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« POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP »,trimestriel GIPHV. N°12; 04, 2007

 Editeur :Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr                                                      

 Site web : http://bien.vieillir.club.fr/index.htm

 

 MA MERE NE VEUT PAS QUE JE GRANDISSE, J'AI POURTANT 50 ANS. I.Introduction.

Martine MOURIN

depuis la Belgique, E-mail: meuniermourin@hotmail.com  

 

Bonjour Martine,

Ne me brusques pas si je te dis une ou deux bêtises,

J’ai été élevé en milieu rural modeste, avec habitation très rapprochée et partage des travaux, à trois ou quatre générations. Les tensions étaient fréquentes pour ne pas dire constantes, valant celles que tu dis entre toi et ta mère.

Il y a les faits et puis l’idée qu’on s’en fait, l’importance qu’on leur rattache. Tu as engagé tout un travail sur toi-même, avec déjà bien des résultats positifs. Il est normal que par périodes, tes pensées perturbatrices prennent encore le dessus. Elles vont s’estomper dans les temps qui viennent, grâce au courage dont tu fais preuve . Et l’élément  clé du processus  de cicatrisation des plaies de ta relation fille-mère, devrait être ta prise lorsqu’elle devra venir, du grade de grand-mère. J’en prends le pari. Henri, né en 1936. 

 

 

CHAPITRE 1. 15 janvier 2007.

 

Salut Henri, bon, tu vois, je me suis mise à écrire ! Je suis installée sur le divan avec le portable de mon mari, mari que jadore bien plus que ma mère puisque voici le principal sujet de ce texte.

Je traverse pour le moment une période de nouveau difficile, je suis très tendue et stressée, très anxieuse et je somatise très très fort, cest à dire que physiquement, jai du mal à assurer et jy arrive pourtant. Jai quand même limpression de suffoquer tout le temps et je vais sûrement me décrocher la mâchoire à force de bailler. D’ailleurs, demain, je travaille et entre les 2, gogo vers la doctoresse : auscultation et tout le blabla, et aussi ordonnance

 

Tu mas dit une fois que, même sans ma mère, je serais quand même anxieuse. Mais tu ne me connais pas, tu ne connais pas ma vie, mon éducation, mes parents, ma famille Famille, jen ai pas de toutes façons, je veux dire famille proche, pas de sœur, pas de frère, ni rien dautres, juste une tante en Flandre et son fils.

Mon papa est mort en 1990 et ma mère est devenue veuve avec une fille unique, mariée et mère de famille, sa famille à elle. Je dis ça parce que chez nous, on a toujours vécu avec des amalgames de toutes sortes, des non-dits aussi et quand les choses sont mal déterminées, personne ne connaît plus sa place et tout se mélange.

 

Cest ainsi que tout a commencé, par une succession damalgames jai fait des études pour devenir professeur de dessin et je le suis devenue, mais pas facilement. Je dis tout de suite que ma mère dirigeait tout et mon père navait quasi rien à dire, le pauvre, il lui demandait même son argent de poche. Faut dire quelle avait ouvert un commerce de chaussures et quelle a eu le sens des affaires et aussi celui de lavarice. Et je trouve ça franchement bizarre, parce que je suis plutôt une fille unique genre gosse de riche franchement super gâtée. Enfin, jétais car maintenant, cest retournement de situation ; cest moi qui paye son mazout, elle ne sen doute même pas, je pense quelle pense que cest une ressource naturelle qui vient du ciel ?

 

Ceci dit, elle ma obligé à faire du latin, des maths, etc. alors que je voulais dessiner et aller dans une école technique. Trop nul pour elle, donc parcours pas mal en zig zag mais finalement réussi. De toutes façons, elle mavait mise en pension à 11 ans, la galère, je nai jamais compris pourquoi, et jy ai bien ri, mais jy ai aussi pleuré des nuits entières avec lidée de fuir chaque jour. Ce quelle retient maintenant, cest que jy ai bien ri, mais parce que ça masque ses remords, non ??

 

A 16 ans, jai rencontré mon mari, longs cheveux blonds, parka verte, air rebelle, famille normale et modeste, village près de chez nous, hé non, pas un avocat, mais cest lui que je voulais et ça fait 30 ans que nous sommes unis et comme on dit, pour le meilleur et pour le pire, ce qui sest confirmé.

