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Mars 2011
TECHNOLOGIES INFORMATIQUES ADAPTEES AU HANDICAP
MENTAL UTILISEES EN SITUATION.
Partie 1 : Les Technologies de l’Information
et de la Communication en éducation spécialisée
BONJOUR
Audrey
Centre de
recherche sur les médiations (CREM), Université Paul Verlaine Metz
RÉSUMÉ : Cet
article présente des usages des Technologies de l’information et de la
communication pour l’enseignement (TICE) auprès de personnes handicapées
mentales accueillies en établissement spécialisé. Ces usages ont été identifiés
à partir de différentes méthodes de recueil de données. Les TICE en éducation
spécialisée seront confrontées aux TICE en éducation scolaire. Une approche
méthodologique de l’utilisation des TICE pour l’éducation spécialisée se
fondant sur diverses recherches sera enfin exposée.
Mots clés : assistive
technology for cognition, éducation spécialisée, handicap mental, TICE.
Introduction
Cet article s’intéresse à
l’évolution des modes de prise en charge des personnes handicapées mentales
accueillies en établissements spécialisés, notamment via des activités informatique et/ou Internet. La question des
apprentissages par le biais des TICE (Technologies de l’information et de la
communication pour l’enseignement) sera abordée à partir de cette focale. Il
s’agissait au préalable d’identifier des usages de l’informatique et/ou de
l’Internet par les personnes handicapées mentales. Aujourd’hui, il est possible
de parler de pratiques professionnelles éducatives fondées sur les usages de
l’informatique, de différents supports multimédias (adaptés aux handicaps ou
non-adaptés) et de l’Internet. Ce travail a aussi pour objectif de proposer une
genèse et une typologie des usages des TIC et présentement des TICE.
Pour commencer, cet article
présentera une courte histoire de l’éducation spécialisée face à l’éducation
scolaire afin d’éclairer l’une par rapport à l’autre. Ensuite, il s’agira
d’identifier la place des objets TICE pour les personnes avec un handicap
mental. Enfin, à partir de différentes études ou recherches (françaises mais
surtout étrangères) portant sur l’usage des TIC par ce type de
public ; leurs conclusions seront mises en perspective afin de
traduire de l’évolution des pratiques, des objets et de leurs usages en vue de
divers objectifs.
1
. éducation scolaire versus
éducation spécialisée
En parallèle et à présent en
collaboration avec l’éducation nationale[1], l’éducation spécialisée s’est
développée essentiellement à partir de la fin de la Deuxième Guerre Mondiale
(Bélanger [1], 1997 : 23). Elle s’est constituée sur un mode de
fonctionnement autonome, les associations étant le pilier de développement de
structures d’accueil. Historiquement, « au début du XXe siècle, se renforce […]
une intervention sociale beaucoup plus locale (paroissiale et municipale)
encore et souvent philanthropique, si ce n’est caritative. S’y retrouvent la
bienfaisance privée et les bureaux d’assistance, les associations à vocation
sociale (après la loi de 1901) et progressivement toute une cohorte
d’intervenants sociaux, dont certains vont se professionnaliser. », (Chauvière
[2], 2003 : 15). De plus, s’agissant du « mode de construction du
secteur de l’enfance, qu’on dira handicapée, après 1975 », Michel Chauvière [2]
(2003 : 18) mentionne : « Excepté quelques groupements de professionnels de
l’Éducation nationale comme, par exemple l’Association pour le placement et
l’aide aux jeunes handicapés (APAJH), on y trouve le plus souvent des
associations mobilisant des parents dont les enfants souffrent d’une difficulté
motrice, d’une déficience intellectuelle ou d’invalidités de différentes
origines, et qui protestent collectivement contre une offre publique insuffisante.
[…] À ce jour, nous sommes encore dans ce type de configuration ». De
plus, selon ce même auteur [2], (Ibid.),
« un nouvel éducateur de l’enfance s’impose, à côté et en concurrence avec
les parents mais aussi l’instituteur, quand bien même ce dernier est-il
lui-même devenu spécialisé pour les classes de perfectionnement ».
