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Mai 2011
SEX@MOUR. A PARTIR D’EXTRAITS DE
L’OUVRAGE DE Jean-Claude KAUFMANN
Henri Charcosset
Sex@mour de Jean-Claude Kaufmann est paru aux Editions Armand Colin, en 2010
La lutte contre la solitude, Grande Cause nationale
2011
Introduction et point de vue de
Henri Charcosset, webmestre
Dans
une Annexe méthode logique à son ouvrage, l’auteur précise « Avoir
cueilli quelques phrases ça et là, au hasard de ses voyages sur la
toile » : blogs, chat,
forums. Dans les chats et forums qu’il a visités, « les « vieux »
(30 à 40 ans) qui se mélangent aux discussions sont vite stigmatisés. Ils sont
trop « sérieux » voire « chiants » ». Le but de J-C.
Kaufman n’a pas été d’évaluer des propositions,
purement sexuelles ou non. Il était de « comprendre la nouvelle
place du sexe dans la société, la reformulation de ses liens avec l’amour, la
mutation profonde des modalités de la rencontre ».
Des
sigles à première vue un peu surprenants, comme P.C.(
plan cul) ou P.C.R.A.( plan cul régulier affectif) , sont évoqués.
Mais ce sont surtout
les analyses de J-C. Kaufmann sur l’évolution de la vie affective, qui vont
intéresser le plus grand nombre.
Nous
reproduisons des extraits de l’ouvrage,
se rapportant successivement à :
-
Coucher le premier soir ! Où est le mal ?
-
Sexe / amour : le renversement historique
-
Le dilemme... féminin
-
Eléments de la conclusion
Pour ma part,
je ne recommanderai certes pas à mes deux petites filles, dans l’année de leurs
15 ans, d’adopter les chemins de l’amour décrits par J-C Kaufmann. Cela ne veut
pas dire pour autant que je sois contre. Mais je « confesse » ne
guère croire à la possibilité de passage
vers 30 ans, d’une vie sexuelle ultra très libérée, à une vie de couple au sens
strict, qui plus est pour les 50 ou 60 ans d’espérance de vie encore à venir.
Si
le bien vivre et vieillir en couple stable, demeure un objectif de choix, cela
ne peut guère se concevoir que via un allègement des
« contraintes », par rapport à celles que la plupart des gens de mon
âge ont connues, et même pour l’essentiel, pratiquées. La réflexion est
largement ouverte sur ces sujets. Et
tout un chacun, à sa mesure, est en capacité d’y participer !
Henri
Charcosset, pseudonyme Henri69, né en 1936, veuf avec
compagne.
Extraits de l’ouvrage de
Jean-Claude Kaufmann
Coucher le premier soir ! Où est le mal ?
A
mesure que les références morales se détachent du regard des autres et
s’étalonnent à l’aune du seul bonheur personnel, ce qui est mal se réduit à
quelques dérives, certes problématiques, mais limitées et identifiables. Des
risques physiques, suite à une mauvaise rencontre. Des perturbations
psychologiques (sensation de vide, saturation, écoeurement)
quand l’emballement du rythme des rendez-vous ne remplit plus l’existence,
voire ne procure même plus le plaisir attendu. Des lassitudes, quand le
rabâchage de propos convenus autour du verre finit par ennuyer ; ou quand le
partenaire ne pense qu’à son plaisir égoïste ; ou lorsqu’il n’a même pas
l’élégance de la politesse au moment de la séparation. Des moments de solitude amère, des difficultés nouvelles quand on cherche
ensuite à s’engager plus durablement.
Mais,
comparés à ces maux (moins impressionnants que les terribles interdits
d’autrefois), les nouveaux espaces du bien semblent infiniment plus vastes. Les
amants s’étant dégagés du regard de la société, qu’y aurait-il de mal à ce
qu’ils se fassent du bien ? La prise de rendez-vous online ouvre un moment
particulier, comme hors du monde habituel, qui trop souvent juge et condamne.
Dans le café, puis dans la chambre, seuls comptent le plaisir de l’un et le
plaisir de l’autre, dans une sorte de parenthèse, loin des conventions
établies. La seule morale qui règne alors est celle du bien-être et du plaisir
partagés. Avant que chacun ne retourne à sa vie courante. Le romantisme, à sa
grande époque, rêvait de telles ruptures existentielles, opérées par la force
du sentiment qui arrache à l’ordinaire. Ici au contraire, elle se réalise de
façon simple et palpable, presque banale. Sans les chagrins et les déchirements
des élans sentimentaux. Sans les dangers des voyages sans retour. Juste pour un
tourbillon passager, un peu ailleurs. Comme une danse.
