SOLITUDE
DE DAME A 45 ANS, DIVORCEE AVEC UN ENFANT. TEMOIGNAGE, ANALYSES. II.HISTOIRE
F.B,
pseudo, fb_bf@orange.fr , accompagnée par Henri Charcosset,
henri69, henri.charcosset@neuf.fr,
webmestre
Introduction, par Henri Charcosset
Ce témoignage fait
suite à une partie introductive à l’actuel sentiment de « Solitude au
milieu des autres » de F.B,
à voir à CLIC
Elle décrit avec
une clarté remarquable, l’évolution depuis sa petite enfance, de son rapport à
la Solitude. A découvrir.
En la lisant, les bien plus âgés qu’elle,
se trouveront ramenés, avec un peu d’émotion, au temps de leurs 20 ans.
Vers 1990,
aux 20 ans de
F.B, la libération ou « libération »des mœurs, couplée à la
généralisation des nouveaux moyens de contraception, avaient pourtant déjà largement
fait leur œuvre. Tandis que les relations interpersonnelles sont devenues plus
fluides.
Est-ce un bien ou un mal ? Il ne faut pas oublier
pas que si les couples étaient plus stables qu’aujourd’hui, c’était
souvent bien plus par obligation que du fait d’un attrait
mutuel de haut rang. Et puis les espérances de vie étaient bien moins longues !
Il est cependant au moins un point sur lequel F.B avec
son ex, comme il faut savoir dire, sont en avance dans ce que ce devrait être notre temps. La différence essentielle à
faire entre la relation d’amour entre deux adultes, qui n’a pas d’obligation particulière de devoir [H1] durer à
vie, et le lien parental qui lui est
figé pour les temps et même les générations qui viennent. Le propos final de
F.B : « Aujourd’hui, notre fils a 9 ans, deux parents séparés
qui l’aiment séparément « est de ceux qui méritent particulièrement d’être
réfléchis !
Mais l’avenir relationnel personnel ne saurait nous
laisser indifférents. Au risque de nous
tromper, ce qui ne serait pas grave surtout en mode Internet de la
relation. Dans la vie il y a les petits et grands événements. A défaut de
pouvoir en modifier la teneur, on peut toujours évoluer dans l’idée qu’on s’en
fait. Là où F.B se trouve seule au milieu des autres ; ces autres elle ne
peut pas à premier abord agir sur leurs capacités d’écoute et d’attention. Elle
se doit donc de moins attendre de ces relations. A partir de quoi, elle ira aux
autres plus détendue, et verra leur très petite capacité d’écoute à son égard,
s’améliorer quelque peu. Son devenir sentimental va s’élaborer en principe plus tard, en
complément aux relations d’amitié, Net relations tout autant qu’amitiés en vrai
ou dites telles. Cela devrait prendre la
forme d’une union libre en habitat
partagé, plutôt que d’un vécu ensemble à temps plein. Vision moderne de la vie
en couple, en tout cas dès lors que la perspective d’avoir des enfants ensemble
est éteinte. Vision plus sure aussi de garantir le long terme. On pourra; pour
réfléchir à ces questions, consulter des ouvrages de Jacqueline Kelen, dont un exemple est évoqué à CLIC. HC, né en 1936
Texte
de F.B
L’enfant unique : je le suis. « Personne qui
n’a ni frère ni sœur ».
L’enfant unique a mauvaise presse. Qui sont
tenus pour responsables ? Ce sont les parents par choix… ou lorsque la vie
s’en mêle. Cet enfant est perçu comme asocial, capricieux, égoïste… bref un
adulte à fuir. Pourtant, il n’y a pas qu’un seul profil psychologique type car
le développement de l’enfant unique va dépendre en partie de son caractère, de
sa personnalité en construction, de ses ressources propres, de sa relation à
ses parents et aux autres.
Sans vouloir faire une généralité, je dirai que l’enfant unique est hypersensible au regard des autres.
Parce-qu’il a été surprotégé la plupart du temps, il présente à la fois un
sentiment d’insécurité et/ou une assurance déconcertante. Il est souvent
exigeant avec lui-même comme l’ont sans doute été ses parents avec lui puisque
leurs attentes furent exclusivement dirigées vers lui seul. Il connait parfois la solitude et l’ennui. Il est fréquemment plus
mûr que les autres sur un plan intellectuel car il partage de très près la vie
de ses parents adultes. Mais sa maturité affective se trouve décalée par
rapport à son développement cognitif, et il se sent différent, de fait. Il peut
en souffrir.
