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 Janvier 2010

 

Article prévu pour être en trois parties successives ; ci-dessous la première

1.      Premier aperçu sur les technologies informatiques adaptées au handicap mental : état des lieux

2.      Exemples de technologies adaptées aux handicaps mentaux utilisées en situation

3.    L’e-inclusion et l’usage de l’informatique et d’Internet par les personnes handicapées mentales

 

 

PREMIER APERÇU SUR LES TECHNOLOGIES INFORMATIQUES ADAPTEES AU HANDICAP MENTAL : ETAT DES LIEUX

 

Audrey BONJOUR

 

Doctorante au Centre de Recherche sur les Médiations (Université Paul-Verlaine de Metz) 

E-mail : audrey@titof.net ;  une discussion a été ouverte sur les forums : http://www.siwadam.com/hmm/phpBB2/viewtopic.php?p=1818#1818 http://www.handicap.fr/forum/viewtopic.php?f=12&t=3690 ;

A voir sur ce site, les pages : CLIC et, pour Infos en bref actualisées: CLIC

 

 

Introduction

 

Actuellement, il existe peu de ressources pour celui qui veut s’informer sur le marché des technologies informatiques adaptées au handicap mental. Des institutions incontournables telles que les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) peuvent nous renseigner ponctuellement sur la question. En revanche, la littérature spécialisée dans le domaine du médico-social ou les médias, ne couvrent que rarement le sujet et de manière très lâche ou succincte. Paradoxalement, on constate le développement d’un marché de l’équipement adapté, y compris pour les personnes déficientes intellectuelles. Il est possible de trouver assez facilement des coordonnées de concepteurs ou revendeurs de ce genre de produits, notamment sur l’Internet. On peut, entre autres, effectuer une recherche dans un moteur en mentionnant « logiciels adaptés au handicap mental ». Simultanément, des applications gratuites téléchargeables sur le net se multiplient ; elles ont généralement été pensées au départ pour le public des personnes handicapées ou pour celui des enfants en difficulté à l’école. Dès lors, il semble plus qu’opportun de réaliser en France une étude approfondie sur cette thématique émergente. La question est d’autant plus vive que l’espérance de vie croît ; des vies sont sauvées alors qu’elles n’auraient pu l’être auparavant. Le dernier exemple en date, bien que l’on puisse les multiplier, concerne le Belge diagnostiqué dans le coma depuis 23 ans alors qu’il était conscient. Les nouvelles technologies dans ce cas précis ont permis à la fois le dépistage et le diagnostic, mais elles doivent aussi jouer un rôle essentiel pour favoriser la communication et l’intégration dans la société. Il est à présent possible de piloter un ordinateur avec un seul clignement de paupière.

 

Ainsi, malgré le peu d’information mais avec pour objectif d’améliorer la connaissance sur des technologies, je suis partie de l’analyse de l’usage de l’ordinateur et d’Internet par les personnes déficientes intellectuelles accueillies dans des établissements spécialisés. Il s’agit de comprendre comment ces objets sont proposés aux usagers des dites structures. Pour l’instant, l’enquête est centrée sur certains types d’accueil : Instituts médico-éducatif (IME), Établissements et services d’aide par le travail (ESAT), foyers d’hébergement et résidences ainsi qu’auprès d’établissements pour les personnes polyhandicapées.

Cet état des lieux de l’utilisation des technologies informatiques adaptées au handicap mental sera développé en deux temps. Premièrement, une synthèse des pratiques (divers entretiens ont été effectués avec des professionnels, personnes handicapées, concepteurs de produits adaptés) sera proposée. Deuxièmement, une classification non-exhaustive des outils adaptés sera présentée.

 

 

I. État des lieux de l’utilisation de l’informatique et de l’Internet en établissements spécialisés

 

Cet état des lieux est d’abord possible grâce à des entretiens menés :

- huit entretiens auprès d'éducateurs qui animent ce type d’activité ont été réalisés. Ils ont notamment permis de mettre en avant des motivations professionnelles malgré des obstacles à la mise en place de l’activité et les avantages pour la personne handicapée mentale utilisatrice en termes de gain en autonomie ;

- deux entretiens avec des professionnels, chef de service, ont mis en avant la nécessité d’une adhésion d’équipe au projet des activités informatique et Internet ; 

- six entretiens auprès de concepteurs d’équipements et logiciels adaptés au handicap mental ont aussi été effectués. Entre autres, ils ont montré comment la conception pour tous appelée aussi design for all s’appuie sur la personnalisation du contenu afin de répondre aux besoins spécifiques d’une personne handicapée mentale. De plus, il peut parfois exister une tension entre la logique commerciale et associative ;

- cinq parents ont accepté de me parler de la pratique de l’informatique et de l’Internet de leur enfant. Ils ont expliqué comment leurs enfants déficients intellectuels ont développé des compétences spécifiques alors que par exemple, des actes du quotidien ne sont pas maîtrisés. Un regret concernant le manque d’équipement informatique et Internet des établissements accueillant leurs enfants a été émis.