Les pratiques professionnelles
évoluent et la thématique des TICE a fait son apparition dans le milieu
scolaire (Bruillard, Baron [3], 2006 : 269) : « Cela fait maintenant plus de trois
décennies qu’existent des repérages et des analyses d’utilisations d’outils
technologiques en éducation et formation, qu’ils s’agissent de médias
audiovisuels ou d’environnements spécialisés dans l’apprentissage (et en
particulier l’enseignement assisté par ordinateur). Ces utilisations ont
néanmoins d’abord eu un caractère fugace et circonscrit à un lieu donné, celui
de l’expérimentation ou de l’innovation. On pouvait alors, sauf exception,
difficilement parler d’usages établis, adoptés par une communauté et portés par
des groupes sociaux ».
Dans une continuité logique, les
prescriptions d’usages ont également impactées l’éducation spécialisée. On
pense au Plan « Informatique pour tous » lancé en janvier 1985 par Laurent
Fabius. Le champ du social s’est également interrogé sur les effets de
l’informatique et ce dès ses prémisses. Par exemple, la revue Informations sociales, les numéros 7, 8
et 9 de 1968 étaient consacrés à l’informatique. Dès 1983, cette même revue
titre lors du numéro 5, « Vivre avec les nouvelles technologies ». En 1988,
elle questionne le binôme « Droit et informatique ». En 1995, l’un des effets
attribués à la technologie est celui de l’intégration, la revue intitule son
numéro 44, « Participer : les techniques ». On observe un changement de
dénomination, un glissement de la technologie à la technique qui pourrait
traduire d’une forme de désenchantement, d’un retour à la tradition de la
technique comme mode d’intervention sociale. En effet, certains professionnels
interrogés lors de l’enquête estiment que l’ordinateur n’est qu’un
« outil parmi d’autres ».
Comme cela a été expliqué dans
les précédents articles publiés sur ce site, un ensemble de méthodes pour des
recueils de données a été mis en place afin de répondre à une conditionnelle
question : l’éducation spécialisée utilise-t-elle les outils
informatiques et/ou Internet ? À noter, « 42 % des établissements sont des
établissements d’éducation spéciale pour enfants déficients intellectuels »
(Brouard [4], 2004 : 31) : «Ces établissements et services se sont développés à
partir des années 1950, essentiellement du fait de la croissance du nombre
d’établissements pour enfants déficients intellectuels » (Ibid. [4]). S’agissant de l’ensemble des structures pour personnes
avec un handicap mental, en sont dénombrées 1215 en éducation spéciale, 2291
établissements médico-sociaux (personnes avec une déficience intellectuelle, un
plurihandicap ou un polyhandicap), pour les Etablissements et services d’aide
par le travail (ESAT), 1302 ; ce qui totalise 4808 structures (Ibid. [4]).
L’ensemble des types
d’établissements proposent des usages de l’informatique ce qui peut signifier
que ce n’est pas le handicap ou le niveau de handicap qui détermine les usages
mais davantage un engagement institutionnel et/ou professionnel (il existe une
prédominance des Instituts médico-éducatifs (IME)/Instituts
médico-professionnels (IMPro), des ESAT et des foyers occupationnel au sein de
répondants).
2
. La place des objets tice
Il s’agit de comprendre quels
peuvent être les usages des TICE pour les personnes handicapées mentales.
2.1
TICE et ATC
Dès lors, l’éducation spécialisée
a cherché également à s’emparer des technologies et notamment de l’informatique
et/ou de l’Internet et ce en fonction de divers objectifs. Il s’agit de
s’interroger sur les usages des TICE dans ce champ du social. La dénomination
TICE est aussi à questionner : elle pourrait être définie comme Technologies de
l’information et de la communication pour l’éducation versus l’enseignement. De plus, la double facette des TICE en
éducation spécialisée pourrait être les ATC soit, « les Assistives technology
for cognition », c’est à dire les technologies d’assistance pour la cognition.
