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Novembre 2011
LE TESTAMENT
POUR MIEUX PROTEGER CEUX QUE VOUS AIMEZ
Catherine JANAT avec Maître
Jean-François HUMBERT, notaire à Paris
Notre Temps, novembre 2010
Nous avons déjà publié sur ce site,
sur: Les testaments de vie, en 2006
°°°°°°
À quoi bon faire un testament,
direz-vous, puisque la loi prévoit tout ! C’est vrai, la loi donne un cadre,
dit ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. Mais pas plus. Pour organiser sa
succession « sur mesure », le testament est une solution.
POURQUOI
PREPARER UN TESTAMENT
1
- Pour améliorer la protection de son conjoint
La loi a, au fil du temps, amélioré le
sort du conjoint survivant, qui hérite sans droits de succession à payer. Mais
son avenir peut être mieux assuré encore par un testament.
- Lorsqu’il n’y a pas d’enfants nés d’une précédente union
mais seulement des enfants nés du mariage, l’époux survivant peut,
par exemple, conserver l’usage de tout ce qu’il possédait avec son conjoint
(les biens communs), des biens propres de son conjoint (ceux que ce dernier
avait reçus par donation, héritage, ou avait acquis avant le mariage), utiliser
les revenus produits par les placements, les loyers tirés d’un logement mis en
location... En termes juridiques, il a l’usufruit total de la succession. En
pareille situation, il ne peut seul, sans l’accord de ses enfants, vendre un
bien (sauf les valeurs mobilières).
-
Dans cette situation familiale aussi, rédiger un testament au profit de son conjoint a de l’intérêt. En effet, si
ce même droit d’usufruit lui est accordé par testament, il a alors la
possibilité de renoncer à une partie de son héritage. C’est ce que l’on appelle
le cantonnement. La part d’héritage à laquelle il renonce revient aux autres
héritiers, les enfants. Le souci des couples d’assurer l’avenir du conjoint qui
restera seul peut en effet avoir pour conséquence que celui-ci reçoive un
patrimoine trop important par rapport à ses besoins : par exemple,
l’usufruit de la totalité des biens alors que le seul usufruit de la résidence
principale lui aurait suffi.
- Dans les familles recomposées. Lorsque le
conjoint survivant se trouve à hériter avec des enfants nés d’une précédente
union, son sort est nettement moins favorable. Le testament permet d’augmenter
sa part.
Exemple
: Jacques décède en laissant Jeanne,
son épouse, et deux enfants nés d’un premier mariage. Par testament, il a légué
à Jeanne un petit appartement dont la valeur représente un tiers de la
succession. Ainsi, Jeanne est propriétaire à part entière d’un bien qu’elle
peut vendre, louer ou occuper, sans avoir de lien juridique avec ses
beaux-enfants. Si Jacques n’avait pris aucune disposition, Jeanne n’aurait pu
recevoir qu’un quart de la succession.
- Lorsque l’on est marié sans enfants, le
testament constitue le moyen d’écarter de la succession ses parents (sauf droit
de retour, voir exemple) ou frères et
soeurs pour protéger son époux.
Exemple
:
Jean n’a pas d’enfants. Par testament, il lègue la totalité de son
patrimoine à sa femme, Marie. Sans testament, Marie aurait droit à la moitié de
la succession et les parents de Jean à un quart chacun.
Les parents du défunt ont un droit de
retour. Ils peuvent récupérer les biens qu’ils avaient donnés à leur enfant.
Les biens repris ainsi ne peuvent représenter plus d’un quart de la succession
pour chacun des parents. Si les parents de Jean sont morts, Marie hérite de
tout. Les frères et soeurs du défunt bénéficient d’un droit de retour dont Jean
peut les priver par testament.
2 - Pour avantager un ou plusieurs de ses enfants
Le droit des successions repose sur le
principe fondamental selon lequel les enfants reçoivent à part égale le
patrimoine de leurs parents. Le testament peut permettre de faire autrement :
d’avantager, dans une certaine mesure, un enfant vulnérable, en difficulté dans
la vie professionnelle... par rapport à ses frères et soeurs ou même tous ses
descendants au détriment du conjoint. A une condition : que cela n’empiète pas
la « réserve » prévue par la loi (lire aussi: Ce que dit la loi).
Exemple
: Luc et Michèle ont deux enfants.
