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A PARTIR DE SOI,
AU DELA DE SOI ALLER. Eléments autobiographiques
Mai 2006,
revus Aout 2016, puis Septembre
2017, Janvier 2020, Janvier 2021
Henri CHARCOSSET, henri.charcosset@neuf.fr
08
Janvier 2021. Ma compagne a bien négocié son passage aux 90 ans, et
aux conséquences du corona virus. Passant sans aigreur de trois activités
artistiques hors EHPAD par semaine, à zéro.
Ma descendance, 2 cousins de 27 et 21 ans, deux cousines de 24 ans,
évolue diversement, en étant agréable à fréquenter.
A ma dépendance physique prononcée, je dois une
collaboration, matin et soir avec des
auxiliaires de vie, une fois par jour avec une infirmière, trois fois par semaine d’une part avec une
kinésithérapeute, d’autre part avec une aide-ménagère. Je les apprécie toutes,
dans leur diversité.
Au début de 2021, j’ai eu à subir, en soins externes,
40 séances de « caisson hyperbare », pour le renforcement de ma
vessie. Expérience intéressante au plan relationnel du fait de la proximité
entre occupants du « caisson ».
Je vis des conséquences du corona virus, et viens,
d’instinct de m’inscrire auprès de mon médecin traitant, pour être vacciné le
plus vite possible. D’instinct, oui, car c’est comme une piqûre de rappel de ma
jeunesse. En 1953, j’étais atteint par le virus de la polio. En 1955,
découverte aux USA du vaccin contre la polio. 1957 a vu le nombre maximal de
cas en France:7000, principalement des petits enfants. 1961: Vaccination rendue
obligatoire en France. A la suite, le nombre de cas a chuté de manière
drastique.
Pourquoi n’en serait-il pas de même avec la
vaccination contre le corona virus ? Soyons optimistes !
15 Janvier 2020. Depuis mon précédent « passage ici », si
l’on peut dire, au moins trois incidents qui auraient pu, en peu d’heures,
entrainer ma mort. Il s’agissait du
remplissage de ma vessie par du sang et des caillots. La vessie a pu être, à
chaque fois, nettoyée par de laborieux
sondages. Non sans perspectives de rechutes, guère prévisibles.
Quels « enseignements » susceptibles de
dépasser ma seule personne ? Je vivais ces incidents, seul chez moi,
alité, sans possibilité de m’en extraire seul. Ma pensée allait d’abord vers ma compagne, qui vit en
EHPAD et est sans famille. Avais-je fait mon possible pour le maintien de sa
qualité de vie, en cas de mon décès ? La réponse est oui. Je pensais aussi
à mes enfants, content d’avoir su mettre
avec eux mes « affaires en ordre »,
en temps utile pour leur éviter les complications si fréquentes lors du
règlement des « successions ». Et plusieurs autres « petits
points » se situant aussi dans le sens de l’ « Au-delà de moi
aller ». Penser aux autres pour ces autres, toujours…si possible !
Je me sentais ainsi prêt à mon « grand
passage », laissant sans trop m’y investir
à l’Au-delà le soin de décider de mon sort post-mortem !
05 Septembre 2017. Si j’interviens, c’est pour citer un incident de
santé (infection urinaire sévère), datant de deux mois, qui va intervenir à vie
sur mes conditions pratiques. Il s’agit de l’intervention soir (18H) et matin
(8h), d’une auxiliaire de vie pour me mettre au lit ou en sortir.
Cela doit-il influer sur mon appréciation de
la vie ? Non, car l’opportunité m’est offerte de rencontrer des
professionnelles des soins aux âgés, aux origines et expériences très variées.
Et à l’époque de l’Internet, de beaucoup vivre au lit ne saurait anéantir ma
soif d’être encore un peu utile à d’autres, qu’ils soient âgés ou jeunes !
Aout 2016
Ci-contre
à droite, ma photo prise pour mes 80
ans, en juin 2016
Une lecture sans changement de mon texte de
Mai 2006, en aout 2016, m’amène à
préciser que :
-
Depuis
quelques années je ne marche plus mais « roule ». Je risque bien
moins de tomber. Un détail en somme !
