Aout 2018

LA RELATION A DISTANCE D’ APRES DEUX INTERNAUTES, AGE OU ADULTE JEUNE, ET UN SOCIOLOGUE  

Henri CHARCOSSET, CATSEYE (pseudonyme), et Loïc TRABUT 

1/ Henri Charcosset, Né en 1936 : « Dépendance de la notion de distance, avec l’époque », Autobiographie à CLIC, adresse du site à CLIC, pseudo henri69 sur les Doctissimo forums à CLIC . Adresse mail : henri.charcosset@neuf.fr

2/ Catseye, Née en 1994, pour sa Discussion (topic), aller à CLIC : « Amour longue distance : espoir »

3/ Loïc Trabut, pour son article : « La solidarité familiale intergénérationnelle peut exister quelle que soit la distance », paru dans ; Valeurs mutualistes, MGEN, Juin 2018. (Travaux de Loîc Trabut à voir depuis CLIC )

4 / Conclusions , avec : En final

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1/ Henri Charcosset

Voulant laisser un maximum d’espace aux co-auteurs, invités sur ce site, je fais déjà renvoi à mon autobiographie condensée, à CLIC. A 82 ans, doublement handicapé moteur et urologique, je pense me situer dans la ligne de vie de mes ascendants. Jusqu’à leur mort, ils se sont identifiés par leur aide, même si elle se réduisait, dans les fermettes de leur époque. Ce site, complété par une participation assidue aux forums à dimension sociale de Doctissimo.com, sous le pseudonyme henri69, me sert de support. Je m’investis pour la promotion d’un TELE BENEVOLAT SOCIAL EN INDEPENDANT.

Je pourrais en rester là, mais il m’est difficile d’échapper au travers fréquent chez les âgés, de relater des éléments clé de leur expérience de vie, avec projection sur ce que pourraient, devraient même, faire les générations montantes. Deux exemples :

L’effet de distance sur la relation familiale, à l’enfance, adolescence. Nous habitions tout près de mes grands-parents paternels, que je fréquentais jour après jour. Mais à 8 Km de mes grands-parents maternels. Pensez-vous que j’allais visiter ce grand-père, devenu veuf, et grabataire en gardant toute sa tête ? Enfourcher ma bicyclette, aurait été très facile. Je n’y pensais pas, c’est tout ! J’ai pourtant compris plus tard, que ce grand-père, très peu doué pour l’agriculture, aurait pu faire des études, y compris supérieures. Je lui étais beaucoup plus apparenté quant aux dons pour mon orientation, qu’à mon grand-père paternel !

Aux générations montantes, la plupart du temps considérablement plus éloignées de leur ascendance que je ne l’ai été, je suggère de ne jamais couper ce lien relationnel !

Le rapprochement amoureux de relations remontant à l’enfance, adolescence

J’avais été en très bonne relation d’amitié avec une camarade de collège. Après nous être perdus de vue pendant dix ans, nous nous sommes retrouvés par hasard dans le train nous conduisant à nos familles respectives, distantes de 20-30 Km. Une relation amoureuse s’en est suivie, avec à la clé mariage et nouvelle famille,

Très nombreux sur les forums sont les jeunes adultes, qui à 25, 30 ans ou un peu plus, après une vie sentimentale « à géométrie très variable », aspirent sincèrement à une relation amoureuse de longue durée, avec au moins une naissance en résultant. On se précipite alors vers le modernisme des réseaux sociaux et autres approches de véritables inconnu(e)s, par l’Internet.

Je leur dis : pourquoi pas, si tu y crois ! Je te propose en complément, de t’installer, avec à la main une feuille de papier et un crayon. Laisses ta pensée aller à toutes tes rencontres d’un type ou d’un autre, faites depuis ton enfance. Notes celles et ceux dont tu aimerais savoir ce qu’ils, elles sont devenu(e)s. Une mécanique va s’enclencher dans ta tête, allant te conduire par approches successives, vers des relations nouvelles en un sens, mais avec lesquelles vous vous découvrirez des affinités liées à vos passés respectifs. Ce n’est pas rien !

