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Mars 2012
SEXE ET SPORT FONT-ILS BON MENAGE ?
Karim BEN-ISMAIL
L'Equipe,
mercredi 3 août 2011, Grand Format, Découverte
Fantasme absolu, source de
superstitions loufoques, la vie sexuelle des athlètes a-t-elle des implications
dans leur pratiques sur les terrains ? Déshabillage en règle d'un mythe
des vestiaires.
Andy Murray confiait au
quotidien espagnol El mundo, en avril, que s'il ne devait pas faire l'amour la
veille d'un match, il ferait souvent ceinture puisqu'il est sur les courts
toute l'année. « Je ne suis pas de ces sportifs qui pratiquent une stricte
abstinence avant de jouer », explique donc l'Ecossais, accompagné depuis
six ans par Kim Sears, sa fiancée.
Sport et sexe font-ils bon ménage ?
Murray est l'un des rares
sportifs à répondre. « On touche là à l'intimité des gens », note
Claude Fauquet – lui-même réticent à s'exprimer -, ancien patron de l'équipe de
France de natation (entre 1996 et 2008) et actuel directeur général adjoint de
l'INSEP. Alors, l'intimité reste... intime. Taboue. Nous avons ainsi sollicité
plusieurs champion(ne)s qui ont poliment décliné.
Comme Murray, un autre
tennisman, Jo-Wilfried Tsonga, a toutefois levé le voile dans la version
anglaise de Cosmopolitan de juin – où il posait dénudé au bénéfice de la lutte
contre le cancer – sur son activité sexuelle avant une compétition :
« Ca dépend de qui est dans mon lit. Je ne pourrai jamais choisir entre le
sexe et le tennis. Je dirai qu'il faut garder les deux tant que vous vous
amusez. »
Marc Madiot, manager de la
FDJ, partage cette idée de détente. Tour de France et activités sexuelles ne
sont pas incompatibles, assure-t-il.
« Pour la journée de
repos, les coureurs peuvent faire la demande d'avoir une chambre sans
coéquipier pour recevoir leur compagne. Cela fait assez longtemps que les
femmes viennent à la journée de repos, explique Madiot. Si j'ai peur que ça
leur coupe les jambes avant de reprendre la course ? Non. Mais tout dépend
de ce qu'ils font... »
Le Brésilien Ronaldo avait, dans les années
2000, trouvé la solution : « Faire l'amour à quelques heures d'un
match, c'est la clé du succès, à condition d'être passif et de jouir du moment
présent, ça relaxe et redonne de l'énergie pour jouer. »
Quand le psychiatre Philippe
Brenot (lire par ailleurs) affirme que l'activité sexuelle est un excellent
anxiolytique avant une compétition, Claude Fauquet admet : « Je n'ai
pas de religion sur ça. A vouloir fixer des codes et des règles, on ne crée pas
le haut niveau. Le haut niveau, c'est l'intelligence de conduire sa carrière et
même sa sexualité. »
Jacques Piasenta, ancien
entraîneur de Marie-José Pérec ou Christine Arron, avoue : « On ne
peut pas imposer ça (la sexualité) à des athlètes. Je n'en ai jamais parlé avec
eux, leur laissant la totale liberté dans ce domaine. Sur une année
d'entraînement, ils sont capables de voir la corrélation entre leurs pratiques
sexuelles et leurs performances à l'entraînement. » A chacun de s'adapter,
quoi, selon son expérience.
Renaud Longuèvre, coach de
Ladji Doucouré et entraîneur national à l'INSEP, glisse : « Je
n'interdis rien, mais il faut dire que j'entraîne des adultes, dont des mères
de famille. Je n'ai aucune idée de leur sexualité, je ne suis au courant de
rien et ne préfère pas. Il ne faut pas tout mélanger. Moi, je leur parle
technique. » Il ajoute : « Par rapport au sexe, la seule chose
que je rappelle, ce sont des règles de récupération, veiller à ne pas trop
endommager le sommeil. »
Sur les grandes compétitions,
des Championnats du monde ou des Jeux Olympiques, Claude Fauquet exigeait de
ses nageurs en couples connus qu'ils aient chacun leur chambre :
« Une semaine de compétition, c'est court, même si les besoins sexuels
sont forts. Alors, priorité à la compétition. » Avant lâchage dans des
fêtes de clôture fortes, très fortes.
