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Septembre 2009

 

MA MERE NE VOULAIT  PAS QUE JE GRANDISSE.  II.  A 82 ANS ELLE  SE HANDICAPE,  S’AIGRIT,  RESTE DOMINANTE

 

Martine MOURIN , depuis la Belgique, E-mail: meuniermourin@hotmail.com  

 

 

INTRODUCTION ET RESUME Henri Charcosset, né en 1936

 

La première partie de cet article, CLIC, était basée sur un texte de Martine Mourin  daté du 15 janvier 2007 et intitulé : « Le début de l’histoire ».

 

Notre échange se  poursuit tant en direct par e-mails,  que dans deux discussions ouvertes par Martine sur le forum « Mes parents vieillissent » de  Doctissimo.com :

 

http://forum.doctissimo.fr/psychologie/parents-vieillesse/quoi-parents-pire-sujet_35_1.htm , lancée le 03.03.2006

 

http://forum.doctissimo.fr/psychologie/parents-vieillesse/trop-chaque-replonge-sujet_59_1.htm , lancée le 30.07.2006

 

Nous publions ici déjà un condensé de trois textes de Martine,  datés des 26 décembre 2008, 05 juillet et 10 juillet 2009, et portant respectivement sur «  Les psys »,

 « Handicap et caractère de ma mère », «  Comment accepter les erreurs passées de ma mère ? »

 

Vient à la suite, la relation résumée  d’un jeu de questions –réponses  entre Martine  et Henri (Septembre 2009).

L’état physique de la mère de Martine semble bien  se rapprocher de la nécessité pour elle d’entrer en Maison de retraite.  Comme elle se déclare rebelle à cette idée, se pose la question du rôle respectif et complémentaire des professionnels de l’accompagnement et de Martine, elle-même en besoin d’accompagnement, dans la décision, d’un sens ou d’un autre.

 

Si l’on cherche à se projeter vers l’avant, notre avant, tout proche ou pas si lointain, on débouche sur la question : Forts de l’expérience souvent douloureuse pour eux-mêmes et pour nous aussi, de nos parents, saurons-nous mieux vieillir? En nous y prenant comment ? Sur ce site, la question de réussir son vieillissement est partout présente,  et plus encore avec Christiane Bedouet, dans la section CLIC ,

 

tandis que j’ai initié le 12 mars 2008 , une discussion ouverte à toutes et tous :http://forum.doctissimo.fr/psychologie/parents-vieillesse/vieillir-preparer-parents-sujet_167_1.htm

 

Il faut être particulièrement gré à Martine Mourin de témoigner à ciel ouvert (discussions sur forum) sur une durée inhabituelle, et que nous espérons voir se prolonger bien longtemps encore.

 

26 décembre 2008.

LES PSYS

 

Mais qu’est-çe qu’elle m’a demandé la dernière fois ?? Alors que je lui disais que devenir une femme autonome était très dur et pour moi encore plus dur … elle m’a demandé si je voulais retourner en arrière ? J’ai presque failli dire oui tellement j’étais encore mal à cette période mais j’ai dit « Non pour rien au monde ! ».

Vous ne me croirez pas si je vous dis  que  je vois une psychologue depuis 8 ans ?? ben si, et j’ai dépensé une fortune chez elle. Je ne suis pas sous les ponts mais fallait quand même trouver les 30 puis 35 € pour chaque séance. Et je ne regrette rien, sauf que j’aurais pu aller plus vite en besogne mais ça devait venir de moi, elle m’a juste guidée.

 

Concrètement, j’ai appris à reconnaître mes angoisses, qui se traduisaient par des malaises physiques, difficultés à respirer, baillements, étouffements, impossibilité d’avaler, migraines atroces, sueurs, et le plus dur dans la vie active : ne pas oser sortir dehors à certains moments.

Combien de fois ais-je pris ma voiture, fait 100 mètres pour aller travailler puis m’arrêter et sortir mon portable pour me faire porter malade. Impossible de me raisonner, j’ai parfois appelé la doctoresse en urgence et si elle savait, elle venait dans l’heure. Celui ou celle qui n’a jamais vécu ces malaises physiques ne peut pas savoir de quoi on parle.

 

Mais au fait, pourquoi est-ce que j’ai dû voir une psychologue ?

Le fait d’être fille unique, relativement isolée, ne pouvant pas confier mes pensées, ne sachant pas répondre à mes questions, me demandant sans cesse si c’était bon ou mauvais, ayant des doutes sur les affirmations de ma mère et ses principes, culpabilisant si je me faisais plaisir ou sortais du droit chemin … tout ça ensemble m’a fait arriver sur son fauteuil avec mes interrogations.

 

Souvent, à cause de mes angoisses et malaises physiques, je ne partais pas pour la séance, à 5 km de chez moi en voiture, et la fois suivante, je devais quand même payer ma séance pas faite ! ça fait partie du traitement, mais ca fait mal au portefeuille … notez aussi que ma mère n’est pas au courant de ces séances depuis des années mais elle a noté mon changement et ma prise d’autonome, elle m’a même demandé une fois qui me mettait des idées en tête et que j’avais bien changé.

