Sections du site en Octobre 2009 : Ajouts successifs d’articles -- Sujets
d’articles à traiter – Pour publier -- Post-Polio -- L'aide à domicile --
Internet et Handicap -- Informatique jusqu’à 100 ans – Etre en lien --
L’animal de compagnie -- Histoires de vie -- Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de
l’avant -- Tous chercheurs -- Liens –Le
webmestre.
RETOUR A LA PAGE D’ACCUEIL : CLIC AUTEURS, TITRES DE TOUS ARTICLES : CLIC SYNTHESE GENERALE: CLIC
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
ECRIRE DES POEMES, UNE AIDE AU BIEN VIEILLIR. CONTRIBUTION
D’UN OCTOGENAIRE EX INSTITUTEUR
Jean POMMATAU, né en 1931
Introduction, Par Henri Charcosset
Jean Pommatau
nous a déjà fait bénéficier de deux
articles, dont le premier avec son épouse, Claudia, également ex maitre d’école :
Pommatau Jean et Claudia (2007), Vocation instituteur. Maitre d’école au service des enfants
Pommatau Jean, né en 1931(2012), Histoires d’école
Cette contribution-ci est faite d’une
série de poèmes, par l’auteur, qui peut être joint au travers du webmestre, d’adresse
mail : henri.charcosset@neuf.fr
.
Nous
n’irons plus au vieux lavoir
Où
l’on s’embrassait sur la bouche
Nous
n’irons plus au vieux lavoir
Bat le
linge de son battoir
Et
met sa lessiveuse au feu
Nous
n’irons plus au vieux lavoir
Où
je sortais mon écritoire
Rimant
ma romanche infinie
Nous
n’irons plus au vieux lavoir
Son
toit a croulé sous le ciel
Nous
n’irons plus au vieux lavoir
Les
ans nous ont tous deux blanchis
Mon
poème je le laisse choir
Et
mes longs souvenirs aussi
Il pleut
Il pleut comme le lait dans le seau du berger
Il pleut comme le vin pendant la pressurée
Il pleut sur les narcisses
Il pleut sur les génisses
La pluie frappe le sol comme tambour battant
Il pleut sur les étangs, les landes et les bois
Il pleut dans les jardins, les cours, sur les toits
Ton corsage mouillé laisse entrevoir tes seins
Il pleut sur mon passé, sur ma riante enfance
Il pleut tout doucement sur le pays de France
La vieillesse est parfois
un drame
La mort qui approche un
souci
De
petits soucis quotidiens
D’amour
et de fidélité
Se
chamaillent parfois
Mais
c’est futilité
Au
seuil de la vieillesse
Leurs
baisers ne sont plus que caresse
Leurs
pensées ne sont jamais perverses
Les
anciens parlent à mi-voix
Ils
parlent avec émoi
De
printemps prometteur
D’étés ensoleillés
D’automnes
enchanteurs
Et
d’hivers enneigés
Ils
parlent à mi-voix
Ils
n’ont rien oublié
Leur
regard est tourné
Là bas
vers le passé
Leur
futur est bien limité
Leur
départ a déjà sonné
Ils
parlent lentement
Pour
retenir le temps
Leurs
gestes sont très lents
Ils
vont tout doucement
Inexorablement
Vers le
trépas qui les attend
Mon pays
Mon pays fleure bon le lait et le
gruyère
Que l’on s’en va quérir là-bas à la
fruitière
Mon pays fleure bon les cochons
égorgés
Tout au fond de la cour par le vieux
charcutier
Mon pays fleure bon les choux de la
chaudière
La crêpe qui croustille, les flambées
de bruyère
Mon pays fleure bon les narcisses et
fritillaires
Mon pays fleure bon la froidure de
l’air
Qu’on chantait en cadence en montrant
le doigt
Mon pays fleure bon mon enfance passée
