Sections du site en Octobre 2009 : Ajouts successifs d’articles
-- Sujets d’articles à traiter – Pour publier -- Post-Polio -- L'aide à
domicile -- Internet et Handicap -- Informatique jusqu’à 100 ans – Etre en
lien -- L’animal de compagnie -- Histoires de vie -- Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de
l’avant -- Tous chercheurs -- Liens –
Le
webmestre.
RETOUR A LA PAGE D’ACCUEIL : CLIC AUTEURS, TITRES DE TOUS
LES ARTICLES : CLIC SYNTHESE GENERALE: CLIC
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
« POUVOIR
BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP »,trimestriel GIPHV. N°12; 04, 2007
Editeur :Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr
Site
web : http://bien.vieillir.club.fr/index.htm
MA MERE NE VEUT PAS QUE JE GRANDISSE,
J'AI POURTANT 50 ANS. I.Introduction.
Martine MOURIN
depuis
Bonjour
Martine,
Ne me
brusques pas si je te dis une ou deux bêtises,
J’ai été élevé en milieu rural modeste, avec habitation très rapprochée et partage des travaux, à trois ou quatre générations. Les tensions étaient fréquentes pour ne pas dire constantes, valant celles que tu dis entre toi et ta mère.
Il y a les
faits et puis l’idée qu’on s’en fait, l’importance qu’on leur rattache. Tu as
engagé tout un travail sur toi-même, avec déjà bien des résultats positifs. Il
est normal que par périodes, tes pensées perturbatrices prennent encore le
dessus. Elles vont s’estomper dans les temps qui viennent, grâce au courage
dont tu fais preuve . Et l’élément clé
du processus de cicatrisation des plaies
de ta relation fille-mère, devrait être ta prise lorsqu’elle devra venir, du
grade de grand-mère. J’en prends le pari. Henri, né en 1936.
CHAPITRE 1. 15 janvier 2007.
Salut Henri, bon, tu vois, je me suis mise à écrire ! Je
suis installée sur le divan avec le portable de mon mari, mari que j’adore … bien plus que ma mère puisque
voici le principal sujet de ce texte.
Je traverse pour le moment une période de nouveau difficile,
je suis très tendue et stressée, très anxieuse et je somatise très
très fort, c’est à dire que physiquement, j’ai du mal à assurer et j’y arrive pourtant. J’ai quand même l’impression de suffoquer tout le temps et je vais sûrement
me décrocher la mâchoire à force de bailler. D’ailleurs, demain, je travaille
et entre les 2, gogo vers la doctoresse : auscultation et tout le blabla,
et aussi ordonnance …
Tu m’as dit une fois que, même sans ma
mère, je serais quand même anxieuse. Mais tu ne me connais pas, tu ne connais
pas ma vie, mon éducation, mes parents, ma famille … Famille, j’en ai pas de toutes façons, je veux dire famille proche,
pas de sœur, pas de frère, ni rien d’autres,
juste une tante en Flandre et son fils.
Mon papa est mort en 1990 et ma mère est devenue veuve
avec une fille unique, mariée et mère de famille, sa famille à elle. Je dis ça
parce que chez nous, on a toujours vécu avec des amalgames de toutes sortes,
des non-dits aussi et quand les choses sont mal déterminées, personne ne
connaît plus sa place et tout se mélange.
C’est ainsi que tout a commencé,
par une succession d’amalgames … j’ai fait des études pour devenir professeur
de dessin et je le suis devenue, mais pas facilement. Je dis tout de suite
que ma mère dirigeait tout et mon père n’avait quasi rien à dire, le pauvre, il lui demandait même son argent de
poche. Faut dire qu’elle avait ouvert un commerce de
chaussures et qu’ elle a eu le sens des affaires et aussi celui de l’avarice. Et je trouve ça franchement bizarre, parce que
je suis plutôt une fille unique genre gosse de riche franchement super gâtée.
Enfin, j’étais car maintenant, c’est retournement de situation ; c’est moi qui paye son mazout, elle ne s’en doute même pas, je pense qu’elle pense que c’est une ressource naturelle qui
vient du ciel ?
Ceci dit, elle m’a obligé à faire du latin, des maths, etc. … alors que je voulais dessiner et aller dans une école technique. Trop nul
pour elle, donc parcours pas mal en zig zag mais finalement réussi. De toutes
façons, elle m’avait mise en pension à 11 ans,
la galère, je n’ai jamais compris pourquoi, et j’y ai bien ri, mais j’y ai aussi pleuré des nuits entières avec l’idée de fuir chaque jour. Ce qu’elle
retient maintenant, c’est que j’y ai bien ri, mais parce que ça masque ses remords, non ??
