Sections du site en Octobre 2009 :  Ajouts successifs d’articles -- Sujets d’articles à traiter – Pour publier --  Post-Polio -- L'aide à domicile -- Internet et Handicap -- Informatique jusqu’à 100 ans – Etre en lien -- L’animal de compagnie --  Histoires de vie  --  Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de l’avant -- Tous chercheurs -- Liens –  Le  webmestre.

 

RETOUR A LAPAGE D’ACCUEIL : CLIC            AUTEURS, TITRES DE TOUS  LES  ARTICLES : CLIC         SYNTHESE GENERALE: CLIC

 

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Juillet  2012

 

                                                                                                    HISTOIRES D'ÉCOLE

 

                                                                                             par Jean POMMATAU, né en 1931

 

 

  Introduction par Henri Charcosset, henri.charcosset@neuf.fr

 

Jean, avec son épouse Claudia née Loison en 1930, ont déjà publié sur ce site un témoignage de titre:

 

 Vocation instituteur. Maître d'école, au Service des enfants.

 CLIC   

 

  Cet article-ci est composé de 13 des 25 histoires d'école, relatées par Jean dans un fascicule privé. La sélection m'est personnelle, et très subjective.

 

 Nous replaçons les histoires choisies dans l'ordre où elles se trouvent dans le fascicule de Jean.

 

  S'il me fallait en recommander plus spécialement une, je choisirais LA BLOUSE, qui résume la «révolution » sur 60 ans, de la tenue vestimentaire des élèves et des maîtres.

 

 Cette contribution se rattache naturellement à la Section Histoires de vie en condensé, de ce site.

 CLIC

 

 Histoires d'école, Jean Pommatau, (71) La Chapelle de Guinchay

 

………………………………………………………………………………..

 

 

                                        MA MERE

 

 

     Ma mère à sa sortie de l'école normale d'institutrice du Rhône fût nommée à Villechenève, petit village des monts du Lyonnais.

 

      Elle devait avoir 18 ou 19 ans.

 

      Son école publique était fortement concurrencée par une école privée du village, qui accueillait la majorité des enfants.

 

      Recruter des élèves, tel était le but de ma mère.

 

      Elle fait campagne d'abord auprès du facteur du village, essayant de le convaincre avec l'argument suivant : « il serait normal qu'un fonctionnaire public envoie ses deux filles dans l'enseignement public. »

 

      A cet argument elle en ajoute un autre « un petit verre d'eau de vie quotidien au préposé ».

 

      Elle obtint satisfaction ; les deux filles du facteur gagnèrent bientôt les bancs de l'école publique.

 

 

 

                              HISTOIRE D'UN CHAPEAU

 

 

        Notre voisin, instituteur dans une petite commune du Brionnais effectuait son service militaire et était remplacé par Emma, une jeune suppléante.

 

        Monsieur Auchère, inspecteur de l'enseignement primaire était venu pour inspecter cette jeune institutrice.

 

        Avant d'entrer dans la classe, il suspendit son feutre au porte-manteau réservé aux élèves.

 

        Son inspection terminée il alla quérir son chapeau, mais oh! stupeur,l'objet avait disparu.

 

        Il crût d'abord à une mauvaise plaisanterie, rechercha son feutre, sur le poêle éteint, sur le globe terrestre, sur le musée de la classe....sans résultat.

 

        Il s'apprêtait à repartir tête nue, lorsqu'il avisa dans le pré voisin son feutre baveux et mâchouillé.

 

        Il enjamba les fils de fer barbelés pour rentrer en possession de son chapeau ; mais il dut constater les dégâts irrécupérables

 

Explication.......le jeune chien de la collègue avait pris le couvre-chef comme objet de ses jeux.

 

        Quelques temps plus tard à la conférence pédagogique, une institutrice venue avec son chien subit la question suivante de Monsieur Auchère:

 

        « J'espère qu'il ne s'agit pas d'un animal qui dévore les chapeaux d'inspecteurs »

 

 

                  

 

 

                                         LE PÈRE BOURG               

 

 

        Le père Bourg cumulait les fonctions d'instituteur – secrétaire de mairie-chasseur et pécheur devant l'éternel.