Sur l’amour à distance, on pourra lire à CLIC, des extraits de l’ouvrage du sociologue J-C Kaufmann : Sex@amour, paru en 2010. Depuis, il a publié plusieurs ouvrages, à voir depuis amazon à CLICk, dont  « L’amour qu’elle n’attendait plus », paru en 2018.

Avec Catseye, ci-près, on découvre le vécu de jeunes adultes, pratiquant très bien (à mon avis !) une relation d’amour à distance, bien partie pour pouvoir être de longue durée ! Cela ne se fait pas sans effort réciproque.

2 / Catseye, pseudo

Cette discussion, visible depuis CLIC, qui inclue les expériences d’autres internautes, mérite d’être lue et réfléchie, en son entier.

Bonjour tout le monde !

Petit message d'espoir pour tous ceux qui (comme moi), vivent une relation longue distance !
Je vous raconte mon histoire.
Je suis originaire de Bordeaux et je vis à Paris depuis 6 ans (distance approximative : 600 km).
Et depuis, ça va faire 1 an que je suis avec celui que j'aimais à 15 ans, on s'aime vraiment très fort, et on a convenu de rester chacun dans notre ville le temps que je finisse mes études pour devenir infirmière (il me reste 1 an et demi) et ensuite je le rejoins pour vivre avec lui.

Comme il ne travaillait pas, on se voyait très souvent, deux semaines/mois (par le train, merci Ouigo, parce que c'est vraiment pas cher et sans ça, on ne se verrait pas autant que nous le faisons), sauf que là, dès juillet, ça va être plus difficile.
Il travaille tout l'été et ensuite il reprend des études, à la rentrée pour atteindre son rêve de devenir psychologue .

Et puis moi j'ai toujours mes études, et en dépit des vacances, je ne le verrai pas souvent à cause de son travail.
Alors bien sûr, il me manque, très fort même, des fois je déprime un peu, mais les points positifs c'est que sur l'année qu'on a passé, on s'est vu énormément (par rapport à d'autres couples que nous), et nous n'avons eu que deux grosses disputes.

On apprend à garder notre temps seulement pour les instants heureux et on évite de le gaspiller dans les disputes (surtout que ça n'en vaut pas la peine). On se fait aussi des arrivées "surprise", je l'ai déjà appelé au téléphone en lui disant "regarde en bas de ta fenêtre", et il m'a aussi fait ça une fois (sauf que le pauvre, j'avais rendez-vous chez l'esthéticienne)
Ensuite le temps qu'on ne passe pas ensemble, est du temps que l'on s'accorde pour soi, on sort avec nos amis respectifs chacun de notre côté, on travaille, et on se fait confiance mutuellement.
Je sais qu'il est réglo, qu'il m'aime, et que c'est pareil pour moi.
Et on s'appelle tous les jours pour se raconter nos journées

Puis quand je le retrouve après une longue période sans le voir, c'est d'autant plus magique, J'ai l'impression que c'est un premier rendez-vous à chaque fois, en gros on s'aime depuis un an comme si ça faisait deux semaines qu'on était ensemble.

Pour la confiance, je le connais depuis quelques années et je sais que c'est un homme foncièrement gentil, et qui s'investit quand il est amoureux.
Je sais qu'il ne fera pas d'écart et moi non plus, parce que c'est l'amour de ma vie. Il a hâte que je redescende, en attendant on se pousse mutuellement vers nos projets et je me dis que les couples qui survivent à la distance et se réunissent, peuvent tout affronter dans la vie, ensemble.

