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                                                JANVIER 2008

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VIEILLIR AVEC UN HANDICAP MENTAL AUX

PAPILLONS BLANCS DE BEAUNE ET SA REGION

II. État des lieux. Réflexions

Françoise CHARLOT

Aide-Médico Psychologique, diplômée DIGUB (Diplôme Interdisciplinaire en Gérontologie) à l’Université de Bourgogne à DIJON)

Salariée à l’Association des Papillons Blancs de Beaune et sa Région -21-

INTRODUCTION

Si l’accompagnement et la prise en charge des handicapés mentaux vieillissants sur le site de Savigny les Beaune devient une préoccupation récurrente, les professionnels doivent se mobiliser pour un « mieux être et mieux vivre » de ces personnes.

Depuis les années 2000, notre démarche professionnelle perdure tant dans la réflexion et l’action, puisque 8 personnes trisomiques sur 10, à l’époque, ayant développé des comportements de type démence ou de maladie d’Alzheimer sont décédées. Il n’en reste plus que deux.

Mais, à ce jour, se surajoutent douze adultes psychotiques et/ou trisomiques qui montrent des « états de fatigue » se traduisant par des comportements « hors normes » pour certains : pour eux, le vieillissement s’opère de façon spécifique.

Le processus de vieillissement ordinaire ou singulier à partir de la cinquantaine, s’est donc enclenché. Sur les 25 personnes accueillies, nous approchons donc un taux de presque 50 % de handicapés présentant des troubles liés à leur vieillissement.

ETAT DES LIEUX

I. Évolution et conséquences

Chacun étant unique par sa culture, son entourage familial, social, son histoire, sa singularité, l’évolution des personnes est individualisée.

Trois points ont été relevés au niveau évolution et conséquences :

1 - Les 5 premiers départs en retraite en 2000 n’étaient pas des choix personnels mais une obligation faite par le Conseil Général de réorienter les personnes de plus de 60 ans en maison de retraite, voire en famille d’accueil.

Depuis, et grâce à la Loi du 2 Janvier 2002, le Conseil Général a donné l’autorisation pour  que les établissements puissent continuer à accueillir ceux et celles qui désirent continuer leur chemin dans leur lieu de vie.

Cela nous oblige donc à une évaluation des besoins avec elles, afin de leur apporter un réponse adaptée en respectant leur choix (dans la mesure de leur « capacités intellectuelles »).

La personne peut ainsi rester dans l’Établissement, au sein des services résidentiels que lui proposent les Papillons blancs, ou opter pour un foyer logement, décider d’aller en maison de retraite, en famille d’ accueil, retourner dans sa famille si c’est possible ou, si nécessité, rejoindre une unité de soins spécialisés type long séjour.

Il n’en demeure pas moins que l’Établissement a une limite par rapport à sa mission : il reste social et médico-social.

 La plupart des personnes porteuses de Trisomie développent, nous le répétons, des comportements de type démence ou Maladie d’Alzheimer.

3 - Une réflexion des équipes par rapport aux besoins de cette génération de «vieillissants» s’impose, avec la nécessité urgente d’  adapter nos réponses à leurs besoins.

II. Problèmes liés au vieillissement de ces personnes

1. Le quotidien des personnes en situation de handicap : le travail

Le travail prend du temps et représente beaucoup pour les personnes déficientes intellectuelles et pour leurs familles. Surtout à une époque où il devient rare.

Source d’épanouissement et/ou moteur de la dynamique d’une vie, il est vécu pleinement par ceux qui ont la chance d’en avoir un. Être accepté dans une structure adaptée, c’est-à-dire en E.S.A.T. (anciennement C.A.T.) ou en Atelier Protégé, est reçu comme une « délivrance » par des parents souvent soucieux de l’avenir de leur enfant. Occupés, productifs, reconnus, valorisés, ils sont tout ça et bien plus quand ils pénètrent dans un lieu spécifique ou ordinaire.

2. Se réaliser, s’épanouir, s’intégrer

Nous comprenons bien que les parents accordent une grande place au travail de leur enfant dans la vie de tous les jours. Ils le découvre par le biais de l’E.S.A.T., porteur de progrès individuels.

Et puis, même si cela appartient au non-dit, et que le sujet est sans doute tabou, les familles se sentent « soulagées » de le laisser partir vers ces lieux qui les retiennent assez longtemps voire très longtemps.

C’est pourquoi aux Papillons Blancs, l’arrêt du travail, jusque-là considéré « comme un moyen et non comme une finalité pour ces personnes » bouleverse parfois de façon brutale la personne qui ne peut plus physiquement et par voie de conséquence psychiquement assumer son rôle.

Tout un travail de deuil doit déjà s’opérer.

3. Vieillir dans la dignité

« Le problème de la jeunesse est qu’on ne l’a plus… » (Oscar Wilde)..

Vieillir… personne n’y échappe. La différence par rapport aux personnes qui vivent « normalement » se rapporte à l’avenir. Comment nos résidents peuvent-ils continuer leur vie sans connaître une trop grande rupture avec leur habitat, leur environnement, leurs activités ?

4. L’équilibre de vie des handicapés avant ou après 60 ans

Comme évoqué plus haut, chaque personne peut désormais être accueillie, sans condition d’âge là où les accueillants répondront aux besoins et désirs de la personne.

