Sections du site en Octobre 2009 :  Ajouts successifs d’articles -- Sujets d’articles à traiter – Pour publier --  Post-Polio -- L'aide à domicile -- Internet et Handicap -- Informatique jusqu’à 100 ans – Etre en lien -- L’animal de compagnie --  Histoires de vie  --  Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de l’avant -- Tous chercheurs -- Liens –  Le  webmestre.

RETOUR A LAPAGE D’ACCUEIL : CLIC            AUTEURS, TITRES DE TOUS  LES  ARTICLES : CLIC         SYNTHESE GENERALE: CLIC

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Mai 2011

SEX@MOUR. A PARTIR D’EXTRAITS DE L’OUVRAGE DE Jean-Claude KAUFMANN

 

 Henri Charcosset

 

 Sex@mour de Jean-Claude Kaufmann est paru aux  Editions Armand Colin, en 2010

 

La lutte contre la solitude, Grande Cause nationale 2011 

Introduction et point de vue de Henri Charcosset, webmestre

Dans une  Annexe méthode logique  à son ouvrage, l’auteur précise « Avoir cueilli quelques phrases ça et là, au hasard de ses voyages sur la toile » : blogs, chat, forums. Dans les chats et forums qu’il a visités, « les « vieux » (30 à 40 ans) qui se mélangent aux discussions sont vite stigmatisés. Ils sont trop « sérieux » voire « chiants » ». Le but de J-C. Kaufman n’a pas été d’évaluer des propositions,  purement sexuelles ou non. Il était de « comprendre la nouvelle place du sexe dans la société, la reformulation de ses liens avec l’amour, la mutation profonde des modalités de la rencontre ».

Des sigles à première vue un peu surprenants, comme P.C.( plan cul) ou P.C.R.A.( plan cul régulier affectif) , sont évoqués.

Mais ce sont surtout les analyses de  J-C. Kaufmann  sur l’évolution de la vie affective, qui vont intéresser le plus grand nombre.

Nous reproduisons des extraits de l’ouvrage, se rapportant  successivement  à :

- Coucher le premier soir ! Où est le mal ?

- Sexe / amour : le renversement historique

- Le dilemme... féminin

- Eléments de la conclusion

 

Pour ma part, je ne recommanderai certes pas à mes deux petites filles, dans l’année de leurs 15 ans, d’adopter les chemins de l’amour décrits par J-C Kaufmann. Cela ne veut pas dire pour autant que je sois contre. Mais je « confesse » ne guère croire à la possibilité  de passage vers 30 ans, d’une vie sexuelle ultra très libérée, à une vie de couple au sens strict, qui plus est pour les 50 ou 60 ans d’espérance de vie encore à venir.

Si le bien vivre et vieillir en couple stable, demeure un objectif de choix, cela ne peut guère se concevoir que via un  allègement des « contraintes », par rapport à celles que la plupart des gens de mon âge ont connues, et même pour l’essentiel, pratiquées. La réflexion est largement ouverte sur ces sujets.  Et tout un chacun, à sa mesure, est en capacité d’y participer !

Henri Charcosset, pseudonyme Henri69, né en 1936, veuf avec compagne.         

 

Extraits de l’ouvrage de Jean-Claude Kaufmann

 

Coucher le premier soir ! Où est le mal ?

A mesure que les références morales se détachent du regard des autres et s’étalonnent à l’aune du seul bonheur personnel, ce qui est mal se réduit à quelques dérives, certes problématiques, mais limitées et identifiables. Des risques physiques, suite à une mauvaise rencontre. Des perturbations psychologiques (sensation de vide, saturation, écoeurement) quand l’emballement du rythme des rendez-vous ne remplit plus l’existence, voire ne procure même plus le plaisir attendu. Des lassitudes, quand le rabâchage de propos convenus autour du verre finit par ennuyer ; ou quand le partenaire ne pense qu’à son plaisir égoïste ; ou lorsqu’il n’a même pas l’élégance de la politesse au moment de la séparation. Des moments de soli­tude amère, des difficultés nouvelles quand on cherche ensuite à s’engager plus durablement.

Mais, comparés à ces maux (moins impressionnants que les terribles interdits d’autrefois), les nouveaux espaces du bien semblent infiniment plus vastes. Les amants s’étant dégagés du regard de la société, qu’y aurait-il de mal à ce qu’ils se fassent du bien ? La prise de rendez-vous online ouvre un moment particulier, comme hors du monde habituel, qui trop souvent juge et condamne. Dans le café, puis dans la chambre, seuls comptent le plaisir de l’un et le plaisir de l’autre, dans une sorte de parenthèse, loin des conventions établies. La seule morale qui règne alors est celle du bien-être et du plaisir partagés. Avant que chacun ne retourne à sa vie courante. Le romantisme, à sa grande époque, rêvait de telles ruptures existentielles, opérées par la force du sentiment qui arrache à l’ordinaire. Ici au contraire, elle se réalise de façon simple et palpable, presque banale. Sans les chagrins et les déchirements des élans sentimentaux. Sans les dangers des voyages sans retour. Juste pour un tourbillon passager, un peu ailleurs. Comme une danse.

