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Mars 2013

 

UNE HISTOIRE DE VIE DEPUIS UN MILIEU RURAL.I.  D’HIER A AUJOURD’HUI. TEMOIGNAGE DE CLAUDE NEE EN 1948

 

 Claude LERAY

 

 Premier contact au travers du webmaster, à  bienvieillir@sfr.fr ou henri.charcosset@neuf.fr

 

Introduction, par Henri Charcosset, webmaster

 

J’ai rencontré Claude Leray sur un forum de l’Internet, où nos pseudonymes respectifs sont perle1261 et henri69. J’ai été attiré  par son âge (ni trop jeune ni pas assez), par la clarté de ses écrits,  par le fait qu’elle n’y critique pas son conjoint et…par sa difficulté, en tout cas selon moi, à se projeter vers sa vieillesse et sa mort, dans les conditions sociétales de notre époque. Cet article témoignage, première partie, a pour sous titre : « D’hier à aujourd’hui ». Une deuxième partie, plus prospective, devrait  être sous- titrée « D’aujourd’hui à demain. Anticiper, en tout cas essayer ! » Mieux savoir nous préparer à notre grand âge et à notre fin, n’est- il pas un objectif d’une assez vaste portée? H.C., né en 1936 °°°°

 

Texte de Claude Leray

 

Je suis née en 1948. Fille d’agriculteurs, benjamine de 5 enfants, 4 filles et un garçon. A la campagne, il n’y avait pas encore le confort. Mon père, lorsqu’il rentrait le soir aimait être tranquille, il se couchait tôt et nous avions très peu de contact avec lui, son rôle  était de nous nourrir et je ne crois pas qu’il m’ait tenue souvent sur ses genoux. Maman devait gérer sa grande famille et travailler à l’extérieur, sa vie de mère était difficile et pourtant elle avait toujours le sourire et nous donnait beaucoup d’affection. Parfois je lui prenais le visage dans mes mains et dans mon langage d’enfant je lui disais : ″ Toi, tu ne seras jamais vieille, tu ne mourras jamais 

 

 Je grandis au milieu des animaux de la ferme. Les vacances se passaient sur les chemins de campagne, à  faire du vélo, ramasser les mûres. A mon adolescence il y eut peu de conflits avec maman ; petite fille sensible, je supportais difficilement de la voir tant travailler et j’aurais voulu l’aider dans les travaux ; parfois j’allais chercher de l’eau au puits car nous n’avions pas l’eau courante, mais elle l’acceptait rarement : ″tu es trop jeune, tu vas avoir mal au dos ″

 

Pourtant l’adolescence était comme pour les enfants d’aujourd’hui : une étape difficile à franchir. Mais si nous avions des problèmes,  il n’y avait pas de psychologue pour en parler. Pour nous, le dialogue c’était surtout obéir et respecter nos parents, et nous sommes pourtant devenus des adultes responsables. Evidemment nous étions moins stressés que les enfants d’aujourd’hui; à l’école on ne nous demandait pas d’être le meilleur!

 

J’étais une bonne élève et je fus la seule de la famille à partir au collège, ce qui me permit d’obtenir plus tard un emploi de secrétaire ; J’ai vécu mai 68, les manifestations,  mais pourtant ma génération a eu une jeunesse insouciante, le pays connaissait la croissance et on ne parlait pas encore de chômage.

 

Mariée en 1975, comme tous les couples nous avions plein de projets, nous avions un logement, du travail et nous voulions fonder une famille. Mais hélas il fallut faire face à une dure réalité : notre couple était stérile, la médecine était encore impuissante dans ce domaine et ce fut notre première épreuve.

J’ai passé des fêtes des Mères à pleurer ; Belle Maman ce jour-là était la reine, elle étalait tous ses cadeaux, ses fleurs sans un mot de réconfort pour celle qui souffrait, après tout, nous avions des neveux !

La sœur aînée de mon conjoint, décédée hélas à 53 ans en 1995 d’un accident, avait compris notre souffrance et essayait de me réconforter. Dans ma famille bien que nous fêtions la fête des mères, lorsque je donnais mon cadeau à maman je lisais dans ses yeux de la tristesse et elle me remerciait discrètement.

 

Ma santé se dégrada, les médecins ne comprenaient pas de quelle maladie je souffrais : fatigue, amaigrissement, troubles digestifs, jusqu’à ce que l’un d’entre eux s’inquiéta de me voir si triste et comprit que je déprimais. Lorsque je lui avouais mon souci il me déclara :″je vais vous soigner et vous aider ″et il me parla de l’adoption. Nous avons donc entrepris des démarches pour adopter un enfant mais nous étions seuls pour affronter les difficultés administratives.

