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Juillet 2012
HISTOIRES D'ÉCOLE
par Jean POMMATAU, né en 1931
Introduction par
Henri Charcosset, henri.charcosset@neuf.fr
Jean, avec son épouse Claudia née Loison
en 1930, ont déjà publié sur ce site un témoignage de titre:
Vocation instituteur. Maître d'école, au Service des enfants.
Cet article-ci est composé
de 13 des 25 histoires d'école, relatées par Jean dans un fascicule privé. La
sélection m'est personnelle, et très subjective.
Nous replaçons les
histoires choisies dans l'ordre où elles se trouvent dans le fascicule de Jean.
S'il me fallait en
recommander plus spécialement une, je choisirais LA BLOUSE, qui résume la
«révolution » sur 60 ans, de la tenue vestimentaire des élèves et des maîtres.
Cette contribution se
rattache naturellement à la Section Histoires de vie en condensé, de ce site.
Histoires d'école, Jean Pommatau, (71) La Chapelle de Guinchay
………………………………………………………………………………..
MA MERE
Ma mère à sa sortie de l'école
normale d'institutrice du Rhône fût nommée à Villechenève,
petit village des monts du Lyonnais.
Elle devait avoir 18
ou 19 ans.
Son école publique
était fortement concurrencée par une école privée du village, qui accueillait
la majorité des enfants.
Recruter des élèves,
tel était le but de ma mère.
Elle fait campagne
d'abord auprès du facteur du village, essayant de le convaincre avec l'argument
suivant : « il serait normal qu'un fonctionnaire public envoie ses deux filles
dans l'enseignement public. »
A cet argument elle en
ajoute un autre « un petit verre d'eau de vie quotidien au préposé ».
Elle obtint
satisfaction ; les deux filles du facteur gagnèrent bientôt les bancs de
l'école publique.
HISTOIRE D'UN CHAPEAU
Notre voisin, instituteur
dans une petite commune du Brionnais effectuait son
service militaire et était remplacé par Emma, une jeune suppléante.
Monsieur Auchère, inspecteur de l'enseignement primaire était venu
pour inspecter cette jeune institutrice.
Avant d'entrer dans
la classe, il suspendit son feutre au porte-manteau réservé aux élèves.
Son inspection terminée
il alla quérir son chapeau, mais oh! stupeur,l'objet avait disparu.
Il crût d'abord à
une mauvaise plaisanterie, rechercha son feutre, sur le poêle éteint, sur le
globe terrestre, sur le musée de la classe....sans résultat.
Il s'apprêtait à
repartir tête nue, lorsqu'il avisa dans le pré voisin son feutre baveux et
mâchouillé.
Il enjamba les fils
de fer barbelés pour rentrer en possession de son chapeau ; mais il dut
constater les dégâts irrécupérables
– Explication.......le jeune chien de la collègue avait pris le
couvre-chef comme objet de ses jeux.
Quelques temps plus
tard à la conférence pédagogique, une institutrice venue avec son chien subit
la question suivante de Monsieur Auchère:
« J'espère qu'il ne
s'agit pas d'un animal qui dévore les chapeaux d'inspecteurs »
LE PÈRE BOURG
Le père Bourg
cumulait les fonctions d'instituteur – secrétaire de mairie-chasseur et pécheur
devant l'éternel.
Il officiait à St-Racho,petite commune proche de
La Clayette.
J'ai dit Saint-Racho, je devrais plutôt dire Racho
sous Dun, car il avait éliminé le Saint de la commune en bon républicain
anticlérical qu'il était.
Donc, ce jour là,
Monsieur Bourg était dans sa classe quand sa femme lui signifia qu'une
compagnie de perdrix campait dans le pré voisin.
Dare-dare il quitta
les lieux, s'empara de son fusil et gagna le pré.
Soudain il entendit
le son du cor ; sa femme qui guettait à la fenêtre l'avertissait de l'arrivée
imminente de l'Inspecteur de l'enseignement primaire
Monsieur Bourg posa
son fusil, regagna sa classe en toute hâte, se saisit d'un bâton de craie et
écrivit de sa belle écriture au tableau noir:
Morale
: Tel est pris qui croyait prendre.
PLUSIEURS
CASQUETTES
Ce jour là
l'inspecteur d'Académie accompagné d'un candidat à l'inspection primaire à qui
il devait faire passer son épreuve pratique se rendirent
à Saint Racho dans la classe de Monsieur Bourg.
Ils frappèrent à la
porte de l'école.... sans résultat ;
Ils renouvelèrent
leur geste, toujours pas de réponse ;
Ils se décidèrent à
entrer ; les élèves travaillaient studieusement et en silence, mais de maître
point.
Le candidat
inspecteur tenta d'expliquer que Monsieur Bourg était aussi secrétaire de
mairie et que sans aucun doute un paysan du village était venu consulter la
matrice cadastrale.