 

        Il officiait à St-Racho,petite commune proche de La Clayette.

 

        J'ai dit Saint-Racho, je devrais plutôt dire Racho sous Dun, car il avait éliminé le Saint de la commune en bon républicain anticlérical qu'il était.

 

        Donc, ce jour là, Monsieur Bourg était dans sa classe quand sa femme lui signifia qu'une compagnie de perdrix campait dans le pré voisin.

 

        Dare-dare il quitta les lieux, s'empara de son fusil et gagna le pré.

 

        Soudain il entendit le son du cor ; sa femme qui guettait à la fenêtre l'avertissait de l'arrivée imminente de l'Inspecteur de l'enseignement primaire

 

        Monsieur Bourg posa son fusil, regagna sa classe en toute hâte, se saisit d'un bâton de craie et écrivit de sa belle écriture au tableau noir:

 

 

                Morale :     Tel est pris qui croyait prendre.

 

                                     

                  

                            PLUSIEURS CASQUETTES

 

 

        Ce jour là l'inspecteur d'Académie accompagné d'un candidat à l'inspection primaire à qui il devait faire passer son épreuve pratique se rendirent à Saint Racho dans la classe de Monsieur Bourg.

 

        Ils frappèrent à la porte de l'école.... sans résultat ;

 

        Ils renouvelèrent leur geste, toujours pas de réponse ;

 

        Ils se décidèrent à entrer ; les élèves travaillaient studieusement et en silence, mais de maître point.

 

        Le candidat inspecteur tenta d'expliquer que Monsieur Bourg était aussi secrétaire de mairie et que sans aucun doute un paysan du village était venu consulter la matrice cadastrale.

 

        Mais l'absence se prolongea, l'inspecteur dit à un élève « va nous chercher ton maître ».

 

        Enfin apparut un bonne femme coiffée d'un châle, vêtue d'un corsage noir et d'une jupe longue tenant dans la senestre un "copon" et dans la dextre un tabouret à trois pieds.

 

        S'approchant de la paysanne et reconnaissant le père Bourg, le candidat à l'inspection déclara à l'Inspecteur d'Académie

 

   « je vous présente Monsieur Bourg dans l'exercice de ses fonctions ».

 

        Qu'est ce qui expliquait cet accoutrement ?

 

        L'épouse s'était rendue au marché de La Clayette pour y vendre volailles ou lapins ; la chèvre du couple ne se laissant traire que par la patronne, le père Bourg avait dû se déguiser pour que l'animal accepte de lui livrer son lait.

 

        L'histoire ne dit pas quelle note d'inspection eut Monsieur Bourg, ni si le candidat réussit à son épreuve pratique.

 

 

                      

                                     HISTOIRE D'UN COUVRE-CHEF                   

 

   

 

        C'était à l'occasion d'une conférence pédagogique à Brénod, petit chef-lieu de canton du Haut Bugey.

 

         Etaient  réunis sous la houlette de l'inspecteur de l'enseignement primaire, les instituteurs des communes voisines .

 

        Ce jour, l'inspecteur arriva avec un superbe chapeau.

 

        A qui l'admiraient , il déclara que ça faisait partie de la dignité de l'inspecteur.

 

       A l'issue de la conférence, ce dernier , oubliant son feutre regagna sa voiture.

 

        Madame LACROIX, maîtresse d'école à Corcelle s'empara du couvre-chef et avec de la gêne le remit à Mr.L'inspecteur en déclarant :

 

        «Monsieur  l'inspecteur vous avez oublié votre dignité »

 

                     

 

                                             UNE DECORATION

 

 

        Monsieur l'Inspecteur Auchère rimait avec austère.

 

        Sa marotte c'était l'orthographe. Il excellait pour découvrir la faute dans un devoir, un rapport, un cahier.