 

Enfin en juillet 1981 une lettre de la DASS nous informa qu’une petite fille de 3 mois nous attendait .Un grand bonheur gâché par un deuil dans ma famille, un de mes neveux proche de ses 17 ans était décédé, renversé par une voiture. Le lendemain de son enterrement nous tenions dans nos bras une petite fille à la peau très claire, aux cheveux roux ; elle nous examinait avec de grands yeux étonnés et dès son arrivée elle manifesta sa joie de vivre. Elle n’a pas changé ; affectueuse, elle donne beaucoup d’affection et de joies à son entourage. 

En 1982 une petite fille de 4 ans arrivait de Pondichéry et vint agrandir notre famille.

Ces 2 enfants semblaient tellement heureuses, pourquoi ne pas avoir un 3ème enfant ? En 1987 à Roissy, je tenais dans mes bras notre 3ème fille âgée de 10 mois, elle venait d’Amravati.

 

Ma vie, je la partageais entre mon travail et mes enfants avec des joies, des soucis, la scolarité de nos enfants se passa sans trop de problèmes malgré quelques échecs, la seule qui nous donnait plus de soucis était notre dernière.

 

La vie d’une famille adoptive n’est pas un conte de fées : le comportement des enfants doit être irréprochable, ils doivent prouver à l’entourage qu’ils sont ″normaux, bien éduqués″, pourtant ils portent le poids de leur passé, de leur abandon, la plus grande violence faite à un enfant, certains ne réussissent jamais à se construire.

Les parents adoptifs n’ont pas droit à l’erreur, j’ai dû affronter beaucoup de réflexions désagréables : enfants tyrans, manque d’autorité de ma part …La mère est toujours jugée responsable !

 

1993, une année de deuils : 5 février, décès de ma nièce de 30 ans de cette maladie peu connue encore l’anorexie mentale, elle allait rejoindre son jeune frère de 17 ans, c’était impossible ma sœur ainée ne pouvait pas perdre un autre enfant ! Mon père décéda le 26 octobre ; Maman resta seule avec mon frère célibataire diabétique, qui continua à gérer la maison familiale ; je n’ai pas trop souffert de l’absence de mon père, mon frère devint le pilier de la famille.

 

1995 le décès accidentel de la sœur de mon conjoint vient bouleverser notre vie.

Nous vivions dans un appartement en centre-ville et les dimanches nous nous évadions fréquemment à la campagne, nos filles faisaient de grandes promenades avec leurs cousins et cousines,

Maman malgré ses soucis accueillait toujours ce petit monde avec beaucoup de joies.

Tous les Noëls nous nous retrouvions dans cette maison familiale, Nous aimions beaucoup aller ensemble à la messe : Comment  allait-elle se dérouler ? : Un voisin qui avait déjà trop arrosé Noël et voulait faire un sermon ! … une petite fille qui n’avait pas le temps de sortir et faisait  pipi dans l’allée, ma petite dernière qui voulait absolument se laver les mains dans le bénitier ! Tous ces incidents sous le regard bienveillant du prêtre, c’était des crises de fou rire, notre façon de prier !

Tous les étés nous nous réunissions pour un barbecue qui se terminait tard dans la nuit autour d’un grand feu ; Nous avions la chance de vivre dans un cadre agréable où aucun lotissement n’avait été construit, pour nous c’était un petit coin de paradis. Mes filles eurent la chance de connaître les plaisirs de la campagne comme elle était avant l’arrivée des citadins.

 

Le 20ème siècle se termina, Mon frère fut obligé de se faire dyaliser tous les 2 jours mais malgré la progression du mal, tous les Noëls et les Etés il voulait nous réunir et nous nous retrouvions, maman toujours courageuse tenait bien la barre de son navire.

 

Ces soirées-là, le monde pouvait bien tourner sans nous, le temps semblait se figer, la lueur des flammes dans la nuit, le crépitement du bois, Maman au milieu de ses petits et arrières petits-enfants, nos éclats de rire, il y avait comme un goût d’Eternité. "Ô temps suspends ton vol″, ″retiens ton souffle, écoutes le rire cristallin de ces enfants, ne brises pas le charme de cette nuit, la fragilité de ce moment ! C’est peut-être leur dernière soirée ensemble ! Un Adieu !″

 

2001-2006  … La santé de mon frère se dégradait et je constatais malgré son sourire, la fatigue et l’inquiétude de maman. Elle avait pris l’habitude de me téléphoner tous les 2 jours, elle était seule face à la maladie, avait besoin de confier ses angoisses et ses peines à quelqu’un et elle m’avait choisie. Au ton de sa voix je savais si la journée s’était déroulée à peu près bien, je l’écoutais et la rassurais. Maintenant elle attendait nos visites du dimanche avec impatience car une ombre planait, deux êtres étaient seuls, désespérés et avaient besoin de nous.