Piasenta, lui, partageait sa
vie avec Michèle Chardonnet, une de ses athlètes (*). Et même son lit lors des
Championnats du monde à Hélsinki, en 1983. « Jean Poczobut (le DTN de
l'époque) nous avait mis ensemble, se souvient-il. C'a été la seule
fois. » On ne détaille pas, il dit simplement : « De toute
façon, trois, quatre jours avant, l'athlète est dans son truc. »
Il raconte que plusieurs de
ses athlètes « se sont fait de beaux souvenirs... mais après leur
épreuve... » Piasenta sourit : « Dans un groupe d'athlètes,
certains sont particulièrement calmes en matière sexuelle et d'autres ont les
dents qui traînent par terre, comme on dit en politique... Pendant les
compétitions, j'en connais qui sont de vraies girouettes ! C'est quand
même le rassemblement de beaux athlètes, de la jeunesse, et ils le savent. Pour
certains, je le sais, ça a accru leur motivation pour se qualifier pour les
grandes compétitions. »
Ah, quand même... Et on
fantasmerait à fond sur les corps du voisin ou de la voisine, alors ?
Claude Fauquet catégorique : à propos des nageurs, c'est non. Pour lui,
les stages mixtes depuis les jeunes catégories, les douches prises en commun
font que « les nageurs sont habitués à se voir depuis toujours et que leur
sexualité est un non-problème ». Il s'appuie : « Ce sont les
interdits qui créent les mauvaises conditions. »
Marc Madiot abonde :
« Si j'interdis à mes coureurs d'avoir des relations sexuelles pendant les
courses, c'est le meilleur moyen pour qu'ils le fassent. Maintenant, si un mec
va tous les soirs en boîte et ramène une nana à l'hôtel, ça ne va pas
aller »
A l'hôtel, un certain
footballeur des Girondins de la fin des années 1990 s'y ennuyait. Lors des
mises au vert d'avant matches à domicile, il demandait toujours la même chambre
jusqu'à ce qu'Elie Baup, alors entraîneur des Bordelais, pige le manège. Et
mettre fin au ballet des « amies » du joueur, venues en douce par
l'escalier de secours. « Ca ne le rendait pas tellement bon sur le
terrain..., rigole Baup aujourd'hui. Surtout dans un groupe, tu ne peux pas
laisser faire ce genre de choses, par rapport aux autres joueurs. »
Ou alors, le coach décide que les joueurs
couchent chez eux la veille des matches, comme au RC Toulon, où les rugbymen se
retrouvent moins de quatre heures avant le coup d'envoi. « Je préfère
qu'ils dorment dans un lit qu'ils connaissent, avec leur femme, et qu'ils
soient bien en arrivant au stade », estime Philippe Saint André, manager
du club varois, qui serait finalement sur la ligne de Robert Herbin, l'entraîneur
des légendaires Verts de Saint-Etienne (1972 à 1983, puis de 1987 à 1990).
Interrogé un jour sur la sexualité de ses joueurs – avant ou après un
match ? -, il avait rétorqué : « Tant que ce n'est pas
pendant... »
Arnaud Requenna
(*) Médaillé de bronze du 100
mètre haies aux Jeux Olympiques de Los Angeles, en 1984
« Un anxiolytique naturel »
Philippe Brenot, psychiatre,
explique qu' avoir
une activité sexuelle avant une compétition ne peut pas avoir d'effets négatifs.
Philippe Brenot (63 ans) est
psychiatre, sexologue, directeur des enseignements de sexologie à l'université
Paris-Descartes. Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Les hommes, le sexe
et l'amour (Les arènes, 2011). Ce médecin dit qu'avoir une activité sexuelle
avant une compétition n'a aucune incidence négative et que les sportifs ne sont
pas davantage des « bons coups » que la population globale.
Le sexe est-il bon avant une
compétition ?
On se souvient tous les
coaches qui disaient : surtout pas de sexe avant une compétition. Et puis,
il y a eu Yannick Noah qui a raconté que se masturber avant un match l'aidait.