Sexe / amour : le renversement historique

J’ai expliqué plus haut comment le sexe s’était histori­quement séparé du sentiment, installant peu à peu son autonomie, puis se développant dans un nouvel espace de loisir banalisé. J’ai signalé ensuite que tout n’était cepen­dant pas si simple, notamment autour de la question de l’engagement conjugal. Il faut maintenant aller encore plus loin et souligner un paradoxe.

Autrefois, notamment dans l’idéal romantique, tout commençait par le sentiment, qui entraînait vers le désir. L’amour menait au sexe (en passant par le mariage). Aujourd’hui, le paysage amoureux se présente comme séparé en deux : soit l’on s’adonne gaiement au sexe-l­oisir, soit l’on choisit de s’engager durablement. Dans La première hypothèse, l’essentiel de l’autocontrôle porte justement sur la conjuration de l’engagement : on s’in­terdit  de tomber (trop) amoureux. D’où les nombreux distinguos que nous avons souvent vus à l’oeuvre : on couche le premier soir avec une personne qu’on ne reverra plus, pas si l’on éprouve du sentiment. Sur les sites de rencontre, la confusion est très fréquente dans les esprits : est-on en train de rechercher l’« âme soeur» ou cherche-t-on juste à passer un bon moment ? Bien que les pensées soient souvent floues et changeantes, les efforts de caté­gorisation sont permanents. On veut ranger clairement son attente du moment dans l’une ou l’autre des deux options

( «  pour le fun » ou « sérieux »), car elles impliquent un comportement différent.

Or, la situation a ceci d’ironique et d’étrange que c’est fréquemment l’inverse de ce qui est pensé qui se produit : le sérieux ne débouche sur rien de sérieux, alors que le fun peut y mener.

Le fun pousse à se présenter tel que l’on est puisque ce n’est pas « sérieux », voire à exprimer des désirs secrets, à ne pas s’enfermer dans une carapace défensive. En un mot, à se lâcher. Et à fonctionner au feeling plutôt que sur la base d’une froide évaluation du produit idéal. C’est ainsi que les émotions s’épanouissent et sont suscep­tibles d’entraîner bien au-delà de ce que l’on avait pensé au départ. Que des engagements conjugaux prennent leur origine dans un jeu sexuel que l’on croyait sans enjeux. Alors qu’autrefois l’amour menait au sexe, nous assistons à un véritable retournement historique : désormais c’est le sexe qui peut mener à l’amour. Même quand il cherche à s’en défendre, dans les nouveaux espaces de loisir qui lui sont dédiés.

Le sexe n’est donc vraiment pas un loisir comme les autres. Le séparer totalement du sentiment, qui rejaillit là où on ne l’attendait pas, est tout simplement impossible. L’idée qu’il puisse y avoir deux catégories très tranchées n’est qu’une illusion. Le sex-amour se définit au contraire par son ambiguïté permanente. Cela ne rend évidemment pas toujours la vie facile. Surtout pour les femmes.

Le dilemme... féminin     

À la différence des hommes qui, depuis des siècles, ne  mettent qu’un pied dans la famille et gardent l’autre dehors, les femmes, quand elles s’y engagent, se livrent totalement et devien­nent le pivot de l’institution. Encore aujourd’hui (même si les hommes font parfois la cuisine ou s’amusent avec les enfants). C’est par un élan émotionnel au début de la rela­tion qu’elles parviennent à opérer cette rupture identitaire radicale sans que ce soit trop douloureux, qu’elles disent adieu au vieux soi libre et léger de leur jeunesse. Consi­dérer le sexe comme un pur loisir, dépouillé de tout senti­ment pouvant provoquer l’engagement, est donc pour elle beaucoup plus compliqué (même si c’est en même temps très nouveau et grisant). Sauf dans des parenthèses bien marquées, mais dont il est difficile de situer nettement la frontière. D’autant qu’en ce domaine amoureux, les idées ne cessent de changer : tel homme initialement prévu comme un instrument de plaisir peut soudain émouvoir et donner envie de poursuivre le chemin avec lui. Les femmes ne peuvent pas s’adonner sans retenue et dura­blement au sexe-loisir comme le font certains hommes...

Les hommes ne vivent pas de tels retournements entre séquences de vie contrastées. Héritiers d’une longue culture du sexe pour le sexe, ils s’y arriment, en ajou­tant, quand l’occasion se présente, la dose de sentiment nécessaire pour s’engager dans une aventure conjugale plus durable. Mais tout cela sans revirement identitaire aussi violent que pour les femmes...