 

2007 mon frère commença à avoir des vertiges et des difficultés à marcher, un après-midi, alors que nous leur rendions visite, nous les avions trouvés tous les deux assis : dans les yeux de mon frère j’ai lu le désespoir, maman pleurait ; ce fut pour nous un déclic : il était impossible de laisser ces deux êtres seuls, mon frère ne réagit pas lorsque nous lui proposions de rester et je vis dans les yeux de maman un grand soulagement. Ainsi 2 fois par semaine nous passions la nuit avec eux.

Et puis un coup de téléphone : mon frère était tombé pendant la nuit et s’était cassé l’humérus ; il avait été opéré. Maman était soulagée on allait le soigner elle pourrait se reposer et dormir mais 8 jours après elle me rappela en larmes, il revenait, la maison de repos avait refusé son séjour, (j’ai su plus tard que beaucoup de maisons de repos ne veulent pas prendre en charge les dyalisés !) J’alertais mes sœurs pas trop inquiètes face à cette situation. Sur les 3, une seule me proposa de passer des nuits, il fallait s’organiser en attendant de trouver davantage d’aides médicales. Il y avait un délai pour les mettre en place ; lorsqu’il rentra de l’hôpital ce fut en fauteuil roulant, l’épaule bandée. Le matin mon conjoint et moi-même l’aidions à s’habiller car il ne supportait plus que maman  s’occupe de lui, ″elle me fait mal″ pour qu’il aille à sa dyalise. Le soir il fallait le soulever de son fauteuil et l’aider à se coucher. Au début son bras semblait aller mieux puis il se mit à enfler. Le chirurgien déclara que son état ne dépendait pas de lui et il fut hospitalisé en néphrologie ; Après plusieurs examens le docteur déclara que la situation de ce malade ne le concernait pas … et il parla d’un retour chez lui malgré notre refus et celui de l’assistante sociale. ″ce n’était plus leur problème, puisque nous savions que notre frère était malade, nous aurions dû nous organiser pour le soigner, c’était un cas social″. (Mon frère n’était pas un malade mental, et n’acceptait pas que nous prenions des décisions à sa place). Il voulait rester chez lui.

 

16 décembre 2007 nous fêtions malgré tout les 90 ans de maman, mon frère ce jour-là avait le sourire, il semblait heureux, nous fûmes stupéfaits de l’entendre chanter ! Savait-il qu’il allait partir bientôt ?  C’était notre dernière réunion de famille.

 

Samedi 19 janvier 2008 il revint dans sa maison, l’assistance sociale avait mis en place en urgence une hospitalisation à domicile,  un médecin de garde appelé nous conseilla de le garder le week-end end avec nous.
Le dimanche se déroula sans incident mais avec angoisse et puis dans la nuit mon frère se mit à vomir, il avait mal à l’estomac et lui qui ne voulait plus quitter sa maison me demanda d’appeler les urgences, je n’eus pas la présence d’esprit d’appeler le médecin de garde ; je le revois dans sa chambre, sur le brancard, c’était son dernier départ. Le lendemain matin il nous appela, il voulait rentrer ; lorsqu’on le retrouva, il était assis, pieds nus et délirait, je lui promis que le lendemain matin il rentrerait et, avant de le quitter, une infirmière nous rassura en nous disant qu’il n’était pas en danger … mais vers 7h du matin un coup de téléphone de l’hôpital nous informa que son état de santé s’était dégradé ….. J’avais averti mes sœurs, l’une d’entre elles me déclara ″on arrive, on ne va quand même pas te laisser seule ″ j’avais envie de lui répondre : ″ il y a des semaines que je suis seule ″! Nous avions passé de bons moments ensemble et je la croyais sincère, j’ai vite compris que je ne la connaissais pas …

 

Lorsque nous sommes arrivés à l’hôpital c’était trop tard mon frère nous avait quittés. Il fallait attendre mes sœurs et surtout Maman, je n’oublierai jamais son arrivée, elle me demanda comment il allait, si elle pouvait lui parler et il fallut lui dire…! Je la revois effondrée, en larmes :"je ne lui ai pas dit au revoir !″sa douleur restera gravée en moi ! Tous réunis autour de mon frère, je lui serrai très fort la main, à partir de ce moment je compris que je deviendrai sa raison de survivre.