-
Suite à un incident cérébral en juillet 2013, de ma compagne d’après veuvage, nous
n’habitons plus ensemble. Elle est en EHPAD; et de plus sous tutelle. Je
l’accompagne de mon mieux, pour la garder socialement présente.
-
En retour de quoi, elle m’aide à puiser dans
ma réserve de force, pour avoir la satisfaction intime d’être utile à
quelqu’un.
-
J’habite seul
à mon domicile, avec l’aide le matin,
d’aides à la personne. Je trouve enrichissante ma relation à ces aides
d’ethnies, religions, âges différents. J’apprécie particulièrement que des
jeunes, françaises tout autant
qu’étrangères de souche, ne craignent pas de consacrer la force de leur
jeunesse, au bien-être de nos vieux….dont je suis !
-
Mon activité
associative m’occupe assidument. Pour en faire la synthèse en peu de mots, on
peut la rattacher au
développement
de :
« La
mise à profit de l’Internet pour
renforcer sa vie sociale, jusque dans des conditions limites d’âge,
niveau de handicap, etc. »
«
Le télé bénévolat social, en indépendant, depuis le lieu de
résidence »
Au total, je pense être fidèle à ce que mes ascendants ont été, des
hommes modestement de labeur, selon leurs forces,
jusqu’au bout de leurs
vies !
Que l’on suive leur voie, et il y aurait beaucoup moins d’isolement et
de sentiment de solitude !
La personne qui s’investit pour les autres, sans y rechercher d’avantage
ordinaire personnel, ne peut pas être
seule ?
Henri Charcosset
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MAI 2006
Je suis né en 1936 dans une fermette du
Brionnais(71) ; dès l’enfance j’y aidais mon père, en dehors de l’école.
C’est là que j’ai pris la polio à l’été 1953. Après
deux ans, mon autonomie physique était redevenue très acceptable ; marche
possible avec chaussures orthopédiques et une canne, malgré des déficits
musculaires généralisés.
Dès 1968, je ressentais les effets de séquelles
post-polio(SPP) naissantes.
Et surtout mon handicap s’est, progressivement,
beaucoup aggravé à la suite d’une fracture de la colonne vertébrale avec
tassement, lors d’un accident de la circulation en 1985.
J’ai dû cesser pour cause d’invalidité, mon emploi de
directeur de recherches au CNRS, département de Chimie, dès 1989.
Aussitôt, je me mettais à un bénévolat autonome
assidu, depuis chez moi, dans le champ des handicaps, en commençant par une action prolongée à propos
du sujet post-polio et de la population correspondante.
A ce jour, je marche encore un très petit peu, avec
une jambe appareillée et deux cannes. Assez pour me rendre à ma voiture
aménagée, qui me sert aussi de fauteuil roulant électrique. En plus des
problèmes aux jambes, j’ai bras et plus encore dos très limités, fatigués, usés.
Si je peux m’activer en position assise à
l’ordinateur, c’est muni d’un harnachement corporel pour « tenir » le
dos droit, et d’une tablette porte clavier
aménagée de façon à éviter presque tout travail physique au niveau des
épaules et des bras.
Je suis veuf (1990) avec compagne depuis 1992, avec
une esthéticienne retraitée, sans
famille.
Tandis que j’ai deux enfants, quatre petits-enfants.
Nous avons un bon réseau d’amis et relations,
généralement peu intéressés par mon activité de bénévolat, que je ne tais
pourtant pas.
Il faut dire que la pénétration de l’Internet chez les
personnes de plus de 65 ans est encore assez limitée !
Mon initiation à l’informatique remonte quant à elle,
à 1999.
Ma première publication sur l’Internet, sur le site d’une
infirmière au Québec, date du 1er
janvier 2001.CLIC
L’informatique
couplée Internet me semble constituer un formidable moyen d’insertion sociale
active pour des personnes handicapées
jusqu’au stade de la paralysie complète, et pour des personnes très âgées
jusqu’à l’approche de leur mort tout autant.