Là bas dans mon village tout en haut du Bugey
Pouvoir des
mots
Je crois au
pouvoir apaisant des mots, ceux
Qu’on
prononce au chevet d’un mourant
Ou d’un
enfant malade
Mots
liberté fraternité laïcité
Je crois au
pouvoir des mots, mots de Baudelaire
Zola, Jaurès ou
bien Rimbaud
Je crois au pouvoir des
mots face à l’injustice
L’intolérance, la
domination de l’argent
Ces mots qui redonnent,
mots tendres et mots durs
Mots qui ont décidé de
transformer le monde
Je crois au pouvoir des
mots face à l’argent
Des mots grossiers des mots
vulgaires
Des mots puissants et
libertaires
Des mots au dessous de la
ceinture
Des mots amour des mots
luxure
Des mots je hais, des mots
je t ‘aime
Mots parfumés de cyclamen
Des mots qui chassent
l’imposture
Mots qui s’effacent mots
qui perdurent
Des mots criant la liberté
Des mots criant l’égalité
Des mots gavroches
Des mots bien moches
Des mots liberticides
Des mots qui poussent au suicide
Des mots poulbot des mots
d’assaut
Des mots qui naissent
Des mots qui meurent
Des mots d’enfant
D’instituteur ou d’adjudant
Mots qui bourdonnent autour
de l’endormie
Mots qu’on fredonne pendant
la nuit
Mots que l’on crée avec
succès
Des mots nouveaux
Néologismes ou bien argot
Indignés
Ceux
qui n’ont pas de tort
Ceux
qui galèrent en fin de mois
Ceux
qui s’endorment sous les ponts
Enveloppés
dans des cartons
Ne
vont-ils pas se révolter
Gagner
le camp des insurgés
Ceux
qui mangent aux restos du Cœur
Ceux
qui faute de soins se meurent
Ceux
qui sont tout bourrés de dettes
Ceux
qui n’ont rien pour leurs emplettes
Ne
vont-ils pas se révolter
Gagner
le camp des insurgés
Ceux
qui sont seuls bardés de gosses
Ceux
qui n’ont jamais fait la noce
Ceux
qui n’ont jamais vu la mer
Ceux
qui galèrent ceux qui misèrent
Ne
vont-ils pas se révolter
Gagner
le camp des insurgés
Celles
qui se prostituent
Pour
travailler leurs diplômes
Celles
que le sida tue
Celles
qui dorment dans les rues
Celles
qui demandent l’aumône
Vont-elles
enfin se révolter
Gagner
le camp des insurgés
Ceux
qui ont perdu tout espoir
Dont
la vie n’est que chagrin
Qui
va leur tendre la main
Pour
les sortir de leur mouroir ?
Vont-ils
enfin se révolter
Gagner
le camp des insurgés
Jésus
là bas en Galilée
Etait
du camp des insurgés
Il est temps…
Il est temps aujourd’hui
de relire l’Évangile
Expurgés des scories des
différents conciles
Débarrassé enfin des
prêtres pédophiles
Des ayants droits, des
dévots imbéciles
Des bigots tournant autour
du bénitier
Marmonnant patenôtres et
multiples ave
Généraux décédés au cœur
des cathédrales
Sabres et goupillons
épousailles fatales
Il nous faut oublier
Ces faits de l’église et
sa morbidité
Fini toutes richesses du
Vatican
Des tables.. couvert d’or et de diamant
De chasubles bourrées de
fils chatoyants
Fini l’impunité, le bûcher
de sciences
Qu’on regardait brûler en
lisant son bréviaire
Ce sont l’abbé dénommé
Pierre
Sœur Thérèsa
sous le faubourg de Calcutta
Soulageant tous les maux
de trop nombreux paria
Sœur Emmanuelle la
catho-libertaire
Distribuant capotes dans
la banlieue du Caire
L’église retrouvera-t-elle
la pauvreté d’antan
La solidarité sans le
parfum d’encens
Les valeurs de l’amour les
valeurs du pardon