Le plus problématique pour les femmes n’est pas le sexe-loisir en lui-même. C’est d’en sortir quand elles veulent en sortir. Là, sans doute, est la différence majeure avec les hommes. Opérer la transition vers la séquence d’engage­ment est pour elles particulièrement délicat.

Il y a d’abord l’hésitation dans la tête. Les femmes savent, ou sentent intuitivement, à quel point tout enga­gement sentimental est susceptible de bouleverser leur existence (infiniment plus que pour les hommes, qui n’auront pas à subir au même point les charges domestiques). C’est d’ailleurs pourquoi l’aventure du sexe pour le sexe peut leur apparaître si grisante, bien  au de là du plaisir personnel. Or il faut justement en faire le deuil. Il y a ensuite le problème d’image, les traces laissées sur la Toile et ailleurs... Il y a  enfin, justement, l’attitude à adopter vis-à-vis de celui qui n’est pas seulement un amant mais peut-être un futur mari.

Comment faire ? Nous avons vu que les débats en ligne aboutissaient à cette étrange conclusion : quand il ne s’agit que de sexe, on peut coucher le premier soir ; alors qu’il est conseillé d’attendre s’il y a sentiment. Attendre, mais pas trop. Car la nouvelle donne des rencontres amou­reuses a complètement redistribué les cartes : la figure de la femme sentimentale, qu’elle soit follement romantique ou sagement vertueuse, a soudainement été marginalisée. Non pas rejetée moralement (elle est même donnée en exemple sur les forums qui dénoncent les « salopes »), mais techniquement écartée de façon très concrète des rencon­tres qui se forment réellement. Le rythme qui s’est installé dans les moeurs est trop rapide pour tolérer désormais celles qui se refusent. Tout se passe comme si les femmes étaient victimes d’une injonction contradictoire. « Soit une fille couche, soit elle est vue comme coincée. Si elle couche vite, elle peut être considérée comme une salope, si elle fait poireauter le garçon, elle est manipulatrice ; c’est pas évident », constate Erba, dépitée. Et comme pour toutes les injonctions contradictoires, il n’existe pas de vraie solution. D’un côté, la mauvaise réputation est prompte à s’abattre ; de l’autre, tout pousse à accepter les nouvelles règles du jeu si les femmes veulent continuer à intéresser les hommes.

Eléments de la conclusion

Tout a brusquement changé au début du XXIe siècle. La rencontre amoureuse s’en tenait jusque-là à un cadre relativement bien défini, en forme de progression régulière marquée par des rites de passage. Certes, depuis un certain temps déjà, la jeunesse avait imposé un espace nouveau de liberté. A travers le flirt et la danse, un monde à part commençait à s’inventer. Puis, dans les années 1960-1970, l’émancipation sexuelle sembla briser les dernières chaînes. En fait, nombre de contrôles traditionnels maintenaient discrètement leur emprise ; les libres jeux du corps assouplissaient l’institution conjugale sans vraiment la contester.

Au tournant des années 2000, la conjonction de deux phénomènes très différents (la banalisation d’Internet et la revendication féminine d’un droit au plaisir) allait brusquement accélérer le mouvement et bouleverser le paysage des rencontres. La sexualité, qui avait commencé à s’autonomiser en se séparant du sentiment depuis plus d’un siècle, puis à s’émanciper, jusqu’à apparaître dans les médias comme une banale technique de plaisir, s’installa alors dans un espace assez clairement séparé, distinct de la question de l’engagement conjugal, et dédié au seul bien-être. Loin des effrois diaboliques et des transgressions frissonnantes d’antan, une nouvelle activité de loisir, somme toute très ordinaire, était née...

L’espace du sexe-loisir n’est cependant pas parvenu à vraiment s’établir et à se stabiliser. A travers des débats on line passionnés, il cherche à instaurer des nouvelles règles du jeu...

L’alternative est celle de l’amour (dans ses différentes formes) où l’individu, au contraire, sort du petit soi égoïste pour se donner sans compter. C’est lui et lui seul qui fabrique le lien social... Les femmes sont aujourd’hui à la pointe de cette révolution douce...

L’individu éprouvé, fatigué, atteint dans son estime de soi, a de plus en plus besoin de réconfort et de reconnaissance. Une caresse d’un soir ne suffit pas. Il faut une épaule, une oreille attentive, un regard affectueux dans la longue durée de la vie de tous les jours. Cela, seule la « maison des petits bonheurs » peut l’apporter vraiment...

Références sur ce site :

Charcosset Henri (2011), Christaux d’amour (Pseudonyme), Mitsori (Pseudonyme) (2011), De la web entrée en relation à l'amitié, parfois l’amour

La lutte contre la solitude, Grande Cause nationale 2011

 

Christaux d’Amour (Pseudonyme) et Henri Charcosset(2011), Echange entre deux générations sur l’Internet, au sujet de la vie en couple.

La lutte contre la solitude, Grande Cause nationale 2011