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Mai 2011
APPRIVOISER
SES « DEMONS » POUR VIVRE SEREINEMENT
Martine LARONCHE
Le Monde, dimanche 4 et lundi 5 avril 2010
Les thérapeutes préconisent la
méditation pour aider les patients à accepter émotions et pensées négatives
Psychologie
Le bonheur est devenu une valeur essentielle de notre
société. Il est de bon ton
d’être en forme, épanoui, de réussir sa vie de couple,
familiale, sexuelle, professionnelle... Paradoxalement, cette sorte de
tyrannie du bonheur génère frustrations et déceptions. « Nous sommes la première société dans l’histoire à rendre les gens
malheureux de ne pas être heureux », écrivait déjà l’essayiste Pascal
Bruckner, en 2000, dans L’euphorie
perpétuelle (Grasset).
Et si les efforts pour
trouver le bonheur étaient contre productifs ? Si, à
vouloir chasser les émotions désagréables (tristesse, colère, déprime,
anxiété, etc.), on ne faisait que les renforcer ? C’est ce que postulent de
nouvelles formes de thérapies. Plutôt que de chercher à éviter les expériences
émotionnelles désagréables, elles invitent à les accepter afin qu’elles
perdent de leur emprise. Pour ce faire, elles puisent aux sources du bouddhisme
en s’appuyant sur des techniques de méditation dites de « pleine conscience ». Elagués de leur dimension religieuse, ces
exercices ont pour but de permettre aux sujets anxieux ou à tendance
dépressive de prendre du recul par rapport à leurs automatismes mentaux
maladifs.
Venues d’outre-Atlantique, ces
techniques se développent de plus en plus dans les cabinets des thérapeutes,
mais aussi à l’hôpital. Elles s’inscrivent dans la troisième vague des
thérapies comportementales et cognitives. Pour schématiser, la première était
centrée sur le renforcement positif des comportements ; la deuxième sur la modification
des interprétations des pensées négatives ; la troisième est un outil
supplémentaire fondé sur le lâcher-prise des émotions au travers d’un ancrage
corporel et sensoriel.
Le psychiatre Christophe André,
qui a ouvert une consultation à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, utilise la thérapie
cognitive basée sur la pleine conscience.
« Les
patients déprimés sont prisonniers de leurs émotions. Soit ils sont dans un
bain émotionnel de rumination, soit ils cherchent à éviter en vain leur tumulte
mental douloureux, explique-t-il. Le
but de cette thérapie est de leur faire prendre conscience que leurs pensées
sont juste des événements mentaux. Elles peuvent être vraies ou fausses. Le
seul moyen d’arriver à en reprendre le contrôle, c’est de les accepter. »
Reformuler ses pensées
Lors des séances de méditation pleine
conscience, les patients sont ainsi invités à se centrer sur l‘instant présent
et à observer leurs pensées, leurs émotions, leurs sensations. L’objectif est d’accueillir ses états d’âme sans jugement,
de ne pas « fusionner » avec ses
pensées, c’est-à-dire ne pas
s’identifier à elles, sans pour autant chercher à les fuir. « Sur le plan du fonctionnement cérébral, la
méditation, par rapport à la relaxation, entraîne une activité cérébrale plus
ample, explique le psychiatre. La
pratique régulière induit, par exemple, des modifications favorables de
l’électroencéphalogramme et de la réponse immunitaire. »
Stephen Hayes, professeur de
psychologie à l’université du Nevada, (Reno, Etats-Unis), a ajouté au concept
d’acceptation par la méditation pleine conscience, la dimension d’engagement.
Fondateur des thérapies d’acceptation et d’engagement
(acceptance and commitment therapy-ACT), théorisé dans un livre paru en l999, il
propose de clarifier ce qui compte le plus pour soi. Les valeurs propres du
patient peuvent ainsi être mobilisées comme un levier au service du ré-engagement dans l’activité.
Russ Harris, médecin thérapeute
spécialisé dans la gestion du stress, explicite, dans un ouvrage récent, les
techniques de la thérapie ACT, suscitant parfois l’agacement tant il prétend
détenir « LA » solution. Il préconise, pour ne pas prendre ses idées
négatives au sérieux, des techniques de « défusion »
simples, comme, par exemple, d’évoquer une pensée dérangeante récurrente (du
style « je suis nul »), d’y croire aussi fort que possible pendant quelques
secondes. Puis ensuite de reformuler cette pensée sous la forme « je suis en train de penser que je suis nul
», ce qui crée une mise à distance.
Le thérapeute conseille, entre autres,
de repérer ses ruminations récurrentes et de les nommer pour mieux les
affaiblir (« Tiens, revoilà cette bonne
vieille histoire du raté »). Dans le même temps le patient est invité à
passer à l’action d’une manière conforme à ses valeurs, qui sont identifiées
grâce à différents exercices et questionnaires et mises en pratique de manière
progressive et réaliste.
Jean-Louis Monestès,
psychologue dans le service universitaire de psychiatrie d’Amiens (Somme)
pratique et fait des recherches sur la thérapie
ACT. « On compte 3 500 chercheurs et
praticiens à travers le monde, dont la moitié aux Etats-Unis, explique-t-il.
C’est encore peu répandu en France mais
je suis de plus en plus sollicité pour faire des formations. On essaie de déplacer l’énergie mise à contrôler les
pensées vers la réalisation de ce qui compte vraiment pour les patients.
Cet engagement n’a pas besoin de choses exceptionnelles, mais il faut commencer
par la plus petite action allant dans le sens de ses valeurs. »
Les précurseurs de la thérapie de la « pleine conscience »
Dès 1976. le
docteur Jon Kabat-Zinn,
alors professeur à l’école de médecine de l’université du Massachusetts, aux Etats-Unis,
a élaboré un programme connu sous le nom de réduction du stress par la pleine
conscience (MBSR), pour les patients souffrant de troubles anxieux ou de
douleurs chroniques.
Dans les années 1990, la méditation
pleine conscience a été intégrée dans le traitement de la rechute dépressive
par John Teasdale et Mark WilIiams,
de l’université d’Oxford (Grande-Bretagne), ainsi que par Zindel
Segal, psychothérapeute au centre Addiction et santé
mentale de Toronto (Canada), sous le nom de thérapie cognitive fondée sur la
pleine conscience (MBCT). Ces programmes sont le plus souvent dispensés en
groupe sur deux mois à raison de deux heures hebdomadaires.
A lire
«
Méditer pour ne plus déprimer : la pleine conscience, une méthode pour vivre
mieux»
Mark
Williams, John Teasdale, Zindel Segal et Jon Kabat-Zinn
(Odile Jacob, 2009, 328 p., 25 €, avec
un CD).
«
Le piège du bonheur : créez la vie que vous voulez »
Russ Harris
(Les éditions de l’Homme, 2010, 262
p., 22 €).
«
Faire la paix avec son passé »
Jean-Louis Monestès
(Odile Jacob, 2009, 224 p., 21 €).
Sur ce site des extraits
à :
Monestes Jean-Louis, Faire la paix
avec son passé (ouvrage, 2009)
«
Les états d’âme : un apprentissage de la sérénité »
Christophe André
(Odile Jacob, 2009, 480 p., 22,90 €).
Sur ce site des extraits
à :
André Christophe, Les états d’âme. Un apprentissage de la sérénité.
Régulation des états d’âme. La vie en pleine conscience (ouvrage, 2009)