 

Puis ce fut l’enterrement et le retour de maman dans cette grande maison. Nous n’avions pas vu Maman vieillir, elle était tellement gaie et active ! Maintenant nous réalisions qu’elle était une mère aux cheveux blancs, usée, qui pleurait son enfant. Elle nous disait toujours : ″la vie c’est un combat″, elle avait bien combattu !

 

Mes beaux-parents âgés de 88 et 87 ans, partirent en avril 2008 dans une maison de retraite. Le jour même de leur départ, nous nous précipitions à la maternité notre 2ème petite fille venait de naître," petit rayon de soleil, tu viens réchauffer nos cœurs meurtris". La nature renaît au printemps, les êtres humains vieillissent mais ne connaissent pas le renouveau, ils laissent leur place à leurs descendants pour que ceux-ci continuent à faire tourner notre vieille planète.

 

Juillet 2009, je cessais définitivement mon activité professionnelle, une page se tournait aussi.

Nous passions une soirée par semaine avec Maman, ainsi que les weekends, elle dut se faire opérer de l’arthrose de la hanche : péridurale puis anesthésie générale car elle avait contracté une maladie nosocomiale. Au bout d’un mois de convalescence en maison de repos, elle rentra chez elle, rétablie mais très vite son état se dégrada, elle ne supportait plus la solitude, je restais avec elle une partie du mois d’août mais lorsque je fus obligée de repartir elle se mit à m’appeler plusieurs fois par jour, elle avait peur, ne savait plus où elle était,  perdait ses repères.

L’hiver arrivait ; son médecin traitant lui donna un antidépresseur trop fort qui l’épuisa, elle ne pouvait plus s’habiller, ni manger. Un autre médecin appelé nous conseilla de ne pas la laisser seule ; avec 2 de mes sœurs nous nous relayions pour l’aider à s’habiller et  manger mais c’était très difficile ; Enfin une place dans une maison de retraite se libéra mais il fallait donner notre réponse rapidement.

 

Ce 11 septembre 2009, il faisait gris et froid .Le temps s’était lui aussi mis en deuil Maman quittait sa maison. Le lendemain lorsque nous nous sommes levés, le silence régnait dans la cuisine, on n’entendait plus le son de sa voix, on ne sentait plus la bonne odeur du café, seul son chien était là. L’après-midi il faisait chaud, nous nous sommes assis autour de la table où nous nous étions réunis si souvent en famille, Une hirondelle chantait, prête à partir vers d’autres cieux, ″petite messagère du bonheur ! Que ton chant nous semble triste aujourd’hui ! Ils sont partis!…Au printemps prochain, reviens chanter pour eux près de notre maison″ Alors, soudain, un seul regard nous a suffi, les larmes aux yeux nous avons fermé la maison, appelé le chien pour le mener au chenil.  Notre départ c’était une fuite, la fuite de notre jeunesse, de notre insouciance.

Pourquoi faut-il que le temps qui passe nous prive des périodes de notre vie qui étaient un enchantement ? Pour nous rappeler peut-être que nous sommes seulement de passage.

 

A la fin de l’année nous quittions la ville pour habiter une maison plus proche de la campagne,  un rêve que nous faisions depuis plusieurs années, ce fut un adieu à notre jeunesse, c’était là que nos filles avaient grandi, j’aurais bien aimé que maman puisse s’installer chez nous mais j’ai compris aujourd’hui que c’était une lourde charge : lorsqu’on s’engage à soigner un parent vieillissant, il faut avoir la force de l’accompagner jusqu’à son dernier soupir, sinon la placer en maison en retraite peut être interprété comme une trahison, un abandon.

 

2 fois par semaine je rends visite à maman. La première année elle retrouva ses capacité intellectuelles et elle m’accueillait avec le sourire, elle passait  parfois des weekends avec nous, retrouvait son chien qu’on a recueilli, les 3 premiers Noëls passés avec nous furent très agréables, elle retrouvait sa famille, mais depuis juin 2012, sa mémoire s’en va. Noël 2012 j’ai réalisé combien elle avait changé : marche difficile, réveil dans la nuit, par moment elle confond maison de retraite et notre maison. Il faut accepter la dure réalité, Maman vit de plus en plus dans son passé. C’est peut-être un message : ″je suis fatiguée, j’ai assez vécu″. Peut-être reviendra-t’elle encore une ou deux fois chez moi ! Peut-être … elle sourira et me dira ″On est bien ici ″. Son chien lui fera la fête, s’il pouvait parler il lui dirait : ″pour moi, tu es toujours la même, ma maîtresse″.