Voilà, courage à vous et gros bisous à tous les amoureux éloignés l'un de l'autre ou réunis.
Faîtes-vous confiance, et si vous vous aimez vraiment, vous survivrez à la distance !

p.s : j'ai 24 ans, et lui 26

Message édité par catseye le 23/06/2018 à 23:40:20

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Suite à plusieurs interventions (Posts) d’autres internautes, Catseye édite le 24/06/18 le Message :

 


De l’espoir, justement, j'espère en donner un peu . Je comprends que ça puisse sembler illusoire, et je ne peux baser mes dires que d'après ce que je vis et les autres lecteurs aussi.

Mais la relation longue distance, c'est un investissement, si on sait ce qu'on veut avec l'autre et que cette volonté est surtout réciproque (sinon on perd du temps et on souffre).
Pour ça il faut communiquer dès le départ et savoir si on est tous les deux sur la même longueur d'ondes.
Ce que je veux avec lui c'est sérieux et vice versa. Donc je suis prête à endurer la distance et à attendre le temps nécessaire pour que je puisse revenir avec mon diplôme.
Ça demande surtout un minimum de confiance, sinon à quoi bon investir autant d'argent pour les trajets si c'est pour ne pas durer ?
Mon discours peut paraître idyllique mais on y croit, on a des projets (il m'a présentée à toute sa famille, pareil pour moi, on a déjà voyagé ensemble, je connais ses amis) on est patient et dès qu'il y a "crise" on discute !

Nous allons passer pour finir, aux travaux en cours d’un sociologue en fonction.


3/ Loïc Trabut

   " La solidarité familiale intergénérationnelle peut exister, quelle que soit la distance "

Comment avez-vous abordé l'enquête de l'Institut National d’Etudes Démographiques, Ined, sur l'espace résidentiel et la famille à distance, dont vous êtes l'un des contributeurs ?

 Je travaille notamment sur le comportement des enfants face à la dépendance de leur (s) parent (s), plus particulièrement sur les enfants ( et conjoints ) " piégés " ou, dit de façon plus politiquement correcte "captifs", c'est à dire seuls dans l'environnement d'une personne âgée dépendante.

L'enquête Famille et Logements , sur laquelle s'appuie celle de l'Ined, est la première de portée nationale à permettre d'examiner la corrélation entre la proximité géographique entre parents et enfants et le lien de solidarité.

 Pourquoi avoir eu recours à la notion de " halo familial ", qui reprend l'image d'une lampe dans le brouillard dont la densité décroît à mesure que l'on s'en éloigne ?

 Je ne voulais pas penser qu'une distance, au-delà de 100 ou 150 km, ou une frontière, puissent être déterminant dans la solidarité familiale.

 Car,  on peut aider ses parents en payant, en coordonnant un certain nombre de services , en faisant du soutien moral ou encore en appelant tous les jours, même si évidemment , on ne peut pas être là au quotidien. La distance n'est pas le facteur qui peut expliquer la solidarité de manière générale, elle peut exister quelque soit l'éloignement. En revanche, l'exercice d'une solidarité matérielle quotidienne entre enfants et parents  est impossible à distance.

Les aides publiques suppléent-elles l'éloignement ?

Consistant en une aide matérielle plus que morale, elles sont rarement suffisantes

Seule la proximité simplifie les choses . Si l'on part du principe que , sans enfant à proximité ( ou sans enfant du tout ), il est compliqué de vieillir, il serait intéressant que les politiques publiques tiennent compte du nombre d'enfants à proximité, en plus du niveau de revenus.

DEMANDER AUX GENS D'ETRE MOBILES POUR REPONDRE AUX BESOINS DU MARCHE DE L'EMPLOI ET, EN MEME TEMPS, DE PRENDRE SOIN DE LEURS PARENTS RELEVE DE L'INJONCTION PARADOXALE.

La même tension se retrouve d'ailleurs en ce qui concerne la prise en charge des enfants en bas âge par les grands-parents. L'articulation entre ce que l'on demande à l'individu et à la solidarité familiale va de pair avec une tendance au renforcement des contraintes sur l'individu et au retrait de la solidarité publique. 

Quelles sont les conséquences de ces tensions sur les choix de vie ? 