Ce peut être des supports pour la mémoire, la lecture, l’écriture, le calcul,
etc. de type PDA, logiciel de lecture, organiseur, etc. En effet, pour
enseigner à des personnes déficientes intellectuelles, les TICE peuvent être
mobilisées et/ou complétées par des ATC afin de palier à des problèmes
cognitifs. Selon Edmund F. LoPresti, Cathy Bodine et Clayton Lewis [5] (2008 : 29),
les « Assistive technology can reduce the affect of these disabilities and
provide improve quality of life ». En effet, les chercheurs du courant des disability
studies ont proposé une notion plus large, celle des déficiences cognitives qui
concernent une population plus générale touchée par : les déficiences
intellectuelles, des formes d’autismes, des troubles de l’apprentissage, la
maladie d’Alzheimer, les personnes traumatisées-crâniens et les maladies
mentales (LoPresti, Bodine, Lewis [5], 2008 : 29). En effet, (Boucher [6], 2003
: 147) « dans la foulée du développement d’un « mouvement social des
personnes handicapées », les débats théoriques sur la définition du handicap
entretenus par les principaux acteurs (militants, intellectuels et chercheurs)
se cristallisent aujourd’hui autour de la nécessité de transformer la recherche
sur le handicap, notamment à l’intérieur des sciences sociales (Rioux et al., 1994; Barnes et al., 1999). Ce
processus a notamment mené au développement d’un champ interdisciplinaire
d’études et de recherches sur le handicap, les Disability Studies ».
De plus, Dave L. Edyburn [7] a effectué une recherche sur l’utilisation
des ACT avec des élèves présentant des « mild disabilities », c'est-à-dire des
troubles de l’apprentissage, des troubles du comportement et un retard mental
(en France, ces enfants, adolescents et jeunes adultes sont majoritairement
accueillis au sein de l’éducation spéciale). L’auteur série quatre problèmes
d’ordre éthique soulevés par l’utilisation des ACT (2006 : 26-27) :
- l’élève triche-t-il s’il
utilise une ACT ? ;
- est-ce « juste » vis-à-vis des
autres élèves ? ;
- si l’élève utilise une ACT, il
ne parviendra jamais à réaliser la tâche ?
- l’élève ne risque-t-il pas de
devenir plus dépendant à une technologie qu’indépendant ?
L’auteur apporte une réponse à
chaque interrogation qui met à mal les représentations sur le handicap mental.
Par exemple, il intervertit handicap mental et handicap physique face à
l’utilisation d’une aide technique. Il apparaît rapidement que ces
questionnements n’ont alors plus de sens.
2.2
TICE et éducation spéciale
L’usage des TICE concerne
premièrement les enfants, adolescents et jeunes adultes qui sont en structures
de type IME. Initialement, ces IME accueillaient les personnes jusqu’à leur
majorité. Avec l’amendement Creton[2], ils
offrent la possibilité aux jeunes adultes de rester au sein de la structure
jusqu’à ce qu’il soit accueillis dans un autre établissement. La commission
technique d’orientation et de reclassement professionnel conseille une
orientation dans un type d’établissement : par exemple, ce peut être un ESAT ou
en foyer si la personne ne souhaite/ne peut pas travailler.
Premièrement, les apprentissages
scolaires et éducatifs sont bien les enjeux premiers des structures accueillant
les plus jeunes et à cet effet, les TICE ont fait leur introduction notamment
par le biais de l’Enseignement assisté par ordinateur (EAO). Un questionnement
émerge : ces types d’établissements sont ceux les plus concernés par le
développement de « partenariats » avec l’éducation nationale – par exemple un
objectif d’intégration en milieu scolaire peut parfois être atteint. S’agissant
de retracer la genèse des usages, serait-ce les enseignants détachés de
l’éducation nationale qui ont impulsé de telles pratiques TICE ou bien, sont-ce
les professionnels de l’éducation qui y ont vu tout intérêt pédagogique ?
L’hypothèse d’influences réciproques est nécessairement à conserver ; en
revanche le cadre de la formation reste prégnant dans l’utilisation des TICE.
Un enseignant ou un éducateur n’aura pas la même approche de ces
technologies.