Luc peut valablement attribuer, par testament, tous ses biens à ses deux
enfants et exclure ainsi Michèle de la succession. Mais il ne peut en aucun cas
la priver du droit d’occuper gratuitement, au moins pendant un an, le logement
familial.
3 - Pour éviter toute querelle entre héritiers
Il est possible, par testament, de
répartir ses biens entre les héritiers et d’éviter ainsi des querelles au
moment du partage. On parle alors de testament-partage. Il ne peut être établi
qu’au profit des personnes qui hériteront du testateur de par la loi (ses
enfants, par exemple) et ne doit concerner que ses biens propres et pas ceux
possédés en commun avec son conjoint.
Chacun des légataires sera pleinement
propriétaire des biens attribués alors que dans une succession « ordinaire » les héritiers devraient s’accorder pour le partage. Le
testament-partage peut donc éviter des conflits. Cependant, il présente un
inconvénient majeur : s’il est fait longtemps avant le décès, la valeur et
l’état des biens peuvent avoir changé entre les deux événements. Conséquence :
l’un des héritiers peut se trouver dans l’obligation de dédommager les autres
afin que chacun bénéficie bien de la « réserve
» qui lui revient de par la loi (voir notre mini dico).
4 - Pour faire entrer son partenaire pacs dans l’héritage
Pour se transmettre tout ou partie de
leurs biens, les partenaires de pacs doivent faire un testament. À défaut, ils
se trouvent dans la même situation que les concubins, c’est-à-dire étrangers
entre eux au regard des règles de l’héritage. S’ils ont des enfants nés de leur
couple ou d’une union précédente, ils ne peuvent se léguer qu’une partie de
leurs biens, les enfants ayant droit à une part d’héritage de leur parent.
Au décès de l’un, le partenaire qui
hérite n’a pas de droits de succession à payer. Il bénéficie en outre du droit
de continuer à vivre pendant un an dans le logement et cela, gratuitement (sauf
si une disposition du testament le prive de ce droit).
5 - Pour avantager un proche qui n’est pas de sa famille
Le testament permet d’attribuer un bien
à son concubin, un ami, un voisin et même une fondation... Mais, aucun lien de
parenté n’existant entre celui qui fait le testament et le bénéficiaire du legs,
ce dernier devra acquitter des droits de succession importants (voir ci-contre l’exemple du concubin). Attention
! Certaines personnes ne peuvent pas figurer comme légataires dans votre
testament. Il s’agit de celles qui de par leur profession pourraient exercer
une influence : le médecin traitant, le personnel de la maison de retraite...
LE MINI DICO
DE LA SUCCESSION
- Héritier : Personne qui hérite car la loi l’a prévu.
-
Légataire : Personne désignée
par un testament pour recevoir une part ou un bien de la succession. On peut
être à ta fois héritier et légataire. Ce sera le cas d’un enfant qui reçoit un
bien que lui a transmis par testament l’un de ses parents.
-
Legs : Bien attribué par
testament.
- Réserve :
Part minimale d’héritage qui revient de droit aux héritiers réservataires. Il
s’agit des enfants du défunt, des petits-enfants si les enfants sont décédés
avant, et, en l’absence de descendance, du conjoint. Un héritier réservataire
ne peut être déshérité en totalité (sauf pacte successoral).
-
Succession : Transmission du
patrimoine d’une personne décédée.
-
Testateur : Personne qui fait
son testament.
CE QUE DIT
LA LOI
Nous nous
limitons à indiquer ici les têtes de paragraphes
La
loi désigne les héritiers
et leur ordre
°°°°
La
loi donne une marge de manoeuvre
A SAVOIR
Début by-passé : Suite :
Comment protéger son concubin ?
Mieux vaut, en plus du testament,
prendre d’autres dispositions car plus de la moitié des biens reçus seront
engloutis dans le paiement des droits de succession.
- La signature d’un pacs est une
solution plus efficace d’un point de vue patrimonial, à condition de faire un
testament en faveur de son concubin.
- Souscrire un contrat d’assurance vie
et le désigner comme bénéficiaire du capital peut également être une bonne
solution. Car il peut recevoir jusqu’à 152 500 euros de capital sans payer
d’impôt si les versements sont effectués sur le contrat avant les 70 ans du
concubin. Si vous ne prenez aucune mesure en faveur de votre concubin, à votre
décès, il n’aura aucun droit sur votre succession, même si vous avez eu des
enfants ensemble.