Maman courage, je voudrais qu’elle nous quitte dignement, être près d’elle pour recueillir ses dernières paroles, son dernier sourire et que je puisse une dernière fois voir dans ses yeux bleus cette lumière qui nous réchauffe.

Ce ne sera pas facile de vivre sans elle, ce ne sera pas facile de ne plus entendre le son de sa voix, son rire joyeux.

Enfant on me parlait d’un Dieu d’Amour, je l’ai attendu toute ma vie mais ne l’ai jamais rencontré, s’il existe″ Maman, toi qui l’a tant prié, s’il vient à ta rencontre, dis-lui de se pencher sur nous pauvres humains, laisses-lui tes angoisses, endors-toi près de lui, reposes en paix″.

Pourquoi faut-il continuer à vivre, peut-être parce que nous avons commencé …

 

Commentaire, Questions-réponses, Henri Charcosset

 

Henri, Nos deux histoires de vie ne sont pas sans ressemblance. Moi aussi, je suis né dans une ferme, et dès mes 5-6 ans, j’aidais, à la mesure de mes forces. Comme toi, je suis entré au collège ; j’étais en  internat. Les vacances étaient l’occasion de me ressourcer pour l’aide à la ferme. Comme toi, j’ai été élevé  dans la religion catholique sans ….pour autant recevoir la grâce d’une étincelle de foi bien vivace. Comme toi, mon frère était un grand diabétique, le mien depuis ses 4 ans.

On peut dire que jusqu’à l’adolescence  presque comprise (je suis devenu handicapé polio à mes 17 ans), nos histoires de vie sont assez  comparables.

Et pourtant, le ressenti que l’on a de cette vie rurale à l’ancienne, diffère notablement. En deux mots, je ne regrette pas vraiment  comment  on vivait à cette époque !

Et puis de  toute façon, ce qui a été a été, et nous sommes bien obligés de nous adapter, toujours et encore, à un monde  qui change, si rapidement!

Pour en savoir un peu plus sur moi, voir entre autre  les pages web : Le webmestre CLIC, et « A partir de soi, au-delà de soi aller », CLIC  

 

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Henri :

Tout au long de ta carrière, tes relations à ton milieu de  travail ont-elles évolué ?

 

Claude :

Je voulais être enseignante mais j’ai été mal orientée, après quelques années de travail dans différentes entreprises la réussite d’un concours m’a permis d’être secrétaire dans l’Education Nationale, si je n’ai pas appris à lire aux enfants j’ai géré leurs enseignants !

Au début de ma carrière j’ai travaillé dans une très bonne ambiance, malgré la charge de travail (on ne passait pas notre temps à boire des cafés …) Entre 12 h et 14h nous mangions souvent ensemble.

Mais avec la suppression de poste nos responsables sont devenus stressés, moins tolérants, des contractuels sont arrivés, la plupart étaient efficaces dans le travail mais il y avait des tensions, des jalousies nous étions des favorisées nous avions la sécurité de l’emploi.

 

L’informatique a changé notre façon de travailler, des stages ont été organisés et j’ai souvenir de résultats inquiétants, stressants mais aussi de situations comiques qui nous détendaient. L’informatique facilite le travail mais demande aussi d’être très vigilant parce que les erreurs sont parfois catastrophiques et difficiles à réparer.

Puis ce fut l’installation des badgeuses, et certains collègues ont changé : le but était désormais faire les horaires demandés le plus rapidement possible pour finir la journée plus tôt.

Malgré tout je garde un bon souvenir de mon activité professionnelle : j’ai pu avoir de nombreux contacts : parents d’élèves, enseignants, élèves, étudiants, il faut être patient avec un public parfois agressif mais aussi compréhensif avec ceux qui viennent confier leurs soucis financiers et familiaux.

 

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Sur ce site, lire aussi : les témoignages de Martine Mourin, Pseudonyme martine mm :

 

Mourin Martine (2007), Ma mère ne veut pas que je grandisse

 

Mourin Martine (2009), Ma mère ne voulait pas que je grandisse. II. A 82 ans, elle se handicape, s’aigrit, reste dominante