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Novembre 2011
L’HYPERTENSION ARTERIELLE : UNE MENACE
Dossier réalisé par Daniel
GLOAGUEN
Valeurs mutualistes n°268,
septembre, octobre 2010
Il y a déjà trois articles sur l’HTA, sur ce
site : l’HTA en 2004 ; en 2007 : l’ automesure ; en 2008 : l’hta mal silencieux
°°°°
L’hypertension artérielle
est considérée comme le facteur de risque cardio-vasculaire le plus dangereux.
En France, 11 millions de personnes
sont traitées pour cela et 4 autres millions s’ignorent hypertendus. Ce qui
rend le dépistage primordial.
Insidieuse,
l’hypertension artérielle (HTA) évolue pendant de nombreuses années sans aucun
symptôme. «C’est un tueur silencieux qui
n’est pas une maladie, mais un état : on est hypertendu. Elle est liée au
manque de distension des parois artérielles qui va provoquer une augmentation
des résistances périphériques responsable d’un excès de pression dans les
artères », explique Jean-Philippe Metzger, chef du département de
cardiologie médicale de l’hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris). L’HTA est définie
par une tension artérielle (TA) supérieure à 140/90 millimètres de mercure (ou
14/9 cm de mercure), sur l’un ou l’autre des deux chiffres, lors de plusieurs
consultations chez son médecin. Le premier chiffre, ou tension systolique,
correspond à la contraction du coeur nécessaire à
l’éjection sanguine ; le second, ou tension diastolique, à la décontraction
cardiaque.
UN RISQUE ACCRU D’ACC1DENT VASCULAIRE
CEREBRAL
D’après une étude
internationale parue dans la revue médicale The
Lancet en juin dernier, parce qu’elle fragilise les parois vasculaires,
l’HTA augmente le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) par 2,5,
notamment chez les sujets de moins de 45 ans. Autre facteur de risque
d’AVC : la variabilité de la tension artérielle, autrement dit l’existence
fréquente d’à-coups tensionnels. Et plus la tension
artérielle est élevée, plus les risques augmentent. Ce danger ne se limite pas
au cerveau : il concerne aussi le coeur
(infarctus), les poumons (œdème aigu) et les reins. De surcroît, les autres
facteurs de risque cardio-vasculaire ont également leur importance « car en matière de risque, les facteurs se
cumulent. Une TA de 13/8 est déjà considérée comme une HTA chez le diabétique
alors qu’elle ne l’est pas chez le non diabétique », souligne Jean-Philippe
Metzger.
DES CAUSES MULTIPLES
L’HTA peut apparaître
dans les suites d’un dysfonctionnement rénal ou endocrinien, du fait d’un
surpoids (notamment dans sa forme abdominale - bedaine - entre 40 et 60 ans),
de la sédentarité, d’un manque de sommeil, de l’abus des boissons et aliments
édulcorés au fructose, du froid chez les seniors. « Toutefois, sa cause la plus fréquente reste l’âge. Le vieillissement
artériel s’accompagne en effet d’une perte naturelle de la souplesse des parois
artérielles », indique Xavier Girerd, cardiologue
à l’hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris).
A CHAQUE PATIENT SON TRAITEMENT
Vaste, l’arsenal thérapeutique
comporte huit familles d’hypertenseurs permettant de personnaliser le
traitement des patients, en fonction de leur profil, de leur âge, de la nature
de leur hypertension, de leur mode de vie et de la présence d’un ou plusieurs
autres facteurs de risque cardio-vasculaire. La pharmacopée permet de couvrir
toutes les situations possibles. « Les
vingt dernières années ont vu l’apparition de nouveaux médicaments alliant
bonne efficacité thérapeutique, simplicité d’utilisation et excellente tolérance
des prescriptions, comme avec la famille des antagonistes de l’angiotensine.
Pour autant, les traitements « historiques » de I’HTA, comme les diurétiques, les bêtabloquants ou les antagonistes
classiques restent encore très utilisés, en particulier lorsque plusieurs
médicaments sont utiles», précise Xavier Girerd.