Enfant, il y a toujours une ou des personnes
pour poser la question stupide, qui laisse à supposer à tort qu’on a son mot à
dire sur le sujet « tu aimerais avoir un petit frère ou une
petite sœur ? ». Ma réponse était sans appel et sans
variante : « non, je veux un chien » (que J'ai eu à 13 ans... le
premier).
Je ne sais pas si c’est le fait de m’avoir
expliqué très jeune que l’état de santé de ma mère ne lui permettrait pas
d’avoir un second enfant, ou le réel désir de ne pas partager mes parents qui a
fait qu’enfant je n’ai pas le souvenir conscient d’un manque de
frère et sœur.
Dans mon entourage proche, il y avait mes
cousins (frère et sœur), d’âges similaires et voisins (même quartier). Un atout
majeur pour le jeu, les chamailleries… et la satisfaction de les voir rentrer
chez eux par la suite, chacun chez soi…
Parallèlement, une scolarité tout à fait
convenable avec des camarades de classe et une amie
d’enfance, qui 40 ans plus tard est toujours là.
L’adolescence n’a pas réellement été une
épreuve, ou un cap difficile. Assez
docile de caractère je n’ai pas le sentiment d’avoir été dans la rébellion, ni
dans l’affirmation, juste peut-être dans le questionnement comme il me semble
normal de l’être dans cette phase, cette étape. A cette époque, si l’on m’avait
posé la question « tu aurais aimé avoir un frère ou une
sœur ? » ; je pense que j’aurai peut-être répondu « oui…
mais un grand frère ou une grande soeur».
Le passage d’enfant à adolescente a mis en
évidence certains traits de caractère avec ses points forts et ses points
faibles ; de par ma vision sur moi-même, je serai tentée d’y
voir plus de faiblesses… que d’atouts, mais est-ce vraiment objectif de ma part
? Qui peut vraiment se prévaloir d’une assurance et d’une confiance
en soi réelle et assumée ?
Timide et réservée je savais toutefois m’entourer
de copines, ne cherchant pas le nombre mais bel et bien la constante. J’aimais
à partager des moments avec mes amies tout en appréciant mon statut solitaire
en parallèle. En matière de vie amoureuse, je dirai que je suis
également restée discrète sans pour autant que ce soit une obsession.
Je crois que j’ai intégré de toujours, le fait, que ce qui doit se produire
arrive avec notre volonté ou pas… aussi j’aimais à penser que si l’amour, le
vrai, devait entrer dans ma vie… qu’importe la nécessité de le
« chercher », ce qui doit ou pas se réaliser, se réalise… ou pas.
Cette vision que l’on peut qualifier
de simpliste, m’a en effet bien « simplifié » les choses… et tant
mieux, car je dois dire qu’à ne pas chercher à provoquer les évènements, j’ai
certes peu vécu dans ce domaine, mais je n’ai pas été secouée de
désillusions gravissimes à répétition. Tout au plus quelques chagrins liés à
non la réciprocité des sentiments naissants qui aujourd’hui me laissent des
souvenirs bien plus légers.
De jeune adulte à la trentenaire, des amis, des
connaissances, des loisirs, des sorties, des coups de coeur… tout ce qu’il
faut pour avoir une vie agréable… sans pour autant être
« l’amoureuse ». Le décalage commence à se remarquer, les
unions en projet des uns, la vie de famille des autres… et pour témoins le
cercle amical au complet… avec moi qui éprouve ce sentiment
de solitude… pas d’être réellement seule, mais plus exactement d’être « différente »
des autres.
Ce sentiment est un ressenti que les autres ne
voient pas, car s’il n’est pas révélé, il ne saurait exister pour autrui.
En silence, l’interrogation sur l’hypothèse
d’une réelle vie de couple à venir se précise ; une remise en question, un
constat, et un semblant de réponse… Tout à coup, je comprends que je m’impose
pour ma vie future certaines restrictions, ou plus exactement une
interdiction : celle de ne pas fonder une famille. Aussi, je fais le
lien rapidement, comprenant que si trouver l’amour n’est pas essentiel c’est peut-être
parce-que d’une certaine manière je suis consciente que je n’irai
pas jusqu’au bout du cheminement classique… un parcours inachevé, alors à quoi
bon ?