Mais le « maintien à domicile » de ces personnes vieillissantes au sein du Site de Savigny les Beaune, implique un accompagnement spécifique voire spécialisé dans les actes de la vie quotidienne. De plus, leur rythme de vie est plus lent.

REFLEXIONS DES PROFESSIONNELS

1. Différents sujets ont été abordés

Maintes réunions d’équipe et institutionnelle ont permis aux professionnels de s’exprimer sur ce thème du vieillissement et d’aborder des questions essentielles, aussi avec les usagers et les familles, notamment dans l’approche et la façon d’appréhender ce phénomène complexe que représente le vieillissement de la personne handicapée mentale.

Les professionnels ont donc soulevé 3 points fondamentaux :

1 - Les représentations du vieillissement des personnes handicapées mentales accueillies dans notre structure médico-sociale.

2 - Le repérage des besoins dans l’accompagnement de ces personnes.

3 - Les propositions d’action ou de projet répondant aux différents besoins repérés : Actions menées dans l’Établissement ; Aménagements de structures ; Travail en partenariat

Les thèmes abordés auprès des résidents dégagent 3 points importants :

1 - Les représentations du vieillissement.

2 - Le vécu de la personne dans l’Institution.

3 - Le vécu de l’usager dans la vie sociale.

Les familles, également, ont souligné 3 points essentiels :

1 - Les représentations du vieillissement.

2 - Les difficultés rencontrées dans l’accompagnement, la prise en

charge institutionnelle.

3- Le recueil des attentes et des projets.

La représentation du vieillissement a, bien sûr, réamorcé la question de l’ « impossible normalisation » de l’handicapé mental de surcroît en situation de vieillissement. Comment l’avancée en âge des personnes handicapées vieillissantes est-elle perçue? ».

LES PROBLEMES RENCONTRES

1. Problèmes des représentations négatives cumulées

Dans notre société, n’est-il pas bien de vieillir tout comme il n’est pas bien d’être « handicapé » ? Alors que les jeunes en situation de handicap nous offrent l’espoir d’une amélioration possible, lorsque les personnes prennent de l’âge, ces espoirs s’évaporent.

En effet, ces handicapés produisent en plus un « effet surprise » lorsqu’ils atteignent des âges inédits. Leur longévité éternelle et leur vieillesse provoque le désarroi par la perspective de voir sabotés par le temps, tous les progrès cognitifs si durement acquis.

A ce sujet, nous, professionnels, à plusieurs reprises, avons dû faire le deuil du long et parfois lent travail éducatif concernant des résidents qui avaient gagné une certaine autonomie dans les actes de la vie quotidienne (mettre la table, balayer, mettre la vaisselle dans le lave-vaisselle, lacer ses chaussures, s’habiller seul, faire des choix vestimentaires, alimentaires voire loisirs). Ce lien social si durement acquis n’était qu’éphémère puisque rattrapé, « désarmé » par leur propre vieillissement.

2. Le vieillissement touche aussi les professionnels du Site de Savigny

Les dilemmes potentiels sont à la fois psychologiques, techniques et existentiels.

Il nous faut parfois savoir ou apprendre les fossés intergénérationnels et les effets de miroirs. Tels certains jeunes professionnels confrontés, par obligation, à l’accompagnement de personnes vieillissantes, ce qui change totalement son regard.

L’avancée en âge parallèle entre usagers et professionnels a également amené aussi certains accompagnants des Papillons Blancs à planifier leur propre retraite ou affronter leur propre vieillissement tout en organisant et préparant un résident à sa propre retraite. D’autres professionnels, vivant un deuil, ont dû également soutenir un handicapé endeuillé.

DES MALADRESSES DANS NOTRE ACCOMPAGNEMENT

Avec le recul, les professionnels ont relevé, de façon générale des inadéquations : des « stimulations » soit absentes, soit excessives comme avec certains résidents contraints d’arrêter leur travail. Ils ont donc intégré le Service Résidentiel versus le Service d’Accueil de Jour pour cause de fatigabilité.

La difficulté, pour les éducateurs d’atelier, et nous-mêmes, équipe éducative, était de doser les exigences tant au plan des rythmes que la durée.

La primauté, à notre niveau, de façon inconsciente, d’opter pour des outils éducatifs « normalisateurs » nous ont conduit à des erreurs professionnelles, ce qui a provoque de véritables échecs d’accompagnement générant un certain fatalisme d’abandon.

Faute de formation et d’enseignement, ces « cataclysmes » ont fait que nous avons ignoré le nécessaire besoin d’accompagnement de ces personnes, c’est-à-dire l’exigence fréquente, à leur égard, d’une véritable démarche thérapeutique.

C’est ainsi que nous continuons, encore aujourd’hui, à trouver le sens de notre travail dans la dynamique de la progression, du maintien des acquis face au travail qui doit s’élaborer.

Nous, professionnels, orientons, réorientons sans arrêt nos investigations sur de nouvelles bases d’accompagnement individuel et, de fait, devons nous adapter.

Le principal obstacle à une compréhension fine des situations de vieillissement et à une correcte prise en charge des usagers, n’est-il pas finalement en nous ?.

COORDONNEES. ECHANGES.

Je suis disponible pour des échanges (notions théoriques ; expériences pratiques) sur ce vaste sujet du pouvoir bien vieillir en situation de handicap mental.

Françoise CHARLOT – 23 Rue du Fbg St Jean – 21200 – BEAUNE

francoise.marechar@wanadoo.fr

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