 

Mon mari a presque vécu chez nous jusquà notre mariage, amalgame de vie à 6 : mes parents, moi, mon futur mari, ma grand-mère et Nine(une vieille dame qui a toujours vécu chez nous). Amalgame de générations et surtout quand mon fils est né au milieu de ces gens : entre moi: 20 ans, mes parents: 50 ans, les aïeux: 80 ans

 

On a vécu longtemps chez mes parents, cest maintenant que je me rends compte que jétais restée leur fille: malgré mon mariage et mon bébé, je navais pas de vie propre. Cette période est très importante et a été décisive pour lévolution de mon fils et je peux en reparler plus tard.

 

Comme on voulait quand même avoir une maison et que mon mari avait une brique dans le ventre, il fallait bien se décider et cest là que tout a basculé du côté catastrophe: on (cest qui on ??) a décidé de construire une grande maison pour que mes parents vivent avec nous.

 

Cette grande maison, elle a bien été construite et nous y habitons, mais plus mon père, ni ma mère, juste nous et notre fils. Cette maison a pris la vie du frère de mon mari, qui y est mort accidentellement sur le chantier, Est-ce quon naurait pas dû la vendre à ce moment ??? Puis cest mon père qui est mort et toute la place était pour ma mère. Jai limpression, avec le recul que jhabitais dans sa maison.

 

Elle a quitté cette maison en 2000, ça fait 6 ans et je me bats encore pour récupérer ma maison. Jai vendu des meubles, jeté des bibelots, trié, etc. et cest pas encore fini, il y a encore des choses à elle, des marques de sa vie mêlée à la mienne, à la nôtre.

 

Elle est partie, dabord, parce que la maison était mal conçue, avec des parties communes, trop communes, hall de nuit, palier, escaliers, ça nallait pas du tout et ça na pas été depuis le début de cette vie ensemble. Mais trop tard, tu vas me dire ??? Ben, oui, fallait bien faire avec !

Mais ça na pas été du tout, mon fils a tout déclenché en faisant des crises de schizophrénie et des délires graves, doù, hospi en hp, déscolarisation, médoc, psy. Et personne ny comprenait rien, sauf un toubib qui a vu clair, en voyant la grand-mère débarquer dans notre cuisine sans crier garde alors quil nous entretenait de notre fils, au secours

 

Ceci dit, cétait elle ou moi, ou un divorce ou mon fils fuguait, ou je ne sais pas trop quoi et le jour où elle est entrée dans ma cuisine alors que je déjeunais bien tranquillement, je lui ai lancé avec violence un pot de confiture à la tête, pot qui sest écrasé contre le mur mais qui a marqué la rupture, la séparation.

 

Elle est partie quelques mois plus tard, habiter à 80 m de cette grande maison, je soigne les blessures de cette séparation, encore très vives après 6 ans. Elle va bien et mieux que quand elle était chez nous, mais elle a vieilli et perdu du temps, elle comme nous à vivre en cercle fermé.

 

Tous ces évènements mont rendu très fragile nerveusement mais jai beaucoup de courage et surtout, jai compris tout ce qui nous était arrivé et je devrais lui en vouloir, et je ny arrive pas. Je vis avec des hauts et des bas, je travaille beaucoup, je suis très heureuse avec mon mari et mon fils qui a pas mal récupéré aussi.

 

Jai encore beaucoup de choses à expliquer parce que je dois développer mon enfance, mon adolescence et ma vie de femme mariée où elle a été présente à tout moment.

 

Je dois expliquer aussi le présent et comment je gère au quotidien sa vieillesse et son caractère.

 

Voici un exemple concret de situation pénible quand elle vivait avec nous:

-  Le jardinier est venu couper des arbres dans la propriété et nous laidons à évacuer et couper des branches et branchettes.

« Va chercher un sécateur, ce sera plus facile. »

« Oui, je vais le ramener si je le trouve. »

« Ah, donne, je vais couper tout ça, hé, mais cest à moi, ce sécateur, cest le mien, je crois ! Je le reconnais, et en plus, il ne coupe plus, regarde les coups dans la lame, viens un peu ici que je te donne une fessée ! Enfin, il est abîmé, cest bien toi, ça ! . »

De là, à ce quelle me déculotte devant le jardinier, y avait quun pas

 

Henri, si jai mal à la tête demain, je te coupe la tienne, je me demande si cest bon pour moi de remuer tout ça, mais ça servira pour dautres couples et dautres parents.

 

Je te donne la suite bientôt, cest le présent au quotidien, une lutte pour garder ma position durement acquise de femme.