Comme l’inattendu se produit inévitablement à
notre insu, celui qui allait tout chambouler est rentré dans ma
vie. Plus de place pour les interrogations, les incertitudes, les liens de
cause à effet, non rien… juste lui qui a alors rempli toute mon
existence du moment. A partir de là, j’ai mis la solitude à la porte, c’est un
peu comme s’il répondait à toutes mes attentes, comme si je n’avais plus à me
tourner vers moi-même, comme si le fait d’être accompagnée au quotidien me
faisait apprécier encore davantage les autres aspects positifs de ma vie :
les personnes, le contexte, le cadre, tout quoi. Comme si j’étais enfin en
phase avec les autres.
De cette relation, j’étais pleinement
satisfaite et je peux dire que la réciproque y était. Nous vivions pour nous
deux au milieu des nôtres sans jamais évoquer le chiffre trois… jusqu’au jour
où, après une période d’introspection sur moi-même, et une horloge interne qui
se faisait entendre, la question s’est posée… je me la suis posée, j’ai cherché
des réponses impartiales. J’ai suffisamment été rassurée pour que ce projet de
vie devienne une évidence.
Tout naturellement, nous en avons parlé,
sans pression, sans non-dit, sans crainte ; nous étions
heureux, avec des projets, et beaucoup d’amour à
partager. Notre vie au quotidien était celle de la majorité des
couples au beau fixe. Notre vie sociale riche et plaisante. Il ne nous manquait
alors qu’un enfant.
L’attente
de notre enfant est la période de ma vie la plus riche en émotions, la plus
complète, la plus merveilleuse. Je n’étais plus jamais seule, j’étais
habitée, j’étais deux… et je voulais absolument tout partager. Notre fils a vu
le jour en juillet 2008. Là, je peux dire, qu’à ce
moment précis j’avais TOUT.
Notre vie à trois me comblait… si bien que je
n’ai pas senti arriver ce qui allait être mon déclin. J’ai découvert bien
malgré moi ce que signifiait « rien n’est acquis ». L’amour
s’entretient parait-il. Pour ma part, tellement certaine de mes sentiments
qu’il n’y avait pas de place pour le doute, pas de preuve supplémentaire à
fournir ; en face, il n’en était plus de même, l’être aimé ne s’est plus
senti suffisamment aimé et en réponse, résigné, en silence, il a renoncé et a cessé de m’aimer sans pour autant m’alerter
tant qu’il était temps. Je lui en ai voulu de m’imposer ce
désamour ; sans me laisser l’opportunité même faible de tout tenter pour à
deux essayer de sauver ce que seul(e) nul ne peut réaliser.
Cette séparation a été douloureuse. C’est un
peu comme si tout s’ébranlait ; ma vie devenait incomplète. Le vide
s’installait. Une place trop grande que rien ni personne ne pouvait combler.
J’étais malheureuse car affectivement abandonnée. Entourée et pourtant si
seule. Cette souffrance était due à la perte de mon amour bien plus
qu’à mon besoin de me retirer quelque peu. Les amis, la famille, comptent mais
la vie telle que je l’avais projetée n’était plus. C’est cette étape de
reconstruction qui selon les personnes peut prendre plus ou moins de temps sans
qu’il y ait un délai bien précis.
Le fait d’avoir mal, de ne pas comprendre, de ne
pas accepter, a fait que j’ai opté pour une forme de repli
sur moi-même. J’avais le sentiment de ne plus rien avoir en commun
avec une grande partie de mon entourage, plus grand-chose à partager mais aussi
trop de tristesse que je ne souhaitais pas partager. Cette forme
de vie est proche de l’hibernation, au ralenti, un sentiment d’engourdissement
qui procure un certain mieux être, comme une insensibilité qui
s’installe ; une vie en surface. Cette étape avec le recul me semble
inévitable, indispensable, c’est la phase de digestion, de renonciation,
d’acceptation.
Bien évidemment on parle là de ma vie
personnelle, pas de ma vie de mère de famille que j’ai menée du mieux que j’ai
pu en m’efforçant d’apprécier chaque instant, bien plus qu’un moteur, la
priorité des priorités, ni de ma vie professionnelle que j’ai poursuivie
normalement, encore moins de ma vie en tant « qu’enfant », que j’ai
voulue la plus apaisante possible car mes parents m’ont apporté et m’apportent
encore aujourd’hui réconfort, amour et sécurité.
A aujourd’hui, notre fils a 9
ans, deux parents séparés qui l’aiment séparément. Un enfant unique, né de deux
parents eux-mêmes « enfant unique ».