entretient dans des rapports de pouvoir (domination,
soumission, séduction, manipulation) plutôt que de collaboration, où prévalent
la prétention à avoir raison, l’agressivité puis la solitude et l’amertume qui
résultent. C’est l’Être.
Nous
sentons cette tension intime entre l’ego et l’Être mais nous avons rarement la
clé des processus d’intériorité permettant la transformation. Ce que j’appelle
l’intériorité transformante.
Vers l’inspiration
Une
clé consiste à accepter ce qui nous pose problème, ce ne sont pas tant nos
conditions de vie que les conditionnements de notre esprit : ce n’est pas
tant « ce qui m’arrive » que « comment je vis ce qui
m’arrive ». Si je n’ai pas toujours du pouvoir sur ce qui m’arrive, j’en
ai toujours sur ma réaction à ce qui m’arrive. Il y a là un espace de liberté,
de responsabilité et de créativité immense dont il est encore rare que l’être
humain prenne conscience : je peux à tout moment remettre en question ma façon
de penser, mon logiciel intérieur, mon système de référence et gérer mes
émotions avec discernement. En effet, selon notre façon de penser, un même
évènement peut être vécu comme une catastrophe ou une opportunité.
Je
constate que toutes les personnes qui accèdent à un palier de bonheur plus
subtil et de paix intérieure plus grande sont des personnes qui ont accepté de
déprogrammer leur vieux logiciel, de démanteler leur système de pensée et de
représentation, de s’ouvrir à l’inspiration, au souffle, à l’esprit, quels que
soient les mots que chacun utilise pour désigner cette ressource dont toutes
les traditions spirituelles nous parlent unanimement.
Enfin,
dernière constante, j’observe que les personnes qui s’impliquent avec
suffisamment de rigueur et de profondeur dans un travail de transformation
personnelle ne s’enferment pas dans un nombrilisme narcissique et complaisant,
mais s’ouvrent à l’engagement généreux et fécond dans leur communauté de vie
(couple, famille, associations, milieu professionnel). Je peux témoigner que
cette ouverture aux autres et à la communauté humaine est systématique. C’est
le passage conscient du « je » au « nous » ; ce que
j’appelle l’intériorité citoyenne.
Vers l’intériorité
citoyenne
Au
fond, c’est simple et évident, notamment pour ces trois raisons. La personne
qui a appris à se pacifier devient elle-même « pacifiante ».
La personne qui a appris à apprivoiser son ombre et à développer de la
bienveillance pour toutes les parties d’elle-même accueille l’ombre de l’autre
avec bienveillance. Inversement, comme on le sait, la personne qui ne veut pas
voir son ombre et reste en conflit avec des parties d’elle-même détestera
l’ombre de l’autre – qui lui rappelle la sienne qu’elle ne veut pas voir, c’est
l’effet miroir – et reproduira à l’extérieur ses conflits intérieurs. Et enfin,
la personne qui a appris à ‘ancrer’ de plus en plus dans son élan vital propre,
son élan créateur, son être profond au-delà du personnage construit, se révèle
un citoyen créateur, fécond, engagé.
L’enjeu
est de taille. D’une part, nous savons aujourd’hui que la fracture économique
qui se creuse de jour en jour entre ceux qui ont de plus en plus et ceux qui
ont de moins en moins n’a pas pour cause l’économie mais la misère spirituelle
des dirigeants. Il y a bien assez de
ressources pour nourrir tout le monde ; le problème n’est pas un problème
de ressources, mais de répartition de celles-ci, « la plupart des
raretés étant artificiellement produites par des rapports mondiaux destinés à
compenser le mal être de la minorité possédante ».
D’autre
part, devant les risques d’effondrement écologique qui se présentent, nous
sommes de plus en plus nombreux à prendre conscience que nous
n’apprendrons pas, par miracle, à
respecter la Nature autour de nous sans apprendre à respecter notre nature
intime. En négligeant leur sensibilité, leur intuition, leur besoin de liberté,
de partage, de tendresse et d’intimité, les hommes se sont longtemps faits
violence à eux mêmes. Cette violence intérieure s’est répercutée à l’extérieur
dans leur rapport aux autres (particulièrement aux femmes et aux enfants) et à
la nature. En regardant la nature comme une chose inerte à posséder et à
exploiter, nous avons instauré des rapports « chosifiants ».
L’écologie commence donc en soi.
Les
découvertes de la physique quantique nous encouragent dans cette ouverture à la
conscience que la nature n’est pas une chose inerte mais un univers inspiré et
inspirant, dans lequel tout est en interconnexion, et a la conscience que notre
niveau de conscience agit et interagit avec les autres et le monde.
Aujourd’hui,
devant les enjeux du monde, notre humanité a besoin d’hommes et de femmes qui
se connaissent bien, connaissent les pièges de l’ego et les processus de
réconciliation intérieure, savent gérer leurs émotions, ont appris à développer
la confiance en soi, en l’autre et en la vie et à se sentir reliés à toute la
communauté.
Exercice :
Nous
avons tous un rêve pour l’humanité. Nous sommes nombreux à rêver d’un monde de
partage, d’écoute, de tendresse, d’attention mutuelle, de douceur, de
disponibilité, d’accueil confiant de la différence…
Voici
une question qui peut se révéler être un exercice quotidien décapant : ma
façon d’être au monde (d’exprimer mes désaccords ou mes frustrations, de parler
à et d’écouter mon enfant ou mon conjoint, de traverser les imprévus ou les
conflits de la vie quotidienne, de faire des choix…) incarne t’elle le rêve que
j’ai pour le monde ? Autrement dit : est ce que je fais partie du
problème ou de la solution ?
Devant
tout choix (d’attitude, de ton de voix, de posture, de rythme…)
vérifions : qui choisit ? Qui choisit en moi, mon ego contracté – qui
a peur de perdre, veut gagner et avoir raison – ou mon être en expansion qui
choisit d’être en relation, en création, en ouverture ?