En outre, Jean-Marie Barbier [8]
(2008), président de l’APF, mentionne qu’à l’origine, l’amendement Creton était
une mesure transitoire qui est devenue une solution pour les familles au vu du
manque de place en établissements pour adultes. Certains sont accueillies
jusqu’à 25 ans voire 30 ans bien que
leur place ne soit pas dans un établissement pour enfants. Une solution à cette
insuffisance de structures, serait d’envisager le maintien à domicile :
différentes technologies peuvent être utilisées dans ce cadre-là et notamment
la domotique. Il ne s’agirait donc pas à proprement parlées de TICE,
c'est-à-dire de technologies pour l’enseignement mais bien pour l’éducation en
tant qu’apprentissages d’habiletés techniques et sociales, entre autres.
Bien que certains professionnels
lors des entretiens menés ont mentionné « le droit au répit », le droit « à ne
plus être éduquées » pour les personnes handicapées mentales, il a été signalé
par d’autres professionnels voire parfois par les mêmes professionnels que la
maturité cognitive de certaines personnes se manifestait sur une autre
temporalité que celle actuellement imposée par le système scolaire. Si certains
apprennent à lire à 20 ans ou 30 ans par exemple, une des explications peut
être cette maturité ; l’utilisation des TICE ou la formation tout au long
de la vie peuvent être des méthodes d’intervention sociale auprès du public des
personnes handicapées mentales. Roy Brown [9] prône en faveur de l’éducation
des adultes déficients intellectuels et/ou avec des incapacités
développementales apparentées. Il signale notamment que ces
personnes (2009 : 2) :
- « vivent aujourd’hui plus
longtemps, même comparativement à l’espérance de vie qu’elles avaient il y a
seulement quelques années ;
- nécessitent davantage de
formation afin d’atteindre un niveau optimal de fonctionnement;
- qui font l’expérience de
l’enseignement au cours de leur enfance estiment qu’elle ne suffit pas pour
envisager la vie adulte ;
- estiment qu’ils ont un
apprentissage plus lent que les autres ;
- font souvent preuve d’une
maturité accrue et améliorent leurs facultés cognitives au cours de leur vie
adulte, ce qui les rend donc plus réceptifs à l’éducation des adultes ».
3
. Une approche méthodologique des TICE
Il s’agit de proposer une
approche des TICE qui n’a pas vocation à généralisation mais qui retranscrit
des pratiques des professionnels et établissements interrogés. En outre, des
articles de la Revue francophone sur la
déficience intellectuelle et de celle de la Revue européenne du handicap mental sont particulièrement mobilisés
(conférer la bibliographie).
Pour précision, ce sont les
professionnels qui proposent voire prescrivent des usages à la personne
handicapée mentale ; ils sont respectivement utilisateur secondaire et
premier (Chalghoumi, Langevin et Rocque [10], 2008 : 18). De plus, la réflexion
dans l’utilisation des technologies par ces professionnels est plus ou moins
aboutie dans le sens où, certains guident la technique tandis que d’autres se
laissent plutôt guider par celle-ci. L’analyse des besoins est un préalable qui
est plus ou moins menée par les encadrants des activités. Pour certains, cette
évaluation peut durer un an pendant lequel ils font essayer à la personne
diverses technologies afin de travailler différents objectifs préétablis mais
évolutifs. Pour d’autres, c’est à la personne handicapée de décider si
l’informatique lui correspond. Le postulat de départ pour ces professionnels
n’est pas le même et c’est souvent l’âge et le type de structure qui va le
déterminer. En effet, des établissements sont plus ouverts que d’autres vers
l’extérieur, le milieu ordinaire, le hors-mur. Par exemple, une mère raconte
lors d’un entretien sur le sujet de l’usage de l’outil informatique par sa
fille autiste : « lors du diagnostic par le psychologue et le psychiatre, ces
derniers ont estimé que ma fille devait aller en Maison d’accueil spécialisé
(établissement de type MAS) car elle ne sait pas s’habiller seule, sans l’aide
d’une tierce personne. Mais, j’aurais préféré un établissement moins fermé, un
foyer par exemple, car il ne propose pas la même prise en charge. À la MAS, les
ordinateurs sont interdits alors qu’à la maison elle passe beaucoup de temps
dessus ».
