Avril 2019

 

CROIRE EN L’AMOUR QUAND ON EST HANDICAPE-E

Par ANNEAMINE, adresse mail : anneamine@laposte.net

 

Introduction, par Henri Charcosset

 

Se déplaçant sur le Net, il arrive que, pour une ou plusieurs raisons, on ait un coup de cœur pour tel ou tel message.

C’est ce qui m’est arrivé avec le témoignage de AnneAmine, à l’adresse :

http://forum.doctissimo.fr/sante/handicap/croire-amour-handicapes-sujet_9871_1.htm

 

 Après qu’elle m’ait donné, sans faire de complication, son accord, je reproduis mot pour mot son texte.

 

Que l’on ne s’y trompe pas, le vécu de Anne et Amine peut encourager de nombreuses et nombreux handicapé-e-s-comme on dit- à se dépouiller de leurs peurs pour ce qui est d’aller à l’autre, de sexe opposé, jusque dans leur intimité y compris physique.

 

Car je fais partie depuis longtemps, de celles et ceux qui militent pour l’absence de distinction entre personnes dites handicapées ou dites valides. Mon sentiment profond étant que se croire valide est au mieux une illusion, ou même une prétention …Sous-estimer l’autre en raison de ses déficiences , est se situer à contre-sens de la société de demain, dite d’inclusion , CLIC

 

Le sujet général « Handicap et séduction » en partant de Google est abordé, à la suite du témoignage de AnneAmine

De moi :

« Tous handicapés, tous chercheurs, sans exceptions, en vue d'une société plus juste et plus humain, 1erJanvier 2001 », CLIC

« Le sens que je cherche à donner à ma vie, Décembre 2018 », CLIC

Pour une discussion(topic) sur forum : « Positiver le handicap. Inverser la notion de handicap et valide » CLIC

 

Texte de AnneAmine

Bonjour, je suis Anne 24 ans, en couple depuis 3 ans et mariée depuis deux ans avec mon mari Amine 29 ans qui est paraplégique.
Par avance désolée pour ce long pavé que j’ai écrit, je voulais vous raconter ma rencontre et le début de notre relation où mon mari c’était lui-même qui s’empêchait de vivre une relation amoureuse par peur de son handicap.


J’ai toujours connu mon mari en fauteuil roulant, on s’est connu simplement : on vivait dans le même immeuble, dès notre première rencontre j’étais sous le charme, c’est un très bel homme, au regard puissant, viril avec une grande carrure (il fait beaucoup de musculation), toujours élégant, soit en costume cravate pour le travail ou en look sport classe. Pour moi son fauteuil était juste un détail.


D’origine orientale, il est naturellement bavard et ouvert aux inconnus. Nous avons commencé à discuter et à devenir amis durant nos rencontres dans les parties communes de l’immeuble et ensuite il m’invitait chez lui en tout bien tout honneur. J’ai attendu de longs mois pour qu’il se passe quelque chose entre nous mais rien n’arrivait. J’en avais marre d’attendre et un jour j’ai pris les devants et je lui ai demandé s’il était gay. Ça l’a vexé, me demandant si je le trouvais efféminé, je lui ai dit que non au contraire, mais comme il n’avait pas de copine, que j’étais chez lui presque tous les jours et qu’il n’avait jamais rien tenté, je ne savais pas si il était gay ou si je n’étais pas à son goût.


Il s’est énervé me disant qu’il était hétéro et qu’il me trouvait belle, qu’il fantasmait sur moi mais qu’il était handicapé et que personne ne voulait d’un handicapé. Je lui ai dit que j’étais amoureuse de lui que je me moquais de son handicap. Il m’a dit qu’il n’avait pas d’érection, qu’il éjaculait avec son sexe mou et qu’il ne pouvait pas satisfaire une femme. Je lui ai répondu qu’il y avait d’autres choses à faire, il m’a dit oui et au bout d’un moment tu en auras marre et tu partiras avec un mec valide, je préfère rester seul plutôt que croire en un amour impossible, et il m’a demandé de partir.