Maintenir ou remettre au travail, les populations de
ce type me semble un moyen prioritaire de lutte contre leur isolement.
Un lien social équilibré implique la participation de tous, quels que soient
leurs lieu et conditions de vie.
A la production rémunérée, de biens et services par
les adultes jeunes, peut se rajouter une activité d’utilité sociale, même non
rémunérée, par toute personne adulte sans exception, disposant de temps libre.
L’Internet offre à cet égard des
possibilités immenses !
Le sens
de mon orientation.
Mes
motivations, à propos desquelles je m’interroge peu, sont certainement
plurielles.
1/ Tous mes ascendants ont travaillé, puis travaillé
au ralenti, jusqu'à leur mort.
Dans leur lignée, je suis donc pour une
civilisation du travail.
Le travail bénévole, en tout cas par des personnes à
très faible mobilité pour une raison ou une autre, peut très largement
bénéficier de l’Internet.
Voir l'article collectif : CLIC
2/ Avec bien d’autres anciens polios, je dois à la
polio, ou plus précisément à mes deux années,1953-1955, passées au
Centre de Rééducation de Garches, ma promotion de milieu social, et la chance d’être
devenu chercheur au CNRS.
Durant les dix
dernières années de ma carrière active, je m’y suis investi pour la
remise en route en France d’une science des charbons, jugée nécessaire à la
suite du choc pétrolier de 1974.
A mon arrêt de profession en 1989, c’est d’instinct
que je me suis investi dans un bénévolat de recherche dans le secteur social.
Cet attrait prononcé pour la recherche en vue
d’une insertion sociale active de toute
personne, me vient fortement d’un sentiment de dette.
50 ans en arrière,
juste après la polio, on a cru en moi et
beaucoup investi sur moi: rééducation fonctionnelle et études en
parallèle, à Garches.
J’ai encore à
« rembourser », c’est clair, et la seule façon qui me motive
vraiment est la recherche.
Mais une recherche
un peu spéciale, puisque considérant tout un chacun comme co-chercheur en
puissance, à partir des éléments clé de son expérience de vie, tout
simplement(°).
3/ Enfin, j’ai un intérêt instinctif pour tout qui concerne l’évolution au cours des
décennies qui passent, des faits simples de notre vie quotidienne.
Il est
fascinant pour moi de me reporter à un siècle en arrière, au travers des
échanges avec mes grand- parents paternels.
Au tout début des années 1900, dans nos campagnes du
centre de la France, la marche à pied déterminait le périmètre de sa
« prospection », pour un jeune homme en recherche de l’âme sœur.
Trente ans plus tard, c’était la bicyclette….pour presque en arriver déjà, à la
société fortement marquée par l’Internet, de demain.
Il est impressionnant aussi de constater à quel point
sur l’Internet, en utilisant un pseudonyme, on peut dire beaucoup de soi, dans
un esprit d’échange avec des inconnus.
A titre d’exemple, sur le forum handicap de www.doctissimo.fr , s’expriment très couramment de jeunes adultes récemment
paralysés par accident, en vue de la reconstruction de leur vie sensuelle et
sexuelle.
La relation simple de la réalité vécue est de règle,
et les encouragements réciproques assez
poignants. On peut parler d’émulation entre pairs à distance, marquant une avancée de taille
par rapport au passé, même récent.
On n’en est qu’au tout début de la mise à profit par
chacun de la complémentarité entre
ses relations en vrai d’une part, virtuelles
de l’autre.
Note.
(°). Ce terme de co-chercheur avait déjà été introduit, à propos du rôle
des personnes vivant la grande pauvreté, dans la lutte contre de telles
conditions de vie, par Joseph Wresinski
( 1917-1988). Point essentiel, l’auteur avait expérimenté, lui-même, le fait
d’être un enfant et adolescent très
pauvre.
Voir : Le croisement des savoirs. Quand le quart
monde et l'université pensent ensemble (Broché) de Collectif (Auteur), Atd Quart Monde éditions(
3 décembre 1999).