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Novembre 2011

 

QUESTIONS DE GRANDS-PARENTS


avec Marie-Claire CHAIN,

psychologue à l’École des grands-parents européens

www.allo-grandsparents.fr

 

Nous avons déjà publié : Fuchs Marie-Françoise, Questions de grands parents. Comment trouver sa place dans la famille et la société d’aujourd’hui ? (ouvrage, 2001) 

 

Cet article-ci  reproduit des rubriques « Questions de grands-parents » que publie Marie-Claire Chain dans la revue « Notre Temps ». Nous suivons la chronologie des numéros de la revue.

 

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1 – Octobre 2010 –

Quand les petits-enfants devenus adolescents s’éloignent…

 

« Nos petits-enfants adolescents s’éloignent de nous, nous ne les voyons plus guère. Cela m’attriste. Qu’ai-je fait, ou mal fait ? »

 

Rassurez-vous, vous n’avez rien fait de mal ! Il est tout à fait normal que les adolescents prennent des distances, avec leurs parents, mais également avec leurs grands-parents. Pendant des années, tous leur ont témoigné amour, tendresse et présence. Ils ont été nourris, sécurisés par leur affection et maintenant qu’ils ont leurs racines ils déploient leurs ailes. Les enfants bougent et s’éloignent plus aisément qu’à la génération précédente. Cela n’est pas facile pour les parents. À vous, grands-parents, de le comprendre. Au cours de ces années, vous n’avez pas mesuré la frustration que vous alliez ressentir le jour où ils s’éloigneraient. Si vous aviez l’habitude de vous occuper d’eux, de les voir souvent, il s’agit maintenant de vous occuper de vous. C’est le moment de chercher à enrichir votre vie personnelle, de vous lancer dans de nouveaux projets, de nouer de nouvelles relations. Si vous constatez que l’un de vos petits-enfants continue de se rendre en vacances chez ses autres grands-parents alors qu’il ne vient plus chez vous, c’est sans doute qu’il y retrouve des cousins de son âge. Rien de plus à interpréter. Il est aussi fréquent de voir des grands-parents nourrir des sentiments ambigus : vouloir profiter de la gaieté et du dynamisme des jeunes mais en même temps ressentir une grande fatigue en leur présence. Lorsque ceux-ci s’éloignent, nous pouvons garder le contact avec eux par téléphone, par Internet, par SMS et peut-être en leur écrivant des lettres. En ne demandant rien mais en s’intéressant à ce qu’ils vivent, en les interrogeant tout en faisant attention à ne pas projeter sur eux l’angoisse que nous pouvons ressentir pour leur avenir. Ils vous en sauront gré et vous retrouveront avec plaisir un peu plus tard.

                                                                                     Marie-Claire Chain

 

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2 – Décembre 2010

Réunir ses petits-enfants

 quand les parents ont changé de compagnon (compagne)

 

« J’ai 65 ans. Pour mon mari et moi, rassembler la famille à Noël est très important. Mais, cette année, je ne vois pas comment concilier la présence de mes enfants, dont deux ont de nouveaux compagnons, et celle de mes petits-enfants. »

 

Votre désir de réunir toute la famille pour Noël est bien compréhensible. Pour beaucoup d’entre nous, c’est une fête qui a du sens, qui rassemble toutes les générations pour célébrer ensemble l’amour et le partage. C’est aussi, et très particulièrement, la fête des enfants. Tous, nous avons en nous ce rêve d’union autour du sapin décoré, avec lumières et chansons douces, bon repas et multiples cadeaux. Cela fait du bien de laisser vivre pour un temps tous les souvenirs qui sont liés aux Noël de notre enfance. Mais nous savons bien que la réalité est autre. N’est-ce pas pour cela qu’à l’arrivée des fêtes nous ressentons une sorte de vague à l’âme car elles vont révéler les failles, les pièces manquantes. Il y a des vides dans le puzzle familial, à cause de l’éloignement géographique de certains, des ruptures, des deuils… On peut comprendre combien c’est difficile à vivre alors. Mais faut-il persister à vouloir rassembler tout le monde ? Pas question de laisser qui que ce soit seul ce jour-là mais n’est-ce pas le moment d’en parler avec vos enfants et de témoigner d’une attitude tolérante et chaleureuse en prenant en compte la vie de chacun ? Cela enrichit les liens. On peut discuter pour trouver ensemble une façon de se voir, de se faire plaisir et de se dire son affection sans avoir à faire le grand écart ou prendre le risque de malaises ou de frictions. Pourquoi ne pas laisser simplement une porte ouverte aux jeunes générations, ou leur proposer d’organiser eux-mêmes la fête, en acceptant d’être leurs invités ?