L’efficacité médicamenteuse, qui se traduit par un retour de la tension
artérielle à des chiffres normaux, peut néanmoins entraîner une fausse
impression de guérison. «L’HTA se soigne très bien, mais ne se guérit pas !
D’où l’importance de ne pas stopper son traitement, même lorsque les chiffres
reviennent à la normale. Or, trop nombreux sont ceux qui arrêtent leur
médicament au cours de la première année de traitement ! »
FAIRE PREUVE DE DISCIPLINE
« La discipline est le premier traitement de
l’hypertendu. Le patient doit prendre son traitement tous les jours et adopter
une bonne hygiène de vie en luttant de front contre tous ses facteurs de risque
», insiste Jean-Philippe Metzger.
Selon les cas, le médecin traitant peut recourir à un ou plusieurs traitements
en association. Les recommandations actuelles privilégient plutôt une
monothérapie en première intention, autrement dit le choix d’un seul médicament
dans un premier temps. En cas d’inefficacité, un second peut être prescrit. « Les médecins disposent désormais de
traitements qui associent deux principes actifs dans un seul médicament. Cette
combinaison permet une meilleure adhésion du patient à son traitement, rendu
plus simple d’utilisation, et une diminution des effets indésirables. Au final,
ce traitement « double » permet une meilleure efficacité », commente
Xavier Girerd. Il conseille également de ne pas
hésiter à prendre l’avis d’un spécialiste, cardiologue, néphrologue ou hypertensiologue (au nombre d’une trentaine en France),
lorsque l’HTA semble résister aux traitements habituels prescrits par le
médecin traitant.
DE POSSIBLES EFFETS INDESIRABLES
Pour autant, et comme
tout médicament, les antihypertenseurs ne sont pas
dénués d’effets secondaires. « Les
bêtabloquants et les diurétiques par exemple sont déconseillés chez
l’hypertendu en surcharge pondérale abdominale du fait d’un risque de
développer un diabète », confirme Xavier Girerd. « On
doit aussi avertir le patient de la survenue éventuelle d’oedèmes des membres
inférieurs gênant le chaussage lors du traitement par inhibiteurs calciques ou
encore d’une toux avec les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, et même d’une
gynécomastie (développement des glandes mammaires chez l’homme) lors des
traitements par Aldactoneâ (spironolactone)
», complète JeanPhilippe
Metzger.
L’HTA en chiffres
- La tension artérielle
moyenne des français âgés de 18 à 74 ans est de 12,3/7,7.
- 30% sont hypertendus.
Un taux qui grimpe à 67% chez les 65-74 ans.
- 20à 50% des hypertendus
ne seraient pas correctement soignés en France, faute d’avoir été
diagnostiqués.
- La cause de
l’hypertension n’est pas clairement identifiée pour 95% des personnes
concernées.
- 50% des hypertendus ont
une obésité abdominale.
- Sur le marché des
médicaments, il existe plus de 300 hypertenseurs.
- Seul un tiers des
hypertendus possède un appareil pour mesurer la tension.
Une part génétique ?
L’existence de familles
d’hypertendus suggère une responsabilité génétique. « L’HTA serait « multigénique », autrement dit sous la dépendance de
plusieurs gênes qui interagiraient avec l’environnement », indique le Pr Girerd. Cela étant dit, aucun gène de prédisposition à
I’HTA n’a encore été identifié avec certitude, même si certains chromosomes (6,
2, 5, 9 et 17) attirent plus particulièrement l’attention des chercheurs.
Dépister l’hypertension artérielle pour
la traiter le plus tôt possible : oui, mais comment ?
Analyse et conseils
pratiques avec le Professeur Xavier Girerd,
cardiologue à l‘hôpital. Pitié-Salpêtrière (Paris), ancien président du Comité
français de lutte contre l’hypertension artérielle (CFLHTA).
« L’hygiène de vie est très importante »
Valeurs Mutualistes : Comment améliorer le
dépistage de l’hypertension artérielle ?