 

 

Dimanche 05 juillet 2009

POUVOIR VIVRE AVEC UNE MERE AGEE HANDICAPEE MALVOYANTE, DEPRESSIVE, EGOCENTRIQUE, AIGRIE ET AYANT GARDE UN CARACTERE DOMINANT HORS NORMES …

 

Tout ce titre, c’est du bluff : c’est moi qui ai beaucoup de mal à gérer et à digérer cette étape de ma vie !

Parfois, ça roule, parfois, ça dérape et ça fait mal. En fait, c’est une succession de hauts et de bas : des montagnes russes à escalader.

J’aurais bien aimé avoir une maman sereine, calme, bref, normale !

Ce qui se passe maintenant n’est finalement que la suite et fin logique d’une vie, de sa vie, de notre vie, de la vie de toute une vie, de plusieurs vies et de toute une famille. Je ne sais rien faire que gérer, composer et accepter ! mais flùte et reflùte : j’ai toujours accepté tout et toute ma vie. A chaque fois que je voulais quelque chose à moi, pour moi mais qui ne plaisait pas à ma mère, il fallait que je me batte, mais vraiment me battre à mort pour que l’on accepte mon point de vue, même pour qu’on l’écoute. Pas normal …

Avec le recul, je vois toutes les erreurs que j’ai commises dans l’éducation de mon fils : pas dur, j’ai reproduit les mêmes, les erreurs tout au long d’une éducation …

 

La chose principale qui me frappe le plus, c’est de ne pas m’avoir appris à devenir autonome plus vite. Mon fils m’a dit dernièrement : attends un peu avant que je ne m’envole, je viens seulement de voir que j’avais des ailes ! j’ai mal, j’ai peur, je vomis et j’ai de la haine, proche de l’amour ? pas sùr.  Je n’aime pas les gens qui vous tiennent sous leur coupe à force de cadeaux et surtout de chantage pendant presque 82 ans. Au secours, je sors du sujet présent, j’en parlerai plus tard.

Nos relations mère/fille sont devenues ambigües, tellement dures, trop compliquées.

 

Perdre une grosse partie de sa vision est vraiment dur, vieillir est dur, avoir 82 ans est une catastrophe, vivre vieux, vivre seule, ne plus se déplacer … bref, tout ce qui fait que l’on perd son autonomie est dur. Mais où est passée la sagesse de la vieillesse, où sont les cheveux blancs ? les tabliers en vichy ? les confitures ? l’écoute bienveillante et les paroles sages de nos grands-parents ? la sieste de l’après-midi et les galettes au beurre ? à la trappe et basta.

Dès que je mets un pied chez ma mère, j’entends et j’écoute les plaintes, les gémissements, les maux physiques et psychologiques, les demandes non formulées, les frustrations, les manques affectifs ou autres, … et je suis triste et en colère et je ne sais pas quoi faire, quoi dire …

 

 

Vendredi 10 juillet 2009.

COMMENT ACCEPTER LES ERREURS DE MA MERE COMMISES DANS LE PASSE ?

COMMENT COMPRENDRE POURQUOI ?

ELLE N’A PAS CHANGE ET SON HANDICAP  REND TOUT ENCORE PLUS DIFFICILE.

 

Elle ne changera plus … mais c’est trop dur … c’est si simple de s’exprimer gentiment, de demander les choses avec plaisir, d’écouter les autres …

Elle veut toujours avoir raison, mais qu’est-ce que j’espère ??? qu’elle va reconnaître ses erreurs ? qu’elle va m’écouter ?

Pourquoi est-ce qu’elle me caresse, m’embrasse, me touche comme ça ?

Devant elle, je suis une enfant, je ne suis pas reconnue comme une adulte responsable et pourtant si à quelques moments ! je n’y comprends plus rien.

Je ne supporte plus sa façon de s’exprimer, avec colère, haine et durement.

Pour un exemple concret : le mélangeur de sa machine à pain n’était plus dans la cuve ? je lui dis et elle me prétend violemment qu’il n’y a jamais rien eu dans la cuve ? je dis qu’il manque le mélangeur, mais je me heurte à un mur.

J’attendais : « tu crois ? » au lieu de « mais non, il n’y a jamais rien eu, j’ai toujours fait comme ça, tu rêves … » d’où conflit que j’arrête, pas la peine.

Mais le soir, elle m’appelle pour me dire qu’effectivement, il y a un mélangeur, c’est son aide ménagère qui lui a dit (et moi, je compte pour des prunes ?) et qu’elle est désolée d’avoir réagit comme ça mais elle ajoute : « tu me connais, je suis comme ça ! »)

Non, je n’accepte pas, toute sa vie, elle m’a inculqué pleins de choses qu’elle ne fait pas elle-même.