En conséquence, il y aurait
différentes étapes à élucider pour la mise en place d’une pratique de
l’informatique et/ou de l’Internet :
1. les TIC seront-elles utilisées
pour compenser un handicap (ce serait une aide technique ou une ACT) ou
remédier, du terme remédiation (travailler sur les apprentissages) ? ;
2. Sont-ce des apprentissages
et/ou une formation qui sont visés ou de l’occupationnel, du ludique, du social
?
3. S’il s’agit d’apprentissages,
de quels ordres sont-ils ? Scolaires, éducatifs, communicationnels ?
4. S’il s’agit d’une formation,
concernent-elle l’objet informatique ou la pratique d’un autre travail à partir
de l’informatique ?
5. Des usages ludiques ont-ils
une seule visée occupationnelle ou ludo-éducative ?
6. Des usages à vocation sociale,
de lien social, quels forment peuvent-ils prendre ? Les outils à communiquer
conditionnent-ils cette insertion sociale ou comment peut-on la travailler ?
7. Comment peut-on mettre en
place une évaluation de l’activité, une veille technologique et une formation
continue tant pour le professionnel que pour la personne handicapée ?
Au sein de chaque point, il
serait possible de détailler la démarche.
En outre, un des éléments notable
est l’évolution de la professionnalité des personnes, souvent des éducateurs,
qui animent ce type d’activité. Une nouvelle profession émerge et il s’agit de
questionner l’évolution de la formation. En effet, « ce qui caractérise les
usages, c’est bien l’existence de groupes d’usagers ayant conscience
d’appartenir à une communauté d’intérêts, dotés de droits qu’il est nécessaire
de faire respecter et créant des schèmes d’action dont certains viennent à être
légitimés par le groupe et à être transmis à d’autres, en particulier dans le
cadre de métiers » (Bruillard, Baron [3], 2006 : 269). Dès lors, Vincent Meyer
[11] (2004, p. 222) montre qu’avec les transformations produites par les «
conduites et pratiques sociomédiatiques […], beaucoup s’accordent sur le fait
qu’avec ces changements les compétences et qualifications d’un grand nombre de
professionnels vont être déstabilisées et "reformatées " ».
Conclusion
Des études ont montré que « l’enseignement
assisté par ordinateur était plus efficace chez les personnes avec un handicap
mental que chez les personnes non-handicapées (Schmidt, Weinstein, Niemiec et
Walberg, 1985) (O'Reilly, Montgomery, Lancioni, Furniss, Rocha Cunha, et
Seedhouse [12], 1996 : 32). De plus, « l’enseignement par un adulte et
l’enseignement par ordinateur ont même valeur (Plienis et Romanczyk, 1985) (Ibid. [11]).
Daniel Jacquet [13] (2007 : 132)
relatant une expérience des TICE avec des élèves autistes en Unité pédagogique
d’intégration (UPI) conclut son article en mentionnant que « la mise en place,
l’organisation, la durée et les visées d’une telle activité sont à déterminer
et à moduler en tenant compte de nombreuses composantes » telles que, « le
rapport positif à l’objet ordinateur, le degré minimal et le sentiment de
compétence vis-à-vis de celui-ci […], l’attirance pour des logiciels ludiques,
le degré d’intérêt pour des activités de résolution de problème, le degré de
tolérance à diverses contraintes et difficultés induites par le groupe, une
capacité minimale d’écoute, de verbalisation, etc. ». Cette citation à pour
volonté de traduire les propos d’autres professionnels encadrant ce type
d’activité : un réajustement permanent semble nécessaire mais les TICE offrent
une personnalisation et une multi-modalité qui permet de répondre à des
individualités.
Bibliographie
[1] Bélanger, N., (1997), « L’éducation spéciale à
l’épreuve de l’histoire », Education/Revue
d’histoire de l’éducation, n°1, p. 21-45.
[2] Chauvière,
M., (2003), « Parents, institutions et professionnels. Entre concurrence et
relations de service », Enfance & Psy,
n°21, pp. 13-22.
[3] Bruillard, E., Baron, G.-L., (2006),
« Usages en milieu scolaire : caractérisation, observation et évaluation ».