Renonçant à jamais aux
fastes du démon
Je ne sais
plus…
Je ne sais plus
tailler le sabot
Pour Isabelle ou
bien Margot
Saurai-je une prière
encore
Le jour où s’en
viendra la mort
Je ne sais plus
conter fleurette
Le long des quais du
vieux Lyon
À la si belle Marinette
À la si douce Madelon
Saurai-je…
Je ne sais plus
conter d’histoire
Oui j’ai cassé mon
violon
Ma contre basse et mon basson
Sur un lit de marbre
et d’ivoire
Saurai-je…
Je ne sais plus
essuyer larmes
Au coin d’un œil compatissant
Je ne sais plus
hisser les armes
Du CRS ou du sergent
Saurai-je…
Ravitaillerai-je un
jour ma plume
Pour conter mes
amours d’antan
À l’heure où les
grands prés s’embrument
Où les oiseaux
taisent leur chant
Saurais-je…
Retrouverai-je mon
fuseau
Pour refiler un jour
la laine
Au bord du Rhin au
bord du Seine
Au bord du chant des
matelots
Tant de vers
Je
voudrais écrire tant de vers
Qui
changent la couleur du ciel
Qui
fassent rêvasser les belles
Qui
change le cours des rivières
Je
voudrais écrire tant de vers
Disant
mon amour pour la terre
Je
voudrais écrire tant de vers
Pour
ceux qui triment dans la misère
Pour
le soleil qui ne luit pas
Contre
maladie et trépas
Je
voudrais écrire tant de vers
Pour
les coteaux ensoleillés
Pour
les bourrasques de la mer
Pour
les montagnes enneigées
Je
voudrais écrire tant de vers
Pour
consoler tout ton chagrin
Pour
trouver l’oubli dans le vin
Pour
monter château pierre à pierre
Je
voudrais écrire tant de vers
Qui
apportent un peu de lumière
À
tous les gens qui désespèrent
Aux
gueux vivotant sur la terre
Je
voudrais écrire tant de vers
Apporter
de belles chimères
Dans
l’étendue de vos malaises
Beaucoup
de mots qui vous apaisent
Je
voudrais écrire tant de vers
Contre
les larmes de tes yeux
Contre
les longs soirs malheureux
Pour
les mirages du désert
Je
voudrais écrire tant de vers
Pour
faire palpiter les cœurs
Pour
que ta joie toujours demeure
Dans
les palais ou les chaumières
Le vieux pion pédéraste à
l’haleine un peu rance
Promenant sa myopie parmi
les permanences
Il rêve d’un éphèbe aux
cheveux blonds qui danse
O vieux pédéraste je
plains ta solitude
Qui rêve d’amour grec et
de mers du sud
Ta vie à l’internat
confinant à l’absurde
Ta vie dans le collège à
l’ombre des études
Il traduit tout le jour
Virgile et Cicéron
Rêvant d’un amour fou à
perdre la raison
Il restera pour moi le
douloureux pion
Ne provoquant chez tous
que de la dérision
Il était une fois
une rose
Si je vous disais
son parfum
J’en oublierai la
rose éclose
J’en oublierai son
parfum
Il était une fois la
rose parfumée
Née de rameaux
ensoleillés
Le grand phare balaie
mon enfance si sage
la falaise et la plage
où roulent les galets
Le grand phare balaie
Les dunes de la mer
L’entrée de l’estuaire
Et les bateaux à quai
Le grand phare balaie
L’étable d’un autre âge
Le clocher du village
La terre des jardinets
Le grand phare balaie
Passé noyé de brume
Chagrin et amertume
Et mille et un regrets
Le grand phare balaie
Les amours de seize ans
Les baisers les serments
Ton cœur et ses secrets
Le grand phare balaie
La pauvreté des jours
La saison des amours
Eglise et minaret
Ma jeune adolescence
D’alors réminiscence
Et d’amours à jamais