Xavier Girerd : Si l‘hypertension artérielle peut concerner toutes les
tranches de la population, certaines personnes sont plus exposées que d’autres
et méritent une attention particulière. Ainsi, avoir un parent proche
hypertendu (père, mère, frère, soeur...) et traité avant l’âge de 50 ans
augmente le risque d’avoir une HTA avant l’âge de 50 ans. Dans ce cas, le
contrôle de la tension artérielle doit être pratiqué chaque année dès l’âge de
25 ans. Autre classe d’âge visée par un dépistage systématique, les hommes de
40 à 55 ans, car ils ont une assez forte probabilité de ne pas voir souvent un
médecin ou de ne pas prendre leur traitement du fait de leur mode de vie. En
cas de surcharge pondérale (ce qui s’observe de plus en plus chez les 25-30
ans), il est conseillé de contrôler sa tension artérielle tous les deux ans à
partir de 30 ans : un surpoids, même modéré, est un facteur de risque
important d’HTA, notamment lorsque la surcharge est abdominale. La mesure du
périmètre abdominal est par conséquent un geste primordial dans le dépistage
ciblé de l‘HTA, notamment entre 40 et 60 ans. C’est d’autant plus important que
ces hypertendus sont assez faciles à soigner par des mesures d’hygiène de vie
et par les traitements médicamenteux. Pour certains, on peut même envisager de
contrôler la tension artérielle par l’hygiène de vie et de se passer de
médicaments antihypertenseurs !
V.M. : Qu’en est-il du contrôle de la tension à
partir de 50 ans ?
X.G : L’HTA
est fréquente à partir de 60 ans : 70%
des hypertendus traités ont plus de 60 ans. A partir de 50 ans, le contrôle
de la tension artérielle en consultation doit donc être annuel avec, pourquoi
pas, quelques contrôles ponctuels à l’aide d’un appareil d’auto mesure, l‘effet
« blouse blanche » se révélant plus important à cet âge et la tension relevée
en consultation possiblement trompeuse.
V.M. : Que conseillez-vous aux hypertendus?
X.G. : De
bien respecter les prescriptions médicales et de ne pas stopper leur
traitement, même lorsque les chiffres de la tension reviennent à la normale.
Mais l’hygiène de vie est également très importante : elle peut permettre
de diminuer les chiffres tensionnels. Perdre trois ou
quatre kilos est toujours bénéfique lorsqu’on est hypertendu. L’activité
physique aide à régulariser la tension artérielle chez certains. Il faut
privilégier les activités en endurance comme le cyclisme ou à défaut le vélo
d’appartement, le jogging, la marche norvégienne ou encore la natation, au
moins vingt minutes trois fois par semaine. En revanche, la simple marche à
pied n’est pas suffisante. L’hypertendu ne doit pas consommer plus de 6 g de
sel par jour, sous forme de chlorure de sodium. Attention à certains aliments
riches en sel caché, comme le fromage, les charcuteries, le pain (20 g par kilo
de farine) et les préparations à base de pain ou encore la pizza qui contient
environ 8 g de sel. Quant à l’alcool, il n’intervient pas comme facteur de
risque de survenue ou d’entretien d’une HTA lorsqu’il s’agit d’une consommation
modérée conforme aux recommandations. En revanche, lorsqu’il existe une
dépendance à l’alcool, l’HTA devient très difficile à prendre en charge.
Diminuer le sel alimentaire
Du fait de ta rétention d’eau
provoquée par le sel, une alimentation trop salée constitue un facteur de
risque d’HTA. En 2002, L’Afssa conseillait de ne pas
dépasser 7 à 8g de sel par jour. Objectif toujours pas atteint : ce chiffre
oscille de 8,7 à 9,7 g actuellement.
Pour autant, baisser sa
consommation de sel n’est pas toujours suffisant pour normaliser les chiffres tensionnels, comme le précise Xavier Girerd
: « Le sel favorise l’HTA à des degrés divers puisque 30% des hypertendus
y sont sensibles. En d’autres termes, 70% des hypertendus ne verront pas leurs
chiffres tensionnels modifiés par une consommation
moindre de sel. »
Faire prendre sa tension par son médecin ne suffit
plus pour diagnostiquer avec certitude ou contrôler une hypertension.
Désormais, la mesure au
domicile s’impose.