Pourquoi demander conseil à un notaire ?
- Pour s’assurer que les décisions que
l’on veut prendre pour sa succession entrent bien dans le cadre de la loi.
Sinon, elles ne seront pas suivies d’effet.
- Pour que la rédaction du document ne
comporte pas d’ambiguïtés.
- Pour étudier si d’autres outils
juridiques (donations, pacte successoral, régime matrimonial) seraient mieux
adaptés à votre situation. Les honoraires que vous facturera le professionnel
sont libres et dépendent de la complexité du dossier. N’hésitez pas à en
demander au préalable le coût.
Testament ou donation?
- La donation entre époux, aussi appelée
donation au dernier vivant, permet comme le testament d’attribuer à son
conjoint plus que ce que la loi lui accorde.
- Le testament présente cependant
plusieurs avantages. On peut le faire sans passer devant le notaire et
économiser ainsi des frais. On peut surtout y intégrer des dispositions
concernant d’autres héritiers ou d’autres volontés.
REDIGER UN
TESTAMENT EN 12 QUESTIONS
1.
Tout le monde peut-il faire un testament ?
Oui.
Il faut avoir 16 ans et être sain
d’esprit. Les héritiers peuvent demander l’annulation du testament en justice,
s’ils réussissent à prouver une altération importante des facultés de
discernement de la personne qui l’a rédigé. Notez qu’entre 16 et 18 ans il
n’est possible de disposer par testament que de la moitié de ses biens.
2.
Peut-on le rédiger seul ?
Oui.
Vous avez le droit d’établir
vous-même votre testament (sans notaire). Il sera valable à condition de le
rédiger, de le dater et de le signer à la main : on parle alors de
testament olographe. Vous avez ensuite toute liberté dans le choix de l’écriture
(cursive...), de l’instrument (stylo, crayon...), du support (les tribunaux ont
admis la validité d’un testament écrit sur une carte postale, d’un autre gravé
sur du bois !), de la langue... Il doit être établi par une seule personne (un
couple ne peut, dans un testament unique, organiser sa succession).
3.
Tous les supports sont-ils permis?
Non.
Pas question d’enregistrer votre
testament olographe sur un magnétophone, sur un ordinateur, de le taper à la
machine, ou encore de le dater avec un tampon. Il doit être entièrement écrit à
la main.
4.
Faut-il être très précis?
OUI.
Il faut rédiger le document en des
termes précis évitant toute ambiguïté. La volonté doit être clairement exprimée
et ne pas laisser place à l’interprétation. Préférer ainsi « Je lègue mes bijoux
à ma fille... » à
« J’aimerais que ma fille reçoive
mes bijoux... », pouvant être interprété comme un
voeu donnant une marge de manoeuvre aux héritiers.
5.
Est-il impératif de recourir à un notaire?
Non,
puisque le testament olographe est
reconnu. C’est le testament authentique qui est réalisé par et chez un notaire
assisté par un autre notaire ou devant deux témoins (solution la plus
fréquente). En pratique, le testateur dicte le contenu du testament au notaire,
qui l’écrira ou le dactylographiera. Celui-ci en fera ensuite lecture devant le
testateur et les deux témoins (ou le notaire), puis tous devront le signer.
Les témoins peuvent être choisis par la personne qui fait son testament ou par
le notaire. Cependant, ne peuvent remplir cette mission notamment les
bénéficiaires des legs, les parents du testateur, les clercs des notaires de
l’étude dans laquelle est rédigé le testament.
6.
Un testament authentique a-t-il des avantages?
Oui.
Le testament authentique apporte
toutes les garanties : ni sa date, ni son contenu ne peuvent être en
principe contestés. Et il rend plus rapide le règlement de la succession. Il
est obligatoire lorsque le testateur veut reconnaître un enfant naturel ou
qu’il veut priver son conjoint de droit d’usage et d’habitation à vie du
logement familial (il ne peut d’aucune manière lui retirer ce droit la première
année qui suit le décès). En pratique, le testament authentique est également
utilisé par les personnes qui ne peuvent plus physiquement écrire. Il faut
compter pour l’établir de l’ordre de 150 euros de frais de notaire. La note
peut cependant être plus élevée site document comporte plusieurs pages ou si le
notaire doit se déplacer.