Franchement, la pratique du sexe avant une compétition n'a aucune incidence
négative pour le sportif. C'a été prouvé.
Même si, disons, le sportif se
prend pour un « hardeur » et fait durer?
Il aura peut-être les jambes
coupées, mais pas forcément. Si vous vous amusez à courir un 1000 m juste avant
de jouer, vous risquez d'être aussi fatigué... Mais se masturber ou faire
l'amour avant une compétition est un anxiolytique. Un anxiolytique naturel.
Y a-t-il plus d'homosexualité chez les
sportifs, en particulier chez les femmes ?
L'homosexualité est purement
culturelle, pas innée. Elle dépend de l'éducation, du milieu dans lequel on a
grandi. On a le stéréotype des filles masculines, avec des qualités
d'agressivité qui les rendent meilleures en compétition. Ces filles peuvent
avoir un « problème » d'orientation sexuelle, mais dans leur tête.
Les sportifs sont-ils des « bons
coups », comme on pourrait le fantasmer ?
La valorisation de l'image du
corps est vécue comme un signe de bonne santé. Par exemple, on n'imaginerait
pas un grand sportif, tel un sprinteur en athlétisme, impuissant. Mais on n'en
sait rien, en fait. Alors, bon coup, le sportif ? Je crois que non, pas
plus que le reste de la population en tout cas. Un bon coup, c'est quoi ?
Un homme qui a une forte érection, longue. Ca, c'est lié au fait de ne pas
avoir trop d'émotions pendant le rapport sexuel. Or, chez les sportifs, il y a
autant de gens qui ont des émotions que d'autres n'ont pas. - A. R.
La testostérone, hormone du désir... et
des muscles
« L'hormone du désir – la testostérone – est la même que celle des
muscles », rappelle Philippe Brenot, psychiatre et sexologue. « Tout
le monde le sait concernant l'homme, pas forcément pour la femme, précise-t-il.
Elle est en faible quantité chez la femme, d'où la différence de musculature
avec les hommes. »
Pour lui, il y a un risque
« quand on utilise la testostérone (*) non pas pour augmenter l'érection
mais pour augmenter la masse musculaire. Et on peut faire la même chose avec
les femmes : on les virilise. » Conséquence ? « Elles ont
la voix rauque, se rasent, ont beaucoup plus de muscle et d'agressivité liée à
la testostérone. Cela permet d'avoir des comportements sexuels différents et il
y a d'avantage d'homosexualité. » On peut aussi, selon Philippe Brenot,
sur-viriliser les hommes. Cette sur-virilisation peut-elle entraîner des
dérives dans les comportements sexuels ? « On a noté des
comportements qui sont presque de l'ordre de l'agression sexuelle. C'a a été
remarqué mais, la plupart du temps, ça ne se voit pas. » Philippe Brenot
note encore un « effet paradoxal » dans un fort apport de
testostérone : bloquer la sécrétion naturelle. « L'hypophyse voit
qu'il y assez de testostérone et arrête donc d'en fabriquer. A terme, il y a
donc le risque de ne plus avoir de désir, d'érection. « - A.R.
(*) Dans le cadre de pratiques
dopantes, la molécule de testostérone (un stéroïde anabolisant) est détournée
pour favoriser, notamment, la prise de muscle.
Boxe : abstinence ou
superstition ?
Ali, Pacquiao, De la Hoya...
tous les grands du ring ont vanté les mérites de la privation. A tord ou à
raison ?
Le poids lourd britannique David Haye exprime crûment la grande question
existentielle qui agite l'intimité des boxeurs : « Le plus dur, ce
sont les deux premières semaines sans niquer, après tu prends le pli. »
Déjà soumis à la privation
dans l'assiette pour faire le poids à la pesée, faut-il en plus subir la double
peine et se priver de rapports sexuels à l'approche du combat ?
Dans leur grande majorité, les
boxeurs pensent que oui. « Avant un combat, je passe six semaines sans
sexe, assure Haye. Rien, ni partenaire ni branlette. Je pars dormir loin de ma
meuf. Un être humain est plus dangereux quand il a besoin d'un partenaire.