L’intérêt de l’auto mesure
Prendre sa tension chez
soi ? Même l’Académie nationale de Médecine est pour et la recommande. « Car l’auto mesure pratiquée au domicile à
l’aide d’un appareil est celle qui permet le mieux d’évaluer le niveau réel de
la tension et le risque encouru. Avant de débuter un traitement
antihypertenseur, le médecin devrait toujours s’assurer du niveau de tension en
dehors de sa consultation », confirme Xavier Girerd.
Répéter les mesures permet de mieux évaluer sa tension, de faire émerger une
tendance à l’hypertension. De plus, contrôler soi-même sa tension contribue à
observer davantage son traitement.
DE L’EFFET « BLOUSE BLANCHE » A L’HYPERTENSION MASQUEE
Les chiffres relevés en
consultation s’avèrent parfois faussés, du fait d’imprécisions techniques, mais
aussi et surtout du fameux effet « blouse blanche ». Stress oblige, ce
phénomène rend souvent la tension supérieure à celle qui prédomine au domicile,
d’où une possible surestimation des chiffres chez 10 à l5% des patients. C’est le niveau de la tension artérielle au
domicile, au calme et au repos, qui détermine le mieux le risque de
complications cardio-vasculaires. Autre intérêt de l’auto mesure le dépistage
des hypertensions « masquées »,
autrement dit les hypertensions élevées au domicile et normales au cabinet
médical, celles risquant de ne pas être repérées, donc de ne pas être traitées
(cas type de l’hypertendu qui s’ignore). «
L’auto mesure permet également d’apprécier l’efficacité d’un traitement, comme
chez les personnes de plus de 60 ans, sujettes à une variabilité de la tension
artérielle, vieillissement artériel oblige. Une variabilité qui va concerner
surtout la tension systolique », explique le Pr Girerd.
L’enjeu du dépistage de ces hypertensions à forte variabilité est
important : le risque d’AVC est multiplié par 6 chez 10 % des sujets concernés.
PREFEPER L’APPAREIL AU BRAS
Pour être efficace, l’auto mesure doit
être pratiquée après cinq minutes de repos et trente minutes sans tabac ou
café, en position assise, les jambes non croisées, sans bouger et sans parler. Les mesures doivent être effectuées six fois par
jour (trois fois le matin avant le petit déjeuner et trois fois le soir avant
le coucher), pendant trois à cinq jours consécutifs. Le relevé des mesures doit
être confié au médecin, à même d’analyser les résultats.
Bien que d’utilisation
simple, l’utilisation de l’appareil réclame une période d’apprentissage où le
médecin traitant trouve toute sa place comme conseiller privilégié. Sauf
exceptions (sujets obèses), il est préférable d’utiliser les appareils qui se
positionnent sur le bras (brassard huméral), plutôt qu’au poignet (radial),
trop sensibles à la position de la main et des doigts. L’Académie de médecine
recommande l’usage des appareils à mémoire (téléchargement ou
télétransmission). Un bon appareil coûte entre 60 et 100 €. Aucun n’est
remboursé par l’Assurance maladie. A ce jour, on dénombre 4 millions
d’appareils en France. 40% des foyers avec un hypertendu en possède un.
Apnées du sommeil et hypertension
Les apnées du sommeil
correspondent à des arrêts prolongés et fréquents de ta respiration pendant le
sommeil. Cette pathologie, fréquente chez les hommes de plus de 40 ans en
surcharge pondérale, s’accompagne d’une hypertension nocturne délétère sur les
artères. Explications de Jean-Philippe Metzger : « Les apnées du sommeil augmentent de 30% les risques d’accidents
vasculaires cérébraux ou cardiaques. Car, lorsque la respiration redémarre, la
tension artérielle et le pouls augmentent de façon très importante, et ce,
chaque nuit ! D’où l’intérêt d’interroger son entourage sur l’existence
d’arrêts respiratoires et d’un ronflement, très évocateur. » L’utilisation
d’une ventilation nocturne assistée (ou pression positive continue) permet
d’éviter les poussées hypertensives nocturnes et d’améliorer la qualité de vie
du patient.
En s@voir +
- automesure.com
- academie-medecine.fr
- afssaps.fr
- comitehta.org
- sfhta.org