 

        Ce jour-là, à la suite d'un repas qui suivait la conférence pédagogique d'automne où bien entendu, on avait mangé du lièvre, Monsieur Auchère étant un grand chasseur devant l'éternel, le dénommé avait sans doute un peu forcé sur le Beaujolais, car à la surprise générale, voilà ce qu'il raconta :

 

        « J'étais chargé d'agrafer une décoration sur la poitrine d'une de vos collègues (les palmes académiques peut-être ) mais j'ai eu beau chercher, je n'ai pas trouvé »

 

        Stupeur dans l'assistance, Monsieur Auchère dépassait les bornes.

                                                                                                                   

        

 

          

                                      LE GRAND GILBERT

 

 

        Gilbert, maître d'école à X..... …....surnommé le grand Gilbert à cause de son mètre quatre vingt dix était un excellent maître, mais avait la main un peu leste.

 

         C'est ce qu'était venu lui reprocher Monsieur l'Inspecteur primaire au cours d'une inspection,

 

        « vous savez les sévices physiques, ce n'est pas dans le règlement»

 

         Gilbert avisa un gamin au piquet derrière le tableau, l'en extirpa et déclara:

 

        «ce gamin m'a embêté toute le matinée, ce n'est pas dans le règlement », et lui administra deux taloches ?

 

          La suite de l'histoire, je ne la connais pas.

 

         Eut-il un blâme ? Tout ce que je sais c'est qu'il ne fût pas déplacé et qu'il prit une retraite paisible dans sa commune, partageant ses loisirs entre pêche  et jardinage.

 

 

 

 

                                                         MON EPOUSE

 

 

        Mon épouse, alors Mademoiselle Claudia LOISON succéda à la direction de l'école élémentaire à Madame Janet qui prenait sa retraite.

 

        Elle s'installa dans le logement de fonction à savoir une bâtisse du moyen âge aux murs épais qui avait abrité le chapitre de l'église St-Hilaire.

 

        Les classes possédaient des plafonds à la française, peints de motifs colorés et une immense cheminée Renaissance.

 

        Quand elle s'installa dans son nouveau logement, ma femme s'entendit dire par Madame Janet que le fantôme de son mari errait dans l'appartement.

 

        Madame Janet avait servi pendant de nombreuses années à l'école de Semur.

 

        Tout était mis en œuvre pour prévenir l'arrivée de l'Inspecteur primaire.

 

        Les habitués sonnaient trois fois à la porte de la cour ; si la sonnette ne retentissait qu'une fois, c'était un étranger.

 

Dans ce cas, à toute allure , on changeait les cahiers habituels, par des cahiers de l'inspecteur, où il était calligraphié, sans faute d'orthographe.

 

Madame Janet avait pris l'habitude d'écrire au crayon et les élèves repassaient sur les modèles.

 

        Un gamin allait ouvrir à l'inspecteur.  

  

        Tout était en ordre, le tour était joué.

 

                                     

 

…. 3 MOTS D'ENFANTS …

 

 

 

        J'emmenais sur mes bras ma fille, âgée de trois ans, dans les jardins du Musée Océanographique de Monaco ; il faisait une chaleur torride, nous pénétrâmes à l'intérieur.

 

        Des bulles s'élevaient dans un aquarium.

 

        La fillette déclara « moi aussi papa j'en voudrais bien de la limonade ».

 

                                      ---------------------

 

        Rentrant  par une nuit étoilée un de mes enfants déclara « Le ciel est plein de bonbons.

 

                                        --------------------

 

         Enfin Anne ma petite qui se baignait dans un lac, à qui l'on demandait si elle avait pied, déclara :« non j'ai cou »

 

 

                                     

 

                                        LA BLOUSE

 

 

         A l'école primaire, dans mon enfance, écoliers et écolières portaient la blouse – blouse généralement noire pour les garçons agrémentée parfois d'un filet rouge – blouse plus fantaisie pour les filles.

 

        La blouse était souvent  un cache-misère, masquant un pull troué, ou une culotte effrangée.

 

         C'était l'uniforme d'alors qui  mettait au même rang, riches et pauvres.