7.
A-t-on le droit de conserver son testament chez soi ?
Oui,
mais garder un testament olographe à
domicile comporte des risques. Si vous le cachez et que personne n’est au
courant de son existence ou du lieu où il se trouve, il risque de ne pas être
découvert ou alors tardivement, une fois la succession
liquidée. Il faudra alors revoir, le cas échéant, les mesures prises
(indivision, partage...). Il peut également être involontairement détruit,
voire même subtilisé par ceux qui y auraient intérêt.
8.
Est-ce préférable de le déposer dans un coffre, à la banque ?
Non,
le mettre dans un coffre à la banque
n’est pas judicieux car, si le testament comporte des dispositions concernant,
par exemple, l’organisation des funérailles, il risque d’être trouvé trop tard,
quand la banque débloquera le coffre. La solution qui offre le maximum de
garanties est de le déposer chez le notaire et de demander son inscription au
fichier central des dispositions des dernières volontés. Les honoraires du
notaire pour la garde et l’ouverture du testament ne sont dus qu’au moment de
l’ouverture de la succession et sont de l’ordre de 60 €.
9.
Est-ce au notaire de le faire enregistrer au fichier des dernières
volontés?
Oui, mais c’est à vous d’en faire la demande expresse à
votre notaire. Le coût de la démarche est de l’ordre de 30 €. Ce fichier sous
contrôle du Conseil supérieur du notariat regroupe les testaments déposés. Le
contenu du testament n’y figure pas mais sont mentionnés les
nom, prénom, lieu et date de naissance de l’auteur du testament ainsi
que la date et la nature du testament (olographe ou authentique). Lors du
règlement d’une succession, le notaire se doit d’interroger ce fichier. Il sait
ainsi si un testament existe et le nom du notaire dépositaire.
10.
Les proches ont-ils accès au fichier des dernières volontés?
Non,
le fichier n’est accessible qu’aux
notaires, sur demande de toute personne qui justifie de sa qualité d’héritier
ou de légataire et ne peut être consulté que sur présentation d’un certificat
de décès de la personne dont on recherche le testament. Le contenu du testament
ne peut être connu qu’en s’adressant au notaire dépositaire. Il n’est communiqué
qu’aux héritiers et légataires.
11.
Peut-on modifier son testament ?
Oui,
à tout moment, vous pouvez changer
les termes d’un testament, l’annuler... même dans le cas d’un testament
authentique. Pour éviter toute erreur d’interprétation de votre volonté, mieux
vaut le refaire intégralement et détruire l’ancien. S’il avait été inscrit au
fichier des testaments, il faut demander au notaire l’annulation de cette
inscription. Pour lever toute ambiguïté, il est utile dans le dernier testament
d’indiquer que ce document remplace les testaments antérieurs. Notez qu’il est
possible d’apporter une modification à un testament sans le refaire
entièrement. Il faut alors rédiger un codicille : sur un document distinct
du testament on apporte la modification désirée.
12.
Faut-il toujours désigner un exécuteur testamentaire ?
Non,
ce n’est pas obligatoire, c’est
conseillé si vous craignez des difficultés lors de votre succession. Vous
pouvez désigner cette personne de confiance qui sera chargée de veiller à
l’exécution de vos dernières volontés dans le testament lui-même ou dans un
acte séparé établi devant notaire.
LES
DIFFÉRENTS TYPES DE LÉGATAIRES
-
Le légataire universel est la
personne à qui vous avez décidé de donner la totalité de votre héritage.
Pourtant, elle n’est pas sûre de tout recevoir. Si vous désignez par exemple
votre concubin légataire universel et que vous avez des enfants, votre compagne
ou compagnon recevra certes la totalité de la succession mais il devra
indemniser les enfants en leur versant une somme qui correspond à leurs droits
d’héritiers réservataires. En outre, vous pouvez valablement désigner plusieurs
légataires universels. Ils se partageront alors à part égale les biens de la
succession.
-
Le légataire à titre universel reçoit
une part des biens de la succession, par exemple la moitié, un tiers (les biens
ne sont pas décrits ni distingués objet par objet). Si des enfants héritent (ou
tout autre héritier réservataire), le legs à titre universel ne peut dépasser
la valeur de la quotité disponible.
-
Le légataire particulier reçoit un ou
plusieurs biens précis.