Comme un tigre solitaire qui a faim. Si vous le nourrissez et que vous lui
offrez des femelles... » Haye fonctionne ainsi depuis l'âge de seize ans.
Par empirisme, il répercute
les superstitions héritées du passé, vu qu'il n'existe aucune étude
scientifique sérieuse sur le sujet. « Médicalement, on dit que
l'éjaculation abaisse le niveau de ta testostérone pour une période de
vingt-quatre heures, rappelle l'Américain Freddie Roach, le meilleur entraîneur
actuel.
Trois mois avant un combat,
Rocky Marciano cessait toute activité sexuelle. Moi, bien avant de devenir pro,
dès l'âge de six ans, mon père me répétait « No girls ! » Ca
marque. »
Freddie Roach : « De
lui-même, Manny Pacquiao se prive huit semaines »
A ses boxeurs, Freddie Roach
préconise dix jours d'abstinence avant un combat. Mais au meilleur d'entre eux,
le Philippin Manny Pacquiao (seul boxeur de l'histoire à être devenu champion
du monde dans huit catégories de poids différentes, des poids mouche aux super-welters),
nul besoin de demander. « De lui-même, Manny se prive huit semaines. Il
dit que ça renforce son agressivité. »
L'Américain Oscar De La Hoya
a, lui aussi, vanté les mérites de l'abstinence. Tout comme le Français
Jean-Marc Mormeck : « J'avais entendu ça en amateurs et j'y crois.
Avec l'expérience, on devient superstitieux car – coïncidence ou pas – les
seules fois où j'ai dérogé à la règle, j'ai perdu. Alors aujourd'hui, je
m'impose cinq semaines de chasteté. »
Pour le grand Muhammad Ali, la
question la plus complexe. De même que le peintre Picasso a eu ses périodes
bleu, puis rose, « The Greatest » a, selon les époques, alterné la
forfanterie (« Une femme la veille de chaque combat ») ou prôné
l'ascétisme (« trois semaines avant, j'arrête tout »). Reste qu'avant
de titiller sous la ceinture, ça cogne d'abord et avant tout dans la
tête : « Qu'importe si l'abstinence tient ou pas scientifiquement,
note Freddie Roach. Un combattant a besoin de mettre toutes les chances de son
côté. De ne pas avoir à se dire « J'ai fait ce qu'il ne fallait pas »
s'il croit qu'il doit se priver. Pour moi, ce n'est pas le sexe qui vous
affaiblit mais c'est la quête de sexe. Si les gars sortent pour draguer, ils ne
sont plus en mode combat. Et, surtout, ils manquent de sommeil. »
Preuve qu'il n'y a pas de
règles, Virgil Hill (double vainqueur de Fabrice Tiozzo pour le titre WBA des
mi-lourds puis des lourds-légers) était, lui aussi, entraîné par Roach et se
vantait d'avoir des rapports le jour même des combats. « Pendant la
préparation, Virgil arrivait parfois à la salle l'air enjoué. Je lui
disais : « Tu as l'air bien Virgil, ce matin. » Il me
répondait : « Tu sais quoi ? Je viens de baiser, c'est pour
ça ! » Pour les autres, les pénitents, ils attendent avec frénésie le
combat et surtout le jour d'après. Pour un retour à la vie
Karim Ben Ismail
Mike Tyson, le
« sex addict »
Au sommet de sa gloire, le
puncheur de Brooklyn multipliait les conquêtes sexuelles à un rythme
frénétique.
« Si ce n’était pas pour
le sexe , Mike, je ne te causerais même pas. Tu n'as pas grand-chose à
m'offrir ! » Ainsi parlait Naomi Campbell quand elle s'adressait à
son boy friend, le boxeur Mike Tyson. Lui, ivre d'endorphines et de fatigue
après plusieurs heures de gymkhana sexuel, se contentait de répondre par un
sourire béat.