A 16 ans, j’ai rencontré mon mari, longs cheveux blonds, parka verte, air rebelle,
famille normale et modeste, village près de chez nous, hé non, pas un avocat,
mais c’est lui que je voulais et ça fait
30 ans que nous sommes unis et comme on dit, pour le meilleur et pour le pire,
ce qui s’est confirmé.
Mon mari a presque vécu chez nous jusqu’à notre mariage, amalgame de vie à 6 : mes
parents, moi, mon futur mari, ma grand-mère et Nine(une vieille dame qui a
toujours vécu chez nous). Amalgame de générations et surtout quand mon fils est
né au milieu de ces gens : entre moi: 20 ans, mes parents: 50 ans, les aïeux:
80 ans …
On a vécu longtemps chez mes parents, c’est maintenant que je me rends compte que j’étais restée leur fille: malgré mon mariage et mon bébé, je n’avais pas de vie propre. Cette période est très
importante et a été décisive pour l’évolution
de mon fils et je peux en reparler plus tard.
Comme on voulait quand même avoir une maison et
que mon mari avait une brique dans le ventre, il fallait bien se décider et c’est là que tout a basculé du côté catastrophe: on (c’est qui on ??) a décidé de construire une grande maison
pour que mes parents vivent avec nous.
Cette grande maison, elle a bien été construite et nous y
habitons, mais plus mon père, ni ma mère, juste nous et notre fils. Cette
maison a pris la vie du frère de mon mari, qui y est mort accidentellement sur
le chantier, Est-ce qu’on n’aurait pas dû la vendre à ce moment ??? Puis c’est mon père qui est mort et toute la place était pour ma mère. J’ai l’impression, avec le recul que j’habitais dans sa maison.
Elle a quitté cette maison en 2000, ça fait 6 ans et je
me bats encore pour récupérer ma maison. J’ai vendu des meubles, jeté des
bibelots, trié, etc. … et c’est pas encore fini, il y a encore des choses à elle, des marques de sa vie
mêlée à la mienne, à la nôtre.
Elle est partie, d’abord, parce que la maison était
mal conçue, avec des parties communes, trop communes, hall de nuit, palier,
escaliers, ça n’allait pas du tout et ça n’a pas été depuis le début de cette vie ensemble. Mais
trop tard, tu vas me dire ??? Ben, oui, fallait bien faire avec !
Mais ça n’a pas été du tout, mon fils a
tout déclenché en faisant des crises de schizophrénie et des délires graves,
d’où, hospi en hp, déscolarisation,
médoc, psy. Et personne n’y comprenait rien, sauf un toubib
qui a vu clair, en voyant la grand-mère débarquer dans notre cuisine sans crier
garde alors qu’il nous entretenait de notre
fils, au secours …
Ceci dit, c’était elle ou moi, ou un divorce
ou mon fils fuguait, ou je ne sais pas trop quoi … et le jour où elle est entrée dans ma cuisine alors que je déjeunais bien
tranquillement, je lui ai lancé avec violence un pot de confiture à la tête,
pot qui s’est écrasé contre le mur mais qui
a marqué la rupture, la séparation.
Elle est partie quelques mois plus tard, habiter à
Tous ces évènements m’ont rendu très fragile nerveusement mais j’ai beaucoup de courage et surtout, j’ai compris tout ce qui nous était arrivé et je devrais lui en vouloir, et
je n’y arrive pas. Je vis avec des
hauts et des bas, je travaille beaucoup, je suis très heureuse avec mon mari et
mon fils qui a pas mal récupéré aussi.
J’ai encore beaucoup de choses à
expliquer parce que je dois développer mon enfance, mon adolescence et ma vie
de femme mariée où elle a été présente à tout moment.
Je dois expliquer aussi le présent et comment je gère
au quotidien sa vieillesse et son caractère.
Voici un exemple concret de situation pénible quand elle
vivait avec nous:
- Le jardinier est venu couper des arbres dans la
propriété et nous l’aidons à évacuer et couper des
branches et branchettes.
« Va chercher un sécateur, ce sera plus
facile. »
« Oui, je vais le ramener si je le trouve. »
« Ah, donne, je vais couper tout ça, hé, mais c’est à moi, ce sécateur, c’est le mien, je crois ! Je le reconnais, et en plus, il ne coupe plus,
regarde les coups dans la lame, viens un peu ici que je te donne une fessée
! Enfin, il est abîmé, c’est bien toi, ça ! . »
De là, à ce qu’elle me
déculotte devant le jardinier, y avait qu’un pas …
Henri, si j’ai mal à la tête demain, je te
coupe la tienne, je me demande si c’est bon
pour moi de remuer tout ça, mais ça servira pour d’autres couples et d’autres parents.
Je te donne la suite bientôt, c’est le présent au quotidien, une lutte pour garder ma
position durement acquise de femme.