Sexe / amour :
le renversement historique
J’ai
expliqué plus haut comment le sexe s’était historiquement
séparé du sentiment, installant peu à peu son autonomie, puis se développant
dans un nouvel espace de loisir banalisé. J’ai signalé ensuite que tout n’était
cependant pas si simple, notamment autour de la
question de l’engagement conjugal. Il faut maintenant aller encore plus loin et
souligner un paradoxe.
Autrefois, notamment dans l’idéal
romantique, tout commençait par le sentiment, qui entraînait vers le désir.
L’amour menait au sexe (en passant par le mariage). Aujourd’hui, le paysage
amoureux se présente comme séparé en deux : soit l’on s’adonne gaiement au
sexe-loisir, soit l’on choisit de s’engager
durablement. Dans La première hypothèse, l’essentiel de l’autocontrôle porte
justement sur la conjuration de l’engagement : on s’interdit de tomber (trop) amoureux. D’où les nombreux
distinguos que nous avons souvent vus à l’oeuvre : on
couche le premier soir avec une personne qu’on ne reverra plus, pas si l’on
éprouve du sentiment. Sur les sites de rencontre, la confusion est très
fréquente dans les esprits : est-on en train de rechercher l’« âme soeur» ou cherche-t-on juste à passer un bon moment ? Bien
que les pensées soient souvent floues et changeantes, les efforts de catégorisation sont permanents. On veut ranger clairement
son attente du moment dans l’une ou l’autre des deux options
( « pour
le fun » ou « sérieux »), car elles impliquent un comportement différent.
Or,
la situation a ceci d’ironique et d’étrange que c’est fréquemment l’inverse de
ce qui est pensé qui se produit : le sérieux ne débouche sur rien de sérieux,
alors que le fun peut y mener.
Le
fun pousse à se présenter tel que l’on est puisque ce n’est pas « sérieux »,
voire à exprimer des désirs secrets, à ne pas s’enfermer dans une carapace
défensive. En un mot, à se lâcher. Et à fonctionner au feeling plutôt que sur
la base d’une froide évaluation du produit idéal. C’est ainsi que les émotions
s’épanouissent et sont susceptibles d’entraîner bien
au-delà de ce que l’on avait pensé au départ. Que des engagements conjugaux
prennent leur origine dans un jeu sexuel que l’on croyait sans enjeux. Alors
qu’autrefois l’amour menait au sexe, nous assistons à un véritable retournement
historique : désormais c’est le sexe qui peut mener à l’amour. Même quand il
cherche à s’en défendre, dans les nouveaux espaces de loisir qui lui sont
dédiés.
Le
sexe n’est donc vraiment pas un loisir comme les autres. Le séparer totalement
du sentiment, qui rejaillit là où on ne l’attendait pas, est tout simplement
impossible. L’idée qu’il puisse y avoir deux catégories très tranchées n’est
qu’une illusion. Le sex-amour se définit au contraire
par son ambiguïté permanente. Cela ne rend évidemment pas toujours la vie
facile. Surtout pour les femmes.
Le dilemme... féminin
À
la différence des hommes qui, depuis des siècles, ne mettent qu’un pied dans la famille et gardent
l’autre dehors, les femmes, quand elles s’y engagent, se livrent totalement et deviennent le pivot de l’institution. Encore aujourd’hui
(même si les hommes font parfois la cuisine ou s’amusent avec les enfants).
C’est par un élan émotionnel au début de la relation
qu’elles parviennent à opérer cette rupture identitaire radicale sans que ce
soit trop douloureux, qu’elles disent adieu au vieux soi libre et léger de leur
jeunesse. Considérer le sexe comme un pur loisir,
dépouillé de tout sentiment pouvant provoquer
l’engagement, est donc pour elle beaucoup plus compliqué (même si c’est en même
temps très nouveau et grisant). Sauf dans des parenthèses bien marquées, mais
dont il est difficile de situer nettement la frontière. D’autant qu’en ce
domaine amoureux, les idées ne cessent de changer : tel homme initialement
prévu comme un instrument de plaisir peut soudain émouvoir et donner envie de
poursuivre le chemin avec lui. Les femmes ne peuvent pas s’adonner sans retenue
et durablement au sexe-loisir comme le font certains
hommes...
Les
hommes ne vivent pas de tels retournements entre séquences de vie contrastées.
Héritiers d’une longue culture du sexe pour le sexe, ils s’y arriment, en ajoutant, quand l’occasion se présente, la dose de
sentiment nécessaire pour s’engager dans une aventure conjugale plus durable.
Mais tout cela sans revirement identitaire aussi violent que pour les femmes...
Le
plus problématique pour les femmes n’est pas le sexe-loisir en lui-même. C’est
d’en sortir quand elles veulent en sortir. Là, sans doute, est la différence
majeure avec les hommes. Opérer la transition vers la séquence d’engagement est pour elles particulièrement délicat.