Mais l'absence se
prolongea, l'inspecteur dit à un élève « va nous chercher ton maître ».
Enfin apparut un bonne femme coiffée d'un châle, vêtue d'un corsage noir
et d'une jupe longue tenant dans la senestre un "copon"
et dans la dextre un tabouret à trois pieds.
S'approchant de la
paysanne et reconnaissant le père Bourg, le candidat à l'inspection déclara à
l'Inspecteur d'Académie
« je
vous présente Monsieur Bourg dans l'exercice de ses fonctions ».
Qu'est ce qui expliquait
cet accoutrement ?
L'épouse s'était
rendue au marché de La Clayette pour y vendre volailles ou lapins ; la chèvre
du couple ne se laissant traire que par la patronne, le père Bourg avait dû se
déguiser pour que l'animal accepte de lui livrer son lait.
L'histoire ne dit
pas quelle note d'inspection eut Monsieur Bourg, ni si le candidat réussit à
son épreuve pratique.
HISTOIRE D'UN COUVRE-CHEF
C'était
à l'occasion d'une conférence pédagogique à Brénod,
petit chef-lieu de canton du Haut Bugey.
Etaient réunis sous la houlette de l'inspecteur de
l'enseignement primaire, les instituteurs des communes voisines
.
Ce jour, l'inspecteur
arriva avec un superbe chapeau.
A qui l'admiraient , il déclara que ça faisait partie de la
dignité de l'inspecteur.
A l'issue de la
conférence, ce dernier , oubliant son feutre regagna
sa voiture.
Madame LACROIX, maîtresse
d'école à Corcelle s'empara du couvre-chef et avec de
la gêne le remit à Mr.L'inspecteur en déclarant :
«Monsieur l'inspecteur vous avez oublié votre dignité »
UNE DECORATION
Monsieur
l'Inspecteur Auchère rimait avec austère.
Sa marotte c'était
l'orthographe. Il excellait pour découvrir la faute dans un devoir, un rapport,
un cahier.
Ce jour-là, à la
suite d'un repas qui suivait la conférence pédagogique d'automne où bien
entendu, on avait mangé du lièvre, Monsieur Auchère
étant un grand chasseur devant l'éternel, le dénommé avait sans doute un peu
forcé sur le Beaujolais, car à la surprise générale, voilà ce qu'il
raconta :
« J'étais chargé d'agrafer une décoration
sur la poitrine d'une de vos collègues (les palmes académiques peut-être ) mais j'ai eu beau chercher, je n'ai pas trouvé »
Stupeur
dans l'assistance, Monsieur Auchère dépassait les
bornes.
LE GRAND GILBERT
Gilbert, maître d'école à
X..... …....surnommé le grand Gilbert à cause de son mètre quatre vingt dix
était un excellent maître, mais avait la main un peu leste.
C'est ce qu'était
venu lui reprocher Monsieur l'Inspecteur primaire au cours d'une inspection,
« vous
savez les sévices physiques, ce n'est pas dans le règlement»
Gilbert
avisa un gamin au piquet derrière le tableau, l'en extirpa et déclara:
«ce
gamin m'a embêté toute le matinée, ce n'est pas dans le règlement », et
lui administra deux taloches ?
La suite de
l'histoire, je ne la connais pas.
Eut-il un blâme ?
Tout ce que je sais c'est qu'il ne fût pas déplacé et qu'il prit une retraite
paisible dans sa commune, partageant ses loisirs entre pêche et jardinage.
MON EPOUSE
Mon épouse, alors
Mademoiselle Claudia LOISON succéda à la direction de l'école élémentaire à
Madame Janet qui prenait sa retraite.
Elle s'installa dans
le logement de fonction à savoir une bâtisse du moyen âge aux murs épais qui
avait abrité le chapitre de l'église St-Hilaire.
Les classes
possédaient des plafonds à la française, peints de motifs colorés et une
immense cheminée Renaissance.
Quand elle
s'installa dans son nouveau logement, ma femme s'entendit dire par Madame Janet
que le fantôme de son mari errait dans l'appartement.
Madame Janet avait
servi pendant de nombreuses années à l'école de Semur.
Tout était mis en
œuvre pour prévenir l'arrivée de l'Inspecteur primaire.
Les habitués
sonnaient trois fois à la porte de la cour ; si la sonnette ne retentissait
qu'une fois, c'était un étranger.
Dans ce cas, à toute allure , on
changeait les cahiers habituels, par des cahiers de l'inspecteur, où il était
calligraphié, sans faute d'orthographe.
Madame Janet avait pris l'habitude d'écrire au crayon et les
élèves repassaient sur les modèles.
Un gamin allait
ouvrir à l'inspecteur.