 

En outre, un questionnaire national sur l’usage ou le non-usage de l’informatique et d’Internet relayé auprès de l’ensemble des établissements français accueillant des enfants et adultes handicapés mentaux sera lancé courant janvier. Ce questionnaire permettra d’approfondir les pistes d’analyses qui seront étayées dans cet article.

 

Fondamentalement, on peut voir que l’usage de l’informatique et de l’Internet est fonction de deux cadres :

- institutionnel ; l’établissement d’accueil propose un usage encadré (l’atelier professionnel et l’activité à vocation éducative et occupationnelle) ;

- personnel (ordinateur personnel dans la chambre, ordinateur et connexion familiale par exemple).

 

De plus, si le point d’ancrage de la réflexion est le besoin de l’usager, les variables suivantes sont à prendre en considération :

 

- le projet de vie de la personne handicapée face au projet de l’établissement et de l’éducateur. En effet, le projet de l’établissement et de l’éducateur peut surdéterminer celui de la personne accueillie. On peut voir que le projet d’établissement demande une cohérence en interne, c'est-à-dire au sein de l’équipe de professionnels. Des chefs de service ou des directeurs ont mentionné le fait qu’ils n’investiraient pas dans une salle informatique et dans une connexion si le projet n’est pas validé par toute l’équipe. En d’autres termes, majoritairement, on constate que l’activité informatique et Internet a vu le jour grâce à un professionnel passionné et convaincu de l’intérêt de ces technologies. Il porte souvent seul le projet et se débrouille pour le faire fonctionner à moindre frais (dons, récupérations et temps personnels). S’il n’y a pas de professionnels qui souhaitent ou peuvent animer ce genre d’activité ou d’atelier, ces derniers ne voient pas le jour. Il n’y a pas d’obligation légale à ce sujet. Il existe des recommandations sur l’accessibilité, des droits mais pas de lois contraignant les établissements ;

- une primauté aux personnes les moins handicapées est accordée. Au sein d’une structure, celles qui utilisent le mieux les technologies vont être favorisées. De la même manière, les établissements accueillant des personnes déficientes intellectuelles lourdes proposent moins voire pas du tout l’accès à ces objets technologiques ;

- il peut exister une tension entre une conception marchande de produits adaptés aux handicaps et la philosophie de l’associatif. Majoritairement, il n’existe pas de budget alloué à ce poste de dépenses ; les établissements sont gérés par des associations et les professionnels qui y travaillent mentionnent qu’ils ont pour habitude de se tourner vers le bénévolat ou le gratuit ;

- on peut voir aussi que la question du besoin ou non d’équipements adaptés peut être posée s’agissant de personnes handicapées mentales, c'est-à-dire avec une déficience intellectuelle. En effet, ce besoin de technologies adaptées n’est pas celui que l’on croit. Au final, la manipulation technique de l’objet demande un peu de pratique ou d’entrainement mais l’appropriation technique est souvent effective. Un des besoins est celui d’adapter des logiciels ou sites à l’âge de la personne handicapée mentale. Par exemple, les logiciels ludo-pédagogiques utilisés vont souvent être infantilisants car au départ destinés à un public d’enfants. En outre, pour certains professionnels, les adultes handicapés peuvent revendiquer le droit aux loisirs au-delà de l’éducatif. Ainsi, certains professionnels estiment-ils que les besoins et usages sont identiques au citoyen lambda : rencontrer des amis ou des amours, s’amuser, s’exprimer ou prendre partie, entre autres.

 

Cette synthèse effectuée à partir d’une vingtaine d’entretiens sera complétée par les retours de l’enquête par questionnaires. Cette étude devra permettre de mettre au jour une cartographie des usages et de proposer des premières données statistiques sur l’accessibilité informatique et Internet auprès du public des personnes handicapées mentales en établissements spécialisés.

 

 

II. Classification des outils adaptés

 

Il faut noter que la définition de besoins particuliers suivant les handicaps n’est pas évidente et elle varie selon les pays : «  Certains ne définissent qu’une sorte ou deux de besoins particuliers (par exemple le Danemark), voire aucun, comme au Liechtenstein, où aucune catégorie de besoins particuliers n’a été identifiée puisque seul le type de soutien à apporter est défini. À l’inverse, pour d’autres pays (Pays-Bas, Pologne), il existe plus de dix types de besoins particuliers différents. La plupart des pays en définissent de six à dix. Ces variations notables sont fortement liées aux différences dans les réglementations administratives, financières et procédurales entre les pays » (Watkins, 2000 : 8).

 

On pourrait rajouter que cette définition est dépendante aussi du handicap et de l’âge des personnes handicapées.