L'anecdote est rapportée par
Rudy Gonzalez, qui fut longtemps chauffeur de l'ex-terreur des poids lourds. Il
en a même fait un livre (The inner Ring) où il raconte en détail la relation
entre le top-modèle anglo-jamaïquaine et le boxeur. « Souvent, on allait
chercher Naomi à l'aéroport de Philadelphie international pour la déposer
ensuite à son penthouse de Manhattan. Trois bonnes heures de route durant
lesquelles ils n'arrêtaient pas. Ils bougeaient tellement à l'arrière que j'ai
parfois cru que la bagnole allait se retourner. Naomie avait reçu une éducation
british et raffinée mais elle adorait la bestialité et l'agressivité de Mike.
Je l'ai assez entendue gémir et crier de plaisir pour en être certain. »
A l'époque, en 1987, Tyson
deviendra champion unifié des lourds (WBC ; WBA, IBF). A la ville, il
fréquente trois régulières : le top-modèle Naomi Campbell, donc. Mais
aussi la jeune métisse Suzette Charles, miss Amérique en 1984. Et enfin Robin
Givens, starlette d'une série télévisée qui deviendra sa femme en 1988. Une
multiplicité de conquêtes qui n'entame en rien – au contraire – ses capacités
sur les rings. Le jeune homme est en pleine ascension. Dans la seule année
1986, où il livre pas moins de treize combats, il est devenu le plus jeune
champion du monde de l'histoire en
mettant K.O., au deuxième round, son compatriote Trevor Berbick.
Son appétit sexuel est tout
aussi frénétique que sa soif de victoires. « Tyson se tapait les plus
belles bombes mais aussi des filles de son quartier. Il semblait d'ailleurs
plus à l'aise avec elles qu'avec des filles sophistiquées. Je crois qu'il avait
un complexe par rapport au manque d'éducation et sa voix haut perchée. Dans
chaque ville qu'on traversait, il fallait qu'on passe dans le quartier des
prostituées. Un jour, on a même failli déclencher une émeute dans la 42e Rue, à
New York. Il m'a demandé de ralentir puis a baissé sa vitre pour gueuler :
« Y a moyen pour un frangin de trouver du cul par ici ? » Les
putes et les macs ont débarqué de partout. En sous-vêtements flashy, ils nous
ont poursuivis sur deux blocs. Ils avaient reconnu le client potentiel et
réalisé l'aubaine qu'ils pouvaient en tirer. »
Dans chaque ville, Mike Tyson
multiplie les conquêtes, chez les strip-teaseuses notamment.
« Je l'ai vu avec des
femmes blanches sublimes et il n'était jamais jaloux. Mais c'était bien
différent avec les femmes noires. »
Un soir, Tyson demande à son
chauffeur de suivre Hope, une prostituée noire « sublime, avec des seins
énormes » qui vient de quitter l'appartement du boxeur à Los Angeles.
« Mike avait des doutes et voulait savoir où elle allait. Alors, j'ai pris
la Lamborghini Diablo noire qui était dans le garage et je suis resté à
distance. A Roscoe's, un restaurant de Downtown, je la vois se garer et parler
un moment avec un mec dans une Lexus. Ce mec, c'était l'acteur Wesley Snipes.
Mike n'arrêtait pas de faire sonner mon bipeur. Je le rappelle et lui explique
la situation. Il débarque dix minutes plus tard dans sa Ferrari Testarossa
jaune accompagné de son nouveau garde du corps, Antony Pitts, une armoire. Ce
dernier me regarde et me dit : « Ca va chauffer ! » On
rentre dans le resto. En apercevant Mike, Hope a failli tomber parterre. Wesley
Snipes s'est mis à trembler : « Ecoute Mike, je ne veux pas de
problèmes. » Tyson lui rétorque : « Viens, on va dans les
chiottes. Rudy,toi, mets Hope dans la bagnole ! » Là, je vois Antony
qui bloque l'entrée des toilettes. Et, deux minutes plus tard, la porte s'entrouvre.
Mike en sort. Au sol, j'aperçois Wesley Snipes gisant inconscient. »
Une réputation était née.