Il
y a d’abord l’hésitation dans la tête. Les femmes savent, ou sentent
intuitivement, à quel point tout engagement
sentimental est susceptible de bouleverser leur existence (infiniment plus que
pour les hommes, qui n’auront pas à subir au même point les charges
domestiques). C’est d’ailleurs pourquoi l’aventure du sexe pour le sexe peut leur apparaître si grisante, bien au de là du plaisir personnel. Or il faut
justement en faire le deuil. Il y a ensuite le problème d’image, les traces
laissées sur la Toile et ailleurs... Il y a
enfin, justement, l’attitude à adopter vis-à-vis de celui qui n’est pas
seulement un amant mais peut-être un futur mari.
Comment
faire ? Nous avons vu que les débats en ligne aboutissaient à cette étrange
conclusion : quand il ne s’agit que de sexe, on peut coucher le premier
soir ; alors qu’il est conseillé d’attendre s’il y a sentiment. Attendre, mais
pas trop. Car la nouvelle donne des rencontres amoureuses
a complètement redistribué les cartes : la figure de la femme
sentimentale, qu’elle soit follement romantique ou sagement vertueuse, a
soudainement été marginalisée. Non pas rejetée moralement (elle est même donnée
en exemple sur les forums qui dénoncent les « salopes »), mais techniquement
écartée de façon très concrète des rencontres qui se
forment réellement. Le rythme qui s’est installé dans les moeurs
est trop rapide pour tolérer désormais celles qui se refusent. Tout se passe
comme si les femmes étaient victimes d’une injonction contradictoire.
« Soit une fille couche, soit elle est vue comme coincée. Si elle couche
vite, elle peut être considérée comme une salope, si elle fait poireauter le
garçon, elle est manipulatrice ; c’est pas
évident », constate Erba,
dépitée. Et comme pour toutes les injonctions contradictoires, il n’existe pas
de vraie solution. D’un côté, la mauvaise réputation est prompte à
s’abattre ; de l’autre, tout pousse à accepter les nouvelles règles du jeu
si les femmes veulent continuer à intéresser les hommes.
Eléments de la
conclusion
Tout
a brusquement changé au début du XXIe siècle. La rencontre amoureuse s’en
tenait jusque-là à un cadre relativement bien défini, en forme de progression
régulière marquée par des rites de passage. Certes, depuis un certain temps
déjà, la jeunesse avait imposé un espace nouveau de liberté. A travers le flirt
et la danse, un monde à part commençait à s’inventer. Puis, dans les années
1960-1970, l’émancipation sexuelle sembla briser les dernières chaînes. En
fait, nombre de contrôles traditionnels maintenaient discrètement leur emprise
; les libres jeux du corps assouplissaient l’institution conjugale sans
vraiment la contester.
Au
tournant des années 2000, la conjonction de deux phénomènes très différents (la
banalisation d’Internet et la revendication féminine d’un droit au plaisir)
allait brusquement accélérer le mouvement et bouleverser le paysage des
rencontres. La sexualité, qui avait commencé à s’autonomiser en se séparant du
sentiment depuis plus d’un siècle, puis à s’émanciper, jusqu’à apparaître dans les
médias comme une banale technique de plaisir, s’installa alors dans un espace
assez clairement séparé, distinct de la question de l’engagement conjugal, et
dédié au seul bien-être. Loin des effrois diaboliques et des transgressions
frissonnantes d’antan, une nouvelle activité de loisir, somme toute très
ordinaire, était née...
L’espace
du sexe-loisir n’est cependant pas parvenu à vraiment s’établir et à se
stabiliser. A travers des débats on line passionnés, il cherche à instaurer des
nouvelles règles du jeu...
L’alternative
est celle de l’amour (dans ses différentes formes) où l’individu, au contraire,
sort du petit soi égoïste pour se donner sans compter. C’est lui et lui seul
qui fabrique le lien social... Les femmes sont aujourd’hui à la pointe de cette
révolution douce...
L’individu
éprouvé, fatigué, atteint dans son estime de soi, a de plus en plus besoin de
réconfort et de reconnaissance. Une caresse d’un soir ne suffit pas. Il faut
une épaule, une oreille attentive, un regard affectueux dans la longue durée de
la vie de tous les jours. Cela, seule la « maison des petits
bonheurs » peut l’apporter vraiment...
Références sur ce
site :
Charcosset Henri (2011), Christaux
d’amour (Pseudonyme), Mitsori (Pseudonyme) (2011), De la web entrée en relation à l'amitié, parfois l’amour
La lutte contre
la solitude, Grande Cause nationale 2011
Christaux d’Amour
(Pseudonyme) et Henri Charcosset(2011), Echange entre deux générations sur
l’Internet, au sujet de la vie en couple.
La lutte contre
la solitude, Grande Cause nationale 2011