 

        Ajoutons -y le béret basque vissé sur la tête des garçons qui prenait une couleur indéfinissable au fil des âges.

 

        La blouse nous la retrouvons au collège, grise alors, avec ses multiples usages.

 

         On s'y essuyait les mains, on y essuyait aussi la plume du stylo, on, attachait à la ceinture un ficelle à laquelle était suspendu un flacon d'encre «watermann ».

 

        Instituteur, à mes débuts, je portais aussi la blouse grise,mais je n'oubliais pas chaque matin de nouer ma cravate.

 

        Plus tard, la blouse grise fit place à celles en nylon, aux coloris plus vifs.Enfin l'usage s'en perdit pour les maîtres comme pour les élèves. On en vint à la veste, au pull, au polo, on oublia la cravate.

 

        C'est à cette époque, que les institutrices se mirent à porter des pantalons, ce qui jusqu'alors était prohibé.

 

        Je me souviens, dans mon enfance,du père Lacroix,instituteur à Corcelles qui me donnait des cours de violon.

 

 Il enfilait par la tête une sorte de chasuble noire ressemblant ainsi à un évêque laïque ou à un procureur de la rébublique

 

 

 

 

                                               ARBRE DE NOËL                                             

 

 

        Chaque année à  l'approche de Noël, on dressait un sapin dans la salle des fêtes de Semur, où, l'on réunissait les élèves des trois classes.

 

         On distribuait des friandises et on passait un film.

 

         A cette fête était convié le garde champêtre qui tenait le rôle du Père Noël – il fallait tout d'abord l'extirper d'un bistrot du village et passablement gai, il s'adressait à nos chers bambins..

 

         Ce jour-là, il déclara :

 

         « Les enfants, j'espère que vous avez été sages, et que vous méritez  vos cadeaux – Pourtant, j'ai vu dernièrement un galopin monter dans un arbre de la place d'où il a fallu le déloger »

 

         Notre fils Yves, au premier rang se leva derechef et cria à pleins poumons  :

   

         « Je ne recommencerai plus Père Noël ».

       

                                      ----------------------------------

 

 

 

                     HISTOIRE D'UN COUPLE DE PINTADES

 

 

 

        Avant que je n'organise moi-même les concours de manille à Semur en Brionnais, l'abbé Dubuisson, professeur de math au séminaire et ancien prisonnier organisait ce soir là un concours au profit de la Coopérative scolaire.

 

        Je participais au jeu avec Britmacher, un gendarme de La Chapelle.

 

        La chance nous sourit et nous remportâmes le concours dont le prix était un couple de pintades.

 

        Le jeu fini nous allâmes retirer notre lot – or les bestioles avaient disparu .

 

        Le lendemain à la sortie de la messe le garde champêtre, à grands coups de tambour annonça :

 

        « un couple de pintades a été retrouvé au hameau de Fugot  prière

aux intéressés de s'y rendre pour se les approprier »

 

        Nous rentrâmes avec notre bien, et nous pûmes savourer un bon salmis.

 

 

 

 

                                      MOTS D'ENFANTS

 

 

        Ma petite fille rentrant d'une visite chez son arrière-grand-mère qui s'exprimait le plus souvent en patois charolais s'enquérit

 

        « Pourquoi la grand-mère parle-t'elle toujours en Anglais ?

 

                                          -------------------

 

        Avisant de nombreux crucifix suspendus aux murs des pièces, ma petite-

fille demanda: 

 

        « Pourquoi tous ces pendus ? »

 

                                         ---------------------

 

        «Dis maman s'enquit ma petite-fille, le père Noël il était vieux quand tu étais petite  ? »

 

-       Mais oui Anne répondit sa mère

 

        « Mais pourquoi n'est-il pas mort ? »

 

                                      -----------------------

                                     

         A sa grand-mère d'origine portugaise qui parlait avec un fort accent, Jules mon arrière petit-fils déclara :

 

         « Pourquoi ta maman ne t'a pas appris à parler quand tu étais petite ? » .

      ,