Celle d'un ogre sexuel, jaloux et compulsif, capable de prendre les filles par
lot de trois à quelques jours d'un combat. Un besoin frénétique de sexe qui
causera d'ailleurs sa perte. En 1991, à Indianapolis, il sera accusé de viol
sur Desiree Washington, une jeune femme de dix-huit ans, et sera incarcéré
trois ans et demi dans l'Indiana. Tyson multipliera les retours sur le ring et
les conquêtes en dehors. Après une sévère dépression, mélangeant les
médicaments antidépresseurs et les différentes drogues, il se lamentera, un
jour de lucidité : « Ma bite ne fonctionne plus. Ma vie est un énorme
gâchis. »
Karim Ben -Ismail
kbenismail@lequipe.presse.fr
2ème Web Bulletin de Liaison du Groupe IMOC/IMC , Janvier 2012
Mathilde POMMIER, mathilde.pommier@dbmail.com
INTRODUCTION par Henri Charcosset, webmestre
TEXTE de Mathilde Pommier
Il y a une petite vingtaine d’années, un
groupe d’étude sur le polyhandicap (ce mot est ici à comprendre dans le sens
plus large de : multihandicap, moyen ou sévère) s’est réuni au Centre
Technique National d’Etudes et de Recherches sur les Handicaps et les
Inadaptations (CTNERHI) à raison d’une fois en moyenne par mois durant une
quinzaine de mois. Ce groupe avait un double
but :
-
« une réflexion ‘critique’ sur
les connaissances et pratiques existantes » concernant « l’accompagnement des personnes
polyhandicapées »
-
des « propositions pour
développer des réponses adaptées aux besoins des personnes polyhandicapées, de
leurs familles et des professionnels ».
Ce travail a été concrétisé en une
publication d’Elizabeth Zucman de 261 p. : « Accompagner les personnes
polyhandicapées », aux éditions du CTNERHI. L’ouvrage est intéressant,
instructif, facile à lire et à consulter sur le site du CTNEHI, et
téléchargeable gratuitement :
1.
PDF] Téléchargeable - CTNERHI
www.ctnerhi.com.fr/fichiers/ouvrages/236.pdf
Format de fichier: PDF/Adobe Acrobat
Accompagner les personnes. poly handicapées. Réflexions autour des apports
d'un groupe d'étude du CTNERHI. Elisabeth Zucman.
2e édition ...
°°°°
Pour ce 2ème Web Bulletin, je
m’intéresserai plus particulièrement au passage (p.53 à 57) qui se préoccupe
des attentes et des craintes tant des familles que des professionnels et des
patients eux-mêmes, et comment faire pour les harmoniser.
Le groupe d’études (25 personnes et 30
« invités », médecins, équipes de soignants, associations de
patients et de familles) a d’abord écouté des parents, représentants
d’associations et équipes d’établissements pour enfants ou adultes. A noter que
les principaux intéressés, les patients eux-mêmes, n’ont pas été consultés.
L’auteur résume de façon claire et précise l’essentiel des attentes et craintes
des uns et des autres, « et quelques-unes des options qui en découlent ».
Pour bien les comprendre, il importe de se
rappeler qu’il s’agit de « familles d’aujourd’hui » (et encore
plus en 2012 qu’il y a vingt ans !) formées de citoyens et de
consommateurs, des familles qui n’acceptent plus d’être « objets » et
« agis », mais revendiquent d’être « sujets » et
« acteurs ». D’où une volonté forte de « connaître et
participer activement à ce qui se fait pour leur enfant »
La place de l’enfant, fruit d’une procréation
volontaire, est plus importante que jamais, et la souffrance, la révolte en
sont d’autant plus grandes quand cet enfant s’avère être handicapé, douloureux,
en échec.
La famille d’aujourd’hui, et de plus en plus,
est généralement restreinte, isolée, parfois incomplète, ou recomposée, souvent
petitement, voire mal logée.
Au « ‘deuil’ de l’enfant bien portant
impossible à faire », s’ajoutent les révélations progressives des
déficiences de leur enfant ; la quête, en forme trop souvent de parcours
d’obstacles, d’une première prise en charge, recommencée à chaque nouvelle
étape ; le manque d’équipements et particulièrement d’équipements proches,
donc de choix, d’où parfois l’obligation d’une séparation lointaine.
Cette souffrance lourde, quasi insupportable
et pourtant à supporter, les parents ont un besoin vital de la voir « reconnue,
respectée plutôt que soupçonnée » par les soignants et personnels
sociaux aussi bien que par d’autres parents.