                                                                                     Marie-Claire Chain

 

 

3 – Janvier 2011

Participer à un groupe de parole de grands-parents

quand on ne sait pas parler de soi

 

« J’aimerais participer à un groupe de parole de grands-parents mais je ne sais pas parler en public ni parler de moi. Je viens d’une famille où “ on ne parle pas de soi ”. »

 

Ce n’est pas facile d’exprimer ses sentiments en public, surtout pour une nature réservée, élevée selon des principes de pudeur et de discrétion. Un groupe de parole, ce n’est pas un public : ce sont des grands-parents qui ressentent eux aussi des difficultés et acceptent d’en parler. Avant de constituer un groupe, l’animateur doit rencontrer chacun. Après entretien, à lui de décider qui peut, ou non, en faire partie. Il existe d’autres modes d’échanges, l’entretien individuel, par exemple. Intégrer un groupe signifie s’engager dans la durée car c’est une entité vivante, dont l’équilibre dynamique est rompu par l’absence d’un membre. Il se fonde sur le respect de la parole de l’autre et la confidentialité. Il s’y dit des choses qu’on ne dirait pas ailleurs. Dans cette petite société, l’animateur représente l’autorité. À lui de mettre en confiance celui (ou celle) qui craint d’être jugé et critiqué, dont le manque d’assurance remonte à loin, à un père autoritaire, une mère envahissante, un professeur tyrannique… Par sa qualité d’écoute, il peut le mettre assez à l’aise pour qu’il exprime son propre ressenti sans peur de l’image qu’il va donner. Cette grand-mère semble considérer comme une trahison d’exposer, à l’extérieur, les problèmes de sa famille. Elle attend des autres la réponse à ses propres questions. Mais, si la confiance s’établit dans le groupe, alors le récit de l’un éveillera le témoignage des autres, et lorsque la parole aura fini de circuler entre tous, le cœur du sujet apparaîtra. Toute histoire met en évidence un nœud relationnel : en parler permet de le dénouer. En revanche, si on garde pour soi trop longtemps frustrations et revendications, elles risquent d’éclater d’une façon maladroite ou violente qu’on regretterait par la suite.

 

                                                                                     Marie-Claire Chain

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4 – Mars 2011

Homosexualité de l’un des petits-enfants

et médiation avec les parents

 

« Notre petite-fille nous a annoncé l’été dernier qu’elle était homosexuelle. Sous le choc, ses parents ne veulent pas recevoir la compagne de leur fille. Je suis très liée avec ma petite-fille. Que pouvons-nous faire ? »

 

La réaction de ces parents est compréhensible. C’est un choc d’apprendre que l’orientation sexuelle de son enfant est radicalement différente de ce que l’on avait souhaité pour lui. Il va leur falloir du temps pour renoncer à des rêves de mariage, de descendance. Ces parents sont blessés. S’ils ne veulent pas recevoir la compagne de leur fille, c’est aussi pour ne rien officialiser d’une situation qu’ils espèrent passagère. Se sentent-ils coupables ?

Craignent-ils le qu’en dira-t-on ? Ils aiment leur fille et attendent d’elle de la compréhension et de la patience. Si elle admettait que ses parents sont confrontés à une réelle difficulté, elle pourrait employer son affection et sa tendresse à ne pas couper les ponts. Chacun souhaite le bonheur de l’autre et tout le monde est malheureux.

Cette grand-mère ressent peut-être du regret, de la tristesse. Elle peut se poser des questions et les soumettre, sans honte ni culpabilité, à sa petite-fille. Si celle-ci lui a fait confiance, c’est qu’elle ne se sent pas jugée, mais aimée telle qu’elle est. Tout en respectant les sentiments des uns et des autres, votre lectrice peut aider ses enfant à surmonter cette situation. Elle servirait d’interprète. Le temps qui passe va permettre à cette famille de s’apaiser s’il fournit l’occasion de se parler et de s’écouter avec bienveillance.