J’étais perdue, je l’aimais, son handicap ne me gênait pas mais c’est lui qui se mettait des barrières. Plusieurs semaines ont passé, on se croisait régulièrement, on discutait toujours, mais il ne m’invitait pas à entrer chez lui ; moi je ne pouvais pas l’inviter, car son appartement était aux RDC et moi j’étais au 4ème sans ascenseur.
Par chance j’avais sympathisé avec sa sœur. Un jour je suis tombée sur elle, l’ai invitée chez moi et lui ai expliqué la situation. Elle était heureuse de savoir que j’étais amoureuse de son frère, qu’elle espérait qu’il trouve une femme, mais elle était énervée contre lui de sa réaction, qu’il gâchait sa chance d’être heureux.


Elle m’a expliqué ce qu’elle venait faire chez lui les week-ends, elle m’a dit qu’il avait beaucoup de mal à se pencher et qu’il lui fallait l’aider le matin et le soir à s’habiller car il n’arrivait pas seul à mettre ou retirer son boxer, chaussette, pantalon et chaussure. En semaine il avait des aides à domicile mais que régulièrement le week-end il n’y avait personne. Donc elle venait l’aider, et elle m’a proposé de prendre sa place le week-end suivant, me disant qu’elle lui dirait qu’elle était invitée et que ce serait une autre personne qui viendrait et de lui laisser son boxer, ce n’était pas grave.


Le samedi suivant elle est venue l’aider le matin et en partant elle est venue me donner les clefs pour le soir. Toute la journée j’étais morte de peur de voir sa réaction, j’ai passé l’après-midi à cuisiner, le soir venu j’ai pris le repas que j’avais préparé et je suis descendue.
Quand il m’a vu arriver, il a été surpris me demandant ce que je faisais là ; je lui ai dit que c’était moi qui venais l’aider ce soir et comme je ne le voyais plus beaucoup, j’avais préparé à dîner pour manger avec lui et pour rester longtemps avec lui. Il m’a demandé pourquoi je voulais rester longtemps avec lui ; je lui ai répondu que je l´aimais et que je voulais être tout le temps avec lui. Il m’a expliqué qu’il était handicapé depuis 5 ans et que, depuis son accident, il n’avait jamais eu de copine ou de rapport sexuel et qu’il avait préféré croire qu’il resterait seul toute sa vie plutôt que d’espérer une chose qui n’arriverait jamais.


Nous avons dîné et discuté. Au moment de l’aider, j’ai commencé par retirer ses baskets. Il m’a dit : tu veux vraiment un mec qui ne peut pas retirer ses chaussures tout seul, tu ne me verras jamais comme un homme. Là-dessus j’ai répondu un truc très con pour le faire rire et surtout que je ne savais pas quoi répondre d’autre, j’ai dit : vu l’odeur de tes pieds je te confirme que tu es vraiment un homme. Il a rougi, il était gêné, je lui ai dit que je rigolais, que c’était normal. Ensuite au moment du boxer, il m’a dit : non, c’est bizarre de me retrouver seul face à toi ; et au risque de passer pour une salope j’ai voulu tenter ma chance. Pour moi c’était le soir où il fallait passer à l’action, j’étais totalement amoureuse de lui et je lui ai dit : si je me déshabille aussi tu me laisseras faire. Il m’a dit oui et je me suis déshabillée. Il avait des yeux incroyablement ouverts ; excité il m’a dit que j’étais trop belle pour un handicapé, je suis montée sur ses genoux sur son fauteuil pour l’embrasser lui disant qu’avant être handicapé il était un homme et que j’étais amoureuse de l’homme devant moi.


Pour finir, on ne s’est plus quitté, un an plus tard nous étions mariés et il m’a souvent remercié d’avoir insisté pour être avec lui, que sa peur du handicap le privait d’une vie sentimentale.

 

Handicaps et séduction, en partant de Google

CLIC

Près de 13 millions de réponses, il y a de quoi piocher !

Exemples de contributions :

Faire de sa « Faiblesse » une Force : CLIC

Comment draguer avec un handicap » ? CLIC

Inverser handicap en fauteuil roulant et validité, comme dans le Zandiland de SORG69 (ou jmg69)

 

Une suggestion de mon crû : Vous sortez avec une personne agréable, qui manifestement aimerait

 en savoir plus sur votre handicap, bien visible, sur la façon dont vous vivez avec.

Vous lui dites :  De mon handicap, nous pouvons parler très librement, posez-moi toute question que vous voulez….

…..Et le moment d’après , vous poursuivez, mine de rien : Et maintenant, si l’on parlait de vos handicaps à vous,

Même qu’ils ne soient pas à première vie visibles, vous en possédez surement aussi ?.... Suite intéressante à découvrir ! HC