A cela s’ajoutent des craintes
particulières et tout à fait justifiées : crainte de finir par
s’épuiser ; crainte de voir refusée l’aide d’un internat quand
l’enfant grandit ; crainte de trop demander à la fratrie et/ou de trop
négliger celle-ci.
Et, étant donné leur propre épuisement,
crainte que leur enfant ne souffre de la fatigue et du découragement des
équipes, auxquels ils sont forcément sensibles et attentifs. Ce qui engendre
malentendus et conflits.
Crainte enfin que leur enfant sans défense
soit victime de maltraitances et/ou abus sexuel, crainte épisodiquement et
complaisamment ravivée par l’actualité.
« Les attentes des parents
d’aujourd’hui vont dans le même sens : [ que l’enfant soit] ‘d’abord un
enfant’ », avant d’être un handicapé. Leur dynamisme et leur optimisme
surprend parfois les équipes. Ils se battent à la fois pour garder leur enfant
intégré le plus longtemps possible et l’amener progressivement à vivre sans
eux. Et Elisabeth Zucman de conclure :
« On
peut espérer qu’ils construisent là une confiance en eux-mêmes, dans l’enfant
et dans les lieux d’accueil qui leur permettra de vivre avec moins d’inquiétude
la prise en charge en établissement spécialisé ».
J’ajouterai, au vu de mon vécu et de celui de
bien d’autres (confidences, forums, partages de bonnes adresses, etc...) que
l’expérience des parcours d’obstacles et de désillusions fortes, ainsi que de
ces moments où, enfin, on a trouvé aide efficace et humanité, forge des
personnalités fortes, tenaces, étonnamment résistantes et prudentes ! Sauf
certains parents qui s’en avèrent incapables, et il y en a certes, on fait pour
un enfant ce que jamais on ne ferait pour personne d’autre. Culpabilité ?
Ou plutôt ce comportement sans lequel l’espèce n’existerait pas ou
disparaîtrait et que nous partageons largement avec bien des animaux ?
Poules, hirondelles, animaux bien inoffensifs (sauf pour insectes et
vermisseaux) comme chacun sait, peuvent s’avérer fort dangereuses quand leurs
petits sont menacés et mettre en fuite chats et chiens. Ce qui n’exclut
pas incompétence, maltraitance et désintérêt aussi chez certains parents
animaux...
« Pour les professionnels, la personne polyhandicapée est avant tout le sujet de leur professionnalité », de l’acquisition des savoirs au métier lui-même. Or, leur profession est généralement épuisante, et « le polyhandicap déjoue journellement leurs efforts ». La désespérance qui s’en suit, surtout quand elle est non dite, peut rendre difficile la vie et le fonctionnement d’une équipe.
Les professionnels attendent donc des parents de voir reconnue la valeur de leur travail, y compris quand les résultats s’avèrent minimes et/ou lents.
D’autre part il peut arriver que certains d’entre eux passent insensiblement du désir de voir respecté leur travail « à une volonté parfois farouche de protéger le lieu (l’institution) et le sujet de leur travail (la personne polyhandicapée) de la présence des parents, ressentis comme une menace d’empiètement sur leur territoire et comme une mise en tutelle abusive de ‘leur’ enfant et pourquoi pas ? parfois d’eux-mêmes. » Ce phénomène s’appuie sur d’excellentes justifications théoriques : pour avancer, la personne polyhandicapée ne doit-elle pas conquérir son autonomie psychique par rapport à ses parents, n’a-t’elle pas besoin de distinguer son territoire (confondu avec celui de l’institution !) de celui de ses parents ?
En réalité, derrière ces vérités affichées, se jouent « des rivalités affectives inconscientes ». Parents et professionnels se disputent sans se l’avouer le droit de s’attacher à la personne polyhandicapée.
J’ajouterai que les rivalités sont les mêmes, quoique plus violentes dans le cas d’un enfant handicapé, et tout autant non dites, que celles qui peuvent parfois opposer enseignants et parents. Et quelquefois, il s’agit plus d’emprise, tant de la part de la famille que de certains professionnels, que d’attachement.