 

ECHANGES ENTRE Martine MOURIN et Henri CHARCOSSET

 

Henri 06 septembre 2009

 

 Martine,  je te dis bon courage ,

 

sur un plan plus concret, je pense que ta maman gagnerait pour elle-même , pour sa sécurité, pour ta santé à toi, pour votre équilibre de vie familial,  à entrer en maison de retraite,

 

vous pourriez lui présenter cela comme du provisoire,

 

elle serait  dans un lieu de bonne qualité, bien visitée, entourée, par toi et les tiens,

 

je me risque au pari qu'après peu de temps, elle demanderait à ne pas retourner chez elle,

 

j'ai vu vivre la situation avec une tante ; il a fallu aller contre son gré pour qu'elle entre en maison de retraite ( presque aveugle, elle risquait à tout moment chez elle, de se faire brûler); très bien entourée en maison de retraite par sa famille

( visites , téléphone, sorties) elle s'est très bien adaptée, et y a passé plusieurs  bonnes années avant de mourir,

 

Réponse de Martine ce même jour :

Si je parle de lieu de vie, je risque un coup de poing !

Elle le dit souvent : "tu n'attends que ça, de te débarrasser de moi ... " surtout que je n'en ai jamais parlé !

 

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Martine 07 septembre 2009

Je pense sincèrement que le caractère de la personne joue un grand rôle pour la vieillesse : il ressort inévitablement et en pire ... : ma mère a toujours été une grande dominatrice, moi, mon père, etc .
 
Je pense ne plus aller chez ma mère, mais à chaque fois je culpabilise, puis à chaque fois, j'y vais ou je téléphone et je suis mal !  
Donc je suis mal si je n'y vais pas et mal aussi quand j'y vais !  :pt1cable:  
 
Je n'ose plus rien dire : si je dis qu'on a été là ou là, c'est critiqué, si je dis que j'ai été à la piscine, idem et tout comme ça ... donc je ne dis plus rien.  ;)  
 
Je sais qu'elle est en souffrance: elle a 82 ans, elle a perdu la vue à 90%, elle ne sait plus se déplacer comme elle veut, elle est seule, etc.
 
Mais ce n'est pas de ma faute ....
 
Ceci dit, je suis là quand même, je vais faire les courses avec elle mais elle est du style :
" je n'ai plus de pain, d'ailleurs, je n'ai plus rien ! " au lieu de demander et on programmerait  un voyage au magasin  :  ce serait tellement plus simple !:fou:   
 
J'aurais tant aimé avoir une maman sereine, ouverte aux autres, compatissante, à l'écoute, etc .

 
Ca, je peux faire une croix dessus et je suis triste.
 
De plus, que me réserve l'avenir ?

 

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Henri 08 septembre 2009
 
Je rebondis ici juste ici sur ton dernier propos:
" De plus, que me réserve l'avenir? "  
 
De deux choses l'une:
 
- soit ta mère a un accident domestique, l'obligeant à entrer dans une Maison,  
 
-  soit elle y entre avant,  
 
à mon sens prendre les devants, en lui forçant la main, aidée de son médecin et de son autre accompagnement, serait préférable,  
 
étant entendu quand même que dans l'un et l'autre cas..... Martine tu  continueras  à te culpabiliser...... j’ai tendance à me dire que si tu n’avais pas ta mère pour te faire culpabiliser, tu culpabiliserais à propos d’une  autre personne  ou bien d’autre chose ; ce n’est qu’une hypothèse bien sûr ! 
 
je m'étonne quand même  un peu que toutes ces heures d'accompagnement psychologique professionnel, à tes frais comme tu le soulignes, ne débouchent pas sur moins de culpabilisation de ta part. ?


faisant tout ce que tu peux et même un peu plus pour ta mère, tu n'as pas à te culpabiliser quoi qu'il arrive,  
 
et pour amorcer la pompe en vue d’ aller un peu plus loin dans les échanges, je ne suis pas sûr que ta mère mérite tellement critiques; en tout cas la critiquer peut apporter quoi? Elle est comme elle est ; ce qui est est.. ;
 
ce qui me questionne, je le répète, c'est le fruit de l'action que je trouve un peu décevant des professionnels vous accompagnant, en premier ta psychologue à qui tu as déjà versé une petite fortune, et aussi le corps médical. Le rôle de ce dernier ne va-t-il pas au-delà de donner des soins? Ne s'étend-t-il pas jusqu'à insister, de manière certes informelle,  auprès de la personne âgée,  pour qu'elle adapte le choix de son lieu de vie à la réalité de ses possibilités restantes,  
 
tu as bien raison de témoigner, cela te libère un peu, en tout cas j'espère, et puis cela ouvre à multiples réflexions et échanges, pouvant se rattacher pour une part à la discussion que j’ai lancé sur:  

Mieux vieillir que ses parents. S’Y PREPARER , à l’adresse web que je redonne  :

http://forum.doctissimo.fr/psychologie/parents-vieillesse/vieillir-preparer-parents-sujet_167_1.htm

 

SUITE A VENIR GRACE A TOI MARTINE….. LE SUJET EST LOIN d’ETRE EPUISE ! POUR TOI  ET TA MERE,  POUR TOI D’ICI 30 OU 40 ANS… POUR LES GENERATIONS  A VENIR AUSSI !