Les contraintes pesant sur les individus actifs, comme le fait que les filles sont plus souvent assignées à la prise en charge des parents âgés que les fils, ne sont pas sans effet sur leur parcours professionnel … alors que la mobilité représente un facteur essentiel du développement de la carrière.

Alors aussi que, plus on appartient à une classe sociale élevée, plus on est mobile. Les approches sociales doivent non seulement tenir compte du revenu et solliciter la famille, mais aussi de la dimension spatiale de celle-ci.

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Je reprends le flambeau, pour terminer. Henri Charcosset

4/ Conclusions

Oui, tant la relation d’amour que celle d’amitié, peuvent se trouver enrichies, par une longue distance entre les lieux d’habitation. Catseye en donne un exemple d’amour ainsi bien vécu.

Pour ma part, je peux faire état de dix ans de Net amitié ininterrompue, avec une Internaute, qui publie notamment sur mon site, la jolie histoire de sa relation à ses animaux de compagnie, depuis sa petite enfance, à voir depuis CLIC. Qu’est-ce qui nous unit donc tant ? Eh bien, je dirais la totalité des différences entre nos ascendances, et entre nos expériences de vie, passées et actuelles. Cela serait-il vivable dans ce qu’on appelle, souvent abusivement, l’IRL, le réel ? Je n’en sais rien, et ne suis pas intéressé de savoir. En tout cas, pour le temps de notre passage sur terre. Après, on verra !

Lamour et l’amitié longue distance, voulues pour être durables, demandent sans doute encore plus que dans la vie courante, solidité et constance dans l’investissement. Cela nous rapproche des amours d’antan, à la lente « montée en puissance » …..et nous éloigne des si courantes pratiques modernes où le « faire l’amour » sert souvent de préalable à une hypothétique relation « plus avancée ». On ne saurait de toute façon oublier que «  L’amour véritable commence avec l’amitié », titre de l’ouvrage de Jacqueline Kelen, dont on trouvera des extraits à CLIC

EN FINAL

Qu’il s’agisse de l’aide sociale aux familles (Loîc Trabut), ou de la vie relationnelle, nous n’en sommes que dans les débuts de l’effet de distance. Plus on va s’éloigner de ses attaches originelles, plus il apparaîtra nécessaire de rester en lien. Et plus il faudra investir de ses capacités personnelles pour « pouvoir rester dans le bain » d’une société en permanente mutation. On est loin du compte !

Je lisais sur un forum, le message d’une jeune femme, partie seule en voyage lointain, pendant ses congés. La voilà qui se plaint « Je n’emporte même plus mon téléphone portable, tant je suis sûre de ne recevoir aucun sms ! » Ma réponse : Formes toi à l’École de la vie: Aller aux autres t’ouvre à l’éventualité de réponses, en retour. Mais mets-toi en stand-by pendant quelque temps, tu te trouveras rapidement réduite à la relation de toi avec toi.

Sur les forums du type « Je gâche ma vie », « Solitude », « Effets psychologiques du chômage », «  Bien vieillir », on est encore très largement ignorant de la potentialité de l’Internet, pour tout un chacun. Sans avoir à quémander des soutiens d’une sorte ou d’une autre. En étant son propre chef donc. Citons comme exemple la création, animation, d’un petit Groupe virtuel d’amitié, entraide, sur lequel on fera se rejoindre, des connaissances de la vie courante et des relations débutées sur l’Internet.

Essayons donc de bien vivre le présent de notre vie, tout en apportant notre modeste contribution, au monde de demain, à bien plus forte dose de relations à distance, qu’il n’en comporte aujourd’hui.

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Note aux particuliers expérimentant la relation à distance, et pouvant apporter des éléments en vue de sa progression : Vous pouvez me contacter par mail adressé  à henri.charcosset@neuf.fr , en vue d’éventuelle publication, à un ou plusieurs auteurs.

H.C, 03. 08. 2018