 

En outre, il est possible de classer les offres d’outils adaptés aux personnes handicapées mentales suivant deux variables : le type et la fonction de l’objet. Selon la typologie effectuée par Amanda Watkins, on trouve les fonctions suivantes :

 

- outil d’enseignement (par exemple, utilisation d’un rétroprojecteur pour que les personnes puissent suivre la manipulation informatique) ;

- outil d’apprentissage (logiciel travaillant sur les habiletés mathématiques, entre autres) ;

- environnement pédagogique et contexte d’apprentissage (salle informatique connectée par exemple) ;

- outil de communication (logiciel de pictogrammes pour illustration) ;

- aide thérapeutique (manipulation de la souris pour travailler sur la psychomotricité fine) ;

- outil d’évaluation et de diagnostique (dossier unique du résident, entre autres) ;

- outil pour les tâches administratives (écrits professionnels et traçabilité).

 

 

Aujourd’hui, on peut trouver des objets technologiques adaptés aux handicaps mentaux de type :

 

- interfaces informatiques telles que rOOki, un « nouvel environnement graphique agréable, simple d’accès et sécurisant », plus de détail sur http://www.made-technologies.com/ ;

- sites internet adaptés tel que Planète 21 qui est un lieu d’échange, voir sur http://www.planete21.net/ ou l’espace dédié sur Facebook (Handiforum);

- logiciels : éducatif, ludique, ludo-éducatif, de rééducation ; différents catalogues en ligne sont disponibles (http://www.siwadam.com/hmm/sominf.htm et http://www.hoptoys.fr/Logiciels_Jeux_videos-c-358_361.html ;

- aides techniques ; on peut citer les claviers alternatifs http://www.generation5.fr/produits/Le-clavier-alternatif--279--13150.php ou les  contacteurs http://www.papoo.fr/papooswitch/papooswitch_accueil.html ;

- technologies dites de Communication Améliorée et Alternative (CAA) comme le Papoo Touch (http://www.papoo.fr/papootouch/papootouch.html) ;

- technologies interactives ; par exemple le BAO PAO qui est un instrument de musique accessible (http://www.cyberecoles.eu/temoignages/tous/076_plantevin.html).

 

Il faut noter qu’il n’est pas toujours nécessaire d’utiliser une technologie adaptée si l’analyse des besoins de la personne handicapée mentale ne l’a pas montré. Certaines personnes avec une déficience intellectuelle manipulent déjà très bien l’existant. Par exemple, plusieurs parents ont mentionné l’utilisation de sites de téléchargement de musiques et de vidéos, sites non-adaptés mais très bien maîtrisés. 

 

Dans la suite de l’article prévue pour mars ou mai 2010, des objets utilisés en contexte seront analysés et explicités.

 

 

Conclusion

 

Actuellement, il est avéré que les Technologies de l’information et de la communication (TIC) peuvent palier à des déficiences ou handicaps. Lorsqu’il s’agit de handicap mental ou de déficience intellectuelle, la démarche pour établir la ou les TIC à proposer à la personne handicapée est la même : une étude des besoins et du projet de vie est incontournable. La grande différence subsiste dans la capacité des évaluateurs et accompagnants de pouvoir actuellement se former aux TIC adaptées, afin de déterminer les mieux ou plus adéquates. Mais plus encore, il faut comprendre que l’ordinateur et ses supports informatiques ainsi que l’Internet peuvent être des objets favorisant l’inclusion de la personne handicapée mentale au sein de la société sans pour autant devoir lui proposer des objets adaptés. Il s’agit parfois seulement d’un apprentissage à la manipulation technique. Les potentialités qu’offrent ses objets sont souvent mal ou méconnues. Par exemple, une mère mentionne que son fils de 18 ans trisomique 21 a déjà créé plusieurs blogs différents alors que la majorité des accompagnants et des professionnels ne savent pas le faire. La suite de l’article sur ce site Internet permettra de continuer la présentation de l’état des lieux des usages ainsi que des objets adaptés aux personnes avec une déficience intellectuelle.

 

 

Bibliographie 

 

Collignon P., 2003, L’informatique au service des handicapés, Paris, Éd. Eyrolles.

Meyer V., 2005, Communication organisationnelle et prise en charge du handicap mental, Bordeaux, Les Études Hospitalières.

Watkins A., 2003, Les besoins éducatifs particuliers en Europe, étude commanditée par l’Agence Européenne pour le Développement de l’Education des Personnes ayant des Besoins Particuliers, [En ligne], http://www.vie-publique.fr/documents-vp/thematicpublication_french-2.pdf Consulté le 10 février 2009.

 

Note

 

En prenant appui sur son activité antérieure sur ce site, Françoise Charlot, salariée à l’Association Les Papillons Blancs de Beaune et sa Région, met en place un « Groupe d’Echanges Internet sur le Bien Vieillir avec un  Handicap Mental ». Pour plus d’information ou/et participation sans frais,  voir : http://bien.vieillir.perso.neuf.fr/groupe_echange_hcp-mental-vieillir_frch.htm