In Grandbastien Monique et Labat Jean-Marc (dir.), Environnements informatiques pour l’apprentissage humain, Traité
IC2, Lavoisier, Paris, p. 269-284.
[4] Brouard, C.,
(2004), « Le handicap en chiffres »,
CTNERHI, disponible sur http://www.vie-publique.fr/documents-vp/drees_etud390.pdf
[5] Bodine, C., Lewis,
C., LoPresti E., (2008), « Assistive technology for cognition. Understanding
the needs of persons with disabilities » in
IEEE Engineering in medicine and biology magazine, pp. 29-39.
[6] Boucher, N.,
(2003), « Handicap, recherche et changement social. L’émergence du paradigme
émancipatoire dans l’étude de l’exclusion sociale des personnes handicapées »
in Lien social et Politiques, n° 50,
, pp. 147-164.
[7] Edyburn, D.L.
(2006), « Assistive technology and mild disabilities », in Special Education Technology Practice,
8(4), pp. 18-28.
[8] Malo, I., (2008), « Amendement
Creton : où en est-on ? » Magazine
Déclic n°123, disponible sur : http://www.magazine-declic.com/amendement-creton-200804.html
[9] Brown, R.,
(2009), « Éducation des adultes, déficiences intellectuelles et
incapacités développementales apparentées », in International Encyclopedia of Rehabilitation.
[10] Chalghoumi, H. ; Kalubi, J-C. ; Rocque, S.
(2008), « Les technologies de l’information et de la communication dans
l’éducation des élèves qui ont des incapacités intellectuelles : rôle des
perceptions, de la formation et du niveau de qualification des enseignants en
adaptation scolaire », Revue Francophone
de la déficience intellectuelle, n°19, pp. 17-23.
[11]Meyer, V.,
(2004), Interventions sociales,
communication et médias. L’émergence du sociomédiatique, Paris :
L’Harmattan.
[12] O'Reilly,
M., Montgomery, A., Lancioni, G., Furniss, F., Rocha, N., Cunha, B., Seedhouse,
P., (1996), « L'utilisation de I'enseignement assisté par ordinateur pour
les personnes avec un handicap mental sévère : une recension des articles parus
sur ce sujet », in Revue Européenne
du Handicap Mental,VoL 3, No 9, pp. 33 à 48.
[13] Jacquet,
D., (2007), « Les Tice, nouvelles technologie à l’école : quels apports,
quels bénéfices pour des élèves autistes », in Philip C. (dir.), Scolariser les élèves avec autisme,
Suresne, éd. De l’INS HEA. pp. 125-132.
Précédentes
publications d’Audrey Bonjour sur ce site :
Bonjour
Audrey
(2009),Accès de l’informatique et de
l’Internet aux personnes en situation de handicap
mental
Bonjour
Audrey
(2010), Premier aperçu sur les technologies
informatiques adaptées au handicap mental : état des lieux
Bonjour
Audrey
(2010), Technologies informatiques
adaptées au handicap mental
utilisées en situation. Bibliographie.
Exemples
[1] «Au terme du long XIXe siècle marqué par différentes crises politiques et sociales mais aussi par l’incertitude des savoirs et des modes d’action, l’intervention sociale en direction de l’enfance est riche de deux expériences matricielles : la philanthropie et la mutualité. […] C’est dans ce contexte que vont s’imposer de nouvelles institutions. L’école, bien évidemment, universaliste, civilisatrice et dominatrice, mais aussi l’assurance, seconde institution fleuron de l’État-providence. Ce sont là en effet deux formes de gestion de masse de la question sociale, par-delà les individualités et a fortiori les solidarités familiales ou de corps », (Chauvière [2], 2003 : 14).
[2] En
effet, l’article 22 de la Loi n° 89-18 du 13 janvier 1989 (diverses mesures d’ordre
social) a modifié l’article 6 de la loi d’orientation en faveur des personnes
handicapées du 30 juin 1975 et créé l’alinéa suivant dit “amendement Creton” :
« I bis. -
La prise en charge la plus précoce possible est nécessaire. Elle doit pouvoir
se poursuivre tant que l’état de la personne handicapée le justifie et sans
limite d’âge ou de durée ».