CRAINTES ET ATTENTES DE LA PERSONNE POLYHANDICAPEE
Les personnes polyhandicapées n’ont pas été consultées directement par le groupe. Mais, en s’appuyant sur « le simple bon sens commun » et « les multiples signaux recueillis auprès de personnes polyhandicapées et d’autres en situation similaire de dépendance », l’auteur, et sans doute le groupe, se considèrent comme autorisés à penser que les personnes polyhandicapées ont :
- une crainte : perdre l’amour, l’attachement, l’attention des uns et des autres
- une attente : voir leur autonomie affective et personnelle reconnue, que dépendance ne soit pas appartenance
Quant à la « divergence des deux regards posés sur eux », elle ne leur est nullement préjudiciable. Sauf quand elle est conflictuelle.
Elle leur devient bénéfique quant il y a respect et confiance mutuels entre leurs parents et « leurs » professionnels.
A noter que ceux-ci ne sont pas interchangeables pour eux et que ces patients ont un besoin vital de pouvoir faire confiance aux uns et aux autres.
J’ajouterai que, depuis vingt ans, l’habitude s’est prise, dans les établissements, de considérer les professionnels d’une même discipline comme interchangeables, et que le temps leur est de plus en plus compté.
Et je note qu’encore une fois, on ne donne pas la parole aux patients à propos d’un sujet qui les concerne en premier lieu mais qu’on parle pour eux.
COMMENT FAIRE POUR QUE CHACUN Y TROUVE SON COMPTE
En 1989, il a été noté dans le Code de l’action sociale et des familles que les familles devaient être : informées, associées à l’action et soutenues.
L’auteur, et sans doute le groupe, s’interrogent sur la possibilité que ces trois exigences puissent bénéficier aux trois partenaires.
Patients,
familles et professionnels doivent être informés :
Ceux qui ont osé le faire ont eu la surprise de voir comme leurs patients, enfants et adultes, saisissent clairement l’essentiel et du diagnostic et des projets les concernant ; à condition que l’on prenne la peine de s’adresser « directement à eux, lentement et en termes simples ». Et de constater que « cette information n’est pas anxiogène mais plutôt mobilisatrice ».
Il en est de même pour les parents et les professionnels quand le même message est donné simultanément aux divers partenaires.
J’ajouterai que, pour ma part, ce qui me surprend, ce n’est pas l’intelligence des patients et des parents pour ce qui les concerne directement, mais que cela surprenne les équipes...
Patients,
familles et professionnels doivent être associés à l’action :
Pour cela, chacun doit se savoir, se sentir invité
de façon claire et explicite à prendre une part active et selon ses capacités
au projet commun.
Cette union des forces augmente l’efficacité,
allège le fardeau de chacun et fait cesser rancœurs et replis sur soi de ceux
qui sont d’ordinaire laissés de côté.
J’ajouterai que ce constat ne me surprend
vraiment pas, mais que ce genre de partenariat est délicat à mettre en œuvre,
exige attention et intelligence humaine.
Patients,
familles et professionnels doivent être soutenus :
Pour chacun des partenaires, « l’information et l’action partagée sont déjà des formes majeures du soutien. La libre parole en est une autre. »
J’ajouterai que l’inverse peut vite ressembler à une forme de maltraitance.
E. Zucman conclue : « Sur le partage de ces trois exigences peut se fonder un véritable partenariat ».
On ne peut que partager son opinion.
Dans ces deux dernières décennies, il y a eu des progrès dans ce sens. Mais il y a des endroits où il reste beaucoup à faire. La hiérarchisation reste la norme. L’intelligence humaine n’est pas valorisée lors des formations médicales. Les conditions de travail s’aggravent et aggravent les conditions de vie de tous. Et la méfiance, voire le soupçon, est devenu un fonctionnement assez général.
Il est donc d’autant plus précieux, pour chacun, de mieux appréhender les craintes et les attentes des autres, de mieux comprendre leur point de vue, le pourquoi de telle ou telle attitude. C’est la base d’un partenariat utile. Et, j’en suis actuellement un témoin émerveillé, la base d’une thérapie vraiment efficace.
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