Tout était en ordre,
le tour était joué.
…. 3 MOTS D'ENFANTS …
J'emmenais sur mes bras ma
fille, âgée de trois ans, dans les jardins du Musée Océanographique de Monaco ;
il faisait une chaleur torride, nous pénétrâmes à l'intérieur.
Des bulles
s'élevaient dans un aquarium.
La fillette déclara
« moi aussi papa j'en voudrais bien de la limonade ».
---------------------
Rentrant par une nuit étoilée un de mes enfants
déclara « Le ciel est plein de bonbons.
--------------------
Enfin Anne ma
petite qui se baignait dans un lac, à qui l'on demandait si elle avait pied,
déclara :« non j'ai cou »
LA BLOUSE
A l'école primaire,
dans mon enfance, écoliers et écolières portaient la blouse – blouse généralement
noire pour les garçons agrémentée parfois d'un filet rouge – blouse plus
fantaisie pour les filles.
La blouse était
souvent un cache-misère, masquant un
pull troué, ou une culotte effrangée.
C'était l'uniforme
d'alors qui mettait au
même rang, riches et pauvres.
Ajoutons
-y le béret basque vissé sur la tête des garçons qui prenait une couleur
indéfinissable au fil des âges.
La blouse nous la
retrouvons au collège, grise alors, avec ses multiples usages.
On s'y essuyait les mains, on y
essuyait aussi la plume du stylo, on, attachait à la ceinture un ficelle à
laquelle était suspendu un flacon d'encre «watermann
».
Instituteur, à mes
débuts, je portais aussi la blouse grise,mais
je n'oubliais pas chaque matin de nouer ma cravate.
Plus tard, la blouse
grise fit place à celles en nylon, aux coloris plus vifs.Enfin
l'usage s'en perdit pour les maîtres comme pour les élèves. On en vint à la
veste, au pull, au polo, on oublia la cravate.
C'est à cette
époque, que les institutrices se mirent à porter des pantalons, ce qui
jusqu'alors était prohibé.
Je me souviens, dans
mon enfance,du père Lacroix,instituteur à Corcelles
qui me donnait des cours de violon.
Il enfilait par la tête une
sorte de chasuble noire ressemblant ainsi à un évêque laïque ou à un procureur
de la rébublique
ARBRE DE NOËL
Chaque année à l'approche de Noël, on dressait un sapin dans
la salle des fêtes de Semur, où, l'on réunissait les
élèves des trois classes.
On distribuait des
friandises et on passait un film.
A cette fête était
convié le garde champêtre qui tenait le rôle du Père Noël – il fallait tout
d'abord l'extirper d'un bistrot du village et passablement gai, il s'adressait
à nos chers bambins..
Ce jour-là, il
déclara :
« Les
enfants, j'espère que vous avez été sages, et que vous méritez vos cadeaux – Pourtant, j'ai vu dernièrement
un galopin monter dans un arbre de la place d'où il a fallu le déloger »
Notre
fils Yves, au premier rang se leva derechef et cria à pleins poumons :
« Je
ne recommencerai plus Père Noël ».
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HISTOIRE D'UN
COUPLE DE PINTADES
Avant que je n'organise
moi-même les concours de manille à Semur en Brionnais, l'abbé Dubuisson, professeur de math au
séminaire et ancien prisonnier organisait ce soir là un concours au profit de
la Coopérative scolaire.
Je participais au
jeu avec Britmacher, un gendarme de La Chapelle.
La chance nous
sourit et nous remportâmes le concours dont le prix était un couple de
pintades.
Le jeu fini nous allâmes
retirer notre lot – or les bestioles avaient disparu .
Le lendemain à la
sortie de la messe le garde champêtre, à grands coups de tambour annonça :
« un
couple de pintades a été retrouvé au hameau de Fugot prière
aux intéressés de s'y rendre
pour se les approprier »
Nous
rentrâmes avec notre bien, et nous pûmes savourer un bon salmis.
MOTS D'ENFANTS
Ma petite fille rentrant
d'une visite chez son arrière-grand-mère qui s'exprimait le plus souvent en
patois charolais s'enquérit
« Pourquoi la grand-mère parle-t'elle toujours en Anglais ?
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Avisant
de nombreux crucifix suspendus aux murs des pièces, ma petite-
fille demanda:
« Pourquoi tous ces pendus ? »
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«Dis maman s'enquit
ma petite-fille, le père Noël il était vieux quand tu étais petite ? »
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Mais oui Anne répondit sa mère
« Mais pourquoi
n'est-il pas mort ? »
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A
sa grand-mère d'origine portugaise qui parlait avec un fort accent, Jules mon
arrière petit-fils déclara :
«
Pourquoi ta maman ne t'a pas appris à parler quand tu étais petite ? » .
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