                                                                                     Marie-Claire Chain

 

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5 – Mai 2011

Quand les grands-parents n’ont plus le droit de voir leurs petits-enfants

 

« Je n’ai plus le droit de voir mes petits-enfants de 6, 8 et 12 ans. Je ne comprends pas. Je ne pense qu’à ça ? Qu’est-ce que j’ai fait ? »

 

C’est une grande souffrance d’être mis brutalement en demeure de ne plus voir ni recevoir ses petits-enfants, jusque là très présents dans sa vie. Par la réflexion, cette grand-mère traumatisée pourra échapper à l’obsession qui l’habite. Que s’est-il passé ? Les petits-enfants se sont-ils plaints d’un abus d’autorité, d’une attitude du grand-père, de jalousie envers des cousins ? A-t-elle eu des mots maladroits avec les parents ? Une grand-mère un peu possessive, intrusive, très attentionnée peut susciter chez une fille, ou une belle-fille, un fort rejet, comme si la mère, tout à coup, se sentait dépossédée de ses prérogatives. Une initiative ou un conseil malvenu et voilà le silence qui s’instaure et prend toute la place dans le cœur des grands-parents. Cette forme de manipulation de la part des grands enfants peut s’interpréter comme le symptôme de conflits antérieurs : jalousie entre frères et sœurs, refus d’un prêt d’argent… Pour échapper à cette violence, la grand-mère peut tenter de parler avec ses enfants afin de mettre des mots sur leur silence et leurs interdits. Elle peut renoncer à exprimer ses revendications pour ne pas alimenter la source du conflit. Si le dialogue s’avère impossible, ces grands-parents peuvent chercher d’autres lieux d’écoute. L’essentiel étant d’adoucir leur peine. L’École des grands-parents, à Paris, propose des entretiens individuels, une écoute anonyme, au téléphone, ou des groupes de parole avec d’autres grands-parents confrontés à des difficultés semblables. Cette médiation intergénérationnelle peut être nécessaire.

Les grands-parents que nous sommes ne devraient pas oublier que les éducateurs, ce sont les parents. Dans un dialogue permanent avec eux, ils pourront garder leur juste place et aimer leurs petits-enfants tels qu’ils sont tout en respectant la vie de leurs enfants.

                                                                                     Marie-Claire Chain

 

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6 – Juin 2011

Grands-parents privés de leurs petits-enfants :

faut-il aller au tribunal ?

 

« Malgré toutes nos tentatives de conciliation, nous sommes toujours privés de nos petits-enfants. J’aimerais aller jusqu’au tribunal mais mon mari n’est pas d’accord. Qu’en pensez-vous ? »

 

Cette grand-mère malheureuse de ne plus voir ses petits-enfants envisage de chercher du soutien auprès d’un juge. Or, selon la loi, les grands-parents n’ont aucun droit en ce domaine. Seul l’enfant détient celui d’entretenir une relation avec eux afin de ne pas être coupé de ses ascendants, sauf pour « motifs graves ». Se lancer dans une procédure judiciaire, c’est devoir apporter la preuve devant le juge aux affaires familiales qu’il n’y a aucun motif grave justifiant d’empêcher les petits-enfants de voir leurs grands-parents. Réticent, le grand-père sent bien tous les risques que comporte cette démarche, sans même parler des délais et du coût de la procédure, car il faudra saisir le juge du lieu de résidence des enfants et s’assurer les services d’un avocat. Ensuite, les enquêtes – l’une sociale et l’autre psychologique – qui seront menées auprès de la famille peuvent s’avérer destructrices. Et le pire serait d’entendre ses petits-enfants demander : « Mais pourquoi êtes-vous si méchants avec maman (ou papa) ? » Est-ce à dire qu’il ne faut jamais recourir à la justice ? Certaines situations, en particulier lors de recomposition familiale, au niveau des parents ou des grands-parents, et souvent dans le cas du décès d’un des parents, peuvent nécessiter une mise au point judiciaire pour que chacun retrouve sa place et s’y tienne. Une telle démarche peut aussi révéler aux jeunes la souffrance vécue par leurs grands-parents. Si ceux-ci ne sont ni revendicateurs ni possessifs, l’issue est encore de pouvoir en parler, avec des psychologues ou des psychothérapeutes, en individuel, au téléphone, ou au sein d’un groupe de parole, comme le proposent les différentes antennes de notre École.

                                                                                     Marie-Claire Chain

 

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